Niveau art de la chapellerie sous acides, certains d’entre vous pouvaient penser qu’Homo sapiens détenait la palme pour les chapeaux les plus fous… haut le scalp!
(La Princesse Eugenie de York et la Princesse Beatrice de York)
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Niveau art de la chapellerie sous acides, certains d’entre vous pouvaient penser qu’Homo sapiens détenait la palme pour les chapeaux les plus fous… haut le scalp!
(La Princesse Eugenie de York et la Princesse Beatrice de York)
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D’ailleurs, petite parenthèse, saviez vous que la faiblesse de l’état mental des chapeliers a une raison prosaïque: au XIXème siècle, les peaux destinées à la confection des chapeaux étaient traitées au nitrate de mercure pour les préserver. Or, une intoxication au mercure entraine des dérèglements profonds des capacités cérébrales avec notamment émergence d’hallucinations.
(Le Chapelier fou d'Alice au Pays des Merveilles)
Ces chapeaux, ou casques, les membracides semblent les utiliser le plus souvent pour se fondre dans leur environnement. Jugez plutôt avec ces membracides déguisés en épines…
(Umbonia crassicornis et Antianthe sp)
(Notocera bituberculata, le Membracidae en forme de crotte d'oiseau)
Mais parfois on se demande s’il y a mimétisme ou pas:
[Sphongophorus (Cladonota) ballista]
Bref, la plupart d’entre nous aura vu ces images, se sera extasiée, et aura continué son petit bonhomme de chemin sans prêter une plus longue attention à ces fascinants insectes. On fait d’ailleurs bien la même chose avec les chapeaux de ces dames britanniques, en ne nous souciant pas des origines psychologiques qui les poussent à acheter à prix d’or, puis porter, les œuvres exposées plus haut…
(Position des membracides dans un arbre phylogénétique simplifié des insectes, Prud'homme et al, 2011)
Mais on y apprend aussi que le groupe d’espèces le plus proche des membracides, en terme de parenté, est celui des cicadas… Mince, c’est un terme anglophone… Peut-être que le son suivant vous mettra alors la cicada à l’oreille:
[SSAFT Film Production Proudly Presents] Les Cigales d'Anniversaire : http://tinyurl.com/2en9frs
(Photo : Cigale, Patrice René)
Mais en plus de nous surprendre sur la parenté étrange des membracides, l’arbre phylogénétique précédent nous apprend également que l’émergence de l’étrange casque des membracides (symbolisée par une flèche noire) a coïncidé avec la diversification de ces espèces, il y a 40 millions d’années. Ça veut dire en gros qu'au moment où les membracides ont divergé des autres hémiptères, il est vraisemblable qu’ils possédaient déjà leur casque caractéristique.
(Le pronotum)
L’autre camp défend l’idée qu’il s’agit plutôt d’appendices dorsaux du pronotum. Un débat existentiel, comme on ne sait plus en faire!
Sachant que le thorax est séparé en 3 segments, le prothorax, le mésothorax, et le métathorax notés couramment T1, T2 et T3, les segments T2 (meso-) et T3 (meta-) portent généralement une paire de pattes et une paire d’ailes et le segment T1 porte uniquement une paire de pattes. Comme c’est super clair, vous avez même pas besoin du schéma suivant, mais je le mets quand même:
[Le thorax se compose de 3 segments (prothorax, mésothorax, métathorax), 3 paires de pattes et 2 paires d'ailes y sont fixées.]
Du coup vous pouvez quand même comprendre que, sachant qu’aucun insecte actuel ne porte d’appendices sur T1, les braves entomologistes qui postulaient que le casque des membracides est un appendice du segment T1 étaient la risée de leur communauté scientifique.
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Il faut dire que les chapeliers n’ont jamais tari d’imagination pour concevoir leurs couvre-chefs que ce soit au XVIIIème siècle…
(Chapeau à Aigrette)
Revenons-en à notre prétendue suprématie dans la loufoquerie chapeautesque: il faut le savoir, dans la mode des chapeaux fous, il y a une très rude compétition dans la nature, et notamment chez une famille d’insectes aux casques abracadabrantesques, les Membracides:
(Diversité morphologique des Membracides via leur chapeau, Prud'homm et al, 2011)
Certains entomologistes s’amusent même à postuler que la fonction de ces casques est de pouvoir communiquer avec la planète dont proviennent les membracides… en même temps c’est pas en étant entomologiste qu’on se garantit d’avoir un humour à toute épreuve…
(Cladonota)
Qu’y apprend-on? Et bien déjà que les Membracides appartiennent au groupe des insectes hémiptères dont voici un panel représentatif: (Les hémiptères)
On a un peu du mal à y croire, jusqu’à ce qu’on compare les deux insectes, le membracide déchapeauté:
[Comparaison d'une cigale (Tibicen sp.) et d'un membracide (Publilia modesta), Prud'homme et al, 2011]
Depuis les années 50, le camp de l’extension du pronotum semblait cependant avoir largement gagné la bataille: d’une part, de nombreux hémiptères portent des extensions du pronotum, comme la punaise Dysodius magnus:
(Dysodius magnus)
Par contre, à l’heure actuelle, aucun insecte vivant ne porte d’appendices dorsaux sur le premier segment du thorax. Pour information, ce qui distingue un appendice d’une simple extension du pronotum, c’est la présence d’une articulation entre le pronotum et l’appendice qui rend l’appendice mobile par rapport au reste du corps de l’insecte. Sur le thorax des insectes, il y a 6 appendices ventraux, les pattes, et généralement 4 appendices dorsaux, les ailes. Et si vous chopez un insecte, vous pourrez constater en effet que les ailes et les pattes sont reliées au reste du corps par une jonction articulée et qu’il s’agit bien d’appendices mobiles par rapport au reste du corps (et maintenant relâchez cet insecte bande de brutes!).
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