La photographie ‘au Leica’, c’est comme un rayon qui jaillit des yeux pour aller à l’objet et l’élire, lui conférer l’être, en cela la véritable lumière. Et c’est aussi une aide dans la lutte qu’il faut savoir mener, au sein de toute photographie même instantanée, contre ce que je dirais son ‘dark side’. Ce péril existe en effet, car la photo ne saisit pas que l’objet central, l’être regardé, l’objet qui devient de l’être par le regard, mais, pêle-mêle alentour, tout le contenu du champ visuel, avec une masse de choses qui risquent de pétrifier la scène, de prendre l’instant dans leur filet, et de le faire sombrer dans le non-être’
Yves Bonnefoy, « Giacometti et Henri Cartier-Bresson », dans Alberto Giacometti-Henri Cartier-Bresson. Une communauté de regards, Tobia Bezzola & Agnès Sire éds., Paris, Fondation Henri Cartier-Bresson & Zürich, Kunsthaus, Scalo, 2005, p. 43 (repris dans Le siècle où la parole a été victime, Mercure de France, 2010, sous le titre « Des yeux qui se font regard ») »
Remerciements à Patrick Werly pour cette citation