Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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January 6, 2017 1:25 PM
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Quel avenir pour Montevideo, temple de la création artistique marseillaise ? | Made In Marseille

Quel avenir pour Montevideo, temple de la création artistique marseillaise ? | Made In Marseille | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Agathe pour Made in Marseille


 Installée depuis 17 ans dans des locaux du 6e arrondissement, l’association culturelle Montevideo vient de voir son bail s’arrêter au 31 décembre 2016. Le propriétaire souhaitant vendre le bâtiment, l’avenir de ce lieu de créations artistiques contemporaines est donc incertain.

Conçu au départ comme le lieu de résidence et de travail des artistes Hubert Colas et Jean-Marc Montera pour leurs associations, respectivement de théâtre et de musique, Montevideo est un espace de créations artistiques contemporaines situé dans le 6ème arrondissement. Il favorise à la fois l’expérimentation, la recherche et le décloisonnement entre les différentes formes d’expression artistique dans un secteur de la ville où les structures artistiques et culturelles ne sont pas nombreuses.

« Dès le départ, nous nous sommes aperçus que l’on avait un lieu suffisamment grand pour le partager avec d’autres. Nous avons choisi de mutualiser nos moyens et d’accueillir des artistes en résidence. Depuis, chaque année, ils sont plus de 200 à venir à Montevideo et autant dans le cadre d’Actoral, le festival international des arts et des écritures contemporaines », met en avant Hubert Colas.

Mais au 31 décembre 2016, le bail de location du bâtiment a touché à sa fin. Son propriétaire n’a pas souhaité le renouveler et a pour volonté de vendre les locaux à un promoteur immobilier pour en faire des logements d’habitation. Ne reste alors pour l’association que peu de solutions : racheter les locaux ou déménager vers de nouveaux horizons.

Vers un rachat par Montevideo ?

Le bâtiment du 3 impasse Montevideo qu’occupe la structure du même nom est protégé par l’ordonnance du 13 octobre 1945. Cette ordonnance interdit tout changement d’affectation d’une salle de spectacle sans l’autorisation du ministère de la Culture. « Le propriétaire ne peut donc pas vendre le bâtiment pour le moment puisqu’il n’a pas l’accord du ministère de la Culture. Mais rien ne garantit pour autant la pérennisation du lieu en espace culturel et artistique », tient à clarifier Hubert Colas.

Les collectivités, à savoir la Ville de Marseille et le ministère de la Culture, se sont déjà positionnées en faveur de cette pérennisation. « Je soutiens l’association Montevideo, son travail, sa résidence et son festival. Elle a une grande renommée et fait sortir des artistes qui sont ensuite connus nationalement voire internationalement. Je souhaite donc qu’elle perdure et à cet endroit-là », souligne Yves Moraine, maire des 6ème et 8ème arrondissements. Rien ne peut toutefois être fait pour le moment tant qu’un prix ferme et définitif du bâtiment n’a pas été donné par le propriétaire. Plusieurs cas de figures pourraient être envisagés une fois le prix connu, comme par exemple l’achat des locaux par la ville de Marseille et un remboursement sous forme de loyer par Montevideo ou un rachat par l’association elle-même.

Actuellement, le loyer s’élève à 70 000€ par an auquel s’ajoute 20 000€ de frais, le tout supporté par les associations. Montevideo, s’il reste dans le bâtiment actuel, a d’ores et déjà des ambitions pour ouvrir davantage le lieu au public dans le futur. Et même la volonté d’y créer un espace d’accueil permanent, comme une sorte de coworking, pour les artistes locaux.


La cour extérieure © Pierre Gondard

Une partie du rez-de-chaussée © Pierre Gondard

Le studio © Pierre Gondard
Un déménagement, autre solution possible

D’autres solutions ont été envisagées depuis que les négociations ont été entamées il y a quelques mois entre l’association et le propriétaire des lieux. Et notamment la construction d’un nouveau bâtiment de logements où Montevideo pourrait reprendre ses quartiers. « Nous sommes prêts à envisager une nouvelle construction du bâtiment si l’on arrive à retrouver ce que l’on a, à savoir 1 500 m² de surface », précise Hubert Colas.

Un déménagement serait-il aussi envisageable ? Tant que la structure trouve ailleurs la même dynamique artistique et économique, à savoir pouvoir accueillir des artistes en résidence, le directeur est ouvert. « Il est toutefois important de localiser des structures un peu partout dans Marseille et pas seulement à la Friche la Belle de Mai par exemple. Garder une structure culturelle dans le 6ème arrondissement est à mon sens essentiel », ajoute Hubert Colas. Même son de cloche pour le maire de secteur, Yves Moraine, qui ne souhaite pas voir partir Montevideo : « Je ne ferai rien qui puisse aider à faire autre chose sur ce lieu », ajoute-t-il.

Prochaine étape : l’annonce d’un prix ferme et définitif de la part du propriétaire. Aucune date n’a cependant été fixée pour cela. Une fois le prix connu, les différentes collectivités pourront alors se positionner officiellement sur la suite du bâtiment et réaliser leur propre estimation. L’occasion de montrer, dans les faits, leur volonté de donner à ce lieu un réel avenir.

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January 6, 2017 4:20 AM
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Les Inrocks - “Le Temps et la Chambre” par Alain Françon : un brillant hommage à Botho Strauss

Les Inrocks - “Le Temps et la Chambre” par Alain Françon : un brillant hommage à Botho Strauss | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Patrick Sourd dans Les Inrocks 


Avec sa troupe d’exception, Alain Françon honore le manifeste théâtral de la fin des années 1980 de Botho Strauss, et rend compte avec brio de la folle entreprise dramaturgique de l’Allemand.

Au départ de toute pièce, il y a ce temps durant lequel un auteur laisse vagabonder son imagination dans sa chambre d’écriture… Le Temps et la Chambre renvoie à ces fondamentaux, mais Botho Strauss s’amuse de cette équation pour expérimenter l’illimité des possibles offerts au dramaturge.
Partant de l’hypothèse d’un théâtre où tout serait permis, c’est le fil en aiguille d’une fiction éprise de sa seule liberté qui devient son guide. Ici, l’action trouve place dans un vaste appartement où, à égalité avec les personnages, chaque élément du décor a un rôle à jouer pour faire avancer l’intrigue…


Des références à Beckett


Même une colonne, comme celle qui trône au milieu du salon, peut s’avérer capable de réussir le tour de passe-passe de faire disparaître un acteur et se révéler la scène d’après en interlocuteur doué de parole. Il suffit d’apercevoir une silhouette féminine par l’une des trois fenêtres qui donnent sur la rue pour que celle-ci s’incarne, sonne à la porte et débarque dans la pièce.
La situation de départ se joue à l’évidence de la référence à Beckett dans le temps arrêté d’un dialogue entre deux hommes assis dans des fauteuils se tournant le dos. C’est Julius (Jacques Weber) qui déclenche les hostilités en signalant à Olaf (Gilles Privat) la présence d’une jeune femme dans la rue.
Et voici Marie Steuber (Georgia Scalliet) qui entre dans la partie. On comprend vite que l’avalanche qui va suivre dépend alors uniquement des personnages et de leur volonté d’en appeler à d’autres présences pour donner corps à leurs histoires.


Une mise en scène aussi précise qu’élégante


Comme dans la cabine bondée du film des Marx Brothers Une nuit à l’opéra (1935), l’effet comique est irrésistible. Il est alors temps pour le spectateur de larguer les amarres, de se laisser mener en bateau par Botho Strauss et la smala surréaliste née de son imaginaire. L’Homme au manteau d’hiver, La Femme sommeil, Le Parfait Inconnu, L’Impatiente et L’Homme sans montre, comptent parmi les dix-huit figures qui habitent maintenant un plateau livré à toutes les folies.


Comme chez Beckett, l’histoire est remise sur le métier avec les mêmes. On ne s’étonnera pas d’apprendre qu’elle se réinvente pour ce deuxième round en empruntant d’autres chemins de traverse. La démonstration de Botho Strauss exige le talent d’un exégète. Aussi précise qu’élégante, la mise en scène d’Alain Françon rend un brillant hommage à ce théâtre qui bouscule les conventions et nous incite au plaisir d’en goûter chaque instant.



Le Temps et la Chambre de Botho Strauss, texte français Michel Vinaver, mise en scène Alain Françon, avec Antoine Mathieu, Charlie Nelson, Gilles Privat, Aurélie Reinhorn, Georgia Scalliet de la Comédie-Française, Renaud Triffault, Dominique Valadié, Jacques Weber, Wladimir Yordanoff, du 6 janvier au 3 février au Théâtre national de La Colline, Paris XXe
article issu du numéro 1101

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January 6, 2017 3:38 AM
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Rencontre avec l'enfant terrible du théâtre italien, Pippo Delbono

Rencontre avec l'enfant terrible du théâtre italien, Pippo Delbono | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron pour France Inter :


Pippo Delbono s'installe pour plusieurs mois en France et dès ce soir au Rond-Point à Paris avec son nouveau spectacle « Vangelo »

Ecouter l'émission : https://www.franceinter.fr/emissions/le-monde-de/le-monde-de-05-janvier-2017

Un spectacle qui lui ressemble - à la fois provocant et poétique, et qui puise sa matière dans la religion. Lui le baptisé devenu anarchiste et communiste, alors lorsqu'il a décidé de faire un spectacle autour de sa mère, il s'est inspiré des évangiles.

La version documentaire de "Vangelo" avec les images tournées dans le camp de réfugié sortira au printemps au Cinéma, et ce sera un nouvelle fois un acte politique.

Au théâtre du Rond-Point jusqu'au 21 janvier et en tournée en France.


Pippo Delbono présente "Vangelo" au théâtre du Rond-Point © Maxppp / EMMEVI PHOTO

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January 5, 2017 7:28 PM
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La réouverture du Théâtre de l’Opéra Comique retardée

La réouverture du Théâtre de l’Opéra Comique retardée | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Le 12 février lancera bien la nouvelle saison de l’Opéra Comique avec Fantasio d’Offenbach dirigé par Laurent Campellone et mis en scène par Thomas Jolly, au Théâtre du Châtelet.

La réouverture officielle du théâtre de l’Opéra Comique quant à elle, aura lieu le 26 avril 2017 avec Alcione de Marin Marais, dirigé par Jordi Savall et mis en scène par Louise Moaty et Raphaëlle Boitel.

Prévue en mars, la création mondiale La Princesse légère de Violeta Cruz sera reportée d’une année en raison d’un retard des travaux de l’Opéra Comique. Les autres spectacles prévus avant le 24 avril salle Favart seront également annulés ou reportés.

Les billets pourront être reportés ou remboursés. Plus d’information sur les modalités de billetterie ici > http://www.opera-comique.com/fr/billetterie-infos-pratiques/places-l-unite

Plus d’information sur les travaux, ici > http://www.opera-comique.com/fr/l-opera-comique/favart-fait-peau-neuve

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January 5, 2017 7:10 PM
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 Letzlove-Portrait(s) Foucault, par Pierre Maillet

 Letzlove-Portrait(s) Foucault, par Pierre Maillet | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Anne Diatkine dans Libération


Pierre Maillet redonne vie aux conversations du philosophe avec un auto-stoppeur. Magistral.

Durant les années 70, un homme de 20 ans est pris en stop par un homme chauve, aux lunettes cerclées de métal. Celui-ci dit son nom et, quand il l’énonce, le jeune homme s’aperçoit qu’il conduit une petite voiture pourrie qui ne lui ressemble pas. Une rencontre a lieu. Le conducteur s’appelle Michel Foucault, il a plus de 50 ans, s’intéresse à ce qu’est la jeunesse d’alors. Les deux entament une série de conversations, un livre paraîtra, et le philosophe tiendra à rester anonyme. Il ne veut pas qu’on s’intéresse à lui, mais aux propos du jeune homme. L’ouvrage est reparu chez Verticales il y a deux ans, cette fois avec l’identité du philosophe.

C’est un prologue, le spectacle mis en scène et joué par Pierre Maillet a lieu au présent, pas de voiture sur scène, rien d’illustratif. Ce qui est montré est la condition d’une conversation. Qu’est-ce qui permet qu’elle ait lieu et que les mots ne soient plus rempart ? Qu’est-ce qui fait qu’on s’autorise à parler sans fard de sexualité, des désirs incestueux d’une fratrie «horizontale, dira Foucault» sans passage à l’acte, et politique, puisqu’on est à une époque où «tout est politique» ? Ce qui manque, sans que le manque ne soit souligné, ce sont les femmes. Elles n’existeraient pas que la Terre tournerait tout aussi bien. La voix qui porte les questions impressionne. Claire, précise, articulée, bienveillante : on saisit qu’elle provient de la jauge, mais on ne parvient pas à repérer qui la porte. Représente-t-elle celle des spectateurs ? Cet homme qui invite le garçon à se dévoiler et à prendre conscience de ses pensées reste dans l’obscurité, tout comme Foucault lors de la parution de l’ouvrage. Il dit : «Bon, dis-moi, il est 6 heures moins 10, tu veux qu’on parle pendant une petite heure ?» Ses propos sont enregistrés, ses mots sont des pépites.

L’acteur qui joue le jeune homme est seul sur scène, en pleine lumière. L’homme qui l’interroge s’excuse parfois. Il n’aimerait pas lui rappeler le prêtre de son enfance. Le jeune homme ne s’esquive pas, il est d’accord pour parler de ce qu’il y a de plus intime : la découverte de l’homosexualité, l’impossibilité de tomber amoureux alors que le plaisir, lui, est si évident, la drogue, mais aussi le quotidien à l’hôpital où il est chargé de nettoyer le sol, et le traitement des malades en fin de vie, dont les médecins s’arrangent pour qu’ils meurent le samedi parce que c’est plus pratique.

Ce qui est beau, dans la simplicité de cette mise en scène - deux chaises sur le plateau, un écran où seront projetées quelques photos dont on devine qu’elles montrent l’acteur enfant -, c’est qu’elle laisse le spectateur se centrer uniquement sur l’émergence de la parole, élimine au maximum l’anecdote. Maurin Olles, qui a l’âge du personnage, réussit formidablement à faire croire qu’il ne joue pas, que ses hésitations sont les siennes, à l’instant, sur scène. Que le passé est présent. Il parvient à ce que le passage à la scène des propos dépasse magistralement son contexte, pour nous toucher aujourd’hui.


Leztlove-Portrait(s) de Foucault de Pierre Maillet Monfort Théâtre, 75015. Jusqu’au 21 janvier.

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January 4, 2017 7:30 PM
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Jean-Michel Rabeux pour « Aglaé » | Ouvert aux publics

Jean-Michel Rabeux pour « Aglaé » | Ouvert aux publics | Revue de presse théâtre | Scoop.it



Publié le 9 décembre 2016 par Laurent Bourbousson sur le blog "Ouvert aux publics"



La dernière création Jean-Michel Rabeux met en scène Claude Degliame dans le rôle d’Aglaé, pute marseillaise. Interview.


Quel a été le déclencheur pour l’écriture d’Aglaé ?
Jean-Michel Rabeux : Tout est parti d’un reportage que nous avions vu, avec Claude Degliame, sur les travailleurs du sexe. Ce reportage nous avait beaucoup surpris, par certains aspects, car nous avions des idées préconçues sur la question et tout d’un coup, on avait droit à autre chose, à un autre regard. Suite à cela, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de récolter des paroles de prostituées pour en faire quelque chose.

Et vous rencontrez celle que l’on nomme Aglaé ?
Jean-Michel Rabeux : Par l’intermédiaire de mon assistant, Geoffrey Coppini. Il avait une personne de sa famille hospitalisée qui partageait sa chambre avec une prostituée. Nous sommes restés le premier jour 4h avec elle, nous y sommes retournés le deuxième jour. Elle était méfiante au début et s’est mise à raconter sa vie par la suite. C’est une rencontre impressionnante.

Aglaé, le spectacle, est née il y une semaine et demie, mais la personne qui a inspiré ce personnage a 70 ans. Qui est-elle ?


Jean-Michel Rabeux : Aglaé ne s’appelle pas Aglaé, n’est ni de Sarcelles… Est-elle même vraiment de Marseille ? Ce qui est sûr est qu’elle avait 70 ans quand on l’a rencontrée et le temps que tout se fasse, elle a aujourd’hui 73, voir même 74 ans. Quand je parle d’une rencontre impressionnante, elle l’est par la même pensée humaine que nous avons en commun, tout en étant de milieux totalement différents, car nous ne connaissions rien au milieu du commerce du sexe.

Est-ce que la pièce Aglaé pourrait s’apparenter à du documentaire-théâtre ?


Jean-Michel Rabeux : Non, et ce pour plusieurs raisons. Nous n’avons rien copié, ni notre rencontre, ni la personne. Claude Degliame a comme oblitéré le personnage d’Aglaé pour ne pas être dans la copie. De toute façon, tu ne peux pas la copier, car elle est unique. Il fallait par contre qu’elle trouve en elle, la fantaisie, la sorte d’intelligence et la théâtralité du personnage. Il fallait qu’elle trouve cela, qu’elle aille chercher en elle-même pour trouver cela. Ça a été le plus gros du travail pour elle.

Le texte provient d’interview que vous avez mené avec Aglaé. Comment avez-vous construit ce texte ?


Jean-Michel Rabeux : Au théâtre, nous sommes peu habitués à la langue parlée. En général, c’est du théâtre très écrit, poétique. Lorsque je retranscrivais les bandes, je me disais : comment je vais faire avec tous les euh et les bah ? J’ai pas mal bossé pour retranscrire, classer, mettre en ordre ses paroles avec toujours le désir de lui être fidèle, dans ses mots et sa pensée. Claude Degliame a travaillé pour trouver un parler qui n’en est pas un, tout en l’étant pour le public.
Ensuite, cette femme a des anecdotes incroyables à raconter et ces anecdotes font sens. Elle parle peu sur la professionnalisation de la prostitution, mais elle est ferme sur ses positions. Mais, ce n’est pas ce sujet qui nous intéressait d’aborder. Ici, le spectacle porte sur l’humain. Ce qui me stupéfie, c’est que cette femme qui est inculte, a une intelligence de la vie, des hommes, et des rapports humains.
Elle était très attentive à ce que l’on comprenne ce qu’elle voulait nous dire sur son métier, sur sa fierté de le faire, à l’endroit où elle était pour le faire, ce qu’elle pense de la professionnalisation, du milieu, des macs. Ce que l’on pense de ce qu’elle vit elle, elle s’en fout. Elle a une liberté. Elle le dit d’ailleurs : Moi libre toujours. Ni dieu, ni maître.

Est ce que vous auriez envie de lui montrer le:spectacle ?


Jean-Michel Rabeux : Oui, on en aurait envie et encore plus depuis qu’il y a eu le contact avec le public. Mais nous avons fait un pacte au départ, elle nous racontait tout et elle ne voulait plus rien savoir. Il y a eu aussi le fait de ne pas révéler qui elle est. On a eu des demandes pour des rencontres avec des journalistes, mais elle ne veut pas et ça se respecte. En plus, Aglaé est malade.
Elle a eu de nos nouvelles, elle sait que nous sommes contents du texte. Geoffrey a transmis ces paroles. Il nous reste le souvenir d’une rencontre forte.

Vous en parlez avec une énorme tendresse ?


Jean-Michel Rabeux : Ah oui !


Est ce que vous vous servez de la figure “monstrueuse” de la prostituée pour raconter la comédie humaine ?


Jean-Michel Rabeux : Vous savez le théâtre montre des monstres : Macbeth, Phèdre… Elle aussi en fait partie, car elle ne vit pas comme la quasi majorité de la population. Elle est d’une certaine façon répudiée, car elle ne peut pas dire à tout le monde son métier. Les prostitués hommes et femmes sont au banc de la société. J’ai beaucoup d’estime pour ceux qui affrontent la société, qui gardent leur humour, le plaisir à vivre.

Créer ce spectacle dans notre société actuelle, qui est de plus en plus fermée, puritaine, prend quel sens ?


Jean-Michel Rabeux : C’est pour ça qu’on le fait aussi. Il y a cette liberté qu’a Aglaé. Mais cette liberté est celle du crime puisque c’est criminel ce qu’elle fait, car interdit par la loi. Par tous les bouts, la loi essaie d’interdire la prostitution. Et les hommes font ça dans le secret, même elle par rapport à ses petits enfants. C’est dire comme ça pèse lourd.
Cette femme nous a intéressé car elle se lève seule contre ça. Elle pense, réfléchit, elle contre-propose des modes de fonctionnement humains. Elle a deux haines : la loi et le milieu.
Ça débat de ces aspects car elle nous en a parlé. Mais dans ce débat, on fait le tour de cette personne, comment elle est avec les clients, avec elle même, avec son désir, son amour, ses amitiés… Et surtout comment elle est humaine en fracassant les modes de vie qui sont les nôtres.

Est-ce que vous vous êtes auto-censuré dans l’écriture du texte ?


Jean-Michel Rabeux : J’ai enlevé du cru. En tant qu’homme de théâtre, je sais le cru qui peut passer et celui qui ne passe pas. On ne voulait pas jouer sur la provocation. On voulait faire comprendre, aux personnes qui sont innocentes de ces pensées, qu’il y a un être humain en face d’eux aimant et délicat, qui a, certes, des pratiques à l’opposé de celles que nous avons. On a beaucoup pensé à la délicatesse, car Aglaé est délicate.

Cela fait une semaine que Claude Degliame fait vivre Aglaé. Comment se sent-elle avec elle ?


Jean-Michel Rabeux : A son premier salut public, Claude a pleuré, elle pensait beaucoup à elle. Le soir de la première, elle m’a confié qu’elle aurait aimé qu’Aglaé soit là.

Aglaé, texte et mise en scène Jean-Michel Rabeux d’après « Les mots d’Aglaé »
avec Claude Degliame – lumières, Jean-Claude Fonkenel – assistant à la mise en scène, Vincent Brunol


Laurent Bourbousson


Au Théâtre du Rond-Point à partir du 4 janvier

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January 4, 2017 10:23 AM
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ROUBAIX - Dans un quartier populaire, un théâtre harcelé par des extrémistes

ROUBAIX - Dans un quartier populaire, un théâtre harcelé par des extrémistes | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Robert Lefebvre dans la Voix du Nord le 20 décembre 2016


Comme le soir des attentats de Paris, une voiture a de nouveau été incendiée lundi soir devant le théâtre de la Mackellerie à Roubaix, juste après l’attentat de Berlin. Simple coïncidence ? Depuis des mois, les salariés du théâtre sont victimes d’intimidations de la part de groupes d’individus les accusant de satanisme.

Lundi, 23 h 20. Une voiture brûle devant la porte du théâtre de la Mackellerie, dans un quartier pauvre de Roubaix. L’incendie endommage une partie de la façade. Quelques heures plus tôt, un attentat a été commis à Berlin. Des faits qui résonnent étrangement pour les salariés de la compagnie Tous Azimuts. Car le 13 novembre 2015, après les attaques terroristes qui avaient frappé Paris, une voiture avait déjà été incendiée devant le théâtre.

« Ce jour-là, on a cru au hasard mais cette fois encore, une voiture brûle », s’alarme Patrick Brasseur, le responsable de la structure. Cette fois-ci, il ne croit plus au hasard. Car les incidents se sont multipliés autour de son théâtre ces derniers mois : « En début d’année, nous avons lancé un concours d’écriture. Parmi les textes que nous avons reçus, il y en avait un invitant à commettre des actes terroristes et justifiant le jihad. »

« Il y a visiblement des gens qui considèrent que le théâtre est satanique, que l’on n’a pas à jouer la comédie, à se faire passer pour quelqu’un. »

Atterrés, les organisateurs ont prévenu les autorités et ont failli annuler la soirée des lauréats, prévue en mars. Le texte incriminé a été transmis à la police et des mesures de sécurité ont été prises. Le texte n’a évidemment pas été lu publiquement et la soirée s’est déroulée sans incident.

Des membres de la compagnie ont ensuite été pris à partie par des individus remettant en cause la moralité de leur activité. « Une stagiaire qui collait des affiches dans le quartier a été importunée. Plusieurs individus lui ont dit que ce n’était pas bien de travailler pour le théâtre. Ils ont arraché ses affiches. Choquée, elle n’a jamais terminé son stage », déplore Patrick Brasseur. Une autre altercation a eu lieu à la fête des associations, en septembre : « Un monsieur s’est approché du stand et m’a dit : «Ce que vous faites est satanique, il faut arrêter.» », témoigne une salariée.
Le théâtre demande à déménager

Et de relater enfin comment un jeune Roubaisien qui effectuait un stage de comédie au sein de la compagnie en a été dissuadé : « Il a interrompu son stage subitement et nous a dit que dans son quartier, à l’Épeule, on lui avait dit que « jouer au théâtre, c’est faire le pédé. »

Pour Patrick Brasseur, cette situation ne peut pas perdurer : « Il y a visiblement des gens qui considèrent que le théâtre est satanique, que l’on n’a pas à jouer la comédie, à se faire passer pour quelqu’un. » Des extrémistes souhaitent-ils le départ de la structure, implantée dans le quartier depuis dix ans ? Pourtant, les dernières créations et représentations de la compagnie n’ont aucun caractère polémique. Depuis juin dernier et le vol avec violence de la recette d’un spectacle, le théâtre a lui-même sollicité la ville, propriétaire des locaux, pour déménager. « Désormais, les salariés ont peur ». La municipalité, elle, répond que rien n’indique pour l’heure que le théâtre ait été spécifiquement visé.

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January 4, 2017 5:12 AM
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Nouvel écrin pour le théâtre d'Aubervilliers

Nouvel écrin pour le théâtre d'Aubervilliers | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Par Laurence Albert dans Les Echos

Le mythique Centre dramatique national doit être rénové. Parmi les scénarios de l'appel d'offres, une idée détonne : mêler théâtre et accueil de migrants.

Un demi-siècle après leur naissance, les centres dramatiques nationaux (CDN) de banlieue, pionniers de la démocratisation culturelle, font peau neuve. Le théâtre de Sartrouville (Yvelines) s'est agrandi en 2014. Celui des Amandiers à Nanterre y songe sérieusement. Aubervilliers, premier CDN de banlieue, créé dans les années 1960, dans une salle des fêtes de la troisième République, saute à son tour le pas. La ville, propriétaire du théâtre de la Commune, vient de publier un appel d'offres pour lancer une étude préalable à la rénovation. « Le théâtre est obsolète. La scène est trop petite, sans dégagement, ce qui interdit certains types de spectacles, et sans accès handicapés. Et nous n'utilisons que 300 des 360 places en raison de la configuration étroite, ce qui est problématique pour conserver l'appellation CDN, et pour l'équilibre budgétaire » explique Thomas Adam, le directeur des services culturels de la ville. Crucial, d'autant que le théâtre est sur une ligne de crête étroite s'agissant de ses finances. La directrice, Marie-José Malis, enfonce le clou : « Il n'y a plus de saut qualitatif à espérer dans des lieux aussi vétustes. »

Trois scénarios sont sur la table : rénover et agrandir l'existant, y adjoindre une annexe dédiée aux spectacles, ou déployer, toujours sur deux sites - la salle et une annexe-, un projet d'ampleur réunissant théâtre, résidence d'artistes, et foyer d'accueil pour les migrants. Très attachée à cette salle des fêtes la municipalité souhaite la conserver. Mais la première hypothèse, celle d'une rénovation- extension classique, en récupérant les locaux de la médiathèque adjacente, a du plomb dans l'aile « Ce scénario paraît trop compliqué, trop coûteux. Il faut créer une annexe, soit sous la forme classique d'une black box, soit avec ce projet mixte », explique Marie-José Malis. Cette troisième piste, celle d'un lieu où se rencontreraient migrants, public du théâtre et jeunes artistes en résidence, recueille de nombreux suffrages. « Ce nouveau type de lieu, hospitalier, serait original sans être pharaonique. Il a du sens au regard ce que nous faisons déjà avec notre école pour les jeunes laissés-pour-compte et nos projets participatifs avec les habitants », explique la directrice.
Campus Condorcet

Pour renouer encore le fil entre les habitants et leur théâtre, le CDN n'exclut pas que cette annexe soit localisée dans l'un des deux quartiers en devenir autour du campus Condorcet ou vers le Fort d'Aubervilliers, devenu un haut lieu culturel entre la compagnie Zingaro et la résidence d'artistes des Laboratoires d'Aubervilliers. « Aubervilliers affirme l'importance de la culture et est en même temps une ville pauvre, dont une partie de la population est éloignée de la culture : il faut la reconquérir », assure Marie-José Malis, qui a déjà réussi, depuis 2013, à renouveler l'audience du CDN. « Notre génération est adepte d'un théâtre frugal, économe. Mais le CDN est l'un des derniers grands lieux culturel du département qui n'a pas été rénové », argue-t-elle. Reste à savoir si son propos aura l'oreille des grands investisseurs de la culture : Etat et collectivités locales, au premier rang desquelles la région...



Laurence Albert

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January 3, 2017 6:43 PM
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« Terabak de Kyiv » : rock acrobatique à la Kiev

« Terabak de Kyiv » : rock acrobatique à la Kiev | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Fabienne Darge dans Le Monde 


Décidément, le Monfort Théâtre est bien un des endroits les plus fréquentables pour passer cette période dite « des fêtes de fin d’année » en échappant aux (presque) inévitables guimauves dégoulinantes et autres paillettes bling-bling. Stéphane Ricordel, le patron du lieu parisien, a concocté un cabaret chaleureux et doucement déjanté où se sentent aussi bien les adultes que les enfants et même – miracle – les adolescents.

Sous la baraque en bois installée à l’entrée du parc Georges-Brassens, on s’installe à de petites tables, avec ou sans zakouski, au choix. Car c’est avec ses amis ukrainiens que Stéphane Ricordel a imaginé cette soirée rock, gothique et un peu freaks, voltigeuse et magique.

Les Dakh Daughters, cette bande de filles à la fois chanteuses et performeuses, sont aux commandes, avec leur rock explosif et lyrique, nourri de folklore ukrainien. Elles sont accompagnées d’un M. Loyal au poil, en la personne de Yann Frisch, un des hurluberlus les plus singuliers apparus sur nos scènes ces dernières années, à la fois clown et magicien.

Etrangeté de la vie

Ce sont eux qui mènent la danse, dans cette soirée où l’on s’envoie en l’air de toutes les façons, ce qui n’a rien d’étonnant avec l’ancien fondateur des Arts sauts. C’est d’abord Benoît Charpe qui entre en scène, et vous fait le grand huit, avec ses vertigineuses figures de trampoliniste sur monocycle – à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’un monocycliste sur trampoline.

On rebondit ensuite avec Julieta Martin, qui s’enroule et s’envole autour de son mât chinois, et avec Oscar de Nova de la Fuente et son étonnant numéro de sangles en cul-de-jatte. Puis voilà Josefina Castro Pereyra et Daniel Ortiz, voltigeurs sensuels, au cadre aérien. Et, au milieu de tout cela, Matias Pilet fait pleurer de rire tout le monde, en grand burlesque de l’acrobatie, avec son numéro de nettoyeur tous azimuts.

Ils sont très forts, bien sûr, mais l’esprit ici n’est pas de rechercher l’exploit pour l’exploit, mais plutôt l’étrangeté de la vie, dans sa pesanteur et sa grâce. Les Dakh chantent l’amour qui meurt et qui renaît, et leur Ukraine aimée, sur laquelle elles ne veulent pas voir s’abattre la grosse patte de l’ours russe. Yann Frish jongle avec ses tours de cartomagie qui laissent le public baba, joue en virtuose de l’illusion, surfe sur l’idée de la triche, sans jamais la dévoiler vraiment. Pique, cœur, carreau, trèfle, qui distribue les cartes, dans la vie ? Les bulles pétillent dans les flûtes. On est bien.

Fabienne Darge

Terabak de Kyiv, par Stéphane Ricordel et les Dakh Daughters. Monfort Théâtre, 106, rue Brancion, Paris 15e. Tél. : 01-56-08-33-88. Du mardi au samedi à 20 h 30, jusqu’au 14 janvier. De 10 à 28 €. Durée : 1 h 30.

Fabienne Darge
Journaliste au Monde

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January 3, 2017 5:35 PM
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L’oubli, le repos, la nuit de Georges Banu

L’oubli, le repos, la nuit de Georges Banu | Revue de presse théâtre | Scoop.it

L’oubli, le repos, la nuit – triptyque consacré à l’autre versant des activités et des postures communément valorisées : la mémoire, le travail, le jour.

Ecoutez l'émission de France Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/latelier-fiction/loubli-le-repos-la-nuit-de-georges-banu

Cette « autre face » de la vie intéresse Georges Banu qui, en homme de théâtre, explore et révèle ses ressources. Dans une série de notes et aphorismes précieux, le spectateur - essayiste qu’il est découvre les mérites de l’oubli, les vertus du repos, le réconfort de la nuit. L’être se nourrit aussi de ce qui échappe à la logique de l’utile, de la norme et du diurne, laisse-t-il à penser tout au long de ce triptyque. Marcel Bozonnet, voix d’or du théâtre français, fait entendre ces textes comme des aveux sans cesse tempérés par l’ironie, comme des phrases où toute affirmation s’accompagne de son double, l’humour et la distance. Au théâtre, on peut être dedans sans abandonner pour autant la liberté du dehors… écartèlement dont Georges Banu et Marcel Bozonnet témoignent ensemble.

Georges Banu est l’auteur d’un nombre important d’ouvrages consacrés aux grandes figures de la scène contemporaine, de Brook à Warlikowski, ainsi qu’aux rapports du théâtre et de la peinture. Son ouvrage Miniatures théoriques (Actes Sud) décline certaines « mythologies » du travail théâtral actuel et dans l’anthologie Shakespeare, le monde est une scène (Gallimard), il réunit les métaphores et les rapprochements du théâtre et de la vie qui fourmillent d’Hamlet à la Tempête. Georges Banu enseigne à la Sorbonne Nouvelle, dirige la série « le Temps du théâtre » aux éditions Actes Sud et assure la co - rédaction en chef de la revue Alternatives théâtrales.

Lu par Marcel Bozonnet

Réalisation : Christine Bernard Sugy

Equipe de réalisation : Serge Ristitch, Marie Lepeintre


Assistante de réalisation : Annabelle Brouard


Rediffusion de 2010


La nuit• Crédits : Peter Amend - AFP

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January 3, 2017 3:47 AM
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Emmanuelle Béart, Emmanuelle Devos, Rachida Brakni et Isabelle Carré: les stars de la rentrée théâtrale 2017

Emmanuelle Béart, Emmanuelle Devos, Rachida Brakni et Isabelle Carré: les stars de la rentrée théâtrale 2017 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron dans Sceneweb : 



Emmanuelle Béart, Rachida Brakni, Isabelle Carré et Emmanuelle Devos: quatre actrices populaires dans quatre grandes créations à Strasbourg, Saint-Étienne, Angers et Toulon pour marquer 70 ans de la décentralisation culturelle. Quel début d’année !

Il y a 70 ans Jeanne Laurent posait la première pierre de la décentralisation avec la création des CDN d’Alsace à Colmar et de la Comédie de Saint-Étienne. Cette décentralisation, modèle culturel prisé par beaucoup de pays dans le monde, est aujourd’hui fragilisée par une baisse de subvention de l’État et des collectivités locales. La présence de quatre grandes actrices françaises sur les planches dans quatre Centres Dramatiques Nationaux est un signe fort lancé par les metteurs français au pouvoir politique en ce début d’année électorale. L’avenir du théâtre en France passe par la décentralisation, c’est le cœur de la création qui irrigue les villes et les publics.

Arnaud Meunier, directeur de la Comédie de Saint-Étienne lance les festivités des 70 ans de cette institution avec une pièce de Stefano Massini, Je crois en un seul Dieu. Après Chapitres de la chute, et Femme non-rééducable, il poursuit l’exploration du théâtre de l’auteur italien. Rachida Brakini va incarner trois femmes à Tel Aviv, une professeure d’Histoire juive, une étudiante palestinienne et une militaire américaine. Une plongée dans le conflit israélo-palestinien. Création le 10 janvier à la Comédie de Saint-Étienne.

Puis à Toulon au Théâtre Liberté le 12 janvier, Emmanuelle Devos va créer avec Micha Lescot, Bella Figura de Yasmina Reza (qui assure la mise en scène), dans sa version française puisque la pièce a été déjà été créée en langue allemande par Thomas Ostermeier.

Emmanuelle Béart, artiste associée au Théâtre National de Strasbourg retrouve son metteur en scène fétiche, Stanislas Nordey dans Erich von Stroheim de Christophe Pellet. Le rôle d’une femme d’affaires toujours entre deux rendez-vous, que l’on suit dans ses relations amoureuses avec l’Un et L’Autre. Création le 31 janvier.

Isabelle Carré va créer la nouvelle pièce très attendue de Marie NDiaye, dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia avec Patrick Chesnais, Honneur à notre élu. Un conte cruel et drolatique dont le décor principal est la politique. Première au Nouveau Théâtre d’Angers le 1er février.




Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

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January 2, 2017 10:48 AM
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Scène nationale. Farid Bentaïeb nouveau directeur à Cherbourg

Scène nationale. Farid Bentaïeb nouveau directeur à Cherbourg | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Paru dans Ouest-France


Le successeur de Mona Guichard à la tête de la Scène nationale Le Trident de Cherbourg est Farid Bentaïeb, qui était jusqu'ici en poste en banlieue parisienne. Un homme d'expérience.


Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication et Benoît Arrivé, maire de Cherbourg-en-Cotentin, en plein accord avec la région Normandie, le département de la Manche et l'association, ont donné leur agrément à la nomination de Farid Bentaïeb à la direction du Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin. Ils ont été séduits par son projet pour Le Trident qui repose sur une programmation pluridisciplinaire, ouverte et exigeante, tournée en grande partie vers l'enfance et la jeunesse.Farid Bentaïeb travaillera en partenariat avec les autres structures de création et de diffusion de Normandie, en particulier avec La Brèche, Pôle national des arts du cirque. Il portera une attention particulière aux artistes et compagnies professionnelles comme aux amateurs installés dans la ville, le département et la région.Farid Bentaïeb, est depuis 1997, directeur du Théâtre Jean-Arp de Clamart, scène conventionnée pour la marionnette. Il a auparavant dirigé le Centre culturel Saint-Exupéry et le service des affaires culturelles de Franconville-la-Garenne et fondé l'école de danse et de théâtre l'Association Loisirs Danse et Animations Jeunesse d'Issy-les-Moulineaux.Farid Bentaïeb succède à Mona Guichard, dont le contrat n'a pas été renouvelé. La municipalité n'avait pas donné de raison publique à ce non-renouvellement. Mais divers désaccords, notamment financiers, dont les dépassements de budget dans la création du Henri VI de Thomas Joly, et des relations difficiles avec le personnel, semblent avoir justifié cette décision.Trois scènes à CherbourgLa Scène nationale Le Trident dispose d'un budget de 2,4 millions d'euros, dont une subvention de la Ville de Cherbourg à hauteur de 800 000 €. Elle dispose de trois scènes : le théâtre à l'italienne de Cherbourg, le théâtre de La Butte à Octeville et l'ancien cinéma Le Vox avenue de Paris. Le Trident propose 120 représentations par an, pour 35 000 places ouvertes.Le Trident, ce sont aussi 1 300 abonnés, soit un tiers du public, le reste étant composé pour 25 de groupes et pour 45 d'individuels (chiffres 2014).

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January 2, 2017 9:58 AM
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L’Arche Editeur - Vient de paraître : "Aphrodisia" de Christophe Pellet

L’Arche Editeur - Vient de paraître : "Aphrodisia" de Christophe Pellet | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Nouveauté 2017 > Théâtre "APHRODISIA", la nouvelle pièce de Christophe Pellet En librairie le 4 janvier // ACTUALITÉ

CHRISTOPHE PELLET // Création au Théâtre national de Strasbourg de la pièce "ERICH VON STROHEIM" de Christophe Pellet (2005), une mise en scène de Stanislas Nordey, avec Emmanuelle Béart, Thomas Gonzales et Laurent Sauvage. Première le 31 janvier.

http://www.tns.fr/erich-von-stroheim

Tournée au Théâtre du Rond-Point à Paris, au Théâtre National de Bretagne - Rennes (page officielle), au Théâtre du Gymnase à Marseille.
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January 6, 2017 10:29 AM
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« Orfeo » d’après Monteverdi par la Vie brève : manifeste pour un autre opéra

« Orfeo » d’après Monteverdi par la Vie brève : manifeste pour un autre opéra | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog de Mediapart


Plus que toute autre œuvre, Monteverdi et son « Orfeo » servent les visées de Samuel Achache et Jeanne Candel pour rhabiller librement le couple théâtre et musique avec une sensibilité follement curieuse sans œillères et sans frontières.


Puisant son sujet chez Ovide et Virgile, l’Orfeo de Monteverdi date de 1607 et passe pour le premier opéra de l’histoire (c’était le second mais on a perdu le premier). Au fil des siècles, le genre allait se développer, prendre de l’embonpoint et devenir un monde en soi. Avec ses rites exclusifs voire excluants, ses divas, ses budgets exorbitants, ses chanteurs et chanteuses bookés jusqu’à la saint-glinglin.

Sortir l’opéra de son enfermement

Ce retour aux sources qu’effectue la compagnie La Vie brève est opportun. En mettant en scène, sous la direction musicale de Florent Hubert, Orfeo Je suis mort en Arcadie d’après Orfeo de Monteverdi « & autres matériaux », la compagnie retrouve chez le novateur Monteverdi une connivence avec l’esprit d’ouverture, de mixité et d’inventivité hors des sentiers battus et balisés constituant depuis la création de La Vie brève il y a sept ans, l’ADN de cette compagnie créée et animée par Jeanne Candel et Samuel Achache. L’un invente l’opéra, les autres le réinventent en se nourrissant du premier.

Leurs précédents spectacles, avec différents bonheurs, à commencer par le triomphal Le Crocodile trompeur / Didon & Enée, creusaient la même veine mais avec moins d’évidence tant le déboulonnage des statues, les rires provoquées par les gags iconoclastes, l’irrévérence en tout, nous submergeait. Leur Orfeo poursuit la route mais Monteverdi leur sert de guide avec une belle complicité et on mesure mieux l’excellence politique de leur démarche : sortir l’opéra de son enfermement, non le dépoussiérer (un plumeau suffirait), mais lui redonner sa vigueur, son audace initiales en le plongeant tout ébaubi dans notre aujourd’hui. Autrement dit : sortir l’opéra de ses opéras-bâtiments souvent mastodontes et du public élitaire de « connaisseurs » qui s’en croient indûment les propriétaires. En cela, la Vie brève a trouvé un lieu complice, les Bouffes du Nord (premier producteur du spectacle avec la compagnie), dont cet « autre opéra » est l’un des axes des directeurs.

« Artisanat furieux »

Ce n’est pas une spécificité française. Pour preuve, Have a good day, un « Opéra pour dix caissières, bruits de supermarché et piano », œuvre pilotée par trois jeunes Lituaniennes Lina Lapelyté (composition), Valva Grainyté (livret) et Rugilé Bazdzikaïté (mise en scène) que l’on a pu voir dans différentes villes de France ces dernières années. Les Lituaniennes qui sont de la génération Achache et Candel, veulent, elles aussi, sortir l’opéra de ses ornières et de ses édifices. La différence tient dans la méthode de travail. Les Lituaniennes veulent créer un autre opéra contemporain sur des sujets contemporains. La Vie brève s’appuie, elle, sur le répertoire (avant tout baroque), à la fois comme champ d’exploration et de récréation, os à ronger et attrape-mouches, un peu comme le font certains metteurs en scène de théâtre devant des œuvres classiques, tels Castorf face à Dostoïevski ou Lupa face à Boulgakov.

Dans ce retour au camp de base qu’est Orfeo, où les fleurs poussent plus aisément que sur les sommets où l’on finit par manquer d’oxygène, ils prônent, reprenant les mots de René Char, un « artisanat furieux ». Autrement dit ce sont des têtes chercheuses et besogneuses obstinées qui, avec raison, ne veulent rien lâcher de leur double mouvement premier : théâtraliser la musique et rendre musical le geste théâtral. Ça creuse, ça creuse, ça creuse encore le soir de la première et jusqu’à la dernière si possible. Il n’y a pas une partition fixe à réitérer de soir en soir (comme c’est le cas pour les chanteuses-caissières lituaniennes) mais un dispositif évolutif au fil des représentations où l’improvisation (ses aléas, ses miracles) est un agent secret de la vibration : c’est le prix du spectacle vraiment vivant, du qui vive de la représentation .

Le short de la soprano

Et comme pour ces autres artisans furieux que sont le Théâtre du Radeau autour de François Tanguy, Sylvain Creuzevault et sa bande ou Julie Deliquet et la sienne, la première d’un spectacle n’est qu’une première rencontre avec le public. Le travail continue.

C’est exactement ce qui se passe avec Orfeo et c’est bien ainsi. C’est ce que j’ai constaté le soir de la première à la Comédie de Valence où le spectacle vient d’être créé. Mieux vaut mille fois un spectacle en marche qui nous interpelle jusque dans ses faiblesses passagères (rythme, longueurs), spectateurs actifs que nous sommes, qu’une soirée de perfection formelle qui nous laisse au mieux indifférent, spectateurs définitivement passifs et souvent assoupis..

Le spectateur des spectacles de la Vie brève et singulièrement de cet Orfeo est aux aguets. Il y a toujours plusieurs choses à voir, à entendre en même temps. L’œil est à vif, l’oreille tout autant ; cette dernière gagne à être récurée avant l’entrée car les voix elles aussi sont artisanales, merveilleusement nues (du grognement au cri en passant par le chant) : sans le moindre micro.

Alors on butine. Comme les abeilles de ces ruches qui peuplent le plateau et font le lit du serpent qui piquera le pied de l’infortunée Eurydice. On pleure avec Orphée,ou rit d’un accident, on s’émeut d’un rien : un sol glissant, un homme orchestre qui se casse la figure, Orphée disant « Tu se’ morta, mia vita, ed io respiro ». C’est réjouissant une soprano comme Anne Emmanuelle Davy (qui avait remplacé Judith Chemla à la reprise du Crocodile trompeur / Didon et Enée) qui chante en short. Cela fait rêver ce personnage de fou du logis qu’invente Vladislas Galard (un des piliers de la compagnie, acteur, chanteur et violoncelliste) qui ne marche avec ses longues jambes que sur des pointes de danseur étoile et joue du violoncelle assis (en le tenant à l’occasion comme une guitare), debout ( en faisant corps avec la bête qui parfois devient comme le prolongement du râle de sa voix), ou couché (égrenant quelques notes comme des larmes ou des confettis). Deux exemples parmi d’autres. Il faudrait tous les citer alors citons-les, et ce n’est que justice car Orfeo Je suis mort en Acadie est présenté comme « une composition théâtrale et musicale arrangée, écrite et jouée par » outre les suscités, Matthieu Loch, Anne-Lise Heimburger, Clément Janinet, Olivier Laisney, Léo-Antonin Lutinier, Thibault Perriard, Jan Peters, Marion Sicre, Marie-Bénédicte Souquet et Lawrence Williams.

Comédie de Valence jusqu’au 10 janvier ;

Théâtre des Bouffes du Nord avec le Théâtre de la Ville du 17 janv au 5 fév ;

Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi le 23 fév ;

Pôle culturel d’Alfortville le 25 fév ;

TNT de Toulouse en partenariat avec le Théâtre Garonne du 2 au 4 mars ;

Théâtre de Lorient les 8 et 9 mars ;

Le Cadran, scène nationale de Louviers, Evreux le 14 mars ;

L’Apostrophe, théâtre des Louvrais, Cergy-Pontoise les 17 et 18 mars ;

Le domaine d’O, Montpellier le 24 mars.



Photo : scène d"Orfeo" © Jean-Louis Fernandez

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January 6, 2017 4:09 AM
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Vincent Dedienne ne nous cache rien

Vincent Dedienne ne nous cache rien | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Depuis 2014, le comédien Vincent Dedienne a quitté son terrain de jeu habituel, le théâtre subventionné, pour interpréter S'il se passe quelque chose, solo à l'humour absurde. Un spectacle autobiographique, entre pudeur et impudeur, où il se confie avec sincérité, poussant le souci de vérité jusqu'à arriver nu sur le plateau... mais dans une lumière savamment tamisée.
Pourquoi faire un one-man-show ?

Cet après-midi-là dans les bureaux de son producteur, Laurent Ruquier, le jeune homme de 29 ans à l'allure de Petit Prince facétieux apparaît comme sur scène : rayonnant, spontané... mais habillé. Si tout désormais semble lui réussir, Vincent Dedienne n'a pourtant pas vu le jour sous les meilleurs auspices. « Je suis né à Mâcon de parents inconnus. La mauvaise nouvelle dans cette phrase ce n'est pas de parents inconnus, mais Mâcon », ironise-t-il durant le spectacle. A cinq mois, le petit Vincent a cependant la chance d'être adopté par « un chic type et une chic fille » : Louis-François, instituteur, et Marie-Jeanne, éducatrice. Quand certains vivent l'annonce de leur adoption comme un traumatisme, rien de tel chez Vincent Dedienne, qui se souvient du soir où, l'air de rien, tout en tricotant, sa mère dit au petit garçon d'alors : « Ah, au fait on t'a adopté ». « Je pense qu'elle a été très maligne », juge-t-il aujourd'hui. « L'absence de solennité m'a donné le sentiment que cela n'avait rien d'exceptionnel. » Il ne cherchera jamais à connaître ses géniteurs. Pour ce fils unique, ses parents — mot auquel d'ailleurs il n'accole jamais l'adjectif « adoptifs » — sont Louis-François et Marie-Jeanne.


Ceux-là même qui le soutiendront quand, après le bac, il décidera de faire du théâtre : « Je ne sais pas s'ils croyaient en moi ou s'ils se sont dit : on n'a pas le droit de l'empêcher et il verra de lui-même qu'il vaut mieux être avocat » [rire]. Son premier contact avec les planches date de l'école primaire, lors d'un spectacle de fin d'année joué non pas dans une salle polyvalente sans âme, mais dans un vrai théâtre, sous la houlette d'un vrai metteur en scène. Une révélation pour ce gamin solitaire, qui a déjà pris conscience du pouvoir du rire : « N'étant ni le plus beau, ni le plus costaud, soit j'étais le plus drôle, soit je restais dans mon coin. » Mais le déclic a lieu à 14 ans, avec une cassette vidéo de Muriel Robin : « Mon plus gros coup de foudre artistique. J'ai découvert en même temps, une idole et un métier. » De VHS en VHS, il devient fan de Pierre Palmade, Pierre Desproges, Sylvie Joly... Et de François Rollin, qui, rencontré par hasard durant l'écriture de S'il se passe quelque chose, accepte de le mettre en scène. « Un cadeau de l'existence », que Vincent Dedienne n'aurait jamais osé imaginer. Pas plus que de se retrouver ensuite à diriger ledit Rollin dans Le professeur Rollin se rebiffe. « Je n'en ai pas dormi la nuit précédente », sourit Dedienne.


“On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons”


Si ses premières idoles sont des humoristes, le jeune Vincent va suivre, de 2006 à 2009, les cours de la très sérieuse et réputée Ecole supérieure d'art dramatique de la Comédie de Saint-Etienne. Travaillant ensuite avec des metteurs en scène, il joue Molière, Victor Hugo, Dostoïevski et, en 2012, consacre un spectacle à l'un de ses auteurs préférés — avec Marguerite Duras — : Hervé Guibert. Alors, pourquoi faire un one-man-show ? Quand certains inventeraient de hautes motivations artistiques, lui avoue simplement : « Je n'avais pas de projets immédiats et, comme je sortais d'une rupture amoureuse, j'avais envie qu'on m'aime. » C'est tout ? C'est un peu court, jeune homme, dirait Cyrano. « A Saint-Etienne, un de mes professeurs affirmait : “On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons”, se souvient Vincent Dedienne, qui ajoute : « Ce n'est pas vrai qu'on le fait pour jouer de grands textes ou parce qu'on adore Tchekhov. On a envie de faire le malin, de prouver quelque chose à quelqu'un. Après viennent les bonnes raisons. » Comme dire des vérités longtemps tues. Ses parents apprendront ainsi qu'il est gay en voyant S'il se passe quelque chose. Dire des vérités ne signifiant pas régler des comptes, Dedienne a imaginé son spectacle comme un hommage à Louis-François et Marie-Jeanne. Message à l'évidence reçu. « On était quatre cents, mais pour moi on n'était que tous les deux », lui confiera sa mère après la représentation.


“Si on me disait : tu vas être rigolo toute ta vie, je serais très malheureux”


Depuis sa création en 2014, ce « spectacle d'une solitude », comme il le définit, suscite l'engouement du public et l'intérêt des professionnels. Jusqu'en juin dernier, Vincent Dedienne assurait ainsi un billet d'humeur dans la matinale de France Inter et concoctait pour Le Supplément, sur Canal+, d'insolentes « bios interdites » de personnalités politiques présentes sur le plateau. Depuis la rentrée, ses fans le retrouvent dans Quotidien, la nouvelle émission de Yann Barthès, sur TMC, où, à travers sa chronique Q comme Kiosque, il réalise une impertinente revue de presse.

One-man-show, radio, télévision... Autant de parenthèses dans sa carrière de comédien : « Si on me disait : tu vas être rigolo toute ta vie, je serais très malheureux. Mon moteur reste de jouer de grands auteurs, de partager la scène avec d'autres. » Au théâtre et sûrement bientôt au cinéma, Vincent Dedienne entend poursuivre sa route avec passion et curiosité. En toute liberté.

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January 6, 2017 3:35 AM
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Comment la France exporte son ingénierie culturelle dans le monde

Comment la France exporte son ingénierie culturelle dans le monde | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Martine Robert dans Les Echos


Pas moins de 900.000 spectateurs ont pu admirer la Fête des lumières de Lyon qui s'est exportée pendant huit jours à Bogota pour le lancement de l'Année France-Colombie. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, avait fait le déplacement et avec lui une délégation de chefs d'entreprise. Alors que le pays s'emploie à tourner une page de son histoire après l'accord de paix avec les FARC, le moment est apparu opportun pour organiser ces festivités : la France est donc l'invitée de nombreux spectacles, expositions, colloques, en Colombie, avant la mise à l'honneur de cette dernière en France à partir du 23 juin, le coup d'envoi étant prévu à la Philharmonie de Paris.

« L'offre artistique reste limitée en Colombie, alors il y a un appétit énorme de culture française », remarque Claudia Segura, directrice de la fondation NC-arte de Bogota qui va exposer des plasticiens français.

Forte de ses institutions culturelles à rayonnement international, de son réseau diplomatique riche de 97 antennes de l'Institut français, 817 Alliances françaises, 160 services d'action culturelle dans les ambassades, l'Hexagone s'est forgé une expertise de trente ans dans ces grand-messes. L'Institut français, bras armé des Affaires étrangères pour la culture, conçoit ces manifestations hors normes (420 événements pour France-Colombie). « Cette ingénierie qui nous est propre, nous l'adaptons à chaque pays investi - Inde, Chine, Brésil, Russie, Corée, Afrique du Sud, Singapour... - en fonction des objectifs visés », explique Nicolas Nuyssen, responsable des saisons croisées.

Et ce sont autant de tremplins pour des PME comme le groupe pyrotechnique F, les Allumeurs d'Images, Nuits Sonores, les Transmusicales, Les Machines de l'île à Nantes, le Ballet Biarritz. Sans oublier Pathé Live, qui assure les retransmissions de la Comédie-Française, la foire Art Paris Art Fair, dont les focus pays collent aux saisons, mais encore des éditeurs, couturiers, designers, graphistes...

Ces événements constituent aussi des opportunités de mises en réseau comme en témoignent la French Tech Séoul et So French Délices (13 chefs) constitués pour l'Année France-Corée. « Ces saisons croisées ne bénéficient pas qu'à des acteurs parisiens, car nous avons signé des conventions avec 26 collectivités », souligne Anne Tallineau, directrice générale déléguée de l'Institut français. C'est au château des Ducs de Bretagne à Nantes que le musée de l'Or de Bogota présentera 220 pièces de sa collection en septembre.

Les retombées attendues de l'Année France-Colombie sont également économiques et scientifiques. « 170 entreprises françaises sont implantées en Colombie et représentent 100.000 emplois directs », rappelait Jean-Marc Ayrault en inaugurant le 17 décembre le Métrocâble construit par Poma à Medellin.

Vecteurs d'affaires, ces événements sont enfin des outils de transformation d'image. Celle de la Colombie est encore trop associée à la violence. Mais « quand ce pays va être mieux connu, il deviendra une destination à la mode. Accor qui a près d'un millier de chambres compte monter en puissance » affirme Laurent Charpinle, conseiller économique de l'ambassade de France à Bogota.

Du côté français, on veut en finir avec une image trop patrimoniale et valoriser la créativité, à travers, par exemple, l'exposition très contemporaine que présentera le Centre national des arts plastiques au musée de la Banco de la Republica. « Et les liens établis sont durables, facilitant les collaborations ultérieures » se félicite Angela Perez, directrice des affaires culturelles de la banque.

Mais il ne faudrait pas que la machine se grippe. « Depuis 2011, nous avons perdu le quart de notre budget, alors que nous menons plus de 2.000 projets culturels par an à l'international - actions démultipliées grâce à nos partenaires - et que nous agissons dans tous les secteurs d'influence. Nous n'avons pas d'équivalent dans le monde », insiste Bruno Foucher, le président de l'Institut français, qui tire ses 40 millions de budget annuel des ministères de la Culture et des Affaires étrangères. Déjà, il s'active pour les prochaines saisons : Israël en 2018, la Roumanie en 2019, le Qatar en 2020. Sans parler de La Nuit des idées lancée l'an dernier, qui essaimera le 26 janvier dans 35 pays !

Martine Robert, Les Echos

Castaing Aérys's curator insight, October 8, 2020 1:22 PM
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January 5, 2017 7:18 PM
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Farid Berki, l’artificier de Suresnes cités danse

Farid Berki, l’artificier de Suresnes cités danse | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Rosita Boisseau dans Le Monde


Le chorégraphe ouvre le festival de hip-hop avec le spectacle anniversaire des 25 ans de la manifestation.


Il couve un feu permanent que le temps a calmé, sans l’éteindre. Le chorégraphe hip-hop Farid Berki, 53 ans, sait toujours l’ouvrir quand il faut et asséner quelques punchlines bien placées sur « la condescendance des institutions qui veulent penser à notre place » ou « le bon danseur hip-hop aujourd’hui est d’abord un bon commercial ». Pour revenir à ses moutons avec la modestie de celui qui ne compte que sur le travail. Franc-parler, franc-tireur, un pied en périphérie, un autre dans le centre, Berki porte « un regard penché sur le monde » en conservant l’équilibre.

Farid Berki joue les allumettes de la soirée spectaculaire des 25 ans de Suresnes Cités Danse, rendez-vous hip-hop imparable. Le 6 janvier, il met en scène un bouquet d’extraits décalés de pièces emblématiques du festival avec vingt-cinq danseurs vedettes représentant trois générations. « J’ai choisi Farid parce que c’est un artiste à part, ouvert et libre, déclare Olivier Meyer, directeur de la manifestation. Libre de dire et d’agir, quitte à déplaire. Ce qu’il est correspond à ce qu’il fait et c’est ça qui me plaît. »

Suresnes Cités Danse ? Farid Ber­ki, figure du mouvement, connaît bien. En 1993, il y débarque de sa ville de Tourcoing et tombe sous le choc du danseur américain Doug Elkins, en kilt et chaussettes. « Un déclencheur » pour ce hip-hopeur autodidacte, déjà converti à la cause depuis les années 1980 grâce à l’émission de télévision « H.I.P. H.O.P. », animée par Sidney. En pur fan, il décide de suivre Elkins pendant sa tournée en France et fondera sa compagnie, Melting Spot, un an plus tard.

« Bricoleur mais chercheur »

« A l’origine, je voulais faire du cinéma et je regardais régulièrement le ciné-club à la télé, se souvient-il. J’adorais à l’époque les films d’auteur, mais aussi d’arts martiaux et les westerns spaghettis. Lorsque le hip-hop est apparu, j’avais 17 ans. Avec les amis, j’écoutais de la soul, du reggae, la musique de proximité dans le quartier… C’est le sens de ce mouvement qui m’a donné envie de danser. » Il chantonne entre ses dents « Don’t push me cause I’m close to the edge, I’m trying not to lose my head, it’s like a jungle sometimes, it makes me wonder how I keep from goin’under… » (« Ne me pousse pas car je suis proche du bord, j’essaie juste de ne pas perdre la tête, c’est comme une jungle parfois, je me demande comment je me retiendrai de ne pas couler… »),de The Message, le tube de Grandmaster Flash.


« Bricoleur mais chercheur » en breakdance, ce style acrobatique au sol qui fiche les méninges à l’envers et les cervicales de travers, Farid Berki se forge dans les clubs, les shows. « Pas en France, où à l’époque, lorsqu’on était métèque, noir ou arabe, on n’entrait pas dans les boîtes de nuit, mais en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Angleterre, où le hip-hop a été mon premier passeport, précise-t-il. Mais aussi dans la base militaire américaine de Mons, en Belgique, où je croisais des rappeurs et des musiciens noirs et portoricains… Ma culture hip-hop vient de là. »

Raconter son parcours, revenir à ses racines – mère française, père berbère algérien – soulève chez Farid Berki un vent conflictuel d’agacement et d’envie de raconter. « Y en a marre du refrain du pauvre immigré, glisse-t-il. Le nombre de fois où on m’a confondu avec un autre et appelé Rachid de Roubaix… » Il enchaîne en souriant pour évoquer son « côté travailleur transfrontalier ». Entre 6 et 15 ans, il a vécu à cinq mètres de la frontière belge. « Je n’avais qu’à sauter un ruisseau pour retrouver mes potes wallons et flamands, ainsi que ceux qu’on appelait les Noirs, des douaniers antillais qui surveillaient le chemin des contrebandiers… » Il ajoute, plus rêveur : « Dès l’enfance, j’ai su très vite et très tôt ce qu’est la prédestination sociale. Je n’ai jamais oublié qu’on restera dans une réserve d’Indiens, même si cela donne l’envie de s’émanciper ».

EN BELGIQUE, EN HOLLANDE, EN ALLEMAGNE, EN ANGLETERRE, LE HIP-HOP A ÉTÉ MON PREMIER PASSEPORT
Comment ne pas baptiser alors sa compagnie Melting Spot – un manifeste en soi – pour cristalliser ce mélange des couleurs et des saveurs que la danse hip-hop orchestre avec un sens inné de la mélodie intérieure de chacun. Dès ses débuts, Farid Berki, qui a créé une trentaine de spectacles toujours agités de revendications comme l’accès à la culture, les droits des sans-papiers, ouvre large les écoutilles, mixant la breakdance avec du flamenco, de la capoeira, des claquettes, de la danse africaine…

En 1998, il plonge dans la musique d’Igor Stravinsky et met en scène Petrouchka version hip-hop, puis Scherzo fantastique en 2014, enfin L’Oiseau de feu, programmé à Suresnes, du 3 au 5 février. « J’étais assez dispersé au début, mais c’est bien, au fond, même si on risque de se perdre, analyse-t-il. J’ai souvent dit à certains programmateurs qui voulaient nous aider, nous les hip-hopeurs, que je viens du chaos et pas de la structure. Je ne suis pas un larbin, ni un objet exotique. » Et vlan, c’est dit. Dans un contexte artistique de plus en plus formaté, où la gloire tient parfois à un clic sur les réseaux sociaux, le ton Berki frappe sec.


Festival Suresnes Cités Danse, Théâtre Jean-Vilar, 16, place Stalingrad, Suresnes (92). Du 6 janvier au 5 février. Tél. : 01-46-97-98-10. Theatre-suresnes.fr.

Soirée anniversaire, 25 ans, 25 danseurs. Vendredi 6 à 21 heures, samedi 7 à 15 heures et à 21 heures, dimanche 8 à 17 heures et à 21 heures. www.suresnes-cites-danse.com

Rosita Boisseau
Journaliste au Monde

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January 5, 2017 12:45 PM
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John Berger, happé par le théâtre

John Berger, happé par le théâtre | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Fabienne Darge dans Le MondeL’auteur britannique n’a pas écrit directement sur le théâtre, et a peu écrit pour la scène mais il a souvent vu ses textes se transformer en pièces.


C’était à la fin de juillet 2012, entre les pierres lestées d’histoire d’un des lieux les plus magiques d’Avignon, la Chapelle des Pénitents blancs. John Berger, qui avait alors 85 ans, est monté sur scène, avec sa beauté solaire et burinée, sa présence solide, terrienne. Le spectacle, Est-ce que tu dors ?, inclassable et sensible, avait été conçu par l’écrivain et critique d’art avec sa fille, ­Katya Berger, et le metteur en scène de théâtre et d’opéra Simon McBurney. C’était une belle méditation sur le temps, l’art et le monde, à partir de la célèbre « Chambre des époux », pièce fabuleuse du palais ducal de Mantoue, recouverte des fresques d’Andrea Mantegna.


John Berger n’a pas écrit directement sur le théâtre, et a peu écrit pour la scène – deux pièces conçues avec la romancière Nella Bielski, dont Question de géographie, sur le goulag. Mais il a souvent vu ses textes se transformer en théâtre, pour des raisons qu’il ne s’expliquait pas tout à fait. « Peut-être parce que mes textes sont plus tournés vers l’extérieur que vers l’intérieur ? », déclarait-il au Monde en 2012.
Entre le langage et le voir

En fait, cette proximité avec le théâtre n’a rien d’étonnant, quand on se penche sur l’œuvre de l’écrivain et critique qui, dans sa vie en Haute-Savoie, recherchait l’authenticité la plus rocailleuse. La scène a forcément été dans la perspective d’un homme qui n’a cessé de s’interroger sur les glissements entre le monde et sa représentation. Dans Voir le voir, notamment, Berger ausculte les décalages entre le langage et le voir, à partir d’un tableau de Magritte, La Clé des songes. Voilà qui rejoint bien des interrogations théâtrales, cet art où l’on peut dire « ceci est un cheval », alors que vous contemplez un assemblage de bouts de bois. C’est cela qui a fait de Berger un auteur très fréquenté dans les milieux théâtraux. A commencer par Simon McBurney, dont il était un des meilleurs amis, et avec qui il partageait « un même engagement poétique et politique ». Le metteur en scène a ainsi conçu un de ses spectacles mémorables, The Vertical Line, à partir de l’essai de Berger sur la grotte Chauvet.

John Berger a plu aux artistes-anthropologues. Et au comédien Nicolas Bouchaud, qui, en 2013, a créé l’un de ses solos à partir d’Un métier idéal. En suivant pas à pas la vie d’un médecin de campagne dans l’Angleterre des années 1960, Berger livrait le portrait d’un praticien découvrant les mystères de l’esprit et du corps. Un homme à la fois possédé par sa mission et très anticonformiste. Une forme d’autoportrait de John Berger.

Fabienne Darge
Journaliste au Monde


Photo : John Berger en 2002.

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January 4, 2017 6:46 PM
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Ruth Mackenzie, une féministe à la direction artistique du Théâtre du Châtelet

Ruth Mackenzie, une féministe à la direction artistique du Théâtre du Châtelet | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Marie-Aude Roux dans Le Monde


L’actuelle directrice du Festival de Hollande, chargée en 2012 du volet culturel des JO de Londres, travaillera en collaboration avec Thomas Lauriot dit Prevost.


C’est la Britannique Ruth Mackenzie qui a été choisie pour prendre la succession de Jean-Luc Choplin à la tête du Théâtre du Châtelet, dont elle assurera la direction artistique. Elle travaillera en binôme avec Thomas Lauriot dit Prevost, nommé délégué général.

Agée de 59 ans, Ruth Mackenzie est, depuis 2015, directrice artistique du Festival de Hollande, fameuse manifestation d’avant-garde à Amsterdam. La femme aux tenues noires et aux cheveux blancs et courts s’illustra notamment en organisant en un temps record, entre le 21 juin et le 9 septembre 2012, pour les Jeux olympiques et paralympiques de Londres, le plus grand festival de l’histoire du pays : plus de 25 000 artistes venus du monde entier. Une performance qui lui a valu d’être faite commandeur de l’ordre de l’Empire britannique par la reine Elizabeth.


Née en Afrique du Sud, Ruth Mackenzie est la fille d’un couple de journalistes engagés contre l’apartheid et réfugiés en Angleterre après avoir fui les troubles de 1960. A Londres, élevée dans le quartier résidentiel de St. John’s Wood, Ruth Mackenzie est en contact avec le monde de l’art. Etudiante en littérature anglaise au Newham College de Cambridge, Ruth Mackenzie fréquente la nouvelle intelligentsia artistique. Cette féministe engagée (elle l’est toujours et vitupère contre l’insuffisante représentation des femmes aux postes-clés) participe à la création d’une compagnie de théâtre à vocation sociale pour laquelle elle écrit plusieurs pièces. On la retrouve également sur les planches, où elle fréquente le metteur en scène Nicholas Hytner, et l’actrice Annabel Arden, cofondatrice avec Simon McBurney du Théâtre de Complicité.

Forte personnalité

Mais le talent de Ruth Mackenzie se révèle surtout dans la stratégie et l’organisation d’événements artistiques : à Bradford, dans le Yorkshire, puis au Southbank Centre en 1986. En 1990, elle devient l’administratrice du Nottingham Playhouse, qui comprend le Royal Festival Hall et le Queen Elizabeth Hall. Elle y invite Peter Brook et Robert Lepage. Devenue directrice générale du Scottish Opera en 1997, elle y développe un projet artistique remarqué, malgré une gestion épinglée par un rapport du gouvernement.

En 2002, Ruth Mackenzie revient au théâtre et prend en main la destinée artistique du Festival de Chichester. Elle y restera jusqu’en 2006, où elle prend le poste de directrice générale du Festival international de Manchester. C’est en collaboration avec ce festival que le Théâtre du Châtelet coproduira alors le fameux opéra de Damon Albarn, Monkey, Journey to the West, donné à Manchester en avant-première.

Une forte personnalité

Exigeante, maniant habilement culture et politique, Ruth Mackenzie (qui de 2007 à 2010 a fait également partie de l’équipe du Festival de Vienne, en Autriche) a exercé les fonctions de conseillère spéciale au secrétariat d’Etat à la culture, aux médias et aux sports sous cinq gouvernements. Consultante pour de nombreuses institutions publiques, elle s’est impliquée dans les nouvelles technologies en devenant PDG de The Space, une plate-forme spécialisée dans le développement des arts numériques.

Cette forte personnalité va donc reprendre le Châtelet avec un délégué général, Thomas Lauriot dit Prevost, auquel le lieu n’est pas inconnu puisqu’il en fut pendant sept ans, jusqu’en 2013, directeur administratif avant de partir pour La Monnaie de Bruxelles. A charge pour lui de mener également à bien les grands travaux que le bâtiment va subir à partir de mars et pour deux ans. Annoncées mardi par la maire de Paris, Anne Hidalgo, leurs nominations devraient être entérinées la semaine prochaine par le conseil d’administration du théâtre.

Marie-Aude Roux
Journaliste au Monde

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January 4, 2017 10:17 AM
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Évaluer les politiques publiques de la culture - Études et statistiques

Évaluer les politiques publiques de la culture - Études et statistiques | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication


Ouvrage sous la direction de :
Yann NICOLAS, Olivier GERGAUD
240 p.
ISBN 978-2-11-128-159-2
12 €
[À paraître le 4 janvier 2017]

En matière de culture, les pouvoirs publics interviennent dans les activités économiques des filières artistiques, culturelles et médiatiques, sous la forme de dépenses (subventions attribuées à de nombreux équipements, événements et acteurs du domaine), de mesures fiscales (crédits d’impôt et taux réduits de TVA), ou encore de dispositifs réglementaires. Ils interviennent également pour encadrer certaines professions culturelles et protéger les professionnels soumis à un régime d’emploi particulier, ou encore en soutenant les échanges internationaux de biens et services culturels.

Dans un contexte de contrainte budgétaire pour les collectivités publiques, les acteurs publics sont incités à évaluer les politiques mises en œuvre pour en mesurer l’efficacité. Comment et selon quels critères évaluer les politiques publiques relatives aux arts, à la culture et aux médias.?

La septième édition des journées d’économie de la culture et de la communication a été l’occasion, pour des chercheurs et des acteurs de la culture, de présenter et de discuter de nouveaux résultats d’évaluation sur l’impact de l’annulation de festivals subventionnés, de la loi Internet et Création, de politiques éducatives ou encore de la politique fiscale sur la diffusion des œuvres. Leurs contributions sont réunies dans cet ouvrage collectif sous la forme d’une dizaine d’articles synthétiques.

Avec les contributions de : Maya Bacache-Beauvallet, Christophe Bellégo, Jean Berbinau, Karol J. Borowiecki, Thibault Brodaty, Catherine Colombani, Éric Darmon, Sylvain Dejean, Lucie Duggan, Olivier Gergaud, Victor Ginsburgh, Cécile Martin, Trilce Navarrete, Yann Nicolas, Romain de Nijs, Thierry Pénard, Jean-Pierre Saez, Kathleen Thomas, Catherine Veyrat-Durebex, Patrick Waelbroeck, Emmanuel Wallon.

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January 3, 2017 7:05 PM
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Au lycée agricole de Lavaur-Flamarens, un chapiteau de cirque dans la cour de récré

Au lycée agricole de Lavaur-Flamarens, un chapiteau de cirque dans la cour de récré | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Marie Piquemal dans Libération


Tous les quinze jours, «Libération» met en avant des initiatives concrètes d'enseignants motivés. Aujourd'hui, Evelyne Lhoste, prof de sport dans un lycée agricole du Tarn. Elle a fait venir pendant deux mois une compagnie de cirque dans la cour pour motiver ses élèves décrocheurs.

Au lycée agricole de Lavaur-Flamarens, un chapiteau de cirque dans la cour de récré
Ils sont enseignants et débordent d’idées et d’envie. Dans leur classe, ils tentent de nouvelles manières d’enseigner, en inventent ou réinventent. Parfois ça foire, parfois ça marche. Aucune solution ne résoudra d’un coup de baguette les maux de l’école, ils le savent. Mais ils essaient. Résolution de rentrée à Libération : mettre en avant une initiative concrète tous les quinze jours. Huitième épisode : Evelyne Lhoste, 54 ans, rencontrée au forum des profs innovants organisé par le café pédagogique fin novembre. Cette prof de sport s’est démenée avec ses collègues pour faire venir une compagnie de cirque (et le chapiteau qui va avec) dans la cour du lycée.


L’établissement. 

«Je suis dans un lycée agricole, à Lavaur, dans le Tarn. L’établissement est en pleine campagne, on a de l’espace. Les élèves ne sont pas nombreux. En comptant les deux classes de BTS, ils sont environ 190. Les plus jeunes arrivent en 4e, en classe prépa-pro. Ils ont décroché du collège, beaucoup sont là par dépit. Peu d’entre eux poursuivent d’ailleurs dans l’enseignement agricole après la troisième. On joue le jeu, on les aide autant que possible à aller vers la filière de leur choix. Ces 4e et 3e prépa-pro sont les classes les plus fatigantes, qui demandent le plus d’investissement de la part de l’équipe pédagogique.» 

L’idée. 

«Tout est parti d’une formation que j’ai faite, il y a maintenant trois ans. C’était sur l’initiation aux arts du cirque. Je suis professeur d’éducation physique et sportive (EPS), je n’avais jamais eu une telle opportunité. J’ai foncé, et là : le coup de foudre. La formatrice était géniale, j’ai appris plein de choses, y compris sur moi, sur mes capacités. En revenant au lycée, j’étais capable d’organiser un cycle en EPS (7 à 8 séances) sur les arts du cirque pour mes élèves. J’ai motivé mes collègues et nous avons décidé de monter un projet tous ensemble. C’était parti. On s’est rapproché de la Grainerie à Toulouse, une association qui promeut les arts du cirque. Très vite, l’idée de faire venir une troupe de circassiens dans le lycée à la manière d’une résidence d’artistes a germé. On a l’espace, autant l’utiliser ! Ils se sont installés pendant deux mois, de mars à avril. Avec leur chapiteau au milieu de la cour et les caravanes tout autour. Au total, ils étaient une bonne douzaine : trapézistes, jongleurs… mais aussi des musiciens, un technicien du son et de la lumière. Ils se sont énormément investis, les jeunes pouvaient aller les voir quand ils le voulaient.»



Le résultat. 

«La majorité des profs a joué le jeu, en intégrant le cirque dans leurs cours. Un peu comme un fil conducteur, permettant aux élèves de donner du sens aux enseignements. En maths, par exemple, ils ont fait de la géométrie et du calcul pour construire la maquette du chapiteau. En français, ils ont travaillé sur des textes, comme “Saltimbanques”, d’Apollinaire (extrait du recueil Alcools). En langues, ils ont inventé des chansons. Et puis, il y a eu ces deux mois magiques avec le chapiteau dans la cour. C’était une aventure humaine extraordinaire, pour les élèves, et pour nous aussi. Il est difficile de parler de résultats et de notes pour un tel projet collectif et humain. Les progrès ne se mesurent pas toujours en termes chiffrés. Nos élèves ont fait le spectacle de première partie de la compagnie. Au début de l’année, plusieurs gamins me disaient : “Jamais de la vie madame, c’est trop la honte.” Au bout du compte, ils l’ont tous fait. Ils ont joué devant 350 personnes, à deux reprises. C’étaient des moments très forts. Voir ces gamins reprendre confiance en eux et en les autres – parce que, pour se lancer dans le vide du trapèze, ou tomber de haut dans les bras de ses camarades, il faut avoir confiance. Ils ont gagné en estime de soi, aussi. On ne peut pas mettre de note scolaire à ça, ce n’est pas mesurable, mais cela n’a pas de prix. Cette année, on recommence, avec une autre troupe de cirque. Et un thème cette fois : les murs… Qu’il faudra dépasser !»


(Elève faisant du trapèze. Photo Evelyne Lhoste.)

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January 3, 2017 6:34 PM
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Hamlet, mise en scène Thomas Ostermeier, reprise aux Gémeaux - Sceaux

Hamlet, mise en scène Thomas Ostermeier, reprise aux Gémeaux - Sceaux | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Agnès Santi dans La Terrasse



Reprise exceptionnelle de la mise en scène créée au Festival d’Avignon en 2008, qui nous plonge dans un monde de manipulations, frustrations et passions. Avec six comédiens au cordeau, dont le phénoménal Lars Eidinger, Thomas Ostermeier explore les enjeux de la révolte inaboutie du jeune Hamlet.


« Ils sont vivants, les morts couchés sous la terre » dit Sophocle. Au théâtre ils font souvent entendre leurs voix dans le monde des vivants. Le jeune Hamlet, traumatisé par le spectre de son père assassiné, en sait quelque chose. La scène inaugurale, très belle, sous une pluie fine, montre l’enterrement du père, roi du Danemark, dans une veine burlesque qui moque le tragique rituel et rappelle, en flirtant avec le cinéma, l’incongruité qui caractérise le nouveau pouvoir. Le texte, amputé presque de moitié, est traduit en allemand par le dramaturge Marius von Mayenburg, et six acteurs interprètent une vingtaine de rôles. La même excellente comédienne, Judith Rosmair, joue Gertrude et Ophélie. Thomas Ostermeier a choisi de jouer la pièce sur la terre où gisent les corps des générations précédentes, montrant que les pères et les pères des pères demeurent liés aux nouvelles pousses, qui doivent lutter pour se libérer de leur emprise. La terre omniprésente qui rappelle à chacun sa mortalité parfois macule les corps et les visages, s’engouffre dans les bouches, exprime la douloureuse difficulté de trouver sa place dans un monde barbare et décadent de fin de régime. Comme symptôme alarmant de cette déliquescence, une famille pervertie : Claudius, un oncle d’une élégance inquiétante et glacée qui a pris la place du père, et Gertrude, une mère puissante, sexy et manipulatrice.

Un bouffon inadapté au monde

Une table de banquet délimite le fond de la scène, symbole ironique où trône un pouvoir immature, où l’on célèbre prestement après l’enterrement le mariage de Claudius et Gertrude. Sur un rideau frangé, accessoire de théâtre par excellence, les visages sont projetés en gros plans. Cette projection et l’utilisation des micros exposent les confessions des protagonistes en une prise de parole publique, avec témoins. L’usage de la vidéo expose aussi l’incapacité d’Hamlet à agir, trop occupé à une observation assidue voire quasi obsessionnelle du monde. Dans toutes ses mises en scène, Thomas Ostermeier fait résonner fortement les textes dans l’actualité de notre monde. Ici il concentre sa lecture sur la révolte ratée de la jeunesse contre des aînés puissants. Pour lutter contre cette génération destructrice, Hamlet s’y prend mal, il joue la folie et devient fou à son tour, ce qui mène au triste sacrifice d’Ophélie. Lors d’une très belle scène, émouvante et tragique, elle meurt littéralement étouffée par cette société effrayante. Le metteur en scène dépeint Hamlet comme un bouffon ventru et désespéré, inadapté au monde. C’est d’abord la colère mal dirigée de ce fils rebelle, faisant lui aussi partie du monde décadent qu’il critique, que la mise en scène dissèque avec un talent percutant. Cette lecture radicale et énergique théâtralise avec vigueur les effets dévastateurs d’une société pourrie, et réduit la profondeur métaphysique du drame de Shakespeare. L’analyse hautement concentrée montre combien la question de la jeunesse touche Thomas Ostermeier. De façon troublante, huit ans après sa création, ce sujet d’une jeune génération désemparée qui rêve de révolte est manifestement d’une brûlante actualité ! L’un des atouts majeurs de la pièce est comme à l’accoutumée chez ce si talentueux metteur en scène la limpidité du jeu théâtral. Un immense bravo à l’exceptionnel acteur Lars Eidinger dans le rôle d’Hamlet, qui fut aussi un phénoménal Richard III dans la mise en scène présentée par Thomas Ostermeier au Festival d’Avignon en 2015.

Agnès Santi


HAMLET du 19 janvier 2017 au 29 janvier 2017 Les Gémeaux - Scène Nationale 49 Avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, France à 20h45 sauf dimanche à 17h, relâche le 22 et le 26 janvier. Tél : 01 46 61 36 67. Spectacle en allemand surtitré. Durée : 2h30. Spectacle vu à Avignon en 2008 (Time flies…).



Photo : Epoustouflant Lars Eidinger dans le rôle d’Hamlet. © Arno Declair

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January 3, 2017 5:53 AM
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Rennes. Arthur Nauzyciel, artiste, prend la direction du TNB

Rennes. Arthur Nauzyciel, artiste, prend la direction du TNB | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Arthur Nauzyciel prend ses fonctions le 4 janvier au Théâtre national de Bretagne, à Rennes. | Photo : Frédéric Nauzyciel


Par Agnès le Morvan dans Ouest-France

Arthur Nauzyciel, comédien et metteur en scène, prend ses fonctions le 4 janvier. Avec lui, seize artistes, metteurs en scène, chorégraphes, performeurs, musiciens, plasticiens, réalisateurs…
Découverte du théâtre au lycée

« J’avais envie de travailler avec des acteurs, mais je me destinais davantage à la réalisation cinéma », se souvient Arthur Nauzyciel. Mais quand il est au lycée, aux Ulis (91), dans un établissement à forte mixité, il croise une documentaliste, « elle nous a emmenés voir ce qu’il y avait de mieux à Paris, du théâtre, ni élitiste, ni excluant. C’est resté dans mon ADN. » Il découvre Patrice Chéreau, Claude Régy, Peter Stein, Peter Brook… Jamais il n’oubliera « qu’on peut être exigeant et accessible. »
Seize artistes associés

Ce qui l’a attiré pour postuler au TNB, c’est le label européen, la dimension pluridisciplinaire, l’école… À Rennes, Arthur Nauzyciel arrive avec seize artistes associés, « pas ou peu vus à Rennes qui ont tous un lien à l’international » : en théâtre, Guillaume Vincent, Vincent Macaigne, Jean-Pierre Baro, Julie Duclos. En danse, Gisèle Vienne, Damien Jalet, Sidi Larbi Cherkaoui. Côté performance, Phia Ménard (jongleur performeur), Mohamed El Khatib, récemment venu à Rennes à Mythos avec Moi Corinne Dadat.
Ecrivains, plasticiens, musiciens, réalisateurs...

Il y aura également deux écrivains associés, Marie Darrieussecq et Yannick Haenel, trois plasticiens, Xavier Veilhan, qui représentera la France à la prochaine Biennale de Venise en 2017, Valérie Mréjen et les artistes visuels M/M, association des deux artistes et graphistes français Michael Amzalag et Mathias Augustyniak. En musique, le TNB accueillera Keren Ann et Albin de la Simone. Arthur Nauzyciel vient aussi avec des réalisateurs de cinéma.
Première création à l’automne 2018

Pour se présenter au public rennais, Arthur Nauzyciel ouvrira la saison 2017-2018, avec le spectacle Jules César de Shakespeare, qu’il a créé à Boston en 2008, avec des acteurs américains, un trio de jazz sur scène. Sa première saison sera consacrée à la présentation des pièces marquantes de son parcours et de ceux qui l’accompagnent, « pour révéler qui nous sommes. » La première création arrivera à l’automne 2018.

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January 2, 2017 11:05 AM
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1er janvier 2017 : Daniel Jeanneteau, directeur du T2G

1er janvier 2017 : Daniel Jeanneteau, directeur du T2G | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Sur le site du T2G


Nommé en juin dernier par la ministre de la Culture Audrey Azoulay, Daniel Jeanneteau prend ses fonctions à la tête du Théâtre de Gennevilliers le 1er janvier 2017. Il continuera à faire du T2G un haut lieu de la création contemporaine, avec une implantation locale renouvelée, où la rencontre entre les artistes et les publics sera au cœur de la création. Il travaillera avec des artistes aux univers singuliers tels que Lazare, Adrien Béal et Stéphanie Béghain, qui seront impliqués dans l’ensemble des actions menées. Parmi ses projets, des ateliers de théâtre ouverts et gratuits, un groupe d’observation des écritures contemporaines, la poursuite du travail de la Revue Incise, et le projet « Îlots », porté par Yoann Thommerel et Sonia Chiambretto, laboratoire de création et de recherche sur les mécanismes d'exclusion et de repli, rassemblant des habitants, des artistes et des chercheurs.
Il entend faire du Théâtre de Gennevilliers un lieu fertile de création et de partage, inscrit dans un réseaux d’associations fortes, notamment avec l’Ircam et le CENTQUATRE-Paris. Le rayonnement à l'international du T2G s’appuiera sur le jumelage avec le Shizuoka Performing Arts Center (Japon).

Après des études à Strasbourg aux Arts décoratifs et à l’École du TNS, il rencontre le metteur en scène Claude Régy dont il conçoit les scénographies pendant une quinzaine d’années. Il travaille également avec de nombreux metteurs en scène et chorégraphes (Catherine Diverrès, Jean-Claude Gallotta, Alain Ollivier, Nicolas Leriche, Jean-Baptiste Sastre, Trisha Brown, Jean-François Sivadier, Pascal Rambert…). Depuis 2001, et parallèlement à son travail de scénographe, il se consacre à la création de ses propres spectacles, en collaboration avec Marie-Christine Soma (Racine, Strindberg, Boulgakov, Sarah Kane, Martin Crimp, Labiche, Daniel Keene, Anja Hilling, Maurice Maeterlinck, Tennessee Williams). Grand prix du syndicat de la critique pour quatre scénographies, il est lauréat de la Villa Kujoyama à Kyoto en 1998, de la Villa Médicis Hors les Murs au Japon en 2002, metteur en scène associé au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis de 2002 à 2007, à La Colline-théâtre national avec Marie-Christine Soma de 2009 à 2011, à la Maison de la Culture d’Amiens depuis 2007. Directeur artistique du Studio-Théâtre de Vitry de 2008 à 2016.





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January 2, 2017 10:45 AM
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Sacres d’hiver pour l’Opéra national de Paris

Sacres d’hiver pour l’Opéra national de Paris | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Rosita Boisseau dans Le Monde



Fin d’année rayonnante pour l’Opéra national de Paris. Coup sur coup, Aurélie Dupont, directrice de la danse depuis 2016, couronne pour la première fois deux danseurs étoiles et signe avec force sa prise en main de la compagnie. Germain Louvet, 23 ans, a été nommé, mercredi 28 décembre, à l’issue de sa performance dans le personnage du Prince Siegfried du Lac des cygnes, à l’affiche de l’Opéra Bastille. Et samedi 31 décembre, Léonore Baulac, 26 ans, dans le double rôle d’Odette-Odile du Lac, a décroché le gros lot.

Parallèlement, Laurent Hilaire, 54 ans, danseur étoile de 1985 à 2007, puis maître de ballet associé à la direction de la danse jusqu’en 2014, part à Moscou diriger la troupe du théâtre Stanislavski. Tout va vite pour lui. Un mois et demi après avoir accepté le poste de directeur artistique de cette troupe russe de 121 danseurs, le voilà en train de faire ses valises pour prendre ses fonctions. Entre les deux, cours intensifs de russe pour plonger dans le grand bain. « L’anglais et le français, qui est la langue de la danse, puisque tous les pas ont des noms français, sont couramment employés, mais parler russe me semble indispensable, confie-t-il. La compagnie a beaucoup de potentiel et d’enthousiasme. Ma mission consiste à ouvrir le répertoire classique vers des productions contemporaines. C’est un challenge très excitant. »

Deux parcours similaires

Accélération maximale également pour Germain Louvet, fraîchement nommé premier danseur, début novembre. « C’est vrai que tout est arrivé avant même que je l’attende », commente-t-il avec lucidité. Son parcours suit un tracé limpide. Premiers cours dès l’âge de 4 ans à Givry, en Bourgogne, puis, quatre ans plus tard, au Conservatoire de Chalon-sur-Saône, avant d’intégrer à 12 ans l’école de danse de l’Opéra national de Paris. Depuis son entrée dans le corps de ballet en 2011, il a multiplié les apparitions dans des pièces phares comme Roméo et Juliette, de Rudolf Noureev, ou AndréAuria, d’Edouard Lock. C’est d’ailleurs en se projetant, entre autres, sur l’interprétation d’Hilaire dans Le Lac de cygnes, que Louvet a grandi et construit son approche du personnage. Les générations se suivent, le label de la haute école classique française reste au top.
Germain Louvet, dans « Le Lac des cygnes ». | SVETLANA LOBOFF / OPERA NATIONAL DE PARIS

Joli coup du hasard pour Léonore Baulac. Alors qu’elle ne devait être que remplaçante sur Le Lac des cygnes, les changements de casting l’ont propulsée en tête de distribution pour la soirée du réveillon. La jeune femme a commencé officiellement à répéter à partir du 10 décembre. Le double rôle d’Odette-Odile fait partie des pics chorégraphiques. « C’est le ballet classique par excellence et lorsque je pensais à toutes celles qui ont endossé le rôle avant moi, je me sentais toute petite », confiait-elle le 1er janvier. Avec pour partenaire Mathias Heymann, « très attentif et galvanisant », Baulac a remporté l’épreuve, couronnant son parcours avec évidence.
Léonore Baulac, dans « Le Lac des cygnes ». | HAND OUT / AFP

Comme Germain Louvet, avec qui elle a interprété Casse-Noisette et Roméo et Juliette, « une expérience magique et le rôle dont je rêvais depuis l’enfance », Léonore Baulac a commencé la danse à 4 ans, s’est formée au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris à partir de 2003, avant de rejoindre, deux ans plus tard, l’école de danse de l’Opéra de Paris. Engagée dans le corps de ballet en 2008, elle grimpe vite les échelons, se distinguant dans Clear, Loud Bright, Forward, de Benjamin Millepied, ou Les Variations Goldberg, de Jerome Robbins.


Le statut d’étoile impose une exigence de perfection attendue par le public. Mercredi 28 décembre, une standing ovation de plus de quinze minutes des 2 700 spectateurs de Bastille a saisi Germain Louvet. Entouré de ses partenaires Ludmila Pagliero et Karl Paquette, de Stéphane Lissner, directeur de l’Opéra national de Paris, et d’Aurélie Dupont, directrice de la danse, dont il est « la première étoile », il a vécu « une tempête d’émotions à laquelle on ne s’attend jamais ».

En 1985, Laurent Hilaire fut la première étoile masculine élue par Rudolf Noureev, alors directeur de la danse. Entré à l’école de danse en 1975, puis dans le corps de ballet cinq ans plus tard, il grimpe sur la plus haute marche avec… Le Lac des cygnes. Un ballet vécu comme « un parcours d’obstacles par un danseur athlète », résumait-il en 2010. « Un rôle comme celui de Siegfried change et grandit avec vous, expliquait-il. Il faut l’interpréter avec son âge et ses émotions. A 20, 30 ou 40 ans, c’est le vécu et l’authenticité qui comptent. J’ai compris grâce à Siegfried qu’il faut accepter sa fragilité, le fait qu’on ne puisse pas tout contrôler. »

Laurent Hilaire a traversé l’histoire de l’art chorégraphique. Des classiques les plus aiguisés, comme La Bayadère ou La Belle au bois dormant, aux pièces contemporaines signées Merce Cunningham ou William Forsythe. Il fait ses adieux à la scène en 2007 pour endosser le statut de maître de ballet. Il sera associé à partir de 2010 à la direction de la danse auprès de Brigitte Lefèvre, dont il sera le candidat à la succession. Il quitte l’institution parisienne en 2014.


Depuis, il a collaboré avec des compagnies du monde entier, remontant des spectacles comme Le Parc, d’Angelin Preljocaj, ou Don Quichotte. « Les versions et les productions classiques du Stanislavski sont différentes, précise-t-il. Lorsque le directeur, Anton Getman, m’a contacté, nous nous sommes mis d’accord sur le fait que je suis là pour insuffler une nouvelle vitalité dans le répertoire, tout en amorçant un virage vers d’autres styles de danse. Je crois qu’aujourd’hui, les interprètes, à travers les réseaux sociaux en particulier, sont devenus très ouverts et prêts à aller de l’avant. »

Léonore Baulac et Germain Louvet s’apprêtent, eux, à découvrir et répéter ensemble un autre monument : La Sylphide, ballet romantique créé en 1832 et scénario fantastique sur le thème d’un amour irréel entre un jeune homme trop rêveur et une créature ailée aussi volatile qu’un fantasme. Autre cible technique, autre nuancier psychologique, Baulac et Louvet sont sur orbite pour juillet 2017.


Par Rosita Boisseau


Photo Germain Louvet, dans « Le Lac des cygnes ». | SVETLANA LOBOFF / OPERA NATIONAL DE PARIS

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