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Cap Métiers NA
October 5, 2023 5:25 AM
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Reprendre confiance pour se remettre en mouvement
Sandrine Toudic, Valérie Jourdan et Séverine Ménard sont conseillères en insertion professionnelle à l’Espace Mosaïque, le centre socio-culturel de Courçon (Charente-Maritime). Elles animent le dispositif Mobilis’action, un parcours de remobilisation destiné à tous les publics qui ont besoin de reprendre confiance en eux. Mobilis’action est financé par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation ». D’où vient Mobilis’action ? Nous avions une action précédente qui s’appelait ODAS (voir notre article ), et nous avons souhaité reprendre une partie de son contenu en y apportant certaines modifications. C'est comme ça qu'est né Mobilis’action. L'idée principale est qu’il fallait proposer un parcours d'ateliers, plutôt que de faire tous les ateliers en même temps et au même moment, de les mobiliser progressivement. Quel est son principe ? Pendant le premier mois, on s'appuie sur des ateliers pour enclencher des changements. On fait appel à des supports comme les jeux de rôle, l'activité physique, la gestion des émotions et du stress. Et puis de l'art thérapie, qui consiste à créer une sorte de carnet de bord à base de collages, de textes, un support de développement personnel. Dans une deuxième phase, on est sur « j'expérimente », avec des ateliers autour de l'image de soi, le numérique et puis toujours l'art thérapie et le sport. Et la dernière phase, c’est plutôt « j'ose aller vers » avec de la création musicale, des visites d'entreprises et de plateaux de formation, des immersions, du bénévolat. Les trois phases sont réparties sur 4 mois, à raison d'environ 2 jours et demi par semaine. Nous intervenons pour introduire de la réflexion sur le projet professionnel, sur les compétences, sur la valorisation de parcours, la connaissance de soi, les différents domaines d’activité, etc. Au démarrage, nous proposons aux participants de réfléchir ensemble sur des règles de vie du groupe : prévenir en cas d’absence, respecter la parole des autres, oser parler sans être jugé. Les règles sont coconstruites, elles ne sont pas imposées. Le but est de former un collectif qui prenne en compte l'individualité de chacun. Quel est votre public ? Notre public présente des vulnérabilités en matière de santé, d'isolement, de confiance en soi. C’est pour ça que l’objectif du projet est vraiment de restaurer l'estime de soi. Dans le premier groupe, constitué en début d'année, nous avons eu 8 personnes de 26 à plus de 50 ans, sur une quinzaine orientées par nos partenaires, qui ont assisté à notre réunion d’information collective. 8 personnes, c’est le bon format pour qu'il y ait de l’écoute, des échanges et la mise en confiance nécessaires. Puisqu’on travaille sur l'estime de soi, les émotions, ça nécessite qu'on puisse être assez disponibles et que l’effectif soit assez réduit pour permettre de se livrer plus facilement. Nous avons constitué un deuxième groupe en septembre. En matière de public, vous constatez des spécificités sur votre territoire ? Depuis quelques années, nous avons un public qui a subi de l'épuisement professionnel et qui se retrouve complètement démuni dans sa recherche d'emploi, de formation ou de réorientation. L'isolement et le manque de mobilité ajoutent à sa détresse professionnelle. Nous sommes en secteur rural, et les principaux bassins d'emploi sont à plus d'une demi-heure de route. Après 20 ans d’activité de notre association, on découvre toujours des profils différents, des nouvelles personnes qui n'avaient jamais franchi la porte du centre social. Quel est le travail que vous effectuez sur le projet professionnel ? Nous avons des ateliers autour de la recherche de projets, l'emploi, dès le début du parcours. On aborde la question sous l’angle des centres d'intérêt, des valeurs de la personne, leurs compétences et leurs qualités. Dans le groupe, nous avons des questionnements du genre « qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? », « je n’ai plus forcément confiance à l'entreprise, car j’y ai vécu des expériences et des moments très difficiles, allant jusqu’à un burn-out », ou « je n’ai pas d'expérience du tout. » Le sujet central est toujours « qu'est-ce que je peux faire de ma vie professionnelle ? ». C’est un problème que se posent même les diplômés que nous avons, qui interrogent le sens et l’utilité de leur formation. Nous travaillons autour de la connaissance de soi, du territoire, de leur bassin de vie. Petit à petit, on aborde des notions d'emploi, de formation et de compétences. Le jeu de rôle, par exemple, consiste à se créer un personnage fictif avec lequel ils font des choses qu’ils n’arrivent pas forcément encore à réaliser dans la vie. Quel est l’objectif à l’issue des 4 mois ? L’objectif final, c’est déjà se sentir mieux, de lever leurs peurs et leurs freins face aux réalités de l’emploi et de la formation. C’est important d’être dans l'accueil et la bienveillance. Même si on parle tout de suite de projets professionnels, on ne leur met pas de pression pour ne pas engendrer de peurs supplémentaires. La pression, ils se la mettent suffisamment tout seuls. Pour eux, c’est déjà difficile de faire ce pas, de venir régulièrement, de respecter des horaires, de jouer le jeu et de faire confiance. Mais ils ont un objectif et face au groupe, ils sentent qu’ils se doivent d'être présents. Pour nous, ce qui est positif c'est aussi de voir leur transformation ne serait-ce que physique, c’est-à-dire s’apprêter, prendre soin de soi et faire attention à son image, oser prendre la parole en groupe, sortir de son domicile, se socialiser. Qu’avez-vous constaté que vous n’aviez pas anticipé ? Beaucoup de personnes nous disent que grâce à cette action, elles ont repris confiance, elles ont pu oser faire des choses. C’est toujours étonnant qu’un projet comme celui-ci puisse avoir autant d'impact psychologique chez les gens. Et des résultats sur leur socialisation. Il y a vraiment une émulation dès le départ, une solidarité au quotidien, et c'est ce qui les a maintenus tout le long, parce qu’en dehors ils continuent à vivre leurs difficultés propres. Les participants ne se seraient probablement pas rencontrés dans d'autres contextes. Ils ont vraiment créé quelque chose de l'ordre d'un soutien collectif. En passant par Mobilis’action, les publics sont prêts à se poser des questions sur leur avenir professionnel, tenter de nouvelles expériences en allant faire des enquêtes métier, des immersions dans des secteurs d'activité auxquels ils n’auraient pas pensé. Avant, ils ne le faisaient pas, peut-être par méconnaissance. Pensez-vous qu’il faudrait apporter des améliorations à votre dispositif, et si oui lesquelles ? Il faudrait peut-être, après l’action, organiser un atelier avec le groupe tous les mois, peut-être pendant 6 mois, pour continuer à animer leur temps collectif. C’est une source d'angoisse pour eux, surtout les plus fragiles, parce que tant qu’ils sont dans le dispositif, ils suivent un certain rythme, ils sont redynamisés, ils ont envie d'aller de l'avant, et la dynamique retombe brutalement. Ils seraient partants pour que nous organisions des temps réguliers après l’action, pour que sa fin soit moins brusque. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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Cap Métiers NA
September 21, 2023 7:39 AM
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Le sport au service de l’apprentissage des savoir-être
Hugo Lanvers est directeur de Sport Emploi, association créée en 2005 à Floirac par Jean Trillo, ancien international du XV de France, qui voulait s’appuyer sur les valeurs du sport pour mobiliser les jeunes en difficulté d'insertion. Aujourd’hui, Sport Emploi travaille sur l'impact social du sport. Son cœur d'action reste l'insertion professionnelle, mais elle intervient aussi sur d'autres champs comme l'éducation, la cohésion sociale, la santé, le bien-être. Son projet Mobi’Sport est financé par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation ». D’où vient le programme Mobi’Sport ? Mobi’Sport a été créé en s'appuyant sur la pédagogie que nous avions mise en place il y a 10 ans pour le dispositif « AVI passeport », en partenariat avec l'IUT de Bordeaux. AVI passeport fonctionne bien, sa pédagogie est pertinente, elle a vraiment un impact sur le public. Mais son accès est un peu restrictif, puisqu'il impose des prérequis scolaires, au moins un niveau terminale. Nous avons réfléchi à un programme qui puisse répondre aux besoins d'un public plus étendu. Nous avons créé Mobi’sport en 2021, comme un parcours de remobilisation du public, d’une durée d’un mois. Nous en sommes à la troisième année, à raison de 3 sessions par an pour des groupes jusqu'à 20 participants. En quoi consiste-t-il ? Mobi’Sport est un programme de remobilisation par le sport et de travail sur les savoir-être. L'idée c'est qu'ensuite, les personnes puissent trouver un projet, quel qu'il soit, pas seulement un projet professionnel. Et on ne cible pas de secteurs en particulier. Le sport est notre support principal, mais nous proposons différents types d'ateliers d'accompagnement socioprofessionnel. Par exemple sur la prise de parole, du théâtre, du conseil en image, la connaissance de soi ou les techniques de recherche d'emploi. A quels publics est-il ouvert ? On ne ferme la porte à personne. Il y a toujours une problématique de départ, ce sont des gens éloignés de l'emploi ou de la formation, à des degrés divers. Nous avons surtout des participants de 16 à 30 ans, quelques-uns plus âgés. Le côté intergénérationnel est intéressant pour la remobilisation, en particulier pour les plus jeunes. Il a un vrai impact sur leur façon de se comporter. Les profils sont assez variés, nous avons des personnes très isolées qui ont juste envie de retrouver des interactions sociales, d’autres qui ont déjà une idée précise de leur projet professionnel, mais qui ont encore quelques freins sur lesquels il faut travailler, des questions d’addiction parfois. Souvent, c’est un problème au niveau de la posture, et ça ne passe pas toujours avec les employeurs. Comment trouvez-vous les participants ? Certains nous sont envoyés sur prescription. Nous travaillons beaucoup avec la mission locale des Hauts de Garonne, Pôle emploi, des partenaires associatifs, les CCAS, la Maison Départementale des Solidarités. A côté de ça, nous faisons des réunions d'information collective. Et nous avons développé des actions de proximité, notamment le projet « sport impact » qui consiste à organiser des séances de sport gratuites en pied d’immeuble. Cela nous permet de nous ancrer sur le territoire et d'être identifiés par les habitants. Le bouche-à-oreille fonctionne bien, les gens savent ce qu'on propose, ils viennent aussi par ce biais-là. Avant l’entrée dans le programme, nous faisons toujours des entretiens individuels, pour vérifier si Mobi’Sport est pertinent pour la personne, si c’est adapté à sa problématique. On évite d’accepter des gens qui viennent juste pour se défouler, mais qui n’ont pas de besoins par ailleurs. Pour nous, le projet professionnel est un véritable objectif, même si le parcours ne dure qu’un mois. Quel est l’apport particulier de l’approche par le sport ? Le sport c'est le respect des règles, une notion de cadre qui est très importante et dont les jeunes ont vraiment besoin. Pendant un mois, ils viennent tous les jours à 9 heures, du lundi au vendredi, ce qui nous permet d'installer ce cadre. On insiste beaucoup sur la ponctualité. La différence par rapport à un dispositif classique, c’est l'utilisation du sport, qui se fait moins à la mission locale, et la densité du programme qui crée une vraie dynamique. L'équipe est différente aussi, puisque nous avons surtout des éducateurs sportifs, ainsi qu’une conseillère en insertion professionnelle. Exigez-vous des prérequis en sport ? On va avoir tout type de profil, il y en a qui ne font que très peu de sport et ça se passe très bien, puisque les ateliers sont aménagés pour intégrer tout le monde. Le seul prérequis, c’est d’avoir un certificat médical d’aptitude à la pratique sportive. Certains nous disent que le sport, ça n’est pas trop leur truc. Le programme les attire, mais ils se demandent s’ils vont être au niveau. On leur explique qu’on ne cherche pas la performance. Comment s’organise une journée type ? D’abord le sport le matin. Chaque jour, nous travaillons sur une compétence, des savoir être attendus par les entreprises, indispensables pour un emploi ou une formation. Par exemple, on va faire une séance de foot-communication avec des ateliers construits pour que les groupes abordent les différentes formes de communication et progressent presque de façon inconsciente. Nous travaillons aussi sur l'autonomie, la persévérance, le respect des règles, la proactivité, etc. L'après-midi, les différentes activités sont en lien avec ce qui a été travaillé le matin. Dans notre équipe pédagogique, les éducateurs sportifs font le lien avec la conseillère en insertion sur le parcours de chaque participant, en signalant ce qu’ils ont observé le matin. Par exemple un jeune un peu renfermé, qui a tendance à ne pas trop s’exprimer en entretien, mais qui pendant les séances de sport va révéler des qualités de leader, qui va aider les membres de son équipe. Nous travaillons avec ces éléments, on cherche à faire prendre conscience au jeune que c’est quelque chose qu’il peut valoriser. Que faites-vous spécifiquement par rapport au projet professionnel ? Nous abordons le sujet tout de suite parce que c'est une réalité, on n’a pas peur de leur faire peur. Quand la confiance est instaurée, les jeunes arrivent à en parler assez librement. Le sport a aussi ce côté cohésion de groupe qui permet de créer un lien de confiance. Je trouve qu'on arrive assez bien à parler avec eux de projet professionnel. Les participants sont très bienveillants entre eux, ils se livrent plus facilement, ils arrivent à dire des choses très personnelles. Tout au long du mois nous leur proposons des découvertes métiers et des visites d'entreprises, dans plein de secteurs différents, parfois des secteurs vers lesquels ils ne se tourneraient pas. Mais c'est important de les ouvrir sur ce qu’ils ne connaissent pas. On fait en sorte que le jeune se pose des questions sur lui-même, sur ses caractéristiques, sur ce qui lui plaît. En face, on regarde ce qu'il y a sur le marché, quel secteur, quelles possibilités, il faut prendre le temps. Notre slogan cette année, c’est « du temps pour moi et mes projets ». Que considérez-vous comme une sortie positive ? Une sortie positive se traduit principalement par l’intégration en emploi, en formation ou dans un parcours d’accompagnement. Pour autant, nous attachons aussi beaucoup d’importance à l’évolution des comportements lors de la remobilisation. Certains jeunes peuvent être particulièrement renfermés au début, difficiles d’accès. Si nous les voyons évoluer dans leur posture professionnelle, leur rapport aux autres, leur capacité à se conformer au cadre mis en place, c’est gagné. Ça a d'autant plus de valeur que nous en accueillons certains qui, non seulement sont très éloignés de l'emploi, mais aussi du système de manière générale. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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Cap Métiers NA
September 7, 2023 7:59 AM
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David Métais est cofondateur de la société MySkillz, créée en 2020. Geoffrey Klein, en est le « product manager. » Les outils développés par MySkillz visent à démocratiser le développement des soft skills, les savoir être. Grâce au Fonds Régional d’Innovation pour la Formation (FRIF), Myskillz a élaboré un parcours pour des publics éloignés de l’emploi, en lien avec deux organismes de formation. Pouvez-vous nous décrire ce qu’est le programme MySkillz ? Ce que nous proposons, c’est une application et un catalogue de formation en format micro learning sur des thématiques de soft skills, de savoir-être, et des thématiques professionnelles. Nos programmes sont personnalisés. Les apprenants se perfectionnent à raison de 5 minutes par jour via la plateforme, grâce à des vidéos, des exercices pratiques. Ce sont des temps très courts, que les utilisateurs peuvent consulter à leur rythme, quand ils peuvent et où ils veulent. En complément, ils assistent à des ateliers en présentiel pour renforcer la mise en pratique de ces compétences. Un parcours, c'est une dizaine d'heures en autonomie. Les contenus sont accessibles pendant un an. Un des intérêts du micro learning, c’est qu’il est assez facile de revenir sur les capsules qui sont faites pour être visionnées plusieurs fois, en fonction des besoins. Ce ne sont pas des vidéos que l’on regarde une seule fois et qu'on connaît à vie. Sur quoi avez-vous basé votre réflexion ? Au cours de mes expériences professionnelles dans diverses entreprises, je me suis interrogé sur ce que je faisais au quotidien. J’ai rencontré des dirigeants, des DRH des formateurs, des doctorants, des coachs. J’ai constaté qu’il y a une corrélation directe entre soft skills et performance. En gros, plus un manager a des soft skills solides, plus l'équipe est performante, épanouie, et meilleure est la qualité de vie au travail. Il y a aussi moins de problématiques de burn-out, ou de personnes qui se réorientent parce qu’elles ont été déçues d'un métier ou d'une entreprise. Deuxième constat, c'est que les managers ou les DRH manquent de temps pour se former. L'idée était de travailler sur un outil de formation efficace, à distance, utilisable en parallèle du quotidien personnel ou professionnel. Comment avez-vous débuté ? Nous avons commencé à travailler sur l’ingénierie pédagogique avec des chercheurs et experts en neurosciences de l’ENS et l’Université de Bordeaux. Ensuite, nous avons très vite accompagné des organismes de formation puis des écoles, les universités de Bordeaux et de Pau, ainsi que l'académie de Poitiers. En parallèle, nous avons accompagné quelques entreprises. Nous sommes toujours reliés à un organisme de formation qui assure le présentiel pour nos accompagnements, soit une école, une université pour les étudiants, un organisme de formation dédiée aux demandeurs d'emploi ou à la formation continue pour les autres professionnels. Pourquoi le FRIF ? Avec le FRIF, nous expérimentons un parcours hybride axé sur les compétences comportementales, avec une pédagogie qui alterne les cours et le e-learning. L'idée est d'améliorer le lien entre la fin de la formation et le début de la vie professionnelle. Aujourd'hui, les entreprises recrutent essentiellement sur des notions de savoir-être et de posture, principalement sur des bas niveaux de qualification. L’idée d'accompagner le développement de ces compétences avec des personnes éloignées de l'emploi, c'était de voir quel impact cela pourrait avoir dans leur insertion professionnelle. On est vraiment sur de la formation. Qu’y-at-il de spécifique avec les demandeurs d’emploi ? Avec ce public, on est plutôt sur la prise en mains des soft skills dans le cadre de l'insertion professionnelle. Notre expérimentation est menée avec deux publics différents. Des apprenants qui suivent une formation en Agent de Propreté Hygiène (APH) avec Insup Formation, et d’autres sur l’anglais appliqué au tourisme avec le Greta. Pour eux, nous avons spécifiquement développé 4 formations liées à la reprise d'emploi : développer et maintenir sa motivation, la confiance et l'estime de soi, l'organisation de la recherche d'emploi, enfin la posture, comment se comporter en entretien. C’est un peu la boîte à outils d'un demandeur d'emploi qui sort avec un diplôme, de quelle manière on recherche un emploi aujourd'hui. Quel est le rôle des formateurs ? Nous avons travaillé directement avec les formateurs, on leur a présenté l'outil et comment le prendre en main, on a défini ensemble les parcours, sélectionné certains éléments. Nous leur avons fourni la pédagogie clé en main, qui comprend l'application, les contenus de formation, et toutes les fiches pour animer les ateliers. Pour les ateliers, nous les avons accompagnés sur certaines séances, pour qu'ils puissent organiser la mise en pratique des notions que les apprenants ont abordées à distance. Pour que ça fonctionne, il faut qu’il se prépare en amont, au besoin en échangeant avec nous. C’est essentiel d’avoir un lien fort avec les formateurs, de personnaliser l'accompagnement en fonction des typologies métiers qu’ils maitrisent mieux que nous. Ce sont eux qui font vivre les savoirs par le biais d'ateliers. Avez-vous connu des surprises ? Il y a un point auquel nous n’avions pas été trop confrontés jusqu'à présent, c'est la fracture numérique. Quand on accompagne des publics comme sur la formation APH et qu’on leur propose notre application de formation, nous constatons que regarder des vidéos toutes simples sur leur téléphone n’est pas toujours possible, parce qu’ils ne sont pas équipés ou qu’ils ne savent pas s’en servir. Les formateurs nous disent qu’ils voudraient pouvoir consulter les vidéos tous ensemble, les visionner sur grand écran afin que tout le monde puisse les regarder en même temps et avancer au même rythme. Nous n’avons connu ça, ni avec les publics étudiants, ni en entreprise, parce que cette fracture numérique n’existe pas. Le deuxième problème que nous avons rencontré, était de trouver des créneaux pour travailler avec les formateurs et caler les périodes de formation en atelier et sur l'application en fonction de leur planning. En pratique, cela a été très compliqué de les mettre en place, de trouver ces créneaux et de prendre le temps de leur présenter les formations. Les formateurs assurent la formation mais aussi tout le suivi administratif, ce qui fait qu’ils ont assez peu de disponibilités. Nous en avons même perdu en cours de route, parce qu'ils n’avaient pas le temps. Cela a été une surprise, on ne pensait pas que ce serait aussi difficile. Si nous devons le refaire, il faut vraiment que nous trouvions un moyen avec les structures pour assurer la disponibilité des formateurs. Quels enseignements avez-vous tiré de cette expérimentation ? Nous avons fait évoluer notre offre en cours de route. Par exemple, la capsule « gérer ses émotions », que nous ne voulions pas proposer au début mais qu’on nous a demandé d'intégrer dans le parcours APH. Nous nous sommes rendu compte qu'elle n’était pas pertinente. En revanche, les parties « dompter sa colère » et « tromper son ennui » ont mieux fonctionné. Typiquement, c’est l'expérimentation qui nous a permis de tester certaines séquences et d’en vérifier l’intérêt sur ces publics. Nous ne sommes pas là pour imposer le présentiel et le digital, mais plutôt pour bien tirer parti des deux modalités. Le présentiel présente un grand intérêt sur la prise de conscience et la mise en pratique. Alors que le digital offre plus de personnalisation, et permet de se former sur des temps très courts au moment où la personne est le mieux disposée. De plus, on peut facilement mesurer sa progression, c'est tout l'intérêt du digital. Marier le meilleur des deux mondes, c’est la manière la plus sûre d’accompagner efficacement les bénéficiaires. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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Cap Métiers NA
July 6, 2023 8:32 AM
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La gastronomie au service de l’emploi
« Des étoiles et des femmes » résulte d’une idée originale du chef étoilé Alain Ducasse. Son but est de mettre « l’excellence de la gastronomie » au service des femmes éloignées de l'emploi. En pratique, cette action propose à un public exclusivement féminin la possibilité d’obtenir un CAP de cuisine en un an, assorti d’un accompagnement socioprofessionnel. Pourquoi un public féminin ? D’une part en raison du fait que le personnel de cuisine est majoritairement masculin, d’autre part parce que le taux de chômage est plus important chez les femmes que chez les hommes. Enfin, à cause de la pénurie de profils qualifiés que connait le secteur. « Notre sélection se fait sur la base de la motivation de la personne à intégrer ce dispositif. 10 mois de septembre à juin, 2 semaines de vacances sur l'année, avec un rythme d'alternance d’un mois de cours, 3 semaines de stage. C'est très intense, particulièrement pour des femmes qui ont souvent quitté l'école il y a plusieurs années, » précise Sonia Josefowicz, chargée de projet de l’association bayonnaise Céleste. « Deuxième chose importante, c'est que nous choisissons des femmes majeures, quel que soit leur âge, qui ne pourraient pas accéder à un CAP classique sans notre aide. Pour l’instant, on est sur une moyenne d'âge de 35 - 40 ans » L'association Céleste existe depuis plus de 50 ans. Son domaine d’expertise est la petite enfance. C'est la première fois qu’elle porte ce type de dispositif. Elle fait partie des 13 structures qui animent ce projet un peu partout en France. Céleste a pris un tournant il y a 2 ans, parce que les familles sollicitaient de l’aide pour leurs enfants, mais qu’elles venaient aussi avec des difficultés familiales plus globales. « Avec ce projet, nous avons voulu aider l'ensemble de la famille. En soutenant les femmes éloignées de l'emploi à se former, à retrouver un emploi. C’est notre volonté de nous positionner de plus en plus sur des projets d'économie sociale et solidaire, par exemple sur la prévention sanitaire, la justice alimentaire et sur les inégalités. » Formation et accompagnement socioprofessionnel « Concrètement, c'est notre organisme de formation « Défi » qui porte « Des étoiles et des femmes », mais c'est le Greta qui dispense la formation au lycée de Navarre à Saint-Jean-Pied-de-Port. Il définit le contenu, la répartition des cours, les emplois du temps. De notre côté, nous nous chargeons de la partie administrative et de tout l’accompagnement socioprofessionnel. » Pour que les candidates suivent cette formation le plus sereinement possible, on les aide à lever certains freins comme la garde d'enfants, les remises à niveau en français, en mathématiques, la mobilité, l'achat de tenues professionnelles. La plupart sont hébergées en internat, les autres reçoivent une aide à la mobilité. Pour trouver les participantes de la première promotion, qui a débuté en septembre 2022, tous les prescripteurs ont été sollicités. Service Départemental de la Solidarité et de l'Insertion, Pôle emploi, missions locales, PLIE, le GIP DSU à Bayonne, toutes les structures qui ont vocation à rencontrer des femmes éloignées de l'emploi ont été informées du lancement du dispositif. Afin d’être retenues, les candidates doivent suivre plusieurs étapes, à commencer par un premier entretien individuel avec l’accompagnatrice socioprofessionnelle de l’association. Il est suivi d’un deuxième entretien pour répondre à des questions sur leur motivation, passer des tests de positionnement, des tests de compétences dans les savoirs de base, de manière à vérifier qu’elles aient un niveau suffisant pour le CAP. Ainsi que des tests dans le domaine de la vie collective. « Notre but c'est que le groupe reste ensemble jusqu'à la fin de l'année. On étudie toutes ces évaluations pour effectuer une première sélection. Ensuite un jury se réunit, composé de restaurants partenaires, du Greta, d'une personne du lycée de Navarre. C'est à l'issue de ce jury que l’on sélectionne 12 personnes. » Céleste travaille également en partenariat avec l’organisme de formation « Carrières & insertion » sur l’accompagnement social renforcé. Le programme comporte des ateliers sur la communication, sur la posture professionnelle, sur le sexisme au travail, le CV, la lettre de motivation. Ainsi que des ateliers bien-être, de réflexologie et de sophrologie. Il inclut également des visites d’entreprises, des vignobles, des fromagers, des agriculteurs, toujours liées à la cuisine, à l’alimentation et aux produits du terroir. Celles qui rencontrent plus de difficultés en cours peuvent bénéficier d’un soutien scolaire. L’accompagnatrice socioprofessionnelle intervient quasi quotidiennement. Pour chaque problème, elle essaie de trouver une solution, qu’il s’agisse de questions de santé, de logement, d'addiction, de garde d'enfants… « les participantes arrivent avec tous leurs passifs et toutes leurs problématiques. C’est pour ça qu’il nous faut une personne au quotidien qui prenne en charge ces problèmes et trouve des issues. Nous faisons aussi des entretiens individuels tous les mois, pour faire le point sur leur progression, leurs problématiques, etc.. » Une expérience valorisante C’est l’association qui choisit les restaurateurs et place les stagiaires dans les différents établissements. La plupart d’entre eux souhaitent rencontrer la stagiaire avant de l’accueillir. Ils s’engagent à lui transmettre leur savoir, à lui apprendre le métier de cuisinier. Seule véritable condition, qu’ils adhèrent aux valeurs du dispositif. « Nous travaillons avec des restaurants étoilés et gastronomiques, la concurrence est un petit peu rude mais il arrive qu’ils proposent des contrats pour la saison, ou du temps partiel sur du long terme. La particularité du dispositif, c’est de viser l'excellence de la gastronomie. Cela permet aux stagiaires d’ajouter une belle référence à leur CV. » La deuxième promotion est en cours de recrutement, pour un démarrage de la formation en septembre. « Même si on reçoit 30 personnes, mais qu’il n’y en a que 8 qui ont le profil, nous n’en retiendrons que 8. Il arrive que nous en écartions certaines lors du premier jury parce qu’elles sont trop diplômées. Ça n’est pas spécialement facile de dire à quelqu'un qu’on ne peut pas la prendre à cause de ses diplômes. En revanche, on les oriente vers d’autres formations. Dans un groupe, s’il existe une différence de niveau trop importante, ça se ressent dans la dynamique collective. » « Notre première promotion fut une réussite et tous nos partenaires, professeurs compris, sont très surpris que nous ayons conservé 12 personnes jusqu’à la fin de la formation. Nous ne les avons pas lâchées. Pour ma part, ce que je retiens, c’est leur motivation. Je suis ravie de les voir aussi motivées, compte tenu de tous les problèmes auxquels elles doivent faire face. » * "Des étoiles et de femmes" a reçu le soutien financier de la Région par l'appel à projets "soutien aux actions de développement dans les quartiers "politique de la ville".
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Cap Métiers NA
June 22, 2023 8:01 AM
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Parcours professionnels par l’exemple
« Combi Job est parti d’un constat que j’ai fait en 2020. Les jeunes que j'accompagnais, à peu près 70 par an, venaient beaucoup plus souvent qu’avant avec des questions sur la construction du projet professionnel, » décrit Séverine Biettlot, référente jeunes diplômés à La Boutique Club Emploi de Limoges (BCE). « Ils venaient moins pour chercher un emploi précis, parler de tel métier. Ils étaient beaucoup plus perdus, ils ne savaient pas trop quelle direction prendre. » Pour répondre à ces besoins identifiés, le projet Combi job a été pensé comme une étape destinée à aider les jeunes qui stagnent un peu dans leur réflexion, qui ont besoin de retrouver de l’énergie, de la motivation, une nouvelle impulsion. Il consiste à ajouter une nouvelle dimension à l’accompagnement, à leur permettre de changer leur regard sur le projet professionnel. Et de se sentir en quelque sorte autorisés à changer d'orientation et de direction. Le principe de cette action est d’aller à la rencontre de salariés volontaires, au sein de leur entreprise. Il ne s’agit pas d’organiser une session de recrutement, mais de créer des moments un peu privilégiés, où les professionnels témoignent de leur parcours et démontrent qu’une carrière n’est pas une ligne droite et toute tracée. Les jeunes peuvent leur poser spontanément toutes sortes de question. « Nous voulions sortir de la visite d’entreprise classique, vivre en quelque sorte une expérience en petit groupe. À la base c'était vraiment pour apporter un plus à l'accompagnement de certains volontaires. Au départ, il y avait un critère d’âge qui a été rapidement éliminé, parce qu'on se rendait compte que l’on pouvait proposer cette action à toute personne, pas uniquement à celles accompagnées par la BCE. Le seul critère qui subsiste, c’est d’habiter l’un des 9 quartiers de la politique de la ville, peu importe le niveau, peu importe l'âge. » Echanges et découvertes Côté entreprises, la volonté de la BCE est de sortir de Limoges, de solliciter des sociétés et des secteurs d’activités peu ou pas connus du grand public. En cherchant celles qui montrent un intérêt à faire partager leurs valeurs et leurs savoir-faire. « Je ne cherche pas à mettre en adéquation les profils des participants avec les entreprises. Ils ne savent qu’à la fin du dernier jour d'atelier où ils vont se rendre, parce qu’ils ne sont pas dans une relation de recrutement, mais dans une logique d’échange, de découverte de nouveaux métiers et secteurs. Nous voulons déconstruire la vision qu’ils ont de la relation avec les professionnels, leur montrer qu’ils sont accessibles. » En général, les professionnels sont très enthousiastes à l'idée de parler d’eux. Au point que la durée des rencontres est progressivement passée de 1 à 2 heures. Contrairement à un entretien, les échanges se font sur un pied d’égalité, sans enjeu. C’est aussi l’occasion pour les jeunes d’interpeller les professionnels qui n'ont pas toujours l'habitude qu'on leur pose des questions sur leur parcours. La seule « exigence » de la BCE, c'est que les salariés hôtes exercent des métiers différents, pour plus de variété dans les témoignages. « Plus j'avance, plus j'augmente la durée des rencontres, incluant un temps de visite de l’entreprise, parfois pour aller voir directement les salariés sur leur poste de travail. C'est une organisation qui se fait au cas par cas, selon les entreprises. » Pour ne pas mettre en difficulté les participants, la visite est précédée d’ateliers de préparation pendant lesquels ils apprennent à se présenter. Ils réalisent également une carte de présentation qui contient leurs coordonnées, leurs compétences et leurs diplômes. Un outil entre CV et carte de visite, qui sert de premier lien avec les professionnels. Dans le même esprit, une photo du groupe est envoyée à l’entreprise avant le jour J. Pour faciliter le processus et les déplacements, des ateliers sont parfois organisés directement dans les quartiers, comme à la cité de l'emploi à Beaubreuil ou au centre social municipal de La Bastide. Un Combi Job est très court, un temps fort réparti sur une semaine comprenant les deux jours d'atelier, la rencontre et le debrief. « Le debrief est très important parce qu’il ne faut pas que ça s'arrête brutalement sur la rencontre. Nous avons mis en place un questionnaire de ressenti à chaud des personnes. A ce stade, on se pose des questions de l’ordre de « qu'est-ce qu'on fait de cette expérience ? Est-ce que je veux en savoir plus ? Est-ce que je reprends contact ? Quelle suite quand on a fait un premier pas vers un professionnel ? Quelles sont les autres possibilités ? ». La BCE constitue des groupes de 5 ou 6, un nombre limité parce certaines personnes craignent le collectif, et qu’Il faut également s’adapter aux capacités d’accueil des entreprises. Plus les profils sont diversifiés en matière d’âge, de niveau de formation et d’expérience, plus les échanges sont riches. Par ailleurs, la durée d’une session, relativement courte, permet à une personne de participer alors qu’elle se trouve déjà en CEJ, en accompagnement PLIE, Pôle emploi, Mission Locale ou BCE. Pour elle, c’est une sorte de pause, un pas de côté pendant une semaine. Avec pour objectif de lui redonner de l’énergie, une véritable impulsion. Ouvrir des nouvelles perspectives Pour autant, l’action combi job ne prétend pas faire de miracle. Ce n’est pas le lendemain de la rencontre que les participants trouvent un emploi. Mais les mettre en situation de voir les professionnels d’un autre œil, se rendre compte que ce sont des personnes accessibles, constitue un véritable changement. En complément, ils découvrent des environnements professionnels qu'ils ne connaissent pas, auxquels ils ne songeraient pas, des métiers dont ils ignoraient même l’existence. « Ces déclics-là sont très importants. Ils leur ouvrent des perspectives qu’ils n'avaient pas. Ils poussent les participants à s’engager dans une réflexion, à trouver de nouvelles idées, pour éventuellement, plus tard, chercher un stage, faire une formation. Les résultats de l’action se voient à plus long terme, progressivement, en fonction de leurs démarches et de leur évolution. » Avec 5 ou 6 sessions par an, la BCE n’envisage pas d’augmenter le rythme des Combi Job, ne serait-ce que pour éviter une sorte de traitement à la chaîne. Cette action n’a de sens que si elle est bien préparée en amont. Sans compter qu’il faut trouver les entreprises et les salariés qui acceptent de prendre de leur temps pour accueillir des groupes et partager les différentes étapes de leur parcours, les difficultés rencontrées et leurs questionnements. Le projet professionnel est un terme qui est couramment utilisé, qui peut paraître simple de prime abord. Mais il est en réalité plus complexe. « Quand j’aborde cette question avec les jeunes je leur dis bien que ce n’est pas parce qu’on ne sait pas ce que l'on veut faire, qu’on n'a pas de projet professionnel. Ça les interpelle, ils se rendent compte, grâce à nos échanges, qu'ils ont déjà fait beaucoup de choses et que ça constitue déjà une ambition, ou en tout cas une direction. » « La confiance en soi est vraiment renforcée par les échanges, notamment lors des ateliers de préparation. Cela nous permet aussi de démystifier ce qu’est un objectif professionnel, ce qu’est une compétence. On déconstruit vraiment les idées préconçues des participants, et on enlève la pression opérée par la fameuse question « c'est quoi ton projet professionnel ? ». Avec Combi Job, nous faisons prendre conscience aux participants qu’ils sont légitimes à en avoir un. »
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Cap Métiers NA
June 8, 2023 5:43 AM
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Nouvelle dynamique pour le GARF
Cécile Gouspy est responsable de l’organisme de formation continue de l’Institut des Métiers de la Santé (IMS Académie) du CHU de Bordeaux. Elle a récemment repris la présidence du Groupement des Acteurs et Responsables de Formation (GARF) de Nouvelle-Aquitaine. Son objectif est de relancer la dynamique collective du groupe régional, après qu’il a connu un ralentissement important de ses activités lors de la crise sanitaire. Que pouvez-vous nous dire sur le GARF ? Depuis l’origine, le GARF a pour objectif de rassembler, dans une communauté de pairs, des gens qui ont tous le même point commun, celui d'agir sur la formation professionnelle. Le GARF s’adresse aux responsables formation, aux directeurs formation en entreprise, qu'ils soient dans le public ou dans le privé. Plus largement, à tous les acteurs de la compétence, ainsi qu’aux acteurs du monde institutionnel de la formation professionnelle. Qu’est-ce qui différencie le GARF d’une autre association de responsables RH ? Le secteur de la formation professionnelle évolue très rapidement. Même s'il appartient au monde des ressources humaines, il existe une spécificité via le cœur de métier qu’est l'ingénierie de formation : l'analyse du besoin pour trouver la meilleure solution. Les responsables formation exercent beaucoup de responsabilités au sein d'une entreprise. Nous devons être multi compétences, c'est-à-dire que nous devons être autant sur l’ingénierie de formation, que sur le droit de la formation, l’ingénierie financière, etc. Cela reste donc vraiment une nécessité d'avoir une association dédiée, parce que le domaine est vaste et les évolutions constantes. Quels sont vos projets pour 2023 ? Nous avons souhaité organiser 4 événements pour 2023, afin de relancer la dynamique du groupe. Le premier a eu lieu le 21 mars dernier, au siège Cap Métiers Nouvelle-Aquitaine à Pessac, autour de l'actualité de la formation professionnelle à destination des responsables formation en entreprise. Nous avons souhaité démarrer par une action en partenariat avec Cap Métiers, parce que c’est une collaboration historique avec un acteur institutionnel régional important. Un deuxième événement s'est tenu le 6 juin sur la thématique du « design thinking ». En quoi cette méthode interroge l'ingénierie de formation ? Quelle plus-value apporte-t-elle ? L’ingénierie constitue le cœur de métier des responsables formation mais également le point sensible. C’est là que nous avons le plus de difficultés, c'est à dire à mobiliser et sensibiliser les partenaires internes pour définir les besoins de formation et ne pas se contenter de demandes ou de commandes. En septembre, nous aurons un atelier sur le coaching. Les acteurs RH connaissent bien le coaching individuel, mais le coaching collectif, le coaching d’organisation, c’est encore autre chose. Lorsqu’une équipe rencontre des difficultés de performances ou a du mal à travailler ensemble, on peut utiliser les techniques du coaching pour la faire mieux collaborer ou collectivement trouver des solutions. Nous voulons consacrer le dernier rendez-vous de l’année à l'organisation apprenante avec SOL France, via un évènement national en distanciel. Quelles sont les perspectives du GARF régional ? En Nouvelle-Aquitaine, nous avons une dynamique particulière parce que le GARF national nous laisse une grande marge de manœuvre en matière d’organisation. Notre priorité est vraiment de recréer une dynamique de rencontre, d’ouvrir un espace de coopération. C’est pour cette raison que nous ne proposons pas nos événements qu’aux seuls adhérents. Nous voulons avant tout faire connaître le GARF, attirer les nouveaux responsables formation du tissu économique local que nous ne connaissons pas, toujours dans le but d'enrichir notre communauté de pairs. Aujourd’hui, notre bureau compte une dizaine de personnes, et autant de sympathisants, qui essaient de faire vivre le GARF au niveau local. Nous sommes ouverts à toute demande de responsable formation pour nous rejoindre et apporter des idées d'autres formats. Je souhaite également que nous ayons du plaisir à être ensemble, à se rencontrer, à échanger. Je pense que c'est important. Quel public espérez-vous toucher par vos actions ? Nous voulons rassembler de nouvelles énergies, des gens qui ont envie de s'investir. Notre ambition est d’organiser des évènements qui attirent du monde, qui soient visibles, afin que l’on puisse rencontrer des gens, créer des réseaux, faire venir des personnalités locales ou nationales… Aujourd’hui, le secteur bouge vite, les gens ne restent pas en poste. Nous avons besoin de renouvellement. Nous avions surtout envie de nous rencontrer, en présentiel. En commençant par Bordeaux. Nous verrons ensuite pour nous développer progressivement à la Nouvelle-Aquitaine. Je pense que nous sommes déjà ambitieux en organisant 4 événements de qualité. Quels sont aujourd'hui les besoins ou les enjeux principaux exprimés par vos confrères ? Les interrogations les plus prégnantes concernent les métiers en tension, la fidélisation et le rôle de la formation dans l’attractivité. La question des financements est toujours présente également. Mais c'est une dimension qui sera toujours présente, parce que même si le législateur a voulu simplifier le système, il reste complexe pour les acteurs de la formation. Parmi nos futurs projets, nous voulons reprendre le partenariat avec l'université de Bordeaux, et son département des sciences de l'éducation, pour la mise en place d'un colloque annuel coconstruit avec les étudiants. La fidélisation et l’attractivité sont des thèmes que nous leur proposerons d'aborder. Je pense que ça mérite un temps fort.
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Cap Métiers NA
May 25, 2023 7:17 AM
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Le panier formation des Restos du Coeur
Marie France HUGON est présidente des Tremplins des Restos du Cœur, qui est l’organisme de formation des Restos du Cœur. Leur projet "Les tremplins 100% mobilisés" est lauréat du PIC 100% inclusion. Que représentent aujourd’hui les Restos du Cœur ? Les Restos du Cœur, c’est un siège national à Paris et, dans chaque département, au moins une association départementale. En tout il y en a 117. Chacune a un contrat d'agrément avec l'association nationale, tout en gardant une certaine autonomie. L'aide alimentaire reste le socle des Restos, mais aujourd'hui « l’aide globale à la personne » fait partie du Projet Associatif National des Restos. Un accompagnement sur les problématiques de santé, de langue, d’accès au droit à la justice, au travail, est proposé aux personnes accueillies dans les centres d’activité des Restos. Quel est le rôle des Tremplins dans cet ensemble ? Les Tremplins sont uniques aux Restos. Ils ne sont pas comparables aux associations départementales, dans la mesure où ils n’assurent pas d'aide alimentaire. Nous sommes un organisme de formation, une association juridiquement indépendante sous contrat d'agrément avec les Restos du cœur. Nous proposons des parcours d’insertion professionnelles aux personnes accueillies dans toutes les structures Restos (Centres d’Activité, Ateliers Chantiers d’Insertion et structures logements) de toutes les Associations Départementales. Quels sont les formations que vous proposez ? Nous proposons deux types de parcours. D’abord un parcours de Mobilisation Renforcée vers l'Emploi, pour les gens très éloignés de l'emploi. Ensuite un parcours de professionnalisation construit avec des entreprises partenaires, sur des métiers en tension pour lesquels les entreprises peinent à recruter Nos parcours de formation s’adressent aux personnes accueillies par les centres d'activité, autrefois appelés « centres de distribution », qui leur proposent toute une variété d’aides et d’activités. Les centres nous envoient des personnes rencontrées par des bénévoles, ou par les travailleurs sociaux des Ateliers Chantiers d'Insertion et des quelques structures d'hébergement que compte le réseau. Elles sont orientées vers nous parce qu’elles ont passé la porte des restos à un moment donné et ont partagé leur problématique emploi avec un bénévole ou salarié. Comment intervenez-vous ? Nous n’intervenons sur France entière que depuis le conventionnement avec la CDC dans le cadre du programme 100% Inclusion. Pendant longtemps, nous n’avons travaillé qu’en Île-de-France par manque de ressources. Jusqu’à récemment, certaines associations départementales ne connaissaient pas notre existence, justement parce que nous étions très Franciliens. Il y a déjà eu tout un travail de communication interne à faire. Le plus difficile, c'est d'arriver à convaincre, informer correctement, pour que les bénévoles et salariés dans les ateliers chantiers d'insertion s'emparent de cet outil d’insertion que sont les Tremplins. Et en pratique ? Nous formons des groupes de 10 et 15 personnes, après avoir déterminé un territoire pertinent pour nos publics. La mobilisation est très longue, il nous faut d’abord commencer par les bénévoles et les salariés sur le projet. Une fois qu’ils sont convaincus, on peut démarrer. Charge à eux de convaincre les publics qui sont très éloignés de l’emploi et rencontrent souvent des problèmes de mobilité. Nous essayons de lever les freins, en facilitant les transports, en prenant en charge les frais de déplacement et de restauration, éventuellement des moyens de garde pour les femmes qui ont des enfants à charge. Quelqu’un qui a envie de se rapprocher du monde du travail va rencontrer un bénévole, échanger avec lui. Parfois, c’est long à se mettre en place, mais le bénévole pourra lui parler des Tremplins et de ses parcours. Si la personne est intéressée, un premier échange diagnostic peut être fait. Quelles sont les conditions pour participer à une formation ? Il faut respecter trois conditions pour intégrer un de nos parcours. Être majeur, avoir une autorisation administrative de travailler sur le territoire national, comprendre et se faire comprendre en français. Nous n’avons pas de grosses exigences linguistiques, mais nous ne faisons pas appel à des interprètes. Par ailleurs pour rejoindre un parcours de mobilisation renforcé vers l'emploi, il faut en avoir l'envie et la motivation. Dans la pratique, comment se déroule un Parcours de Mobilisation Renforcée vers l’Emploi ? Lors des parcours, une partie des ateliers est assurée par des bénévoles volontaires, notamment les savoirs de base, le numérique. L’autre partie par des prestataires que l'on rémunère. A Paris, nous avons une équipe de bénévoles qui peut se déplacer pour animer les sessions. On fait aussi intervenir une psychologue du travail pour tout ce qui relève des codes de l'entreprise, et une association qui travaille sur l'image de soi, des choses aussi simples que les questions de présentation, d'hygiène, de code vestimentaire. Nous faisons également beaucoup d’entraînements aux entretiens d'embauche. Nous proposons des visites d’entreprises qui acceptent de nous ouvrir leurs portes, même si elles n’ont pas d’emplois à proposer. C'est l’occasion pour certains d’entrer pour la première fois dans une entreprise, de découvrir un secteur d'activité, un site industriel, un hôtel, un café restaurant, une grande surface… Quand on dit visite, on fait en sorte qu'il y ait des échanges avec les salariés, pour que nos stagiaires prennent vraiment la mesure de ce qui se fait dans l'entreprise et des métiers envisageables pour eux. En matière de formation professionnelle, nous avons des partenaires historiques des Restos, par exemple Carrefour avec lequel nous organisons un parcours pour le métier de boucher, avec un contrat de professionnalisation à la clé. Nous faisons quelque chose d'un peu semblable avec Sodexo, pour des Employés Techniques de Restauration. Nous travaillons à quelque chose d'un peu semblable avec la branche de la propreté, c'est un long processus. Que se passe-t-il à l’issue des formations ? Dans le cadre des Parcours de Mobilisation Renforcée vers l’Emploi on ne garantit pas une sortie à l'emploi. Notre engagement, c'est de valider un projet professionnel, de leur faire découvrir le monde de l'entreprise et du travail. Une fois que le parcours est terminé, nous effectuons un suivi à 6 mois avec un conseiller d'insertion professionnel et des bénévoles. Souvent, une personne garde le contact avec le bénévole qui l'a orientée dans le centre qu’elle continue à fréquenter, ne serait-ce que pour l'aide alimentaire. Il peut aussi y avoir un accompagnement sous forme de parrainage ou de coaching par d’autres bénévoles. Un réseau, ça peut apporter beaucoup de choses. Dans le cadre des parcours de professionnalisation, Carrefour proposent un contrat de professionnalisation d’un an, Sodexo propose aux personnes formées et ayant acquis un premier niveau de qualification, un emploi sur l’un de leurs sites. Quelles sont les perspectives pour les Tremplins ? Avec l'expérience, nous constatons qu’il est plus facile de mobiliser bénévoles et salariés sur cet outil dans des villes moyennes comme Alençon ou Montauban. Nos propositions sont mieux accueillies, probablement parce que les dispositifs y sont moins nombreux. Nous avons cependant déjà travaillé sur Bordeaux, Toulouse, Lyon… Notre force, est l’accompagnement de grande proximité que nous assurons. Quand une personne passe la porte d'un centre d'activité des restos, on lui réserve un accueil « inconditionnel ». Elle repartira forcément avec quelque chose à manger, mais ça ne s'arrête pas là. On l’informe aussi, au besoin lors d’un deuxième entretien, de toutes les autres aides dont elle va pouvoir bénéficier dans son centre. Notre objectif est que toutes les personnes salariées et bénévoles des Restos connaissent les parcours Tremplins, et que nous puissions ainsi former des équipes qui localement seront mobilisées sur l’organisation de nombreux parcours. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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May 4, 2023 7:54 AM
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Hope, un espoir pour l’intégration
Caroline DANET est chargée d’études à la direction régionale de l’AFPA Nouvelle-Aquitaine. Elle est responsable d’un programme d’accompagnement des publics réfugiés baptisé HOPE. HOPE est lauréat national du PIC Intégration Professionnelle des Réfugiés (IPR). Pouvez-vous nous présenter HOPE ? Hope ça veut dire espoir, mais c'est surtout Hébergement Orientation Parcours vers l'Emploi. C'est un programme national financé depuis 2017 par les ministères du Travail et de l'Intérieur, qui a pour objectif de répondre aux besoins de main-d'œuvre dans certains secteurs d'activité, ainsi que d’aider les personnes étrangères à s'insérer dans notre pays. En région Nouvelle-Aquitaine, nous travaillons avec plusieurs Opcos comme Constructys pour le bâtiment, Akto pour les agences d'emploi. Plus récemment, OPCO EP pour le titre assistant de vie aux familles et l'Afdas pour l'hôtellerie de plein air. Quel est le public concerné ? HOPE est destiné aux bénéficiaires de la protection internationale et aux réfugiés ukrainiens qui bénéficient de la protection temporaire. En ce qui concerne les prérequis, il faut avoir un niveau A1 en français (niveau d'utilisateur élémentaire), signer le contrat d'intégration républicaine et recevoir l'aval de l'Office Français de l'Immigration et de l’Intégration (OFII). Au départ, on avait beaucoup de jeunes hommes isolés de moins de 26 ans, mais aujourd’hui on s'ouvre à tout profil adulte et célibataire, parce qu’on ne peut pas accompagner des mineurs ni accueillir des familles. Comment identifiez-vous les bénéficiaires ? C’est l’OFII et Pôle emploi qui sont chargés du sourcing. Il se fait beaucoup dans les structures d'hébergement, les Centres d'Accueil de Demandeurs d'Asile (CADA), les Hébergement d’Urgence des Demandeurs d’Asile (HUDA), et auprès de toute association en lien direct avec les personnes réfugiées. Il nous arrive aussi de présenter le dispositif aux structures avec lesquelles on travaille. De son côté, les Opcos s’occupent du volet entreprise, qu’il faut mobiliser avant de lancer une Préparation Opérationnelle à l'Emploi Collective (POEC). Pendant la POEC, les bénéficiaires touchent une allocation formation par Pôle emploi. Ensuite, ils sont en contrat de pro, c’est un CDD, un vrai emploi à visée professionnelle. Pour AKTO, c’est de l'intérim. On leur parle rémunération, pour les rassurer, parce ils ont des besoins immédiats. A l’AFPA, ils bénéficient aussi d’un accompagnement social, de l’hébergement et de la restauration, qui sécurisent leur parcours de formation et d’intégration. Comment se déroule un HOPE ? En fait Hope, c'est 2 blocs. D’abord un bloc POEC, puis un bloc formation sur le titre. Pour lancer une session, il faut commencer par constituer un groupe de 12 personnes. La POEC est financée par Pôle emploi, elle inclut l’hébergement et de la restauration, qui sont pris en charge. Pendant cette période, les personnes suivent des cours de français à visée professionnelle. Ensuite on enchaîne, en fonction de l’Opco, soit par un contrat de professionnalisation et un parcours d’un an et plus, soit par un CDPI, un contrat de développement professionnel intérimaire, avec Akto. Les sessions se déroulent uniquement dans les centres AFPA disposant d'un hébergement. De leur côté, les Opcos identifient des besoins auprès de leurs adhérents, sur un métier en tension et sur un territoire. On ne lance pas une session sans entreprises identifiées, sinon on prend le risque de mettre en difficulté les bénéficiaires. Tout le long du parcours, il y a aussi un accompagnement social pour répondre aux problématiques administratives, sociales, de logement, etc. En Nouvelle-Aquitaine, c’est un accompagnateur social de l’AFPA qui intervient. Les participants à HOPE sont toujours ensemble ou mélangés avec d’autres apprenants de l’AFPA ? Pour la formation en FLE, les stagiaires HOPE bénéficie d’une formation de français spécifique au programme HOPE. Durant la formation qualifiante, les réfugiés signent un contrat de professionnalisation et deviennent donc alternants, ainsi ils peuvent se retrouver sur les plateaux techniques avec d’autres alternants du centre, chose appréciable car cela accélère leur apprentissage en français. Quel rôle jouent les entreprises ? Le programme a été créé pour répondre aux métiers en tension. C’est dans l’intérêt des entreprises de participer au programme. Certaines voudraient bien en faire partie, mais ne peuvent pas, en raison de la barrière de la langue. Par exemple, dans l'industrie, les normes de sécurité doivent impérativement être comprises, sinon il y a un risque de mise en danger de la personne et des salariés. Je préfère une entreprise qui me dit non de suite, qu'une entreprise qui va s’engager mais qui n’ira pas au bout et nous laissera sans solution à l’issue de la POEC. L’Opco doit bien sensibiliser ses adhérents au public réfugié, leur faire comprendre que ça nécessite un suivi plus important qu’un stagiaire ou un salarié qui maîtrise la langue. Cela dit, les réfugiés sont tellement motivés et impliqués, ils savent pourquoi ils sont là. Ils restent concentrés sur leur objectif. Même s'ils ont des lourdes contraintes privées ou personnelles, ils restent très motivés et très sérieux en entreprise. C’est ça qui est apprécié. Vous leur parlez de tutorat renforcé ? Le tutorat est essentiel. On attend des entreprises qu’elles mettent un véritable parrain à disposition de la personne, qui va l'appuyer même au-delà du cadre professionnel. On lui demande si cela lui est possible, de prendre des nouvelles de sa situation, de lui faire découvrir la ville, le territoire, lui faire découvrir des choses en dehors de l’entreprise. Finalement c’est, en quelque sorte, un appui social que nous voulons de la part de l'entreprise. Chaque entreprise le fera à sa façon. HOPE, est un enjeu social et éthique qui intègrent la responsabilité sociétale des entreprises. Est-ce que vous étiez fixé un objectif en termes numériques ? Chaque région doit ouvrir 10 sessions par an, 10 à 12 personnes à chaque fois. Cette année, je pense qu'on sera plutôt sur 4 à 6 sessions. La priorité de l’OPCO et de l’Afpa est la même, apporter des solutions et un emploi aux bénéficiaires, c’est pourquoi, sans engagement des entreprises adhérentes, des sessions HOPE ne peuvent s’ouvrir. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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April 20, 2023 9:01 AM
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Le cheval, ce formateur singulier
Situé à Virson (Charente-Maritime), l’organisme de formation Amazines présente une caractéristique bien particulière, celle de proposer des formations de coaching et de développement personnel par la médiation équine. Sa fondatrice, Joëlle Guasch, a créé cette structure après 35 ans d’expérience professionnelle en tant que cadre au sein de diverses entreprises et de conseillère en chambre consulaire. Elle propose, entre autres, une formation intitulée « retrouver son estime de soi pour mieux propulser sa vie personnelle et professionnelle », financée par l’appel à projets régional « mobilisation vers la formation » (PACTE). En quoi consiste la médiation équine ? On connaît davantage l’équithérapie pour les personnes en situation de handicap par exemple. Dans la médiation équine, on rajoute à ces pratiques de base tout ce qui est coaching et accompagnement au changement. Dans le principe, on met la personne au contact du cheval, on travaille beaucoup par métaphore pour bien intégrer la vraie vie, ses situations personnelles ou professionnelles. La personne comprend ce qui se passe, acquiert des outils d'autogestion pour se sentir mieux et nous l’accompagnons dans son changement. En fait, la médiation équine s'adapte à tout public de 7 à 77 ans. On va toucher des thèmes comme la confiance en soi, la communication, le management, le travail en équipe, le leadership, la créativité, etc. En quoi consiste votre approche ? La particularité d'Amazines, c'est de proposer des formations dont la pédagogie passe par la mise en situation avec l’animal. Un apprentissage par l’expérience sensorielle et émotionnelle, pour être en phase avec soi-même et avec les autres. Le cheval est un animal grégaire qui a besoin du groupe pour évoluer en sécurité. Comme il n’a ni crocs, ni griffe, ni venin, son système sensoriel lui permet de fuir en cas de danger. Il est tellement sensible qu'il est capable de ressentir une variation du rythme cardiaque, par exemple chez l'humain. Cela oblige la personne à être totalement authentique à son contact pour que ça fonctionne. Et comme c'est un animal sans jugement, ça ouvre le champ des possibles pour se réaliser. Face à l'animal on peut apprendre le bon comportement, pour le dupliquer ensuite avec l'humain. C’est pour ça que je suis allée chercher le cheval et que je l'ai intégré dans la pédagogie, qui comprend la PNL, l'approche neurocognitive, et les approches classiques de formation avec évaluations, mesures, indicateurs etc. Nous avons deux axes de formation, les relations interpersonnelles et la santé au travail. Dans le domaine de la santé au travail, on aborde la gestion du stress et des émotions. Dans l’éventail de vos actions, vous proposez une action de mobilisation ? Dans le cadre de cette action, nous intervenons auprès de personnes en rupture sociale, très éloignées de l'emploi, de 20 ans à 50 ans. On leur explique rapidement que nos formations se déroulent en pleine nature, pas sur des bancs d’école, qui est souvent un mauvais souvenir pour elles. L’objectif est de leur permettre de reprendre confiance et développer l'estime de soi, pour qu'elles se sentent capable d'engager une formation et favoriser leur retour à l'emploi. La mise en œuvre se fait en partenariat avec les structures d'insertion, les missions locales, Pôle emploi, etc. On fait régulièrement des points pour voir ce qui a fonctionné, et ce qui est à améliorer, en présence du bénéficiaire. Nous effectuons des évaluations de départ, et nous utilisons des indicateurs de mesure en cours de route. Le principe, c’est de mettre la personne en situation, on débriefe sur ce qu'elle a vécu, et on transforme l'expérience en pédagogie avant de la formaliser. Autre chose importante, c’est que les participants font de la formation sans le savoir. En pratique, cette formation se déroule comment ? Nous avons des groupes de 6 personnes encadrées par 2 intervenants, on est vraiment dans une formation individualisée, même s'il y a du collectif. Le parcours comprend 11 journées réparties sur un peu plus d’un mois et demi. On affine la pédagogie au fur et à mesure, puisqu’elle est étroitement liée à l'évolution des bénéficiaires. Avec tout de même un fil rouge. Par exemple, on intègre de la nutrition parce qu'on s'est rendu compte qu’ils mangeaient très mal, et que ça avait des effets sur leur santé et sur leur situation financière. Donc on observe ce que mange le cheval, dans le but de leur faire prendre conscience en quoi l'alimentation est importante. Que comprend votre pédagogie ? On part de ce qui se passe dans la vraie vie pour conceptualiser. On amène les gens à comprendre ce dont ils ont besoin dans leur vie personnelle et professionnelle, et comment ils peuvent prendre leur place dans le groupe. Ils se rendent compte qu’ils peuvent être eux-mêmes libres et force de proposition. C'est la base du management des organisations transversales, sortir du pyramidal pour entrer dans du transversal et de l'intelligence collective. Prendre conscience qu'il existe différentes formes d'intelligence, et que chacun a sa place, ça change le regard sur soi. Quand le cheval a décidé de brouter et que l'objectif pour la personne est de l'emmener dans le manège, elle est obligée de s'affirmer pour lui imposer de se déplacer. Mais elle ne se rend pas compte qu'elle est en train de s'affirmer quand elle le fait, son objectif c'est déplacer le cheval. Autre exemple, au lieu de faire des mathématiques derrière un bureau, on leur fait calculer des rations de nourriture pour le cheval, des distances à parcourir. En fait tout est ludique, tout est pédagogie, tout passe par le jeu, l'expérience et la transformation. Comment se déroule une séance ? En séance, on commence par observer le troupeau. On explique les règles de sécurité, ainsi que les règles déontologiques de respect, de bienveillance, de non-jugement etc. Selon la capacité des gens, on entre dans le troupeau ou on reste à l‘extérieur. Et on observe ce qui se passe. S’ils en ont peur, c’est normal, ils peuvent rester à distance voire très loin du cheval, ça fonctionne quand même. Là déjà on travaille sur les hiérarchies dans le groupe, les interrelations, les rapports de force. Qu’est-ce qu’un dominant ? Quel est son rôle dans le groupe ? Qu'est-ce qu'un leader ? On travaille par métaphore, on compare les organisations familiales, les organisations professionnelles et les organisations grégaires du cheval. Assez vite les participants se rendent compte que les chevaux fonctionnent comme nous, selon une organisation hiérarchique, avec des besoins essentiels. Une fois qu'on a abordé le rôle du cheval dans le groupe, on s’approche de lui pour travailler le sensoriel par le pansage. On aborde les sens, à quoi ils servent, le lien entre le sensoriel et l'émotionnel. C’est important pour tous ceux qui sont coupés de leurs émotions. On ajoute des outils d'autogestion basés sur la sophrologie, l’auto-hypnose, la relaxation, pour que la personne puisse se gérer elle-même, lorsqu’elle se trouve dans une situation inconfortable. Que se passe-t-il après la formation ? A l'issue des 11 jours, les apprenants ont la possibilité de passer le CLEA équin, une première reconnaissance accessible à ceux qui le désirent. On leur propose aussi les open badges de notre partenaire Diagonales, la régie de quartiers de La Rochelle. Avec les open badges, ils se reconnaissent aussi dans leur savoir être, c'est important pour l'estime de soi. Mais l'objectif de l’action, c'est de leur permettre d'engager une formation en rapport avec les compétences nécessaires à leur projet professionnel. Le travail sur le projet professionnel se fait graduellement. Il est variable d'une personne à l’autre, il n’y a pas de règles. Pour moi, le changement s’opère dès le début de la formation. S’il ne s'opère pas de suite, c'est que quelque chose ne fonctionne pas. Il faut que ce soit court, efficace et opérationnel. L’organisme de formation est certifié Qualiopi et fait partie du réseau international EAHAE dont la particularité est l’éthique dans les pratiques d’équicoaching. Les formations sont éligibles auprès des Organismes Collecteurs de financement dont certaines au CPF. Amazines.fr Contact : Joëlle GUASCH - 0624649610 Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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April 6, 2023 7:23 AM
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Des salariées mises à l'honneur
Nadège Alexandre est en charge du pôle ville local et solidarités de la communauté de communes de Montesquieu (sud de Bordeaux). Avec Carine Naffetat, Responsable du service emploi et insertion de la CDC voisine, Jalle-Eau-Bourde, une action de valorisation des salariées des services à la personne, baptisée « Dans les coulisses, des femmes ordinaires…extraordinaires » a été menée. Cette action est lauréate du Fonds Régional pour l’Innovation dans la Formation. D’où vient votre projet ? En 2020, nous avons mené une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriales (GPECT) copilotée par la communauté de communes de Montesquieu et celle de Jalle-Eau-Bourde. Lors du séminaire de restitution au printemps, nous avons présenté un plan d’action qui incluait la volonté de travailler sur les métiers des secteurs de la propreté et des services d'aide à la personne. Et sur des collectifs autour de l'organisation de services RH et des conditions de travail. Une des actions préalables consistait à valoriser ces métiers par une action à dimension culturelle et artistique. En parallèle, nous avons travaillé avec le réseau des bibliothèques sur un projet qui s'appelle « les Simone », consistant à identifier et valoriser toutes les femmes « extraordinaires » qui ont contribué à écrire notre histoire mais sont un peu oubliées. Dans le même esprit, et pour faire un peu différemment des forums emploi et des ateliers participatifs habituels, nous avons imaginé une action de mise en avant de ces femmes ordinaires, ces salariées invisibles des services à la personne, qui font l'histoire au quotidien. Parce qu’elles exercent des métiers essentiels pour maintenir le lien social et sortir des personnes de l'isolement. Comment vous avez abordé cette action ? On s’est dit que pour parler des services d'aide à la personne, ce qui pouvait être intéressant c'est d'aller toucher l'émotion des gens. On peut avoir un plan d'action très structuré, très organisé, avec des organismes de formation, le soutien de la Région, etc. Mais finalement on est un peu dans un entre-soi et on n’arrive pas forcément à aboutir à des prises de décision qui permettraient vraiment de changer en profondeur les conditions de travail et le regard qu'on peut porter sur ces salariées et ces métiers. Notre volonté c’était de toucher ce qui peut interpeller chacun d'entre nous, la maladie, la vieillesse, la dépendance, auxquelles nous sommes tous confrontés d'une manière ou d'une autre. Quelle a été votre approche ? Notre idée était de faire intervenir une compagnie théâtrale que nous connaissions déjà, la compagnie des Volets Rouges avec pour objectifs de parler de ces métiers et des salariées qui les occupent sur nos territoires. C’est un collectif d'artistes très en prise avec les sujets de société. Ils nous ont proposé de rencontrer ces salariées, d’aller les observer dans le cadre de leur travail, faire des entretiens et les restituer sous forme de portraits sonores d’une dizaine de minutes. Nous voulions entendre les salariées parler de leur métier, de leurs conditions de travail un peu particulières, des amplitudes horaires importantes, des relations humaines, de leur implication pleine et entière dans ce travail. En résumé, avoir une meilleure connaissance de ces métiers. Et peut-être susciter des vocations, des envies chez certaines personnes qui s'interrogent aujourd'hui sur le sens donné à leur travail, leur place dans la société, un besoin de reconnaissance et d'utilité sociale. Nous voulions aussi mettre en évidence le fait que ce sont des vrais métiers, qui requièrent de la formation, des temps de préparation, des temps de régulation. Nous ne sommes pas tous confrontés au deuil dans notre travail, à des formes d'agressivité qui peuvent être avérées chez des personnes atteintes de maladies Alzheimer. On est face à l'humain cela nécessite d’avoir des compétences. Aujourd'hui, certaines salariées nous disent ne jamais avoir suivi de formation, alors qu’elles travaillent depuis 20 ans. Comment avez-vous procédé pour trouver les salariées ? Nous nous sommes adressées aux employeurs, ça nous paraissait important qu'on ait leur aval. On avait évalué à 8 heures le temps nécessaire à consacrer à ce projet. Donc nous avons présenté la démarche à des structures type CCAS, à des structures d'insertion. Certaines d'entre elles avaient participé à la GPECT, donc ça n’était pas une surprise. Elles ont à leur tour présenté le projet aux salariées. Certaines s'en sont saisies, d'autres non. Nous avons proposé une réunion à toutes celles qui étaient intéressés, pour leur expliquer dans quoi on s'engageait tous collectivement. Finalement nous avons pu trouver 8 salariées bien réparties sur nos collectivités, donc c'était parfait. Quelles ont été les réactions des salariées ? Nous voulions vraiment entendre leurs réserves éventuelles. Ce qui a été assez drôle, c'est qu’elles ne voulaient pas qu'on raconte une belle histoire. On s'est rendu compte que « valorisation des métiers » fait partie des expressions qu'on utilise dans notre jargon professionnel. Mais qu’en fait, l’enjeu était bien plus de valoriser les salariées. Et aussi de mieux faire connaître tout ce qu’implique l’exercice de ces métiers. Ça nous a obligé à effectuer un exercice de précision et d'explicitation de ce qu'on attendait de ce projet. Avez-vous rencontré des obstacles ? On se posait des questions sur l’aspect artistique, parce qu'en fait, ce n’est pas anodin d’être observé, de donner un entretien enregistré, d’être prise en photo pour une exposition. Nous avons beaucoup échangé avec les salariées, pour leur dire qu’à toutes les étapes du projet, elles auraient leur mot à dire et qu’elles valideraient les supports diffusés, qu’on ne les mettrait pas en difficulté, qu'on resterait à leur écoute. Nous leur avons dit que si elles préféraient, les photos pouvaient être prises de profil, de dos, légèrement floutées. Nous avons aussi pris des précautions en prenant contact avec les familles des bénéficiaires. Leurs réactions ont été très variables. La compagnie a dû s’adapter aux attentes et contraintes des salariés, ainsi qu’aux familles des bénéficiaires. Ça a été un travail de dentelle. Dans l’idéal, quels seraient les effets espérés ? Ce sont des sujets qui sont abordés au niveau national, mais finalement on a toujours l'impression que ça ne nous concerne pas directement. Je pense que localement, il y a des réflexions à mener. Et peut-être que notre action peut contribuer à une prise de conscience pour agir à notre échelle, dans la proximité. Par exemple, on pourrait imaginer une structure intercommunale employeuse qui offrirait des conditions de travail plus satisfaisantes, des horaires moins morcelés et plus en concordance avec les attentes des salariées. Nous faisons notre part du travail pour essayer de faire bouger les choses localement, provoquer une prise de conscience et peut être déclencher une envie d'agir. Il faudrait que des acteurs se sentent concernés et prennent la suite pour travailler de manière plus concrète sur ces questions. Dans la démarche GPECT, nous avons évoqué, par exemple, la question des équipes autonomes, qui s’autogèrent avec plus de souplesse dans l’organisation de leur planning. Il faudrait travailler avec les services RH des communes et/ou des structures employeur, partager les bonnes expériences pour améliorer les conditions de travail. Peut-être que ce travail de visibilité des salariées facilitera la mobilisation des organismes, que des actions pourront être inscrites à l’agenda de cette année. Vous organisez un évènement de restitution le 29 avril, de quel ordre est-il ? Nous allons nous retrouver dans l’espace culturel Georges Brassens à Léognan. On pourra y écouter les podcasts et voir la galerie de portraits, rencontrer les salariées participantes et la Compagnie Les Volets Rouges, puis regarder le documentaire Debout les Femmes qui sera projeté à la suite. Tout ce travail sera disponible sur nos sites internet et sur celui de la compagnie. J'aimerais que les salariées prennent la parole si elles se sentent à l'aise. L’idée, c'est que ce ne soit pas une restitution trop formelle. Nous voulons vraiment que ce soit un temps fort, et que les salariées viennent avec leurs enfants. Je pense qu'elles seront contentes de partager ce moment avec leur famille. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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Cap Métiers NA
March 23, 2023 12:34 PM
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Illettrisme, une histoire individuelle
A Limoges, Hélène Merigoux et Maïder Echeverria sont codirectrices de l'association Lutter pour l’Inclusion et le Respect par l’Ecriture (LIRE). La principale action portée par LIRE est l’accompagnement individuel des personnes en situation d'illettrisme. Elle est soutenue par la Région dans le cadre de l’appel à projets régional « Innover contre l’Illettrisme. » En quoi consiste votre projet ? A la base du projet nous sommes 3 éducateurs spécialisés, dont les deux codirectrices actuelles. On travaillait dans la protection de l'enfance, dans un foyer avec des mineurs qui n'avaient pas le niveau nécessaire pour être autonomes dans leur vie quotidienne. Nous avons essayé de faire intervenir des associations de soutien scolaire, mais le fait que ce soit un « simple » soutien scolaire ne suffisait pas. Il manquait un accompagnement global qui tienne compte des réalités sociales de ces jeunes. Nous avons pris deux ans pour réfléchir à un projet qui réponde à des besoins individuels, dont l’apprentissage du français pour accéder à l'autonomie et l'insertion. Comme il n’existait rien de similaire sur le département, nous avons rencontré beaucoup de futurs partenaires, présenté le projet aux institutions publiques et privées qui pouvaient nous aider à le monter et le financer. En 2020, nous avons commencé des accompagnements à la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges, ensuite nous avons pu louer nos propres locaux. Quel est votre public aujourd’hui ? On s'adresse à toute personne en situation d'illettrisme. Cette année il y a une forte demande de la part de jeunes en apprentissage qui ont des problèmes de maitrise de la langue. D’autres ont connu des échecs scolaires et se rendent compte que leur niveau de lecture et d'écriture est trop bas pour accéder à une formation qualifiante. Les personnes ne sont pas forcément illettrées au sens officiel du terme, mais en pratique, elles le sont dans leur vie quotidienne, parce que leurs carences les empêchent de s'insérer, de trouver de l'emploi, ou même d’avoir des relations sociales normées. Au point que certaines ne sortent plus de chez elles, ne font plus leurs courses, ne savent pas prendre le bus. Notre objectif, c’est qu’elles soient autonomes et qu'elles trouvent du travail ou une formation à leur niveau. Quelle est la particularité de votre action ? Ce qui est innovant dans notre façon de faire, c’est l’accompagnement individuel, sur le principe un formateur, un apprenant. Nous tenons à ce que nos formateurs bénévoles suivent au moins une formation dans l'année au Centre Ressources Illettrisme Analphabétisme (CRIA Nouvelle-Aquitaine) et participent à nos formations internes sur la relation éducative. Il nous paraît important qu’ils sachent éviter les écueils de la relation avec notre public, qu’ils ne soient pas trop dans l'affect et gardent la bonne distance. La deuxième particularité de notre méthode, c’est qu’elle consiste à répondre à un besoin immédiat. Nous accueillons les personnes qui nous sont adressées avec un premier entretien pendant lequel on discute de leur situation, des raisons de leur venue, de leurs attentes. En fonction de ses réponses, on adapte nos méthodes pédagogiques. Par exemple, si une personne nous dit vouloir passer le code de la route, on va focaliser son apprentissage là-dessus. Elle aura la sensation qu'on répond tout de suite à ses besoins. Comment se déroule ce premier entretien ? Nous utilisons un support avec les renseignements classiques, la situation sociale de la personne, son travail, si elle cherche un emploi, est-ce qu'elle a des enfants, si elle est isolée, si elle prend les transports en commun, etc. Nous lui faisons remplir la partie administrative, ce qui nous donne déjà un premier niveau d'informations : comment elle tient son stylo ? Est- ce qu'elle tremble quand elle écrit ? Est-ce qu’elle a besoin de sa carte d'identité pour écrire son nom de famille ? etc. Ensuite, on lui demande ce qu’elle attend de nous, ça nous permet aussi de voir quelle est sa posture, et si elle est à l'aise à l'oral. On lui explique bien ce qu'on peut proposer, qu'on ne pourra pas forcément lui apprendre à lire et écrire, car il faut 1 500 heures pour ça, mais que nous sommes une première marche vers des formations plus longues. La première demande peut être juste « je veux apprendre à lire et écrire. » D'autres personnes vont venir dans un but précis, parce qu'elles veulent trouver un travail ou passer une qualification, mais qu’elles n’ont pas le niveau suffisant. On leur propose un accompagnement sur la recherche d'emploi. On leur apprend à se présenter, à savoir faire une phrase appropriée lors d'un entretien professionnel, comment ne pas faire d'énormes erreurs. Comment procédez-vous ? Notre méthode et nos outils sont entièrement personnalisés. Aucun accompagnement ne ressemble à un autre. Les personnes viennent pour des séances d’une heure, une ou deux fois par semaine, toujours avec le même formateur. Avec nos apprenants, tout peut servir de support d’apprentissage. On fait des simulations d'appels téléphoniques, des sorties, on va prendre le bus, faire des courses, on ne s’interdit rien. L’accompagnement se termine quand le besoin est satisfait. Mais il peut reprendre plus tard dans l’année, par exemple pour des personnes qui sont entrées en formation, mais qui ont besoin d’un petit coup de main pour leurs examens. En tant qu’éducateur spécialisé, avez-vous une approche particulière ? Le métier d'éducateur a pleinement son rôle dans le champ de l’illettrisme, parce que c'est un métier du lien. Nous avons l’expérience du travail en foyer avec des adolescents récalcitrants, nous avons l’habitude de nous adapter. Nous disons à nos formateurs qu’ils sont là pour l'apprentissage du français et que pour tout ce qui relève du social, c’est nous qui intervenons. Nos publics sont le plus souvent dans des situations administratives assez complexes, ils n’ont pas besoin de nous réexpliquer tout leur parcours. Comme nous sommes des travailleurs sociaux, nous savons à peu près où ils en sont. Je pense que c'est pour ça que ça fonctionne bien. Quel est le profil de vos formateurs bénévoles ? Nous avons tous les profils. Beaucoup de retraités, mais aussi de plus en plus de jeunes en quête de sens. Nous sommes attentifs à ce que ça reste un plaisir pour eux de venir. Nous faisons des parcours individualisés aussi pour chaque formateur bénévole, c'est-à-dire qu’on respecte le temps qu’il veut donner à l'association. On essaie de créer des binômes formateur/apprenant sur la base de leurs centres d'intérêts communs. Et notre collègue Grégory Salles organise des temps de regroupement de formateurs trois fois dans l’année pour parler des outils pédagogiques, des pratiques, des formations… Quels sont vos projets ? Nous aimerions toucher beaucoup plus les salariés. Nous savons que dans les entreprises, il y a des personnes qui ne savent pas lire et écrire, qui sont en difficulté. En Haute-Vienne, l’illettrisme c’est 7%, soit 26000 personnes. Elles sont bien quelque part. Les entreprises en sont très conscientes, mais dès qu'on leur parle de payer pour mettre en place une formation auprès de leurs salariés, il y a moins de candidats. Nous voulons aussi devenir organisme de formation, on sait que l'avenir de l'association dépend aussi de ça. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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March 9, 2023 4:09 AM
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Les multiples dimensions de la mobilisation
Parcours Expérience 3D est une action nationale de remobilisation du réseau des Maisons Familiales et Rurales. Elle est menée, entre autres, depuis fin 2020, par le Centre de Formation et Promotion (CFP) de Champcevinel, près de Périgueux. Maelle Périot, conseillère en insertion professionnelle et chargée de vie sociale, en est la coordinatrice. Parcours Expérience 3D est lauréate du PIC 100% Inclusion. En quoi consiste Parcours Expérience 3D ? C’est une action de remobilisation qui mixe des temps collectifs et des temps individuels. On ne voulait pas proposer que du collectif, parce que ça ne correspond pas forcément à tout le monde. 3D, c’est parce qu’on prend en compte les personnes dans toutes leurs dimensions. Sa durée est de 15 mois maximum, ce qui est très appréciable, on a assez de temps pour s'adapter au rythme de chacun. On n'a pas cette pression qui peut exister dans d'autres actions. La première étape de Parcours 3D consiste à prendre le temps de bien identifier les besoins et les freins de la personne. En fonction de ça, on lui propose des temps collectifs, pas forcément les mêmes pour tous (ateliers confiance en soi, cuisine, etc.). Notre souhait, c'était vraiment d'individualiser, de cibler au maximum ce qui va correspondre à chaque participant, de ne pas les mettre en difficulté parce qu’on sait que la perspective de travailler en groupe peut en faire fuir certains. Quelles différences avec une autre action du même type ? La différence c’est que nous n’avons pas d’ateliers pérennes, réguliers, qui suivent un rythme fixe. Là ce n’est pas le cas. On met en place les ateliers en fonction des besoins des personnes. C’est là que réside la nouveauté, et en même temps ça représente une vraie complexité d’organisation. Je fais des ateliers individualisés pour travailler sur la recherche d'emploi ou sur l'orientation avec des outils comme Pass’Avenir. Comment arrivent les candidats ? Les publics peuvent être repérés par les prescripteurs, mais aussi par les assistantes sociales, ou par les associations pour ceux qui sont en attente de titres de séjour. Normalement, une personne arrive chez nous après un entretien tripartite. Ou seule si son référent estime que c’est possible. Selon les cas, je commence par lui présenter le cadre de l’action ou j’essaie d’en savoir plus sur sa situation, de connaitre ses questionnements, ses attentes. Et si elle est d’accord pour participer. On se revoit la semaine d'après pour reparler des objectifs. Je ne fais jamais signer l'accord de participation les premières fois, parce que je vois assez rapidement quelles sont les personnes qui ne vont pas adhérer, par exemple si elles ne viennent pas au deuxième rendez-vous. Qu’entendez-vous par entretien tripartite ? Un entretien tripartite ça veut dire qu’on fait un entretien à trois, avec la personne, son référent et moi. On définit ensemble les objectifs de l'accompagnement. Toujours dans le but d'être au plus proche de ses besoins et de sa situation. Et puis, surtout, pour lui montrer qu’on travaille en partenariat. Je tiens beaucoup à ces temps tripartites, parce que je trouve que ça rassure les gens et que ça les sécurise. Parfois, le temps ne permet pas de faire ce rendez-vous en présentiel, mais il y a toujours au moins un échange téléphonique avec son référent, en présence de la personne. Quel est le public concerné ? C'est un public plus éloigné de l'emploi que celui qui suit nos formations. Même pour la formation du premier niveau, assistante de vie aux familles, il faut à minima que les personnes aient la capacité de reprendre une formation, d'aller à l'emploi, de tenir sur la durée, de passer des évaluations, etc. Pour avoir été CIP pendant plusieurs années, et avoir travaillé sur des ateliers de remobilisation, c'est un public que je connais bien. Mais je constate que nous avons beaucoup de mal à l’accrocher maintenant. Nous recevons plus des femmes, plutôt des femmes isolées. Et environ pour moitié d'origine étrangère, avec les difficultés en français qui font que l’intégration à l’action n’est pas possible. Pour certaines, on est à la limite, elles cherchent surtout un soutien administratif. Comment abordez-vous les participants ? Je pars du principe que s’ils sont là, c'est qu'ils ont envie. Et que s’ils sont là, c'est bien parce qu'il y a des difficultés et des freins. Je ne vais pas attendre d'eux qu'ils respectent une régularité parfaite. Je sais que les premiers mois, ils vont manquer des rendez-vous, qu’ils ne feront pas toujours les démarches convenues, même si c'est quelque chose d'anodin. Le plus important, c'est de ne jamais couper le lien. S’ils sont absents, je les appelle, je dédramatise et je fixe un nouveau rendez-vous. Si on ne faisait que du collectif, on attendrait des participants une certaine rigueur, ne serait-ce que vis-à-vis du groupe. De toute façon, au fur et à mesure de l'avancée du parcours, la régularité s'installe. Après je m’adapte au rythme de chacun. La difficulté, c'est que les temps collectifs sont extrêmement importants, et si le nombre de participants est trop faible, ils n'ont plus lieu d'être. A certains moments, si on constate des blocages par exemple, nous faisons de points de situation, si besoin avec les référents. Il arrive qu’on arrête un parcours, mais c'est rare. Même si on est obligé de l’interrompre, étant donné que les attentes sont vastes, la personne arrive toujours à avancer. Peut-être pas selon nos critères à nous mais pour elle, c’est toujours un progrès. Quel est votre positionnement ? Je suis un peu multi casquettes et je dois faire attention à ne pas me laisser déborder, on pourrait vite dériver vers le rôle de confidente. Je peux entendre toutes les situations, mais je ne peux pas tout traiter, alors je dois rapidement orienter vers d’autres intervenants. Il faut aussi dire que j’ai le beau rôle, je n’ai pas la charge de problèmes comme le RSA, j'ai beaucoup plus de temps à leur consacrer. Du coup je peux agir dans l'urgence. Si quelqu’un a besoin de me voir, je peux m'arranger pour le recevoir dans la journée. Ça c'est quelque chose d'important pour moi. Un conseiller pôle emploi ou une assistante sociale ne peut pas le faire. Quand c'est un public vraiment très en difficulté, très désocialisé, on sait que pour le tenir il faut être proche de lui. Il n’est pas autonome, il va avoir peur, il y a des tas de choses qui peuvent engendrer des ratés. Combien avez-vous réalisé d’accompagnements ? Pour l’instant, j'ai accompagné 15 personnes et j'en ai reçu 19 autres qui n'ont pas intégré l’action. On a eu beaucoup de personnes avec des difficultés de maîtrise de la langue française, pour lesquelles c'était un peu prématuré en termes d'accompagnement. J’ai eu aussi plusieurs personnes qui avaient été orientées sur nos formations, mais qui n’avaient pas les prérequis, donc elles ont été redirigées vers moi, mais n'ont pas voulu adhérer à Parcours 3D. Et qu’avez-vous eu comme résultats ? Quatre personnes sont allées en formation et une personne est partie en emploi. J’ai aussi eu des personnes pour qui l'accompagnement se termine de façon prématurée, essentiellement à cause de problèmes de santé. Ça n’est pas forcément négatif non plus, parce que dans tous les cas il y a des choses qui ont avancé. Le pire c'est vraiment une personne que je perds ou qui n'a pas adhéré parce que ça ne correspondait pas à ses attentes, elle n’en voyait pas le sens, elle n’était pas prête. Mais tout le reste est positif parce que forcément il s'est passé des choses pour elle, une prise de conscience. La temporalité est différente pour chacun, mais c'est de toute façon toujours positif. Quels sont selon vous les améliorations qu’il faudrait apporter à l’action ? Nous sommes partis à la rencontre de chaque partenaire, Pôle emploi, Cap emploi, le conseil départemental, la mission locale. On est allés leur expliquer quel était le but et le principe de cet accompagnement, ce qu'on pouvait proposer, comment on souhaitait que ça se passe et pour quel public. Malgré ça, la difficulté que nous rencontrons depuis le départ c'est le manque de prescriptions. Seul le conseil départemental nous a envoyé des personnes. C'est un superbe outil, mais dont les partenaires ont eu du mal à se à se saisir. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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February 23, 2023 8:10 AM
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Le repérage, première étape de la lutte contre l'illettrisme
Catherine Charlery et Delphine Le Parc sont respectivement directrice et chargée de mission de l’association agenaise Syllabe, une plateforme d'accueil, d'évaluation, d'orientation, de suivi de toute personne en difficulté avec les savoirs de base. Elle reçoit près de 1 900 personnes par an. L’association est lauréate de l’appel à projets régional « innover contre l’illettrisme ». Quelles sont les actions concernées par ce nouvel appel à projets ? Le nouvel appel à projets fait particulièrement référence à ce que nous faisons en direction des personnes scolarisées en France, mais ça n’est pas notre seul public. Il s'agit surtout de prolonger ce qu'on faisait déjà en 2020 et 2021. Nos actions précédentes ont porté leurs fruits, parce que nous recevons plus de public. C’est donc que les personnes sont mieux repérées. On constate également que chez celles qui ont été scolarisées en France, la proportion de personnes en grande difficulté est plus vaste. On est passé de 11 à 15%. Le projet de cette année vise prioritairement les salariés de l’IAE. La nouveauté, c’est de travailler à leur repérage et surtout à l’entrée en formation de ceux qui seraient en situation d'illettrisme. Nous avons du mal à les recevoir. Et quand c’est le cas, c'est difficile pour eux d'entrer en formation parce qu’ils ne sont pas forcément libérés sur leur temps de travail, voire pratiquement jamais. L’évaluation que nous faisons à Syllabe n’est pas suivie de formation, ça n'est pas satisfaisant. L’objectif étant de sécuriser leur parcours de manière qu’à la fin de leur contrat d'insertion ils puissent rebondir soit sur de la qualification, soit sur du travail. Quels sont vos objectifs ? Nous avons plusieurs objectifs, à commencer par celui de renforcer le rôle de Syllabe dans le département comme acteur central de la lutte contre l’illettrisme. Ensuite, de continuer le travail de repérage et de mobilisation, ainsi que d'assurer la sécurisation du parcours de formation en lien avec les prescripteurs, Cap emploi, missions locales, Pôle emploi et les organismes de formation. Par ailleurs, depuis la mise en place du CEJ, nous avons constaté une grande baisse de 30% des jeunes qui sont orientés vers nous par les missions locales. Nous voulons à nouveau arriver à toucher ce public. Que faudrait-il pour améliorer le repérage ? Ce n’est pas Syllabe qui effectue le repérage. Nous recevons des gens qui ont été repérés par d’autres. Même s’il y a eu des améliorations dans le repérage, il faut toujours poursuivre l’effort puisqu’il y a beaucoup de turn-over dans les structures. II y a de nouveaux conseillers Pôle emploi, de nouvelles assistantes sociales dans les centres médico-sociaux. Il faut continuellement expliquer notre rôle pour être efficace. Il y a également plus de structures qui font appel au CRI Aquitaine pour des séances de formation de leur personnel, ça c'est positif. S’ils sont mieux formés, ils repèrent mieux, et du coup ils les envoient plus vers la plateforme. Il faut continuer. La lutte contre l'illettrisme, le repérage, la mobilisation, c'est un travail à long terme, puisque même le processus de réapprentissage pour les personnes concernées prend du temps. Nous les captons mieux, elles sont mieux orientées, il s’agit maintenant de transformer ça, qu’elles puissent entrer en formation de manière effective. Quels sont les freins que vous constatez ? Il y a les personnes elles-mêmes, avec lesquelles nous devons travailler sur le long terme pour les décider, pour qu’elles aient suffisamment confiance, en elles et en nous, pour accepter d'aller en formation. En ce qui concerne les SIAE, il faut arriver à les convaincre de libérer du temps à leurs salariés. Et il faut aussi que l’on arrive à travailler avec les organismes de formation dans le cadre de l’Habilitation de Service Public (HSP) socle de compétences pour qu'ils adaptent leurs temps de formation à des groupes de salariés de l’IAE. En Lot-et-Garonne, à la différence d'autres départements de Nouvelle-Aquitaine, le fait qu'il y ait une plateforme facilite les choses. On arrive à avoir des gens qui entrent en formation sur ce parcours 1 de l’HSP*, et qui peuvent le renouveler. Ce n’est pas forcément le cas sur les autres départements. Quand une personne se présente, que lui proposez-vous ? En fait nous évaluons sa maîtrise des compétences de base en relation avec son projet. Et en fonction de ça, on va l'orienter soit vers un parcours 1, qui s’adresse aux personnes en situation d'illettrisme, soit vers un parcours 3 qui est un parcours de remise à niveau. Si c’est trop tôt pour elle, nous allons l’orienter vers une association de bénévoles. Pendant le Covid, nous avons eu moins de bénévoles, donc on a plus largement orienté sur l’HSP. Et on s'est rendu compte que ça marchait, alors qu’on pensait que ce serait une marche trop haute, que ça allait leur faire peur d’être en groupe, que plusieurs heures par semaine, ça pouvait être trop. Notre rôle est aussi de donner de l’information. Par exemple, si une personne rencontre des gros problèmes de mobilité et qu’elle a des droits, des aides qu'elle ne connaît pas, on va l'orienter vers la structure adhoc. Dans tous les cas, on fait le point sur tout ce qui est périphérique, tout ce qui a contribué à sa situation actuelle. L’évaluation est réalisée à l'entrée et à la sortie. Nous restons en lien avec le prescripteur, on lui renvoie l'évaluation mais on ne lui communique pas tout ce qui s’est dit entre nous et la personne, son passé familial, son passé scolaire, sa situation… Et surtout, on préconise une formation. Ensuite, charge au prescripteur d’inscrire le candidat. Pour les personnes en situation illettrisme, on se rend compte que certains trouvent du travail à l'issue de la formation. Ça les remet en route, c'est positif, ça les revalorise. Elles se sentent capables d'aller vers l'emploi par exemple, ou même de passer leur permis, alors qu’elles pouvaient avoir l'impression de ne pas en avoir les capacités. Avez-vous constaté des améliorations ? Nous sommes une des rares régions de France qui proposent une formation destinée spécifiquement aux personnes en situation d'illettrisme. C’est un grand progrès par rapport au dispositif compétences clés, où elles étaient plutôt mélangées avec d'autres. Là on a quand même la garantie que celles qui sont sur le parcours 1, ne seront qu'avec des personnes comme elles, ce qui est quand même primordial. Ça nous permet de créer quelque chose d'assez cohérent. Du coup on essaie d'embarquer tous les acteurs avec nous. Maintenant, il faut que les formateurs soient eux-mêmes formés. Et selon vous, que faudrait-il faire évoluer ? Aujourd'hui quand on fait un parcours 1 on peut en refaire un deuxième. Après, il faut s'arrêter pendant un certain nombre de mois. Avec ce type de public, dans l’idéal, il faudrait pouvoir continuer si la personne le souhaite, aussi longtemps que nécessaire. Il y a aussi le nombre de personnes en formation qu’il faudrait assouplir. On est sur des petits groupes, et s’il y a quelques absences, par exemple que seules deux personnes viennent, en général l'organisme de formation ne fait pas cours. Seulement, on a affaire à un public qu'il a fallu mobiliser. Et on ne peut pas dire à celles qui viennent à chaque séance, de retourner chez elles si les autres ne sont pas là. * Voir fiche technique G1.08 www.cap-metiers.pro/Fiches-techniques/Formation-creation-entreprise-et-validation-des-acquis/921/Habilitation-service-public-HSP-Socle-competences/ Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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September 28, 2023 6:42 AM
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Sud-Gironde, la piste GEIQ
Le projet CLIQ SG, pour "Comité local insertion qualification Sud Gironde", tient son origine d'une reconversion professionnelle. En 2021, Nicolas Jaudard était alors travailleur social. Il avait choisi de s’orienter vers un master de sociologie en « Intervention et innovation sociale », dans la perspective de développer des initiatives de coopération entre acteurs à l’échelle d’un territoire. « J’ai proposé à quelques structures du Sud-Gironde de travailler éventuellement sur un projet dans le cadre de ce master pendant 2 ans. J’ai tout de suite été contacté par la mission locale de Langon. » A l’époque, la mission locale faisait le constat que beaucoup de jeunes accompagnés vers l'emploi, dans le cadre de dispositifs existants ou de structures d’insertion, n’arrivaient pas jusqu'aux entreprises. Et ce, malgré les besoins. « On m’a proposé d’aller « faire le tour des popotes » et d’établir un diagnostic. On m’a demandé d'étudier un peu plus particulièrement les territoires Zéro chômeurs longue durée, et quelle serait leur pertinence pour le Sud-Gironde. Ou une régie territoriale, qui fait partie des réponses envisageables en milieu rural. Ou encore, un Groupement d'Employeurs pour l'Insertion et la Qualification (GEIQ), sachant qu’il en existait un à la Réole, le GEIQ Val de Garonne, un des plus anciens de France, mais qui a fermé quand son directeur est parti à la retraite. La mission locale travaillait en partenariat avec lui, et sa disparition a laissé un vide. » Pourquoi ce lien avec les entreprises ne se fait pas ? Quel est le chaînon manquant ? Y-a-t-il besoin de valoriser les métiers ? Quelles relations entre, d’un côté, les différents acteurs qui accompagnent les publics, et les entreprises de l’autre ? Malgré la présence de SIAE, des missions locales, Pôle emploi, la rencontre ne se fait pas, ou pas suffisamment. Ce qui aboutit à des jeunes qui vivent des problématiques d'isolement, d’addictions, de manque de mobilité, etc. Alors que des entreprises, à proximité, sont prêtes à les embaucher et à les former. « J’ai passé la première année de mon master à rencontrer l'ensemble des acteurs, les conseillers Pôle emploi et mission locale, les SIAE, le Département, la DEETS, les ESAT, tous ceux qui, de près ou de loin, travaillent sur l'insertion professionnelle. Ainsi que les clubs d'entreprises, afin d’aller chercher le point de vue des entrepreneurs sur ces questions. » Le choix entre trois options Ce travail de prospection a débouché au printemps 2022, sur un rapport évoquant les problématiques du territoire, les secteurs en tension, sur les différents acteurs locaux et leurs relations. Au chapitre des hypothèses, trois options étaient présentées : le territoire zéro chômeurs, la régie territoriale, le groupement d’employeurs. « Les différences portaient sur le fait qu’un territoire zéro chômeurs ou une régie territoriale nécessitent une mobilisation politique extrêmement forte sur le long terme. Après réflexion, la solution la plus pertinente semblait être la constitution d’un nouveau GEIQ notamment parce que c'est un modèle porté par les entreprises. » Le territoire de Sud Gironde est marqué par des freins à l’emploi relativement classiques mais très présents. Santé mobilité, isolement, logement, des publics plus exclus que sur d'autres secteurs. L’offre de formation, pourtant relativement riche pour un milieu rural, ne couvre pas tous les besoins. Beaucoup d'orientations se font par défaut mais ne correspondent pas forcément aux attentes des entreprises locales. De fait, les jeunes sont nombreux à partir faire des études mais ne reviennent pas, ou se détournent des études pour différentes raisons (distance, offre pas adaptée à leur projet, etc.) Côté entreprise, le territoire possède un tissu relativement important de TPE/PME notamment industrielles, avec des besoins assez spécifiques : techniciens de maintenance, soudeurs, chaudronniers, opérateurs de machines à commande numérique, etc. Depuis la disparition du GEIQ Val de Garonne, le paysage des GEIQ a bien changé. En Gironde il en existe désormais une dizaine, et beaucoup souhaitent se développer. Plutôt que d’en créer un nouveau, le Comité Régional des GEIQ de Nouvelle-Aquitaine proposait d’étudier les conditions pour que des groupements existants viennent déployer leur offre de services sur ce territoire. Nicolas Jaudard a été chargé de jouer ce rôle d’émulation entre les acteurs locaux, afin qu’ils se familiarisent avec les GEIQ de Gironde et que, finalement, des relations s’établissent et que les entreprises soient intégrées dans la boucle. Deux groupements ont exprimé leur volonté de s’engager dans une initiative commune en Sud-Gironde, le GEIQ BTP de Libourne et le GEIQ des industries technologiques d'Aquitaine. Ils avaient les entreprises, et l’envie de se développer sur place en lien avec les acteurs locaux. « Donc on avait cette sorte de conjonction avec un territoire qui a la volonté qu’il se passe quelque chose, et des structures qui se disent intéressées, mais avec toutes les difficultés de pouvoir créer un réseau, de pouvoir le faire vivre, d’être sur place, de matérialiser le projet en quelque sorte… » Développer les relations entre acteurs locaux « Ce qui m'a beaucoup interpellé, ce sont les rapports entretenus par les différents acteurs avec les entreprises. Dans chaque structure, ESAT, SIAE, agence Pôle emploi, mission locale, il y avait une personne dédiée qui démarchait les entreprises, chacune individuellement avec ses moyens. Tous ces acteurs de l'emploi et de l'insertion ont pour mission d'emmener les personnes qu'ils accompagnent vers l'entreprise. Malgré l'engagement de chacun, à l'échelle du territoire, le lien avec le tissu de PME reste embryonnaire. Une raison de plus qui explique que les parcours n'aboutissent pas jusqu'aux entreprises. » Autre ambition, celle de faire venir les entreprises dans les instances des structures d’accompagnement, de créer des événements, de l'animation, de rassembler les gens avec lesquels elles pourraient créer des passerelles. Sans oublier la dimension formation. « Aujourd’hui, les GEIQ sont présents en Sud-Gironde et sont des acteurs complètement intégrés à l'écosystème. Ils apportent ce lien avec les entreprises et vont le faire de plus en plus. Leurs actions sont planifiées toute l'année avec Pôle emploi, avec les missions locales. Ils y tiennent des permanences et se rendent, grâce aux structures partenaires (Espace services jeunesse, MDSI, SIAE, tiers lieu) à la rencontre des demandeurs d'emploi. Là, les Geiq représentent et convient les entreprises à certaines instances, des liens ont été tissés et les choses sont en train de se développer. Concrètement il y a également eu de nouvelles entreprises qui ont adhéré aux différents GEIQ. Exemple d’action avec un groupe de jeunes en CEJ, qui ont réalisé des films sur les métiers de l’industrie dans les entreprises du Bazadais *. C’était l’occasion pour eux de découvrir ces métiers, et pour la mission locale, le GEIQ Industrie et les autres acteurs, de disposer de supports de présentation sur les métiers d’opérateur sur machine à commande numérique ou de conducteur de ligne de fabrication. Les entreprises s’y retrouvent car ces films, qui seront diffusés pendant la semaine de l’industrie, représentent bien leurs réalités. « Ce genre de projet représente bien les liens qui ont été créés entre le GEIQ, les entreprises, les intervenants locaux et les collectivités, qui ne se parlaient pas nécessairement avant. Ces liens ne vont pas retomber du jour au lendemain, ce sont des personnes qui ont travaillé ensemble sur quelque chose de concret, qui leur plaît à toutes, et tout au long de l'année. » « Je crois que les GEIQ n’avaient pas forcément besoin du Sud-Gironde pour exister. En revanche, pour la mission locale l'agence Pôle emploi, les structures d'insertion par l'activité économique, le Département avec ses bénéficiaires RSA, il était nécessaire de disposer de ce type de dispositif qui ouvre les portes des entreprises aux jeunes, aux personnes en reconversion, à tous ceux qui veulent se former en travaillant. Alors certes, pour l’instant cela ne concerne que les entreprises adhérentes des GEIQ, mais les actions sont accessibles à toutes celles qui veulent s’y associer. » *Ces films seront présentés le 24 novembre lors d’un évènement public.
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September 14, 2023 3:46 AM
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La Fabricothèque, la boîte à outils rochelaise pour la création d’entreprise
Depuis 2016, elle s’appelait « La Fabrique à Entreprendre La Rochelle ». Depuis le début de l’année 2023, elle est devenue « La Fabricothèque », tout en conservant les mêmes attributions. Portée par la Mission Locale La Rochelle Ré Pays d’Aunis, elle s’adresse à tous les publics en lien avec la création et la reprise d’entreprise. « Aujourd'hui, nos financeurs sont la communauté d'agglomération de La Rochelle et la communauté de communes Aunis Atlantique," précise Anaïs Thibaud, coordinatrice du dispositif. « Notre action, c'est vraiment être la porte d'entrée pour tout porteur de projet en création ou reprise d'entreprise sur le territoire. Nous travaillons avec un réseau de 18 partenaires techniques véritablement opérationnels, que nous réunissons en plénière, tous les deux mois, pour évoquer les actions, dresser des bilans. Nos financeurs sont présents à nos rencontres, ce qui leur permet d’avoir une remontée de situation sur le plan économique. Entre chaque réunion plénière, les techniciens sont invités à participer aux groupes de travail sur lesquels ils souhaitent s’investir. » Premier outil de sensibilisation de La Fabricothèque, la réunion « Etes-vous prêts à entreprendre ? », un passage obligé pour toute personne qui souhaite s'installer sur le territoire, qu’elle porte un projet, ou qu’elle ait une simple idée mais qu’elle ignore par où démarrer. Au cours de ces réunions d’information collective, une quarantaine par an, on lui présente les étapes du parcours du créateur type, les partenaires qui prendront en charge son accompagnement, le montage de son modèle et les questions financières. Le deuxième axe de La Fabricothèque, c’est son agenda événementiel. Une à deux fois par mois, elle organise des ateliers spécifiques, pour 10 à 15 participants en présentiel, en fonction des besoins exprimés par les accompagnateurs. Créer son activité dans l'économie sociale et solidaire, comment convaincre un financeur ? Bien démarrer en vendeur ambulant, entreprendre autrement… autant de sujets abordés au cours d’une quinzaine de séances annuelles. Un programme évolutif Le programme est défini en novembre pour l'année suivante. C’est le bilan de l’année en cours qui détermine s’il est pertinent de reconduire une action. « Un des avantages de La Fabricothèque c'est que, d'une année sur l'autre, on peut proposer des événements récurrents, comme on peut en abandonner certains pour en créer d'autres. Par exemple, nous avions un atelier qui s'appelait « comment démarrer en livreur coursier » que nous avions créé suite à la crise sanitaire. Mais on s'est rendu compte qu’il ne correspondait pas aux besoins du public. Nous avons simplement décidé de l’arrêter. » Les ateliers sont complétés par des forums de tailles diverses, sur l'entrepreneuriat féminin, ou sur le thème « financer son projet autrement ». Ils offrent l’occasion aux participants d’entendre les témoignages de chefs d'entreprise, d’échanger avec eux, de participer à des activités ludiques. « Lors du forum « Financer son projet Autrement », nous avons proposé un « serious game » aux visiteurs. Nous les avons regroupés autour d’entités fictives pour qu’ils travaillent sur les solutions de financement. Ils devaient aller chercher des « Radisols », des billets fictifs, puis aller solliciter les partenaires sur leur stand. Chaque événement est complètement différent. » Autre dimension importante, la sensibilisation des collégiens et lycéens à l'entrepreneuriat et à l'esprit d'entreprendre, en fonction des sollicitations des établissements scolaires. « Pour moi, les actions auprès des scolaires sont essentielles. Nous devons sensibiliser les jeunes, notamment quand leur cadre familial n’est pas propice. Plus tôt on leur parle d’entrepreneuriat, plus tôt on leur fait rencontrer des chefs d’entreprise, mieux c’est. On peut aussi utiliser des outils ludiques, des casques virtuels, des visites sur nos forums. L’idéal serait de pouvoir intervenir dans toutes les classes dès la 4e, au lycée et au lycée pro, même si c’est juste une demi-journée dans l'année. » En matière d’accompagnement, La Fabricothèque porte une attention particulière aux publics issus des QPV, sans pour autant se focaliser uniquement sur eux, ce qui risquerait d’aboutir à l’effet inverse de ce qui est attendu. Elle fait également la promotion de l'entrepreneuriat féminin, avec la participation de réseaux comme Trajectoire d'entreprise au féminin, afin de casser certaines idées reçues qui font que, encore trop souvent, les femmes ne se sentent pas autorisées à créer leur activité. Convaincre de l'importance de l'accompagnement à la création Problème, les publics ne sont majoritairement pas convaincus qu’il soit important de se faire accompagner. Il y a quelques années existaient des dispositifs, notamment régionaux, qui proposaient un accompagnement assorti d’une petite aide financière. Les porteurs de projet venaient pour l’aide et découvraient l’importance de l’accompagnement. Aujourd'hui, les incitations financières sont moins nombreuses. Trop souvent, l’accompagnement est compris comme une perte de temps. Il faut convaincre les candidats que c’est la meilleure façon d’assurer la pérennité de leur affaire. Au besoin, le « Fabricochèque » peut constituer une incitation. Il s’agit d’une aide de 500 euros, destinée à tout porteur de projet qui réside en QPV ou qui souhaite s'y implanter. « Nous avons ouvert un peu nos critères d’attribution, du fait qu’il y a de plus en plus de personnes qui ont du mal à se faire accompagner avant création. Nous pouvons mobiliser le chèque pour celles qui ont besoin de retravailler leur modèle économique, 6 à 12 mois après le lancement de leur activité, sous réserve qu’elles acceptent notre accompagnement. » « Parfois il arrive que nous soyons dans la dynamique d’aider les gens à faire le deuil de leur projet, de les amener à se rendre compte de manière concrète et opérationnelle que leur modèle économique ne tient pas la route. C’est important de ne pas pousser quelqu'un à créer à tout prix, qu’il en vienne à connaître un échec, et qu’il y laisse des plumes. Pas tant sur le plan financier que du point de vue de l'estime de soi. » Au cours du premier semestre 2023, plus de 450 personnes sont passées par La Fabricothèque, entre la participation aux événements, les réunions d'information collective, l’attribution de chèques. Pour aider les porteurs de projet à mieux se repérer, La Fabricothèque a élaboré un guide des partenaires qui présente leurs actions et champs d’intervention en détail. Pour chacun de ces partenaires, des pictogrammes indiquent à quelle étape ils peuvent intervenir, quel est leur champ de compétence, ce qu’ils peuvent faire en matière de construction du projet, de constitution d’un réseau, de montage financier, etc. « Nous adaptons nos outils en fonction des publics que nous rencontrons. Je pense que plus de porteurs de projets solliciteraient notre accompagnement s’ils étaient sensibilisés en amont, si on leur disait qu’il faut se méfier de ce qu’ils entendent parfois, que la création d’activité n’est pas inaccessible. Plus de 50% des entrepreneurs démarrent avec moins de 5 000€, et n'ont pas forcément de diplôme, il faut le faire savoir. Pour 2024, l’objectif de La Fabricothèque est d’étendre son territoire d’intervention à la communauté de communes de l’Ile de Ré et d’Aunis Sud, afin d’avoir exactement le même périmètre d’intervention que l’Espace Régional d'Information de Proximité (ERIP), porté lui aussi par la Mission Locale La Rochelle Ré Pays d’Aunis » Pour consulter le programme, le guide et connaître tous les partenaires de La Fabricothèque : www.lafabricotheque.com
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July 13, 2023 4:52 AM
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Prévenir le décrochage, raccrocher les décrocheurs
L’Union Pour l’Enfance est une association qui possède deux organismes sur les Deux-Sèvres, en charge de la protection de l’enfance. L’Union pour l’Enfance 79, constituée de plusieurs structures d'hébergement et de prise en charge de jeunes confiés soit par le juge, soit par les parents. Les « Ateliers Agapè », qui comprennent un plateau technique grâce auquel les jeunes sont accompagnés dans le cadre de l’action RAIDS, le réseau d'accrochage et d'insertion des Deux-Sèvres, financé par l’appel à projets régional « Appui aux parcours d’orientation. » Ces ateliers existent depuis 1994. Ils ont été créés pour permettre à des jeunes issus de la protection de l'enfance, décrocheurs, de bénéficier de formations au sein d'ateliers professionnels. Initialement, seule l’activité « espaces verts » était présente. « Notre volonté était de proposer une prise en charge globale de jeunes qui nécessitaient une remobilisation sociale, scolaire, voire professionnelle, » précise Nadège Coillier, directrice des Ateliers Agapè. « Sachant que ces jeunes présentaient plusieurs problématiques, familiale, de posture d'élève, souvent d'addiction et de délinquance. Au début, c’étaient plutôt les départements autour des Deux-Sèvres qui nous les orientaient, afin de les éloigner de leur territoire d'origine. » Après 2009, les ateliers ont pris de l’ampleur. Installés dans de nouveaux locaux, un ancien garage complètement transformé pour accueillir un restaurant et l’atelier professionnel espaces verts. Aujourd’hui, seul ce dernier subsiste. Deux moniteurs qualifiés encadrent des jeunes de 14 ans et plus pour, dans un premier temps, leur faire découvrir ce secteur professionnel au rythme de trois matinées par semaine, sans objectif de production. Ceux qui montrent un intérêt particulier sont accompagnés le temps de leur trouver un lycée professionnel, un CFA ou une Maison Familiale et Rurale (MFR) pouvant les accueillir. Dans cette attente, ils continuent à perfectionner leur formation de base, avec une montée progressive en compétences. Priorité remobilisation « Les publics sont très volatils. Il suffit qu'un jeune retrouve un sens à sa journée au quotidien, c'est-à-dire se lever, sortir de chez lui. Pour certains c'est déjà énorme. Puis, il va pouvoir côtoyer ses pairs, bénéficier d'acquisitions. Cela améliore le climat familial, qui reste parfois fluctuant, mais qui est nettement moins tendu et dégradé que lorsqu’il arrive. Dans le cadre de leur accompagnement éducatif, on est sur la mobilisation de savoir-être, de savoir-faire, de savoirs tout court. Lorsque la base est acquise, l'objectif est de leur permettre d'effectuer des stages en entreprises et de les orienter sur toute structure de droit commun, scolaire ou de formation, telle que les missions locales, les CFA, les MFR. » Les Ateliers Agapè comprennent également un atelier sportif et un atelier de remobilisation scolaire et d'aide à la scolarité. Pour l’atelier cuisine, il ne s’agit pas de professionnalisation, mais de permettre à certains jeunes de découvrir ce domaine professionnel. Et pour les autres, accueillis au sein des structures d'hébergement, d'acquérir une certaine autonomie dans la gestion de leur repas, comment faire leurs achats, ce qu’on peut faire avec ce qui reste dans les placards, une sorte de pédagogie de la gestion quotidienne. Dans le cadre de RAIDS, les jeunes sont orientés par l'éducation nationale, plus précisément par les chefs d'établissement. Il n'y a pas de différence de prise en charge entre ce public et celui de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ils se côtoient, sont mélangés dans les animations, et ils passent systématiquement les 15 premiers jours sur tous les ateliers. « A l’issue, on fait un bilan avec eux. On leur donne la parole pour nous expliquer comment ils ont vécu la période d'intégration, quels sont les ateliers dans lesquels se ont sentis les plus à l'aise, ceux qui les attirent le moins. Avec la remobilisation scolaire et l'aide à la scolarité, on est vraiment dans le fait de redonner envie, de leur redonner du sens, d’expérimenter pour repartir sur un centre de formation ou à l'école. Ça peut aider des jeunes qui fréquentent les ateliers à temps plein, c'est-à-dire du lundi au vendredi, mais aussi qui viennent sur des temps plus ponctuels, sur des demi-journées parce qu’il y a un maintien partiel de la scolarité. » Des profils parfois compliqués Les participants au RAIDS présentent de multiples problématiques d'acquisition scolaire, parfois de handicap, de soins physiques et psychologiques. Certains sont en situation de déscolarisation depuis plusieurs années, depuis le CM2 ou la 6e. Ils peuvent être toujours affectés à un établissement mais ne le fréquentent plus, ou de façon très ponctuelle. « C’est vraiment quelque chose qui m'a particulièrement interpellée. J’ai souvent vu des parents qui étaient désemparés face à leurs enfants en décrochage, sans aucun dispositif pour les accueillir, qui restaient à temps plein à domicile. Le climat familial s’en ressent forcément, et il y a des effets sur les autres enfants de la maison. » Les chefs d'établissement se disent démunis face à certains profils qu'ils n'arrivent pas à raccrocher, qui présentent parfois des troubles du comportement, qui ne sont pas traités ou dont la prise en charge est insuffisante pour permettre de les maintenir au sein des établissements. Ces jeunes devraient bénéficier d'une scolarité adaptée, mais les places sont très limitées. Entre fin 2002 et aujourd’hui, une quinzaine de jeunes issus d’établissements de Parthenay et Thouars ont été pris en charge, plus que le nombre prévu dans la convention avec la Région. « Ça a été vraiment une volonté de ma part de n’évincer aucun jeune. 6 filles, 8 garçons, 3 jeunes également pris en charge dans le cadre des dispositifs relais du Département. Donc avec un co portage, voire un triple portage pour certains, quand il y avait le dispositif relais, le collège et nous qui étions en accompagnement. » « L’appel à projet régional vise les plus de 16 ans. Mais nous n’avons absolument pas accroché ce public, parce qu’il existe déjà beaucoup de dispositifs pour lui, que ce soit à l'intérieur des établissements scolaires ou à la mission locale avec la promo 16-18 et le CEJ. Ces dispositifs s’adressent à des jeunes qui savent se mobiliser et ont envie de le faire. Le gros souci, ce sont les jeunes en déscolarisation, quel que soit leur âge, qui n'arrivent pas à se mobiliser. La moyenne d’âge des jeunes accueillis est de 13 ans et demi, allant de 11 à 15 ans. » L’objectif de l’association est de ramener les jeunes dans le droit commun. Notamment, pendant le dernier mois de leur accompagnement, en travaillant à leur réintégration au collège. Notre lien avec l’établissement d’affectation est quotidien. C’est là que les Ateliers Agapè montrent leur utilité, en permettant le maintien de la scolarité à temps partiel, tout en travaillant sur plusieurs axes, à commencer par les savoir-être, particulièrement importants avec ce public. « On est vraiment perçus comme une bulle, un passage où les jeunes vivent des expériences positives. Nous entretenons un dialogue permanent avec eux. Dans le domaine de la protection de l'enfance, l'accompagnement a énormément évolué. Quand j'ai commencé à exercer, on était dans une configuration où on imposait un cadre et un parcours aux jeunes, ça n’est plus le cas maintenant. Même si ce n’est pas le jeune qui décide en dernier recours, nous essayons vraiment de le considérer en tant qu'acteur à part entière. »
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June 29, 2023 6:42 AM
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L’art comme révélateur de compétences
Yoann Roch est médiateur emploi et culture à la Régie de Territoire du Bassin de Brive. Il coordonne le projet Arts et Compétences, mené en partenariat avec deux autres associations, l’ASEAC 19, structure de protection de l'enfance, et « À tout venant Ressourcerie » de Brive-la-Gaillarde et Naves. Arts et Compétences est financé par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation ». Pourquoi et pour quel public avez-vous lancé Arts et Compétences ? Avec ce projet, nous voulions essayer de voir, en passant par l’activité culturelle, si on pouvait révéler des compétences qu'on ne voit pas au quotidien. C’est un projet qui nous permet d'évoluer dans nos accompagnements, et qui est totalement neuf pour nous. Le premier public visé, ce sont nos salariés en transition professionnelle, et les salariés en insertion de la ressourcerie. Ils viennent de partout sur la communauté d'agglomération, qui compte 48 communes. Pour l’instant nous en sommes à la première session, qui a duré 4 mois à raison d’une demi-journée par semaine. Son but était de réaliser un film documentaire. Nous en organiserons une autre plus tard, qui sera plus tournée sur les jeunes. Je ne sais pas encore sous quelle forme. Combien de participants ? Le groupe était constitué de 9 de nos salariés en transition. J’ai une place un peu particulière, puisque je suis médiateur et que, en tant que tel, je fais l'étude et l'analyse des compétences qui peuvent être révélées et acquises pendant les activités proposées. Et en même temps, j’étais partie intégrante du projet. Ce qui fait que nous avions un petit groupe composé de gens qui ne se connaissaient pas, qui se sont rencontrés à cette occasion. Comment avez-vous fait la sélection ? Nous avons réuni tous les salariés de toutes les structures, lors d’une réunion où on a proposé le projet et présenté une trame. Après, c'est sur du volontariat que les gens se sont inscrits à cet événement. On a choisi une limite de 12 à 15 personnes pour qu’on puisse les accueillir sur les ateliers. Au cas où certaines se désistaient, nous voulions être sûr de disposer d’une dizaine de participants pour qu'on ait quelque chose d'intéressant. Quelle était la finalité du projet ? Le 21 juin, nous avons fait une projection dans un cinéma, en présence de tous les salariés, y compris ceux qui n’avaient pas participé. L’intérêt était de les inciter aussi à plus s’intéresser à la culture, de casser certaines idées reçues. Surtout en ce qui concerne le théâtre. Je pense que les gens restent sur une image classique comme Molière, alors qu'au final ça a énormément évolué. Il y a beaucoup de pièces contemporaines, de concerts, de spectacles vivants. Donc c'était intéressant de leur montrer qu’ils pouvaient y avoir accès et y aller en famille. * * * Nicolas, vous êtes salarié de la régie, que vous a apporté le projet Arts et Compétences ? Au niveau du travail, ça fait une grosse coupure. Ça nous a permis de rencontrer de nouvelles personnes. On a travaillé sur nos compétences et la confiance en soi. J’avais déjà eu une expérience dans le cadre du retour progressif à l'emploi, le dispositif expérimental qui a lieu à Brive depuis 2021, avec des sociologues qui nous ont fait faire le « théâtre des opprimés. » Dans Arts et compétences, on a été accompagnés par une chorégraphe qui nous a appris à nous exprimer avec notre corps, comment faire passer les sentiments, l'envie, le non, le oui. C'était très intéressant de travailler là-dessus, sur notre expression, sur le rapport aux autres. C’était une première étape. La deuxième étape c'était de filmer et réaliser un documentaire. On était à la fois devant et derrière la caméra, on a appris la technique et on s’est aussi filmé. C’est pour ça que c'était important d'avoir travaillé avant sur l'estime de soi, sur le rapprochement corporel avec les autres. Tom, vous travaillez à la « Ressourcerie Gaillarde », pourquoi avez-vous décidé de participer ? J’ai voulu participer à l’expérience pace qu’elle sort un peu de l'ordinaire. Pouvoir être accompagné pendant 4 mois par une chorégraphe, un réalisateur, ce n’est pas tous les jours qu'on vous le propose. Et ça m'a motivé. En participant aux ateliers, on a pu voir ce que ça nous apportait, comme se rendre compte qu'on peut créer avec son corps, bouger dans l’espace, avec des gens qu'on ne connaissait pas avant. Ça peut surprendre parce qu'au début on se dit, je ne vais pas être capable, je ne vais pas y arriver, et finalement ça se fait tout seul. Et puis après, il y a eu le documentaire. Ce n’est pas simplement prendre une caméra, la poser et tourner. Il y a toute une réflexion, qu'est-ce qu'on fait ? Comment on le fait ? Pourquoi ? Comment on s'organise ? A l'étape deux, on a mis en pratique tout ce qu’on a appris au niveau de notre corps dans l'espace, de comment gérer la machine pour filmer. Pour moi cette action est essentiellement basée sur l'estime de soi, la confiance en soi, la valorisation de soi. J’imagine que c'est déjà en nous. On a tous un parcours, une histoire qui fait que peut-être on l'a un peu oubliée, ou on s’est fait un peu marcher sur cette confiance en nous. Du coup, ça a permis de remettre ce sentiment à flots. On s'en rend compte tous les jours, que ce soit au boulot ou dans la vie quotidienne. Je me sens plus affirmé dans le rapport à l'autre, à mes chefs. Ça m'a aidé par rapport à la relation que je peux avoir avec l'autre, peu importe qui c'est. Comme j’ai pris confiance en moi, je peux plus facilement exprimer ce que je ressens ou ce que je veux exprimer. Florence, vous venez aussi d’une ressourcerie, celle du Carnyx à Naves. Que retenez-vous de cette expérience ? Faire des exercices avec la chorégraphe nous a permis de prendre confiance en nous et de faire confiance aux autres. On a tous des parcours plus ou moins différents. On ne s’était jamais rencontré parce qu’on travaille dans trois structures séparées. Mais on s'est mis dans le bain direct parce que nous avions le même but. Et la chorégraphe nous a tout de suite mis à l’aise. En peu de temps, ça nous a permis d'avoir une cohésion de groupe. Pour le documentaire « De vous à nous », le réalisateur a gardé tout le long une part de mystère. Il n’y a pas eu de scénario imposé, il s'écrivait au fur et à mesure des ateliers, en fonction de ce qui venait de chaque participant. Ça s’est fait aussi par rapport à ce que le réalisateur a pu ressentir de chacun de nous. Nous n’avons participé qu’un petit peu au montage, parce que c’est la partie professionnelle, très technique. Il nous a montré quelques images, pour vérifier si ça nous convenait ou pas. Mais nous n’avons découvert le résultat qu’au moment de la projection. Jusque-là, nous étions un peu dans le flou. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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Cap Métiers NA
June 15, 2023 6:05 AM
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A La Rochelle, les Spielberg en herbe
Traditionnellement, le Festival International du Film de La Rochelle qui se tient début juillet, accueille des artistes en résidence durant toute l'année pour réaliser des projets de courts métrages, écrits et tournés dans l’agglomération rochelaise. Selon ses termes, il entend contribuer à la sensibilisation des jeunes spectateurs. Il veut aussi offrir un accès privilégié aux pratiques cinématographiques à différents publics, notamment ceux qui se trouvent souvent éloignés de la culture. C’est dans le cadre de son dispositif « FEMA – Action ! », que le festival a pris contact avec la mission locale La Rochelle Ré Pays d'Aunis, afin qu’elle mobilise un groupe des jeunes et leur propose de créer un court-métrage en compagnie d’une réalisatrice bordelaise. La première rencontre s’est déroulée en 2022. Elle vient d’être reconduite cette année, avec la même réalisatrice qui a souhaité renouveler l’expérience. « Le but c'est que les participants prennent vraiment part au projet, que les jeunes en soient acteurs de A à Z » précise Bénédicte Maurin, conseillère référente des actions culturelles. « Que ce soit au niveau de l'écriture, des dialogues et du scénario, même si la réalisatrice avait déjà son idée en tête, ainsi qu’au niveau de tous les aspects techniques du tournage, la prise de vue, la prise de son, l’acting. » A l’issue, le résultat de ce travail sera projeté lors du festival, à l’occasion d’un après-midi dédié à la diffusion de tous les courts métrages réalisés pendant la résidence. Plus généralement, la mission locale est très axée sur l'accompagnement, la recherche d'emploi, la formation, l'insertion. Depuis quelques années, elle cherche à s’ouvrir à d’autres actions, notamment à dimension culturelle. Dans cet esprit, elle entretient notamment un partenariat avec les Francofolies et avec les Escales documentaires, le festival international de la création documentaire. L’objectif est double. Ouvrir les jeunes sur ce qui se passe sur le territoire de La Rochelle, culturellement assez dynamique. Ainsi que mener un travail sur des nouvelles compétences et capacités, et sur la confiance en soi. La valorisation par la culture « Nous essayons vraiment de nous positionner un peu plus sur ce type d'actions, qui sont tout aussi valorisantes que de faire de la recherche d'emploi pure. C’est l’occasion pour les jeunes de démontrer leurs talents et de réelles capacités. C'est dans ce but que la coopération s'est faite avec le festival du film. Globalement, nos publics semblent très éloignés de tout ça. Le monde de la culture leur paraît assez inaccessible en fait. Pour nous, c’est l’occasion de leur dire qu’il existe des choses, parfois gratuites, auxquelles ils peuvent accéder facilement. On peut vraiment valoriser le jeune, compléter son CV, parce que la participation à un court métrage est un élément intéressant à y faire figurer. » La mission locale devait réunir une demi-douzaine de jeunes, accompagnés par Anne-charlotte Giraud, une coordinatrice du festival. Une première réunion d'information s’est tenue en mars, en présence de la réalisatrice. Elle est venue présenter le projet, ainsi que le travail effectué l’année précédente, pour qu'ils se rendent compte en quoi il consiste réellement. Pas de sélection à l’issue. Le choix des participants s’est fait naturellement par libre adhésion. Il faut qu’ils soient en mesure de se rendre disponibles pendant une semaine, de plus à une période où beaucoup d’entre eux commencent à occuper des emplois saisonniers. Les jeunes retenus ne correspondent pas à un profil particulier. « Quand on propose des actions de ce genre, nous les ouvrons vraiment à tout le monde. Nous savons qu'il y a des jeunes qui sont plus tournés vers les métiers du spectacle et de la culture. Ceux-là ont une plus grande appétence et vont peut-être venir plus facilement. D’autres ne se projettent pas du tout dans ce secteur mais, par curiosité, ils prennent ça comme une vraie occasion d’enrichir leur parcours. » Pour les conseillers, c’est l’occasion de leur parler découverte des métiers et des emplois liés à la réalisation, dans tous ses aspects techniques. Certains des jeunes qui ont participé l'année dernière sont revenus pour la deuxième édition. « Pendant la semaine, mon rôle est d’accueillir les participants. Je fais un point dans la journée pour savoir si tout se passe bien. Nous n’avons pas l'obligation d'être présents, la réalisatrice et la coordinatrice du festival du film gèrent très bien les groupes sans nous. En plus les jeunes ont un travail à faire, ils partent filmer à l'extérieur, notre présence n’est pas forcément utile. » On peut constater l’effet de ce type d’actions dans le parcours d'un jeune lors des entretiens individuels. Chaque conseiller fait un bilan avec le jeune qu’il accompagne. Elles peuvent également permettre de reprendre contact avec des jeunes qui n’étaient plus forcément en lien régulier avec leur conseiller. Cependant, il s’avère que dans leur majorité, ils ne sont pas particulièrement centrés sur les activités culturelles. Ils connaissent les Francofolies car elles sont très médiatisées, c’est beaucoup moins vrai pour un rendez-vous comme le festival du film. Casser les représentations « Un de mes objectifs lorsque je veux développer des actions comme celle-là, c'est vraiment de leur faire découvrir tout ce qui peut se passer ici, parce qu'on sent qu'il y a une certaine distance entre les jeunes et la culture au sens large. Soit ils ne connaissent pas, soit ils ne cherchent pas à savoir, ou encore ils pensent que ça n’est pas fait pour eux. Ils peuvent avoir une image élitiste de certaines choses qui se passent sur La Rochelle. » « Mon but est vraiment de leur montrer qu’ils y ont droit, que ça fait partie de la richesse de leur territoire. Et que des perspectives professionnelles leur sont ouvertes. Pas seulement à celles et ceux qui ont vraiment un intérêt pour ce secteur, qui voudraient évoluer vers tout ce qui est événementiel, culturel. Cette action leur permet d'avoir une petite porte d'entrée, de commencer à constituer un peu leur réseau. » Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’engouement des jeunes n’est pas plus fort pour les activités culturelles que pour d'autres actions. Ceux qui participent le plus, le font généralement parce que cela fait partie de leur projet. Finalement, ce sont des profils bien particuliers qui se lancent. Cela dit, les conseillers sont parfois très surpris par les capacités des jeunes à s’engager, à se dépasser, à progresser et à évoluer. La valeur ajoutée de « FEMA – Action ! », c’est que les participants sont vraiment acteurs du projet, véritablement en immersion, au sein d’une équipe de tournage encadrée par des professionnels. Ils sont dans le « faire » plutôt que de se contenter d’être spectateurs. Pour autant, faire un court métrage, réaliser des petites capsules vidéo, nécessite un certain engagement. « Quand on propose des projets qui sortent un peu de l'ordinaire au-delà du CV, des lettres de motivation, de la recherche d'offres d'emploi, les jeunes ont du mal à s’emparer les choses. Je pense que leurs préoccupations liées au contexte familial, social et professionnel peuvent freiner leur envie et leur curiosité. D’où l’importance de proposer des actions visant à la découverte de nouveaux univers. »
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June 1, 2023 8:30 AM
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Création d'entreprise, un levier pour la mobilisation
Barbara Valbonesi est responsable de secteur Emploi et activités collectives à la Mission Locale de l'Agenais, de l'Albret et du Confluent. Elle coordonne le projet « J’entreprends mon projet d’avenir » qui est lauréat du PIC 100% inclusion. Qu’est-ce que le projet « j'entreprends mon projet d'avenir » ? C'est un projet porté par un consortium dirigé par l'association nationale des groupements de créateurs (ANGC), qui pilote un réseau de 49 groupements portés essentiellement par des missions locales, des Maisons de l’emploi et des PLIE. Elle est à l'origine de la création d'une démarche d'accompagnement vers l'entrepreneuriat, qu’elle diffuse depuis une vingtaine d’années. La singularité de leur méthodologie, c’est qu’elle peut s’appliquer à des publics éloignés de l'emploi. Pourquoi avez-vous rejoint cette démarche ? La Mission Locale de l'Agenais, de l'Albret et du Confluent a rejoint le réseau en 2018, nous étions les seuls en Nouvelle-Aquitaine. Plus récemment, la Mission Locale de Saintonge Romane et celle de Limoges ont suivi. Depuis des années, on souhaitait proposer à notre public une réponse aux besoins d’aide à la création d'activité sur notre territoire, mais ça ne fonctionnait pas. Nous arrivions seulement à orienter vers les structures d'accompagnement à la création, mais rien ne se passait. Il y avait un trou dans la raquette entre l'orientation et l'arrivée. Quand l’ANGC nous a présenté sa démarche, on a été séduits parce qu’elle était fondée sur la pédagogie de l'action, c'est à dire que nous utilisons le levier de l'entrepreneuriat comme prétexte à l'insertion. Quels sont vos publics ? Nous nous adressons à des publics peu ou pas qualifiés, de tous âges, parfois complètement décrocheurs de toute proposition d'insertion. Ce sont des gens qui vont plutôt essayer de construire un emploi qui leur ressemble. Dans le cadre de « j'entreprends mon projet d’avenir », nous proposons des parcours d’une durée maximum de 15 mois. A la fin de ce parcours, soit la personne fait le deuil de son projet, soit elle le poursuit, par exemple en suivant une formation. Elle peut aussi simplement le mettre entre parenthèses, le temps de trouver des solutions financières. Nous allons chercher les invisibles, les personnes qui sont peu demandeuses d'aide, mais qui ont tout de même une envie de faire. Nous saisissons cette envie, qui n'est pas forcément un projet au départ, parce que souvent elles n’osent pas en parler de peur d’être jugées. Nous les accompagnons d'un point de vue général, global. On travaille sur la confiance en soi, c'est ce que nous faisons toujours en tant que mission locale. Le plus souvent, nous les aidons à faire le deuil de leur projet, notamment quand on constate que la création est un prétexte à ne pas accepter la difficulté d'un poste de salarié, ou parce qu'elles ont été abîmées par une expérience professionnelle et qu’elles pensent que la solution est de créer leur propre emploi. Nous essayons éventuellement de les réconcilier avec leur métier d'origine ou un autre métier. Est-ce que l’approche par la création d'activité vous permet plus facilement de toucher les « invisibles » ? Je pense que c'est intéressant d'aller chercher ces publics invisibles ou sortis de l'accompagnement, parce qu'on s'intéresse spécifiquement à la personne et à ses projets. On ne lui propose pas une offre de services clés en main. On part de cette personne et on va d'abord l'écouter. Le PIC c'est avant tout aller vers. Quand on parle d'aller vers nous, c'est aussi aller sensibiliser des structures pour qu'elles nous envoient des publics. Ça peut être des éducateurs de rue, des mairies, des associations sportives, des commerces des zones rurales ou des quartiers politiques de la ville, des structures IAE, dans les épiceries solidaires. On va dans ces lieux faire de la sensibilisation, pour donner envie d’aller plus loin à ceux qui veulent rêver. Comment les abordez-vous ? Nous leur expliquons qu’on ne va pas leur donner des réponses techniques, mais les aider à prendre de la distance avec leur projet. Et surtout les aider à l’écrire. La méthodologie comporte trois étapes. La première consiste pour le porteur de projet à se concentrer sur lui-même, apprendre à se connaître. C’est une sorte de bilan de compétences, avec valorisation de son parcours, de ses savoir-faire et savoir-être, les formations qui pourraient compléter ses compétences. On aide la personne à se fixer elle-même des objectifs. La deuxième étape, c’est la description du projet et sa faisabilité. On les aide à comprendre ce qu’est une étude de marché, ils cherchent à en savoir plus sur le métier visé, sur la concurrence éventuelle, sur le secteur. La dernière étape consiste à faire un lien avec la réalité, par des rencontres avec les professionnels, des enquêtes métiers, des stages, ou même une expérience en emploi. Faut-il comprendre que la création d’activité est surtout un prétexte ? Nous avons entre 6 à 10% de projets qui débouchent sur une création. C'est peu, mais ce n’est pas le premier objectif visé. Nous avons en revanche plus de 50% de taux de sortie en emploi ou en formation, et ce sont des chiffres à peu près similaires à d’autres dispositifs d'insertion. Notre approche, c'est d’apprendre aux gens à faire seul, à comprendre et décrypter le panorama de la création d'activité. Nous continuons à faire notre métier historique, à être un carrefour d'information, d'orientation et de relations avec les partenaires du territoire. Avec cette action, nous restons dans la même logique, mais sur la partie entrepreneuriale. Nous intervenons comme un préalable à l'accompagnement, nous préparons les personnes à pouvoir comprendre les réponses techniques en matière de garantie financière ou de fiscalité qui leurs seront données plus tard par d’autres partenaires. Quelles sont les différences avec vos approches habituelles ? Le PIC nous a permis d'expérimenter de nouveaux outils. En revanche, ça demande des moyens qui ne sont pas évidents à mettre en place. Aujourd’hui, nous avons deux conseillères entièrement dédiées au groupement de créateurs, et un local conçu comme un espace de coworking. Il est commun avec l’ERIP, puisqu’il s’adresse au même public et que les ateliers correspondent tout à fait à ce qu'on propose pendant la première phase de l'accompagnement. Ce qui est prégnant, c'est le besoin de se rassembler. Les gens travaillent ensemble. Pourtant ce sont des profils entrepreneuriaux qui disent vouloir créer leur propre entreprise seuls. Sauf qu’ils ont besoin de se rassembler et de collaborer, au point parfois de créer des projets ensemble. Ces publics ont avant tout besoin d’écoute et de réponses adaptées, donc personnalisées. Notre travail c'est aussi de les orienter vers les bons interlocuteurs. Ce travail autour d'un projet, que ce soit de manière individuelle ou collective, a complètement révolutionné notre manière d'aborder les choses au sein de notre structure. On s'est inspiré de cette méthode pour modifier notre manière d'accompagner les publics. Combien de personnes avez-vous accompagné depuis le début ? Notre objectif initial était de quatre-vingts personnes par vague de 18 mois. Depuis septembre 2020, nous en sommes à 181, il nous reste du temps puisque nous finissons le 31 août. En fait, toutes les structures qui ont rejoint le projet ont dépassé les objectifs, nous comptons 920 participants pour l’ensemble des 10 structures qui ont intégré le PIC. Certaines personnes sont déjà sorties, d’autres ont créé leur entreprise, d'autres encore ont repris un emploi ou une formation. Quelle suite envisagez-vous de donner à ce projet ? Nous savons que nous répondons vraiment à une demande. Notre objectif c'est d'arriver à stabiliser le projet, et ça n’est pas évident. Pour la suite, notre idée est de former l'ensemble des conseillers de la mission locale à la méthodologie du groupement de créateurs, de manière que chacun d’entre eux, quand il accueille un jeune, soit dans la logique de l’inscrire dans une dynamique de projet. Peut-être que nous devrons être moins ambitieux qu’aujourd’hui en termes d'outillage. Fin 2023, nous projetons de créer une « Flashcoop ». C'est une coopérative éphémère labélisée, qui dure une semaine, et qui permettrait de vivre l'expérience de l'entrepreneuriat de A à Z, de la création de l’idée à la commercialisation d’un produit avec des publics féminins des Quartiers Politique de la Ville. Nous avons obtenu un financement du Fonds Régional PAREF financé par l’Etat, la Région et BPI France. Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx
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May 11, 2023 7:58 AM
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Etudier près de chez soi, la solution campus connecté
Autrefois, c’était l’ancienne maison du garde champêtre. Après restauration par la mairie de Saint Macaire (Gironde), elle héberge depuis 2 ans le « campus connecté » porté et animé par la mission emploi formation du Pôle Territorial Sud Gironde, un syndicat mixte réunissant plusieurs communautés de communes. Le bâtiment comporte une salle spacieuse avec une grande table de travail, un équipement de visioconférence, une salle informatique, des espaces de travail. « C’est un lieu que nous avons voulu plaisant, accueillant et convivial », décrit Fiona Joseph, coordinatrice-tutrice. « Cette maison a vraiment une âme. Ce n'est pas juste une salle fonctionnelle et un peu impersonnelle. Les étudiants s’y sentent bien, c'est un peu leur deuxième maison. » Les Campus Connectés sont des lieux d'études labellisés à l'échelle nationale par le ministère de l'Enseignement supérieur de la recherche et de l'innovation. La France en compte aujourd’hui 86, dont 9 implantés en Nouvelle-Aquitaine. Ils sont majoritairement portés par des collectivités territoriales, mais peuvent aussi l’être par des structures associatives. Leur rôle est d'accueillir et d'accompagner des étudiants de tous âges, aussi bien des jeunes en formation initiale, des primo étudiants qui viennent d'obtenir le bac, que des actifs en reprise d'études qui entament un nouveau parcours de formation à distance. Ils doivent respecter un cahier des charges, ainsi qu’établir un partenariat avec un établissement universitaire dit de proximité, qui n'est pas nécessairement celui auprès duquel les étudiants suivent leur formation. Pour le Campus Connecté du Sud Gironde, il s’agit de l’université de Bordeaux qui est partenaire de six Campus Connectés de la région. Une autre vie étudiante « Notre campus comporte 15 places, donc on est plutôt sur des micros effectifs. Bien évidemment, il s'agit d'une autre expérience étudiante que celle qu'on peut connaître sur un grand campus universitaire. Au sein d’un de nos groupes, il y a vraiment des profils très variés en âge, en parcours de vie, en formations suivies. Tout au long de l'année il peut y avoir des entrées et des sorties du dispositif, qui se veut très souple. Je pense que c'est ce qui fait son charme auprès des bénéficiaires, à savoir qu’il convient autant aux formations courtes, aux formations longues, qu'à celles qui se déroulent à cheval sur deux années universitaires, etc. » Plusieurs éléments essentiels caractérisent un campus connecté. Il s’agit avant tout d’un site équipé et connecté, ouvert aux étudiants du territoire qui disposent ainsi d’un lieu où se rendre pour progresser dans leur formation à distance. Autre élément important, ils offrent un accompagnement individuel des étudiants, un tutorat qui peut prendre plusieurs formes, du coaching au conseil. Il ne s’agit pas nécessairement d’un accompagnement pédagogique, mais plutôt d'un soutien à l'étudiant et d'un accompagnement dans ses démarches tout au long de sa formation. « La dernière dimension est la dynamique collective qui s’opère au sein des campus, et qui contribue à motiver les étudiants inscrits. On ne leur demande qu’une chose, être présents sur le site 12 heures minimum par semaine. Les étudiants n'arrivent pas toujours à respecter ces conditions, mais c'est l'engagement de départ. C’est nécessaire pour que je puisse faire mon travail de tutrice, que je puisse assurer le suivi individuel et que la notion de dynamique et d'animation collectives du campus prenne tout son sens. » Les animations prennent des formes diverses, sur la base de thématiques. Par exemple, « bien s'informer, bien raisonner, bien parler, dans le monde d'aujourd'hui et de demain ». A cette occasion, des animateurs de Cap Sciences et l’association « les Débatteurs » ont effectué un travail avec les étudiants sur la prise de parole en public, l'éloquence, les présentations orales, etc. Pour sa part, l’association « IMS Project » (Informations pour le Monde Suivant) est venue inciter les étudiants à s’interroger sur la qualité de leurs sources d’informations. Autre exemple avec un projet qui portait sur le thème « cultiver son bien-être ». Dans ce cadre, ont été organisés des ateliers yoga, des séances de basket, une randonnée culturelle pour aller à la découverte de Toulouse-Lautrec, enfant du pays, et une formation aux premiers secours dispensée par l'union départementale des sapeurs-pompiers. Ont également été organisées des visites d'entreprises, des rencontres avec des professionnels, avec le sous-préfet de l'arrondissement de Langon venu présenter l'organisation des compétences sur le territoire. Répondre à un véritable besoin Au regard des deux premières années du campus, il s’avère que la formation à distance répond effectivement à un besoin. « Je pense que beaucoup n'auraient pas envisagé de suivre des études s’ils ne pouvaient pas bénéficier de cette solution à distance. Pour certains, notamment les plus jeunes, les primo étudiants qui viennent d'obtenir le bac, il s'agit souvent d'un choix par défaut. Parfois, ils ne trouvent pas de place en présentiel à l'issue de la campagne Parcoursup. La limite, c’est que la formation à distance est une formule exigeante. Il faut être organisé, autonome, discipliné et régulier. C'est difficile à faire si on est tout seul. Le campus connecté offre justement ce cadre qui aide beaucoup à ne pas décrocher. » Le Pôle Territorial Sud Gironde met à disposition une quinzaine d’ordinateurs portables financés par la Région Nouvelle-Aquitaine. Si la plupart des étudiants sont déjà bien équipés, ils peuvent s’en servir pour des besoins ponctuels, ou faire un emprunt pour la durée de leur formation. Le campus dispose également de moniteurs, de claviers et de souris, si les étudiants veulent se créer un poste de travail un peu plus confortable. « Très tôt il y a eu un dialogue qui s'est mis en place avec les établissements, les lycées du territoire, publics et privés. Ce dialogue perdure. Chaque année, j'interviens dans les lycées pour faire connaître le dispositif. En revanche, nous sommes un peu surpris d’avoir relativement peu de primo étudiants, et plus d'actifs en reprise d'étude que ce à quoi on s'attendait. Ces derniers représentent presque 50% des adhésions. » Pour la suite, le campus connecté aimerait accueillir davantage de personnes en formation professionnelle, pas seulement sur des formations diplômantes, mais aussi des formations certifiantes et professionnalisantes. Il pourrait accueillir des demandeurs d’emploi qui suivent une formation à distance dans le cadre de leur accompagnement par Pôle Emploi. Ce n’est pas le public envisagé au départ, mais qui pourrait être plus nombreux dans les années à venir. En Sud Gironde, le Pôle Territorial envisage de déployer le dispositif. Une nouvelle antenne ouvrira ses portes à La Réole en septembre prochain. A terme, une troisième antenne devrait voir le jour à Bazas. La volonté est de multiplier les lieux pour que les résidents du Sud Gironde puissent avoir accès au dispositif au plus près de chez eux. « Ce qui est formidable avec le campus connecté, c'est qu’il suscite tout un maillage autour de lui, un réseau d'intervenants vers lesquels il est facile de se tourner pour parler mobilité, service civique, travail à temps partiel… Au-delà de la mission d'accompagnement en termes de tutorat, ce qu'on apporte aux étudiants est bien plus large. Nous créons les conditions de mise en relation avec tout un ensemble d'acteurs du territoire, un accompagnement qui va bien plus loin que celui d’un tuteur dans l'enseignement supérieur. »
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April 27, 2023 8:11 AM
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Le travail au bout du voyage
L’action de formation « Des clés pour l’emploi » relève d’un constat partagé il y a plus de 10 ans par tous les acteurs de la métropole bordelaise, selon lequel beaucoup de femmes résidentes des quartiers de la politique de la ville étaient écartées et rejetées des dispositifs existants, faute d'actions adaptées. A l’époque, l’organisme AIM formation (Actions Inter Médiation), qui possède une expertise sur ces publics, a lancé l’idée de ce programme pour impulser et favoriser l'émancipation des femmes sans solution. « Des clés pour l’emploi » s’adresse depuis le début à des femmes immigrées, qui n'avaient que peu ou pas travaillé, avec un faible niveau de maitrise de la langue française, à l'oral comme à l'écrit. « Nous avons retenu le secteur du nettoyage, » explique Lucie Martinez, consultante en insertion professionnelle, « parce qu’il offrait des possibilités d'emploi plus facilement accessibles à des personnes sans qualification et avec des difficultés de langue. Nous voulions répondre en priorité aux femmes qui souffraient de l'autorité patriarcale, particulièrement des femmes originaires d'Afrique du Nord. » Au gré des vagues d'immigration successives, le public s’est progressivement étendu à des personnes venues d’Asie, du sous-continent indien, d’Europe de l’Est. Point commun de toutes ces femmes, leur difficulté à s'approprier les dispositifs et à trouver leur place en France, ainsi qu’à comprendre les injonctions qui leur étaient faites dans le cadre de leur accompagnement social. Le français comme outil d'insertion « A l'époque, c’était la seule formation non sélective du point de vue des difficultés de communication. Au tout début, elle incluait des cours de français. Aujourd’hui, c'est moins le cas, parce que la demande des femmes est avant tout d’accéder à l'emploi. Or l’apprentissage de la langue prend du temps. On privilégie plutôt l’acquisition de vocabulaire technique, des choses vraiment basiques pour se présenter, pour travailler. Cela dit, un des objectifs de cette formation, c'est de donner aux participantes l’envie de s'inscrire, par la suite, à des cours de français dans la durée, pour avoir la possibilité d’évoluer. » La formation est proposée 4 fois par an. Chaque session dure 2 mois, pour des groupes de 10 à 12 femmes. Beaucoup sont en situation de monoparentalité, par conséquent le choix a été fait de fonctionner en demi-journées, afin de s'adapter aux contraintes diverses, familiales, de logement, de santé. L’après-midi ou le matin pour toute la durée de la session, pour garder une certaine stabilité et que les participantes puissent s'organiser en amont. Pas de formation non plus pendant les vacances scolaires, ni le mercredi. Seules exceptions, les journées aux techniques de nettoyage qui durent 2 jours entiers. Après 5 semaines, à raison d’une douzaine d’heures hebdomadaires, la formation se poursuit sur un stage de 2 semaines en entreprise. Il prend place après que tous les modules ont été déroulés (gestes professionnels, techniques de nettoyage, les produits, les matériels). Les horaires de stage vont de 2 à 7 heures par jour, selon les contraintes, les attentes de chacune, leur état de santé, et le secteur qu’elles ont envie de découvrir. Pour beaucoup, ce stage est une première expérience professionnelle. C’est aussi très souvent le premier « diplôme » obtenu en France, une attestation de formation aux techniques de nettoyage dont elles sont très fières. « Les entreprises qui nous proposent des terrains de stage viennent rencontrer les apprenantes chez nous, dans un milieu bienveillant. Ainsi, les femmes se confrontent à cet exercice, un peu intimidant, qui consiste à se présenter à des chefs d'équipe et des chargés de recrutement. Ma présence les sécurise. Les lieux de stage sont pensés pour que, à l’issue, elles aient la possibilité de signer un contrat de travail. D’abord un CDD, puis un CDI, c'est de l'insertion progressive. A ce stade, certaines femmes décident qu’elles ont envie de faire autre chose, de s'investir dans une formation intensive de français. Ou elles mettent entre parenthèses leur envie de travailler pour quelque temps, à cause de problèmes de santé. » Los de ces rencontres, les entreprises parlent de leurs métiers et de leur activité. Les stagiaires prennent conscience petit à petit que, certes, on peut travailler dans le nettoyage sans vraiment bien parler français, mais que pour gagner en autonomie et en responsabilité, trouver un travail stable, ne pas se contenter de remplacements, il faut acquérir les codes de la société, à commencer par la langue. « Si les professionnels sont présents, alors que les personnes ont de nombreux freins et connaissent parfois des situations très compliquées, c’est qu’ils reconnaissent qu’elles ont réellement envie de travailler. Ce secteur a du mal à recruter actuellement, et c'est d’autant plus difficile de trouver des personnes avec cette motivation et cette envie-là. » Créer une dynamique collective Parmi les points forts de la formation, la mixité des participantes, mixité des âges (de 17 à 58 ans), des situations économiques, des cultures. Certaines n'ont jamais ou très peu travaillé, d’autres n’ont travaillé que dans leur pays d'origine. Les interactions entre participantes sont très porteuses. La confrontation aux pairs s’avère très efficace pour susciter des changements de comportement, des dynamiques de projection. Du point de vue financier, l’action a été montée en co-construction sur la base du diagnostic commun. D’abord la commune de Bordeaux et l’Etat sur les enveloppes de la politique de la ville, puis le Département de la Gironde pour les bénéficiaires du RSA, la CAF, et la métropole afin d’élargir l’action aux communes autour de Bordeaux. « Notre action s’est réinventée, elle s'est adaptée à chaque fois aux besoins qui évoluaient. Le fond reste le même, une action pour les femmes qui veulent travailler et sont empêchées de le faire. Mais c'est vrai qu’elle a beaucoup évolué, pour répondre à chaque fois aux nouvelles attentes qui se sont présentées. » Pour Lucie Martinez, l’idée principale de la formation « des clés pour l’emploi » est d’accueillir tout le monde. Y compris des publics qui ont été refusés de toutes parts, un peu laissés de côté par le système, et dont le quotidien est très compliqué. Des femmes de tous âges, de toutes conditions. Seule restriction, que les personnes soient autorisées à travailler en France. « La fierté de cette action, c'est d'être vraiment inclusive. On prend la personne à tout moment de son parcours. On crée un environnement bienveillant, dans lequel elle va pouvoir explorer et faire éclore ses possibilités, ses envies. C'est un espace de solidarité, d'échange, de rencontres, où des employeurs ont envie de vous tendre la main. Ce sont de très belles histoires à chaque fois. » « Cette formation permet également aux participantes de se familiariser avec les valeurs de la République et le concept de laïcité, de développer l'exercice de leur citoyenneté. Elles acquièrent le sentiment de trouver leur place et de participer à la société. C’est pour elles l'occasion de se confronter aux autres femmes, aux entreprises, au monde du travail. Nous voyons bien qu’elles vivent des changements de perspective. Elles mettent en place différentes choses, elles trouvent des solutions qu'on n'aurait pas du tout imaginé au départ. »
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April 13, 2023 9:25 AM
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La réalité virtuelle, du patrimoine à la formation
Une tablette, un boitier qui est à la fois ordinateur et disque dur, une dizaine de casques de réalité virtuelle. En quelques mots, voici « Timepods », un dispositif créé par la société Angoumoise « Novo 3D », soutenu par l’appel à projet régional « expérimentations de solutions numériques innovantes pour la formation et l’éducation ». Grâce à lui, les visiteurs du site archéologique « Cassinomagus » (Charente) peuvent évoluer dans un environnement recréé de toutes pièces, un univers en trois dimensions, complètement interactif. Ils y découvrent en temps réel les thermes antiques aujourd’hui à l’état de ruines. Un médiateur culturel est aux commandes de la tablette et définit le rythme de la visite virtuelle, ainsi que tout ce que les utilisateurs voient au travers de leur casque. « Cassinomagus est la première utilisation concrète de Timepods, sur un lieu qui avait un vrai besoin de visualisation du site et de gestion d’un flux de visiteurs, » explique Dominique Lyoen, dirigeant de Novo3D. « Son avantage est qu’il est autonome, très portable et très simple d’utilisation. » Le système est utilisable partout puisqu’il est complètement indépendant de tout réseau électrique ou de connexion 4 ou 5 G. Le boîtier génère son propre réseau wifi et reconnait automatiquement les casques. Pour l’animateur, la prise en main est rapide. Il a juste besoin d’appuyer sur une touche pour que les utilisateurs soient propulsés dans l’antiquité romaine. Ils sont parfois conviés à participer à des moments d'interaction, par exemple des ateliers de taille de pierre pour aider les ouvriers à construire le temple. Un matériel en évolution « Les premiers casques étaient lourds, difficiles à paramétrer, et on ne voyait pas grand-chose. En 2019, sont arrivés les premiers casques de réalité virtuelle autonomes, qui avaient la particularité d’embarquer toute l’électronique. Donc ils n’avaient plus besoin d’ordinateur pour fonctionner. En plus, ils avaient la capacité de détecter la position de l’utilisateur dans l’espace. Ce qui nous permettait d'imaginer un déplacement sur site, l’utilisateur évoluant librement comme s'il avait voyagé dans le temps. C'est à partir de là que nous avons pu faire décoller le projet que j'avais envisagé dès 2012. » L'ensemble tablette boitier casque reste toujours le même, mais le contenu est entièrement personnalisable. Il peut être modifié au fur et à mesure, complété pour raffiner l’expérience utilisateur. La durée de développement d’un projet est de l'ordre de quelques mois, à un an maximum. Il faut d’abord « traduire » les données disponibles, surtout quand il s’agit de reconstitutions. Puis vient la création et l’animation de personnages, qui prennent beaucoup de temps si l’on veut aboutir à un résultat réaliste. En 2022, Novo 3D a travaillé sur la possibilité d’utiliser Timepods dans le cadre scolaire. Pour résoudre le problème de de l’achat et de la gestion du matériel, qui ne peut pas être géré par les enseignants, les sites historiques déjà équipés du système ont été sollicités pour se rendre dans les établissements. Les professeurs n’ont plus qu'à passer commande auprès d’eux pour faire vivre à leurs élèves une expérience de réalité virtuelle en classe. « Notre projet était de trouver la meilleure façon de faire tourner correctement, auprès des élèves, les expériences créées initialement pour des touristes. Nous sommes partis du principe d’effectuer 2 séries de tests sur 5 classes, soit environ 200 élèves, de manière à recueillir assez de données probantes à présenter. » L’idée générale de ces deux séries de tests en classe était de confronter l'outil existant et recueillir les retours des élèves, sans pour autant se contenter de leur enthousiasme naturel pour les outils de réalité virtuelle. La question était plutôt de s’assurer que Timepods soit pertinent en tant que support pédagogique. « Ça a soulevé beaucoup plus d’interrogations qu'on ne le pensait. Je pense que nous avons trouvé une bonne manière pour s'adresser à des élèves qui sont entre le collège et le lycée, ce qui suppose déjà un bel écart en termes de mentalité, de perception. Vu de l'extérieur, ça n’est pas si facile à appréhender. » Pour l'instant le système est limité à 10 casques. Pour occuper une classe entière, la solution est de constituer des binômes. Un élève s’équipe du casque, l’autre s’assure que son camarade n’entre pas en collision avec un mur ou un autre élève. Il a un livret en mains et pose des questions dont les réponses sont à rechercher au sein de l’environnement virtuel. « C'est donc un jeu collaboratif en binôme que nous avons mis au point. Le livret comporte des questions précises qui s'appuient sur ce que l’enseignant ou l’animateur disent, sur ce que les gens voient dans le casque. A la fin, il y a un quadrillage et si la réponse est bonne, cela indique un mot. Ce système est tout simple, il n’a pas été facile à trouver, mais il fonctionne très bien et permet de passer 20 élèves d’un coup. » Des applications multiples « Sur un type de formation, les gens sont regroupés autour d’un animateur, qui gère le déroulement de l'expérience. En aucun cas Timepods ne se substitue à lui. Pour moi l’intervention humaine est toujours importante. On est vraiment sur un système avec interactivité multiple, interactivité de la personne qui fait la visite et qui interagit avec ses visiteurs, et une interactivité propre à chaque utilisateur. » Le système a démontré son efficacité en termes d’immersion historique, mais il peut être décliné dans beaucoup d’autres domaines, pour des formations en chaudronnerie, en sécurité, en machinerie, etc. C’est une question d’informations à traiter, de scénarios à élaborer. « Les perspectives en termes de formation professionnelle sont ouvertes, maintenant que nous avons développé le système. C'est vrai que notre savoir-faire se situe principalement dans le champ historique, mais si on avait une entreprise ou un organisme de formation qui nous sollicitait pour adapter leurs contenus sur des casques autonomes, nous serions prêts à intervenir. » « Il faut vraiment que le virtuel commence là où finissent les solutions de formation traditionnelles. L’outil doit avoir une vraie justification. Il nous serait tout à fait possible de vendre nos systèmes un peu partout, mais le risque serait de faire dans le gadget. Cela dit, les applications sont multiples. Par exemple, nous avons travaillé avec une société de gardiennage pour entraîner les gens à divers scénarios incendie, un cambriolage, etc. C’est difficile de mettre les apprenants au milieu d’un incendie, mais en virtuel c'est possible. Il existe plein de possibilités de mise en place. »
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Cap Métiers NA
March 30, 2023 10:37 AM
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CitésLab, soutenir l’envie d’entreprendre en QPV
BGE Limousin-Poitou-Charentes fait partie d’un réseau national dont l’objet principal est d'accompagner à la création d'entreprise, sans condition de profil, de diplôme ou de revenus. Les porteurs de projets sont accompagnés depuis le stade de l'émergence, leur idée de départ, jusqu'au « post-création », avec éventuellement une intégration de l’accompagnement en couveuse, une solution qui permet de tester son activité en toute sérénité. Pour ce faire, l’association porte plusieurs dispositifs pour un accompagnement à 360 degrés. Parmi eux, CitésLab est un dispositif national déployé dans près de 800 quartiers. A Limoges, il s'adresse spécifiquement aux habitants des 9 quartiers prioritaires de la ville. Soutenu en Nouvelle-Aquitaine par le dispositif "Entreprendre, la Région à vos côtés",l est parti du constat que dans ces zones urbaines, les envies de création existent, mais qu’elles se heurtent à un certain nombre de freins périphériques : difficultés de maîtrise de la langue française, défiance vis-à-vis des démarches administratives, carence en informations sur les démarches… Difficile dans ces conditions d’oser se lancer ou d’assurer la pérennité d’un projet. Pour Aymeric Chassin, chargé de projet CitésLab, la première étape de la démarche est la phase de détection. Elle consiste à partir à la rencontre des habitants pour leur présenter le dispositif et leur proposer des rendez-vous d'accompagnement. Autant de publics qui ne vont pas naturellement pousser d’eux-mêmes la porte d’un acteur de l’accompagnement. « On leur explique qui on est, on leur pose des questions, pour savoir s’ils ont un jour envisagé d'entreprendre. Parfois je rencontre des personnes qui le veulent, mais qui ne savent pas forcément dans quoi elles souhaitent entreprendre, ni comment. L'idée c'est de leur fournir toutes les ressources et informations nécessaires pour qu’elles puissent avancer sereinement dans leur projet. On parle de projet de vie, pas forcément de création d’entreprise. L’essentiel étant que la personne soit en phase avec le projet qu'elle souhaite mener à l'instant T, que ce soit créer une activité, prendre un emploi, partir en formation… » Le pari de l'entrepreneuriat Cette phase de prospection est complétée par des actions de sensibilisation, des ateliers d’éveil à l'entrepreneuriat où sont abordés les grandes étapes, les freins, les motivations. Et des questions plus transverses sur l’utilisation des outils numériques et des réseaux sociaux. L'accompagnement en tant que tel se fait au long cours. « J’ai la chance de ne pas être astreint à un volume horaire précis. La durée de l’accompagnement, de 5 à 10 heures réparties sur plusieurs mois, dépend de la maturité du projet, de ce qu’on perçoit de la personne, de ce qu’elle veut faire après. Une autre partie de ma mission consiste à orienter les personnes vers les acteurs et financeurs qui pourront l'aider. L’idée, c'est vraiment d'être au centre de l'écosystème, d'avoir une vision globale sur celui-ciet de pouvoir le mettre à disposition du porteur au bénéfice de son projet. » Certains publics vont envisager la création d'entreprise parce qu’ils se trouvent à un moment de leur parcours professionnel où ils manquent de perspectives. C’est dans ces moments qu’un projet de création peut émerger, sans forcément qu’ils aient l'âme d'un entrepreneur. « J’ai un rôle à jouer sur ce qu'on appelle l'amorçage du projet. Mais aussi dans le « désamorçage ». Il faut pouvoir dire à tout porteur de projet que ce qu’il veut faire, compte tenu de sa situation, n'est peut-être pas forcément la meilleure option et que d’autres solutions peuvent être envisagées, comme une entrée en formation, ou le retour à l'emploi. » Il peut aussi exister des inadéquations franches entre le porteur et son projet. Par exemple une personne qui veut ouvrir un restaurant mais n’a jamais cuisiné. « Notre travail, et celui des acteurs de l'accompagnement, c'est de lui faire comprendre, en douceur, qu’il ne suffit pas de voir un chef étoilé à la télévision pour envisager de monter un restaurant. On lui dit que ce serait bien de se former, de passer par une PMSMP. Cuisiner chez soi, c’est différent que de se projeter sur une activité professionnelle qui doit être rentable. » Le cœur de métier de CitésLab est d’expliquer aux porteurs de projets que BGE Limousin Poitou Charentes n’est pas là pour faire à leur place, mais pour faire avec eux. Le rôle de l’accompagnateur est de les mettre sur les bons rails, leur présenter les démarches à réaliser, identifier leurs besoins. A eux de contacter tous les acteurs autour de leur projet, d’acquérir un début de posture entrepreneuriale, de se poser les bonnes questions, de raisonner pragmatiquement. D'abord répondre aux besoins Beaucoup d’entre eux veulent que les choses aillent vite. Il est parfois difficile de mettre en place une démarche de structuration approfondie avec des personnes qui ont des besoins économiques urgents. Avec un public aussi volatil, l’accompagnement peut ne peut pas dépasser quelques mois. Dans tous les cas, CitésLab existe pour déclencher une prise de conscience. Son défi principal, comme celui de tous les accompagnants, c’est de répondre de manière complète et efficace aux attentes de ce public, en un laps de temps assez réduit. « Au départ c’est une chose qui m’a un peu désarçonné. Je voyais des gens avec un bon profil, et les accompagnements n’allaient pas au bout. En échangeant avec d’autres intervenants, je découvrais qu’ils ne comprenaient pas forcément que monter un projet demande du temps, alors qu’ils avaient des impératifs immédiats. » « Souvent, nos publics ont du mal à saisir qu’il ne suffit pas d’aller à l’Urssaf et créer une entreprise pour qu’elle génère du chiffre d’affaires. La phase de préparation et de réflexion n’est pas une évidence pour eux, alors qu’ils possèdent le savoir-faire. Ils ont aussi beaucoup d’idées reçues sur la posture, l’image du patron. Ils veulent créer pour ne plus avoir de chef, gagner de l’argent, trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Et ils s’illusionnent parfois sur les aides disponibles. Pour moi, un projet doit pouvoir être créé et se pérenniser sans aide extérieure. S’il est conditionné au fait de recevoir sur des aides, c’est que le modèle économique est à revoir. » En complément, BGE Limousin Poitou Charentes s'est vu confier l'organisation du concours régional « Talents des cités », soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine, initié par le ministère chargé de la Ville et Bpifrance. Ce concours offre un coup de projecteur aux acteurs de l’accompagnement, et valorise le parcours des porteurs de projet et entrepreneurs en QPV. 18 candidats sélectionnéssur 25 dossiers présents en 2022) se présentent dans 2 catégories. « Emergence » pour ceux qui sont dans la phase de création, « Création » pour ceux qui ont lancé leur activité depuis moins de 3 ans. Ces deux catégories englobent une grande diversité d’approches. Le jury nomme également 3 coups de cœur, pour récompenser des projets très qualitatifs qui méritent d’être encouragés. L’intérêt pour les candidats, outre un coup de pouce financier pour les lauréats, est de se faire connaître, de créer un effet d’entrainement et développer leur réseau.
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Cap Métiers NA
March 15, 2023 10:28 AM
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Quand les étudiants parlent aux collégiens
La mission principale de L’AFEV est de permettre à des jeunes étudiants de s'investir dans la lutte contre les inégalités éducatives. Depuis 30 ans, l’association mène diverses actions comme le mentorat par des étudiants qui consacrent bénévolement 2 heures par semaine auprès d'un enfant pour ouvrir ses perspectives culturelles, ou les colocations solidaires dans les quartiers afin d’y développer le lien social. Autre aspect, permettre à des jeunes de s'engager, notamment en service civique et de participer à son projet associatif. Le projet Démocampus, qui a débuté à Bordeaux en 2019, s’inscrit dans cette logique de lutte contre le déterminisme social. « Sur cette thématique, travailler autour de l'orientation nous a paru très important », explique Hélène Bananas, chargée de développement. « On sait que seuls 10% des enfants d'ouvriers vont à l'université. On voit vraiment clairement qu'il y a un phénomène de reproduction sociale. C'est difficile de se projeter dans des études supérieures pour quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler, qui n'a pas d'exemples dans son environnement socio familial. L'origine sociale d'un jeune, demeure un facteur déterminant de son parcours d'orientation. » La démarche consiste à mobiliser des jeunes volontaires en service civique pour qu’ils témoignent auprès d'enfants issus de quartiers prioritaires, dans le but d’élever le niveau de leurs aspirations. Des binômes de volontaires interviennent dans les classes de 4e et 3e d’une dizaine de collèges de la métropole bordelaise, pour leur parler du lycée, des études supérieures, de la vie étudiante. « Nous ne sommes pas conseiller d'orientation et ça n’est pas notre métier, » précise Elina Burlot, étudiante volontaire. « Mais on peut quand même leur donner le vocabulaire, leur ouvrir un peu la porte pour leur dire ce qui existe. Et que s’ils sont intéressés, il y a plein de manières d'avoir des infos. » Matière études supérieures Ces interventions ne sont pas optionnelles pour les collégiens afin de donner à tous et toutes le même niveau d'information. Tous les élèves participent à 4 ateliers d’une durée de 2 heures à une demi-journée, sur les heures de classe. Pour les établissements et les enseignants, cela représente un certain investissement, 6 heures et une demi-journée prises sur les cours. Le premier atelier est celui de la prise de contact avec les collégiens. Les animateurs leur proposent un questionnaire pour évaluer leurs connaissances, faire l'état des lieux de leurs préjugés et les pousser à les questionner. On leur parle du lycée, des études supérieures, des filières. Le débat qui suit porte sur des questions générales « est-ce qu'il faut être un bon élève pour réussir dans la vie ? » « Faut-il faire des études pour être heureux ? ». Le but est de montrer que l'orientation n'est pas seulement un choix de filières, et même de métier, mais que d'autres facteurs doivent être pris en compte, comme la famille, l'endroit où l’on vit, etc. « On ne veut pas se positionner en profs, on n'est pas là pour leur dire asseyez-vous et écoutez, nous on connaît plein de choses et on va tout vous dire. Simplement, on leur apporte un vocabulaire, des connaissances qu’ils n’ont pas, parce que on est un peu plus loin dans les études. On témoigne de notre expérience qui pourra éventuellement se révéler inspirante, éclairante ou rassurante pour les collégiens. » Le 2e atelier est centré sur les témoignages d’autres étudiants qui viennent leur présenter leur parcours du collège à l'université, y compris les difficultés qu’ils ont rencontrées, les doutes. Ils leur parlent également de questions pratiques, la gestion d’un budget, les courses, les lessives, tous éléments qui peuvent être sources d’inquiétude. On essaie de dédramatiser, de leur montrer qu'il y a plein de champs possibles. Et qu'on peut changer d'avis, il y a plein de passerelles, pas que des parcours linéaires. Le 3e atelier, c’est la découverte de l’environnement universitaire, avec visite du campus de l’Université Bordeaux Montaigne. Ils assistent à un cours en amphithéâtre, visitent la bibliothèque, le restaurant. Tous les éléments qu'ils connaissent au collège, on les retrouve sur le campus, mais en plus grands. Le 4e et dernier atelier est consacré au lycée, à ce qui est le plus proche d'eux. Dans le cadre d’un jeu, ils reçoivent une carte avec un personnage qui a un projet professionnel. Leur but est de créer le parcours de ce personnage à partir de la classe de 3e, en choisissant ses études, ses activités extra-scolaires. « On veut leur montrer que tous les parcours sont possibles, que deux personnes qui suivent le même parcours n’auront pas forcément les mêmes compétences. On veut aussi casser les hiérarchies entre les filières. Si on a une idée de métier en tête, peut être que c’est la filière professionnelle qui est la meilleure voie à emprunter. Certains préjugés sont portés autant par les familles que par le système scolaire.» Démocampus ne cherche pas à se substituer aux professionnels de l’orientation, mais cherche à ouvrir le champ des possibles aux jeunes. Selon Elina, « au début de l'atelier ils nous voient comme des adultes. À la fin de l'atelier, ils nous voient beaucoup plus comme des pairs. C’est quelque chose qui nous permet d'aller beaucoup plus profondément dans le témoignage. On n'a pas oublié ce que c'était d’être collégien, on l’était il n’y a pas si longtemps. Du coup, le contact passe bien. » Se poser les bonnes questions En résumé, les ateliers visent à lever les freins d’autocensure, à informer les collégiens de ce qui existe, à leur dire que tout leur est accessible. Et que si, à 22 ans, un étudiant ne sait pas forcément encore ce qu’il veut faire, qu’il peut changer d’avis, passer d’une filière à une autre, à 14 ans, eux ont tout leur temps pour se décider. "Mais l'important est de démarrer les réflexions et les recherches dès maintenant, car un projet d'orientation et d'insertion professionnelle se construit patiemment et sur le long terme. Souvent, quand on leur parle d'orientation, ils pensent métier. Mais les autres questions à se poser c'est aussi qui vous voulez être ? Qu'est-ce que vous voulez devenir ? Où voulez-vous habiter ? Est-ce que vous voulez aller étudier à l'étranger ? ça leur parle beaucoup. » « Ce qui continue à me surprendre, alors que voilà 10 ans que je travaille dans l'éducation populaire, c'est la force de ces outils. Quand on leur donne la parole, les élèves débattent de manière passionnée, sur ce que veut dire « faire des études » et même sur ce qu’est le bonheur. Souvent ils arrivent à la conclusion que dès qu'on s'investit dans l'apprentissage de quelque chose, on étudie. Que la vie n'est qu’apprentissages, et que chacun trouvera la réponse qui lui convient. » Chaque année, les volontaires sont encouragés à enrichir le projet, apporter de nouveaux outils ou les faire évoluer. Démocampus repose également sur la confiance faite aux volontaires que l’AFEV considère comme des experts de ces thématiques, de par leur expérience. Pour Elina, « l’image du passage de flambeau plaît bien à l’équipe. On entretient la flamme, puis on la passe à d’autres volontaires, d'année en année. Avec la petite graine que nous on a mise. » Pour l’avenir, l’ambition de Démocampus est de toucher plus de collégiens. Et à court terme, de s’adresser plus aux familles, qui jouent un véritable rôle dans l’orientation. Pour les parents, les interventions se font aussi en collège, le soir, sur le même modèle qu’avec les jeunes : informations, travail en petits groupes, échanges avec les volontaires étudiants. L'idée générale est de faire parler les parents entre eux parce que, eux aussi, peuvent être assez stressés par rapport à l’orientation, et notamment aux réformes.
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Cap Métiers NA
March 2, 2023 8:39 AM
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Métier, constructeur de frégate
Le début de l’aventure de l’Hermione et de son association remonte aux années 90. Cette dernière exprimait, dès son origine, la volonté que le chantier soit ouvert au public. Ses statuts incluaient également un volet autour de l'insertion destiné aux publics éloignés de l'emploi. La phase d'élaboration du projet et de construction de la frégate a duré plus d'une vingtaine d'années. Puis est venue la phase de navigation, les voyages aux États-Unis et en Méditerranée. « En 2021 nous avons constaté, au cours des travaux de maintenance, qu’il y avait une avarie majeure sur le bateau. Sa coque était attaquée par des champignons », décrit Yann Binot, responsable formation. « Il fallait trouver une forme qui puisse l’accueillir pour une durée de quelques mois. » C’est à Anglet que l’Hermione a jeté l’ancre mais son exil, initialement provisoire, durera jusque fin 2024. Dès son arrivée au Pays basque en septembre, l’objectif de l’association a été d’ouvrir le site au public, suivant le même principe que ce qui se faisait à Rochefort. Même si les conditions n’étaient pas initialement favorables, puisqu’il est situé dans une zone industrielle. Les aménagements nécessaires ont été effectués avec le soutien de la CCI. Et puisque la demoiselle de Rochefort allait rester plusieurs années, l’association a décidé de profiter de ce repos forcé pour monter des projets autour de l'orientation et de la découverte des métiers, en allant plus loin que ses actions d’insertion habituelles. Pour mener ce projet baptisé « la frégate des métiers », l’association Hermione a sollicité de nombreux partenaires comme la Région, propriétaire de la forme d’Anglet, le CINAV, les établissements scolaires dont le lycée maritime de Ciboure, le Campus des Métiers et des Qualifications (CMQ) Forêt Bois, la FFB, la fédération compagnonnique des métiers du bâtiment, le Département, les missions locales, la CCI, Pôle emploi, les organismes de formation. Le principe étant de mettre en avant les industries de la mer d'une part, les métiers de la croissance bleue, notion assez large qui inclut le secteur du tourisme, et la filière forêt bois d'autre part. L'appel de l'Hermione « Lorsque nous sommes arrivés, on ne connaissait pas bien le territoire. On ne voulait pas être enfermés sur nous-mêmes en ne faisant que de la réparation, mais véritablement ouvrir le projet localement. Nous sommes allés à la rencontre de l'ensemble de ces acteurs pour leur signaler notre présence. Notre message consistait à leur présenter l’Hermione comme un support exceptionnel dont ils pouvaient profiter, à chacun de se l'approprier. Car même si nous sommes une petite association, l’Hermione c’est un projet atypique, unique, qui entraîne les volontés. » Les différents partenaires ont proposé des animations orientées métiers, exemple avec le conteneur du CINAV et une fresque métiers de la Région. Beaucoup d’actions ont été menées auprès des établissements scolaires et les centres de loisirs. En 2022, plus de 1 000 jeunes sont ainsi venus visiter l’Hermione. Un animateur dédié est également chargé de s’adresser au grand public, et de leur parler métiers dans le cadre des visites libres. L’association participe aussi à des évènements comme la semaine de l'emploi maritime, la nuit de l’orientation, la semaine de l'alternance. « On cherche souvent à faire des actions qui permettent d'attirer les jeunes éloignés de l'emploi et de la formation, qui ne vont pas dans des forums ou qui ne franchissent pas la porte d'un lycée. On peut leur parler métiers, orientation, emploi de manière différenciée. Les visiteurs viennent avant tout voir le bateau, ils ne cherchent pas d’information sur l'emploi. Mais on en profite tout de même pour leur parler des métiers et des filières. L’année dernière nous avons reçu 50 000 personnes sur le site. Avec tout ce public, ajouter la dimension métiers, ce n’est pas rien. » « L’essentiel pour nous, c’est le contact humain. Le plus important, ce sont les témoignages des professionnels. Des hommes et des femmes qui vont parler métier aux visiteurs, qui partagent leur vécu, le transmettent et donnent envie. L'idée est de présenter les choses de la manière la plus véridique possible, en montrant les contraintes mais aussi les avantages.» Des métiers, du chantier au grand large Les métiers de la mer connaissent des difficultés similaires à celles de toutes les autres filières d’activité. Tous sont en tension, même si les métiers du bois s'en tirent un peu mieux que les autres, parce que le matériau attire beaucoup de candidats, notamment des personnes en reconversion. « Quand on touche aux métiers maritimes au sens propre, on est plutôt sur un public jeune, de moins de 30 ans. Pour les métiers du bois, on élargit très fortement, on touche plus un public en reconversion, entre 40 ans et 45 ans. Dans ces formations, on essaie de s’assurer de la possibilité de faire des transferts de compétences, du nautisme vers le bâtiment, parce que c'est une activité qui est très sujette aux crises. Pas pour tous les métiers mais dans certains, c’est tout à fait possible de faire des ponts, comme carrossier, peintre, stratifieur. » « Tout est vraiment lié au type de métier, au parcours professionnel de chacun. On se rend compte évidemment qu’à partir d’un certain âge, les gens sont plus stables, plus ancrés dans un lieu avec leur famille, ce qui fait qu’ils vont moins vers les métiers maritimes qui imposent des contraintes des déplacements incessants. Quand on vieillit, on est moins prêt à les accepter. » A chacun de ses voyages, composé de plusieurs étapes, l’Hermione embarque environ 250 gabiers par roulement. L’équipe a constaté que beaucoup de ces marins volontaires, amateurs, sont le plus souvent dans une phase de réflexion par rapport à leur projet professionnel. Leur expérience sur l’Hermione leur donne des pistes, voire fait naître des vocations. L’association a voulu aller plus loin en créant son propre organisme de formation, reconnu et certifié depuis décembre 2021. A terme, elle veut en faire un lieu où on parlera métier et orientation, se situer plus en amont, proposer un parcours à ces jeunes gabiers. Et au-delà, à tous ceux qui viendront voir l’Hermione sur site. Quand elle sera réparée et capable de voguer vers d’autres horizons, « la frégate des métiers » poursuivra ses activités avec les partenaires locaux de son port d’attache.
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