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Le spectateur de Belleville
June 23, 2016 5:08 PM
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Par Gilles Renault dans Libération :
Recréation à Lyon de «Monsieur Armand», rival fantasmé du légendaire footballeur.
Au panthéon des mythes fracassés du ballon rond (George Best, Moacir Barbosa, Paul Gascoigne…), avouons une tendresse particulière pour Manoel Francisco dos Santos, passé à la postérité sous le surnom de «Garrincha». Un joueur comme il ne pourra plus jamais en exister, à l’ère de la cryothérapie : 169 centimètres voués à une fascinante danse de Saint-Guy (conséquence d’une malformation congénitale, avec deux jambes arquées, dont l’une plus courte que l’autre) qui rendait chèvre tous les adversaires.
Garrincha possédait un dribble d’ailier imparable, quoique toujours à droite, diaboliquement assorti à une vie sur le fil du rasoir, entre grâce ultime et déchéance absolue : issu d’une famille nombreuse et misérable, il fera se prosterner les foules, serrera les mains les plus illustres et épousera la «chanteuse du millénaire», Elza Soares (toujours en activité, à l’approche des 80 ans !). Egalement obsédé sexuel, simplet, dépressif interné et pochetron invétéré, le messie du Brésil - inscrit par la Fifa (Fédération internationale de football) dans son onze mondial du XXe siècle -, finira à 49 ans dans la dèche, en 1983, au terme de quatre jours et nuits de biture.
Personne, du temps de sa splendeur, n’ayant pu rivaliser sur un terrain avec Garrincha, l’auteur Serge Valletti a eu l’idée de lui inventer comme un jumeau de génie : monsieur Armand. En l’occurrence, un oncle, cador de la Cannebière plausible (l’action se situant un demi-siècle avant l’OM version 2016) en rodomont à crampons expliquant pourquoi, précisément, il refusa autrefois d’affronter l’idole, afin de ne pas la déboulonner, lui qui s’était taillé une sacrée réputation en cassant, d’un tir surpuissant, les deux poignets d’un gardien de but.
Ou comment, par un tour de passe-passe quasi fictionnel, la vraie légende (!) de Botafogo devient le faire-valoir d’un type lui aussi porté sur la bouteille, qui se répand en digressions («je sais pas pourquoi je vous raconte tout ça») passant autant par l’évocation d’un «distributeur automatique de bas» (une belle arnaque, soit dit en passant), que par celle d’une blessure occasionnée par la flèche qui faisait office de clignotant sur les vieilles Peugeot 203.
Appuyant volontiers sur la touche nostalgique, avec ses «cadrans de téléphone qui avaient des lettres et des chiffres», le spectacle mis en scène par Patrick Pineau a été créé en 2001. Quinze ans plus tard, en écho à l’Euro (lire ci-dessous), il revient à l’affiche avec le même comédien dans le rôle-titre, Eric Elmosnino. Une fois le public parti, on raconte que l’équipe profite du grand écran installé sur le plateau pour regarder les matchs en direct.
Gilles Renault Envoyé spécial à Lyon Monsieur Armand dit Garrincha de Serge Valletti Nuits de Fourvière, Lyon. Jusqu’au 30 juin. Rens. : www.nuitsdefourviere.com
Eric Elmosnino a créé en 2001 le rôle-titre de la pièce de Serge Valletti. Photo Paul Bourdrel
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Le spectateur de Belleville
June 23, 2016 4:55 PM
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Communiqué de presse du ministère de la Culture et de la Communication
Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, salue la nomination de Stéphanie Bulteau à la direction de la scène conventionnée pluridisciplinaire de Saint-Leu à la Réunion, pôle national des arts du cirque en préfiguration. Ce choix a fait l’unanimité du jury, présidé par Nadège Jovien, présidente de l'association, et composé de l’ensemble des partenaires publics de l’établissement. Elle succèdera à Claude Lermené, à compter du 1er octobre 2016.
Stéphanie Bulteau aura pour mission de faire aboutir la phase de préfiguration du pôle national des arts du cirque de La Réunion par la mise en œuvre d'un projet artistique et culturel pluridisciplinaire conforme aux statuts de l'association et label de pôle national. Son expérience à la tête d'établissements culturels, de festivals ainsi que sa bonne connaissance du territoire seront des atouts décisifs en la matière.
Le projet de Stéphanie Bulteau pour le Séchoir a pour ambition de :
soutenir la structuration de la filière professionnelle ; accompagner l'évolution et le renouvellement des pratiques et des esthétiques circassiennes ; diversifier les publics ; développer le rayonnement du Séchoir à l'échelle locale, nationale, indianocéanique et européenne. Son projet privilégie un cirque métissé (danse, théâtre, arts de la rue, parkour, moringue, pantsula, gumboots...) et des actions dans l'espace public (festival Leu Tempo, projets participatifs, spectacles hors-les-murs...).
Un projet d'équipement fixe ou itinérant adapté aux missions d'un pôle sera étudié et des partenariats avec les établissements culturels voisins viendront consolider son action.
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Le spectateur de Belleville
June 23, 2016 4:26 PM
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Par A.M. dans Le Progrès : Comédien, membre de la troupe du TNP (Théâtre National Populaire) entre 2006 et 2015, Damien Gouy a joué sous la direction de Christian Schiaretti, le directeur du TNP. Ce boulimique des tréteaux anime aussi les Rencontres de Theizé où il mobilise chaque année ses amis pour faire vivre un festival de théâtre. Jusqu’à présent, faute d’un minimum de moyens, il présentait des mises en bouche de textes, parfois des mises en jeu. Mais jamais de vrais spectacles.
2016 marque une nouvelle étape avec « de vrais spectacles, joués au moins deux fois dans des décors », comme Le menteur de Corneille et Ploutos, adaptation d’une comédie grecque d’Aristophane, un projet porté par Clément Morinière, lui aussi ancien de la troupe du TNP, et interprété par Stéphane Bernard. « Pour la première fois on paye tout le monde, assure Damien Gouy. Nous avons dépassé le simple cadre du laboratoire et des lectures publiques. Le festival se professionnalise davantage. Pour preuve, le TNP achète quelques représentations du Menteur, à l’affiche en avril prochain. »
Le Menteur et Ploutos ont en commun le thème de l’argent et de l’homme dans la société, notamment la pièce de Corneille, l’une des rares comédies de l’auteur du Cid , ciselée comme une tragédie, en alexandrins et en cinq actes, respectant la règle des trois unités, mobilisant neuf comédiens. Autour de ces deux titres, le festival propose plusieurs petites formes destinées à un large public, comme Antigone (ou presque) , mis en scène par Philippe Mangenot, et Les Fourberies de Nérine de Théodore de Banville, proposées par Benjamin Kérautret.
Pratique. 24 au 26 juin, château de Rochebonne à Theizé (Sud du Beaujolais) Tarif : 15 €; Pass festival pour le week-end : 30 €. Contact : 06.52.76.06.22.
A.M.
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Le spectateur de Belleville
June 23, 2016 3:00 PM
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La directrice du Liburnia et de Fest'Arts va prendre en charge, à partir de fin septembre, la direction du Séchoir sur l'Île de la Réunion
Stéphanie Bulteau doit très prochainement quitter la direction du Liburnia et du festival des arts de la rue de Libourne, "Fest'arts" et partir vers l'Île de la Réunion où elle prendra en charge la direction du Séchoir à Saint-Leu.
Elle doit prendre ses nouvelles fonctions à la fin du mois de septembre. C'est un retour dans l'océan Indien pour Stéphanie Bulteau qui avait déjà vécu cinq ans sur "l'île intense."
"Je ne pars pas pour partir de Libourne mais pour saisir une belle opportunité", explique-t-elle. Stéphanie Bulteau avait pris la suite de Dominique Beyly il y a deux ans
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 7:55 PM
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Le théâtre syrien fait de la résistance à Vidy Théâtre: "Alors que jʹattendais" d'Omar Abusaada Vertigo / 6 min. / lundi à 16:35 La nouvelle création du metteur en scène syrien Omar Abusaada, "Alors que j'attendais", dont les répétitions ont eu lieu en Europe à cause de la guerre, est invitée à Vidy pour clore la saison. Écrite avec Mohammad Al Attar, la pièce raconte l'exil ainsi que les conditions de vie du peuple syrien. Entretien avec Omar Abusaada par Thierry Sartoretti. Au Théâtre de Vidy-Lausanne, les 22 et 23 juin 2016, Omar Abusaada présente en arabe sa dernière création. Dans "Alors que j’attendais", un homme battu est plongé dans le coma. Derrière ce destin personnel qui bouleverse sa famille se dessine le portrait de tout un pays entre la vie et la mort. Le coma, c'est symboliquement la Syrie d'aujourd'hui: cette zone grise entre la vie et la mort, entre l'espoir et le désespoir, entre rester ou partir. Pour Omar et moi, comme pour le reste des Syriens, le théâtre nous permettait alors de résister au désespoir. Il nous encourageait à réfléchir au sens du théâtre aujourd’hui, ce qu’il peut dire de notre monde et comment il le dit. Mohammad Al Attar, co-auteur de "Alors que j'attendais" Le théâtre pour dire la guerre La Syrie est plongée dans le chaos de la guerre, mais son théâtre fait de la résistance. Les comédiens vivent actuellement en exil et il est impossible de jouer des pièces trop critiques à Damas. Paradoxalement, le théâtre syrien, bien vivant, n'a jamais eu autant de visibilité sur les scènes internationales. Au micro de Thierry Sartoretti, Omar Abusaada explique comment la guerre a transformé son théâtre. "Alors que j'attendais" sera aussi à l'affiche de trois festivals suisses: les Theaterspektakel de Zurich du 18 au 20 août 2016, le Theater Festival de Bâle du 31 août au 1 septembre 2016 et Le Festival de la Bâtie, à Genève, les 4 et 5 septembre 2016 Thierry Sartoretti/mcc
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 7:26 PM
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A l’issue de la remise du rapport de la mission nationale pour l’art et la culture dans l’espace public (MNACEP) présidée par Jean Blaise, Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, a présenté le 14 juin onze mesures pour développer le secteur.
© MCC / Thibaut Chapotot
Vers une politique culturelle dans l’espace public
Quelle place pour l’art et la culture dans l’espace public ? Réunis autour de Jean Blaise, pionnier de la conception d’événements culturels dans l’espace public, les membres de la MNACEP lancée en 2014 par le ministère de la Culture et de la Communication, ont remis leur rapport le 14 juin à Audrey Azoulay. Dans un document très complet qui dresse un état des lieux de la création dans l’espace public en France, la MNACEP plaide pour « une grande politique de l’art dans l’espace public », qui pourrait s’appuyer sur deux de leurs préconisations : une plus grande ouverture du réseau des institutions culturelles hors-les-murs et la création d’un fonds d’intervention destiné à promouvoir la culture dans l’espace public.
La création dans l'espace public est un enjeu démocratique majeur
L’art dans l’espace public : un enjeu démocratique essentiel
Pour la ministre de la Culture et de la Communication, la question de l’art et de la culture dans l’espace public est « un enjeu démocratique essentiel », touchant notamment à « l’apprentissage de la citoyenneté » et à « la rencontre avec la mixité sociale ».C’est pourquoi elle en a fait l’un des axes majeurs de sa politique pour favoriser les nouveaux modes d’accès à la culture. Le 6 juin, elle a annoncé un renforcement des soutiens de l’État au secteur des arts du cirque. Le 14 juin, elle a détaillé une série de mesures visant à développer les interventions pour l’art et la culture dans l’espace public. « Au moment où la loi liberté de création, architecture et patrimoine est examinée au Parlement, l’espace public est au cœur de la réflexion sur la liberté de création et de diffusion », a assuré Audrey Azoulay.
11 mesures pour l’art dans l’espace public
La ministre de la Culture et de la Communication a présenté quatre axes destinés au développement de l’art et la culture dans l’espace public :
> En soutenant leur présence grâce à de nouveaux modes de financement (un fonds d’intervention est à l’étude dans le cadre du projet de loi création), mais aussi en incitant les structures labellisées à programmer davantage hors les murs et dans l’espace public ; enfin, grâce au renforcement du 1% artistique, qui permet de consacrer une partie du budget des travaux des constructions publiques, notamment dans les établissements scolaires, à la commande d’une œuvre d’artiste.
> En accompagnant mieux les arts de la rue avec 800 000 euros de mesures nouvelles en 2016 : à travers une aide à 10 compagnies, dont 3 soutenues au titre de leur rayonnement (KomplexKapharnaum, Opéra Pagaï et Les Souffleurs Commando Poétique), 7 projets de résidence et 2 ateliers de fabrique artistique ; à travers une revalorisation dès cette année à 200 000 € du soutien minimum de l’État pour les Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l'Espace Public, revalorisation dont bénéficieront six de ces CNAREP.
> En inscrivant davantage l’art au cœur des mutations urbaines : d’abord, à travers un dialogue soutenu avec les collectivités territoriales, qui font le choix de soutenir cette démarche ; ensuite, en poursuivant les schémas de développement territorial avec les acteurs des arts visuels comme pour les arts de la rue ; enfin, à travers une réflexion pour mieux accompagner l’accueil des manifestations, notamment dans les centre-villes.
> En poursuivant les actions engagées par la MNACEP : grâce à la création d’ARTCena, née du rapprochement des centres de ressources HorsLesMurs (cirque et arts de la rue) et du Centre national du théâtre ; en valorisant les outils, nés des travaux de cette mission : cartographies de Hors Les Murs, plateforme numérique Atlasmuseum, plan guide du pOlau - Pôle des arts urbains à Tours, ou le site internet du Centre National des Arts Plastiques pour les commandes publiques.
MNACEP : retour d’expérience
La grande parade de Lille 3000 © Philippe Huguen / AFP Composée de représentants de l’État et des collectivités territoriales, d’associations, d’artistes, d’architectes, d’urbanistes, de designers, la MNACEP a organisé de juillet 2014 à avril 2015 cinq ateliers à Nantes, Aurillac, Marseille, Cergy-Pontoise et Paris, qui font l’objet du rapport qui a été remis le 14 juin à Audrey Azoulay. Lors de cette réunion, les membres de la MNACEP ont fait part de leur expérience.
Alors que Jean Blaise souligne « la dimension très politique » de l’art dans l’espace public, Florian Salazar Martin, président de la fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture, plaide pour la spécificité de la création. « Nous ne sommes pas dans la neutralité », revendique-t-il. « Aujourd’hui, nous sommes face à une responsabilité historique, insiste Lucile Rimbert, présidente de la fédération des arts de la rue, nous avons besoin de réaffirmer nos valeurs, celles de la liberté d’expression et de la liberté de création ».
Pour Pierre Sauvageot, directeur de Lieux Publics, le rôle moteur de la France dans les initiatives en faveur de l’art dans l’espace public est une « chance » : « A l’échelon européen, l’espace public est une question partagée où la France joue un rôle majeur ». Tous mettent en avant le travail « collectif » et de « terrain » réalisé par la MNACEP.
« Un travail coopératif et non pas corporatiste », précise Françoise Léger, directrice du Citron jaune, centre national des arts de la rue, qui observe que la MNACEP a su « dépasser les frontières des disciplines ». Un travail qui a également mis l’accent sur des initiatives remarquables, comme celle du Plan-guide arts et aménagement des territoires conçu par l’urbaniste Maud Le Floc’h, directrice du pOlau. « A l’origine, nous avions l’intuition que la dynamique artistique pouvait avoir une influence sur la dynamique d’aménagement des territoires, explique-t-elle. Puis cette intuition est devenue une conviction, qui est devenue une réalité ». Reste à « mettre en musique » le travail de la MNACEP. Pour cela, Jean-Pierre Marcos, président de l’association Hors-les-Murs, appelle à « continuer le dialogue » entre l’État, les collectivités territoriales, les associations et les artistes.
© MCC / Thibaut Chapotot
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 3:27 AM
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Par Anaïs Heluin dans Le Point - Afrique:
Pour Gustave Akakpo, le théâtre s'impose avec les balles des militaires sur le campus de l'université de Lomé, où il étudie le droit. Nous sommes en 1998, et le général Eyadéma vient d'être réélu lors d'un scrutin contesté par l'opposition. Gustave a 20 ans. Au milieu de la répression qui cause des centaines de morts, le jeune homme reçoit une nouvelle qui met l'écriture dramatique au centre de sa vie : sa candidature pour les bourses d'écriture offertes par l'association Beaumarchais est retenue. On lui propose une résidence d'écriture à la Maison des auteurs de Limoges, attachée aux Francophonies en Limousin, festival qui accueillera en septembre prochain la nouvelle pièce de Gustave Akakpo, Si tu sors je sors, mise en scène et écrite avec le comédien et metteur en scène Marc Agbedjidji. Un spectacle consacré à l'histoire du commerce des pagnes au Togo, dont on pourra entendre la lecture le 19 juillet à Avignon dans le cadre de « Ça va, ça va, le monde ! », cycle de lectures organisé chaque année par la Radio France Internationale pendant le festival.
Drôles de catharsis Depuis son premier séjour à Limoges, Gustave s'est construit une carrière de comédien et a écrit une quinzaine de pièces, dont la plupart sont publiées chez Lansman. Sans être située dans un contexte géographique précis, la première, Catharsis, écrite en 1999, porte les traces de la violence dont l'auteur a été témoin au Togo. D'un humour noir, aussi, lequel traverse l'ensemble de son oeuvre. Allégorie d'une Afrique saignée à vif par l'Occident et les dictatures, ce texte est peuplé de personnages mi-monstrueux mi-grotesques. Une reine mère y trône sur un charnier après avoir participé au massacre des siens. À ses côtés, un « photographe-cameraman-réalisateur » obsédé par « le blé, l'oseille, le flouze, le maïs, les sous ». Un gardien de l'Oracle à la bouche remplie d'insultes...
Avec son théâtre d'après la catastrophe, Gustave Akakpo fait rire du pire. « J'écris avec l'optimisme d'un pessimiste », dit-il. En cela, il se place dans la filiation de Kossi Efoui et Kangni Alem, qui, dans les années 1990, ont marqué l'émergence des compagnies de théâtre privé au Togo, grâce à la liberté d'association récemment acquise. « J'étais adolescent et pratiquais déjà le théâtre en amateur. Très politique, l'écriture de Kossi Efoui, Kangni Alem, Sénouvo Agbota Zinsou et de nombreux autres auteurs m'a ouvert des horizons. » Des trajectoires pour un théâtre qu'il envisage comme une pierre lancée sur ce qui dort. Sans violence, mais avec assez d'énergie pour « faire bouger les mentalités trop renfermées sur elles-mêmes ». Trop racistes. Trop misogynes ou simplement trop paresseuses.
Extrait du spectacle spectacle « Arrêt sur image ». © Cie ACéTés
Ambassadeur de nulle part Bien qu'installé en France depuis 2005, après de nombreux allers-retours entre la France et le Togo, Gustave Akakpo ne cesse de faire voyager son théâtre. « Écrire du théâtre, pour moi, c'est avant tout une manière d'aller à la rencontre. De me décentrer. » Depuis son séjour à la Maison des auteurs de Limoges, il multiplie alors les résidences d'écriture. Habbat Alep (Lansman, 2006) voit le jour pendant une résidence à Damas et à Alep, en Syrie. Tulle, le jour d'après (Lansman, 2012) est écrit dans la ville éponyme, en Corrèze. Gustave Akakpo apprécie aussi les voyages immobiles. Depuis que le metteur en scène Balazs Gera lui a proposé d'imaginer une suite aux Suppliantes d'Eschyle, il se sent, par exemple, en résidence chez le poète tragique grec. Dans sa langue si éloignée de la sienne. Ou, plutôt, des siennes.
Métissée et empreinte d'oralité, l'écriture de Gustave Akakpo se transforme d'une pièce à l'autre. À partir des faits réels qui l'inspirent, Gustave assemble les mots comme bon lui semble. Sans chercher à se forger un style. Sans s'enfermer dans une identité définie d'avance. « Je ne suis pas un ambassadeur de l'Afrique. Enfant déjà, mes références allaient des contes de ma grand-mère aux super-héros de Marvel. Comme le dit Cheikh Hamidou Kane dans L'Aventure ambiguë, j'ai envie de raconter dans mes pièces la capacité à lier du bois au bois ». Autrement dit, à dépasser les clivages culturels hérités de la période coloniale. Sensible dans chacune de ses pièces, ce parti pris est le sujet principal de Chiche l'Afrique (Lansman, 2011), dont Gustave a lui-même incarné tous les personnages. À savoir « le gratin des présidents africains : Omar Bongo, Houphouët-Boigny, Paul Biya, Charles Taylor, Charles de Gaulle, Jacques Foccart ».
Foot, chiffons et politique Si tu sors, je sors est traversée par le même désir de « faire un pas de côté par rapport aux idées reçues ». « Marqueur d'une des identités africaines, le pagne est fabriqué en Hollande. J'ai voulu mettre en avant ce paradoxe, et interroger ce qu'il peut révéler. On jauge l'Afrique à l'aune de l'authenticité, et l'Occident à celle de la créativité. Quand ces grilles bougeront-elles enfin ? » interroge l'auteur. Comme Catharsis, La mère trop tôt (Lansman, 2004) et À petites pierres (Lansman, 2007), cette pièce prend le Togo comme point de départ d'une réflexion sur les rapports économiques et politiques entre Afrique et Europe.
D'où l'intérêt suscité par le théâtre de Gustave chez des metteurs en scène de tous horizons. Chez le Togolais Marc Agbedjidji. Chez les Français François Rancillac, Jean-Claude Berutti et Thomas Matalou. Chez Cédric Brossard, aussi, qui reprend pendant le Festival d'Avignon son Arrêt sur image, créé lors de la précédente édition des Francophonies en Limousin. Monologue d'un passeur qui aurait préféré dépenser son énergie sur un terrain de foot plutôt qu'au bord de la Méditerranée avec des candidats à l'immigration clandestine, cette pièce dit toute la complexité de l'écriture nomade de Gustave Akakpo. Ses pieds de nez aux stéréotypes. À la pensée binaire. Et il n'a pas fini de nous faire voyager. Avec le comédien Kader Lassina Touré, qui incarne le passeur d'Arrêt sur image, Gustave se penchera à partir de septembre prochain sur l'histoire du chemin de fer du Burkina Faso. Tout en poursuivant sa « résidence » chez Eschyle.
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Le spectateur de Belleville
June 21, 2016 2:58 AM
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Par Antonio Mafra dans Le Progrès de Lyon
Le metteur en scène québécois, d’origine libanaise, fait ses débuts lyriques, à l’Opéra de Lyon avec L’Enlèvement au sérail de Mozart.
« J’ai accepté de monter cet opéra parce qu’il parle de la relation entre l’Orient et l’Occident », confie Wajdi Mouawad. Comment le projet de L’Enlèvement au sérail a-t-il vu le jour ? « J’aime l’opéra. Serge Dorny, le directeur de l’Opéra de Lyon qui a vu mes spectacles, le savait. Je sais qu’il a attendu avant de me proposer un projet qui me corresponde. J’ai accepté sa proposition, d’abord parce que l’œuvre parle de la relation entre l’Orient et l’Occident. Ensuite parce qu’il m’a autorisé à réécrire les dialogues parlés du livret, au premier abord islamophobe, pour éclairer les points de convergence et de divergence entre les deux cultures. »
Quel point de vue portez-vous sur le livret ? « L’Orient et l’Occident ont en commun la place accordée à la femme, à la fois adulée et contrainte. Élevées et très tôt enfermées dans un sérail, les deux héroïnes ne semblent pas malheureuses. L’une contrôle les assiduités d’Osmin, l’autre bénéficie des petits soins du Pacha. À partir de là, j’ai imaginé comment allait se dérouler leur retour dans une Europe qu’elles ont oubliée et où on va les obligerait à remettre le corset. »
Et la musique de Mozart dans tout cela ? « L’articulation entre le texte et la musique, dont je n’ai pas touché une note, se fait par l’artifice du flash-back. Le texte nous ramène au présent, à une fête qui célèbre le retour de Blonde et Constance, fête qui se terminera mal. La musique nous ramène au passé. »
Pratique L’Enlèvement au Sérail de Mozart, direction Stefano Montanari, du 22 juin au 15 juillet, Opéra de Lyon, place de la Comédie, Lyon 1er. Tarif : de 10 à 94 €. Samedi 9 juillet, vidéotransmission gratuite, place Bellecour. Tél. 04.69.85.54.54.
PROPOS RECUEILLIS PAR ANTONIO MAFRA
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June 20, 2016 8:02 PM
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Théâtre Dans le cadre de leur festival, Livraisons d’été, Les Subsistances nous proposent Un moment de pur bonheur. Un texte de Philippe Minyana mis en scène par le metteur en scène iconoclaste Laurent Brethomme. Les treize jeunes acteurs du Conservatoire à rayonnement régional de Lyon s’emparent de cette pièce écrite pour eux, elle met en scène l’adage “sex, drugs and rockn’roll”. pratique Du 22 au 25 juin (tarifs de 4 à 8 €). Les Subsistances. 8 bis, quai Saint-Vincent. Lyon 1er. Tél. 04.78.39.10.02.
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June 20, 2016 7:06 PM
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Par Véronique Hotte pour son blog Hottello
Au Bois, texte de Claudine Galea (Éditions Espaces 34), mise en scène de Maëlle Dequiedt (élève sortante du Groupe 42 du Théâtre National de Strasbourg)
Le « bois » a toujours été intégré au paysage rural traditionnel ; il est souvent aujourd’hui, proche de la ville, une non-zone anonyme d’un quartier périphérique, un lieu de promenade tranquille ou d’errance troublée – un refuge pour sans-abris et autres marginaux du temps -, un espace de jogging ou parcours de santé pour les adeptes du sport salvateur, intégré à la nécessité salutaire et sacrée d’entretenir, malgré ou en dépit de tout, les corps bien malmenés des citadins en souffrance.
Le Bois dont les rêves sont faits (2014) de Claire Denis est ainsi un film éloquent.
Mais à côté du corps, les fantômes nocturnes troublent l’âme toujours, l’inquiètent et l’accablent de craintes et de frayeurs : spectres, démons, revenants, lutins et grands méchants loups. L’impact des légendes reste fort, et le loup à la férocité vorace et la sexualité débridée n’en finit pas de hanter l’imaginaire, restant le bel animal récurrent des contes et dessins animés entre cruauté et érotisme, de Walt Disney à Tex Avery.
L’auteure Claudine Galea s’est amusée des clichés et des récurrences diverses accompagnant l’image frelatée du Loup, du Chasseur et du Petit Chaperon Rouge.
La fable nouvelle et réactualisée s’éclaire de la présence de la Mère et de la Rumeur publique : préjugés, qu’en dira-t-on, jugements à l’emporte-pièce, présupposés soupçonneux, condamnations précipitées et mauvaise foi tenace de la médisance. On ne peut plus faire peur à la petite fille décidée et fascinée par ce qu’elle ne connaît que peu encore : la comédienne Adèle Zouane à la voix acidulée joue l’élève chahuteuse qui secoue et rabroue sa propre mère, jolie encore, qu’elle estime trop passive, réfugiée dans son déshabillé et ses petits plaisirs gourmets, comme si elle échappait toujours à ses rêves de femme aptes au ressaisissement de sa propre vie. Laure Werckmann est magnifique de fantaisie et d’invention dans le rôle maternel, à la fois ludique et irresponsable, réfléchie et fantasque, prête aux rencontres secrètes.
Quant au Loup et Chasseur – la voix colportée du monde -, il joue autant que faire se peut avec la puissance de ses deux compagnes subversives et résistantes ; Joachim Pavy accepte avec beaucoup d’humour et de saveur, et presque à son corps défendant, le mauvais rôle du mâle prédateur et éternel donneur de leçons.
Or, Laure Werckmann sait aussi s’emparer avec fraîcheur du rôle masculin honni.
Le paysage verbal est secoué comme une boisson pétillante : jeux de mots sur la bobinette, la chevillette, les serrures trois points, évocation du « bois » et du désir hasardeux, restes de fêtards, sacs plastique, canettes de bière et préservatifs.
La metteuse en scène Maëlle Dequiedt met en scène ces petites filles éternelles – une adolescente libérée d’aujourd’hui et sa mère qui n’ose pas, deux « belettes ». Toutes deux croisent sur leur chemin loups et chasseurs divers, les premiers chassés par les seconds ou bien, les uns et les autres s’associant dans la complicité.
La scénographie judicieuse de Solène Fourt fait voler des copeaux volatiles d’un noir brillant qui jonchent le sol quand la forêt se fait obscure ; les costumes sont malicieux, un renard autour du cou pour signifier la sauvagerie du loup, une chapka pour le chasseur, pull et chaussures rouge vif pour la chaperonne et déshabillé à la Greta Garbo pour la mère. Et le tour est joué, d’autant que la scène est installée à la manière d’un jeu enfantin de ronde, les comédiens circulant autant dans le dos des spectateurs qu’en face d’eux, de-ci delà, « Loup, y est-tu ? Loup, que fais-tu ?»
Le jeu en vaut la chandelle, le temps théâtral est vif et facétieux, amuseur et amusé.
Véronique Hotte
Théâtre de l’Échangeur à Bagnolet – États singuliers de l’écriture dramatique, vendredis 17 et 24, samedis 18 et 25, dimanches 19 et 26 juin. Tél : 01 43 62 71 20
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Le spectateur de Belleville
June 20, 2016 6:53 PM
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Par Philippe Chevilley dans Les Echos :
Le théâtre, comme la vie, est plein de coïncidences : assister à la générale de « Monsieur Armand dit Garrincha » juste avant le match de l'Euro France-Albanie, par exemple. Avec en tête « Bossa Nova », le dernier album de Pauline Croze dédié aux standards de la musique brésilienne... C'est avec une excitation particulière, en cette Nuit de Fourvière 2016, qu'on a assisté à la reprise de la pièce de Serge Valletti, qui croise les destins de son oncle Armand, footballeur marseillais haut en couleur, et du génial ailier droit brésilien Garrincha, mort en 1983 à l'âge de quarante-neuf ans. LA COMÉDIE À L'ITALIENNE RÉINVENTÉE PAR PATRICK PINEAU Dans le joli théâtre de bois tout neuf construit dans le préau du collège Jean-Moulin est réunie la même équipe qu'en 2001, date de la création : Patrick Pineau, en guise de coach, et, sur la feuille de match, un seul joueur, Eric Elmosnino, à l'origine de la pièce. En 1998, l'acteur avait découvert dans « L'Equipe » l'histoire de l'ancienne star Manoel dos Santos dit « Garrincha », minée par l'alcoolisme et qui, au seuil de la mort, avait voulu aller taper une dernière fois dans la balle. Un beau sujet de tragédie... Dès les premières secondes, filmées en vidéo dans les coulisses, l'émotion est palpable. Le comédien joue admirablement de l'ambiguïté de son rôle : incarnant tout à la fois l'ex-footballeur marseillais, vieilli mais toujours fort en gueule, et le feu follet Garrincha - il est le conteur et la légende. Suivant la « ligne invisible » de l'intrigue - Armand racontant comment, par un concours de circonstances incroyable, il aurait sauvé la vie du Brésilien en tournée en France -, Elmosnino joue un haletant match France-Brésil, dribblant avec les mots fins de Valletti. OLA DE NOSTALGIE L'acteur nous fait rire avec le récit des faits d'armes de jeunesse d'Armand, nous captive et nous embrouille avec ses incessantes digressions, nous émeut avec ses hésitations et ses pertes de mémoire feintes. Et quand il évoque Garrincha, quand il dialogue avec son fantôme, on se sent comme soulevé par une ola de tendre nostalgie. Elmosnino joue et danse avec l'ombre de « Mané », qui virevolte sur l'écran en fond de scène. Eric/Armand se fait carioca, entonne une bossa. Le football est musique, théâtre et poésie... A la fin du spectacle, le comédien, bouleversé, a du mal à retenir ses larmes. Dehors, toutes les eaux de juin, de Lyon et de Rio vont bientôt s'abattre sur Fourvière. Qu'importe l'orage. Sortis des vestiaires, l'entraîneur Pineau et le Ballon d'Or Eric Elmosnino s'installent, impassibles, pour regarder France-Albanie.
Théâtre : « Monsieur Armand dit Garrincha » de Serge Valletti. MS Patrick Pineau. Lyon, Nuits de Fourvière, jusqu'au 30 juin, 04 72 32 00 00. 1 h 20.
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/week-end/culture/spectacles/0211041860381-eric-elmosnino-ballon-dor-des-nuits-de-fourviere-2007697.php?dAvxrsKsLDsvElUQ.99#xtor=CS1-31
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Le spectateur de Belleville
June 19, 2016 6:41 PM
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APRÈS QUATRE SAISONS ET DES INVITATIONS AU VOYAGE VERS DES CONTRÉES PLUS OU MOINS LOINTAINES, C’EST SUR LES TERRES PROLIFIQUES, ÉPIQUES ET SI POÉTIQUES DE SHAKESPEARE QUE L’ON A CHOISI DE S’ARRÊTER POUR VOUS CETTE ANNÉE. UNE SAISON DÉDIÉE AUX FEMMES A leur féminité sensuelle et merveilleuse avec les héroïnes du Songe d’une nuit d’été. A leur face sombre et démoniaque sous les traits d’une Lady Macbeth revisitée par l’auteure franco-turque, Sedef Ecer,dans sa Lady First… sorte d’écho à notre actualité. A leurs différences, dans William’s Slam, à travers la confrontation de deux cultures, de deux générations de femmes mais que l’amour des mots qu’elles partagent finit par rapprocher. UNE SAISON DÉDIÉE À LA POÉSIE ET À LA CRÉATIVITÉ Avec Mon coeur pour un sonnet qui mettra à la fête, autour des sonnets du grand Will, la danse et la poésie pour des instants de grâce.Avec Macbêtes et ses insectes extravagants et sanguinaires,c’est le Théâtre La Licorne qui nous fera une nouvelle fois partager son univers déjanté et jubilatoire. UNE SAISON DÉDIÉE À LA MUSIQUE Avec deux concerts qui montreront à quel point Shakespeare a inspiré les plus grands compositeurs. Enfin, c’est avec les Ballets de l’Opéra Théâtre de Metz-Métropole et leur sulfureuse Carmina Burana que se clôturera en beauté cette saison haute en saveurs.
Aussi, à l’instar d’Agathe la slameuse, j’ose dire: « Messire Shakespeare, avec vous partir, s’étourdir, s’enrichir,réfléchir, de peur pâlir, sourire, s’assombrir, souffrir, frémir,se souvenir, tressaillir, se réjouir, Messire Shakespeare, c’est tellement trop de plaisir. Avec vous, Monsieur Shakespeare, ça déchire!»
Vincent Goethals · DIRECTEUR
Programme du festival http://www.theatredupeuple.com/bussang-2016
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Le spectateur de Belleville
June 19, 2016 4:00 PM
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Par Par Cyriel TARDIVEL pour Théâtrothèque
Quand le monde du cirque rencontre celui de la cybernétique, il se crée un troisième univers, celui de ''Hentaï Circus''.
Le Japon, à l’autre bout du monde. Des traditions ancestrales et une culture riche. Les Japonais, inventeurs et précurseurs, ont également créé un autre monde, parallèle au nôtre, celui de la cybernétique. Le développement informatique et des nouvelles technologies ont transformé leur pays, leur vision du monde, leurs habitudes, les relations entre eux. Depuis plusieurs années, se déroule la "Japan Expo" à Paris et, avec le temps, son succès va grandissant ; mais que connaissons-nous vraiment des nouvelles mœurs japonaises ?
Karelle Prugnaud nous offre un petit aperçu de cette culture extrême avec sa nouvelle création Hentaï Circus. Elle s’entoure de circassiens, de musiciens, de performeurs et d’une tatoueuse également, un melting-pot d’artistes pour nous offrir ce voyage à travers le Japon modern hyper connecté. Une découverte par les cinq sens.
C’est au travers des recherches sur la toile et des fantasmes d’un Otaku (geek no-life), que la découverte commence. A la manière d’Alice tombée dans le terrier, le public est aspiré dans une spirale de folie et de délire mêlant mangas, sexualité, enfance, cyber, transformation, poulpe (animal très apprécié et incontournable de la culture japonaise moderne), punk/rock, zentaï (combinaison de latex ou lycra)... Ici, les motos s’envolent, les hommes mûrs se transforment en "dollers" et exécutent des danses kawaïs, la piste s’enflamme, des poupées apparaissent...
Les artistes féminines sont étonnantes. Elles enchaînent les costumes et les prouesses, repoussant de nombreuses limites. Sylvaine Charrier offre un numéro de contorsion marquant accompagné d’un poulpe. Myriam Laurencin, affublée d’une énorme tête de poupée et de chaussures compensées, se lance dans un numéro aérien de corde époustouflant. Daphné Millefoa incarne "Princesse Caniche", toute de rose vêtue, elle est en quelque sorte la maîtresse de cérémonie de ce cabaret si particulier. Sa fraîcheur et sa joie de vivre sont communicatifs.
Les hommes ne sont pas en reste. Stéphane Depot vole littéralement sur ses motos. Chacun apporte son engagement profond au spectacle, donnant de soi et brisant les barrières de la bienséance française. C’est fou et rafraîchissant à la fois. Certains passages sont particulièrement étonnants et marquants. Les dollers sont à la fois touchants et dérangeants ; les vidéos hentaï projetées sur l’écran en fond de scène sont inhabituelles sur les scènes de cirque ou de théâtre...
Oui, c’est un mélange d’étonnant, mais une belle alchimie entre les textes d’Eugène Durif, la mise en scène de Karelle Prugnaud, les musiques de Bob X et Géraud Bastar, et les vidéo de Bob X, Karelle Prugnaud et Marie Chatte. Ça bouge, ça secoue, on ne peut rester de marbre. Et puis, bien loin d’être dans un fantasme salace ou malsain, l’approche de cette culture japonaise par la création du spectacle Hentaï Circus est une proposition de découvertes et de réflexions sur cet univers. Pourquoi certaines personnes aiment-elles se transformer en poupée rose ? Pourquoi une telle fascination du poulpe ? Pourquoi certaines personnes se coupent-elles complètement du monde extérieur et passent-elles le reste de leur vie derrière leur écran sur des jeux en réseau ?
Pure folie ?! A y regarder de près, pas tant que ça. Un besoin urgent d’amour et une profonde, une très profonde solitude. Les otakus s’enferment dans leur monde virtuel car ils souffrent de notre monde difficile et très égoïste ; se créant ainsi leur zone de confort. On ne peut pas être blessé dans un rêve, tout y est possible et personne ne peut vous juger.
Un spectacle réussi à bien des égards. Une troupe soudée et motivée. Beaucoup de poésie. Un partage, un échange entre les artistes et le public. Ne jugeons pas, découvrons, observons et essayons de comprendre.
Hentaï Circus Cirque Electrique (PARIS)
Textes d'Eugène Durif Mise en scène de Karelle Prugnaud Avec Sylvain Charrier, Antonin Boyot Gellibert, Alain Claudinon, Stéphane Depont, Géraud Bastar, Frank Desmaroux, Myriam Laurencin, Daphné Millefoa, Karelle Prugnaud, Pascal Sandoz, Oriane Aka Tannuki (tatouage), Mayumi Shimizu (à l'écran)
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Le spectateur de Belleville
June 23, 2016 5:03 PM
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Par Eve Beauvallet dans Libération :
Danse contemporaine . Déplorée par de nombreux programmateurs, la pénurie de créations grand format adaptées à leurs salles raconte en creux l’évolution de la discipline depuis les années 80.
«The Primate Trilogy» de Jacopo Godani. Photo Dominik Mentzos «Au secours, j’ai pas de chorégraphe pour mon grand plateau !» Depuis quelques années, Patrick Salmon, chargé de diffusion dans le secteur chorégraphique, entend cette phrase en leitmotiv dans la bouche de nombreux programmateurs. Et en effet, depuis la disparition des monstres sacrés de la danse contemporaine (Pina Bausch, Merce Cunningham) ou la mise en veille de ceux qui restent (William Forsythe, Jiri Kylian), il deviendrait de plus en plus compliqué de trouver des créations chorégraphiques adaptées au gigantisme de certains équipements culturels. Non pas que les chorégraphes ne produisent plus du tout de grands formats (même s’il se crée moins de pièces de plus de six interprètes). C’est surtout qu’ils sont rares à pouvoir remplir une salle de 1 000 places sans sombrer dans le blockbuster pompier. Bien sûr, on pourra toujours citer les principales locomotives, ceux qui parviennent (et encore, pas toujours) à combiner popularité et exigence artistique : Angelin Preljocaj, Philippe Decouflé, Mourad Merzouki, Sidi Larbi Cherkaoui (qui réunit au Festival d’Avignon 22 danseurs pour la recréation de Babel dans la cour d’honneur du palais des Papes), rejoint plus récemment sur les scènes françaises, notamment par l’Israélien installé à Londres Hofesh Shechter. Mais quid du renouvellement?
Période d’introspection La question semblera abstraite concernant le Théâtre de la Ville de Paris, qui dispose d’un volet d’abonnés suffisamment nombreux, fidèles et aventureux pour accueillir dans sa grande salle de nouvelles figures. Mais, dans le réseau des scènes nationales, autrement préoccupées par la question du public, elle fait s’arracher les cheveux des programmateurs, au rang desquels Matthieu Banvillet, chargé de faire vivre le grand plateau du Quartz de Brest avec, en face, un monstre de 1 500 places à remplir. «La question nous travaille pour l’ensemble de la saison mais concernant le festival Dansfabrik - où l’on est à l’endroit de la création et de l’expérimentation -, elle devient presque insoluble ! commente t-il. Si je veux programmer des grands ou moyens formats de Boris Charmatz ou Christian Rizzo, où les présenter ? Dans la grande salle, je sais que ce sera difficile de toucher un très grand public, même avec Maguy Marin ! Et dans notre salle de 300 places, ça ne rentre évidemment pas. Ce n’est absolument pas une histoire de qualité, c’est que la salle idéale pour la danse, aujourd’hui, c’est un 500-600 places. Et nous, on ne l’a pas.»
Les grands équipements culturels seraient-ils devenus inadaptés à la réalité de la création chorégraphique ? Loin d’être uniquement technique, la question des grands plateaux - disons surtout des grandes jauges - qui fit l’objet d’une table ronde organisée par l’Office national de diffusion artistique (Onda) en février, raconte en creux l’évolution de la danse contemporaine depuis les années 80. «La danse évolue et elle n’évolue pas vers ces formats, constate Jean-Paul Montanari, directeur du festival Montpellier Danse (lire ci-contre) qui s’ouvre ce week-end. Prenez les Américains : le temps où leurs grandes compagnies - Bill T Jones, Trisha Brown, Lucinda Childs, etc. - faisaient les beaux jours des immenses salles est révolu ! C’est qu’aujourd’hui, les espaces muséaux, les espaces extérieurs semblent davantage inspirer les chorégraphes héritiers de la performance que les grandes scènes avec 24 mètres d’ouverture et 1 800 personnes en face.» Pour diverses raisons, en effet, la plupart des créations actuelles s’adaptent mieux aux jauges intermédaires ou petites. «Dans les années 90, explique Pascale Henrot, directrice de l’Onda, les chorégraphes ont commencé à s’exprimer davantage en termes d’"états de corps" que d’écriture du mouvement, en termes de représentation des sensations plutôt que de projection dans l’espace.» Cette période d’introspection de la danse a poussé les chorégraphes héritiers de la performance (la génération des Boris Charmatz, Loic Touzé, Jérôme Bel) à s’éloigner sciemment des grandes scènes, plus adaptées à la tradition du ballet et de ses formes lisibles, pensées pour être vues de loin.
Une tendance encore vivace aujourd’hui, même si depuis quatre ou cinq ans, une nouvelle génération d’artistes, à l’instar de Jan Martens, d’Alessandro Sciarroni ou de Mette Ingvartsen, s’intéresse de nouveau aux plus grands formats. «L’idée de groupe, de communauté, revient peu à peu», confirme Claire Verlet, adjointe à la programmation du Théâtre de la Ville (Paris IVe). Mais dans un contexte économique morose pour les artistes-chorégraphes (ils doivent notamment réunir de plus en plus de coproducteurs pour monter leurs spectacles). «Il reste plus facile pour une compagnie indépendante de monter une petite forme, poursuit Pascale Henrot. Elles sont moins compliquées à vendre.» Difficile, donc, de savoir qui de la poule ou de l’œuf : est-ce que ce sont les conditions économiques qui ont déterminé une certaine esthétique ou bien les problématiques artistiques qui ont appelé des formats plus intimistes ?
Équilibre financier Evidemment, rien de problématique d’un point de vue artistique, sauf à considérer, comme le souligne le jeune chorégraphe Noé Soulier, «qu’une sonate pour piano soit moins intéressante qu’une symphonie. Si on regarde l’histoire de la danse, les figures les plus marquantes ne sont pas nécessairement celles qui ont fait des grandes formes. Simone Forti, Yvonne Rainer, Steve Paxton ont eu un impact infinimenent supérieur à celui de Maurice Béjart sur la création contemporaine.» Et côté économie ? Moindre mal pour les scènes pluridisciplinaires qui disposent de la parfaite typologie de salles. Pour les autres, l’option reste de reconfigurer une grande salle pour la transformer en moyenne jauge, et d’accepter le coût qui va avec. Côté festivals, comme celui de Montpellier Danse, tenir l’équilibre financier nécessite un certain doigté : «Lorsque la ville a construit le Corum [2 000 sièges, ndlr], ça a modifié en profondeur l’économie du festival : on s’est mis, non pas à gagner de l’argent, mais, du moins, à ne plus en perdre, explique Jean-Paul Montanari. Alors louper la programmation dans cette grande salle, c’est handicaper le fonctionnement du festival. On y arrive - cette année, on découvre par exemple le Grec Dimitris Papaioannou- mais c’est parfois compliqué.»
Surtout, la pénurie de grands formats suffisamment fédérateurs poserait un problème d’un autre ordre. «Je suis profondément persuadé que c’est sur les grandes scènes, avec beaucoup de monde en face, que se légitime la présence de la danse dans une ville, commente encore Jean-Paul Montanari. Sinon, ça reste un art de recherche, destiné à n’être vu que par une centaine de spectateurs.» Le chorégraphe Noé Soulier acquiesce, tout en soulignant l’existence aujourd’hui de nouveaux modes de visibilité de la danse, que ne connaissait pas la génération des années 80. Comme le Net, évidemment, espace qui, si tant est qu’on l’utilise à bon escient, pourrait jouer son rôle. «Il y a plus de gens qui connaissent mon travail en l’ayant vu sur YouTube qu’en l’ayant vu en salle», conclut Noé Soulier.
Changement d’échelle Toutefois, reste à savoir comment encourager la diversité des formats. Au Théâtre de la Ville, le plateau des Abbesses (le second plateau, plus petit, avec une salle de 400 places) joue entre autres un rôle d’incubateur. «Des chorégraphes comme Christian Rizzo ou Rachid Ouramdane ont formidablement passé le cap du grand plateau», vante Claire Verlet. Un changement d’échelle qui génère parfois une inflexion de l’esthétique. Et ce «cap» ne va pas sans risques. «Si un jeune artiste veut faire une pièce avec beaucoup d’interprètes au plateau et que son projet est articulé, je pense qu’il sera écouté par les programmateurs, admet Noé Soulier. Mais ce n’est pas sûr qu’il arrive à concevoir un projet à cette échelle s’il n’a jamais fait l’expérience des grands plateaux, sur lesquels il est très compliqué d’obtenir de vrais temps de répétition.»
Qui, alors, pour leur donner l’occasion de se tester ? Réponse à l’unisson dans la profession : les ballets, ces compagnies de répertoire et de création comptant une trentaine de danseurs permanents. «Les compagnies comme le Ballet de Lorraine, le Ballet de Lyon ou le Ballet de Nancy mènent depuis quelques temps une formidable politique en faveur de la création contemporaine», explique Claire Verlet. En passant commande à des chorégraphes comme François Chaignaud, Tania Carvalho, Noé Soulier, Cindy Van Acker... Une équation qui nécessite peut-être des ajustements - davantage de temps de création, notamment ? - mais qui a l’avantage d’inciter les chorégraphes contemporains à se frotter au plus grand public et aux plus grands formats. Là où l’idée, pour certains, ne leur serait peut-être pas venue.
Montpellier Danse : Fraîcheur et transcendance
En partie tournée vers l’ensemble du bassin méditerranéen, la 36e édition du festival Montpellier Danse donnera aussi l’occasion de découvrir le travail de l’ancien danseur et assistant de William Forsythe, Jacopo Godani. Et de retrouver des figures bien connues du festival, comme Nacera Belaza ou Emmanuel Gat. On pourra également voir la création très attendue de Christian Rizzo, développée autour des danses de club.
Montpellier Danse (34). Du 23 juin au 9 juillet. Rens. : www.montpellierdanse.com
Ève Beauvallet
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Le spectateur de Belleville
June 23, 2016 4:35 PM
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Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, a donné son agrément à la nomination de Marie Roche à la direction du Centre de développement chorégraphique Le Pacifique, situé à Grenoble, suite à la décision unanime du jury et en accord avec les représentants de la région Rhône-Alpes Auvergne, du département de l’Isère et de la Ville de Grenoble. Elle succédera à Christiane Blaise, à compter du 5 septembre 2016. Depuis près de 20 ans, Marie Roche accompagne de nombreux chorégraphes français et européens. Elle développe un parcours à la croisée des différentes esthétiques, des politiques culturelles pour la danse et de l'accompagnement à la production, avec un intérêt reconnu pour les projets territoriaux qui s'ouvrent à un large public. Son projet pour le Centre de développement chorégraphique Le Pacifique promeut la diversité des écritures chorégraphiques et favorise les rencontres de la danse avec les arts visuels, l’architecture, les sciences, l’art du paysage mais aussi l'approche du soin. Elle souhaite inscrire le Centre de développement chorégraphique dans une dynamique de partenariats et décloisonner ainsi la danse par la confrontation aux questions de société, en misant sur l’immersion d’équipes artistiques dans l’agglomération grenobloise. Marie Roche entend multiplier les initiatives en matière d’éducation artistique et culturelle avec les chorégraphes du centre, grâce à des outils pédagogiques novateurs conçus par le réseau des Centre de développement chorégraphique. Au moment de la transmission de ce bel espace pour la rencontre chorégraphique, la ministre tient à rendre un chaleureux hommage à Christiane Blaise pour son engagement pour la danse en tant qu'artiste et fondatrice du Pacifique.
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Le spectateur de Belleville
June 23, 2016 4:20 PM
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Ils avaient perdu leur procès contre le théâtre du Rond-Point, en première instance en décembre 2015. Les militants de l’Agrif (Alliance générale pour le respect de l’identité française et chrétienne) ont à nouveau été déboutés, ce mercredi, par la cour d’appel. L’association, proche des milieux traditionalistes, avait attaqué le Rond-Point et son directeur Jean-Michel Ribes pour avoir accueilli, en 2011, plusieurs représentations de la pièce « Golgota Picnic » du dramaturge argentin Rodrigo Garcia. La pièce, accusée d’inciter « à la haine des chrétiens » par l’Agrif, avait d’ailleurs été jouée sous protection policière. Après ce nouveau revers judiciaire l’association traditionaliste a annoncé qu’elle allait se pourvoir en cassation. leparisien.fr
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 8:25 PM
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Par Jean-Jacques Larrochelle (Hardelot (Pas-de-Calais), envoyé spécial) pour Le Monde
Le nouveau théâtre élisabéthain implanté dans le site du château d’Hardelot (Pas-de-Calais), siège du centre culturel de l’Entente cordiale franco-britannique, a été vandalisé dans la nuit du 17 au 18 juin. « Combien ? », « Gabegie », « Elus irresponsables HONTE à vous », « La dette », « Verrue »… Ecrits de manière appliquée en lettres rouges et rose fluo sur d’anciens remparts du XIIIe siècle et sur les parois en bois du théâtre, les messages dénoncent le coût, mais aussi la singularité architecturale de l’établissement, qui doit être inauguré le vendredi 24 juin. Ils ont été effacés dès leur découverte, le 17 au matin.
Le conseil départemental, qui finance cet équipement unique en France, a aussitôt porté plainte. « Ces dégradations qui tombent sous le coup de la loi prennent une dimension politique particulièrement grave s’agissant d’un lieu de culture consacré à l’entente franco-britannique », a déclaré le président (PS) du département, Michel Dagbert, en référence au référendum du 23 juin sur la question du maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. L’élu se dit « plus que jamais convaincu de la nécessité d’investir en matière culturelle pour permettre à chacune et à chacun d’accéder à un théâtre populaire, à l’image du théâtre shakespearien ». Kaddour-Jean Derrar, le maire de Condette, où se situe le château d’Hardelot, a également déposé plainte et parlé d’« un acte lamentable et lâche, à l’encontre d’un équipement qui n’est pas réservé à une élite ».
Mélèze et bambous
La ministre de la culture et de la communication, Audrey Azoulay, a déploré qu’« à l’heure où le Parlement s’apprête à approuver la loi qui consacre la liberté de création et de diffusion, ce vandalisme cherche à saboter l’ambition du conseil départemental du Pas-de-Calais de se doter d’un établissement à dimension européenne, qui fait le lien entre patrimoine et théâtre populaire d’aujourd’hui. » La directrice du centre culturel de l’Entente cordiale, Valérie Painthiaux, a regretté de son côté que « la question de l’investissement culturel soit toujours remise en cause. » L’émotion s’est propagée jusqu’à l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, Julian King, qui a manifesté « sa solidarité face au vandalisme visant à faire dérailler ce beau projet. Vive la culture ! »
LE THÉÂTRE ÉLISABÉTHAIN, RÉALISÉ PAR L’ARCHITECTE FRANCO-BRITANNIQUE ANDREW TODD, EST UN ÉDIFICE QUI RECÈLE UN CHARME INDÉNIABLE, SANS EFFET RACOLEUR
Le théâtre élisabéthain, réalisé par l’architecte franco-britannique Andrew Todd, est un édifice qui recèle un charme indéniable, sans effet racoleur. Il y a comme une énigme à le voir posé là, en bordure d’une allée de marronniers, révélant plus que masquant la découpe néogothique du château d’Hardelot. C’est dans les pièces cossues de cette demeure classée qu’ont été tournées les scènes d’intérieur de Ma Loute, le film de Bruno Dumont présenté cette année au Festival de Cannes, ainsi que certains plans de Tess (1979), de Roman Polanski.
Habillée de mélèze, la silhouette du théâtre est soulignée par une « colonnade » de bambous venus de Bali, qui « servent à rappeler le cylindre parfait du Théâtre du Globe de Shakespeare, indique son architecte. Un jeu d’ombres portées s’opère selon les différents moments du jour ». Le globe est pris ici au sens de monde miniature, de société en mutation, que rappelle l’inscription latine qui figurait en frontispice de l’antique lieu du Sud londonien : « Totus mundus agit histrionem » (« Le monde entier fait l’acteur »).
Sensation d’intimité
« On a choisi de cuisiner ce gâteau à partir de l’intérieur, détaille Andrew Todd. Je connais le danger de concevoir les salles de spectacles depuis l’extérieur. » Il lui a fallu faire le plus petit possible ; un premier projet, jugé trop grand, a été refusé par l’architecte des Bâtiments de France. Si l’apparence extérieure intrigue, qui reprend dans un traitement moins ornementé – l’architecte franco-britannique parle de « brutalisme en bois » – le dessin général des édifices élisabéthains, l’intérieur emporte l’adhésion. La salle, pavée de chêne et parée d’épicéa, procure une sensation d’intimité et d’apaisement.
Dans la lumière teintée de blond de ce mini-cirque dont l’avant-scène peut se doter d’une fosse d’orchestre pour une vingtaine de musiciens, le spectateur le plus éloigné est à dix mètres de l’action. « Le théâtre shakespearien n’est pas théâtre visuel, il peut se passer de décors, rappelle Andrew Todd. Il est fait pour la parole, sollicite l’imaginaire du public et privilégie le contact acoustique. »
ANDREW TODD, ARCHITECTE : « C’EST UN THÉÂTRE FAIT POUR LA PAROLE, SOLLICITE L’IMAGINAIRE DU PUBLIC ET PRIVILÉGIE LE CONTACT ACOUSTIQUE »
En même temps qu’un souci de privilégier le confort des 388 spectateurs pouvant être accueillis, le projet est exemplaire sur le plan écologique. Un système de ventilation naturelle, mis au point dans la soufflerie parisienne créée par Gustave Eiffel, permet de considérablement réduire la facture énergétique. Le long de la troisième et dernière galerie de la salle, des baies permettent d’y faire entrer la lumière naturelle.
Sur le site Internet du Guardian, Andrew Todd a répondu à l’acte de vandalisme perpétré contre son théâtre, dont il rappelle le coût de la construction : 4,3 millions d’euros, hors taxes (6 millions d’euros au total). « Ce n’est pas une œuvre d’art provocatrice juxtaposée à titre provisoire à un château, c’est un outil pérenne, ouvert et délicat, s’inscrivant avec modestie dans son contexte naturel remarquable, a-t-il rappelé. Générant – comme le théâtre il y a 450 ans – des conditions d’empathie, d’engagement, de reconnaissance mutuelle du public, et donnant une égalité de chances aux artistes de tous bords. C’est une incarnation de la démocratie même. »
Trois jours de musique et de théâtre Le théâtre élisabéthain du château d’Hardelot ouvre ses portes pour trois jours de fêtes, du vendredi 24 juin au dimanche 26 juin (entrée libre selon les places disponibles). Au menu : les compagnie Deracinemoa et la Clef des chants, l’ensemble Constraste, le Théâtre de la Licorne, le Prato (Pôle national des arts du cirque de Lille)… Du 30 juin au 16 juillet, ce sera ensuite la septième édition du Midsummer Festival (de 5 à 20 euros la place). Elle rendra hommage à Shakespeare, mais aussi à Purcell avec des opéras en version concert, comme King Arthur, par l’ensemble Vox Luminis dirigé par Lionel Meunier (le 1er juillet), et Fairy Queen, par l’ensemble Contraste et la compagnie Deracinemoa (du 14 au 16 juillet). Rosita Boisseau
Jean-Jacques Larrochelle (Hardelot (Pas-de-Calais), envoyé spécial) Journaliste au "Monde"
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 7:48 PM
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Par Dalya Daoud dans Rue89Lyon
C’est la compétence sur laquelle une gouvernance de droite est souvent soupçonnée des moins bonnes intentions et, par conséquent, sur laquelle elle n’a pas envie de se vautrer. En matière culturelle, Laurent Wauquiez entretient pour le moment un brouillard épais, promettant de le dissiper -au moins dans le discours- d’ici cet été.
Laurent Wauquiez, face caméra. Crédit : Eric Soudan. C’est un chiffre quasi officiel qui circule, on estime que la baisse prévue dans le budget dédié à la culture en Auvergne-Rhône-Alpes s’approche de 10%. L’explication générale, on la connaît : la Région se met à la diète et tous les domaines de compétences seront touchés (75 millions d’euros d’économies cette année, et 300 millions d’euros à la fin du mandat).
Mais les premières décisions de l’exécutif concernant la culture n’ont pour autant pas toujours été comprises.
Si Laurent Wauquiez n’a de cesse de fustiger son prédécesseur socialiste, parfois à raison, il sait que Jean-Jack Queyranne a été apprécié dans le milieu culturel où il a su mener sa barque, reconnu comme un amoureux des arts.
Pour l’heure, les nouveaux locataires de la Confluence semblent quant à eux naviguer à vue. Une augmentation de subventions par ici, une coupe par là : les décisions tombent sans explication.
Où est Florence ?
Florence Verney-Carron, vice-présidente en charge de la Culture, a pris le parti de se taire. Aucune déclaration publique, surtout pas d’échanges avec la presse. Elle a accordé une interview au Petit Bulletin, où l’on a ré-entendu les propos déjà tenus par le président Laurent Wauquiez, notamment sur quelques dossiers chauds de ce début d’année 2016 (Musée des Tissus, Villa Gillet). Rien de plus.
Elle a vu plusieurs des acteurs de la région, s’est rendue à quelques soirées culturelles ou vernissages. On a même ouvert, juste pour la vice-présidente, la grotte Chauvet (pas sa flambant neuve réplique mais la vraie, fermée aux visiteurs).
© MCC Passionnée d’art contemporain et fondatrice de l’agence Communiquez, Florence Verney-Carron s’est notamment occupée de la com’ du patron de l’événementiel local Olivier Ginon (lequel est l’un des principaux prestataires des Biennales de Lyon).
Sa discrétion pendant ces cinq premiers mois de mandat voire son absence totale des radars ont inquiété le milieu culturel.
Florence Verney-Carron a toutefois fini par recevoir trois membres du Syndeac (syndicat national des entreprises artistiques et culturelles), ce lundi 20 juin, après qu’ils ont exprimé leur inquiétude de ne pas voir de « politique culturelle ambitieuse » proposée par le nouvel exécutif dans un communiqué.
En cinq mois, il aura été difficile de la monter parfaitement avec, en plus, la gestion de changements territoriaux d’ampleur, c’est à dire la fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes, justifie-t-on. Le départ de la directrice de la culture, Isabelle Charbonnier, des services de la Région n’ont rien arrangé. Florence Verney-Carron attend avec impatience son nouveau directeur -qui devrait arriver tout droit de la Drac Languedoc-Roussillon (direction des affaires culturelles, représentante du ministère de la culture en région), où il a été conseiller théâtre.
Au cabinet de Laurent Wauquiez, on nous indique que c’est certainement le président lui-même qui, d’ici cet été, fera une allocution sur la culture, avec un grand Q imagine-t-on tant il y a de pudeur à son endroit.
Des coups de pouce spectaculaires
Parmi les premières décisions de Laurent Wauquiez, il y a eu celle-là : doubler la subvention du festival Jazz à Vienne, la faisant passer de 75 000 euros à 150 000 euros.
Lors de cette annonce, nous avions demandé au président Laurent Wauquiez s’il avait identifié d’autres événements culturels sous-dotés, et il nous avait mis un vent mémorable (en conférence de presse de présentation du budget 2016).
Crédits : Xavier Rauffet / Jazz à Vienne. Depuis, on a appris que le Cosmo Jazz Festival, organisé par Alain Manoukian à Chamonix, bénéficiera d’une augmentation de subventions de plus de 250%.
Comme Thierry Kovacs, maire de Vienne et président de Jazz à Vienne, celui de Chamonix, Eric Fournier, est un proche de Laurent Wauquiez (il est vice-président à la Région, en charge de l’Environnement).
Le seul fait de prononcer le mot « clientélisme » irrite l’entourage du président :
“La hausse donnée en pourcentage peut paraître impressionnante pour Cosmo Jazz mais, en réalité, on est seulement passé d’une aide de 5000 euros à une subvention de 11 000 euros. Ce qui n’est quand même pas beaucoup pour une ville comme Chamonix, car s’il existe un emblème de la région, c’est bien le Mont Blanc.” En face, beaucoup de festivals ou encore de structures de la région devront faire avec moins d’aides. Le festival Mode d’emploi, qui était organisé par la Villa Gillet, disparaît quant à lui totalement du paysage, faisant certainement les frais de la mauvaise publicité autour de son directeur Guy Walter.
L’unique explication fournie au sujet des augmentations versées ici et des baisses imposées là, c’est “le projet, sa pertinence” :
“On ne financera plus le fonctionnement et on n’épongera plus les déficits des structures. La Région n’est pas là pour ça,” nous dit-on. “Les critères technocratiques, c’est fini”
L’opposition à gauche fustige la fin des comités techniques de sélection, composés de différents acteurs culturels en charge de se prononcer sur les aides à fournir sur le territoire. Ils ont été supprimés dès l’arrivée de Laurent Wauquiez à la Confluence, pour des raisons budgétaires mais aussi de conception politique.
Jean-François Debat, à la tête du groupe d’opposition socialiste au conseil régional, est atterré :
“On n’a plus aucun critère ni aucun avis extérieur. Jusque là, l’élu fixait une ligne mais n’intervenait pas directement, afin de respecter la liberté de création. C’est une conception qui a été largement partagée depuis 20 ans, par tous les présidents quel que soit leur bord politique, la droite de Millon et celle modérée de Comparini, puis par la gauche.” Jean-François Debat n’en démord pas :
“Désormais, avec Laurent Wauquiez, c’est : je paie donc je décide. Tout est de nature à être relié à des objectifs politiques. Le fait de ne pas expliquer, de mettre sous le boisseau les réactions des responsables associatifs et culturels nous indique qu’on est dans le fait du prince.” Au cabinet du président LR, on confirme en effet que les temps ont changé à la Région :
“Les critères technocratiques, c’est fini. Les personnes qui ont été élues sont là pour prendre des décisions, on leur a fait confiance pour cela.” Mais le conseiller régional socialiste estime :
“C’est une région avec 8 millions d’habitants, on ne peut pas la gérer comme une ville moyenne. On est obligés d’avoir des critères, on ne peut pas gérer les dossiers au cas par cas car nous ne sommes pas à cette échelle.” Des acteurs culturels dans le brouillard
Il n’y a pas qu’au sein de l’opposition que l’on se plaint des choix en apparence intempestifs de Laurent Wauquiez.
Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne pourtant lui aussi encarté chez Les Républicains, s’est ému de ce que le nouveau président de région n’ait pas encore montré son intention de soutenir les structures de sa ville, comme la Comédie de Saint-Etienne. Un dossier qui a carrément été sorti de l’ordre du jour de la dernière commission réunissant les élus (fin mai).
Pour le maire stéphanois, pas de doute : Laurent Wauquiez lui ferait payer son soutien apporté à Bruno Le Maire plutôt qu’à Nicolas Sarkozy en vue des primaires à droite.
“C’est ridicule, nous dit-on au cabinet du président. Laurent Wauquiez a aidé des projets d’élus de droite qui soutiennent Bruno Le Maire, comme Damien Abad ou encore Charles de La Verpillière. Il faut arrêter de s’agiter pour rien. Des dossiers culturels sont à l’instruction, il faut attendre un peu.” Ils sont donc très nombreux, les acteurs de la culture qui attendent des réponses. Des événements qui se tiennent cet été et qui avaient été jusque là été aidés par la Région ne sont toujours dotés d’aucune enveloppe (pour exemple : Les temps chauds à Bourg-en-Bresse, Cabaret frappé à Grenoble, Musiques en Stock à Cluses…).
Myriam Picot, vice-présidente à la Culture à la Métropole de Lyon, observe, dubitative, le comportement de son homologue Florence Verney-Carron à la Région :
“Nous n’avons aucune réponse. Personne ne semble rien savoir et la raison invoquée est que les choses se mettent en place.” Une promesse pour 2017
Pour Anne Meillon, déléguée régionale du Syndeac :
“Il semble clair que la culture n’est pas un dossier à l’ordre du jour pour Laurent Wauquiez. De notre côté, nous aimerions simplement entrer en dialogue et en concertation.” Elle ne croit pas si bien dire, aucun dossier culturel n’apparaît en effet dans le programme de l’assemblée plénière de ce jeudi 23 juin.
En revanche, Florence Verney-Carron a assuré au Syndeac qu’elle ferait tout, du haut de sa vice-présidence, pour que la coupe de 10% amputant le budget culturel ne soit pas plus lourde en 2017.
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 6:17 AM
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Communiqué de presse du ministère de la Culture et de la communication La ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, salue la naissance de la nouvelle entité culturelle ARTCENA, Centre national des Arts du cirque, de la rue et du théâtre, issue de la fusion du Centre national du Théâtre (CnT) et d’HorsLesMurs, Centre national de ressources des arts de la rue et des arts du cirque.
ARTCENA devient ainsi le nouveau centre de ressources au service des pratiques de trois disciplines – les arts du cirque, les arts de la rue et le théâtre – outil de référence indispensable pour les professionnels, les enseignants, les étudiants, les chercheurs mais aussi le grand public.
Les missions d’ARTCENA reposeront sur trois piliers :
le partage des connaissances, avec la création d’une plateforme numérique ; l’accompagnement des professionnels ; le soutien et le suivi du développement de chaque discipline, notamment à l’international.
ARTCENA sera présidé par Jean-Pierre Marcos et dirigé par Gwénola David. Pour conduire leurs nouvelles missions, ils s’appuieront sur un conseil d’administration, un conseil d’orientation composé d’organisations et de réseaux professionnels, ainsi que sur une équipe constituée de 26 personnes issues du CnT et d’HorsLesMurs réunies sur un site unique.
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 2:42 AM
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Chantal Eyméoud, maire d'Embrun (Hautes-Alpes), 2ème vice-présidente de la Région en charge des entreprises, de l’artisanat et de l’économie de montagne, va gagner de nouvelles compétences. A la suite de la démission de la sénatrice Sophie Joissains, qui a finalement préféré son mandat municipal auprès de sa mère, maire d’Aix-en-Provence, à son mandat de conseillère régionale, la vice-présidence à la culture et au patrimoine allait être vacante. Plutôt que de nommer un nouveau vice-président, Christian Estrosi a choisi d’attribuer ce secteur à Mme Eyméoud, « dont chacun mesure les très grandes qualités ».
Comment s’est passée cette nomination ? Christian Estrosi m’a appelée avant-hier soir (jeudi, NDLR) pour me dire qu’il souhaitait que j’assure la vice-présidence culture et patrimoine. La démission de Sophie Joissains a été une surprise ? Elle a fait le choix de la ville d’Aix dont sa mère est maire. Ce sont des choix très personnels, où l’affectif a sûrement dû jouer. Vous avez accepté tout de suite ? J’ai pris quelques heures de réflexion. J’ai rappelé Christian Estrosi dans la nuit pour lui dire que j’acceptais. C’est une très belle délégation, ça ne se refuse pas. Vous l’avez dit, c’est une délégation importante… La région Paca est une terre de patrimoine et de grands festivals. Christian Estrosi a annoncé que la culture faisait partie de ses priorités. Cela m’a aidé à faire mon choix. Le budget annoncé est de près de 54 millions d’euros (53,2 a annoncé la Région, NDLR.
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Le spectateur de Belleville
June 20, 2016 8:06 PM
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Par Culturebox (avec AFP)
Le metteur en scène belge Ivo Van Hove, 57 ans, qui va ouvrir le Festival d'Avignon avec la Comédie-Française dans "Les Damnés" d'après Visconti en juillet, a été doublement distingué par l'Association professionnelle de la critique, selon le palmarès publié lundi.
Ivo Van Hove, qui dirige le Toneelgroep Amsterdam, a reçu le prix du meilleur spectacle de l'année pour "Vu du pont" d'Arthur Miller donné en version française au Théâtre de l'Odéon (Ateliers Berthier). Une version de la pièce en anglais a été aussi donnée à Londres et Broadway. Il reçoit aussi le prix du meilleur spectacle étranger pour "Kings of War", magistral condensé en 4h30 de cinq pièces de Shakespeare (Henry V, Henry VI -trois pièces- et Richard III), donné au théâtre national de Chaillot en janvier. Le théâtre d'Ivo Van Hove voit grand : montage cinématographique, avec gros plans et caméra sur la scène, musique "live", utilisation subtile de la vidéo l'ont imposé depuis une dizaine d'années comme un des metteurs en scène européens les plus créatifs. Dominique Valadié et Charles Berling meilleurs comédiens
"Bovary" du Portugais Tiago Rodrigues, géniale adaptation de la pièce de Flaubert et du procès retentissant fait à l'époque à l'auteur est sacrée meilleure création d'une pièce en langue française (Théâtre de la Bastille). Le prix Laurent Terzieff, qui récompense le meilleur spectacle dans un théâtre privé va à "Qui a peur de Virginia Woolf" mis en scène au Théâtre de l'Oeuvre par Alain Françon. Dominique Valadié, qui joue dans la pièce, est sacrée "meilleure comédienne", et Charles Berling ("Vu du pont") meilleur comédiens.
Le prix Jean-Jaques Lerrant de la révélation théâtrale de l'année récompense Maëlle Poésy pour "Candide" et deux petites pièces de Tchekhov montées au Studio Théâtre de la Comédie-Française. Elle donnera au Festival d'Avignon une pièce de politique-fiction, "Ceux qui errent ne se trompent pas". "Orfeo" de Luigi Rossi grand prix de la musique
"20.000 Lieues sous les mers", monté à la Comédie-Française, reçoit le prix de la meilleure création d'éléments scéniques. En musique, le grand prix va à "Orfeo" de Luigi Rossi mis en scène par Jetske Mijnssen à l'Opéra national de Nancy/Lorraine sous la direction de Raphaël Pichon. "Maria Republica", un opéra créé par François Paris à Rennes, est élu "meilleure création musicale de l'année". En danse, le "Tristan et Isolde" de Joëlle Bouvier créé avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève emporte le grand prix. Les prix, remis lundi au théâtre Le Tarmac, sont décernés par l'association professionnelle de la critique de théâtre, de musique et de danse qui regroupe 140 journalistes de la presse écrite et audiovisuelle, française et étrangère. Par Culturebox (avec AFP)
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Le spectateur de Belleville
June 20, 2016 7:08 PM
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Par Dominique Darzacq pour Webthéâtre :
Entre restructurations territoriales et restrictions budgétaires, l’économie des festivals d’été a été quelque peu bousculée et sa géographie modifiée. A en croire plusieurs sources, on peut estimer – toutes disciplines confondues - à plus de cent cinquante le nombre de manifestations estivales supprimées ou annulées. Pour les autres, certaines ont dû réduire leur voilure, d’autres bien ancrées sur leur territoire, rayonnant par leur forte identité au-delà de leurs frontières, ont pu résister aux différents reflux budgétaires et idéologiques et offrir au public des programmes hauts de gamme en même temps que fruit d’une réflexion artistique et culturelle. Parmi ceux-ci, avant le rush de juillet, dès les premiers jours de l’été calendaire Les Nuits de Grignan (24 juin – 20 août) et le Festival de Marseille (24 juin-19 juillet).
"Don Quichotte" pour souffler les 30 bougies du Festival de Grignan Comme beaucoup de festivals d’été, c’est de l’alchimie réussie des pierres et du verbe que sont nées en 1987 Les Fêtes nocturnes de Grignan . Ce fut pour commencer quelques saynètes mêlées de musique et de danse, jouées dans tous les coins du château, par des comédiens professionnels et des amateurs parmi lesquels, pour ces derniers, des habitants du village. Au fil du temps et de leurs mutations, « ces Fêtes nocturnes » sont devenues un rendez-vous estival incontournable, un festival populaire qui offre pour seul décor la célèbre façade Renaissance de son château. Un attrait autant qu’une gageure dont Brigitte Jaques-Wajeman s’était admirablement tirée avec son Tartuffe (2009). Mais Molière, plus de onze fois mis à l’affiche, sied particulièrement à Grignan. Edmond Rostand, Victor Hugo et Shakespeare n’y font pas non plus mauvaise figure.
C’est cette année à Cervantès et à son Don Quichotte, mis en scène par Jérémie Le Louët, qu’il revient de souffler les trente bougies d’anniversaire. Jérémie Le Louët, qui s’est fait connaître avec un trépidant Macbett de Ionesco et dirige sa compagnie Les Dramaticules, aime dit-il « à décloisonner les genres, bousculer les codes, contester la notion de format ». Sur ce terrain-là, Don Quichotte, chevalier errant par les chemins accompagné de Sancho Panza, rêveur fiévreux ferraillant l’injustice, est pain béni. S’y imbriquent en effet le vrai et le faux, le réalisme et le merveilleux. Pour mieux aller de l’un à l’autre, de la fiction à la réalité, du temps de l’écriture de l’œuvre à celui de la représentation, Jérémie Le Louët a voulu que la scène de théâtre se confonde avec un plateau de cinéma jonché de caméras, de câbles, de projecteurs et d’écrans, « comme si une équipe, à la suite d’un repérage, avait choisi le Château de Grignan pour tourner un film sur Don Quichotte » explique le metteur en scène pour qui « Don Quichotte est multiple : c’est une satire , un prêche, un hommage, un divertissement. Tous les styles s’y côtoient. Notre propos est d’être au plus près de la liberté et de la subversion qui traverse le roman ». Outre le spectacle et le convivial rituel qui après chaque représentation réunit spectateurs et artistes autour d’un verre dans les jardins du Bosquet, outre aussi, des rencontres et des projections de films qui émaillent le Festival, il est proposé au public une exposition rétrospective de trente ans de créations déployée tout au long d’un parcours qui ouvrira quelques portes des lieux emblématiques du château.
Le festival de Marseille modifie son cap Placé, depuis mai 2015, sous la houlette artistique de Jan Goossens, venu de Belgique où il dirigeait le Théâtre Royal Flamand, le Festival de Marseille s’ouvre à la pluridisciplinarité tout en gardant la danse comme cœur battant de la manifestation. Cette nouvelle édition, qui fait une large place à la création et aux spectacles inédits en France « est construite comme une carte de visite qui représente ma famille artistique et les grands courants de pensée qui ont forgé mon regard sur le monde » explique le nouveau directeur artistique. Parmi ceux-ci, Peter Sellars un des grands maîtres de la scène internationale dont il fut l’assistant à la mise en scène sur plusieurs opéras. Tout commencera avec lui qui, avec le danseur chorégraphe Reggie Gray, signe Flexn un spectacle vivifiant qui raconte « la complexité du vivre ensemble » et met sur la scène quatorze artistes afro-américains, tous de Brooklyn et danseurs de flexing, une expression dansée « à la croisée du R’n’B et du hip-hop , inspiré par le bruk-up jamaïcain et le reggae » ( du 24 au 27 juin). A signaler aussi parmi les spectacles inédits En alerte du danseur chorégraphe marocain Taoufiq Izeddiou qui puise dans ses racines Gnawa, peuple afro-maghrébin descendant d’esclaves noirs, pour proposer un fascinant solo qui convoque le pouvoir de la transe et explore la complexité inhérente à toute quête spirituelle (25-26 juin). Invité de marque également le sud-africain Brett Bailey et sa compagnie de chanteurs lyriques qui avec Macbeth pose la tragédie de Shakespeare et la musique de Verdi dans le Congo d’aujourd’hui. Kalachnikov en bandoulière, Macbeth trouve une nouvelle vie sous les traits d’un milicien au verbe cru et devient la cheville sur laquelle s’articule une virulente satire du néocolonialisme (28/29 juin). Création musicale encore avec Alifbata un concert hors normes qui réunit le groupe Aka Balkan Moon, inspiré de la tradition des Balkans et le groupe AlfBa résolument tourné vers les sonorités sensuelles du Moyen- Orient, et propose une somptueuse virée sonore d’orient en occident avec d’éblouissantes étapes en compagnie de la chanteuse soufie Zina Khan (4 juillet).
Qu’il s’agisse de danse, de théâtre musical, de concert ou d’installation telle celle de l’artiste libanaise Tania El Khoury Garden speak , les spectacles à l’affiche jettent des ponts entre le nord et le sud et, dans la diversité de leurs pratiques et de leurs esthétiques, les artistes invités ont en commun interpeller la société ici et maintenant. Un choix citoyen de programmation sur lequel Jan Goossens s’explique : « l’art pour l’art ne m’intéresse pas, je suis passionné par les artistes car ils ont un rôle essentiel à jouer dans la construction de l’avenir. Je reste persuadé que leur travail permet d’imaginer de nouvelles cohésions pour le monde et la ville de demain ».
Les Fêtes nocturnes de Grignan du 24 juin au 20 août, tel 04 75 91 83 65 Festival de Marseille du 24 juin au 19 juillet, tel 04 91 99 02 50
Photos Don Quichotte © Jean-Louis Fernandez
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Le spectateur de Belleville
June 20, 2016 7:01 PM
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Par Philippe CHEVILLEY dans Les Echos
Avec « Vu du pont » et « Kings of war », le metteur en scène belge est doublement récompensé par l’association professionnelle de la critique. Tiago Rodrigues, Alain Françon, Christophe Rauck, Dominique Valadié, Charles Berling et Maëlle Poésy figurent également au palmarès 2016.
Le grand gagnant des Molières 2016 fut Joël Pommerat, distingué quatre fois pour son spectacle « révolutionnaire » « Ça ira. Fin de Louis (1) ». Le vainqueur du prix de la critique décerné lundi 20 juin au Tarmac à Paris, est Ivo Van Hove. Le metteur en scène belge a reçu non seulement le Grand prix pour sa lecture épurée de « Vu du pont » d’Arthur Miller , présentée en début de saison au théâtre de l’Odéon (avec une troupe française), et le prix du meilleur spectacle étranger pour « Kings of War », fulgurante compilation des pièces « royales » de Shakespeare (« Henri V », « Henri VI » et « Richard III ») à Chaillot.
Un succès mérité pour le directeur du Toneelgroep d’Amsterdam, passé maître dans l’art de bousculer les classiques (« L’Avare » de Molière en mode trader), mais aussi d’adapter des romans fleuves (« Fountainhead », d’Ayn Rand) ou des films (sa mise en scène des « Damnés » de Visconti dans la Cour d’honneur du Palais des papes avec la troupe de la Comédie-Française sera un des événements du prochain Festival d’Avignon). « Vu du pont » a autant séduit la France que l’Amérique, puisque la reprise de la pièce en anglais a reçu il y a une semaine un Tony Awards à New-York.
Oublier Elizabeth Taylor…
Autre metteur en scène étranger récompensé – pour la meilleure création d’une pièce en langue française – le Portugais Tiago Rodrigues, auteur d’une version fine de « Bovary » , tirée à la fois du roman de Flaubert et du procès de l’écrivain, mixant la littérature d’hier et les mots d’aujourd’hui en un maelström d’émotions. Le prix Georges-Lherminier du meilleur spectacle de théâtre créé en province est décerné à Christophe Rauck pour sa relecture originale, cinématographique et opératique, de « Figaro Divorce », d’Odön Von Horvath, à Lille au Théâtre du Nord. Quant au prix Laurent Terzieff du meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé, il revient au déjà distingué par un Molière « Qui a peur de Virginia Woolf », d’Edward Albee , monté avec justesse et mordant par Alain Françon au Théâtre de l’Œuvre. Sa principale interprète, Dominique Valadié – géniale furie faisant presque oublier Elizabeth Taylor dans le film de Mike Nichols – se voit décerner le prix de la meilleure comédienne. Le prix du meilleur comédien revient sans surprise à Charles Berling pour sa prestation pudique et tragique de père amoureux dans « Vu du pont » (qui lui a valu également un Molière). La révélation de l’année n’est pas un(e) comédien(ne), mais une metteure en scène : la jeune Maëlle Poésy, 32 ans, qui a su si joliment coudre deux petits Tchekhov ( « Le Chant du Cygne/L’Ours » ) au Studio-Théâtre de la Comédie-Française. Un autre spectacle du Français, « 20.000 lieues sous les mers » , est distingué pour la meilleure scénographie – l’univers sous-marin enchanteur conçu par Eric Ruf, Valérie Lesort et Carole Allemand dans le cadre de scène restreint du Vieux-Colombier. « Orfeo » et Joëlle Bouvier Côté musique, le Grand prix de la critique a été attribué à « Orfeo », de Luigi Rossi , dirigé par Raphaël Pichon à la tête de l’Ensemble Pygmalion et mis en scène par Jetske Mijnssen à l’Opéra de Nancy/Lorraine. Le prix Claude Rostand du meilleur spectacle lyrique créé en province revient à « Lady Macbeth de Mzensk », de Chostakovitch (Kazuchi Ono/Dimitri Tcherniakov) à l’affiche de l’Opéra de Lyon. La meilleure création musicale est l’opéra de François Paris, « Maria Republica » (Angers/Nantes). Et la personnalité musicale de l’année est Paavo Järvi, directeur musical de l’Orchestre de Paris de 2010 à 2016. Côté danse enfin, le Grand prix est décerné à « Tristan et Isolde : Salue pour moi le monde », chorégraphie de Joëlle Bouvier présentée à Chaillot. Les meilleurs interprètes sont, ex-aequo, le Ballet de Monte-Carlo et Rainer Behr (pour son interprétation du répertoire du Wüppertal Tanztheater) et la personnalité de l’année est Didier Deschamps « pour son engagement et son action en faveur de la danse ».
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Le spectateur de Belleville
June 20, 2016 6:49 PM
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Par Rosita Boisseau dans Le Monde
Un buffet par jour. C’est le régime de la fine équipe de déménageurs-bûcherons du spectacle Buffet à vif, entreprise de démolition par l’absurde qui fait passer, en moins d’une heure, un buffet à l’ancienne au rayon bois de chauffage. Et ça fait un spectacle ? Eh bien, oui !
Les fous furieux s’appellent Pierre Meunier et Raphaël Cottin. Le premier est comédien et metteur en scène, partisan des situations extrêmes ; le second est danseur-chorégraphe, repéré dans la compagnie de Thomas Lebrun. Les deux se sont acoquinés dans le cadre de l’opération Sujets à vif du Festival d’Avignon. C’était en 2014, et Buffet à vif, farce explosive sur fond de Radio Nostalgie, a depuis trouvé son public.
A peine le duo a-t-il mis ses grosses pattes gantées de rouge sur le plateau du Théâtre de la Bastille, à Paris, que certains commencent à se gondoler. Un qui ne se marre pas dans l’affaire, c’est le buffet. Il résiste, le fichu meuble, à la frénésie de nos duettistes. Il couine, il tangue, il implose, il avale, il recrache, mais finit pas lâcher de tous les côtés. A force d’en prendre dans le buffet, les meilleurs craquent.
PILOTÉ PAR DEUX CLOWNS, CE THÉÂTRE DE LA DESTRUCTION ET DE L’EFFONDREMENT ACCOMPLIT À SA FAÇON UN ÉTONNANT CYCLE DE VIE
Buffet à vif ressemble à une pochette-surprise, avec odeur de pétard en prime. La démesure jamais irrationnelle de cette performance a aussi la saveur d’une folle leçon sur l’humanité et ses efforts pour exister. Piloté par deux clowns que tout oppose et rassemble évidemment, ce théâtre de la destruction et de l’effondrement, féroce et gratuit, mais heureusement joyeux – car ça fait du bien de tout casser parfois ! –, accomplit à sa façon un étonnant cycle de vie.
Et c’est la belle idée de nos duettistes que de s’adjoindre une complice, Marguerite Bordat, pour réparer les dégâts. La négociation, évidemment fragile, ouvre un autre chantier plus proche de l’ébénisterie et de l’archéologie. Car rien ne se perd et tout prend sens. Aussi définitif et délirant soit le massacre, il finit par faire couche et strate dans la mémoire. Un buffet, du petit bois et voilà ce qu’il en reste.
Sur le Web : www.theatre-bastille.com
Rosita Boisseau
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June 19, 2016 4:33 PM
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largir le public en rendant le théâtre accessible au plus grand nombre. C’est la volonté de Xavier Croci, directeur du théâtre du Beauvaisis. Pour y parvenir, il n’a pas hésité à mettre en œuvre une politique tarifaire « agressive » qui devrait porter ses fruits. La première originalité est le lancement de « la place suspendue ». « C’est le même principe que le café suspendu, précise Xavier Croci. Vous achetez une place normale et en versant 5 € supplémentaires, vous en mettez une à disposition pour les personnes en grande difficulté. Il y aura un portefeuille de places suspendues que nous proposerons. » Si cette mesure est symbolique, elle s’accompagne de la création de nouveaux tarifs, plus attractifs, et de nouvelles formules d’abonnement. « Nous avons gardé le même prix unitaire à 19 € et 23 €, indique Xavier Croci. Mais nous avons créé un tarif à 12 € pour les demandeurs d’emploi et à 5 € pour les titulaires du RSA. Ces nouveaux tarifs se retrouvent dans les abonnements avec des formules à 9 € et 4 € mais aussi dans le pass saison à 80 € et 180 €. » Le tarif normal est de 280 € pour ce pass. Et pour offrir plus de souplesse au spectateur, le théâtre propose désormais un carnet de six fauteuils (114 € et 60 €) à prendre en une, deux ou trois fois quel que soit le spectacle choisi. Quant à la saison, présentée hier, elle s’annonce riche et variée. « Il y a du classique comme Les femmes savantes de Macha Makeïeff, Le faiseur, la pièce de théâtre de Balzac ou le Brecht, annonce Xavier Croci. Il y a aussi de la danse avec Le sacre du printemps et Street Dance Club, de la musique avec Angélique Ionatos, du cirque et de la magie. On reprend aussi les grands entretiens avec, entre autres, Marianne Basler et Marie Christine Barrault. Nous terminerons la saison avec un festival : Temps Danse, du 9 au 11 juin 2017. » La campagne d’abonnement commence ce week-end de 10 heures à 19 heures, au théâtre hors les murs, près de la Maladrerie. Contact : 03.44.06.08.20.
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