Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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Scooped by Le spectateur de Belleville
April 6, 2021 8:28 AM
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Sous l'oeil de Klapisch, la seconde vie d'une ballerine de l'Opéra

Sous l'oeil de Klapisch, la seconde vie d'une ballerine de l'Opéra | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Rana Moussaoui pour 24 matins.fr le 4/04/21

 

 

On se croirait en pleine séance de travail d'un ballet, si ce n'est l'homme aux côtés de la danseuse de l'Opéra de Paris n'est pas un répétiteur, mais Cédric Klapisch qui boucle son dernier film, petit "miracle" tourné en pleine pandémie.

 

Sur la scène du Théâtre du Châtelet, qui a accueilli cette semaine les derniers jours du tournage entamé en décembre et réalisé également à La Villette et en Bretagne, Marion Barbeau signe ses débuts au cinéma et un retour sur le plateau, alors que les salles de spectacle sont fermées depuis plus de cinq mois.

La ballerine de 30 ans a renoué ainsi avec des “émotions fortes qu’on ne retrouve qu’au théâtre”, même si l’expérience varie sensiblement une fois devant la caméra.

“Un ballet présenté devant un public, c’est très frontal. Ici c’est plus subjectif, on guide le spectateur là on veut que l’oeil se pose”, affirme à l’AFP la première danseuse, grade précédant le titre suprême d’étoile.

“Le sens du détail”

Elle répète inlassablement un mouvement de bras dans une scène de “La Bayadère”, ballet du 19e siècle durant lequel l’héroïne danse avant de se blesser, ce qui brise son rêve d’étoile.

Cédric Klapisch, tombé amoureux de la danse à 14 ans, multiplie les “Action!” “Coupez!” jusqu’à obtenir un geste “aérien”.

“Dans la danse, le rendu est plus global, ici il ne faut penser par exemple qu’à sa main… c’est intéressant car le sens du détail est plus développé. Un micro à-coup ne se verrait absolument pas du public, mais à la caméra, tout se voit”, précise la danseuse, à l’Opéra depuis 12 ans après avoir été “petit rat” pendant six ans.

 

Contrairement à certains films comme “Black Swan” privilégiant des actrices comme Natalie Portman et des doublures pour des rôles de ballerines, le réalisateur a choisi de vrais danseurs pour son 14e long-métrage dont la sortie est prévue en 2022.

Un de ses films, “Les Poupées russes”, avait déjà côtoyé le monde de la danse classique avec la ballerine Evguenia Obraztsova jouant un personnage et il avait réalisé un documentaire sur l’étoile Aurélie Dupont. “Il y a quelque chose de très merveilleux dans le ballet, et quand on a accès aux coulisses, c’est encore plus magique”, dit-il à l’AFP.

 

Outre Barbeau, que le réalisateur a trouvé “touchante” au casting, on retrouve le chorégraphe israélien Hofesh Shechter et les danseurs de hip hop Mehdi Baki et Léo Walk dans une distribution qui comprend les acteurs Pio Marmaï, Denis Podalydès et Muriel Robin.

“métaphore”

Lors de l’écriture du scénario, le réalisateur de “L’Auberge espagnole” ne se doutait pas à quel point l’histoire de la danseuse blessée allait apparaître comme “une métaphore de ce qu’on vit, sur l’isolement, sur le fait d’arrêter quelque chose”.

 

Dans la salle du Châtelet se faufilent des dizaines de gens masqués qui seront le faux public du film. Dans les coulisses, des ballerines en tutu s’échauffent et sur scène, l’équipe de Klapisch scrute sur les écrans un gros plan des yeux Marion Barbeau.

“Je trouve hallucinant d’avoir fait ce film (qui fait partie des 239 films agréés en 2020, ndlr). Il y a eu ce côté +on ne peut pas mais on le fait quand même+”, précise-t-il.

 

 

Shechter, dont la troupe est basée en Grande-Bretagne, “m’a dit que c’était un miracle car tous leurs spectacles avaient été annulés. Ils étaient dans un état second car ils n’avaient pas dansé depuis des mois. Du coup, paradoxalement, ce Covid donne quelque chose au film”.

 

L’héroïne finit par se reconstruire après une rencontre avec la troupe de Shechter. Cliché où la danse contemporaine est “libératrice” en opposition au “carcan” du classique? Aussi bien le réalisateur que la ballerine rejette cette interprétation. “Personne ne gagne sur l’autre”, souligne Klapisch.

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April 6, 2021 5:31 AM
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Le metteur en scène David Geselson publie les lettres que nous n’avons pas osé écrire

Le metteur en scène David Geselson publie les lettres que nous n’avons pas osé écrire | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Emmanuelle Bouchez dans Télérama - 6 avril 2021

 

REPÉRÉ – De ville en ville, David Geselson a écrit le jour, pour des spectateurs, des lettres qu’ils ont renoncé à écrire, et les a lues le soir, sur scène. Une mise en lumière spectaculaire de nos renoncements intimes captée, en mars dernier, à La Maison de la poésie. Son recueil de “Lettres non-écrites” vient de paraître au Tripode.

 

L’actualité de David Geselson est multiple en ce printemps, et surtout multimédia : son recueil de Lettres non-écrites vient de paraître, et 48 d’entre elles ont été lues en mars dernier, trois heures durant, par 48 interprètes magnifiques (Audrey Bonnet, Caroline Arrouas, Loïc Corbery…) lors d’une soirée unique à la Maison de la Poésie, à Paris. Le projet, né il y a quatre ans, au Théâtre de La Bastille, a fait le tour d’une quinzaine de villes, de Lorient à Bruxelles. À chaque fois, il s’agit de proposer dans la journée à cinq spectateurs de raconter en tête à tête une lettre qu’ils n’ont jamais osé envoyer. David Geselson la rédige pour eux dans la foulée, avant de la lire le soir sur scène. Toutes sortes de voix dressent ainsi un portrait affectif de l’humanité, au fil de sentiments tamisés par le temps.

 

Ses parents ont fondé une revue de pédiatrie, et sont passionnés de théâtre et de littérature. Il voit, à 14 ans, à Aubervilliers, l’adaptation d’Angels in America de Tony Kushner, montée par la metteuse en scène Brigitte Jaques-Wajeman, amie de la famille. Il entre, une fois le bac en poche, au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris et s’y sent « bien trop jeune et angoissé ». Des compagnies étrangères, surtout, confortent sa vocation… Le Britannique Simon McBurney, grâce à sa capacité à raconter des histoires, et le collectif anversois TgStan pour sa vitalité éruptive. Un stage avec le maître polonais Krystian Lupa l’encourage ensuite à suivre le flux de sa pensée. Et à commencer d’écrire.

Paix introuvable

À partir de 2014, il développe un théâtre documentaire à haute valeur émotionnelle. Dans En route Kaddish, il évoque un grand-père aventurier juif lithuanien, parti à 19 ans, dans les années 1930, fonder un « autre socialisme » en Israël, avant de désespérer d’une paix introuvable au Moyen-Orient. Un an plus tard, il incarne avec Laure Mathis — pilier de sa compagnie — la vie intellectuelle et amoureuse d’André et Dorine Gorz, qui ont choisi, en 2007, de se donner la mort ensemble. Son écriture, au plus prés de l’intimité, permet une profondeur de jeu saisissante.

 

Dans les semaines qui viennent, il va répéter le rôle de l’étudiant Trofimov, aux côtés dIsabelle Huppert, dans La Cerisaie de Tchekhovmise en scène par Tiago Rodrigues. Ce spectacle doit ouvrir, dans la Cour d’honneur du palais des Papes, le prochain Festival d’Avignon. Il interprètera en 2022 pour le même metteur en scène portugais Chœur des amants, un spectacle jusque-là maintes fois déprogrammé pour cause de pandémie. «Travailler avec Tiago est un pur bonheur : il sait ce dont ont besoin les acteurs. Jouer avec Isabelle Huppert ? L’occasion encore d’un apprentissage ! », s’enchante-t-il par avance, en espérant avec ardeur retrouver les planches.

 

Emmanuelle Bouchez

 

Lettres non-écrites, de David Geselson (Le Tripode, 2021, 200p, 17 €).

 

Captation de la soirée à La Maison de la poésie : plus de 40 acteurs se succèdent pour lire une des "Lettres non-écrites" de David Geselson : voir la vidéo 

 

 

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April 5, 2021 6:01 PM
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"Hommage à Serge Merlin" -  Extraits du Dépeupleur de Beckett, suivi d'un entretien 

"Hommage à Serge Merlin" -  Extraits du Dépeupleur de Beckett, suivi d'un entretien  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans les Fictions radiophoniques de France Culture, rediffusé le 4 avril 2021

 

 

Samuel Beckett et Thomas Bernhard étaient les plus grands selon Serge Merlin. Il a traversé leurs œuvres plusieurs fois dans sa vie. Serge Merlin avait prévenu Samuel Beckett : "Je ne peux pas faire autrement que de vous trahir, alors, création ou trahison, il s’agit en tout cas d’une interprétation.

 

Lien pour l'écoute (29 mn)

 

De Samuel Beckett, il a joué La dernière bande et Fin de partie sous la direction d’Alain Françon. Et puis surtout Le Dépeupleur, un texte énigmatique écrit par Beckett entre 1968 et 1970. Un texte que Serge Merlin comprenait mieux que personne, qu’il avait créé au festival Off d’Avignon, recréé aux Ateliers Berthier en 2003 et qu’il n’a pas cessé de reprendre tout au long de sa vie, à la radio comme au théâtre. Son dernier Dépeupleur au théâtre fut celui mis en scène par Alain Françon, créé aux Déchargeurs et repris au théâtre de la Ville dans la petite salle de l’Espace Cardin.
Son dernier Dépeupleur à la radio fut celui dont nous vous proposons d’écouter un extrait maintenant. C’est une création radiophonique de Jacques Taroni enregistrée dans les studios de la radio en 2007.


Serge Merlin avait prévenu Samuel Beckett : "je ne peux pas faire autrement que de vous trahir" Alors, création ou trahison : il s’agit en tout cas d’une interprétation.


Après la l'extrait de la lecture par Serge Merlin de la pièce Le Dépeupleur de Samuel Beckett suit un entretien qui met en évidence le parcours de cet artiste hors du commun, proche d'Artaud et de Thomas Bernhard, qui parcourut le monde du théâtre, en "errant, en vagabond", avec cette manière si particulière non pas de dire les textes mais de les "affirmer dans leur nudité"…il évoque aussi toutes les personnes qui ont compté dans sa vie d’artiste et d’homme.

 

Extrait de Le dépeupleur de Samuel Beckett, par Serge Merlin et extraits d’entretien de Serge Merlin par Jean-Pierre Thibaudat
Réalisation : Jacques Taroni en 2007

 
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April 4, 2021 12:15 PM
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Elena et Coline, occupantes de la Colline : “Ce que l’on veut faire entendre, c’est la voix de la jeunesse”

Elena et Coline, occupantes de la Colline : “Ce que l’on veut faire entendre, c’est la voix de la jeunesse” | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans Télérama le 4 avril 2021

 

ÊTRE ÉTUDIANT EN TEMPS DE PANDÉMIE – Depuis début mars, les deux futures comédiennes, soucieuses de leur avenir, ont pris place dans le théâtre parisien. Elles racontent leurs inquiétudes face à leur avenir incertain et leurs revendications.

 

Des slogans zèbrent toute la façade du Théâtre de la Colline, niché derrière la place Gambetta, dans le 20e arrondissement de Paris. Ils brillent sous le soleil, ce matin du 31 mars, et empruntent avec astuce la charte graphique colorée du théâtre pour dérouler leurs formules. Les revendications et l’irrévérence s’y mêlent avec humour. À l’intérieur, Coline et Elena nous attendent en contrebas des marches, à la croisée de la librairie et des vestiaires. C’est là leur dortoir comme le QG de leur mobilisation, depuis que le 9 mars, elles sont venues avec d’autres apprentis des métiers de la scène, occuper le théâtre. Elles s’y relaient jour et nuit avec une centaine d’autres futurs artistes, moyennant un quota de trente personnes maximum. Leur vie y est réglée selon des principes décidés ensemble, en assemblée générale, tenues à deux pas de la grande salle où le directeur du théâtre nommé en 2016, l’auteur-metteur en scène Wajdi Mouawad, répète sa nouvelle création.

Coline, 27 ans, a quitté une troisième année de médecine et sa Touraine natale pour devenir comédienne. Elle suit, à Paris, la dernière année d’une formation professionnelle dans un conservatoire d’arrondissement. Elena, 24 ans, Parisienne d’origine, vient d’intégrer en octobre le fameux Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Toutes deux assument leur rôle de porte-parole du jour auprès de la presse, cherchant toujours le mot juste. La semaine dernière, Elena a représenté les « occupants de la Colline » avec cinq autres jeunes mobilisés (quatre filles et un garçon) dans une réunion de deux heures organisée sur Zoom avec des hauts fonctionnaires du ministère de la Culture. Première étape obtenue dans un parcours qu’elles imaginent long et veulent voir aboutir à des mesures concrètes. Elles disent ici ce qui les anime, les mobilise et leur font désirer un avenir meilleur.

 

Pourquoi vouloir devenir comédienne ?
Elena :
 Le choix du cœur depuis toujours. Pas de réponse plus précise à donner !

Coline : La vocation est venue plus tard, quand, après avoir vu un spectacle de sortie d’école d’un ami comédien, je suis rentrée en larmes chez moi. J’ai mis trois ans à faire le pas. Ne pas l’oser aurait été un éternel regret.

Comment avez-vous vécu les confinements successifs ?
E. :
 Alors que je préparais le concours du CNSAD depuis plusieurs mois, le premier confinement a décalé les épreuves 2020 qui n’ont pu avoir lieu qu’en octobre. Pendant une année entière, j’ai donc eu la tête dans le guidon, même l’été, tant cette épreuve est difficile (1 600 candidats pour 30 places seulement). Cette période a été lourde de stress avec des cours de jeu en ligne, et un manque cruel de théâtre. Heureusement, les cours ont pu avoir lieu pendant le deuxième confinement…

C. : Tout s’est arrêté, lors du premier confinement, dans mon conservatoire d’arrondissement. Les cours n’ont pas repris en mai et l’année a été validée au vu de notre engagement dans le travail. L’année scolaire suivante a repris en septembre, mais comme les élèves de troisième cycle de conservatoire sont considérés comme des praticiens amateurs, tout s’est arrêté, à nouveau, en octobre au profit de cours sur Zoom. Je n’ai repris qu’en janvier.

“On ne détient pas de recette parfaite pour conduire une mobilisation alors, depuis le début, on essaye tout”, Coline

Comment a commencé l’occupation de la Colline, le 9 mars dernier ?
E. :
 Dès le 4 mars, avec ma classe du Conservatoire, je suis allée aux AG de l’Odéon. Le mot est passé très vite entre nous et l’on s’est tout de suite coordonnés avec les étudiants de l’école du Théâtre national de Strasbourg. Quand on est arrivés devant la Colline, le 9 mars, on ne savait pas comment ça allait se passer. On a prévenu Wajdi Mouawad vingt minutes seulement avant notre arrivée. Celui-ci nous a accueillis en nous souhaitant la bienvenue. C’était émouvant. Mais personne ne se connaissait. On allait rester toute la nuit ensemble sans savoir qui était qui ! Il y avait tant d’incertitudes sur les motivations individuelles de chacun… Nous étions pourtant heureux de commencer ça ensemble.

C. : On ne détient pas de recette parfaite pour conduire une mobilisation alors, depuis le début, on essaye tout. On ne veut pas d’un mouvement qui s’installe.

Les étudiants-acteurs occupent le Théâtre de la Colline pour protester contre la fermeture des lieux culturels et de spectacle non essentiel.

Magali Cohen / Hans Lucas

Comment gérez-vous le risque sanitaire ?
C. :
 Avec du gel, des masques et des tests obligatoires pour les entrants, réitérés tous les deux jours. Respecter le protocole nous tient à cœur. Bien sûr, on n’est jamais à l’abri de rien : alors que l’on dénonce la fermeture des théâtres au prétexte que ceux-ci seraient de potentiels clusters, on serait très mal à l’aise si l’on en créait un ici !

Demandez-vous toujours cette réouverture immédiate des théâtres alors qu’une vague menaçante déferle ?
E. :
 Aujourd’hui, les choses ont évolué. On ne demande pas, comme au début, de rouvrir demain alors que l’on est presque tous confinés. Mais une fois le pic passé, il faut que les théâtres rouvrent, et que toutes les formes de soutien réclamés arrivent en même temps.

Comment s’est organisée la rencontre de la semaine dernière avec le ministère ?
C. :
 Après la visite de la ministre de la Culture à l’Odéon, on a éprouvé la nécessité de lui exprimer nos propres demandes.

E. : On avait besoin d’une parole chaleureuse, d’un dialogue direct. La volonté de transparence a vite existé des deux côtés, car si nous, nous ne pouvons pas faire sans le savoir-faire des équipes du ministère de la Culture, elles non plus, ne peuvent pas travailler sans nous qui avons une connaissance concrète de la vie des jeunes. Hélas, Roselyne Bachelot a été hospitalisée et les deux heures de conférence Zoom ont eu lieu avec Noël Corbin, délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle, Hélène Orain, pour la Direction générale de la création artistique, et d’autres représentants des secteurs du théâtre, de la danse, du cirque et des arts de la rue, comme de l’enseignement supérieur et de la recherche, au sein du ministère de la Culture. De notre côté, nous étions six représentants (cinq filles et un garçon), comme désignés d’office par nos structures d’origine (CNSAD ou Conservatoires nationaux supérieurs de musique et de danse de Paris ou de Lyon).

C. : Nous avons obtenu, pour le deuxième rendez-vous, la liberté d’organiser nous-mêmes une représentativité plus conforme à notre mouvement. Car nous avons monté, grâce à des réunions en visioconférence tous les trois jours, un groupe « inter-écoles / théâtres occupés » où tout jeune artiste appartenant à une formation d’art peut nous rejoindre, que celle-ci soit privée ou publique, supérieure ou dispensée dans les conservatoires municipaux, départementaux, ou régionaux. On ne connaît pas encore la date de la prochaine réunion.

“Il y a un gouffre entre la vision des filières d’excellence qu’a le ministère de la Culture et ce que vivent vraiment les jeunes pendant leur apprentissage”, Elena

Vous réclamez justement le même statut étudiant entre les élèves des parcours professionnalisant des conservatoires ou des écoles privées et ceux des écoles supérieures de théâtre, pourquoi ?
E. : Comme il y a peu très peu d’élèves retenus, à la fin, dans ces écoles supérieures élitistes, les autres formations restent, de fait, une voie importante d’accès au métier. Il y a un gouffre entre la vision des filières d’excellence qu’a le ministère de la Culture et ce que vivent vraiment les jeunes pendant leur apprentissage.

C. : Comme « simple élève » de conservatoire ou d’école privée, sans statut étudiant, nous n’avons pas le droit aux bourses par exemple. En revanche, pour Pôle emploi, nous sommes quand même un peu trop « étudiants » et les boulots que l’on décroche ne nous ouvrent pas les mêmes droits sociaux qu’aux autres salariés !

Les futurs comédiens appellent Roselyne Bachelot à changer de politique culturelle et à venir en aide au secteur.

Magali Cohen / Hans Lucas

Qu’est-ce qui vous inquiète le plus dans l’avenir ?
E.
 : Débarquer dans un milieu à l’horizon souvent bouché qui donne peu d’aide à l’insertion professionnelle (ou bien de manière très sélective, comme le dispositif du Jeune Théâtre national réservé aux sortants du Conservatoire de Paris et de l’école du TNS). Alors maintenant, avec ces embouteillages annoncés dans les saisons théâtrales des deux prochaines années, ça va être bien pire !

Qu’imaginez-vous pour y remédier ?
C. :
 Des missions d’insertion dans tous les lieux subventionnés ! Notre modèle, c’est le JTRC déjà en place au Centre dramatique national de Tours : un accompagnement, deux ans durant, de cinq jeunes sortant des filières d’art dramatique ou des métiers techniques de la scène, dispensés par les écoles ou les conservatoires régionaux de Tours ou d’Orléans. Il est cofinancé par la Région et l’État. Ce sont aussi les jeunes professionnels du JTRC (Jeune Théâtre en Région Centre) qui gèrent, en lien avec l’équipe du Théâtre, la sélection du festival Wet° consacré à l’émergence. Des expériences similaires existent aussi à Lille, Dijon ou Toulouse. En plus de bénéficier d’une expérience artistique enrichie par la collaboration avec plusieurs metteurs en scène, ces nouveaux arrivants entrent ainsi, dès la fin de leur première saison, dans le régime spécial d’assurance chômage des intermittents du spectacle.

Accéder au régime de l’intermittence en sortant de l’école vous semble sinon une marche impossible ?
E. :
 Nos premiers travaux participent toujours de la débrouille ! Tout se fait sans argent, dans des théâtres privés dont on doit louer les salles. Donc personne n’est jamais payé pendant les répétitions. Dans de telles conditions, l’intermittence est un seuil infranchissable !

C. : Toutes ces revendications sont difficiles à faire entendre, car nous ne sommes représentés dans aucune instance officielle où ça se discute. Comment avoir notre part, par exemple, de tout cet argent neuf qui tombe au ministère de la Culture et qui doit être distribué par les Drac [Directions régionales des affaires culturelles, bras armé du ministère, ndlr] en faveur de la création ? On ne sait même pas par quel biais s’adresser à elles.

“Notre mouvement doit rester libre de toute influence. Cela fait vingt-deux jours qu’on est là, à la Colline, et l’on n’a été récupéré par personne”, Coline

Quand vous réclamez une seconde année blanche, ce n’est pas votre intérêt à vous qui ne faites pas partie du régime de l’intermittence… Car tout l’argent qui y serait consacré n’ira pas à l’emploi artistique.
E. :
 Même si l’année blanche ne me concerne pas en effet, je reste une citoyenne solidaire des autres. On réclame notre place mais pas aux dépens de ceux qui sont dans la galère. Notre mobilisation est partie de nos propres conditions de vie mais s’est aujourd’hui élargie à tous ceux qui sont dans la précarité. Car ce que l’on veut faire entendre, c’est la voix de la jeunesse en général. De toute cette génération au milieu de laquelle on va vivre nos vies et avec qui on partage un certain nombre de convictions.

N’avez-vous pas peur de voir votre mouvement récupéré par les politiques ou les syndicats ?
C. 
: On y est vigilant. On prend tous les soutiens. Les syndicats, comme la CGT qui est venue à plusieurs reprises, peuvent nous apporter des billes. Mais notre mouvement doit rester libre de toute influence. Cela fait vingt-deux jours qu’on est là, à la Colline, et l’on n’a été récupéré par personne.

Occuper un théâtre national dirigé par Wajdi Mouawad qui a représenté, il y a vingt-cinq ans, l’énergie de la jeunesse et d’une audace renouvelée, vous fait-il quelque chose ?
E. : 
À notre arrivée, c’était très impressionnant de discuter avec lui. De dialoguer avec un homme aujourd’hui établi qui manie une si belle langue et développe une vision si singulière. Et puis, petit à petit, le temps s’est installé différemment. Ces trois semaines paraissent une éternité où tout a été très lent et très rapide à la fois. Depuis le début, l’équipe du théâtre a toujours été à notre écoute. On peut les appeler quand on veut. Mais cette institution est peu à peu devenue le lieu de vie des « occupants de la Colline ». L’émulation du début s’est calmée, mais on tient le coup !

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April 3, 2021 6:04 PM
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"Rien d'autre que cette félicité" de Nancy Huston

"Rien d'autre que cette félicité" de Nancy Huston | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Fiction radiophonique de Nancy Huston, diffusée sur France Culture le 3 avril 2021

 

Atteinte d’une maladie incurable, une femme écrit une longue lettre à sa fille, et livre ainsi un témoignage intime et puissant sur la féminité.

 

Ecouter la fiction (58 mn)

_"C’est un stage intensif, en quelque sorte. Formation accélérée en Vie de femme."_ Atteinte d’une maladie incurable, une femme, Ariane, écrit une longue lettre à sa fille Elyria. Faisant se croiser des passages de ses cahiers intimes, des souvenirs, des rêves, des pensées et de brefs récits, ce texte explore des thèmes chers à Nancy Huston : les relations entre corps et esprit, et la féminité -notamment les luttes des femmes contre elles-mêmes, face au monde et aux hommes en particulier.


Réalisation : Sophie-Aude Picon
Création musicale : Quentin Sirjacq

 

 Avec : Anne Azoulay


Et les voix de : Nancy Huston, Caroline Binder, Patrick Le Mauff, Charlotte Laemmel, Gaetan Peau, Barbara Heshmati et Damien Paisant
Bruitages : Elodie Fiat
Musique originale : Quentin Sirjacq
Prise de son, montage et mixage : Bernard Lagnel, Julien Calvas
Assistante à la réalisation : Manon Dubus

Nancy Huston a publié de très nombreux ouvrages – romans, récits, pièces de théâtre, essais. Rien d’autre que cette félicité a paru en 2019 aux éditions Léméac et aux éditions Paroles dans la collection Main de femme

 

Illustration Collage avec portrait de femme et fleurs Crédits : Vasilina Popova - Getty

 
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April 3, 2021 12:27 PM
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Il ressentait une « urgence à être enfin lui-même » : comment Olivier Guitel, céréalier, est devenu Raoul Nitrate, l’« agriclownteur »

Il ressentait une « urgence à être enfin lui-même » : comment Olivier Guitel, céréalier, est devenu Raoul Nitrate, l’« agriclownteur » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Anne Vidalie dans Le Monde  -  Publié le 01 avril 2021 

PORTRAIT   Olivier Guitel, un céréalier installé aux confins de l’Eure et des Yvelines, a exploité les terres familiales pendant près de trente ans. Jusqu’à ce qu’il renoue, enfin, avec sa vocation de petit garçon : le cirque.

 

Vidéo sur Raoul Nitrate dans Caract'erres (12 mn)

 

 

 


Il avait prévenu : « Vous verrez mon chapiteau de loin. » En effet. A l’extrémité du ruban d’asphalte qui fend le plateau argileux, aux confins des Yvelines et de l’Eure, la toile de cirque bleu et jaune se dresse entre deux granges, à l’ombre du clocher de Lommoye. Sur ces terres agricoles battues par les vents d’ouest, la Ferme-Théâtre-Chapiteau d’Olivier Guitel, 56 ans, fils et petit-fils de cultivateur, lui-même cultivateur (un peu) et clown (beaucoup), offre une oasis d’humour et de gaieté.

Ici, lorsqu’un méchant virus ne tient pas le public à distance, on vient en famille assister aux spectacles de paillasses et aux joutes d’improvisation, sous la tente circassienne ou sur les gradins rouge et noir du cabaret aménagé dans un vieil atelier. On prend un verre au zinc du bar, on musarde parmi les objets chinés dans les brocantes, on passe une tête dans la loge encombrée de perruques et de costumes.

Œil bleu rieur et joie de vivre à fleur de peau, le volubile maître des lieux pointe du doigt l’une de ses œuvres, une fresque de ferraille verte qui dessine une moissonneuse-batteuse et son conducteur, poursuivis par les banquiers et assaillis par les créanciers. Une allégorie de sa vie d’avant. Celle qu’il n’avait pas choisie et dont un clown l’a affranchi.

 

Enfant, Olivier adore le cirque, les paillettes, la comédie. A Serez, le minuscule village de l’Eure où il grandit, il s’enferme dans le grenier pour imiter Achille Zavatta, l’auguste-acrobate-dompteur-musicien, et rejouer « La Piste aux étoiles », l’émission-culte des années 1960 et 1970. Il fait de la peinture, de la poterie et de la musique, des virées à vélo avec ses cousins et des séjours en Angleterre.

Ses deux jeunes sœurs et lui sont élevés « comme des citadins, loin du danger des machines ». A table, ils entendent leurs parents discuter d’argent et de terres. La famille maternelle, enracinée à Serez depuis 1640, possède une ferme que le papa d’Olivier cultive. Côté paternel, l’exploitation familiale se trouve à Lommoye, 15 kilomètres plus loin. A force de racheter des hectares ici et là, les Guitel ont un souci : la superficie de leurs biens dépasse le seuil autorisé. Vivement que le fiston soit en âge de s’installer sur ces champs qu’ils n’ont pas le droit de travailler !

Au pied du mur

Olivier a 13 ans, et la fête est déjà finie. « Ils m’ont dit que, désormais, je devrais participer aux travaux agricoles, se souvient-il. Et tant pis si j’étais maladroit, tête en l’air, et si j’avais peur des engins. » Son destin est tracé, son avenir écrit.

Il entrevoit encore une lueur d’espoir : et si le bébé qu’attend sa mère était un garçon, un futur fermier ? Pas de chance, c’est une fille. L’ado se résigne. Elève moyen, il est orienté vers des études d’agriculture après le collège. Il traîne un peu des pieds, mais au moins échappera-t-il ainsi aux harceleurs qui lui pourrissent la vie en le traitant de « tantouze » et de « pédé » sous prétexte qu’il parle moins haut et fort qu’eux.

Au lycée Edouard-de-Chambray, un château du XVIIe siècle au milieu des prés, l’interne parvient, parfois, à oublier « l’épée de Damoclès au-dessus de [sa] tête ». Il se passionne pour les cours d’éducation socioculturelle brassant expression corporelle et arts plastiques, cinéma et théâtre. « On a même monté une petite troupe, raconte-t-il. C’était le pied absolu ! A tel point que je ne rentrais plus le week-end. » Bac en poche, il enchaîne sur un BTS agroalimentaire et commercial dans un lycée d’Alsace, loin des champs de blé et d’orge paternels. « Quand mon père est venu m’aider à trouver une chambre, au sud de Colmar, il était consterné de voir des vignes partout, et pas le moindre carré de céréales. »

Son stage de fin d’études le conduit dans une maison de champagne, son service militaire à Verdun. Sa façon à lui de continuer à « freiner des quatre fers ». Mais ensuite, impossible de repousser davantage l’échéance tant redoutée, il doit rentrer sur ses terres de l’Eure.

Dans l’étude de notaire où Olivier signe le bail de fermage qui scelle son sort, il est en larmes. A 21 ans, le voilà « enterré vivant ». Il vit chez papa-maman, cultive les champs voisins, parle cultures et outils au déjeuner comme au dîner. Un an plus tard, en 1987, sa famille le place de nouveau au pied du mur. Cette fois, on compte sur lui pour reprendre les 145 hectares des grands-parents paternels. Il n’en a « aucune envie », mais, en bon garçon, il s’exécute encore.

Son manque d’entrain désole son géniteur. Une forte personnalité, ce Christian Guitel. Aquarelliste et sculpteur à ses heures, inventeur génial de la bineuse pour jardin et de la machine à épandre les granulés antilimaces, il collectionne les responsabilités − maire, président du Lions Club local, du syndicat de l’eau et de l’association des chasseurs. « Il attendait beaucoup d’Olivier, qui lui vouait une grande admiration et tentait de lui donner satisfaction », souligne Sylvie, l’ex-épouse du clown.

Rébellion salutaire

Chez les Guitel, le fils et le père se partagent les machines et les services d’un ouvrier. Le premier croule sous les emprunts dont le second est caution. L’un ne sait pas faire grand-chose, l’autre lui apprend le métier.

Peu à peu, leurs relations se détériorent. Sylvie voit son doux mari se fâcher tout rouge. « Ils en sont venus aux mains », glisse-t-elle. Cette rébellion sera salutaire. A partir de 1989, chacun travaille de son côté, et à sa manière. Olivier fait appel au Cercle d’échanges de l’Eure, une association mettant en relation demandeurs et offreurs de tâches agricoles. « Un truc de rigolos pas fichus de faire le boulot eux-mêmes », se gaussent certains. Christian Guitel lui-même n’est pas loin de le penser.

 

Peu importe. Son fils trouve, enfin, le temps de renouer avec la peinture, la sculpture, la scène. Il prend des cours de comédie auprès de la compagnie du Mantois, à Mantes-la-Jolie, puis au Centre des arts vivants, à Paris. L’élève est doué. Très vite sollicité pour dispenser des formations dans des associations, il monte aussi un atelier-théâtre pour les enfants de Lommoye et répète avec une troupe d’amateurs, qui se produit une dizaine de fois l’an. De novembre à mars, quand la terre ne requiert pas tous ses soins, il consacre cinq soirées par semaine à sa passion, puis la met entre parenthèses au moment des semis et des récoltes. Chaque année, il regrette que les festivals coïncident avec le temps des moissons. « J’essayais, avec le soutien de ma femme, de trouver un équilibre entre le théâtre et l’agriculture », résume-t-il.

En février 2004, à l’approche de ses 40 ans, il suit son premier stage de clown. Une « déflagration », à l’en croire. Pour la première fois de son existence, il se sent à sa place. « Derrière son gros nez rouge, ce personnage est dans l’instant, sans nostalgie du passé ni projection dans l’avenir, s’enthousiasme-t-il. Il est à l’écoute du monde, des bruits, des odeurs, des regards, mais aussi de ses propres émotions. » Libre de hurler, de se rouler au sol, de dire ce qui lui passe par la tête. Sa vie en est bouleversée. « J’ai pris conscience de mes mensonges, de mes esquives, de mes évitements. J’ai compris que je m’inscrivais depuis toujours dans les désirs des autres, pas dans les miens, que j’avais soigneusement verrouillés. » Sylvie confirme : elle a vu son mari « se transformer, devenir lui-même, heureux ».

 

 

« Olivier est un être rayonnant, généreux et humble, qui donne du sens à son art dans une démarche profondément humaine » –
Jean-Pierre Hané, directeur artistique des salles de Vernon et de Saint-Marcel (Eure)

 

Il choisit d’assumer son homosexualité. Lui et son épouse, sa « meilleure amie », sa « complice », organisent en bonne intelligence leur séparation et la garde alternée de leur fils, Dorian, âgé de 8 ans à l’époque. Puis il rencontre Jean-Paul, un ex-militaire et père de deux filles, qui gère aujourd’hui le gîte aménagé à côté de leur logement, dans un corps de ferme.

 

Son « urgence à être enfin [lui]-même » ne s’arrête pas là. Il veut être clown à 100 %. Son père ne lui disait-il pas qu’il fallait « faire bien ce qu’on avait envie de faire » ? Ce père qui lui a confié, un jour, qu’il aurait aimé travailler dans la publicité et que, si c’était à refaire, il aurait choisi un compagnon plutôt qu’une compagne.

 

Mais on ne prend pas si facilement la clé des champs. En 2005, cinq ans après le décès de Christian Guitel, sa veuve transmet à Olivier les rênes de l’exploitation. A la tête de 204 hectares, il se débrouille comme il peut pour mener de front cultures et répétitions. Dur d’être cumulard : quand il laboure, il pense à ses spectacles ; quand il joue, il s’inquiète pour ses plantations.

Chrysalide et papillon

Deux ans plus tard, avec une voisine, il fonde la compagnie de clowns Etincelle Bouillasse et crée son double au bonnet de polaire grise, Raoul Nitrate, l’« agriclownteur ». Un type appliqué et maladroit, pas bien malin et un chouia despotique. Son credo : « Semer le désordre pour récolter les rires. » Son premier spectacle, Faut k’ça pousse, joué plus de 500 fois, évoque ce qu’il connaît le mieux : l’attachement (volontaire ou non) à la terre, le déchaînement des éléments naturels, les assauts des banquiers et les diktats de Bruxelles.

En 2012 sonne l’heure des choix. Son salarié agricole se fait vieux, ses machines aussi. Ses oncles et tantes paternels le pressent d’acheter les champs qu’il leur loue depuis vingt-cinq ans. Olivier refuse d’investir et d’embaucher. Les terres qui lui restent, il les confie à un jeune technico-commercial de la coopérative voisine, moyennant salaire. Ne lui restent plus que les achats, la vente des récoltes de blé, d’orge, de colza et de maïs, ainsi que la paperasserie. « C’est 10 % de mon activité sur l’année », évalue-t-il.

Le reste du temps, il fait le clown, répète ses spectacles et les présente dans des théâtres, des centres de loisirs ou des écoles. Il lui arrive aussi de jouer les médiateurs dans les foyers de jeunes travailleurs ou les centres sociaux, sur des sujets sérieux tels que les addictions ou les violences conjugales. Il traîne également ses bretelles roses et son nez rouge dans les foyers d’accueil médicalisés, auprès d’enfants atteints de troubles du comportement ou d’handicapés mentaux, pour « leur apprendre à interagir avec leurs pairs, les encadrants et leur environnement ».

 

 

La plus belle réussite de Raoul Nitrate, ce ne sont pas les éclats de rire provoqués par ses mimiques, mais la métamorphose d’un homme mutique, replié sur lui-même, terrorisé par la vie, qu’il a vu, tout doucement, se redresser, sourire, s’ouvrir aux autres.

« Olivier est un être rayonnant, généreux et humble, qui donne du sens à son art dans une démarche profondément humaine », salue Jean-Pierre Hanédirecteur artistique des salles de Vernon et de Saint-Marcel, dans l’Eure.

 

Et puis, il y a la Ferme-Théâtre-Chapiteau de Lommoye où, avec ses cinq complices d’Etincelle Bouillasse, Olivier propose deux spectacles par mois et des scènes ouvertes, à l’automne et au printemps. En 2012, il a obtenu des subsides du Fonds social européen pour transformer en cabaret le vieil atelier au sol de terre battue. Quatre ans plus tard, il a planté le chapiteau, racheté à un petit cirque ambulant. Le prix des places oscille entre 2 euros et 15 euros. Bon an, mal an, il touche 1 500 euros par mois – surtout grâce au clown. « A peu de chose près, c’est ce que j’ai toujours gagné », calcule-t-il.

 

L’argent ne le soucie guère. Ce qui le préoccupe davantage, c’est le bonnet de Raoul, qui part en lambeaux. Il s’y est repris à quatre fois pour lui en tricoter un nouveau en jolie laine polaire grise, mais en vain : le dernier est aussi moche que les trois précédents. Ce sera peut-être le thème d’un futur sketch…

 
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April 3, 2021 9:14 AM
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Dans les théâtres occupés, «une bataille entre ceux qui travaillent et les autres» –

Dans les théâtres occupés, «une bataille entre ceux qui travaillent et les autres» – | Revue de presse théâtre | Scoop.it

par Annabelle Martella et photos Camille McOuat dans Libération
publié le 3 avril 2021 à 8h27

 

Invités à quitter les lieux, les occupants du Nouveau théâtre de Montreuil ont manifesté vendredi, avec des soutiens venus d’autres établissements artistiques, leur intention de poursuivre le mouvement en protestation notamment contre la réforme de l’assurance chômage.

 

A peine a-t-on mis le pied sur le parvis du Nouveau théâtre de Montreuil (NTM) qu’on entend au loin la voix d’un représentant du Snam-CGT. «Ces lieux-là nous appartiennent», crie-t-il à la petite foule, rassemblée ce vendredi soir pour soutenir l’occupation de ce théâtre investi nuit et jour depuis plus de deux semaines par une majorité d’étudiants, apprentis comédiens et artistes émergents. Prononcée sur un ton de défi, cette affirmation entend susciter l’adhésion des badauds et sympathisants sur place mais elle s’adresse surtout à Mathieu Bauer, présent avec son équipe sur le parvis. Le directeur du CDN a en effet demandé aux occupants de ne plus rester dormir au théâtre et de ne venir l’occuper que quelques jours par semaine.

 

Avec le renforcement du confinement, les activités du théâtre vont encore s’amenuiser ces prochaines semaines. Les répétitions seront maintenues mais les actions culturelles pour les scolaires sont annulées et les salariés mis en télétravail. «Jamais, au grand jamais, la direction n’a dit qu’elle expulsera ses occupants, déclare Mathieu Bauer, visiblement agité par l’événement en cours. Nous les avons reçus avec hospitalité et délicatesse et partageons un certain nombre de leurs revendications, mais nous sommes aujourd’hui rattrapés par la réalité sanitaire.» Il ajoute : «L’occupation demande une grande logistique et c’est un rythme très lourd pour notre maison. La semaine prochaine, nous devrons payer des frais de gardiennage alors que nous ne serons même pas présents au théâtre. Nous demandons simplement aux occupants de nous laisser le temps de souffler pour qu’après, nous aussi nous puissions travailler à une convergence avec eux.»

 

Comme dans de nombreux théâtres occupés, le NTM accueille le mouvement, le soutient ouvertement, sans pour autant s’y associer. Les activités du théâtre n’étant pas mises à l’arrêt, la direction et les artistes associés ne s’engagent pas pleinement dans le mouvement. Les occupants du NTM le comprennent très bien, eux qui défendent la culture. Hors de question pour eux de «déranger» les répétitions ou le travail de création, quitte à être relégués dans la cuisine du théâtre pour que la salle qui leur est dédiée puisse servir à la formation de techniciens. «Mais bon, on ne se sent pas vraiment considérés, avance quand même Laurik, un occupant. Ils nous décalent là où ils peuvent. On comprend qu’on n’est pas la priorité.» Ensemble, ils ont décidé de continuer à occuper le théâtre jour et nuit sans l’aval de la direction. Parce qu’ils ne veulent pas que la mobilisation faiblisse, et puis aussi parce que certains travaillent la journée et que c’est durant la soirée que se déroulent les AG. «La pression s’est accrue sur les théâtres occupés depuis les nouvelles réglementations sanitaires, explique un membre de la coordination des occupations inter-écoles, qui se trouve à l’Odéon. Les occupations étudiantes sont les plus fragiles car ils ont peu de représentants syndicaux en leur sein. Par exemple depuis quelques jours, la direction de la Colline a également changé de cap du jour au lendemain et est de moins en moins favorable à ce que les étudiants continuent à occuper.»

 

A 19 heures, une petite dizaine d’occupants (des apprentis comédiens, scénographes mais aussi un barman ou un étudiant en sciences sociales) arrivent dans le calme à l’intérieur du NTM. La direction n’a montré aucune opposition et les a laissés tranquillement rentrer. L’ambiance est étrange. L’équipe les salue en leur souriant et les occupants donnent docilement au gardien la liste des gens qui resteront dormir là. Tout le monde semble marcher sur des œufs. On repense à ce qu’a dit une musicienne engagée dans le mouvement au directeur du CDN sur le parvis : «On défend tous la culture mais là on voit bien c’est une bataille entre ceux qui travaillent, ceux qui sont déjà installés dans les institutions culturelles et les autres, les précaires, ceux qui aimeraient travailler.» Puis elle nous glisse : «Après il a des responsabilités en tant que directeur, je comprends mais bon il y a un moment, chacun sa merde. On va pas demander l’autorisation d’occuper un lieu, c’est absurde. Désolé pour lui mais c’est pas ça la révolte.»

 

photo Montreuil, Le 2 Avril 2021. Occupation du Nouveau Théâtre de Montreuil. (Camille McOuat)

 

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April 2, 2021 6:30 PM
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Bigre, mélo burlesque en streaming - Replay France 5 | France tv

Bigre, mélo burlesque en streaming - Replay France 5 | France tv | Revue de presse théâtre | Scoop.it
avec : Pierre Guillois, Agathe L'Huillier, Olivier Martin-Salvan

 

Voir Bigre en replay (90 mn)

 


Deux hommes et une femme cohabitent sous les toits, mais isolés, chacun dans son monde, dans trois chambres de bonne, avec toilettes communes et sons afférents. Il y a le geek, le bordélique et l'apprentie en médecines plus ou moins douces. Ils font l'épreuve d'une promiscuité ponctuée de dingueries. Ils connaissent la gêne et les rapprochements, les jalousies de voisinage qui confinent aux conflits internationaux. Les mauvais coups et les coups de foudre, les joies des nuisances en tout genre. Pas une parole dans cet immeuble où tout part en vrille et s'envole, poubelles et sous-vêtements.

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April 1, 2021 5:54 PM
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La passion selon Milo – à propos de The New Gospel de Milo Rau

La passion selon Milo – à propos de The New Gospel de Milo Rau | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Par Marie Sorbier

CRITIQUE
Le metteur en scène et réalisateur suisse marche dans les pas de Pier Paolo Pasolini et de Mel Gibson en choisissant comme terre d’accueil de son Nouvel Évangile la ville italienne de Matera. Chaque image, chaque parti pris, chaque personnage choisi par Milo Rau est selon ses mots « une révolte de la dignité » ; en résulte un film documentaire sidérant, esthétiquement et politiquement, à voir pendant la semaine sainte sur le site du théâtre de Gand avant sa diffusion au festival d’Avignon en juillet prochain.

 

Film hybride, The New Gospel est bien plus qu’une revisite contemporaine de l’histoire du Christ. Super star des plateaux de cinéma, Jésus de Nazareth inspire les réalisateurs qui ne cessent de s’emparer de cette histoire d’amour et de violence pour tantôt la sublimer, tantôt la tirailler ou la railler, mais toujours, avec le secret espoir d’en percer quelque mystère. Milo Rau, aguiche le spectateur contemporain avec une accroche postmoderne en diable : que prêcherait Jésus en 2021 ? et puis à quoi ressemblerait-il ? Une fois ferrés dans cette fable d’anticipation, le réalisateur déploie tout son génie dramaturgique pour déplacer notre regard et nous forcer à porter attention à ceux que l’on oublie ou dénigre et à la fêlure sombre qui nous abîme tous.

Activiste camerounais, Yvan Sagnet n’est pas un acteur mais il incarne la figure du Christ, investi d’une mission qui, si elle perd sa transcendance théologique, se leste d’une urgence immanente. Ce Jésus noir, tel l’agneau pascal, se charge des péchés des hommes et tente par ses harangues de rue de réveiller les consciences de ses contemporains. Hic et nunc, ce sont les réfugiés et les migrants qui ont faim, délaissés par l’Europe, mis au rebut et exploités tels des esclaves, petits parmi les petits, comme si les béatitudes de l’évangéliste Mathieu étaient mis en image, « bienheureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux est à eux ».

Ce Jésus militant arpente la ville de Matera, dont les ruelles et les collines d’oliviers ressemblent étrangement à Jérusalem, rencontre des femmes et des hommes abandonnés de tous, participe aux manifestations syndicales et aux grèves, sympathise avec la population locale tel un homme politique en campagne serrant des mains, empathique et concerné. Milo Rau apparait souvent à ses côtés comme le grand ordonnateur, cellule grise du projet qui se noue, il met en scène sous nos yeux la préparation de cette passion. C’est une mise en abime qui renverse le sens communément admis ; le théâtre dans le théâtre, les coulisses à vue ont souvent pour objectifs de rappeler que nous sommes devant une fiction, que l’œuvre que nous découvrons a été pensée et construite par des artistes et donc forcément partiale et orientée.

 

Le processus de création dévoilé ici n’est pas un enjeu théorique mais bien une part essentielle de l’œuvre elle-même. L’émotion intense et inédite que l’on ressent dans les vingts dernières minutes du film – qui s’ancrent uniquement dans un récit avec décor et costumes, dans ce chemin de croix et ces rencontres et ces chutes et sa funeste conclusion –, vient de la préparation minutieuse du réalisateur qui a pour habitude dans ces projets de travailler avec la population locale et de proposer à qui veut d’incarner un personnage. Cette aliénation transitoire de l’identité permet de se mettre pour quelques instants dans le corps de l’autre, du barbare, de l’esclave, du méchant.

 

 

Milo Rau filme les visages de ces hommes et de ces femmes avec en tête l’impératif levinassien, le visage est dénudé, offert, exposé, sans défense.

 

 

Dans une scène d’une violence inouïe, un jeune homme italien catholique se présente pour jouer un soldat de Ponce Pilate chargé de torturer ce juif fauteur de trouble. Dans ce qui s’apparente à une audition, la camera scrute cette homme se transformer progressivement en bourreau lors d’une scène d’improvisation, fouet à la main, transpirant, éructant, des insultes racistes plein la bouche. Tout en lui devient monstrueux, effrayant, démesuré, et le Stabat Mater qui retentit alors achève la constatation implacable de la violence tapie en chacun d’entre nous. Les apôtres sont tous des réfugiés, paysans, militants ou travailleurs du sexe de Matera qui, une fois la toge enfilée deviennent les protagonistes lumineux des derniers moments du Christ mais restent, dans nos yeux de spectateurs, ces ramasseurs de tomates exploités sans vergogne et ses rebelles qui se battent avec des armes dérisoires. Leurs conditions de vie dans la réalité ainsi dévoilées, teintent la fiction, la charge d’un poids qui démultiplie son pouvoir et la portée du récit.

 

Ce n’est pas la dimension théologique de Jésus que Milo Rau a souhaité transmettre mais bien l’acuité renouvelée du message, la nécessité impérieuse de retrouver une grandeur d’âme et une simplicité d’amour fraternel. Sans tomber jamais dans une complaisance, il filme les visages de ces hommes et de ces femmes avec en tête l’impératif levinassien, le visage est dénudé, offert, exposé, sans défense.

 

Les épisodes du nouveau testament, le baptême du Christ par Jean Baptiste dans les eaux du Jourdain, l’appel des apôtres, la dernier repas, les femmes au Golgotha, la pendaison de Judas, la trahison de Pierre… sont filmés comme des apartés dans le documentaire, des ilots de fiction qui constituent paradoxalement le but de toute cette entreprise. L’entrechoc permanent du documentaire politique contemporain engagé, cru et sans filtre et des tableaux sacrés, esthétiquement redoutables, dessinés comme des fresques italiennes, brûlés par le soleil qu’accompagnent les cigales, donne à ce film une épaisseur qui sidère, comme si pour la première fois, ces histoires transmises depuis des générations advenaient à nouveau sous nos yeux.

Et puis il y a Marie, mater dolorosa, qui suit son fils écrasé sous le poids de sa croix, piéta en souffrance, et une image, qui s’incruste très profondément dans notre cerveau, peut être la quintessence de cette œuvre, une larme charnue, pleine d’une vie de sacrifices, qui reste plusieurs secondes à l’orée de la paupière de la mère de Jesus. Terriblement esthétique, la beauté de l’instant suspendu agit ici comme une sublimation, comme une possibilité de rédemption. Le film s’arrête au moment de la mise en croix, pas de résurrection en vue, cette larme qui peine à s’éventrer reste l’épochè qui rend envisageable le monde d’après.

Cette maestria à filmer la chaîne et la trame sans déflorer l’émotion de l’œuvre achevée fait de Milo Rau l’un des créateurs les plus intrigants de la scène contemporaine, et pour preuve supplémentaire, The new gospel vient d’être élu en Suisse « meilleur documentaire de l’année ».

 

Le Nouvel Évangile (The New Gospel) conçu, écrit et réalisé par Milo Rau

Diffusion du 1er au 4 avril chaque soir à 20h sur le site du théâtre NTGent et bientôt en VOD.

 

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March 30, 2021 6:50 PM
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Théâtre. Le Festival d’Avignon aura bien lieu

Théâtre. Le Festival d’Avignon aura bien lieu | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Marie-José Sirach dans L'Humanité Lundi 29 Mars 2021


Son directeur, Olivier Py, a annoncé, mercredi dernier, la 75e édition du Festival d’Avignon, qui se tiendra du 5 au 25 juillet. L’affiche, « portée par l’énergie de l’espoir », est des plus enthousiasmantes : 46 spectacles, dont 39 créations, vont se déployer autour de la thématique « Se souvenir de l’avenir ».

 

C’est dans une FabricA occupée par les intermittents de l’emploi – qui ont pris le soin d’évoquer leurs revendications, principalement l’annulation de la réforme de l’assurance- chômage – qu’Olivier Py a présenté la programmation de la prochaine édition du Festival d’Avignon au cours d’une conférence de presse en visioconférence.

 

S’il est difficile de se projeter au mois de juillet, nul ne pouvant prédire l’évolution de la situation sanitaire, une chose est sûre : aussi bien les artistes et équipes du Festival que les partenaires publics sont prêts pour que cette 75e édition ait bien lieu. Dans les conditions sanitaires de rigueur, qui ne cessent pourtant d’évoluer. Plusieurs scénarios sont sur la table, un festival « normal » et un festival « à jauge réduite ». La direction n’envisage pas une suppression pure et simple, essentiellement pour deux raisons : d’une part, nul ne peut savoir comment la situation aura évolué d’ici à juillet. D’autre part, après le traumatisme de l’annulation, l’an dernier, les choses sont sensiblement différentes. En mars 2020, tout s’était arrêté d’un seul coup : les déplacements, les écoles, les salles de spectacle, les musées, mais aussi les répétitions, les tournages. Cette année, les répétitions ont pu se poursuivre dans des théâtres déserts… et désespérément fermés.

Ministère, région, département, ville en soutien

Les spectacles seront donc prêts, les artistes sont au travail. Les perspectives de maintenir le Festival ne relèvent ni du caprice, ni d’une quelconque désinvolture. Olivier Py reste « raisonnablement optimiste ». Quant aux tutelles – ministère, région, département, ville –, elles ont toutes réaffirmé leur désir qu’Avignon redevienne l’épicentre mondial du théâtre. Peut-être plus pour des raisons économiques que strictement artistiques, mais ça, on s’en doutait un peu. Enfin, si le Covid provoque quelques incertitudes, la mobilisation actuelle des intermittents pourrait aussi enrayer la belle machine, si le gouvernement continue de faire la sourde oreille à leurs revendications. La balle, pour le coup, est dans son camp. Traiter par le silence et le mépris les revendications et propositions d’un secteur en grande souffrance et détresse ne fait pas projet politique. Au contraire.

Pour le off, des questions demeurent

L’affiche de la 75e édition « portée par l’énergie de l’espoir » est des plus enthousiasmantes : 46 spectacles, dont 39 créations, vont se déployer autour de la thématique « Se souvenir de l’avenir ». Isabelle Huppert foulera à nouveau les planches d’une Cour d’honneur toute neuve dans une Cerisaie de Tchekhov mise en scène par Tiago Rodrigues. On croisera Nicole Garcia dans une pièce, Royan, de Marie Ndiaye, mise en scène par Frédéric Bélier-Garcia. Olivier Py présentera le feuilleton Hamlet dans le jardin Ceccano. Beaucoup de metteuses en scène et autrices, Christiane Jatahy, le retour d’Angélica Liddell, ­Anne-Cécile Vandalem, Bérangère Vantusso, Lola Lafon, Chloé Dabert, Emma Dante, Eva Doumbia… presque autant que les messieurs ; du théâtre, de la danse, des spectacles « indisciplinés » qui n’entrent dans aucune case, des spectacles venus d’ailleurs… Il ne reste plus qu’à espérer que la pandémie recule (les vaccins, peut-être ?) et que le gouvernement renonce à cette fichue réforme de l’asssurance-chômage qui risque de laisser sur la paille beaucoup de ceux qui font les spectacles d’aujourd’hui et de demain… Enfin, demeure la question du off, dont on sait qu’il brasse beaucoup de monde dans les rues avignonnaises. Pour l’heure, rien ne semble décidé, même si le off a déjà annoncé ses dates (du 7 au 31 juillet).

 
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March 29, 2021 6:06 PM
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« On travaille sur du concret » : des étudiants en métiers d’art réalisent les costumes de « Marie Tudor » pour le théâtre de Vienne

« On travaille sur du concret » : des étudiants en métiers d’art réalisent les costumes de « Marie Tudor » pour le théâtre de Vienne | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Maëlane Loaëc dans Le Monde 29 mars 2021

 

Le Théâtre François-Ponsard a confié à une douzaine d’élèves la confection des tenues d’inspiration Renaissance pour la pièce de Victor Hugo qui sera présentée en mai.

 

« Avoir 20 ans et confectionner une robe du XVIIe siècle, c’est hyperréjouissant », s’exclame Angèle Glise. La jeune femme est l’une des onze étudiants sollicités par le Théâtre François-Ponsard de Vienne (Isère) pour la confection de costumes inspirés de l’époque de la Renaissance anglaise pour sa future création, une mise en scène de la pièce Marie Tudor, de Victor Hugo, publiée en 1833. Cette petite promotion est en deuxième année de préparation du diplôme national des métiers d’art et du design au lycée La Martinière-Diderot de Lyon, établissement ouvert depuis 2006.

 

Angèle Glise s’attelle à la réalisation de la robe de la reine, d’un rouge sanguin, à laquelle elle a ajouté « une décoration anguleuse, en pointes » pour traduire le caractère torturé de la souveraine. « On travaille sur du concret, sur un costume qui ne finira pas dans les stocks de l’école, mais sera porté devant un public », se réjouit-elle.

 

Le projet est né de la volonté de transmettre un savoir-faire, porté par le directeur du théâtre, Michel Belletante, qui met en scène la création, et la costumière Nathalie Matriciani. Tous deux sont enseignants à l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon. Ils ont travaillé avec Arthur Haie, professeur d’atelier au lycée La Martinière-Diderot, ancien élève de l’établissement lyonnais.

« Marge de créativité importante »

Lancé le 10 mars, le programme devrait s’achever par un transfert de costumes des ateliers de l’école au théâtre dans quinze jours. Depuis lundi 22 mars, des sessions ont été consacrées aux essayages avec les comédiens, un temps fort propice aux échanges. « On a pu appréhender leur démarche de travail : comment ils entrent dans le personnage grâce au costume, raconte Angèle Glise. Contrairement à la mode et à ses tailles mannequin normées, on fait du sur-mesure en habillant des interprètes qui ont leurs propres formes et leur personnalité, tout en mettant notre savoir-faire au service de la vision artistique du metteur en scène. »

 

« L’essayage en chair et en os est une expérience unique : avec les retours des comédiens, on peut réajuster rapidement les coupes », abonde Michel Belletante. Au-delà des enrichissements techniques, ce travail collectif est fondamental, souligne Nathalie Matriciani, qui accompagne les étudiants dans leur travail de préparation en leur offrant l’expérience de ses trente-sept ans de métier. « Ils disposent d’une marge de créativité importante, à partir des patrons que je prépare, explique-t-elle. Le programme se déroule très bien, les élèves sont investis et curieux, et les équipes ravies. »

Un apprentissage précieux pour les jeunes couturiers après une année d’enseignement en dents de scie à cause de la crise sanitaire, et même l’arrêt complet des cours lors du premier confinement. « Il est impossible d’apprendre à coudre à distance, alors on a perdu beaucoup de temps et de savoir-faire », se désole Angèle Glise. Depuis le deuxième confinement, la promotion peut tout de même suivre à l’école des cours pratiques et, actuellement, ces ateliers de confection, trois jours par semaine. « C’est une occasion d’acquérir de l’expérience mais aussi de se faire connaître, en vue d’éventuelles futures collaborations », note la jeune étudiante.

Horizon incertain

Si la jeune femme assure que sa petite promotion est « privilégiée », suivie de près par l’équipe pédagogique de l’école, elle « commence tout de même à être à bout ». C’est que leur horizon incertain angoisse les jeunes artisans. « Ceux qui vont quitter l’école cette année n’ont aucune perspective de travail », déplore Michel Belletante. La promotion de deuxième année reste aussi dans l’incertitude. « On espère que la crise sera passée, mais on ne sait pas pour autant dans quel état sera la culture à notre arrivée sur le marché du travail », s’inquiète Angèle Glise. D’où l’intérêt de « réseauter » pour préparer cette bascule. « Ce rôle de passerelle, de courte-échelle, nous tient à cœur », confirme le directeur du théâtre. Le projet s’inscrit d’ailleurs dans le sillage d’un chantier d’insertion, Les Ateliers Marianne, qu’il a cocréé il y a quelques années à une centaine de kilomètres de là, au Pont-de-Claix (Isère).

 

Au-delà d’offrir un horizon professionnel aux étudiants, le projet apporte un regain d’optimisme à l’équipe du théâtre, en apnée depuis un an

 

D’autant que le métier de costumier est déjà difficile d’accès, en temps normal. « Il y a beaucoup de concurrence, et malheureusement de moins en moins de budget alloué à la création », regrette Nathalie Matriciani. Selon la costumière, il faut apprendre à convaincre les metteurs en scène de fabriquer des costumes d’époque, eux qui ont longtemps privilégié des tenues contemporaines, et défendre un temps de confection long.

Au-delà d’offrir un horizon professionnel aux étudiants, le projet apporte également un regain d’optimisme à l’équipe, tandis que la salle de théâtre à l’italienne est en apnée depuis un an, rouverte pour un mois et demi seulement en septembre 2020. « Certains techniciens n’ont quasiment pas travaillé depuis le premier confinement, mais, désormais, l’espoir porte tout le groupe, insiste Michel Belletante. Je ne les ai jamais sentis aussi présents derrière moi que maintenant. Il faut bien que l’on se relève de cette année gâchée. » Les spectateurs, de leur côté, envoient des messages de soutien à l’équipe et se languissent de revenir. « C’est une véritable bulle d’air pour tous, même si l’on ne sait pas encore comment se dérouleront les représentations », ajoute Nathalie Matriciani.

 

Prévues du 4 au 7 mai, ces représentations devraient être données devant un public professionnel de programmateurs ou des scolaires, ou encore télédiffusées, espère le directeur. D’ici là, les étudiants sont invités à venir suivre les répétitions au théâtre pour découvrir leurs réalisations « en mouvement », portées par les comédiens.

 

Maëlane Loaëc

Légende photo : Une étudiante en deuxième année de préparation du diplôme national des métiers d’art et du design au lycée La Martinière-Diderot de Lyon, en mars 2021MARIE HALOPEAU
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March 29, 2021 8:42 AM
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Seul face à l’art, entre les ruines de la culture, par Thibaut Croisy 

Seul face à l’art, entre les ruines de la culture, par Thibaut Croisy  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Il y a plusieurs années, alors que je commençais à faire de la mise en scène et qu’un théâtre m’avait sollicité pour donner un workshop, j’avais imaginé un projet intitulé Réduire l’offre. Ironique, le titre était moins un mot d’ordre qu’une tentative éperdue pour enrayer une offre culturelle qui m’apparaissait comme exponentielle et porter un coup d’arrêt à cette inflation d’ateliers, de stages, dont l’objectif me semblait être de « faire faire quelque chose aux gens », c’est-à-dire de les occuper, les sensibiliser, les divertir au sens étymologique du terme (les détourner de l’ennui).

 

Alors, j’avais pris le contrepied de cette tendance et proposé à un petit groupe de se réunir pour ne rien faire, dormir, rêver, ce qui ne manquait pas de questionner chacun sur le dispositif culturel dans lequel il était pris et qui le transformait inexorablement en « amateur » ou en « bénéficiaire ». À cette époque, il me semblait aussi qu’on commençait à tracer une ligne de démarcation très problématique entre la création artistique, jugée élitiste et peu rentable, et des actions culturelles soi-disant « populaires », « démocratiques », et grâce auxquelles le public serait enfin « actif » [1]

 

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Plus tard, à l’invitation du Centre d’art contemporain de Brétigny, j’ai tenté d’aller un peu plus loin. Je venais de lire Asphyxiante culture (1968) de Jean Dubuffet. Je ne sais pas si ce livre a changé ma vie mais il a profondément modifié le regard que je portais sur la culture, mon milieu professionnel. À la fin de son essai, Dubuffet imaginait des « gymnases nihilistes », « instituts de déculturation » où serait proposé « un enseignement de déconditionnement et de démystification » [2culturelle. De divagations en rêveries, j’ai voulu le prendre au mot et voir s’il était possible de réaliser son souhait.

 

Ainsi, j’ai proposé à des metteurs en scène de soumettre un de leurs projets en cours, non à des directeurs de théâtre susceptibles de les produire et les diffuser, mais à une assemblée de spectateurs éclairés (le « gymnase nihiliste ») qui serait chargée de les expertiser et d’en annuler un. Toute une logique culturelle était ici inversée puisque l’expertise n’était plus élaborée par des professionnels mais des spectateurs et qu’elle ne visait plus à faire exister un projet mais à le suspendre. Autrement dit, en soustrayant un spectacle aux regards et en le laissant à l’état de projet, de rêve, j’essayais de réduire réellement l’offre et de voir si une œuvre pouvait exister dans son absence même. Cette utopie, à mi-chemin entre le canular conceptuel et la performance dada, s’est heurtée à de nombreux paradoxes [3]

 

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Aujourd’hui, alors que nous sommes privés de spectacles, ces projets raisonnent étrangement. Et avec eux, raisonnent les mots de ceux que je lisais alors et qui ont instruit une violente critique du théâtre : Jean Dubuffet donc, mais aussi Guy Debord ou Heiner Müller. Lors d’une conférence intitulée « Pourquoi le théâtre ? », ce dernier disait d’ailleurs que « la seule possibilité de trouver une réponse [à cette question] serait de fermer tous les théâtres au monde pendant toute une année ». « On pourrait continuer à payer les gens », disait-il, « mais pendant une année, il n’y aurait pas de théâtre. Ensuite, on saura peut-être pourquoi le théâtre. On verra ce qui aura manqué, si ça a manqué. Il peut arriver au terme de cette année que les gens se soient habitués et que ça marche aussi sans théâtre » [4]

 

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Heiner Müller ne croyait pas si bien dire. Car ce que le Covid nous a fait, ou plutôt ce que les mesures restrictives ont entrainé, c’est bien une interruption brutale de nos habitudes culturelles. Les premiers concernés, ce sont évidemment ceux qui en avaient (ceux qui étaient habitués à aller au théâtre, au cinéma, au concert, au musée) et ceux dont le métier consiste à produire ces habitudes, à les inculquer aux autres : les « professionnels » ou, pour parler comme Dubuffet, les « officiers de culture » épris de « compétitions sélectives » et de « proclamation de champions » [5]

 

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Perdre ses habitudes, quelles qu’elles soient, est toujours vécu comme une épreuve car cela contraint à s’adapter, donc à fournir des efforts. Pour autant, si nous avons dû abandonner momentanément une partie de nos habitudes, il est faux d’affirmer que nous n’avons plus accès à la culture. Il reste encore possible d’entrer dans une bibliothèque, une librairie, une petite ou une grande enseigne. Nous pouvons lire, écouter de la musique, voir des films, même si cela n’est en rien comparable avec l’expérience du concert ou de la projection. Ce qui nous est refusé en revanche, ce sont les pratiques culturelles sociales, et notamment les spectacles qui tiennent lieu de rituels (théâtre, danse, musique).

Assurément, c’est une drôle de situation. Mal vécue par certains parce qu’elle les prive, au-delà de l’expérience esthétique, d’une sociabilité qui était source de plaisir. Organiser sa soirée, patienter dans la file d’attente (même si c’est un peu long), retrouver des amis, boire un verre à l’entracte, s’ennuyer à la fin du spectacle, commenter, critiquer, raconter ce qu’on a vu et se distinguer socialement parce qu’on a joui d’un bien qui n’était pas réservé à tous : c’est là un jeu mondain qui nous manque. Et qui semble tellement nous manquer qu’il est permis de se demander si ce n’est pas d’abord ce jeu qui fait défaut à certains. Non pas tant les œuvres donc, mais un environnement culturel confortable, une machine bien huilée dans laquelle on aimait passer et repasser parce qu’elle donnait le sentiment d’appartenir à un milieu, à un rang, et d’être enfin quelqu’un. « Feu vert pour la culture ! » [6], a-t-on d’ailleurs entendu ces derniers temps, comme si l’essentiel était juste de reprendre le trafic, les flux, et de rouler à toute allure comme avant, indépendamment de la destination…

 

Ces derniers mois nous auront au moins appris quelque chose : ne plus faire corps avec la grande machine culturelle donne parfois le sentiment d’être nu. Pire : de ne plus rien à avoir à faire. Faute de collectif, de social, on est forcé de revenir à soi et précisément, il n’est pas si facile d’être soi, de n’être que ça, je veux dire, a fortiori pour les drogués de la culture qui avaient l’habitude de vivre au rythme des saisons, des premières, des vernissages et des sempiternels « événements »… Soudain, c’est tout un pan oublié de l’existence qui ressurgit et on a peur. Peur de découvrir qu’il n’y a peut-être pas grand-chose à l’intérieur de nous ou, au contraire, qu’il y en a beaucoup trop et que nous n’avons pas envie de les voir, ces choses, de les affronter, ou en tout cas pas si vite, pas maintenant, pas comme ça, parce que « ça n’était pas prévu ». Mais que faire alors ? Que faire de soi et de sa vie quand on ne peut plus la remplir, la gaver, quand le folklore culturel n’est plus là pour nous détourner de nous-même et faire écran à nos véritables questions ? C’est grave tout d’un coup, parce qu’il faut tout refaire, repenser, apprivoiser un état de culture plus fragile, plus incertain. État qui était jusqu’ici impensable puisqu’il consiste à vivre sans être appareillé, biberonné, managé par ces opérateurs que sont les institutions, les industries et les médias prescripteurs qui nous disaient chaque semaine ce qu’il fallait voir, éviter, haïr ou aimer. Voilà qu’on doit soi-même inventer sa culture, maintenant. Partir à l’aventure, dans ce que l’on ne sait pas. Ce qui est plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens, mais au fond, je crois que tout le monde peut le faire, que c’est un voyage à portée de main. Bien sûr, il est déconcertant d’être seul, exclusivement seul pour la première fois face à une œuvre d’art, une musique, un poème, des mots, et de vivre l’expérience esthétique sans la présence rassurante des autres. Ça fait frémir parce qu’on est seul devant soi. Seul au monde. On prend un autre chemin. Mais sans doute est-ce aussi le nôtre.

 

Thibaud Croisy

 

[Illustration : Heiner Müller par Joseph Gallus Rittenberg]

[1Voir Jacques Rancière, Le spectateur émancipé, Paris, La Fabrique, 2008, p. 7 à 29. Dans cet essai, l’auteur bat en brèche l’idée selon laquelle un spectateur est passif en regardant une pièce. « Regarder est aussi une action », dit-il. Le spectateur « observe », « sélectionne », « compare », « interprète », « lie ce qu’il voit à bien d’autres choses qu’il a vues » et « compose son propre poème avec les éléments du poème en face de lui » (p. 19).

 

[2Jean Dubuffet, Asphyxiante culture, Paris, Éditions de Minuit, 2011, p. 115-116. « On prétend que les rois de naguère toléraient auprès d’eux un personnage qualifié de fou qui riait de toutes les institutions ; on dit aussi que les cortèges triomphaux des grands vainqueurs romains comportaient un personnage dont la fonction était d’injurier le triomphateur. Notre société d’aujourd’hui, qu’on dit si sûre de sa ferme assise sur sa culture et en mesure de récupérer au profit de celle-ci toute espèce de subversion, pourrait donc bien tolérer ces gymnases et ce corps de spécialistes, et même, qui sait ? subvenir à leur entretien. Peut-être qu’elle récupérerait aussi cette totale contestation. Ce n’est pas sûr. C’est à essayer. »

 

[3Réduire l’offre a été donné en février 2012 au Studio-Théâtre de Vitry et Gymnase nihiliste au CAC Brétigny de novembre à décembre 2013.

 

[4Heiner Müller, « Le théâtre est crise », conversation de travail du 16 octobre 1995 avec Ute Scharfenberg, traduit par Jean-Louis Besson et Jean Jourdheuil, Théâtre/Public, n°160-161, 2000, p. 8

 

[5Jean Dubuffet, op.cit., p. 29 et p. 46

 

[6Tel était le mot d’ordre (et le hashtag) de la mobilisation nationale des 20 et 21 mars 2021, à l’initiative du Syndéac (Syndicat des entreprises artistiques et culturelles).

 

 

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March 28, 2021 8:32 AM
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Péril sur le théâtre d'Arles 

Péril sur le théâtre d'Arles  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Tribune publiée sur le blog d'Anne Dauvergne 26 mars 2021

 

Le théâtre d'Arles, scène conventionnée d'intérêt national, est mis en danger par la dégradation annoncée de sa subvention municipale.

 

La nouvelle majorité municipale, emmenée par Patrick de Carolis, entend modifier considérablement l'avenir du théâtre d'Arles.

Mettant à profit le renouvellement de la délégation de service public du théâtre, la Municipalité modifie les missions du futur délégataire, et entérine une baisse majeure de sa subvention annuelle (-30%), amputant ainsi le budget total du théâtre de près de 20%.

 

Pour comprendre les enjeux de cette situation, il est utile de rappeler les circonstances de la dernière rénovation du bâtiment. Les travaux ont été financés à plus de 90% par le Département des Bouches-du-Rhône, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (aujourd’hui Région Sud) et l'Etat. Cette solidarité exceptionnelle a permis à la Ville d'Arles de bénéficier d'un théâtre refait à neuf à moindre coût.

 

Depuis la réouverture du théâtre en 2001, ces trois partenaires historiques que sont le Département, la Région et l'Etat, sont régulièrement intervenus aux côtés de la Ville pour soutenir le théâtre d’Arles et contribuer au financement de son fonctionnement. Sans eux, le théâtre d'Arles n'existerait pas. Avec eux et grâce à eux, aux côtés de la Municipalité, le théâtre d'Arles a progressivement pris sa place dans le paysage culturel, jusqu'à devenir une référence dans le domaine du spectacle vivant, sur le plan local et national. Il bénéficie aujourd'hui du label « scène conventionnée d'intérêt national ».

 

Résolument tourné vers la création, c'est un lieu reconnu et apprécié par de nombreux spectateurs et artistes. Il propose un large choix de spectacles inventifs et stimulants à des tarifs accessibles à tous, ainsi que des actions avec le public. Il accueille régulièrement des groupes d'élèves, de collégiens et de lycéens, et soutient la création artistique de multiples façons, permettant notamment à des artistes de répéter et travailler sur son plateau.

Le théâtre d'Arles rayonne sur tout un territoire. Ses objectifs et les moyens pour y parvenir sont précisés dans des conventions, qui engagent tous les partenaires. En modifiant le cahier des charges du théâtre, en supprimant près d'un cinquième de son budget, la Ville prend le risque de provoquer une baisse sensible des autres financements.

 

Peut-on raisonnablement penser dans ces conditions que l'activité du théâtre pourra être développée ? Ou même seulement maintenue ?

 

Les équipes qui ont travaillé au théâtre d’Arles, les élus et les techniciens de toutes les collectivités, les personnels de l’État, ont œuvré main dans la main, au service de l'intérêt général, pour que ce théâtre advienne. Il a été porté collectivement tout au long de ces vingt ans, avec rigueur et énergie, par un engagement sans faille. Pour le public. Pour les artistes.

Aujourd'hui, ce théâtre est mis en péril par la baisse substantielle de la subvention attribuée par la Ville d'Arles.

 

Nous nous élevons fermement contre cette décision, prise dans la précipitation par la seule majorité municipale, qui met à mal vingt années d’efforts et d’investissements communs. Un immense gâchis en perspective.

 

 

Dominique Chenet, directeur - Anne Dauvergne, administratrice - Pierre Robelin, directeur technique, anciens cadres de direction du Théâtre d’Arles.

 

 

 

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April 6, 2021 6:33 AM
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Paroles Citoyennes #4,  un festival de théâtre en ligne du 6 au 28 avril 2021, proposé par J.-Marc Dumontet le Théâtre Antoine - Théâtre Libre

Paroles Citoyennes #4,  un festival de théâtre en ligne du 6 au 28 avril 2021, proposé par J.-Marc Dumontet le Théâtre Antoine - Théâtre Libre | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Jean-Marc Dumontet présente avec le Théâtre Antoine - Théâtre Libre la quatrième édition du Festival "Paroles Citoyennes"

 

LE FESTIVAL DES RECITS CONTEMPORAINS
Depuis sa création en 2017, le festival Paroles Citoyennes construit des ponts entre la création artistique et les grands enjeux qui traversent notre société.

 

Voir la vidéo de présentation 


Au Théâtre Antoine et au Théâtre Libre, Paroles Citoyennes invite des auteur(e)s, des metteur(e)s en scène, des acteurs et des actrices de tous horizons autour de grands récits contemporains. Du théâtre, avant tout, mais aussi des concerts et des lectures.

Au cours des rencontres du festival, la voix des auteurs contemporains rencontre celle de grands témoins de la société civile : des chercheurs, des journalistes, des enseignants… Ensemble, ils tissent un dialogue avec le public et les équipes artistiques.

La diversité des esthétiques, la singularité des parcours artistiques et la parité constituent les maîtres-mots d’une programmation qui a pour ambition de refléter le monde, ici et maintenant.

 

UN FESTIVAL POUR VOUS, CHEZ VOUS

Par définition, le festival est un lieu d’invention. Année après année, Paroles Citoyennes met en avant d’autres formes d’accès au théâtre : conférences participatives, doublage en direct, théâtre en appartement…

Cette année, le festival s’invite chez vous. Parce qu’il est urgent de se retrouver, de partager notre humanité, de renouer avec le spectacle vivant. Quelle que soit la situation sanitaire, la quatrième édition du festival est intégralement proposée en live streaming.

Tout au long du mois d’avril, des pièces de théâtre, des lectures et des rencontres seront proposées. Pour ne rien perdre du lien qui unit les artistes et le public, des contenus spécifiques seront créés à cette occasion, permettant de découvrir l'univers esthétique des créateurs et les sujets abordés par les texte de la programmation

 

Le site du Festival Paroles Citoyennes 

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April 6, 2021 4:48 AM
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Paye ton auteur : les dramaturges se dotent d’une charte des rémunérations

Paye ton auteur : les dramaturges se dotent d’une charte des rémunérations | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Pierre Gélin-Monastier dans Profession-Spectacle le 6 avril 2021

 

Les États généraux des écrivains et écrivaines de théâtre (EGEET) viennent de publier une Charte des rémunérations. L’enjeu pour les auteurs de théâtre ? Pouvoir vivre, tout simplement, en accédant enfin à des rémunérations décentes.

 

En téléchargement : Charte des rémunérations des auteurs et autrices de théâtre

 

Cette charte des rémunérations des EEGEET est née d’un constat simple, concret, connu : les auteurs éprouvent de grandes difficultés à se faire payer correctement, que ce soit pour des commandes d’écriture ou pour des ateliers, quand ce ne sont pas les lieux de résidences eux-mêmes qui sont, sinon insalubres, du moins dépourvus de connexion internet, voire – pour des lieux à l’écart de toute ville – de moyens de transport.

 

« Je pourrais vous citer des dizaines et des dizaines d’exemples aberrants, car nous avons récolté de nombreux témoignages au fil des mois, explique Dominique Paquet, autrice, membre des Écrivains associés du théâtre (E.A.T) et référente de la commission. Des premières préconisations ont été présentées à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon en juillet 2019, de sorte que cette charte a demandé près de deux années de réflexion et d’élaboration. »

Un inventaire des difficultés à se faire payer

Cette charte vient s’ajouter à diverses sources existantes. Pour les interventions en milieu scolaire, par exemple, les dramaturges se fondent sur la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse. Il y a aussi la circulaire des droits accessoires, les sites de la Maison des écrivains et de la littérature (MEL), du Centre national du livre, de la Société des gens de lettres (SGDL) ou encore une brochure de la région Sud-PACA, Comment payer un auteur

 

Rien, toutefois, qui se concentre exclusivement sur les auteurs de théâtre. Il y a bien des tarifs minimaux de rémunération prévus par le CNL et la MEL, mais de l’avis de Dominique Paquet, ils ne sont pas souvent atteints, y compris lorsque la commande vient de compagnies ou de metteurs en scène connus.

 

« Tout ce qui concerne le travail de dramaturgie, de plateau, n’est pas exemple pas prévu, confirme l’autrice. Il y a de nombreux flous administratifs et complexes. Par exemple, il n’est pas possible de se faire rémunérer par les structures scolaires directement. Il faut passer par une structure : une compagnie, une association… »

« Nous avons ainsi fait l’inventaire des difficultés à se faire payer, poursuit-elle. C’est énorme ! » « Nous » ? Cette commission, surnommée en interne « commission cambouis », est intégralement féminine ; elle rassemble Marie-Hélène Chiocca, Constance Emilie, Sophie Deschamps (présidente de la SACD), Sarah FourageCarine LacroixAlexandra Lazarescou, Sabryna Pierre et Claudine Vuillermet.

La charte, en sept volets, aborde les différents lieux problématiques liés à la rémunération : les commandes, les résidences, les manifestations publiques, les rencontres avec un public, les ateliers de pratique artistique ou encore toutes ces « petites » activités annexes qui interviennent dans le secteur (bourses, dédicaces, jurys littéraires, financement participatif, etc.).

 

Des tarifs indicatifs minimaux

Si des aménagements peuvent être faits pour les plus petites structures qui touchent des subventions en deçà de 25 0000 €, le montant d’une pièce courte de 15 mn est fixé à 1 000 € brut – 2 000 € pour une pièce moyenne (15-30 mn), le double pour une pièce durant entre 31 mn et 1 h 30. Au-delà d’une heure et demie, la pièce est facturée entre 4 500 et 7 000 € brut. « Ces tarifs sont indicatifs, précise aussitôt Dominique Paquet. Certains auteurs nous ont dit que c’était trop peu, mais nous souhaitions seulement fixer, dans cette charte, un seuil minimum ! »

 

Si certains domaines sont heureusement plus sécurisés, telles les résidences dont les critères sont déjà définis par le ministère de la Culture, la MEL ou encore le CNL, de nombreuses autres questions – apparemment anecdotiques – se retrouvent au centre des interrogations quotidiennes.

Comment – par exemple – rétribuer l’écriture au plateau, lorsque l’auteur travaille pour partie avec le metteur en scène pendant les répétitions, et pour partie à son bureau ? Ou que faire des performances, distinctes de la lecture publique, qui convoquent des auteurs-acteurs ? Comment les rémunérer ? Faut-il privilégier l’intermittence ou le droit d’auteurs ? Pour une lecture-performance, la SGDL et SOFIA préconisent quant à elles une rémunération de 448 € bruts en droits d’auteur. Et pour un salon du livre ? Tout dépend du commanditaire : s’il s’agit du salon, ce sera au tarif de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse ; si c’est l’éditeur qui convie, alors les auteurs interviendront gratuitement.

Qui avance les frais d’approche tels que le transport et le logement ? Là encore, les pratiques sont multiples, ce qui met en péril, selon Dominique Paquet, les auteurs, souvent précaires. « Ils doivent être obligatoirement pris en charge en amont de la venue de l’auteur/autrice par la structure, indique la nouvelle charte des rémunérations, et ne doivent jamais être avancés par l’auteur/autrice. »

 

Perspective : remettre l’auteur au cœur du théâtre

La charte est appelée à évoluer, d’autant que le ministère prépare un plan pour les auteurs. Les cas étant multiples, tous n’ont pu être abordés de manière explicite dans cette première mouture : les interventions dans les prisons, les ateliers dans les hôpitaux… Il existe néanmoins des recommandations similaires. Mais comment rémunérer les interventions à distance, faites par le biais du numérique ? Faut-il les mettre au même tarif que celles en présence, malgré le gain de temps que représente l’absence de trajets ?

« Toutes les mesures que nous préconisons vont évidemment mettre un peu de temps à être appliquées, indique Dominique Paquet, qui compte sur le soutien de la SACD et de la Direction générale de la création artistique. Le fait que la littérature théâtrale soit sortie de la littérature générale et que l’auteur ait été, à partir des années cinquante, poussé à la périphérie a fait de lui un prestataire de service. Nous souhaitons casser cette dynamique et remettre le dramaturge au cœur du théâtre. »

Et l’autrice de conclure : « À terme, nous souhaitons une association, voire une co-direction auteur / metteur en scène à la tête des structures publiques. Mais ça risque de mettre du temps… »

 

Pierre MONASTIER

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April 5, 2021 1:21 PM
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"Simplement compliqué" de Thomas Bernhard. Fiction radiophonique avec Serge Merlin. 

"Simplement compliqué" de Thomas Bernhard. Fiction radiophonique avec Serge Merlin.  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Fiction radiophonique par France Culture. Texte de Thomas Bernhard, réalisation Jacques Taroni, avec Serge Merlin en 2009

 

Histoire d'un vieil acteur, incarné ici par Serge Merlin, qui nous a quittés en Février 2019.

 

 

Ecouter "Simplement compliqué" (1h28)

Serge Merlin, en 2015• Crédits : Moïc Venance - AFP
Seul dans sa chambre en désordre, un vieillard monologue en clouant une plinthe. Ancien acteur shakespearien nostalgique d'un grand théâtre perdu, le personnage s'autorise une fois par mois à porter la couronne de Richard III, le rôle de sa vie. Il s'est définitivement séparé de ses contemporains : seule lui rend visite une petite fille, Catherine.

 

Traduction : Michel Nebenzahl
Réalisation : Jacques Taroni
Avec Serge Merlin
Voix féminine et violon Thérèse Delaunay

Equipe de réalisation : Michel Creis, Marie Lepeintre, Delphine Lemerre

 

 

Simplement compliqué est édité à L’Arche éditeur

Un portrait de Serge Merlin en 2015, par Marie-Pierre Ferey / Le Point

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April 3, 2021 6:53 PM
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Occupation des théâtres et autres lieux d’art : de la scène à l’agora politique -  Publié dans L'Insatiable 

Occupation des théâtres et autres lieux d’art : de la scène à l’agora politique -  Publié dans L'Insatiable  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Clara Hubert, Victoria Tran, Héloïse Humbert pour L'Insatiable - Le 3 avril 2021

 

Depuis le 4 mars 2021 la place de l’Odéon est le théâtre d’une occupation politique qui s’inscrit dans le sillage de nombreuses manifestations n’ayant encore jamais permis aux travailleuses et travailleurs du secteur culturel d’obtenir gain de cause. Mais cette fois, le mouvement va plus loin. Contrairement à l’occupation de la Philharmonie en février 2021 à l’occasion des « Défaites de la musique », qui était restée ponctuelle, le mouvement d’occupation des théâtres ne cesse de s’amplifier et de se solidariser avec d’autres. Depuis, plus d’une centaine de lieux de cultures sont entrés en lutte — et cette lutte concerne tous les précaires, au-delà même du régime dit de l’intermittence — , la Colline à Paris, puis le Théâtre National de Strasbourg (deux autres théâtres nationaux), suivis d’un très grand nombre de lieux culturels dans toute la France. Un mouvement qui ne cesse de s’élargir en donnant la parole à d’autres secteurs d’activité et aux précaires en général. Et affirme ainsi que ce qu’on nomme la culture est non seulement une chose essentielle, mais bel et bien centrale et motrice dans la vie des humains.

 

Les occupant.e.s de l’Odéon organisent chaque jour à 14h une agora publique, au cours de laquelle sont invitées à parler toutes les personnes qui souhaitent s’exprimer sur la situation du monde professionnel de la culture, mais plus encore, sur les modes d’actions politiques permettant à tou.te.s de lutter pour les droits sociaux des travailleuses et travailleurs précaires [voir l’encadré sur les revendications des occupant.e.s en fin d’article]. Cette agora quotidienne est précédée de performances artistiques qui permettent à la fois de soutenir les occupant.e.s et de mobiliser le public sur la place de l’Odéon. Nous nous y avons rencontré divers membres de ce mouvement révolté et joyeux.

 

Le théâtre, lieu d’attroupement démocratique
 
Robin Renucci, directeur des Tréteaux de France et président de l’association des centres dramatiques nationaux, le rappelle, le théâtre est un art qui rassemble et unit : « un rituel laïque ». Il répète que nous sommes aujourd’hui privé.e.s de ces lieux qui ont été le ferment de la démocratie, « endroit de lien social, de fraternité et de transmissions », alors même « qu’aucun foyer épidémique n’a été déclaré dans un public au théâtre ». Malgré les protocoles pensés pour assurer la possibilité d’une réouverture des théâtres en toute sécurité, il déplore que « le modèle intitulé " résilience ", sur la table de la ministre et du Premier Ministre depuis janvier, sous forme d’un tableau de reprise d’activité en fonction des différents stades de l’épidémie, soit resté lettre morte ».

 

Ses attentes vis-à-vis du gouvernement s’inscrivent dans la continuité des revendications des occupant.e.s : « nous voulons la ré-ouverture des théâtres, avec des conditions fixées par nos organismes syndicaux. Nous voulons alerter sur les conditions de la reprise : il ne s’agit pas seulement d’ouvrir, il faut encore savoir dans quelles conditions, dans un contexte où beaucoup n’auront pas pu exercer leur activité professionnelle. C’est pourquoi d’un point de vue technique, nous appuyons la demande de prorogation des droits de l’intermittence et l’augmentation de la durée de l’année blanche — pour le moment, elle est en vigueur jusqu’au mois d’août. Nous trouvons indécent de remettre en route une réforme de l’assurance chômage dans ce contexte de fragilité : c’est ce que nous avons exprimé il y a quelques jours. Nous demandons la ré-ouverture dans les plus brefs délais des lieux culturels sur la base du protocole de reprise des activités graduées, et cette ouverture doit être assortie de la prorogation des droits des intermittents et des crédits. Les professionnels de notre secteur sont menacés par une précarité extrême ».  

 

Il poursuit : « 20 millions d’euros ont été annoncés par le Premier Ministre, en réponse à la pression que nous exerçons auprès de la ministre. Mais ces mesures ne suffisent pas à répondre aux attentes. Certes, un accompagnement financier est nécessaire, mais il faut aussi un accompagnement prioritaire et essentiel de la jeunesse, de la nouvelle génération d’artistes coupée en plein envol, sans visibilité sur l’avenir. Que vont devenir ces jeunes gens ? Il faut que le gouvernement suspende tout projet de reforme des conditions d’accès à l’assurance chômage. C’est une nécessité dans un contexte où les plus fragilisés sont déjà victimes de la crise économique et sanitaire que l’on traverse. On ne répond pas seulement avec de l’argent au sentiment d’être méprisé. Il faut évidemment soutenir par des plans de relance financiers, mais les revendications que je viens de nommer ne sont pas que financières, elles sont aussi d’ordre organisationnel et politique. Reconduire cette année blanche de l’intermittence est une décision politique. »

 

Renucci insiste sur le fait que « mai 68 a commencé à l’Odéon, le signe de l’Odéon occupé rappelle cette autre mobilisation ». Depuis que nous l’avons rencontré, le mouvement d’occupation des théâtres n’a cessé de prendre de l’ampleur, permettant la mise en avant, sous une forme nouvelle, de problématiques politiques dans l’espace public et la mise en lumière de situations jusqu’alors négligées.

 

La position de Samuel Churin, comédien et membre de la Coordination des Intermittents et Précaires est explicite à cet égard :


Extrait d’un communiqué paru dans l’hebdomadaire Politis

[...]À mes amis qui réduisent l’occupation des 100 lieux de spectacle à une demande de réouverture, je dis : vous êtes hors-sujet.
À mes amis qui n’ont pas lu les banderoles « Retrait de la réforme d’assurance chômage » présentes partout, je dis : informez-vous et arrêtez de vomir sur cette magnifique mobilisation pour de mauvaises raisons.
À mes amis du monde de la culture qui n’ont pas compris que les lieux étaient occupés aussi par des intermittents hors spectacle, des chômeurs, des auteurs, des étudiants, je dis : allez occuper avec eux et vous comprendrez peut-être mieux les enjeux de cette lutte.
À mes amis qui pensent qu’il vaut mieux occuper ailleurs, je dis : les chômeurs n’ont pas de lieux, les théâtres appartiennent à tous, les débats passionnants lors des agoras organisées partout doivent s’amplifier. Nous avons cette occasion unique de faire le lien avec toutes celles et ceux qui vivent de contrats courts ou qui font partie de la longue liste des 10 millions de pauvres. C’est là que ça se passe, ici et maintenant. Pourquoi retourner dans l’ombre et s’isoler ?
À mes amis qui ne comprennent toujours pas ou ne veulent pas entendre, je dis : vous êtes hors-sujet, hors-sol, hors tout, n’en dégoutez pas les autres.
À mes amis occupants, je dis : continuons de mettre la lumière sur celles et ceux qui n’ont plus rien, sur les précaires réunis enfin dans un immense soulèvement collectif, amplifions, renforçons les occupations, occupons de nouveaux lieux, continuons à construire ce mouvement avec tous ceux qui ne sont jamais entrés dans ces théâtres.
Alors nous pourrons penser ensemble un projet qui ne laisse personne de côté, qui mette l’être humain au centre de toutes nos préoccupations, qui mette le bien commun au-dessus de tout.
Alors nous pourrons de nouveau jouer de grands mythes, de grandes banalités, ou de belles réalités comme l’histoire d’un ouvrier communiste nommé Croizat qui inventa les droits attachés à la personne et la sécurité sociale, prolongement du Conseil National de la Résistance.

Samuel Churin

 

 

La situation des compagnies

Johanne Gili est cofondatrice de La Fine Compagnie, un collectif artistique transdisciplinaire qui a performé le 17 mars devant l’Odéon, en soutien aux occupant.e.s du théâtre. « Nous avons été immédiatement sympathisants des occupations, notamment de l’occupation de l’Odéon — qui a été la première —, on connait des gens dedans. La performance était un soutien aux occupant.e.s, permettant d’animer leur quotidien et de rassembler du monde sur la place avant le débat publique organisé en début d’après-midi. Pour tout le monde, ça permet de se donner un peu de baume au cœur — que ce soit nous qui performions ou regardions, selon les moments. Comme nous travaillons sur la mise en forme de questions politiques, cette tribune tombait bien. La performance théâtrale et musicale a été préparée au pied levé pour l’occasion : c’est une performance issue d’un spectacle en création, Luciole, sur lequel on travaille depuis plus d’un an. Dès qu’on franchit une étape dans la création, on a tendance à aller jouer quelque part, à se montrer dans différents cadres »

Si la situation financière des compagnies qui travaillent en salle est désastreuse, celle de la Fine Compagnie reste, pour Johanne, relativement privilégiée : « On ne faisait déjà presque plus de théâtre en salle : depuis quelques années nous sommes dans la catégorie "théâtre indépendant", qui fonctionne surtout avec des subventions publiques. Économiquement on tient le coup, tous les endroits un peu interstitiels — les écoles, les médiathèques, les centres sociaux, la rue — sont encore accessibles, ce qui fait qu’on se montre assez régulièrement malgré tout. Mais on n’est pas représentatifs de tout le secteur : il y a des gens pour qui c’est beaucoup plus dur. Pour ceux qui n’avaient pas encore accès à l’intermittence, c’est terrible, parce qu’ils n’avaient pas l’indemnisation chômage. Il y a aussi des gens très isolés... Nous, on est en résidence dans une friche culturelle — la Villa Mais d’Ici —, on baigne dans une sociabilité qui nous permet de bonnes conditions de travail ».

 

Malgré ce statut temporairement privilégié, le travail que la compagnie parvient à mener reste impacté par la crise sanitaire et sa gestion politique : « c’est une espèce de folie, tout s’annule, tout se reporte, tout se décale... On est dans un jeu perpétuel qui consiste à faire et défaire. Caler des dates, ça n’a plus de sens [rires]. Ça nous rend un peu zinzin. On se demande ce que ça va donner en termes de subventions publiques dans les temps à venir, on attend le double effet. Même si on n’est pas les plus impactés tout de suite, on se dit que ça va nous revenir, avec peut-être des grosses baisses de financements, et d’énormes embouteillages. Cette crise renforce mon idée que ce travail, qui lie notre volonté de création au contact réel avec des gens qui viennent de partout, est ce qui nous convient le mieux. D’ailleurs, c’est ça qui nous laisse un peu de liberté, à l’heure actuelle. C’est ça qui a du sens, plutôt que d’être dans des théâtres aux structures pyramidales, qui ne s’adressent qu’à une toute petite portion de la population en perdant toute capacité de subversion ». 

 

 Occupons, occupons la place de l’Odéon... »   

Jean-Charles, scénariste, et Franck, street reporter, sont deux occupants qui ont accepté d’échanger avec nous au sujet de la façon dont la mobilisation s’est mise en place : « naturellement, et avec colère ». Le quatre mars, au cours d’une manifestation organisée par le secteur culturel, un petit groupe s’est détaché de la manifestation partant de la place de la République. « Au cours de cette manifestation assez festive, des artistes appelaient à réinvestir les lieux publics — les théâtres, notamment, mais pas uniquement, pour réinventer la vie », raconte Jean-Charles qui ajoute, amer : « on est resté là jusqu’aujourd’hui, malheureusement on n’a pas encore été entendus. Il y a une forte résistance, donc on prévoit de rester jusqu’à ce que nos revendications soient entendues. On n’est pas forcement les bienvenus, mais on ne fait rien de mal. Depuis une semaine, la police ne nous menace pas : ils sont plutôt tranquilles mais ils savent que le mouvement s’étend et que les gens comprennent. On est plutôt soutenus en fait. Et on va gagner ! ». Nous leur demandons si la mobilisation a le soutien de la direction du théâtre et de Christophe Honoré, qui travaille avec son équipe aux répétitions d’une pièce à l’Odéon, Franck précise qu’entre les occupants et eux :« C’est assez tendu... Mais quelques techniciens nous soutiennent vraiment »

 

 

Pour ce qui est de la coordination entre les lieux : « On veut rester en contact avec les plus de 100 lieux culturels occupés. On est sur la même longueur d’ondes, on essaie d’avancer tous ensemble », expliquent Jean-Charles et Franck. Bien que les lieux occupés soient des théâtres et leurs occupant.e.s en majeure partie des professionnel.le.s de la culture, leurs revendications concernent l’ensemble des professions précaires ou intermittentes touchées par la crise sanitaire : « aujourd’hui, ça ne concerne pas que les théâtres, rappelle Jean-Charles, notre idée, c’est que le mouvement parvienne à toucher tous les corps de métiers ».  

 

Identifiées comme rédactrices, nous avons été interpellées par Isabelle, une travailleuse du secteur touristique venue manifester au nom de la FMITEC — la Fédération des Métiers Intermittents Tourisme Évènementiel Culture, créée en mars 2020 au début de la crise sanitaire. Déplorant que les professions intermittentes — y compris celles affiliées au régime général — ne soient pas toutes également protégées par le droit du travail, elle se réjouit que les intermittents du spectacle « ayant beaucoup plus de pouvoir de par le fait qu’ils sont fédérés, syndiqués, ce que nous ne sommes pas », aient choisi de soutenir les autres professions précarisées par la crise sanitaire et la politique actuelle, pour participer à visibiliser leurs problématiques spécifiques. 

 

134 lieux de culture occupés en France au 30 mars. Coordination des Intermittents et Précaires.

La ministre de la Culture, qui s’est rendue sur place début mars, (quelque temps avant de remettre la Légion d’honneur à Michel Sardou) n’a rien trouvé de mieux à faire que dénoncer ce mouvement comme étant non seulement « inutile », mais aussi « dangereux » pour la conservation des théâtres. Il y a pourtant d’avantage lieu de s’inquiéter du devenir des édifices sociaux et culturels durablement menacés par le gouvernement et sa gestion de la crise, que de la bonne conservation de bâtiments provisoirement occupés — les occupant.e.s n’ont d’ailleurs aucun intérêt à les dégrader. C’est précisément à la lutte pour le droit du travail et contre le mépris politique adressé au secteur culturel — entre autres —, que se consacrent depuis maintenant un mois toutes les personnes qui participent de près ou de loin à cette occupation active des lieux d’art et de culture.

Si nous ne devions retenir qu’une chose de notre passage place de l’Odéon, c’est la détermination et l’optimisme de celles et ceux qui se réunissent chaque jour sur la place publique afin de créer, de toutes pièces et sans en attendre l’autorisation, un espace de parole — de geste politique et artistique — accessible à chacun.e d’entre nous. 

 

-> Les revendications des occupant.e.s de l’Odéon :

L’abrogation de la réforme d’assurance chômage ; la prolongation de l’année blanche et son élargissement à tou.te.s les employé.e.s précaires ; la baisse du seuil d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo entrant.e.s et et intermitent.e.s en rupture de droits ; la garantie des congés maladie et maternité pour les salarié.e.s à l’emploi discontinu et les artistes auteurs ; un plan massif de soutien à l’emploi et de reprise de l’activité dans tous les secteurs et un soutien aux caisses sociales spécifiques du spectacle dont l’existence est menacée par la baisse des cotisations.

 

Clara Hubert, Victoria Tran, Héloïse Humbert

 

Le site du théâtre de l’Odéon occupé

 

PS : Si vous souhaitez soutenir le mouvement, la plupart des théâtres occupés ont organisé des cagnottes disponibles en lignes ! 
 

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April 3, 2021 4:56 PM
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Occupation de l'Odéon : un théâtre qui ne se tient pas sage

Occupation de l'Odéon : un théâtre qui ne se tient pas sage | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 

 

Depuis le 4 mars, le théâtre de l'Odéon est occupé par des travailleurs et des travailleuses du monde du spectacle, occupation qui a inspiré de nombreux lieux de culture à travers le pays. Reportage à l'intérieur de l'un des théâtres les plus prestigieux de la capitale.

 

Reportage  vidéo publié par Le Média (11 mn)

 

 

Depuis maintenant près d’un mois, des travailleurs et des travailleuses du monde de la culture occupent le théâtre de l’Odéon pour protester contre la précarité de l’emploi et les mesures antisociales du Macron. Les occupants de ce théâtre ne travaillent pas tous dans le monde du spectacle ou de la culture, il y a des guides conférenciers, des traiteurs, des travailleurs de l’hôtellerie etc... leur point commun ? Tous demandent le retrait de la réforme de l’assurance chômage qui aura des conséquences sociales désastreuses.

C’est un des plus prestigieux théâtres de France mais c’est aussi un lieu qui déjà dans l’histoire a été investi lors de grands mouvements sociaux. 

Il est important de noter que cette nouvelle occupation du théâtre de l’Odéon a ouvert la voie à un large mouvement d’occupation dans toute la France. En effet, les travailleurs et les travailleuses ont maintenant investi plus d’une centaine de lieux.

Mais comment ça se passe concrètement à l’intérieur ? On a décidé de vous emmener faire un tour à l’intérieur pour rencontrer celles et ceux qui font vivre cette lutte au quotidien. 

Et ça tombe bien ce soir, les occupants reçoivent le journaliste et réalisateur David Dufresne pour une projection clandestine de son film « Un Pays Qui Se Tient Sage ». 

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April 3, 2021 11:21 AM
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Christophe Rauck, clarté du passage

Christophe Rauck, clarté du passage | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Armelle Héliot dans son blog - le 30-03-21

 

De Lille à Nanterre, « Dissection d’une chute de neige » de la Suédoise Sara Stridsberg, dessine le chemin d’un théâtre toujours exigeant qui repose sur une direction subtile, une interprétation sensible. A suivre, donc

Une longue boîte de verre qui ne pivotera que vers la fin, une longue boîte de verre dans laquelle tombe une neige douce qui a formé depuis longtemps un tapis moelleux dans lequel on peut disparaître.

 

La scénographie d’Alain Lagarde et les lumières d’Olivier Oudiou, induisent immédiatement l’idée d’un conte, comme si l’on n’était pas complètement dans la réalité. De même agissent les costumes de Fanny Brouste, et l’ensemble des éléments qui soutiennent la représentation : coiffures, maquillages, vidéo, notamment.

 

Après La Faculté des rêves, en 2020 -un spectacle que nous n’avons pas vu- Christophe Rauck revient à l’auteure contemporaine suédoise Sara Stridsberg et met en scène Dissection d’une chute de neige, pièce inspirée de la vie de la reine Christine, immortalisée par Greta Garbo.

 

Donné pour quelques représentations, au Théâtre du Nord, devant un public de professionnels et d’élèves, le spectacle devrait être repris en tournée à partir de novembre prochain, faisant notamment halte à Nanterre-Amandiers. Depuis le 1er janvier dernier, Christophe Rauck, après sept années à Lille, en est le nouveau directeur, tandis que Philippe Quesne a retrouvé une relative liberté : une compagnie et de nombreux projets pour un artiste très demandé.

 

Nous reparlerons longuement de ce travail à ce moment-là. Pour le moment, saluons les artistes, sans nous appesantir.

 S’il fallait glisser une réserve sur le spectacle, tel qu’il se présente, on dirait que par moments le texte de Sara Stridsberg, traduit par Marianne Ségol-Samoy (Arche éditeur) patine un peu. On a le sentiment que l’action n’avance pas, qu’il y a des redites, des scènes trop longues. Sans faiblesse de rythme ni de jeu, pourtant : on devine que le metteur en scène est heureux que chacun ait une belle partition et l’on constate que les très talentueux interprètes sont investis de tous leurs nerfs dans ces personnages de conte sinon de jeu de cartes.

 

Et reconnaissons que les deux heures dix que dure la représentation ne pèsent pas. Il y a une fluidité et des numéros de bravoure. Le jour où nous avons découvert Dissection d’une chute de neige, les jeunes invités étaient enthousiastes, touchés par ce qu’il y a de libre dans les sentiments et d’enthousiasmant dans l’harmonie esthétique de l’ensemble. Sous le charme, en quelque sorte.

 

Mais le drame gagnerait à être resserré, on en est certain et la suspension de quelques mois des représentations devrait produire une naturelle décantation…Et qu’ainsi les enjeux politiques qui innervent le projet d’une jeune auteure résolument féministe, apparaîtraient plus aigus.

 

On l’a dit, l’écrivain s’inspire de la vie de la reine Christine, qui, dans la réalité, fut bien loin de Garbo ou de Marie-Sophie Ferdane, qui, dans la mise en scène de Christophe Rauck, incarne une éblouissante jeune femme, grand caractère, audace. Et beauté éclaboussante… La véritable reine Christine, fille de Gustave Adolphe II, mort au combat en 1632, alors qu’elle n’a que six ans, n’était pas très belle, sinon ingrate, petite et mal à l’aise avec son corps.

 

Mais qu’elle fut d’une intelligence profonde, d’un désir de savoir large, qu’elle mit son autorité à juguler en elle toute féminité convenue, qu’elle fut une subtile diplomate, qu’elle se passionna pour les arts, les lettres, la philosophie et la science et voua à Descartes une amitié lumineuse, tout cela est avéré.

Cela n’intéresse pas Sara Stridsberg. Elle utilise la reine Christine pour une démonstration plus ou moins nuancée, féministe, politique, mais le jeu subvertit tout.

 

On l’a dit, nous reparlerons avec précision, du fond et de l’interprétation, à la rentrée. Mais saluons la formidable composition de Thierry Bosc, le père, le roi, le mort qui revient –comme dans Hamlet… ? Ce comédien singulier excelle à jouer sur les tableaux de la fable…tout en instillant quelque chose de vrai, de plus que vrai…Face à sa fille, il est irrésistible.

 

Saluons Carine Goron, Belle, l’amoureuse de la Reine, fine, déliée, charmeuse, saluons Murielle Colvez, aigüe Maria Eleonora. Ces comédiennes sont idéales.

 

Côté garçons, la distribution est également excellente : Christophe Grégoire figure le Pouvoir. Net et intransigeant personnage, vite débordé… Emmanuel Noblet, avec sa grâce d’éternel jeune premier, est un « Love », vif-argent, insistant mais rejeté, car ici l’héroïne impose sa loi et ses exclusions, malgré les remarques sensées et qui s’évaporent du Philosophe, le merveilleux Habib Dembélé.

Et puis bien sûr, longue, souple, pleine d’autorité, féroce et amoureuse, décidée et oscillante, Marie -Sophie Ferdane, belle, ravageuse, dans l’accomplissement de tous ses dons, de sensibilité, d’audace, d’esprit.

 

On l’entend : le bonheur ici tient à l’intelligence d’une mise en scène, le regard d’un artiste puissant dans ses pensées, ses visions, sa direction de jeu et doux dans ses manières, Christophe Rauck. Et à une équipe artistique d’excellence.

 

Prochains rendez-vous : France Culture le 25 avril, 20h00.

A l’automne, une tournée : Théâtre de Caen, les 18 et 19 novembre 2021. Théâtre des Amandiers-Nanterre, du 25 novembre au 18 décembre 2021. Autres dates à préciser : Le Quai, Centre Dramatique National d’Angers, Théâtre National Populaire de Villeurbanne, Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National.

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April 2, 2021 7:04 PM
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David Bobée, nouveau directeur du Théâtre du Nord, Centre dramatique national Lille-Tourcoing

David Bobée, nouveau directeur du Théâtre du Nord, Centre dramatique national Lille-Tourcoing | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur le site d'Artcena, le 29 mars 2021

 

NOMINATION
À la tête du Centre dramatique national et de son École, le metteur en scène continuera de promouvoir un théâtre ouvert sur le monde, où les questions d’égalité et de développement durable occuperont une place centrale.

 

Après huit années passées à la tête du Centre dramatique national de Normandie-Rouen, David Bobée aurait volontiers « joué les prolongations », s’il ne lui avait fallu tourner la page et surtout si « l’opportunité géniale » de diriger le Théâtre du Nord et son École ne s’était présentée. En succédant à Christophe Rauck dont il salue « le projet très ambitieux et la politique d’ouverture du Centre dramatique sur la ville et ses habitants », le metteur en scène se réjouit d’épouser l’histoire d’un théâtre (centrée sur le rapport au texte, les auteurs vivants et les œuvres du répertoire) qui correspond à sa propre ligne artistique. « Le format du plateau incite en outre à la présence de grandes équipes, d’un théâtre de troupe, voie que j’ai également envie de suivre », ajoute-t-il. Sa programmation s’annonce ainsi résolument théâtrale, mais placée sous le signe de la transdisciplinarité, c’est-à-dire composée de propositions intégrant des éléments issus des champs du cirque, de la danse, du cinéma ou encore des arts visuels. « J’ai toujours privilégié les objets artistiques hybrides, des démarches très contemporaines qui éclairent ce que de grands textes ont encore à nous apprendre aujourd’hui », précise David Bobée.

 

Afin de défendre un théâtre en phase avec le 21e siècle, il s’entourera notamment de trois artistes associés : le metteur en scène belge Armel Roussel dont il apprécie la lecture dramaturgique des textes du répertoire empreinte « d’une grande finesse et énergie », la metteure en scène franco-ivoirienne Éva Doumbia, qui énonce à travers ses récits des questions, selon lui, trop peu souvent abordées sur les plateaux, et enfin la romancière   Virginie Despentes ; laquelle, entre autres, signera et montera sa première pièce  au Théâtre du Nord.

Durant son mandat, David Bobée souhaite, par ailleurs, accorder une attention particulière aux compagnies régionales, en initiant différents dispositifs, dont une plateforme de production régionale. « Elle permettrait à la fois de doter ces artistes d’importants moyens de production et de faire tourner leurs spectacles chez l’ensemble des membres de la plateforme, leur offrant ainsi un ancrage territorial précieux », souligne le directeur du Théâtre du Nord, qui n’en dévoilera pas plus sur les équipes artistiques concernées ni les modalités d’accompagnement.   Participative, cette démarche reste en effet à inventer avec l’ensemble des partenaires de la Région et tous les acteurs qui voudront la rejoindre.

Son projet sera également traversé par d’autres enjeux qui l’animent depuis longtemps en tant que metteur en scène et directeur de lieu et au premier rang desquels figure l’égalité : égalité entre les hommes et les femmes  (la programmation  sera paritaire, de même que l’octroi des moyens de production), entre artistes d’origines ethniques différentes (se défaire de toute assignation dans les distributions, qui se doivent de refléter la réalité de la société française), entre personnes valides et celles en situation de handicap. « En tant que service public, il nous faut proposer des représentations dans lesquelles chacun puisse se reconnaître, des modèles positifs de la diversité », fait valoir David Bobée. Sans oublier l’égalité entre les générations actuelles et   futures, qui incite le nouveau directeur à créer un laboratoire sur ce que pourrait être une politique culturelle durable. L’équipe du Théâtre du Nord, les partenaires, les élus et les publics seront invités à réfléchir aux moyens de réduire l’impact de leurs actions sur l'environnement. Le directeur songe bien entendu à des gestes écologiques – transition vers l’énergie verte, réduction et tri des déchets, recyclage du matériel informatique et des décors, éco-compensation de l’empreinte carbone, par exemple sur les transports – mais pas uniquement. « Il s’agit aussi de penser la dimension sociale et économique du développement durable », affirme-t-il.

Concernant la relation au territoire, David Bobée entend mettre en œuvre des actions en direction de tous les publics et notamment ceux les plus éloignés des pratiques culturelles et artistiques. Grâce à un dispositif d’itinérance, le CDN investira des lieux non dédiés établis sur des territoires privés d’offre culturelle et se portera également « à la rencontre des cultures, là où elles existent et se créent » ; par exemple, dans le quartier populaire de Tourcoing où se trouve le Théâtre de l’Idéal (deuxième site du Théâtre du Nord), appelé à s’ouvrir davantage encore aux acteurs culturels et associatifs. Enfin, parce que le mouvement doit s’opérer du centre vers la périphérie et réciproquement, l’ensemble des habitants du territoire seront conviés chaque été à découvrir un spectacle (un grand texte du répertoire) sur le parvis du théâtre.

Le programme pédagogique de l’École du Nord étant intrinsèquement lié au projet artistique du théâtre, David Bobée y poursuivra le même objectif de diversité : diversité des profils, déjà très bien amorcée ainsi qu'il a pu le constater « avec bonheur » lors du 1er tour d'admission, et diversité des disciplines enseignées. « La transdisciplinarité étant aujourd’hui au cœur des spectacles, nous voulons former des jeunes capables de dire un texte mais aussi d’engager leur corps, de découvrir leur rapport à l’espace et à leur propre créativité », assure-t-il. 

Dès son arrivée le 1er mars, David Bobée a été confronté à l’occupation des lieux par des intermittents et a choisi de passer sa seconde nuit à Lille avec eux. Un contexte pour le moins inhabituel, quelque peu épuisant, mais qu’il juge « politiquement génial ». En affichant  son soutien au mouvement, le nouveau directeur a d’emblée adressé un signal fort à son équipe, aux artistes, aux élus et à l’ensemble des partenaires du Théâtre du Nord.  

 
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April 2, 2021 5:33 PM
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Feydeau à la folie, un documentaire d'Anne-Sophie Plaine, à voir en streaming

Feydeau à la folie, un documentaire d'Anne-Sophie Plaine, à voir en streaming | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Voir le documentaire

Feydeau à la folie, conçu et réalisé par Anne-Sophie Plaine (52 mn)

 

 

Présenté sur France 5 le 2 avril 2021

 

Auteur de théâtre souvent méprisé, Feydeau a pourtant connu une gloire internationale de son vivant. Ses pièces ont essuyé de nombreuses critiques, mais ont résisté à toutes les attaques et tiennent toujours le haut de l’affiche. Portrait de l’un de nos plus grands génies comiques.

En 1951, une pièce de Georges Feydeau est mise en scène pour la première fois à la Comédie-Française : Le Dindon provoque un séisme et divise le public. Les situations vaudevillesques et la trivialité des dialogues heurtent les spectateurs, partisans d’une mission éducative du Français. Ce qui choque le plus : le lit installé au milieu de la scène. Mais le public en redemande et la pièce restera à l’affiche pendant dix ans. « L’effet Dindon » s’avère très rentable pour l’institution. « Aujourd’hui, Feydeau est devenu un classique, explique la conservatrice-archiviste Agathe Sanjuan. On le joue très souvent… plus que Corneille ! » Longtemps Feydeau « était presque de l’ordre de l’interdit dans le théâtre public », rappelle le metteur en scène Alain Françon. Mais, depuis les années 2000, il a désormais le vent en poupe.

 

Acteurs, metteurs en scène, critiques et spécialistes éclairent, dans ce documentaire illustré de nombreuses archives, les différentes facettes du dramaturge. Un « auteur noble » pour Isabelle Nanty, qui a monté L’Hôtel du Libre-Échange en 2017 à la Comédie-Française : « Plus on le travaille, plus on découvre des choses, c’est extrêmement profond. » Le théâtre vaudevillesque de Georges Feydeau est sans doute nourri par son histoire personnelle : celle d’un fils qui doute de sa filiation réelle avec Ernest Feydeau. Sa mère, une courtisane polonaise, est aussi la maîtresse du duc de Morny et même de Napoléon III. Passionné par le théâtre qu’il découvre à 7 ans, il écrit très jeune des dizaines de pièces. Le succès arrive avec Tailleur pour dames, qui ne sera reprise que dans les années 1980. Ce grand amateur de peinture et joueur invétéré était « un grand mélancolique », selon Jean-Louis Barrault. L’habitué de chez Maxim’s finira par s’installer à l’hôtel pendant dix ans. Sa vie de noctambule en marge de son foyer nourrit sa peinture de la société bourgeoise qu’il décrit dans son théâtre. Ses interminables didascalies témoignent du soin apporté à la mise en scène — « une dramaturgie de l’instant » — et son sens du comique atteint parfois le subversif. « Je crois que les surréalistes avaient une profonde admiration pour Feydeau, rappelle Alain Françon. Je pense qu’il est très sur-réel… c’est un auteur des extrêmes. »

 

Anne-Laure Fournier

 

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March 31, 2021 2:12 PM
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La Comédie-Française apporte son soutien aux intermittents qui réclament la prolongation d'un an de l'année blanche

La Comédie-Française apporte son soutien aux intermittents qui réclament la prolongation d'un an de l'année blanche | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par FranceInfo Culture  le 31/03/2021

 

La prestigieuse troupe de la Comédie-Française a apporté mardi son soutien aux intermittents du spectacle qui réclament au gouvernement de prolonger leur indemnisation au-delà d'août 2021 en raison de la crise sanitaire.

"Depuis l'interruption de nos spectacles, nous ne pouvons que constater la baisse d'au moins 50% de l'engagement des intermittents qui travaillent chaque année avec nous", a indiqué un communiqué de la troupe. "Comment ne pas comprendre le désarroi de beaucoup d'intermittents qui subissent de plein fouet les annulations ou reports en cascade de cette année?", s'interroge la Comédie-Française qui a apporté mardi son soutien aux intermittents du spectacle. 

Une prolongation de l'année blanche jusqu'à août 2022 ?

En 2020, le président Emmanuel Macron avait décidé d'accorder une année blanche aux intermittents qui, en raison de la fermeture des théâtres et des cinémas et de l'annulation des grands festivals d'été, n'avaient pas pu faire les 507 heures qui leur sont requises sur douze mois pour toucher des indemnités. Ce dispositif arrive à terme en août et les intermittents réclament qu'ils soient prolongés jusqu'à août 2022 en raison des incertitudes sanitaires.

"La saison prochaine, à supposer qu'elle puisse se dérouler à peu près correctement, comportera des reports de spectacles, et donc une diminution vraisemblable, et nous l'espérons exceptionnelle, des créations dans la majorité des théâtres", préviennent les comédiens et comédiennes du Français, rappelant l'importance de cette "exception française".

 

Une mission dresse actuellement un diagnostic de leur situation pour "proposer une réponse adaptée", selon le gouvernement.

France Télévisions  Rédaction Culture

Près d'une centaine de théâtres en France sont "occupés", notamment par des intermittents qui réclament également le retrait de la réforme de l'assurance chômage qui entre en vigueur en juillet.

Légende photo : La Comédie-Française, place Colette (BRUNO DE HOGUES / ONLY FRANCE)

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March 30, 2021 11:52 AM
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Villeurbanne nommé capitale française de la culture

Villeurbanne nommé capitale française de la culture | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans Le Monde avec AFP - 30 mars 2021

 

C’est la première année qu’un tel label est décerné par le ministère de la culture. Il est assorti d’un financement d’un million d’euros.

On connaissait la capitale européenne de la culture, voici son équivalent hexagonal. Villeurbanne, dans l’agglomération lyonnaise, a reçu, mardi 30 mars, le label capitale française de la culture. Décerné pour la première fois, il a pour objectif d’encourager le « projet culturel urbain » de la ville, a annoncé le ministère de la culture.

 

Villeurbanne va bénéficier pendant toute l’année 2022 de ce label qui s’accompagne d’un financement d’un million d’euros, apporté à parité par le ministère de la culture et la Caisse des dépôts. Cette distinction est censée stimuler la commande publique et artistique de la municipalité.

 

« Villeurbanne, riche de son histoire industrielle, cité jeune et en croissance, a choisi la jeunesse pour force et cible de son projet culturel urbain », a relevé le jury, en se félicitant que cette ville de 150 000 habitants « entende renouer avec sa tradition d’éducation populaire et innover dans ses actions d’éducation artistique et culturelle ».

 

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Le TNP de Villeurbanne transformé en agora par les intermittents du spectacle

Un label décerné tous les deux ans

Le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael (PS), a salué dans cette distinction l’aboutissement de « vingt ans d’engagement dans la politique culturelle de la jeunesse »« Nous avions fait le choix d’un parti pris “place aux jeunes” qui aurait pu nous être défavorable, ce n’est pas bling-bling, mais le jury nous a fait confiance et a vu le socle très solide et très sincère sur lequel reposait notre candidature », a-t-il ajouté, saluant ce « second souffle » apporté aux « acteurs de la culture qui ont besoin d’une respiration ».

Villeurbanne est surtout connu pour son Théâtre national populaire (TNP), centre dramatique national créé en 1920 dans l’ancien bâtiment de la Maison du peuple au cœur du quartier historique des Gratte-Ciel, utopie moderniste des années 1930.

Mais, dans l’ombre de sa voisine lyonnaise, la ville affiche une politique culturelle originale et ambitieuse, avec notamment le festival de rue des Invites de Villeurbanne. Cette cité abrite une Ecole nationale de musique, un Institut de l’art contemporain et une Maison du livre, de l’image et du son.

 

Huit autres villes ou agglomérations étaient en lice : Angoulême, Brest, Laval, Le Mans, Metz, Saint-Paul de La Réunion, Sète et la communauté de communes du Val Briard en Seine-et-Marne.

Le label capitale française de la culture va, désormais, distinguer tous les deux ans un projet culturel d’une commune ou d’un groupement de communes de 20 000 à 200 000 habitants, dans la lignée des Capitales européennes de la culture.

Le Monde avec AFP

Légende photo : Des habitants préparent une installation pour le festival de rue des Invites de Villeurbanne, le 21 juin 2017. La ville a été désignée capitale française de la culture. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

 

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March 29, 2021 1:18 PM
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Elise Vigier retrouve Leslie Kaplan sous l’œil de Franz Kafka 

Elise Vigier retrouve Leslie Kaplan sous l’œil de Franz Kafka  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat dans son blog Balagan - le 29 mars 2021

 

Leslie Kaplan a écrit « Le Monde et son contraire » pour un acteur, Marc Bertin, mue par leur passion commune pour Kafka. Le spectacle mis en scène par Elise Vigier, qui parle le Kaplan couramment, aurait dû être créé pendant le second confinement. Au terme d’un itinéraire kafkaïen, le voici, pour l'heure, devenu invisible..

 
 

L’écrivaine Leslie Kaplan a vu la femme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. On peut le dire comme ça. La femme, c’est Elise Vigier, l’homme, c’est l’acteur Marc Bertin et l’ours, c’est Franz Kafka. On pourrait dire aussi que Leslie Kaplan a écrit le portrait d’un acteur qui, à force de lire Kafka, a fini par lui ressembler jusqu’à devenir son double et que, pour tout arranger, la metteuse en scène Elise Vigier a donné un corps à ce double, celui du danseur élastique Jim Couturier.

 

Bref, c’est un portrait, qui entre dans l’excellente série de portraits que nous offre la Comédie de Caen, dont Elise Vigier est la directrice associée (aux côtés de Marcial Di Fonzo Bo). Mais la pièce effectue un pas de côté : est-ce le portrait de Marc Bertin, ou bien celui du Kafka selon Bertin ? A moins que cela soit celui de Kafka par Bertin ? Ou encore Kafka, cet amoureux du théâtre, se mettant dans la peau de Bertin, cet amoureux de Kafka ? C’est à n’y rien comprendre. La preuve, c’est que la pièce de Kaplan a pour titre Le Monde et son contraire. Vous l’avez compris, c’est un spectacle kafkaïen de bout en bout. Et tendrement drôle, du début à la fin.

C’est son prof de français au collège qui a appris au héros de la pièce de Kaplan, autrement dit, au futur acteur Marc Bertin, ce que voulait dire le mot kafkaïen en faisant lire à sa classe La Métamorphose. Un livre – l’un de ses premiers récits – où Kafka n’attend pas la seconde phrase pour nous mettre dans le bain : « Gregor Samsa se réveilla un beau matin au sortir de rêves agités, il se retrouva transformé dans son lit en une énorme bestiole immonde. » C’est la traduction proposée par l’équipe dirigée par Jean-Pierre Lefevre qui a magnifiquement édité l’œuvre de Kafka dans la Pléiade. Une autre traduction, en livre de poche, parle de « monstrueux insecte ». Toujours est-il que le mot allemand ungeziefer veut dire vermine . Comment choisir ? Comment s’y retrouver ? Même les traducteurs s’y mettent à plusieurs pour rendre Kafka encore plus kafkaïen qu’il ne l’est.

Tout comme le portrait de Leslie Kaplan qui avance en crabe, en jouant des tours et en prenant bien des détours. L’acteur-personnage se demande s’il n’est pas une « espèce de vermine », s’il ne faut pas être une vermine pour jouer un rôle pareil.

Marc Bertin aurait dû être ouvrier en usine comme son père ; c’est ce qu’il voulait, le père. Mais le fils de Tourcoing s’est métamorphosé en acteur. Le professeur de français au collège n’y est pas pour rien. Résultat : cela fait près de vingt ans que Marc Bertin fait parie de la compagnie Les Lucioles, avec Elise Vigier, Pierre Maillet et les autres. Et voilà que Kafka lui retombe entre les pattes, lui qui, après La Métamorphose – son rituel d’initiation –, s’était attelé à lire tout Kafka au fil des années. Y compris le Journal où le jeune Franz, cet amoureux du théâtre, offre des fleurs à l’actrice Madame Tschissik dont  Kafka dit aimer écrire le nom.

Il ne restait plus à Leslie Kaplan qu’à conjuguer son plaisir à lire Kafka et celui de voir jouer Marc Bertin. Quant à Elise Vigier, elle retrouve une écrivaine qu’elle connaît bien. On n’a pas pas oublié les pièces loufoques de Kaplan qu’elle a mises en scène avec Frédérique Loliée, Déplace le ciel ou Louise elle est folle (lire ici). Cette pièce sur Kafka-Bertin risquait d’être plus kafkaïenne que foldingue. Kaplan l’a compris en établissant un parallèle entre Kafka et Charlot et leur commun couvre-chef. Elise Vigier l’a compris en demandant au danseur Jim Couturier d’y apporter son grain de folie. Et hop ! Tout le monde en sort gagnant.

 

Spectacle, vu en décembre dernier durant le confinement aux Plateaux Sauvages où il devait être joué du 9 au 21nov. Il devait être à l'affiche de la Comédie de Caen, théâtre d'Hérouville, du 24 au 26 mars, représentation également annulées.Qu'en sera -t-il  dans l'avenir?

 

Légende photo : Scène de "Le monde et son contraire" © Pauline le Goff

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March 28, 2021 3:44 PM
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"Maîtres anciens" de Thomas Bernhard, par Nicolas Bouchaud

"Maîtres anciens" de Thomas Bernhard, par Nicolas Bouchaud | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Fiction radiophonique, Texte de Thomas Bernhard, interprétation Nicolas Bouchaud. Version radiophonique du spectacle créé en 2017, diffusée sur le site de France Culture

 

 

 

Ecouter "Maitres anciens" (1h19)

 

 

Maîtres anciens publié en 1985 est l’avant-dernier roman de Thomas Bernhard. Il se déroule entièrement dans une salle du musée d’Art Ancien à Vienne. Trois personnages sont là. Atzbache, le narrateur, a rendez-vous avec le vieux Reger, critique musical.


"Maîtres anciens" de Thomas Bernhard• Crédits : ©Jean-Louis Fernandez012
Note d’intention de Nicolas Bouchaud (extraits)

Note d’intention de Nicolas Bouchaud (extraits)

Atzbacher – le narrateur – a rendez-vous avec le vieux Reger, critique musical que depuis trente ans le gardien du musée, Irrsigler, laisse s’asseoir sur sa "banquette réservée "dans la salle Bordone en face du tableau du Tintoret : "L’homme à la barbe blanche". Atzbacher arrive un peu en avance pour observer son ami Reger, récemment devenu veuf. Nous n’apprendrons qu’à la toute fin la raison qui a conduit Reger à donner rendez-vous à Atzbacher. Dans ce laps de temps contenu entre l’arrivée d’Atzbacher au musée et l’explication finale du rendez-vous par Reger, l’écriture de Bernhard ouvre un espace de parole. Dans ce présent en suspens, naissent par la voix des personnages des spéculations, des réflexions sur l’art, l’état catholique, la saleté des toilettes viennoises, le deuil, les guides de musée ou encore sur l’industrie musicale « véritable massacreur de l’humanité »… (La liste n’est pas exhaustive). En grand satiriste, Bernhard, plus encore que dans ces autres romans, pousse à bout sa machine obsessionnelle et éruptive. Reger ne ménage personne et s’en donne à cœur joie. C’est un joyeux massacre dont les victimes principales sont Stifter, Heidegger, Bruckner, Beethoven, Véronèse ou Klimt c’est à dire une partie du patrimoine culturel européen.   
"J’ai besoin d’un auditeur, d’une victime en quelque sorte pour ma logorrhée musicologique" dit Reger. […]   
L’écriture de Bernhard, par la puissance de son adresse, prend à parti le lecteur, convoque le spectateur, s’énonce à partir d’une scène imaginaire. Cela m’apparaît encore plus fortement dans ses romans que dans son théâtre. C’est une écriture physique où il arrive que le rythme d’une phrase transmette le message le plus important, on est sans arrêt en mouvement dans une fluctuation incessante entre le sublime et le grotesque de nos vies. Comme son sous-titre l’indique, Maitres anciens est « une comédie ». Chez Bernhard le rire est une vertu qui me ramène sensiblement au lien qui unit la littérature à l’air que nous respirons, au dehors, à l’oxygène. Le rire arrive comme un précipité chimique, par un effet d’implosion. Chaque phrase vient en surplus de la précédente jusqu’à la faire déborder, jusqu’à faire imploser le texte. J’y vois une forme de dépense prodigieuse du souffle et de la langue. Un « trop » de la parole. Une dépense. Une parole qu’on pourrait dire hors d’usage. […]   
On se tromperait, je crois, à ne voir dans Maitres anciens qu’une diatribe roborative contre l’art ou l’état autrichien. Au fil de cette digression infinie où le texte passe d’un sujet à l’autre, on entend les voix des personnages dévoiler des pans de leurs vies. À ces biographies fictives, Bernhard ajoute quelques moments de la sienne. Maitres anciens est un texte très peuplé, hanté par les voix des vivants et des morts. Je crois que comme Paul Celan, Bernhard n’oublie jamais de regarder la direction ultime de nos paroles. Peu à peu la satire fait place à un roman familial dans lequel s’intercalent quelques pages arrachées d’un journal de deuil. L’évocation grandissante par Reger de la mort de sa femme fait directement écho à la disparition de la compagne de Bernhard : « une ouvreuse d’horizons » comme il le dit lui-même dans un entretien. Dans tous ses romans Bernhard parle de la famille, à chaque fois qu’il veut la détruire, elle ressurgit en lui.  Ces "Maitres anciens "ne sont donc pas seulement les grands artistes et philosophes de notre patrimoine culturel, ce sont aussi ceux de notre propre descendance, de notre patrimoine familial. Reger, au beau milieu de la salle du musée, clame sa haine des artistes et de la famille et en même temps l’impossibilité de vivre sans eux. Cette apparente contradiction n’est pas une aporie. C’est une tension entre deux énoncés contraires qui allume la mèche. Ce que Bernhard interroge avec l’énergie d’un combattant c’est la notion d’héritage. Et le défi qu’il nous lance c’est de chercher une issue pour sortir du chemin tracé et balisé de notre histoire officielle.   
C’est autour de ces mots d’« héritage » et de « transmission » que nous chercherons une expérience, un geste singulier à partager avec les spectateurs. […]

Nicolas Bouchaud _(_Mars 2017).

 

Réalisation Pascal Deux Un projet de et avec Nicolas Bouchaud
Mise en scène Éric Didry Traduction française par Gilberte Lambrichs, publiée aux éditions GallimardAdaptation Véronique Timsit, Nicolas Bouchaud, Éric Didry Collaboration artistique Véronique Timsit Enregistré au Théâtre de la Bastille à Paris les 9 et 10 mars 2021
Le spectacle a été créé au Quai Centre Dramatique National Angers Pays de la Loire le 7 novembre 2017 et devait être joué en mars 2021 au Théâtre de la Bastille à Paris
Equipe de réalisation : Benjamin Perru, Antoine Viossat
Assistante à la réalisation Alexandra Garcia Vila Conseillère littéraire Caroline Ouazana

 

 

Biographie de Nicolas Bouchaud Comédien depuis 1991, il travaille d’abord sous les directions d’Étienne Pommeret, Philippe Honoré... puis rencontre Didier-Georges Gabily qui l’engage pour les représentations de Des cercueils de zinc. Suivent Enfonçures, Gibiers du temps, Dom Juan / Chimères et autres bestioles. Il joue également avec Yann Joël Collin dans Homme pour homme et L’Enfant d’éléphant de Bertolt Brecht, Henri IV (1e et 2e parties) de Shakespeare ; Claudine Hunault Trois nôs Irlandais de W.B. Yeats ; Hubert Colas, Dans la jungle des villes de Bertolt Brecht ; Bernard Sobel, L’Otage de Paul Claudel ; Rodrigo Garcia, Roi Lear, Borges Goya ; Théâtre Dromesko : l’Utopie fatigue les escargots ; Christophe Perton : le Belvédère d’Odön von Horvàth... Jean-François Sivadier l’a dirigé dans : L’impromptu Noli me tangere, La Folle journée ou Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, Italienne scène et orchestre, La Mort de Danton de Georg Büchner, Le Roi Lear de Shakespeare (Avignon Cour d’honneur), La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau créée au TNB en 2009, Noli me tangere de Jean-François Sivadier, création au TNB en 2011 et en 2013, Le Misanthrope (Prix du Syndicat de la Critique). En 2012, il joue dans Projet Luciole, mise en scène de Nicolas Truong, au Festival d’Avignon dans le cadre de « sujet à vif ». Il joue et co-met en scène Partage de Midi de Paul Claudel, en compagnie de Gaël Baron, Valérie Dréville, Jean-François Sivadier, Charlotte Clamens à la Carrière de Boulbon pour le Festival d’Avignon en 2008. Il joue en 2011 au Festival d’Avignon, Mademoiselle Julie de Strindberg mise en scène Frédéric Fisbach avec Juliette Binoche, spectacle filmé par Nicolas Klotz. Il adapte et joue La Loi du marcheur (entretien avec Serge Daney) mise en scène d’Éric Didry en 2010 au Théâtre du Rond-Point et en tournée ; il met en scène Deux Labiche de moins pour le Festival d’Automne en octobre 2012. Au cinéma, il a tourné pour Jacques Rivette Ne touchez pas à la hache, pour Edouard Niermans, La Marquise des ombres, Pierre Salvadori Dans la cour, Jean Denizot La Belle vie, Mario Fanfani Les Nuits d’été... En 2103, dans une mise en scène d’Éric Didry il joue dans Un métier idéal (Festival d’Automne – Théâtre du Rond-Point). 2014/2015, il reprend La vie de Galilée dans la mise en scène de Jean-François Sivadier. En 2015, il adapte et joue Le Méridien d’après le livre de Paul Celan, mise en scène Éric Didry. En 2017, il adapte Maîtres anciens (comédie) de Thomas Bernhard, mise en scène Éric Didry. Il est depuis 2015 artiste associé au Théâtre national de Strasbourg dirigé par Stanislas Nordey

 

 

Biographie de Éric Didry

Éric Didry se forme auprès de Claude Régy, comme assistant à la mise en scène et comme lecteur pour les Ateliers Contemporains. Il travaille également comme collaborateur artistique de Pascal Rambert. À partir de 1993, il devient créateur de ses propres spectacles : Boltanski / Interview (1993) d’après Le bon plaisir de Christian Boltanski par Jean Daive, Récits / Reconstitutions, spectacle de récits d’expériences personnelles (1998), Non ora, non qui d’Erri de Luca (2002), Compositions, nouveau spectacle de récits (2009). En 2010, il met en scène La Loi du marcheur (entretien avec Serge Daney) avec Nicolas Bouchaud. Il crée en 2012 Qui-Vive, spectacle conçu avec le magicien Thierry Collet. En 2013, toujours avec Nicolas Bouchaud, il met en scène Un métier idéal adapté du livre de John Berger. En octobre 2015, à nouveau avec Nicolas Bouchaud, il créé Le Méridien d’après Paul Celan. En janvier 2017, il met en scène Dans la peau d’un magicien, spectacle conçu avec Thierry Collet. En novembre 2017, il met en scène Maîtres anciens (comédie) de Thomas Bernhard, un projet de et avec Nicolas Bouchaud. Il collabore avec d’autres artistes comme les chorégraphes Sylvain Prunenec et Loïc Touzé, le créateur son Manuel Coursin. La pédagogie tient une place importante dans son activité. Il intervient régulièrement à l’École du Théâtre National de Bretagne dont il est membre du conseil pédagogique. Depuis de nombreuses années, il anime régulièrement en France et à l’étranger, des ateliers de récits où il réunit acteurs et danseurs.

 

Légende photo : Maîtres anciens" de Thomas Bernhard Crédits : ©Jean-Louis Fernandez

Bernadette Cassel's curator insight, April 29, 2021 11:03 AM

 

Biographie de Nicolas Bouchaud

 

"Comédien depuis 1991, ...

... En 2017, il adapte Maîtres anciens (comédie) de Thomas Bernhard, mise en scène Éric Didry. Il est depuis 2015 artiste associé au Théâtre national de Strasbourg dirigé par Stanislas Nordey"

 

Biographie de Éric Didry

 

"Éric Didry se forme auprès de Claude Régy, comme assistant à la mise en scène et comme lecteur pour les Ateliers Contemporains. Il travaille également comme collaborateur artistique de Pascal Rambert. À partir de 1993, il devient créateur de ses propres spectacles...

... La pédagogie tient une place importante dans son activité. Il intervient régulièrement à l’École du Théâtre National de Bretagne dont il est membre du conseil pédagogique. Depuis de nombreuses années, il anime régulièrement en France et à l’étranger, des ateliers de récits où il réunit acteurs et danseurs.