Face à l’IA, les universités doivent se réinventer - RTBF Actus | Metaglossia: The Translation World | Scoop.it

"À quoi bon l’université, si ChatGPT explique mieux, plus vite et gratuitement ? Loin de signer la fin de l’enseignement supérieur, l’IA l’oblige à se réinventer. Une chronique d'Amid Faljaoui qui bouscule, interroge, et pourrait bien déranger autant les étudiants que leurs professeurs.


Par Amid Faljaoui
Avec ses grandes bibliothèques et ses auditoires en bois, l’université est une institution que l’on croit éternelle. Mais l’intelligence artificielle est en train de bousculer le monde académique.


Prenons l’exemple concret de la traduction. Il y a encore dix ans, c'était une spécialité noble. Il fallait cinq années d'études, une grande rigueur grammaticale, une finesse culturelle. Aujourd'hui, une intelligence artificielle gratuite comme DeepL ou ChatGPT vous produit une traduction en quelques secondes. Bien entendu, cette traduction n’est pas parfaite mais dans 90 % des cas, elle est suffisante : correcte et fluide. Par conséquent, faut-il encore former des traducteurs comme auparavant ou faut-il désormais former des gens capables de collaborer avec les machines, de les entraîner et de les utiliser intelligemment ? C'est le premier petit pan de mur qui craque.


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Examens et infrastructures en question
Deuxième point de tension : les examens. Aujourd'hui, n'importe quel étudiant un peu débrouillard peut copier-coller son énoncé dans un chatbot et obtenir un devoir prêt à rendre. Faut-il revenir aux examens oraux ? C’est impossible dans un auditoire de 500 ou 800 étudiants. Certains parlent de revenir aux questions à choix multiples, mais ce type d’examen évalue surtout la mémoire et pas du tout l’intelligence.


L’IA ne rend pas l'enseignement obsolète, mais elle rend obsolète une bonne partie de son infrastructure, de ses méthodes et de ses routines. L’IA révèle les failles qu'on ne voulait pas voir : des cours parfois trop théoriques, des évaluations parfois déconnectées et une croyance un peu naïve que le diplôme garantit le savoir. Pourtant, tout n'est pas perdu, car l’IA ne remplace pas l'essentiel : l'échange, le doute, le sens critique, la capacité à articuler une pensée. Elle ne remplace pas un professeur qui inspire, qui fait réfléchir, qui déstabilise aussi. L'université est toujours précieuse, mais à condition de ne pas devenir une cathédrale vide, à condition d'oser se réinventer."
https://www.rtbf.be/article/face-a-l-ia-les-universites-doivent-se-reinventer-11549554
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