Les interprètes, le « lien de confiance » pour les allophones dans le réseau de la santé | Metaglossia: The Translation World | Scoop.it
Des centaines de personnes pratiquent le métier d'interprètes dans le réseau de la santé.

"Les interprètes, le « lien de confiance » pour les allophones dans le réseau de la santé


 


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L'interprète Olga Lacasse et la travailleuse sociale Geneviève Thibault discute avec une personne assise dos à la caméra.


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L'interprète Olga Lacasse et la travailleuse sociale Geneviève Thibault ont accompagné de nombreux patients ensemble.


 


Flavie Sauvageau


Publié à 9 h 00 UTC+1


 


La version audio de cet article est générée par la synthèse vocale, une technologie basée sur l’intelligence artificielle.


Des centaines de personnes au Québec pratiquent le métier d’interprètes dans le milieu de la santé. Ils côtoient au quotidien des patients qui ne parlent pas encore le français et permettent de faciliter leur lien avec les soignants.


 


Depuis 2022, Olga Lacasse pratique le métier d'interprète dans le réseau de la santé, à Québec. À la demande des professionnels de la santé, elle accompagne les patients qui ne parlent ou ne comprennent pas encore le français à leurs rendez-vous médicaux ou avec les services sociaux.


 


Moi, je traduis en ukrainien et j'ai commencé à cause de la guerre en Ukraine. Avec l'arrivée d'Ukrainiens qui ne parlaient pas français au début, il y avait un besoin urgent d’interprètes, se souvient celle qui travaillait auparavant en relations internationales.


 


Suivis médicaux, rendez-vous d’urgence, rencontres avec la DPJ ou encore accouchements… Elle est appelée à travailler dans toutes sortes de situations, pas toujours faciles à entendre, notamment lorsqu’elle aide les déplacés d’une guerre.


 


Un cahier posé sur des genoux. Une main qui tient un crayon pour écrire dans le cahier.


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Les interprètes répondent en moyenne à 270 demandes par jour dans le réseau de la santé.


 


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En tant qu’humaine, on ne peut pas rester toujours sans émotion, mais on essaye toujours de rester neutre, empathique, mais neutre pour s'assurer que les messages de médecins ou de notre client soient bien transmis, explique-t-elle, précisant qu’elle travaille toujours pour les deux parties : le médecin et le patient.


 


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Olga fait au moins 10 accompagnements par semaine. Elle rappelle que son rôle n’est pas de faire le travail des médecins, mais plutôt de les aider à transmettre leur message aux usagers, avec respect et de manière neutre.


 


Des services disponibles en 90 langues


On a des interprètes pour couvrir 90 langues, donc c'est quand même énorme, lance Stéphanie Fiset, adjointe à la direction de l'Hôpital Jeffery Hale - Saint Brigid's.


 


À travers toute la province, ils sont 400 interprètes à répondre à environ 270 demandes d’interprétation ou de traduction, chaque jour, indique celle qui est aussi gestionnaire de la banque d’interprètes. Au total, 80 000 demandes sont faites dans la province par année.


 


Et le recrutement est constant. Il s’adapte aux différentes vagues migratoires selon les régions.


 


Les qualités qu'on recherche? Un niveau qui est quand même assez élevé. [Il] faut vraiment être capable d'être en mesure de comprendre les nuances. Quand on parle de langage médical aussi, énumère la gestionnaire.


 


On a besoin des gens qui sont capables d'avoir une coupure professionnelle, parce que parfois ils entendent des choses qui ne sont vraiment pas faciles. Il faut être capable d'être humain, mais de rester quand même distant, croit-elle.


 


Les cinq langues les plus demandées pour les services d’interprétation


Langue


Nombre de demandes en 2024-2025


Proportion par rapport au nombre total de demandes


Espagnol 7250 36 %


Arabe 3150 16%


Swahili 1870 9 %


Népalais 1575 8 %


Rohingya 832 4 %


À elles seules, ces cinq langues représentent 73 % des demandes totales au CIUSSS de la Capitale-Nationale.


 


Source : CIUSSS de la Capitale-Nationale


 


Des « courroies de transmission »


La présence d’interprètes comme Olga Lacasse lors de rendez-vous fait vraiment la différence pour les patients, constate Geneviève Thibault, qui est travailleuse sociale à la Clinique santé des réfugiés et aux Services aux demandeurs d’asile de l’hôpital Jeffery-Hale.


 


Moi je suis vraiment là pour voir comment se passe l'adaptation et l'intégration au Québec, donc je suis là aussi pour évaluer, voir au niveau des chocs post-traumatiques, est-ce que ça se passe bien? La personne, au niveau psychosocial et psychologique, comment elle va? , décrit-elle.


 


L'interprète Olga Lacasse et la travailleuse sociale Geneviève Thibault.


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L'interprète Olga Lacasse et la travailleuse sociale Geneviève Thibault.


 


Photo : Radio-Canada / Bruno Giguère


 


Ces rencontres sont souvent des moments très émotifs entre l’intervenante et son patient, même si la barrière de la langue se dresse entre eux.


 


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D'où l'importance que les interprètes soient présents, souligne-t-elle, parce que je ne parle pas le swahili, je ne parle pas l'ukrainien, je ne parle pas le kinyarwanda. Donc eux sont vraiment notre courroie de transmission.


 


Et leur apport a un effet visible pour les patients dans son bureau. Pour eux, c'est le lien de confiance. C'est quelqu'un qui, souvent, partage la même culture. C'est quelqu'un qui a les mêmes référents culturels, fait que je le vois clairement, décrit celle qui a souvent travaillé avec Olga Lacasse.


 


Un de leurs souvenirs marquants ensemble : un suivi de grossesse. Je me rappelle qu'on a les petits yeux mouillés parce qu’on entend le cœur fœtal. Puis là, la maman est émue, puis là, Olga est émue. Puis là, je suis émue, raconte-t-elle avec le sourire.


 


Fusion des banques d'interprètes du Québec


L’automne dernier, la banque d’interprète du CIUSSS de la Capitale-Nationale a fusionné avec celle du CIUSSS du Centre-Sud-de-l 'Île-de-Montréal, pour créer la nouvelle Banque d'interprètes du réseau de la santé et des services sociaux.


 


L’objectif, c'est vraiment d'avoir un service 24/7 pour les personnes du Québec qui ne sont pas capables de s'exprimer en français, explique Stéphanie Fiset.


 


Le fait d’offrir des soins de santé dans une autre langue que le français ou l’anglais a été codifié dans la réforme de la Charte de la langue française."


 


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2174202/interprete-soins-de-sante-allophone-quebec


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