En 2014, faute de pouvoir se procurer de nouveaux sous-marins auprès de pays susceptibles de lui en livrer, Taïwan décida d’en construire par ses propres moyens… alors que sa base industrielle et technologique de défense ne possédait pas les savoir-faire nécessaires [matériaux, acoustique, capteurs, etc.] pour mener à bien une telle entreprise.
Quoi qu’il en soit, après avoir notifié des contrats d’études à l’Institut national Chung-Shan pour la science et la technologie, au Ship and Ocean Industries R&D Center et à CSBC Corporation, Taipei lança le programme Hai Lung 2, avec l’objectif de construire huit nouveaux sous-marins à propulsion diesel-électrique afin de pouvoir, le cas échéant, briser un blocus imposé par Pékin ou de mettre en échec une opération amphibie de l’Armée populaire de libération [APL] sur son littoral.
Grâce à l’appui discret de plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, CSBC Corporation posa la quille du Hai Kun [Narwhal], le premier sous-marin de conception locale, en 2020. Puis, trois ans après, ce dernier fut officiellement dévoilé peu avant son lancement.
Affichant un déplacement d’environ 2 500 tonnes pour une longueur de 70 à 80 mètres, le Hai Kun serait doté d’un système de combat fourni par Lockheed Martin et aurait la capacité d’emporter des torpilles Mk-48 Mod 6 et de missiles anti-navires Harpoon Block II.
« Pendant longtemps, construire localement des sous-marins était considéré comme une mission impossible. Mais aujourd’hui, un sous-marin conçu et construit par notre propre peuple est sous les yeux de tous – nous l’avons fait », s’était félicitée Tsai Ing-wen, présidente de Taïwan à l’époque.
Seulement, le programme Hai Lung 2 a pris du retard. Et ce n’est qu’en juin dernier que le ROCS Hai Kun a commencé ses essais en mer. Essais qui ne se sont pas exactement passés comme prévu, rapporte le journal taïwanais Mirror Daily.
En effet, lors de sa seconde sortie, le sous-marin a été victime d’une panne au niveau de son système hydraulique, laquelle a eu pour effet de bloquer son gouvernail en forme de X. Et cela alors qu’il naviguait en surface.
L’équipage a donc été contraint d’actionner manuellement le gouvernail afin de faire demi-tour et de regagner le port, avec l’assistance deux remorqueurs.
« Les sous-marins sont généralement équipés de plusieurs pompes hydrauliques indépendantes, entraînées par différents moteurs auxiliaires, électriques ou diesel, pour des raisons de sécurité. En cas de défaillance, le système principal bascule immédiatement sur un circuit hydraulique de secours. Afin de garantir la sécurité de ce dernier, une source d’alimentation supplémentaire est prévue pour les pompes de secours, assurant ainsi leur fonctionnement normal », a expliqué une source du Mirror Daily.
Et si ces systèmes de secours ne fonctionnent pas non plus, alors l’ultime recours consiste à effectuer des « opérations manuelles », comme cela s’est donc produit à bord du ROCS Hai Kun.
Sollicité par la presse après les révélations du Mirror Daily, l’état-major de la marine taïwanaise a fait valoir que « essais visaient à identifier les problèmes et à les résoudre ».
« Les problèmes ont été résolus après le retour du sous-marin au port et ne se sont pas reproduits depuis », a-t-il ajouté, selon le Taipei Times.
Actuellement, le ROCS Hai Kun se trouve au chantier naval de Kaohsiung pour y subir d’ultimes vérifications avant d’effectuer ses premiers essais en immersion.
« On surveille de près l’état du sous-marin et on le soumet à des tests rigoureux avant de donner son feu vert aux essais de plongée et de remontée à la surface », a fait valoir le vice-amiral Chiu Chun-jung, le chef d’état-major de la marine taïwanaise.
En tout cas, Taipei met la pression sur CSBC Corporation, l’industriel ayant été condamné, en octobre, à une amende pour chaque jour de retard pris dans la livraison du sous-marin, lequel aurait dû remis à la marine taïwanais en novembre.
« Le montant total de la pénalité étant déduit du versement final », a précisé l’amiral Chiu. « Le projet progresse et tous ceux qui y travaillent font de leur mieux », a-t-il assuré.
« Notre première préoccupation concerne bien entendu la qualité et la sécurité, qui passent avant le respect du calendrier de livraison. Les sanctions ne sont qu’un moyen pour contraindre le contractant à redoubler d’efforts pour exécuter la commande. Les sanctions ne sont pas notre objectif. Nous voulons surtout que la construction soit achevée », avait affirmé Wellington Koo, le ministre taïwanais de la Défense, en octobre.
|
|
Scooped by
Romain
onto DEFENSE NEWS December 14, 8:31 AM
|
No comment yet.
Sign up to comment
Your new post is loading...