"Le roman Une valse de Lynda Chouiten qui a reçu le grand prix Assia-Djebar en 2019, vient d'être traduit aux États-Unis par Skyler Artes. Désormais, A Waltz, version anglaise de Une valse de Lynda Chouiten, paru en Algérie aux éditions Casbah, est disponible aux États-Unis d'Amérique, au Royaume-Uni et en Australie. Lynda Chouiten nous parle, ici, de cette passionnante expérience.


L'Expression: Après avoir été couronnée par le grand prix du roman en langue française «Assia Djebar», votre roman Une valse a été traduit et édité aux USA, quels sentiments vous procurent de telles consécrations en tant qu'écrivaine?
Lynda Chouiten: J'ai eu la chance de voir mes textes bien reçus dès que j'ai commencé à publier, c'est-à-dire, dès la parution de mon premier roman, Le Roman des Pôv'Cheveux en Algérie, mes écrits sont lus et appréciés, et j'en suis heureuse. Mais il est normal que je veuille élargir mon lectorat et être lue un peu partout dans le monde; je crois que c'est le rêve de tout écrivain.
C'est pourquoi cette première traduction m'emplit de joie et d'optimisme: de mon deuxième roman, Unevalse, une traduction en langue anglaise me permettra d'être lue non seulement aux États-Unis, pays où la traduction a été publiée (par les Presses Universitaires de Virginie), mais dans tous les pays anglophones, voire dans d'autres pays dans le monde, puisque l'anglais est partout. Bien sûr, je ne m'attends pas à un raz-de-marée planétaire, mais commencer à être connue et lue à l'échelle internationale, c'est déjà un grand pas vers l'avant.


Comment est née l'idée de traduire votre roman?
Peu de temps après avoir remporté le prix Assia Djebar, un collègue algérien établi aux États-Unis m'a suggéré d'envoyer une copie à Mildred Mortimer, une amie à lui qui est professeure émérite à l'université du Colorado.
Comme j'avais déjà eu la chance de la rencontrer en 2012 (lors d'un colloque en Grande-Bretagne), j'ai trouvé la suggestion intéressante, même si je me doutais bien qu'elle ne se souvenait plus de moi. Après avoir lu et beaucoup aimé le roman, Mildred (qui, depuis, est devenue une amie) m'a proposé de le faire traduire par Skyler Artes, une ancienne étudiante à elle qui avait déjà traduit d'autres romans, notamment L'Arabe est un chant secret, de Leila Sebbar et Ce Pays dont je meurs, de Fawzia Zouari. Elle m'a mise en contact avec elle; la suite, vous la connaissez.


La traduction a-t-elle été faite en collaboration avec vous étant donné que vous maîtrisez également la langue anglaise?
Oui, dans une certaine mesure. Skyler Artes, la traductrice, m'a envoyé sa première tentative et j'ai formulé des remarques et des corrections - surtout concernant les passages contenant des expressions idiomatiques et/ou imagées.
Elle m'a promis de prendre toutes mes suggestions en considération, mais j'avoue que, prise par de nombreuses obligations, je n'ai pas eu le temps de lire les versions ultérieures.


Êtes-vous satisfaite du résultat final de cette traduction qui confère vraiment une autre dimension à votre oeuvre littéraire?
Oui, je suis plutôt satisfaite du résultat. Bien que je n'aie pas lu toute la traduction publiée, ce que j'en ai lu se lit remarquablement bien, comme si c'était la version originale. La couverture est élégamment conçue aussi, et la quatrième de couverture donne envie de plonger dans le livre.
Voilà mon sentiment, mais j'attends de recevoir des échos de ceux qui auront lu A Waltz outre-Atlantique.


Votre roman étant édité aux USA, comment sera-t-il mis à la disposition des lecteurs? Par quels circuits?
A Waltz est distribué sur tout le territoire états-unien ainsi que dans d'autres pays anglophones, tels que le Royaume-Uni et l'Australie. En principe, il est donc disponible dans les «bonnes librairies» (comme on dit) de ces pays-là. Mais il est accessible à tout le monde puisqu'il est vendu en ligne, en support électronique et papier, par les grands spécialistes de vente de livres que tout le monde connaît.


Le fait que ce roman ait été traduit en anglais vous donne-t-il envie d'écrire directement en anglais?
Oui, d'autant plus que c'est une idée qui me «turlupine» depuis deux ou trois ans déjà... Cela dit, je crois que je ne suis pas encore tout à fait prête pour cela; de plus, je suis consciente de la difficulté de se faire publier dans les grands pays anglophones, où la concurrence est féroce et où il faut souvent passer par des agents littéraires. Enfin, écrire en anglais viendrait peut-être à sacrifier le nombre plutôt important de lecteurs que j'ai déjà et qui ne maîtrisent pas forcément la langue de Shakespeare... Donc, je ne sais pas... J'écrirai peut-être un jour en anglais, si je sens que le moment est venu et si l'envie se fait très forte; en attendant, j'écris en français et je pense que c'est très bien aussi.


Aomar MOHELLEBI"
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