Habituellement, les avions légers Yak-52 ukrainiens abattent les drones russes à l’aide d’un tireur situé en place arrière. Mais une vidéo montre qu’un pilote s’est approché d’un drone russe non pas pour lui tirer dessus mais littéralement le couper en deux avec son aile. Cette action fait penser à la manœuvre utilisée par les pilotes alliés en 1944-45 contre les bombes volantes V-1 allemandes.
Neutralisation avec une aile
En Ukraine, si les drones suicides font souvent la une de l'actualité, en réalité, la menace la plus importante est celle des drones de reconnaissance. Grâce à leur très grand nombre, le champ de bataille mais aussi les arrières du front sont devenus de plus en plus transparents. Sans eux, pas de frappe d'artillerie, d'attaque coordonnée,... ou encore de frappe de drones suicides !
Sur les arrières ukrainiens, quelques Yak-52 civils sont justement utilisés pour chasser ces drones. Les avions ne sont pas armés, la neutralisation étant effectuée par un tireur en place arrière. Ce dernier est équipé d'une simple arme automatique ou semi-automatique et doit viser du mieux qu'il peut le drone ennemi pour tenter de l'abattre. Mais ce 16 octobre, un équipage d'un Yak-52 ukrainien a innové une nouvelle méthode d'interception. Alors qu'il survolait les environs du village de Kryva Balka, à l'ouest de Mykolaïv (46°57'56.9"N 31°48'16.4"E, oblast de Mykolaïv, Ukraine), l'équipage a aperçu un drone de reconnaissance russe de type Zala. Et comme démontré dans la vidéo ci-dessous, le pilote a approché son avion à gauche du Zala pour le neutraliser. Contre toute attente, il n'y a pas eu de tir par la personne située en place arrière mais bel et bien l'utilisation de l'extrémité de l'aile droite du Yak pour couper en deux le drone russe.
La manœuvre est extrêmement dangereuse car un contact trop brusque entre le drone et le Yak pourrait endommager l'aile de l'avion. Le drone pourrait aussi se retourner contre le Yak et endommager voire même détruire l'avion sans que le pilote n'ait le temps de réagir pour s'éloigner. Est-ce que le pilote avait vu une opportunité ? Le tireur était-il à court de munitions ? Quoiqu'il en soit, il s'agit de la toute première vidéo d'un avion utilisant son aile pour neutralisé un drone télépiloté.
Une idée venant de la Seconde Guerre mondiale ?
En 1944, l'Allemagne lance des vagues de bombes volantes V-1 sur Londres (Royaume-Uni). Ce qui s'apparenterait aujourd'hui comme le premier drone tactique suicide de l'Histoire militaire était alors une cible difficile à détruire depuis le sol. Seuls les canons antiaériens guidés par des radars (bien moins précis qu'aujourd'hui) offraient une certaine efficacité. Dans les airs, les chasseurs et chasseurs bombardiers alliés avaient du mal à détruire la bombe : en cas d'explosion, presque 900 kg d'explosifs projetaient des débris tous azimuts et pouvaient détruire le chasseur. C'est alors que certains pilotes tentèrent une manœuvre des plus folles mais très célèbre.
En 2019, le Wing Commander (équivalent au grade de lieutenant-colonel dans l'AAE) Nick Robson, alors commandant de la base support de la RAF High Wycombe, a expliqué la manoeuvre en question auprès de Forces News :
"L'action de renversement était en dernier ressort. L'idée était de placer l'aile de l'avion au plus près que possible du missile [en dessous de l'aile du missile]. Il y a une différence de pression d'air au-dessus et en-dessous de l'aile. Certains pilotes ont touchés l'aile [du V-1] mais la différence de pression à l'extrémité de l'aile de l'avion suffirait à provoquer une perturbation de l'aérodynamique autour de l'aile [du V-1], ce qui suffirait ensuite à la faire dévier de sa trajectoire, à perturber les gyroscopes et à faire s'écraser [le V-1] au sol."
Rare image d'un chasseur Spitfire en train de faire basculer une bombe volante allemande V-1 (1944).
Rare image d'un chasseur Spitfire en train de faire basculer une bombe volante allemande V-1 (1944). © Walton
Cependant, la manœuvre effectuée en 2025 en Ukraine par le pilote du Yak-52 était totalement différente. En effet, le pilote du Yak n'a pas essayé de perturber la trajectoire du drone russe. En revanche, il est rentré directement en collision afin de le couper en deux... chose bien évidemment impensable pour les pilotes alliés s'approchant d'un V-1 en 1944-45.
Enfin, si un Yak-52 peut casser en deux un drone léger russe, il est impensable que cette même action se reproduise sur des drones plus lourds, comme par exemple les drones tactiques suicides et longue portée Shahed et équivalents.
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Romain
onto DEFENSE NEWS Today, 1:29 PM
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