Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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January 9, 2017 6:41 PM
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Éclipse totale : passion totale entre Rimbaud et Verlaine

Éclipse totale : passion totale entre Rimbaud et Verlaine | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Hélène Kuttner pour Artistik Rézo 


C’est une histoire d’amour fou entre Paul Verlaine, poète, qui vient d’épouser une jeune fille de 17 ans bientôt mère de son enfant, et Arthur Rimbaud, 17 ans lui aussi, dont il vient de découvrir les poèmes sauvages et fulgurants.

Entre les deux, le poète bohème et symboliste, grand amateur de vin et d’absinthe, auteur des Poèmes saturniens et père de famille pour la forme, et le jeune inconnu des Illuminations qui va révolutionner la littérature, naît l’attirance entre deux astres, le choc entre deux étoiles. Durant deux années tumultueuses, les deux amants vont se retrouver à Bruxelles ou à Londres, tandis que Mathilde, la jeune femme de Verlaine, fait les frais de cette fugue passionnelle et de la violence alcoolisée de son mari.

Le metteur en scène Didier Long a adapté la pièce de Christopher Hampton et incarne lui-même Verlaine face à Julien Alluguette qui joue Rimbaud. Le face-à-face est captivant, brûlant de passion et de férocité blessée. Didier Long affiche une sensualité et une générosité de grand enfant blessé par la vie, tandis que Julien Alluguette est toute révolte, ironie et sauvagerie. Jeanne Ruff, beauté blonde de madone Renaissance, leur oppose un calme qui repose. Quel bonheur de vivre théâtralement et humainement une telle rencontre !


À partir du 13 janvier 2017


Rimbaud Verlaine - Éclipse totale 

De Christopher Hampton 

Mise en scène de Didier Long 


 Du mardi au samedi à 21h Tarifs : de 10 à 26 € Réservation en ligne Durée : 1h40 

 Théâtre de Poche-Montparnasse 75, bd du Montparnasse 75006 Paris M° Notre-Dame des Champs (ligne 12)  


www.theatredepoche-montparnasse.com

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January 9, 2017 5:36 PM
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Jamais seul, Mohamed Rouabhi - Patrick Pineau • la MC93 à Bobigny

Jamais seul, Mohamed Rouabhi - Patrick Pineau • la MC93 à Bobigny | Revue de presse théâtre | Scoop.it

JAMAIS SEUL
Mohamed Rouabhi - Patrick Pineau
LECTURE
JEUDI 19 JANVIER À 20H Bourse du travail, Bobigny

Mohamed Rouabhi est de ces auteurs qui parviennent avec une grande poésie à décrire un monde qui se transforme. Avec Jamais seul, il réalise une fresque sur le métier de vivre, une galerie d’invisibles qui au gré des événements apparaissent tantôt abîmés et affaiblis, tantôt amoureux, optimistes et solidaires. 

Dans ce monde bouleversé, le texte permet de découvrir leurs destins, leurs rêves, leurs déceptions. Des lieux, parfois étranges, parfois familiers, mais toujours transfigurés par l’imagination et la plume de l’auteur. 

De cette expérience grandit le sentiment de quelque chose en partage, peut-être simplement de ce que l’on nomme « humanité ». Ce petit peuple, silhouettes anonymes condamnées à affronter le monde, invente à chaque instant la poésie nécessaire à faire chanter les lendemains et partage une règle tacite, n’être jamais seul. 

Cette première mise en voix du texte est une nouvelle étape pour le metteur en scène Patrick Pineau, qui créera Jamais seul en novembre 2017 à la MC93.


Bourse du travail 1 place de la Libération 93000 Bobigny Métro Ligne 5 Station Bobigny Pablo Picasso Tramway T1 Station Libération

http://www.mc93.com/saison/jamais-seul

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January 8, 2017 6:23 PM
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Grande : un nouveau cirque de géants

Grande : un nouveau cirque de géants | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par M.A. pour le blog "L'étoffe des songes"



Voir sur le site d'origine :  http://www.etoffedessonges.com/2017/01/grande-un-nouveau-cirque-de-geants.html




Le spectacle De nos jours, du collectif Ivan Mosjoukine est resté gravé dans les mémoires de tous ceux qui l’ont vu. La liberté de ton, l’inventivité et le talent des quatre jeunes artistes circassiens étaient sidérants. La fin du collectif laissait en suspens un intéressant champ des possibles. Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel faisaient partie de l’aventure et ont continué leur chemin. Leur spectacle Grande, présenté au Cent Quatre ce début d’année, et qui sera repris plus tard au Monfort, ne ressemble à aucun autre. Musique de concert, prouesses de cirque, scènes de la vie quotidienne : tout s’enchaine à la minute près. Le capharnaüm du plateau prend sens dans un spectacle fascinant et totalement novateur.

C’est peu dire que la démarche de Grande est réfléchie. L’antichambre du spectacle regorge de schémas et de flèches reliant mots et concepts. A l’entrée de la salle, le spectateur se voit remettre une carte de spectacle, établissant des liens entre les huit revues qui seront présentées, plaçant les intermèdes dans une matrice d’alternatives. Le sens ne vient que plus tard, sur le plateau. Il est question de couples et de rencontre, d’émotions qui se traduisent dans des exploits physiques sidérants.

Sur scène, les accessoires s’étalent sur de longues tables : les vêtements s’amoncellent pêle-mêle, bouquets de fleurs, mannequin, accessoires de cuisine, chaise, autant d’accessoires qui trouveront leur place dans la revue plus tard, donnant un sens à ce grand bazar. Côté cour, un toboggan géant. Sur le devant de la scène, tables de mixage, micros, claviers électroniques, trompette, hautbois. Difficile de s’y retrouver au premier abord. 
Les deux compères nous guident pas à pas dans les numéros en partant par la fin, la revue d’habits, pour finir sur la revue d’amour. La parole et les panneaux balisent le parcours, le rythme est soutenu et tout s’enchaine. Il est fascinant de voir les deux compères s’affairer pour tout mettre en place, passer de la musique à la scène, changer de tenue mille fois, de visage et d’émotions. Le spectacle se déroule à cœur ouvert, rient n’est caché de ce qui se fait d’habitude en coulisse, bruitage ou mécanique. La musique occupe une place centrale, à la fois techno et chanson à texte. 

Côté exploits physiques, les portés sur la tête de Vimala sont époustouflants, du long strip tease à la machine à laver, et les glissades de Tsirihaka offrent un suspens sans cesse renouvelé. Ils ont le cirque dans les veines et ne l’oublient jamais. Entre les micros, la musique, les changements de décors et de costumes, ils se donnent complètement et se mettent littéralement à nu. Vimala Pons, qui est aussi actrice de théâtre et de cinéma, a une présence époustouflante. Les numéros où elle enchaine les multiples répliques de personnage sont saisissants, tant elle parvient à capturer et à rapprocher des quotidiens absurdes. 



 Grande est autant un OVNI que l’était De nos jours. Avec des similarités dans l’approche réfléchie, la mécanique où tout est déballé sur le plateau, les prouesses physiques. Mais le résultat est différent. Le soir de la première, au moment des applaudissements, Vimala en avait les larmes aux yeux, témoignage de l’énorme travail investi dans cette création. Allez voir ces jeunes qui inventent, questionnent et interpellent sans cesse. Ils ont un talent fou, et une envie dévorante qui rafraichissent. 



Grande, de Tsirihaka Havel et Vimala Pons au Centquatre du 7 au 26 janvier 2017, puis au Théâtre Monfort du 18 avril au 6 mai 2017.



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January 8, 2017 5:16 PM
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Sur le front avec Claude Degliame et Jean Michel Rabeux

Sur le front  avec Claude Degliame et Jean Michel Rabeux | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Joëlle Gayot sur  le site son émission Une saison au théâtre sur France Culture


Chaque année, en janvier, c’est un rituel, le théâtre est pris d’une sorte de frénésie. A Paris, en banlieue, partout en région, les spectacles pleuvent comme s’il leur fallait conjurer l’hiver:

Ces nuits qui n’en finissent pas, ces rues des villes frigorifiées, cette lumière qui nous manque, surtout au nord. Alors on va au théâtre, le plus possible.

Dans la multitude des projets annoncés et comme on ne peut pas parler de tout dans une Saison au théâtre, il nous a fallu faire un choix. Nous l’avons fait, avec le désir qu’il soit entendu comme un signal. Ce signal affirme que le théâtre est inaliénable, insolent et libre. C’est là sa fonction, sa mission et sa raison d’être.


Le spectacle dont nous parlons ce soir envoie ce signal avec force. Aglaé, écrit et mis en scène par Jean Michel Rabeux, interprété par Claude Degliame, est né de la rencontre entre les artistes et une femme, prostituée marseillaise qui, autour de quelques verres de rosé, leur a raconté sa vie et son métier. Le résultat est tout sauf politiquement correct, tout sauf confortable. C'est au Rond Point qu'on peut le voir jusqu'au 29 janvier.

Pour écouter l'émission (30 mn) : https://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/sur-le-front-avec-claude-degliame-et-jean-michel-rabeux

Avec nous, un fameux, un piquant, un gémellaire couple de théâtre : Claude Degliame et Jean Michel Rabeux.


Ça me plaît de plaire, pas de les faire bander, ça c’est facile. De plaire encore à mon âge. EXTRAIT

Intervenants
Claude Degliame : comédienne
Jean-Michel Rabeux : metteur en scène

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January 8, 2017 4:30 PM
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David Bobée mêle les lettres d'amour de Evelyne de la Chenelière à l'écriture d'Ovide

David Bobée mêle les lettres d'amour de Evelyne de la Chenelière à l'écriture d'Ovide | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans Sceneweb


 Dans une chambre à coucher, une femme adresse une lettre d’amour à l’homme qui vient de la quitter. Une lettre sans cesse recommencée, à travers laquelle elle s’abandonne aux mots déchirants et passionnés de figures féminines de la mythologie, comme autant d’appels à l’être aimé et parti, comme un dernier contact érotique. Macha Limonchik, qui nous vient du Québec, est tout simplement sublime dans ce rôle de femme blessée, qui crie son manque et son désir avec une puissance incroyable. À ses côtés, le groupe d’électro-folk Dear Criminals magnifie cette relation épistolaire de sa musique vibrante et sensuelle, tandis que le jeune acrobate Anthony Weiss matérialise le souvenir de l’être aimé, le corps de l’homme fantasmé qui plane au-dessus du grand lit.

Les textes sont issus de la plume contemporaine et délicate d’Evelyne de la Chenelière qui croise l’écriture ancienne et furieuse d’Ovide. Le metteur en scène David Bobée choisit la sobriété pour donner vie à cette douleur passionnelle. En mêlant avec élégance le théâtre, la musique, le chant, la vidéo et le cirque, il crée un environnement propice à l’émotion pure. Quand les mots s’épuisent, la musique les embrase et déchaîne la tempête qui sommeille. Il se met à pleuvoir dans la chambre… averse, foudre et vent. 

Dossier de presse.

LES LETTRES D’AMOUR
Evelyne de la Chenelière, Ovide / David Bobée (France / Canada)
textes Evelyne de la Chenelière et Ovide
mise en scène et scénographie David Bobée
avec Macha Limonchik
sangles aériennes Anthony Weiss
musique sur scène Dear Criminals > Frannie Holder, Charles Lavoie, Vincent Legault
assistanat à la mise en scène Sophie Colleu
décor Max-Otto Fauteux
lumière Stéphane Babi Aubert
costumes Ginette Noiseux
musique Dear Criminals
vidéo Baptiste Klein
conception sonore Grégory Adoir
maquillages et coiffures Angelo Barsetti
longeur des sangles aériennes Jérémie Robert
répétitrice Kim Despatis
Le spectacle a été créé en coproduction avec l’ESPACE GO de Montréal
Coproduction : ESPACE GO / Montréal, Centre Dramatique National de Normandie-Rouen, Théâtre de Caen et Théâtres de la Ville de Luxembourg – Avec le soutien du Consulat général de France à Québec et du Conseil des arts du Canada.
Le spectacle Les Lettres d’amour a été créé le 12 avril 2016 à l’Espace Go de Montréal. Cette création fait suite à la performance Drop imaginée par David Bobée à Jakarta avec l’Institut Français d’Indonésie.

CDN de Rouen
7 > 14 janvier 2017
Samedi 7 à 18h
Lundi 9, mardi 10, mercredi 11, jeudi 12, vendredi 13 à 20h
Samedi 14 à 18h

ManonetMarie's curator insight, May 24, 2017 11:09 AM

On voit la passion à travers les draps complètements défaits, l'homme nu, et la femme est obnubilée par l'homme tant elle l'observe.

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January 8, 2017 2:17 PM
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► CARTE BLANCHE AUX CABARETTISTES - Festival Au Temps pour nous; au Théâtre de l'Opprimé

► CARTE BLANCHE AUX CABARETTISTES - Festival Au Temps pour nous; au Théâtre de l'Opprimé | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Festival pour s’ émanciper du temps … du 05 au 15 janvier 2017



Bienvenue chez nous !

Une année nouvelle commence, et reviennent avec elle les bonnes résolutions. L’école des enfants est réglée sur le rythme des parents : « métro-boulot-dodo », et l’on se dit « On n’est qu’en janvier » ou bien « C’est d j janvier » !
À l’heure de la restauration rapide, de la croissance économique en berne, où nous sommes aiguillés par une horloge ou par le miroir aux alouettes, hé bien précisément maintenant, nous vous invitons « chez nous » citadins, banlieusards, étrangers et campagnards, à faire sa fête au temps !

Notre évènement s’adresse aux enfants, ceux qui le furent et ceux qui le seront, aux personnes d’un certain âge, aux amateurs et aux professionnels, ceux qui n’entendent rien rien, aux fortunés et ceux qui sont « nés forts d’aucune tune ». Nous pensons notre temps fort, de festivités, comme un ensemble riche, admirable, témoignant du talent intime et collectif, au cours duquel chacune et chacun pourra apprendre un petit quelque chose, avec lequel il ou elle pourra faire sa popote pour son présent !

Ne mettons donc pas nos intelligences en pilotage automatique ! Chez nous le mot d’ordre sera de philosopher avec humour et de déconner sérieusement !

 

A l’année prochaine !

L’équipe des Cabarettistes

Alain Carbonnel, Nathalie Bourg, Nathan Gabily, Hugues de la Salle, Jeanne Vimal, Zofia Rieger, Malvina Morisseau, Matila Malliarakis, Clémentine Lebocey et Solange Wotkiewicz

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January 8, 2017 8:37 AM
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Hôtel Feydeau, d’après Georges Feydeau, mise en scène, adaptation, lumières de Georges Lavaudant

Hôtel Feydeau, d’après Georges Feydeau, mise en scène, adaptation, lumières de Georges Lavaudant | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Véronique Hotte pour son blog  Hottello


Feydeau (1862-1921) modernise le rythme et renouvelle les caractéristiques du vaudeville hérité du XIX é siècle, faisant la part belle à la nécessité mécanique de l’intrigue et au caractère cocasse des situations et du langage. C’est à partir de cette œuvre vaudevillesque qu’est né le concept inouï de « pureté » mécanique théâtrale qui provoque un comique immédiat, irréfléchi et sans contrainte.

L’occasion, pour le metteur en scène et les acteurs, de déployer tous leurs talents.

Georges Lavaudant, connaisseur de l’œuvre du vaudevilliste, joue une nouvelle fois avec elle, en s’inspirant de Feu la mère de madame, On purge Bébé !, Léonie est en avance, Mais n’te promène donc pas toute nue !, Cent millions qui tombent.

Le metteur en scène entrelace la farce ici et là – réduisant, mêlant ou décalant, pour les reprendre plus tard, les thèmes des dernières comédies de Feydeau – obtenant la teneur et la saveur d’un rire filé.

Entérite, pot de chambre, constipation et relâchement, la métaphore égrène sa scatologie provocatrice, ne s’embarrassant des bienséances.

D’un Louis XIV à un Louis XV, il ne s’agit finalement que d’un louis, précise Madame de Feu la mère…, s’exclamant fortement devant le retour tardif et nocturne de Monsieur, déguisé pour sa fête en monarque.

Les conflits n’en finissent pas entre l’époux et l’épouse, l’enfant et ses parents, les gens de maison et leurs maîtres – un désordre social et privé que tout réajustement politique ne réussirait guère à clarifier ni résoudre.

Et puisqu’il en est ainsi, autant rire en se moquant de l’autre – qui est soi – : l’énergie déployée sur la scène tend ses arcs à l’extrême, les numéros orchestrés des acteurs sont réglés à la baguette, chacun jouant sa partition, ne négociant jamais pour jouer un va-tout rocambolesque.

Manuel Le Lièvre est un clown inénarrable qui se dépense sans compter et André Marcon tient son rôle de bourgeois avec un calme souverain.

Gilles Arbona est réglé, tel un pantin mécanique, et Benoît Hamon dévoile un programme comique – juvénile, contestataire et colérique …

Les femmes n’usent nullement, de leur côté, de la moindre demi-mesure, avec l’élégance d’Astrid Bas, l’espièglerie de Lou Chauvain, la détermination de Grace Seri et la ténacité de Tatiana Spivakova.

Entre les scènes ludiques, les comédiens exécutent des danses chorales légères, façon cabaret ou show TV, dans une tonalité festive amusée que soutiennent des accessoires ludiques, fluo, vifs et colorés – plumeau symbolique des valets et servantes et vêtements seyants.

Le rendez-vous théâtral s’accomplit dans l’élan et le professionnalisme.

Véronique Hotte

Théâtre de l’Europe – Odéon, du 6 janvier au 12 février. Tél : 01 44 85 40 00


Crédit Photo : Thierry Depagne

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January 7, 2017 8:31 PM
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Clément Hervieu-Léger, l'homme pressé

Clément Hervieu-Léger est actuellement à l’affiche des « Cahiers de Nijinski » mis en scène par Brigitte Lefèvre au Théâtre National de Chaillot, et des « Damnés » mis en scène par Ivo van Hove à la Comédie-Française. Il est à son tour à la mise en scène du « Petit-Maître corrigé » de Marivaux ». Entrée Libre a rencontré ce prodige des planches.


Du lundi au vendredi, Claire Chazal explore les multiples formes de la culture. Au menu, l'actualité culturelle des dernières 24 heures, des reportages sur des sujets éclectiques, ainsi que des rencontres avec des personnalités du monde des arts plastiques, du spectacle vivant, du cinéma et de la musique.

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January 7, 2017 11:18 AM
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Vangelo de Pippo Delbono

Vangelo de Pippo Delbono | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Christophe Candoni dans Sceneweb



Dans Vangelo, présenté au Théâtre du Rond-Point puis en tournée, Pippo Delbono montre le visage des martyrs et exclus contemporains. Il célèbre une messe laïque, une fête sacrée, troublante et transgressive, peuplée d’êtres et de chimères qui ne sont pas tous des Saints.

La Guerre, Le Silence, Le Cri, La Rage, Le Mensonge… Les spectacles de Pippo Delbono, à l’image de leur titre, se suivent et font traverser nombre de paysages émotionnels fortement contrastés, des endroits beaux mais obscurs, interrogateurs, libérateurs, qui bousculent et bouleversent indéniablement. 


 Vangelo, le dernier opus, est comme les précédents fortement empreint d’enfance et de religion. Sur son lit de mort, la mère très croyante de l’artiste italien, à qui est tendrement dédiée la pièce, lui fait la demande d’imaginer un spectacle sur les Évangiles. Aussitôt naît la nécessité d’aborder ces textes. A Varazze, le petit village situé dans la campagne ligurienne où il est né, Pippo était enfant de chœur et jouait le rôle du petit Jésus dans le théâtre paroissial. Depuis, il a déserté les églises. A Dieu, il préfère désormais Bouddha ; au paradis culpabilisant, il oppose les délectations de l’Enfer.

Pippo Delbono se place délibérément du côté de « ceux qui vivent comme des assassins sur terre, comme des bandits au fond des mers, des fous à ciel ouvert ». Chef d’une troupe très singulière et fidèle, il traîne avec lui ses compagnons de route Nelson, Gianluca, Pepe, Bobo, des femmes superbes aussi, rencontrés au cours de pérégrinations diverses et variées. Tous les spectacles de Pippo Delbono sont le fruit de ces interprètes, de leur corps, leurs histoires, qui si loin de vous, vous deviennent pourtant familiers. Il associe cette fois des acteurs croates et, par vidéo, des migrants réfugiés au centre d’accueil Piam d’Asti. Ainsi, son théâtre existentiel qui a toujours porté la marginalité et la fragilité humaines, non pas exploitées dans un contenu victimaire mais au contraire magnifiées, prend un tournant plus politique encore. Dans une scène magistrale où retentit l’immolation du Don Giovanni de Mozart, un naufragé des mers, le corps vide et malingre prend la place du Christ en croix sous l’œil inquisiteur d’une communauté aux allures de Ku Klux Klan détourné à la mode baroque queer.

La voix caressante et rocailleuse, le corps massif et le souffle lourd, l’homme-orchestre, à fleur de peau, hurle et danse pour mieux se faire le chantre de l’amour et de la liberté. Il livre une charge anti-cathos radicaux et contre tous les fanatismes proférés au nom de Dieu. Quelque chose d’à la fois funèbre et d’éclatant paraît dans l’alliage du rouge capiteux et du noir caverneux qui éclairent le plateau d’une lumière toute particulière, proprement infernale.

Ce rituel grave et sulfureux plein de fièvre, de mélancolie, de poésie lyrique et furieuse donne lieu à de superbes instants de théâtre, de danse, de musique, de pure présence. Il faudrait être insensible pour ne pas être touché, conquis, par un tel geste, une telle grandeur, sincère et généreuse, qui fait finalement triompher la spiritualité et la beauté face aux dérives du monde et des hommes.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Vangelo
un spectacle de et avec : Pippo Delbono
et avec : Dolly Albertin, Gianluca Ballarè, Bobò, Margherita Clemente, Ilaria Distante, Simone Goggiano, Mario Intruglio, Nelson Lariccia, Gianni Parenti, Pepe Robledo, Grazia Spinella, Nina Violić, Safi Zakria, Mirta Zečević
avec la participation dans le film des : réfugiés du Centre d’accueil PIAM d’Asti
images et film : Pippo Delbono
musique : Enzo Avitabile
scénographie : Claude Santerre
costumes : Antonella Cannarozzi
lumières : Fabio Sajiz
traduction : Anita Rochedy
direction technique : Fabio Sajiz
vidéo : Orlando Bolognesi
son : Pietro Tirella
régie générale : Gianluca Bolla
habillage : Elena Giampaoli
organisation : Silvia Cassanelli, Alessandra Vinanti
administration compagnie : Raffaella Ciuffreda
organisation et production (France) : Christian Leblanc
réalisation décor et costumes : Hrvatsko Narodno Kazalište / Zagreb
production Emilia Romagna Teatro Fondazione, Hrvatsko Narodno Kazalište / Zagreb, coproduction Théâtre Vidy-Lausanne, Maison de la culture d’Amiens – Centre européen de création et de production, Théâtre de Liège, spectacle créé le 12 janvier 2016 au Théâtre Vidy-Lausanne
Durée : 1h50

Rond-Point
5 – 21 janvier 2017
DU MARDI AU SAMEDI, 21H – DIMANCHE, 15H – Relâche : LES LUNDIS ET LE 10 JANVIER


24 ET 25 JANVIER 2017
SCÈNE NATIONALE LA ROSE DES VENTS / VILLENEUVE-D’ASCQ (59)


27 ET 28 JANVIER 2017
L’HIPPODROME — SCÈNE NATIONALE DE DOUAI (59)


31 JANVIER 2017
LE MANÈGE — SCÈNE NATIONALE DE MAUBEUGE (59)


3 ET 4 FÉVRIER 2017
LA FILATURE SCÈNE NATIONALE DE MULHOUSE (68)


7 ET 8 FÉVRIER 2017
L’ESPACE MALRAUX — SCÈNE NATIONALE DE CHAMBÉRY (73)


18 ET 19 FÉVRIER 2017
THÉÂTRE DE LA PLACE / LIÈGE (BELGIQUE) –


VERSION OPÉRA
2 ET 3 MARS 2017

MAISON DE LA CULTURE D’AMIENS (80)


10 ET 11 MARS 2017
BONLIEU — SCÈNE NATIONALE D’ANNECY (74)


14 ET 15 MARS 2017
LA COMÉDIE — SCÈNE NATIONALE DE CLERMONT-FERRAND (63)


18 MARS 2017
SCÈNE NATIONALE DE SÈTE (34)

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January 7, 2017 10:47 AM
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La quadrature des théâtres circulaires

La quadrature des théâtres circulaires | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Rosita Boisseau (Londres, Copenhague, Luxembourg, Châlons-en-Champagne) pour Le Monde


Le réseau 360° regroupe une douzaine de salles de spectacles rondes à travers le monde. Avec un défi : imaginer des événements adaptés à ces lieux.


http://www.lemonde.fr/culture/article/2017/01/07/la-quadrature-des-theatres-circulaires_5059195_3246.html



Un gazomètre massif à deux pas du centre de Copenhague, une rotonde ferroviaire majestueuse à Londres, des hangars de réparation de locomotives à Luxembourg, des citernes à Tenerife… Les points communs de ces bâtiments apparemment aux antipodes ? Ils sont ronds comme des ballons, émargent au patrimoine industriel du XIXe siècle mais ont muté dans le spectacle vivant. Une seconde vie mouvementée qui entraîne avec elle de nouveaux outils culturels, des projets artistiques ainsi qu’une économie inédite.

Prenons le Roundhouse, dans le quartier de Camden, à Londres. Dirigé par Marcus Davey depuis 2001, ce site magique en briques, fer et bois, construit en 1846 par la compagnie de chemin de fer London North Western Railway, reconverti en théâtre depuis les années 1960, multiplie les activités. Dans le hall, grosse ambiance. L’énorme anneau central est le point de convergence de 1 700 spectateurs : c’est ici que fut créé en janvier 2016 Until the Lions, du chorégraphe Akram Khan. Des studios d’enregistrement accueillent des ribambelles de musiciens venus répéter dans de bonnes conditions pour un prix modique. Une radio et une télévision locales ainsi que des ateliers techniques destinés aux jeunes complètent ce programme d’envergure aux bras grands ouverts sur tous les publics.


Le Roundhouse appartient au Réseau international de lieux artistiques circulaires, dit réseau 360, qui rassemble depuis sa création en 2010 une douzaine de monuments radicalement différents comme la Tohu à Montréal, le Piccolo Teatro de Milan… Nouveau venu dans ce groupe disparate porté par le même militantisme pour le rond, le Children’s Art Theatre à Shanghaï. « L’objectif est de mieux faire connaître ce patrimoine exceptionnel en réconciliant sa spécificité et la création dans toutes les disciplines du spectacle vivant, explique Philippe Bachman, directeur de la Comète, à Châlons-en-Champagne, initiateur de ce vaste projet. Lorsqu’en 2005, j’ai pris les rênes de la Comète, je me suis retrouvé avec deux lieux à programmer : une salle de 650 personnes et un cirque en dur qui abrite le Centre national des arts du cirque. La rencontre, la même année, avec le metteur en scène canadien Robert Lepage, passionné par les défis architecturaux, a été aussi un déclic. » Et le directeur de partir à la recherche de lieux similaires dans le monde.

Un pari délicat

Le réseau 360 a ainsi pris son orbite, créé en 2010 par six directeurs venus de six pays, de la France au Royaume-Uni en passant par la Suède, le Danemark, l’Espagne et la Croatie. Ils établissent une charte de réflexion autour de trois types de bâtiments : d’anciens sites industriels, des théâtres en rond apparus au début du XXe siècle en France et en Grande-Bretagne, des cirques en dur tels ceux d’Elbœuf ou de Reims construits entre 1850 et 1900. Un assemblage insolite qui provoque des réactions directes. « Mais c’est pas un théâtre, ça ! », assènent nombre de spectateurs et de metteurs en scène qui débarquent dans ces espaces.

Cette exclamation assaisonnée de perplexité tombe souvent comme un couperet sur les lieux circulaires. « C’est vrai qu’au départ, je me demandais bien, et pas mal de monde autour de moi, pourquoi on devait s’intéresser à quelque chose d’aussi compliqué, poursuit Philippe Bachman. Le cercle a toujours été au centre de spéculations. Le pari est délicat et repose sur un double constat : l’existence d’un patrimoine fantastique, et parallèlement l’absence d’un répertoire artistique singulier pour ces espaces. Puisqu’ils sont si différents des scènes traditionnelles, il fallait donc tenter d’imaginer autre chose. »


Tel est le nœud de l’entreprise, qui se révèle plus complexe qu’on ne l’imagine. Si ces plateaux circulaires n’ont rien d’un théâtre classique avec pendrillons et autres attributs sécurisants de la boîte noire, ils génèrent effectivement peu de spectacles conçus spécialement pour eux. « En fait, la problématique est toujours la même : un théâtre en rond, pour quoi faire ?, assène Jean Chollet, critique dramatique et auteur d’ouvrages sur la scénographie. Sauf à être dans l’esprit circassien, il est toujours difficile de trouver des productions pour lesquelles le rapport circulaire s’impose d’un point de vue dramaturgique. On replonge alors dans le bi-frontal ou le frontal. » Des dispositifs dont sont en outre pourvues les scènes rondes modulables de la plupart des lieux du réseau 360. « C’est d’ailleurs aussi pour redécouvrir ces diamants pour ce qu’ils sont, les débarrasser d’aménagements frontaux qui les abîment, que j’ai créé le réseau 360 », ajoute Philippe Bachman.

Philippe Bachman, avec ses partenaires, met alors sur orbite un programme de quatre créations s’égrenant de 2012 à 2018 : une de théâtre, une de danse, une installation visuelle, enfin une pièce musicale. Il lance une première commande à Robert Lepage qui relève le défi avec Jeux de cartes. « J’avais envie de sortir du bidimensionnel dans lequel j’étais pris en sandwich en train de jouer “à l’égyptienne” pour aller vers quelque chose de plus sculptural », commentait-t-il lors de la création. Ce projet commun – scénographie circulaire, technologie sophistiquée – rassemble les forces financières de huit membres de 360°. Deux seulement sur quatre cartes verront le jour : Pique, créé en 2012 au Teatro Circo Price, à Madrid, puis Cœur, en 2013, à la Tohu, à Montréal, qui tourneront chez les huit coproducteurs.

Qu’il s’agisse d’un manque technique ou budgétaire, d’un écart culturel, tous les lieux du réseau ne peuvent s’offrir ces productions. « Il est clair que nous ne sommes pas tous susceptibles de présenter des pièces comme celles de Lepage qui coûtent par ailleurs très cher, explique Pia Jette Hansen, directrice artistique du Ostre Gasværk Teater à Copenhague, qui a fait venir le spectacle au Danemark. Nous aimons le théâtre, mais Lepage a été l’exception. Ici nous développons un autre type de programmation plus proche des goûts de notre public. Ce sont surtout des shows musicaux entièrement conçus dans nos ateliers et qui restent plusieurs semaines à l’affiche. »

Eclectisme identitaire

Construit en 1883 par l’architecte Martin Nyrop sous influence du panthéon romain, l’Ostre Gasvaerk Teater, passé en 1983 à la cause du théâtre de Peter Brook et de sa Carmen puis de son Mahabharata quatre ans plus tard, irradie d’une majesté brute. Une visite des loges ramassées sous les gradins et des locaux techniques donne une idée des difficultés de fabrication. Le régisseur son se faufile dans une grotte minuscule et sombre, percée de jets de lumières bleues. Sans subvention de l’état, avec une équipe de 30 personnes, l’Ostre Gasvaerk Teater, modulable pour cause de confort et de facilité, se loue aussi pour des soirées privées.

L’éclectisme identitaire des scènes du réseau 360, relié par cette « utopie du rond » selon la formule de Philippe Bachman et par des discussions de fond sur la programmation, entraîne évidemment des différences de points de vue. A Zagreb, le Pavillon Mestrovic est consacré aux arts visuels. A Luxembourg, les Rotondes sont constituées de deux anciennes remises jumelles de locomotives dont l’une est encore à l’état brut – « un lieu unique au monde », selon le directeur Robert Garcia. Elles jonglent entre spectacles, musiques actuelles et arts visuels avec un axe fort autour des amateurs et du jeune public. « Il y a ici 67 % d’étrangers, italiens, portugais, capverdiens… et 170 000 travailleurs frontaliers qui viennent de France et de Belgique chaque matin, raconte Robert Garcia. La probabilité de rencontrer un Luxo-Luxembourgeois dans les rues est de 10 %, d’où une obligation d’offre multiculturelle, tournée plutôt vers les jeunes spectateurs, un secteur qui nous a permis de nous rendre légitimes ici. » Les Rotondes déploient 230 représentations par an, dont très peu de productions en rond.

Concevoir un spectacle pour le cercle est un redoutable exercice. Et pourtant, quelle beauté pleine et entière que celle du rond ! Prenez un compas, plantez la pointe au milieu de la scène, tournez et vous obtenez un plateau illimité qui ne commence ni ne s’arrête, au risque de parasiter toutes les boussoles intérieures. Le metteur en scène et l’interprète qui affrontent cet espace sans coulisses, sans issues, acceptent d’être livrés dans leur vérité absolue au public. « On est complètement nu, quel que soit l’angle de vue, souligne le chorégraphe Akram Khan, qui a mis en scène Until the Lions à l’invitation du réseau. On doit penser en même temps à son dos, à ses côtés, et à la façon dont tout le corps apparaît à 360 degrés. La chorégraphie doit quasiment opérer en 3D. C’est un des enjeux les plus excitants. »

Akram Khan, qui a collaboré lorsqu’il avait 14 ans avec Peter Brook, a accepté ce défi pour sublimer sa vision du Mahabharata, épopée de la mythologie hindoue dont il raconte un épisode dans Until the Lions. « J’ai toujours été terrifié par le cercle, qui a pour moi quelque chose de sacré, raconte-t-il. Cela remonte au fait que le Mahabharata et les épopées de l’Inde ont toujours été joués en rond. Par ailleurs, cette figure géométrique est connectée avec la nature de façon très organique. C’est aussi cet aspect qui me fascine. »

Du côté du public, assister à un spectacle dans une arène se révèle une expérience parfois déstabilisante. Inconfort d’observer l’action de façon biseautée et kaléidoscopique. Jeu de miroirs entre le plateau à vue et le public qui se contemple en train de regarder l’action. « L’image frontale est plus simple à gérer pour les metteurs en scène, les acteurs et les spectateurs, analyse Jean-Michel Rabeux, qui a conçu plusieurs pièces dans un petit théâtre rond qu’il a fait construire en 2011. J’avais d’ailleurs mésestimé la puissance du cercle. L’extrême proximité du plateau fait que le public est parfois quasiment dessus et ça peut être violent – même si très positif malgré tout. » Observatoire de soi, de l’autre, la scène circulaire donne le vertige, réverbérant la sphère du monde happée dans son affolante giration.

www.theatres360.org

Rosita Boisseau (Londres, Copenhague, Luxembourg, Châlons-en-Champagne)
Journaliste au Monde

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January 6, 2017 7:38 PM
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La leçon cinglante du « Professeur Bernhardi », mise en scène Thomas Ostermeier

La leçon cinglante du « Professeur Bernhardi », mise en scène Thomas Ostermeier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Brigitte Salino


Le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier présente la pièce d’Arthur Schnitzler à Rennes.


Il y a un mystère Arthur Schnitzler. L’auteur viennois (1862-1931) a écrit une trentaine de pièces, il est prisé en France où l’on voit régulièrement sa Ronde, et où Luc Bondy l’a fait redécouvrir sous un jour nouveau en créant Terre étrangère et Le Chemin solitaire dans les années 1980. Mais, jusqu’à aujourd’hui, une de ses œuvres les plus remarquables n’a jamais eu droit à la création qu’elle mériterait : Le Professeur Bernhardi. Un tel oubli laisse songeur. La pièce existe en français, publiée chez Actes Sud-Papiers, dans une traduction d’Henri Christophe. Tout le monde peut donc la lire. Pourquoi n’est-elle pas programmée ? Parce qu’elle demande des moyens, en convoquant vingt personnages sur le plateau ? Ou par manque de curiosité ?

Il fallait aller à l’étranger, en 2005, pour voir Le Professeur Bernhardi, dont Luca Ronconi a donné une version italienne, au Piccolo Teatro de Milan. En 2017, il suffit d’aller à Rennes, où l’on peut voir la pièce au Théâtre national de Bretagne, dans une version tout aussi magistrale, mais allemande, cette fois : celle de Thomas Ostermeier, le directeur de la Schaubühne de Berlin, invité dans la dernière saison programmée par François Le Pillouër, qui a cédé son poste de directeur à Arthur Nauzyciel, le 1er janvier.


On sait le goût d’Ostermeier pour la chose politique, son exploration sans pitié des compromissions, lâchetés et petits arrangements qui font le fiel de notre époque, et qu’il met en scène en s’appuyant souvent sur des auteurs d’hier. Après Henrik Ibsen, il trouve un allié chez Schnitzler, à qui Le Professeur Bernhardi a été inspiré par les cabales antisémites dont fut victime son père, médecin. Schnitzler lui aussi était médecin, et ami de Freud, qui voyait en lui son « double ». Ces deux facettes sont présentes dans Le Professeur Bernhardi, qui met en scène les vertiges de la conscience, les gouffres de la mort et du pouvoir, et l’âpreté d’une société viennoise où le fait d’être juif se retourne comme un gant contre ceux qui le sont, dès que l’occasion se présente.

Nous sommes au début des années 1900, dans une clinique privée, où une jeune fille va mourir d’une septicémie due à un avortement qui a mal tourné. Elle ne s’en rend pas compte : elle se croit guérie et pense que son amant va venir la chercher. Un prêtre est appelé pour lui donner l’extrême-onction. Le professeur Bernhardi, qui dirige la clinique, refuse à ce dernier l’entrée de la chambre de la malade, qu’il veut préserver, en la laissant partir avec son sentiment de béatitude. La jeune fille meurt et la machine se met en marche. Attaqué à la fois par certains de ses collègues et par la réaction conservatrice et cléricale, le médecin se voit condamné, à la suite d’une interpellation au Parlement et d’un procès, à deux mois de prison ferme, pour « entrave aux libertés du culte ».

Un comédien exceptionnel

Il y a plusieurs façons de mettre en scène Le Professeur Bernhardi. A son habitude, Thomas Ostermeier s’empare du texte, auquel il donne des habits modernes. Délestée de ce qui l’ancrerait trop dans la société viennoise de la fin du XIXe siècle, épurée des considérations sentimentales qu’affectionnait Schnitzler, sa version de la pièce nous parle d’ici et d’aujourd’hui. C’est le portrait d’une société qui se déploie sur le plateau blanc, où tout se joue dans un espace étroit. Pas d’effets, très peu de vidéo : tout est concentré sur le débat d’idées, dans le vase clos d’un milieu rarement représenté au théâtre – en tout cas d’une manière aussi précise –, celui de la médecine, qui condense des enjeux sanitaires, humains et politiques.

Comment lutter contre les populistes ? Quelle ligne tenir, entre l’ambition et la carrière ? Quel choix faire, quand on se retrouve instrumentalisé ? Le professeur Bernhardi ne cède pas. Il a l’orgueil de ses convictions et refuse le statut de martyr que voudraient lui faire endosser ceux qui le soutiennent, à gauche. Mais cela ne fait pas de lui un héros. En tout cas sous le regard d’Ostermeier, qui se garde bien de verser dans la facilité. Sa mise en scène avance comme un paquebot : elle suit une trajectoire sans faille, pose toutes les questions, d’une manière imparable et cinglante, et renvoie chaque spectateur à se demander ce qu’il ferait, lui, s’il était le professeur Bernhardi, dans le rôle duquel un comédien se révèle exceptionnel : Jörg Hartmann.

Lire aussi :   « La Mouette » en trois actes, avec Thomas Ostermeier à Lausanne

Professor Bernhardi, d’Arthur Schnitzler. Adaptation de Thomas Ostermeier et Florian Borchmeyer. Mise en scène : Thomas Ostermeier. Théâtre national de Bretagne, 1, rue Saint-Hélier, Rennes (35). Tél. : 02-99-31-12-31. Samedi 7 janvier à 15 heures. En allemand surtitré. www.t-n-b.fr/fr

Brigitte Salino
Journaliste au Monde

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January 6, 2017 6:25 PM
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[VLOG #15] MIGRATION ET DRAME FAMILIAL - VU DU PONT par Ivo Van Hove

Post vidéo par Ronan Ynard sur sa chaîne Youtube

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January 6, 2017 10:29 AM
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« Orfeo » d’après Monteverdi par la Vie brève : manifeste pour un autre opéra

« Orfeo » d’après Monteverdi par la Vie brève : manifeste pour un autre opéra | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog de Mediapart


Plus que toute autre œuvre, Monteverdi et son « Orfeo » servent les visées de Samuel Achache et Jeanne Candel pour rhabiller librement le couple théâtre et musique avec une sensibilité follement curieuse sans œillères et sans frontières.


Puisant son sujet chez Ovide et Virgile, l’Orfeo de Monteverdi date de 1607 et passe pour le premier opéra de l’histoire (c’était le second mais on a perdu le premier). Au fil des siècles, le genre allait se développer, prendre de l’embonpoint et devenir un monde en soi. Avec ses rites exclusifs voire excluants, ses divas, ses budgets exorbitants, ses chanteurs et chanteuses bookés jusqu’à la saint-glinglin.

Sortir l’opéra de son enfermement

Ce retour aux sources qu’effectue la compagnie La Vie brève est opportun. En mettant en scène, sous la direction musicale de Florent Hubert, Orfeo Je suis mort en Arcadie d’après Orfeo de Monteverdi « & autres matériaux », la compagnie retrouve chez le novateur Monteverdi une connivence avec l’esprit d’ouverture, de mixité et d’inventivité hors des sentiers battus et balisés constituant depuis la création de La Vie brève il y a sept ans, l’ADN de cette compagnie créée et animée par Jeanne Candel et Samuel Achache. L’un invente l’opéra, les autres le réinventent en se nourrissant du premier.

Leurs précédents spectacles, avec différents bonheurs, à commencer par le triomphal Le Crocodile trompeur / Didon & Enée, creusaient la même veine mais avec moins d’évidence tant le déboulonnage des statues, les rires provoquées par les gags iconoclastes, l’irrévérence en tout, nous submergeait. Leur Orfeo poursuit la route mais Monteverdi leur sert de guide avec une belle complicité et on mesure mieux l’excellence politique de leur démarche : sortir l’opéra de son enfermement, non le dépoussiérer (un plumeau suffirait), mais lui redonner sa vigueur, son audace initiales en le plongeant tout ébaubi dans notre aujourd’hui. Autrement dit : sortir l’opéra de ses opéras-bâtiments souvent mastodontes et du public élitaire de « connaisseurs » qui s’en croient indûment les propriétaires. En cela, la Vie brève a trouvé un lieu complice, les Bouffes du Nord (premier producteur du spectacle avec la compagnie), dont cet « autre opéra » est l’un des axes des directeurs.

« Artisanat furieux »

Ce n’est pas une spécificité française. Pour preuve, Have a good day, un « Opéra pour dix caissières, bruits de supermarché et piano », œuvre pilotée par trois jeunes Lituaniennes Lina Lapelyté (composition), Valva Grainyté (livret) et Rugilé Bazdzikaïté (mise en scène) que l’on a pu voir dans différentes villes de France ces dernières années. Les Lituaniennes qui sont de la génération Achache et Candel, veulent, elles aussi, sortir l’opéra de ses ornières et de ses édifices. La différence tient dans la méthode de travail. Les Lituaniennes veulent créer un autre opéra contemporain sur des sujets contemporains. La Vie brève s’appuie, elle, sur le répertoire (avant tout baroque), à la fois comme champ d’exploration et de récréation, os à ronger et attrape-mouches, un peu comme le font certains metteurs en scène de théâtre devant des œuvres classiques, tels Castorf face à Dostoïevski ou Lupa face à Boulgakov.

Dans ce retour au camp de base qu’est Orfeo, où les fleurs poussent plus aisément que sur les sommets où l’on finit par manquer d’oxygène, ils prônent, reprenant les mots de René Char, un « artisanat furieux ». Autrement dit ce sont des têtes chercheuses et besogneuses obstinées qui, avec raison, ne veulent rien lâcher de leur double mouvement premier : théâtraliser la musique et rendre musical le geste théâtral. Ça creuse, ça creuse, ça creuse encore le soir de la première et jusqu’à la dernière si possible. Il n’y a pas une partition fixe à réitérer de soir en soir (comme c’est le cas pour les chanteuses-caissières lituaniennes) mais un dispositif évolutif au fil des représentations où l’improvisation (ses aléas, ses miracles) est un agent secret de la vibration : c’est le prix du spectacle vraiment vivant, du qui vive de la représentation .

Le short de la soprano

Et comme pour ces autres artisans furieux que sont le Théâtre du Radeau autour de François Tanguy, Sylvain Creuzevault et sa bande ou Julie Deliquet et la sienne, la première d’un spectacle n’est qu’une première rencontre avec le public. Le travail continue.

C’est exactement ce qui se passe avec Orfeo et c’est bien ainsi. C’est ce que j’ai constaté le soir de la première à la Comédie de Valence où le spectacle vient d’être créé. Mieux vaut mille fois un spectacle en marche qui nous interpelle jusque dans ses faiblesses passagères (rythme, longueurs), spectateurs actifs que nous sommes, qu’une soirée de perfection formelle qui nous laisse au mieux indifférent, spectateurs définitivement passifs et souvent assoupis..

Le spectateur des spectacles de la Vie brève et singulièrement de cet Orfeo est aux aguets. Il y a toujours plusieurs choses à voir, à entendre en même temps. L’œil est à vif, l’oreille tout autant ; cette dernière gagne à être récurée avant l’entrée car les voix elles aussi sont artisanales, merveilleusement nues (du grognement au cri en passant par le chant) : sans le moindre micro.

Alors on butine. Comme les abeilles de ces ruches qui peuplent le plateau et font le lit du serpent qui piquera le pied de l’infortunée Eurydice. On pleure avec Orphée,ou rit d’un accident, on s’émeut d’un rien : un sol glissant, un homme orchestre qui se casse la figure, Orphée disant « Tu se’ morta, mia vita, ed io respiro ». C’est réjouissant une soprano comme Anne Emmanuelle Davy (qui avait remplacé Judith Chemla à la reprise du Crocodile trompeur / Didon et Enée) qui chante en short. Cela fait rêver ce personnage de fou du logis qu’invente Vladislas Galard (un des piliers de la compagnie, acteur, chanteur et violoncelliste) qui ne marche avec ses longues jambes que sur des pointes de danseur étoile et joue du violoncelle assis (en le tenant à l’occasion comme une guitare), debout ( en faisant corps avec la bête qui parfois devient comme le prolongement du râle de sa voix), ou couché (égrenant quelques notes comme des larmes ou des confettis). Deux exemples parmi d’autres. Il faudrait tous les citer alors citons-les, et ce n’est que justice car Orfeo Je suis mort en Acadie est présenté comme « une composition théâtrale et musicale arrangée, écrite et jouée par » outre les suscités, Matthieu Loch, Anne-Lise Heimburger, Clément Janinet, Olivier Laisney, Léo-Antonin Lutinier, Thibault Perriard, Jan Peters, Marion Sicre, Marie-Bénédicte Souquet et Lawrence Williams.

Comédie de Valence jusqu’au 10 janvier ;

Théâtre des Bouffes du Nord avec le Théâtre de la Ville du 17 janv au 5 fév ;

Théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi le 23 fév ;

Pôle culturel d’Alfortville le 25 fév ;

TNT de Toulouse en partenariat avec le Théâtre Garonne du 2 au 4 mars ;

Théâtre de Lorient les 8 et 9 mars ;

Le Cadran, scène nationale de Louviers, Evreux le 14 mars ;

L’Apostrophe, théâtre des Louvrais, Cergy-Pontoise les 17 et 18 mars ;

Le domaine d’O, Montpellier le 24 mars.



Photo : scène d"Orfeo" © Jean-Louis Fernandez

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January 9, 2017 6:17 PM
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Rachida Brakni: «Cette pièce est une passerelle avec ce que l’on vit en France»

Rachida Brakni: «Cette pièce est une passerelle avec ce que l’on vit en France» | Revue de presse théâtre | Scoop.it

2017 sera l’année de Rachida Brakni. La comédienne publiera au printemps un album. Elle présentera, en février, son premier film comme réalisatrice De sas en sas qu’elle dévoilera au cinéma le Méliès, le 15 janvier, à 18 heures. Et, mardi, elle sera sur les planches de l’Usine avec Je crois en un seul Dieu de Stefano Massini mis en scène par Arnaud Meunier. L’itinéraire, au cœur d’Israël, de trois femmes, une professeure d’histoire juive, une palestinienne kamikaze et une militante américaine .

Trois rôles qu’elle endosse toute seule et dont elle parle avec ardeur.


On est à quelques jours de la première qui a lieu mardi, avez-vous le trac ?
« Main tenant que vous me le dites, je commence à sentir des trucs dans le ventre. »

Avec Je crois en un seul Dieu , vous vous attaquez à une pièce intense qui a pour toile de fond le conflit israélo-palestinien. Vous interprétez à la fois trois personnages. C’est ambitieux.
« C’est la rencontre avec Arnaud Meunier (ndlr, directeur de la Comédie de Saint-Étienne) qui a été déterminante pour un texte comme celui-là. Pour plein de raisons, j’aurais pu être réticente. Je n’ai déjà jamais joué toute seule. C’est un exercice particulier. J’ai tendance à aimer la compagnie des autres, mais Arnaud a su trouver les mots pour me convaincre. J’ai trouvé ce texte beau. Il n’y a rien de manichéen dedans. Ce qui m’a intéressée, ce sont ces trois femmes. On comprend leurs tournoiements, leurs interrogations, parfois même leur jusqu’au-boutisme, on se met chacune à leur place. Ce n’est pas une pièce partisane. Elle évoque trois destins de femmes et raconte les troubles par lesquelles elles passent. Ça met de l’humanité. Je crois que c’est Staline qui disait ça, « un mort, c’est un drame humain, des millions de morts, ce sont des statistiques. »

Qu’est-ce que cette pièce raconte du conflit ?
« Elle s’inscrit en Israël mais aussi en France, pays touché par le terrorisme. Elle pose des questions qui nous sont propres avec les attentats de Charlie Hebdo ou du Bataclan. Lorsqu’on recueille des témoignages de gens qui disent qu’ils ne céderont pas à la peur, qu’ils ne changeront pas de comportement, on sent que les gens luttent contre la peur parce qu’elle est fondée. C’est quelque chose qui m’a interpellée. Cette pièce est une passerelle avec ce que l’on vit. »

Quel regard posiez-vous sur la situation en Israël ?
« C’est un sujet particulièrement sensible en France et qui l’est beaucoup moins aux États-Unis ou en Angleterre. Il ne s’agit pas d’être pro d’un camp aux dépens de l’autre, il faut sortir de cette vision bilatérale, je pense comme le personnage d’Eden. Elle est pour l’existence de deux États et pour que soient respectées les résolutions de l’ONU. Dire ça, ce n’est pas remettre en question l’État d’Israël qui doit exister. »

Aviez-vous déjà fait un travail sur les personnages avant de débuter les répétitions ?
« Je suis une vraie pâte à modeler. Je laisse Arnaud me façonner. Je lui fais confiance.»

Que défendez-vous comme théâtre en interprétant ce type de texte ?
« J’ai toujours considéré qu’être acteur, c’est être en prise directe avec le monde qui nous entoure. Jouer une pièce contemporaine d’un auteur vivant, c’est être en réaction avec l’actualité. Le théâtre doit être le lieu où on interroge le monde. Mon métier, c’est ça, éveiller des interrogations, ouvrir son champ de vision. »

Vous ne pourriez pas jouer du Feydeau ?
Elle éclate de rire. « Pourquoi pas, mais alors la Môme crevette de La dame de chez Maxim. Mais il faudra que j’y introduise du féminisme ou du politique. Dans tout, il y a la possibilité d’injecter des prises de conscience. »

Récit d’une répétition
Rachida Brakni vient d’achever, à l’Usine, la dernière semaine de répétitions.

Depuis le 23 novembre. Excepté pendant les fêtes de Noël, où les répétitions ont été mises entre parenthèses, elle a exploré tous les possibles avec Arnaud Meunier. Les matins, c’était repos. Elle « arpentait les rues de la ville », « prenait l’air ». « C’était très sympa, les gens sont particulièrement gentils ici. » Les après-midi, c’était direction l’Usine où elle jouera du 10 au 20 janvier.

Jeudi, on était à quelques jours de la première. À l’heure de vérité. Et pourtant, sur le plateau, l’ambiance est décontractée. Toute l’équipe est là, Nicolas Marie qui est à la scénographie et aux lumières, Elsa Imbert et Parelle Gervasoni, les deux assistantes à la mise en scène d’Arnaud Meunier, Patrick de Oliveira qui a signé la musique, Philippe Lambert, le régisseur général et Rosie, la régisseuse lumière.

Une bosseuse
Au programme, les dernières scènes de la pièce qui ont été « reprécisées » ces derniers jours. Avant d’entrer dans le texte, Rachida Brakni invite les deux assistantes mises en scène et la régisseuse lumière à se joindre à elle sur scène pour une chorégraphie apprise la veille. Quelques pas de danse et déjà la comédienne s’inscrit bien dans l’espace. « Ça chauffe, non ? » Une gorgée d’eau et elle reprend place sur la scène. Appuie sa tête sur l’un des murs gris du décor. Commence à faire résonner sa voix douce et grave. Les bras croisés, Arnaud Meunier, au premier rang, l’observe sans rien laisser filer. Rachida Brakni s’interrompt, « non ce n’est pas ça. » Elle recommence. « C’est super. » Il avance vers elle, « ce qui serait bien, c’est que les trois femmes se parlent entre elles. » Elle acquiesce. Réendosse ses personnages. « Je me demande si tu as besoin de lever la main, à mon avis, elle est en trop. » Elle reprend. Toujours juste. Toujours plus dense et émouvante. Une belle comédienne rien qu’en répét’.

Propos recueillis par Muriel Catalano


Représentations du mardi 10 au vendredi 20 janvier à 20 heures, sauf le samedi 14 à 17 heures à l’Usine et du 3 au 5 mai à 20 heures au centre culturel de La Ricamarie. Tarif : 21 heures. Billetterie : 04.77.25.14.14.



Photo : Rachida Brakni au milieu d’un décor glaçant, nu, un bloc gris troué de trois ouvertures. Ici, la parole trouve toute sa place. Photo Sonia BARCET

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January 9, 2017 3:09 AM
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Dominique Reymond, comédienne mystère

Dominique Reymond, comédienne mystère | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Didier Méreuze dans La Croix



À l’affiche de « La Ménagerie de verre » de Tennessee Williams, mise en scène par Daniel Jeanneteau (1), la comédienne s’y révèle fabuleuse, hors du temps, hors du monde. Aussi insaisissable sur scène que dans la vie.


Elle a joué avec la fine fleur des metteurs en scène : Antoine Vitez, Klaus Michael Grüber, Luc Bondy, Stéphane Braunschweig… Elle a interprété les plus grands auteurs, les plus beaux personnages : « Mouette » de Tchekhov, Martha de L’Échange de Claudel, comtesse des Géants de la Montagne, de Pirandello…


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« Parfois, j’arrive à me rendre invisible »

La voix douce, grave, un rien caverneuse, tour à tour ou tout à la fois troublante, sensuelle, légère, dansante, Dominique Reymond appartient au petit cercle des grandes comédiennes. Bizarrement, elle n’est pas de celles que le grand public cite spontanément. Il est vrai qu’elle n’aime guère se mettre en avant. « Parfois, confie-t-elle, j’arrive à me rendre invisible. Comme si une partie de moi-même devenait couleur du mur. »

Comment ? Pourquoi ? Elle affirme ne pas le savoir. Elle sait, en revanche, avoir « en horreur le culte de la personnalité ». « Plus des artistes sont connus, plus on veut savoir ce qu’ils font, pensent sur tous les sujets – l’écologie, la planète en danger… Je n’en vois pas l’intérêt », dit-elle.


On lui a proposé d’être décorée des Arts et des Lettres. Elle a refusé. « J’aurais dû prononcer un discours. Mais sur quoi ? Il y a tant de gens extraordinaires à honorer et qui ne le seront jamais ! » Et puis, « c’est vrai », convient-elle, « pendant longtemps, je n’arrivais pas à parler. J’étais trop timide. Je ne voulais exister que par mon travail, en affinant toujours plus le trait, comme un calligraphe chinois ».

De Genève à son « oasis » parisien

Secrète, discrète, elle préfère la paix de la « cité » qu’elle habite dans le 9e arrondissement – une ancienne voie privée, héritée du Paris bourgeois des années 1840. Son appartement est situé tout au fond, dans un immeuble aux belles pierres. Le hall est décoré de vitraux façon Moyen Âge revisité par Viollet-le-Duc. Les fenêtres donnent sur une fontaine aux Trois Grâces, bordée de sycomores.

Une « oasis », à quelques encablures du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Un hasard ? Elle affirme que oui. Pourtant, c’est bien dans ce même conservatoire que son destin s’est noué. C’était en 1976. Elle avait 19 ans. Elle débarquait de Genève où elle est née, a grandi, au bord d’un lac – « comme celui de la Mouette », relève-t-elle, amusée.

De ces années genevoises, Dominique Reymond garde le souvenir d’une enfance rebelle, en rupture avec tout ce qui pouvait brimer sa liberté. À peine est-elle inscrite dans une nouvelle école qu’elle en est renvoyée. « Aucune ne m’a jamais gardée deux années de suite, excepté un pensionnat de bénédictines à Fribourg. Et encore, j’ai été priée de partir avant la troisième année ! C’était comme si je ne voulais jamais rester. Je cherchais ma place. Je ne la trouvais pas ! ». Elle ne savait pas encore qu’elle serait au théâtre.

À 10 ans, la révélation du théâtre

Un théâtre qu’elle pratique, toute petite déjà, en amateur (« ma mère m’avait envoyée dans un cours, pensant canaliser mon énergie! »), avant de faire ses premiers pas « professionnels » sur la scène de la Comédie de Genève… à 10 ans. Germaine Montero l’avait engagée pour jouer une petite paysanne dans La Maison de Bernarda Alba, de Lorca.

« Quand on découvre le théâtre de cette manière, à cet âge, il est difficile de vouloir faire autre chose après. Je n’avais aucune idée de ce que représentait Germaine Montero. J’ignorais qu’elle avait connu la guerre d’Espagne, qu’elle avait chanté tout Brecht. Cependant, elle m’avait énormément impressionnée. Elle m’avait dédicacé une grande photo : “à Dominique, que j’aime beaucoup”. Je l’ai toujours. »

Dominique Reymond avait été présentée à Germaine Montero par Thierry Vernet, son oncle par alliance, peintre des décors de la Comédie de Genève, mais aussi peintre tout court.

Antoine Vitez, sa « grande » rencontre

Élève au Conservatoire populaire, elle décroche une bourse de trois ans pour étudier au Conservatoire de Paris, « étrangère », admise en « auditrice libre ». Elle quitte la Suisse pour la France. Elle n’en reviendra pas. « Pour moi, une nouvelle vie commençait. » Élève d’abord dans la classe de Lise Delamare, puis dans celle de Pierre Debauche – « un poète, un maître à penser » –, elle rejoint celle d’Antoine Vitez. Sa « grande » rencontre.

« C’est lui qui m’a appris à trouver ma place, à être moi-même. C’est-à-dire quelqu’un. Au départ, je ne savais pas grand-chose à son propos. J’avais déjà vu son Partage de midi à Genève. Je n’avais rien compris. J’étais trop jeune », se souvient-elle. « Mais, reprend-elle, je voyais qu’on accourait de toute la France pour assister à son cours. Il disait exactement ce que j’attendais. Il ne parlait jamais de jeu, de psychologie, ne nous demandait rien qui soit de l’ordre de l’intime. Il était fou du verbe, de la musique de la langue de Claudel. »

Entre 1983 et 1988, date de la nomination d’Antoine Vitez à la tête de la Comédie-Française, Dominique Reymond ne l’a plus quitté. « J’étais dans au moins un de ses spectacles sur deux. » De quoi lui coller l’étiquette d’« actrice vitezienne ». « À l’époque, pour beaucoup, c’était presque un gros mot. Particulièrement au cinéma. »

« Je me sens moins libre devant une caméra »

Ceci explique-t-il cela ? Malgré le succès de Y aura-t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset (« Un million d’entrées ! J’avais le rôle principal. On me voyait quasiment à tous les plans ! »), la carrière cinématographique de Dominique Reymond se déroule sur un mode mineur. Elle le déplore. « Les acteurs, en France, sont souvent victimes d’un clivage entre cinéma et théâtre, comme il en existe entre théâtre privé et théâtre public. Il est vrai, aussi, que je me sens moins libre devant une caméra. J’ai le sentiment que quelque chose m’échappe. Peut-être la technique. »

Elle se console en multipliant les belles aventures au théâtre. À commencer par celle de La Mort de Danton, de Büchner, mis en scène par l’Allemand Grüber, en 1989. Elle y interprète Julie, la femme de Danton. André Marcon, son mari dans la vie, l’est aussi sur le plateau : il est Danton. « Je n’ai fait qu’un seul spectacle avec Grüber. Je m’en souviendrai toujours. Il nous donnait des ailes. Il nous demandait de “ne pas faire du théâtre” mais d’“être”. Il était extrêmement attentif à ses acteurs. Il les aimait. » Comme les aimait Vitez (on y revient !), soucieux de connaître ses comédiens en dehors même du plateau. « Quand il a appris que je peignais et dessinais, il a tenu à voir mon travail. »

« J’adore plus encore parler peinture que théâtre »

Le dessin et la peinture, c’est son jardin secret, en même temps que sa seconde passion. Au point d’avoir concurrencé celle du théâtre, alors qu’adolescente, elle menait de front études au Conservatoire populaire et aux Beaux-Arts de Genève. Sans doute faut-il y déceler l’influence de son oncle – « le seul artiste de la famille » – dont plusieurs tableaux ornent son salon aux murs couverts d’un rouge « chinois » qu’elle a composé elle-même, comme elle a choisi le gris vert céladon pour la cuisine, le jaune pour sa chambre. « Chaque pièce a sa couleur, comme chez Monet, à Giverny. »

Tout à trac, Dominique Reymond lâche : « J’adore plus encore parler peinture que théâtre. » Elle s’anime. À l’écouter, on sent qu’elle pourrait poursuivre des heures. Elle cite ses peintres préférés – Vuillard, Bonnard, Monet… Et puis les Suisses : l’oncle Vernet, Vallotton, Hodler – « avec eux, je me sens chez moi ».

Un sourire malicieux aux lèvres, elle ajoute : « J’ai toujours mes pinceaux des Beaux-Arts. Je peins à nouveau. Du moins quand le théâtre m’en laisse le temps. » Elle pratique, en revanche, le dessin au quotidien car « une journée sans dessin est une journée perdue ». Un carnet toujours à portée de main, elle puise ses sujets dans la rue, les squares, aux terrasses des cafés… à Paris, au fil de ses tournées.

Régulièrement, elle s’envole pour l’étranger, à Sienne, à Lisbonne, la ville de Pessoa… Toujours seule, en quête de silence. « En fait, reprend-elle, je me sens double. » Il y a la Dominique, comédienne, qui réclame d’être toujours en rapport avec les autres, via le théâtre. Il y a la Dominique contemplative, émerveillée par le bruit du pinceau sur la toile ou du crayon sur le papier. Toute en mystère.

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Bio express

1957. Naissance à Genève.

1967. Débuts à la Comédie de Genève.

1976. Entrée au Conservatoire de Paris.

1984. Rôle de Nina, dans La Mouette, de Tchekhov. Mise en scène d’Antoine Vitez.

1989. Rôle de Julie, dans La Mort de Danton. Mise en scène de Klaus Michael Grüber.

1996. Rôle de « la mère » dans Y aura-t-il de la neige à Noël ? le film de Sandrine Veysset.

2006. Prix de la meilleure comédienne décerné par le Syndicat de la critique, dans Le Baladin du monde occidental de Synge.

2014. Publication de ses Journaux de répétitions avec Antoine Vitez et Klaus Michael Grüber. Éd. Klincksieck Archimbaud.

2015. Molière du meilleur second rôle dans Comment vous racontez la partie, de Yasmina Reza.

2016. Rôle d’Amanda dans La Ménagerie de verre, de Tennessee Williams. Mise en scène de Daniel Jeanneteau.

Didier Méreuze
    


(1) Du 8 au 21 janvier à Rennes, le 24 à Saint-Quentin, le 4 mars à Vannes, les 23 et 24 à Châlons-en-Champagne, du 29 mars au 4 avril à Lille, du 5 au 7 avril à Angoulême…

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January 8, 2017 5:32 PM
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"Où les cœurs s’éprennent" : Rohmer sur scène, par Thomas Quillardet

"Où les cœurs s’éprennent" : Rohmer sur scène, par Thomas Quillardet | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Lionel Jullien pour le site d'arte


Voir le reportage vidéo : http://tinyurl.com/jc24hwh



 Jubilatoire, c’est le terme -depuis galvaudé- qu’avait utilisé une critique de cinéma après avoir vu "Le rayon vert" d'Eric Rohmer en 1986. On l’emploierai bien finalement après avoir vu la troupe jouer ces "Où les cœurs s’éprennent" emmenée par Thomas Quillardet, sur le plateau du Théâtre de la Bastille : on ne peut que se réjouir de cette adaptation, tant tout le monde semble prendre son plaisir d’acteur à jouer ces deux parcours amoureux, l’un à la suite de l’autre. Louise, Delphine, Octave et consorts composent cette expérience amoureuse et ces digressions autour du désir.  Car il s’agit d’une expérience, d’une quête qui sonde les âmes, au hasard de l’amour.


Ah ! que le temps vienne - Où les coeurs s’éprennent."
Arthur Rimbaud, Chanson de la plus haute Tour (1872)



Dans la filmographie d’Eric Rohmer, les deux films se suivent : "Les nuits de la pleine lune" précède "Le rayon vert", et ce n’est pas étonnant si quelque part, avec Thomas Quillardet, on peut voir dans le second une réponse au premier. Les deux héroïnes, Louise et Delphine (interprétées par Anne-Laure Tondu et Marie Rémond, toutes deux formidables), sont deux personnages bien différents, mais chacune à sa manière est libre et entêtée, l’une aspirant à la solitude (se déprendre), l’autre en quête de son idéal amoureux (s’éprendre). Et justement, voici que le temps vient où Thomas Quillardet réussit à relier ces deux parcours, les fait résonner, avec beaucoup de tendresse et d’humour. Et posent les questions qui nous agitent, et nous font vivre : qu’est ce qui nous attire vers l’autre ? De quoi avons nous besoin ? La solitude est elle vivable ? Voilà ce qui traversent la pièce, comme les deux films de Rohmer. La pièce ou plutôt le plateau est ici vu comme une cage, un laboratoire, et le metteur en scène devenu entomologiste scrute, ausculte les petits transports amoureux. Et c’est c’est, … comment dit-on, … jubilatoire.

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January 8, 2017 5:06 PM
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Kery James, plaidoyer social sur les planches

Kery James, plaidoyer social sur les planches | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Gilles Renault Envoyé spécial à Lons-le-Saunier pour Libération



Le rappeur, qui stigmatise depuis plus de vingt ans les discriminations dans ses textes engagés, joue à Paris sa pièce «A vif», montée par Jean-Pierre Baro, prélude à un film qui sera tourné au printemps. Echos de la générale dans le Jura.

«Je crois que je vais essayer sans la cravate. J’ai peur qu’avec le public dans la salle et le stress, elle m’étouffe un peu.» Il s’en sera donc fallu de quelques heures, pour que, en milieu de semaine dernière, le public franc-comtois de la générale d’A vif ne découvre Kery James paré de cet accessoire vestimentaire inattendu, pour qui connaît le personnage, figure parmi les plus emblématiques - car influent, irréductible et respecté - de la scène rap française depuis maintenant vingt ans. Mais les ultimes échanges préparatoires sont faits pour ça, tels qu’observés dans le foyer du théâtre municipal de Lons-le-Saunier (Jura) où l’on retrouve, studieusement assis autour d’une grande table rectangulaire, le metteur en scène, Jean Pierre Baro, son collaborateur, Pascal Kirsch, et les deux comédiens du spectacle, Yannik Landrein et donc Kery James. Ce dernier faisant l’objet de toutes les attentions, puisque aiguillonnant la curiosité dans un coquet théâtre à l’italienne, après avoir brûlé les calories dans tout ce que le pays compte de lieux dévolus à la musique : du modeste centre culturel Aragon-Triolet d’Orly, la localité de banlieue où il a affûté ses premières rimes, à l’AccorHotel Arena - la plus grande salle de France, encore dénommée Bercy quand il y joua en 2013 -, ou au Zénith de Paris qu’il remplissait fin novembre, en écho punchy à la sortie de son sixième album invariablement insoumis, Mouhammad Alix.

Manifeste acerbe


Cela posé, le passage du gué ne surprendra que les profanes, s’agissant d’un porte -voix de la contestation qui, dès ses débuts, avec le groupe Idéal J, s’est donné pour mission de stigmatiser une société perçue comme inégalitaire, sinon discriminatoire, depuis les miradors de banlieue. Un terrain de jeux - souvent dangereux - que l’artiste né de parents haïtiens en Guadeloupe, à ces Abymes que l’on aurait pu craindre prémonitoires, connaît par cœur, lui qui y a atterri (échoué ?) à 8 ans, grandi et fait les quatre cents coups, à l’époque où il n’existait que sous son seul nom d’état civil, Alix Mathurin. L’histoire, en somme, d’un petit caïd sur le fil du rasoir, rédimé par la musique, puis par le Coran, dans lequel il trouvera matière à rassérénement au début des années 2000.

L’avis de la vigie Kery James, on le connaît en chansons : le Ghetto français, Je dois faire du cash, Racailles… Jusqu’à la diatribe Lettre à la République, manifeste de 2012 dont l’acerbité reviendra hanter la fin d’A vif : «Nous les Arabes et les Noirs/ On est pas là par hasard/ Toute arrivée a son départ !/ Vous avez souhaité l’immigration/ Grâce à elle vous vous êtes gavés, jusqu’à l’indigestion […]. On ne s’intègre pas dans le rejet/ On ne s’intègre pas dans les ghettos français, parqués/ Entre immigrés, faut être censés/ Comment pointer du doigt le repli communautaire/ Que vous avez initié depuis les bidonvilles de Nanterre ?»

Du rap véhément au théâtre «politique», il n’y avait alors qu’un pas, aujourd’hui franchi par l’auteur et néo-interprète «noir, musulman, banlieusard et fier de l’être», durablement soucieux (cf. un duo avec Charles Aznavour en 2008, ou une série de concerts acoustiques aux Bouffes du Nord en 2012) de «casser les codes». Un «défi» irrigué par cette «appréhension» sans laquelle l’artiste ne pourrait imaginer se transcender, à la façon du boxeur pour qui chaque combat est voué à être un éternel recommencement.

Havre bienveillant


A dire vrai, le théâtre ne forme qu’un crochet dans le parcours artistique de Kery James, chez qui l’idée de cette pièce a germé d’une frustration narrative. Son origine repose en effet sur le scénario d’un film qu’il a écrit, et qui sera tourné au printemps par Leïla Sy, directrice artistique à qui il voue une «confiance absolue». Trois frères sont au cœur de l’action : le premier, qui a choisi le droit chemin, s’apprête à devenir avocat ; le second, lui, s’accomplit - et se consume - dans l’illégalité ; et le troisième, qui est également le plus jeune, oscille entre ses deux «modèles».

Faute de pouvoir accorder au premier toute la place qu’il méritait dans le script, Kery James a eu l’idée de développer spécifiquement ce personnage pour le théâtre. Et de le jouer - alors qu’il interprétera le second, brebis égarée, devant la caméra. Voici comment le Soulaymaan Traoré qu’il incarne se retrouve à affronter un impétrant lors d’un concours de plaidoiries organisé en fin de cursus de l’école de formation du barreau. Thème de la joute oratoire - qu’ailleurs on nommerait battle : l’Etat est-il seul responsable de la situation des banlieues ? L’un, pur produit de la méritocratie exfiltrée des cités, estime que non ; l’autre, fils de bonne famille, soutient le contraire.


Des chiffres, des images et même une pointe de rap accompagnent ce «duel sans armure» destiné à alimenter le dialogue. Car cela fait maintenant un bail que Kery James prend le pouls de ces «deux France, que les médias et la classe politique opposent, mais qui doivent absolument se rencontrer et discuter, si l’on ne veut pas que le fossé continue de se creuser inexorablement». Un diagnostic qu’il résume en six minutes dans Vivre ou mourir ensemble, un des titres du nouvel album, et développe en une heure dans A vif, à partir d’une «écriture quasi archaïque au bon sens du terme, en ce qu’elle renvoie à la conception antique du théâtre plaçant les thèmes de société au cœur du débat», selon Yannik Landrein, son jeune partenaire issu du Conservatoire.


Maturée depuis deux ou trois ans, la pièce - qui s’installe pour trois semaines au Rond-Point -, a pourtant pris corps assez vite. Kery James ne vise pas un molière. Mais il lui paraissait nécessaire, «au moins symboliquement», d’aller au bout de l’aventure, a fortiori dans un registre qu’il a longtemps considéré avec défiance : «A la base, si beaucoup de gens comme moi ne vont pas au théâtre, c’est qu’on ne s’y sent pas représentés. Il doit sans doute exister plein de bonnes raisons qui nous permettraient de s’y reconnaître, mais faute de posséder les bons niveaux de lecture permettant d’en saisir le sens exact, on passe à côté de cette émotion que j’espère procurer à travers A vif», explique-t-il, assez détendu, en coulisse.

Si une apparente sérénité enveloppe les ultimes réglages, le contexte n’y est certainement pas étranger. A l’abri des contingences urbaines, le théâtre de Lons-le-Saunier, une Scène nationale engagée et dynamique, est un havre bienveillant où la petite équipe a su trouver facilement ses marques depuis son arrivée dans le Jura mi-décembre. Artiste associé, le metteur en scène Jean-Pierre Baro y a d’ailleurs ses repères. C’est David Lescot qui, au départ, devait diriger l’escouade. Mais, faute de temps, celui-ci a transmis le flambeau à son alter ego qui, juste après une adaptation de Disgrâce, ce drame térébrant sur les braises de l’Apartheid signé du Sud-Africain J. M. Coetzee, rempile avec une «parole politique, sur fond d’héritage colonial, qui questionne les notions étatiques de culpabilité et de responsabilité.»

Public jeune


Fan du rappeur vindicatif, Jean-Pierre Baro a trouvé un homme plus «doux et réservé» qu’il ne l’imaginait. «Ensemble, détaille-t-il, nous avons réfléchi à une démarche commune, privilégiant le dialogue pour chercher le sous-texte et éviter d’injecter dans le spectacle trop d’intentions qui surligneraient le propos, alors qu’il appartient au public d’aller chercher l’émotion par lui-même, via l’écoute. Parfois, Kery me demandait : "Et là, je fais quoi ?" Et je lui répondais : "Je ne sais pas. Tu as mille possibilités. Tentons et on verra ce que ça donne."» Entre deux indications techniques, Jean-Pierre Baro fait un aveu aux comédiens : «Hier, pour la première fois j’ai pensé à ma propre histoire et ça m’a beaucoup touché. Ça veut dire qu’on est sur la bonne voie.» Une confidence qui renvoie au parcours d’un jeune metteur en scène franco-sénégalais dont le père, ouvrier spécialisé chez Dassault et militant communiste, n’a «jamais réussi à composer avec son pays d’accueil, où il était arrivé dans les années 70».

Plus tard dans la soirée, plusieurs dizaines d’invités assisteront à la générale. Un public jeune - comme celui des deux représentations qui suivront dans la salle de 500 places -, «dont environ un quart n’a jamais mis les pieds dans un théâtre», estime la directrice, Virginie Boccard. Tous venus pour le «grand frère» Kery. A l’instar de cette jeune femme voilée qui, au terme du filage, prendra la parole dans le cadre d’un échange improvisé avec les artistes soucieux d’avoir les premiers retours : «Je connais bien sûr Kery James comme rappeur. Mais j’appréhendais un peu le côté théâtre. Or, c’est vraiment fidèle au personnage, à la fois éloquent et ironique. Et surtout, chacun de nous peut s’y reconnaître.»

«Je crois que je vais essayer sans la cravate. J’ai peur qu’avec le public dans la salle et le stress, elle m’étouffe un peu.» Tant pis. Il s’en sera fallu de quelques heures, pour que, en milieu de semaine dernière, le public franc-comtois de la générale d’A vif ait la surprise de découvrir Kery James affublé d’un accessoire vestimentaire à tout le moins surprenant pour qui connait le personnage, figure parmi les plus emblématiques - car influent, respecté et intègre - de la scène rap française depuis maintenant deux bonnes décennies. Mais les ultimes échanges préparatoires sont faits pour ça, ainsi qu’on les observe dans le foyer du théâtre municipal de Lons le Saunier, où l’on retrouve studieusement assis autour d’une grande table rectangulaire,le metteur en scène, Jean Pierre Baro, son collaborateur, Pascal Kirsch, et les deux comédiens du spectacle, Yannik Landrein et donc Kery James. Ce dernier faisant donc l’objet de toutes les attentions, puisqu’attisant la curiosité artistique dans un coquet théâtre à l’italienne (singularisé par ses structures métalliques), après avoir brûlé les calories dans tout ce que le pays compte de lieux dévolus à la musique: du modeste centre culturel Aragon-Triolet d’Orly, la localité de banlieue où il a grandi et affûté ses premières lames, à l’AccorHotel Arena - la plus grande salle de France, qu’on appelait encore Bercy quand il y joua en 2013 -, ou au Zénith de Paris qu’il remplissait encore fin novembre, en écho punchy à la sortie de son sixième album invariablement insoumis, Mouhammad Alix.

Cela posé, le passage du gué ne surprendra que les profanes, s’agissant d’un porte voix de la contestation, inlassable pourfendeur des biens-pensants qui, dès les débuts avec son groupe d’alors, Idéal J, s’est donné pour mission de stigmatiser - en l’amplifiant -, la fracture sociale telle qu’observée depuis la banlieue. Un terrain de jeux - souvent dangereux - que le Guadeloupéen, natif de ces Abymes que l’on aurait pu craindre prémonitoires, connait par coeur, lui qui y a atterri (échoué?) à huit ans, grandi et fait les quatre cents coups, à l’époque où l’Etat civil ne le connaissait encore que sous le nom d’Alix Marthurin. L’histoire d’un petit caïd sur le fil du rasoir, d’abord rédimé par la musique, puis par l’islam, dans lequel il trouvera matière à rassérénement au début des années 2000.

L’avis de la vigie Kery James, on le connait en chansons: le Ghetto français, Banlieusards, Je dois faire du cash... Jusqu’à la diatribe Lettre à la République, manifeste de 2012 dont l’acerbité viendra encore hanter la fin du nouveau spectacle: «Nous les Arabes et les Noirs/ On est pas là par hasard/ Toute arrivée a son départ!/ Vous avez souhaité l’immigration/ Grace à elle vous vous êtes gavés, jusqu’à l’indigestion (...) On ne s’intègre pas dans le rejet/ On ne s’intègre pas dans les ghettos français, parqués/ Entre immigrés, faut être censés/ Comment pointer du doigt le repli communautaire/ Que vous avez initié depuis les bidonvilles de Nanterre?»

Du rap véhément au théâtre «politique», il n’y avait donc qu’un pas, aujourd’hui franchi par l’auteur et néo-interprète animé par le désir de «casser les codes». Un «défi» revendiqué, car irrigué par cette «appréhension» sans laquelle l’artiste ne pourrait imaginer se transcender, tel le boxeur invariablement condamné à chaque combat à remettre son titre en jeu. A dire vrai, le théâtre n’apparaît cependant que comme une étape dans le parcours artistique de Kery James, pour qui l’idée de cette pièce est née d’une frustration cinématographique. A l’origine, se trouve en effet le scénario d’un film, qui sera tourné au printemps par Leïla Sy, directrice artistique du chanteur avec qui il entretient une relation de «confiance absolue». Trois frères sont au coeur du sujet: le premier, qui a choisi le droit chemin, s’apprête à devenir avocat; le second, lui, s’accomplit - et se consume - dans l’illégalité; et le troisième, qui est également le plus jeune, oscille entre ss deux «modèles».

Faute de pouvoir accorder au premier toute la place qu’il méritait, selon lui, dans le scénario, Kery James a eu l’idée de développer spécifiquement ce personnage pour le théâtre. Et de le jouer - alors qu’il interprétera le second, brebis égarée, devant la caméra. Soulaymann Traoré se retrouve donc à affronter Yann lors d’un concours de plaidoieries organisé en fin de cursus de l’école de formation du barreau. La joute oratoire porte sur le thème: l’Etat porte-t-il seul la responsabilité de la situation des banlieues? L’un, pur produit de la méritocratie exfiltrée des cités, estime que non; l’autre, fils de bonne famille, affirme le contraire.

Des chiffres, des images et même un soupçon de rap accompagnent ce «duel sans armure» avant tout destiné à alimenter le dialogue. Car cela fait maintenant des années que Kery James guerroie pour ces «deux France, que les médias et la classe politique opposent, mais qui doivent absolument se rencontrer et discuter si l’on ne veux pas que le fossé continue de se creuser inexorablement». Ce qu’il résume en six minutes dans Vivre ou mourir ensemble, un des titres du nouvel album, et développe en une heure et des poussières dans A vif, à partir d’une «écriture quasi archaïque au bon sens du terme, en ce qu’elle renvoie à la conception antique du théâtre plaçant les thèmes de société au coeur du débat», selon Yannick Landrein, son jeune partenaire issu du Conseravtoire.

Maturée depuis deux ou trois ans, la fiction a néanmoins pris corps assez vite. Kery James n’ambitionne pas une carrière d’acteur. Mais il lui semblait nécéssaire, «au moins symboliquement» d’aller au bout de l’aventure, a fortiori dans un registre artistique qu’il a longtemps considéré avec défiance: «A la base, si beaucoup de gens comme moi ne vont pas au théâtre, c’est qu’on ne s’y sent pas représentés. Il doit sans doute exister plein de bonnes raisons qui nous permettraient de s’y reconnaître, mais faute de posséder les bons niveaux de lecture permettant d’en saisir le sens exact, on passe à côté de cette émotion que j’espère procurer à travers ce spectacle», explique-t-il au calme d’une loge, plutôt souriant et détendu, quelques instants avant le baptême du feu.

 

 

 
Gilles Renault Envoyé spécial à Lons-le-Saunier


A vif de Kery James m.s. Jean-Pierre Baro Théâtre du Rond-Point, 75008, A 18 h 30, du 10 au 22 janvier. Puis en tournée.


Photo : Yannik Landrein et Kery James lors de la répétition générale, le 4 janvier à Lons-le-Saunier. Photo Raphaël Helle. 

Léo Chachignon's curator insight, January 12, 2017 8:29 PM

Article de Libération sur la pièce de théâtre "A vif" de Jean-Pierre Baro où joue notamment Kery James, un rappeur parisien.

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January 8, 2017 2:21 PM
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"En 25 ans, le hip-hop a acquis une reconnaissance considérable" - Libération.fr

"En 25 ans, le hip-hop a acquis une reconnaissance considérable" - Libération.fr | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Du bitume aux scènes des théâtres, le hip-hop s'est imposé comme un art à part entière célébré depuis un quart de siècle par le festival Suresnes Cités Danse, qui se déroule jusqu'au 5 février. Son fondateur, Olivier Meyer, revient sur cette histoire.
Interview réalisée par Mona Prudhomme, journaliste pour Enlarge your Paris

L’origine du hip-hop en quelques mots ?


Olivier Meyer : La pratique a émergé en marge des grandes villes, dans les quartiers défavorisés, comme le Bronx à New York. C’était une danse de performance, éminemment masculine. Ce mouvement de rue cherchait à transformer la violence sociale en propositions artistiques. La danse ne doit pas être isolée de la musique hip-hop et du street-art, c’est un tout. Les performeurs sont dans une volonté de “vivre-ensemble”. Les origines américaines remontent à plus de trente ans. La France s’est réveillée quelques années plus tard. C’est grâce à son exception culturelle puissante qu’elle est entrée dans le jeu. Dès les années 80, notamment grâce à la politique novatrice de Jack Lang, l’émergence de nouvelles expressions artistiques a été favorisée.



En 1993, qu’est-ce qui vous pousse à créer le premier festival de hip-hop en France ?

C’est avant tout l’histoire de deux rencontres : à Montpellier, avec les danseurs du quartier de la Paillade et le chorégraphe Doug Elkins, puis à New-York bien sûr, avec le Rock Steady Crew et la star du voguing Willy Ninja. A l’époque en France, il n’y avait pas de spectacles de hip-hop susceptibles d’occuper une scène de théâtre, d’animer toute une soirée. Des initiatives existaient mais elles n’étaient pas promues par les médias ni regroupées lors d’un temps fort. Les danseurs ne s’organisaient pas en tant que compagnies, la pratique était encore très individuelle. C’est pourquoi nous avons créé le festival. En vingt-cinq ans, ce qui est peu dans l’histoire de la danse, le hip-hop a acquis une reconnaissance institutionnelle considérable.


Concrètement, comment le festival a-t-il permis à cette pratique de rue qu’est le hip-hop de prendre une autre dimension ?

Dans les années 90, il y avait de nombreux danseurs mais très peu de chorégraphes. La marque de fabrique du festival fut donc d’initier des temps de rencontres entre les chorégraphes contemporains et les danseurs hip-hop. Je me suis donné comme défi d’introduire le hip-hop sur scène avec les moyens de production dont disposent les théâtres. Il s’agissait de donner droit de cité à de nouvelles formes de danse. On assistait à des chocs d’univers lors des premières auditions. Les danseurs hip-hop devaient accepter de pratiquer sur la musique classique que chérissaient les chorégraphes. C’étaient de véritables interprètes. Nous souhaitions faire vivre le hip-hop dans sa diversité. C’est en réinventant et en renouvelant perpétuellement notre programmation que nous avons tenu vingt-cinq ans. Progressivement, les danseurs sont devenus chorégraphes, directeurs de compagnies et même directeurs de centres chorégraphiques nationaux si l‘on prend les cas de Mourad Merzouki ou Kader Attou

Que pensez-vous de cette polémique encore existante sur le manque de parité au coeur dans le hip-hop ?

Le talent des danseuses a toujours existé, encore fallait-il l’exposer. A Suresnes, nous avons toujours mis un point d’honneur à mettre les femmes en avant. Des artistes comme Laura Scozzi ou Blanca Li ont chorégraphié des oeuvres sublimes à nos côtés, diffusées ensuite sur d’autres grandes scènes. Aujourd’hui, les femmes sont de plus en plus nombreuses mais elles n’ont pas la même façon de s’engager dans le mouvement. Il est difficile de comparer leur technique à celle des hommes. Elles apportent autre chose. Cependant, on peut trouver de l’acrobatie chez les danseuses et de la fantaisie chez les danseurs. Quoi qu’il en soit, fille ou garçon, peu importe. La particularité de cette danse réside dans le fait que les danseurs ont envie de partager leur plaisir, comme une urgence à la générosité.

En 2007 vous lancez « Cités danse connexions » avec pour objectif de mettre en avant les danseurs émergents. En quoi est-ce un complément du festival ?

L’idée première est de faire perdurer les échanges initiés lors du festival, de tisser un réseau et d’alimenter une créativité en ébullition tout au long de l’année. Le centre est un lieu d’accueil permanent, d’accompagnement et de professionnalisation. Il mène également des actions de sensibilisation auprès des scolaires. Enfin, il nous permet d’identifier de nouvelles personnalités afin de nourrir le festival. C’est un moteur indispensable.



L’oiseau de feu, choregraphiépar Farid Berki / © Hugo Ponte
Le spectacle Pixel de Mourad Merzouki, crée en 2014, a fait sensation. L’intégration de l’art numérique au spectacle vivant est devenue une tendance forte. Est-ce une évolution souhaitable selon vous ?

Mêler la technologie à la chorégraphie est une opportunité formidable. L’art numérique permet d’amplifier l’émotion et l’énergie du mouvement des danseurs. Néanmoins, cela doit rester un moyen et non un objectif en soi. Il ne s’agit pas de faire du spectacle son et lumière mais de créer des histoires spectaculaires par le biais du numérique. Aujourd’hui il faut aussi savoir revenir à des choses simples. Le critère digital est devenu central pour toute production contemporaine mais ne fonctionne pas toujours. Pour Pixel, Mourad a fait appel à une équipe d’artistes numérique. C’est une réalisation à part entière et c’est pour cela que le résultat est bluffant !



Pouvez-vous dire un mot sur le spectacle coordonné par Farid Berki qui fera l’ouverture du festival ce week-end ?

Le spectacle est une commande du théâtre de Suresnes. Le pari est fou : 25 ans donc 25 danseurs sur le plateau, après seulement cinq répétitions. L’idée est de présenter un panorama de ce qui a fait connaître le festival durant toute son histoire. Il y aura différentes séquences et des styles musicaux très différents (électro, jazz, classique etc). Malheureusement, je n’ai pas obtenu la parité dont nous parlions précédemment puisqu’il n’y a que neuf filles… C’est une fête dont Farid est le chef d’orchestre, et non une chorégraphie. Nous célébrons la joie de danser ensemble, en se remémorant notre parcours et en partageant nos ambitions futures.

FESTIVAL SURESNES CITÉ DANSE, DU 6 JANVIER AU 5 FÉVRIER AU THÉÂTRE JEAN-VILAR. PLUS D’INFORMATIONS SUR WWW.SURESNES-CITES-DANSE.COM

Léo Chachignon's curator insight, January 11, 2017 1:26 PM

Article de Libération présentant le Hip-Hop comme un art à par entière désormais bien encré dans la culture française. 

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January 8, 2017 8:54 AM
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Mon traître, d’après Mon traître et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon

Mon traître, d’après Mon traître et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Mireille Davidovici pour Théâtre du blog


Ça commence comme un conte cruel, égrené par une voix off enfantine : il était une fois une princesse dont le château s’écroulait un peu plus, chaque fois qu’elle accouchait,  et qui meurt écrasée par une pierre, et ses enfants, eux, sont devenus des corbeaux… Sous ces sinistres auspices et une pluie battante, dans un cimetière de Belfast en avril 2007, Antoine s’adresse à la dépouille de son ami : un récit « fondé sur des faits réels», annonce un cartouche projeté sur un écran transparent à l’avant-scène où défileront ensuite, entre deux éclairs, images d’actualité et vols de corbeaux.


 Dans un clair-obscur maintenu jusqu’à la fin, on entend, rapportée par trois voix successives, la tragédie d’un homme, traître à la cause de l’armée républicaine irlandaise (IRA), à l’admiration de son fils et à l’amitié d’un jeune militant français. Sorj Chalandon, grand reporter à Libération, a couvert le conflit en Irlande du Nord,  et s’est lié d’amitié avec Denis Donaldson, celui qui, sous sa plume, deviendra Tyrone Meehan, personnage de deux romans et dont il a appris l’assassinat par l’IRA dans la presse. «  C’était un tout petit article, “Un traître au sein de l’IRA“ disait le titre en gras.  L’article disait qu’il avait avoué avoir trahi les républicains pendant vingt-cinq ans (…) » 


 Immobile et face public, l’Antoine de Mon traître, (Laurent Caron), surmonte son chagrin pour dire à Tyrone Meehan combien il l’a admiré en héros de la lutte contre l’occupant britannique, et le choc de la révélation : «Il fallait que Tyrone me parle. Il fallait que je le voie. Il fallait qu’il m’explique. » «Pourquoi tu as fait ça ? Est ce que trahir, ça fait mal ? Est-ce qu’un traître, c’est tout le temps ? » lui demande à son tour son fils, joué par le chanteur Stéphane Balmino.


 Et le traître, revenu d’entre les morts et ressuscité par  Sorj Chalandon dans Retour à Killybegs, raconte son enfance dans l’Ulster assiégée, les humiliations et les violences subies par les Irlandais, la révolte, les années de prison et les circonstances de son acte odieux. Jean-Marc Avocat prend en charge avec conviction ce récit à la première personne qui met à nu le drame d’un homme et révèle un pan peu glorieux et trop vite oublié de l’histoire d’Angleterre : la répression sauvage dans les geôles britanniques, et ces interminables grèves de la faim et de la saleté (dirty protest) de quelque trois cents prisonniers politiques, dans une épouvantable puanteur.


Le théâtre, tout en restant sobre, apporte un supplément de chair et d’émotion à ces romans déjà chargés de vécu. «Meirieu a fait des choix dans ces textes. Coupes franches, disparitions de répliques, de personnages. Le théâtre est une autre aventure (…) C’est une histoire d’Irlande qu’Emmanuel Meirieu nous raconte », approuve Sorj Chalendon. La mise en scène, en effet, respecte l’esprit de ce diptyque, tout en lui donnant, par la magie des éclairages, vidéos et musiques d’une extrême discrétion, une densité propice à des prises de parole directes. Seul en scène, chaque acteur, immobile devant le micro, s’adresse au spectateur, et lui fait d’autant plus saisir les nuances d’une écriture ciselée, à fleur de peau.


 Mireille Davidovici


 Théâtre du Rond-Point, 2 bis Avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris. T: 01 44 95 98 00,  jusqu’au 29 janvier.
www.theatredurondpoint.fr


 Le 7 février, Le Salmanazar, Epernay (51) ; les 14 et 15 février, Maison de la culture de Tournai (Belgique) ;  le 28 février, Quai des Arts, Argentan (61) ; le 2 mars,  Centre d’art et de culture de Meudon (92) ; le  10 mars, Châteauvallon (83) ; le 14 mars, Le Liburnia ,Libourne (33) ;  le 17 mars, Théâtre de Vénissieux (69) ;  le 23 mars La Piscine- Atelier Culture, Dunkerque (59) ; le 28 mars, Le Passage, Fécamp (76) ; le 31 mars ;  Le Vallon ,Landivisiau (29).
Mon traître et Retour à Killybegs sont publiés aux éditions Grasset.

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January 7, 2017 8:37 PM
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Les Lettres d'amour - David Bobée en amour avec Ovide - 

Les Lettres d'amour - David Bobée en amour avec Ovide -  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur le site de Théâtral magazine


David Bobée, le directeur du CDN de Haute-Normandie, met en scène l’un des plus beaux textes d’Ovide. Autant de portraits de femmes blessées, issues de la mythologie, qui, pour la première fois, prennent la parole au travers de lettres enflammées. "Ovide est un auteur qui me passionne depuis toujours. Après avoir monté le spectacle Metamorphosis, je me suis plongé dans ses œuvres complètes et je suis tombé sur ces textes. Au-delà de leur qualité littéraire, parfaitement incroyable, j’ai été saisi par leur modernité. Il y a plus de 2000 ans, rendez-vous compte, un auteur romain a eu le culot d’inventer une série de lettres fictives pour donner la parole aux grandes figures féminines de la mythologie : Pénélope, Médée, Phèdre, Ariane… Ces textes, féministes avant l’heure, sont des sommets de la littérature amoureuse."

Lire l'interview de David Bobée dans Théâtral magazine n°63

Les Lettres d’amour d’Ovide et Evelyne de la Chenelière
mise en scène par David Bobée (photo © Arnaud Bertereau)
Centre dramatique national de Haute-Normandie-Rouen. 
Théâtre des 2 Rives, 48 rue Louis Ricard 76176 Rouen, 02 35 70 22 82
du 7 au 14 janvier

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January 7, 2017 6:59 PM
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Letzlove-Portrait(s) Foucault, par Pierre Maillet

Letzlove-Portrait(s) Foucault, par Pierre Maillet | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Mireille Davidovici dans Théâtre du blog


Letzlove-Portrait(s) Foucault, à partir de Vingt ans et après de Thierry Voeltzel, mise en scène de Pierre Maillet


 Nous avions l’an passé, assisté à la Comédie de Caen, à une première étape prometteuse de cette création, tirée d’un livre d’entretiens publié en 1978, et sorti de l’oubli en 2014, par les Editions Verticales (voir Le Théâtre du Blog). Il s’agissait, l’époque, de réaliser le portrait type du «garçon de vingt ans » dans les années  soixante-dix. Le jeune homme qui signe Vingt et après, répond aux questions d’un interlocuteur alors anonyme, qui se révèle aujourd’hui être Michel Foucault : « »S’il y a mon nom, on ne lira pas ce que tu dis.“ Michel pensait même qu’il n’était pas nécessaire qu’il y ait le mien non plus. Il aurait bien voulu un livre Letzlove. », explique Thierry Voeltzel. Cette belle anagramme de son patronyme, proposée par Michel Foucault, constitue le titre du spectacle.
   
Pierre Maillet garde la formule questions/réponses du livre et tient le rôle du philosophe dans cette pièce qui suit la chronologie des enregistrements qui constituent la matière première de l’ouvrage. Elle s’ordonne en séquences dialoguées, titrées selon les thèmes abordés : homosexualité, politique, conflits familiaux, militance, travail… D’abord intimidé par les questions du maître, le jeune homme (Maurin Olles) réplique avec de plus en plus d’aplomb.
 Le théâtre donne vie  à ces personnages que les acteurs interprètent, plus qu’ils n’essayent de les singer. Pierre Maillet ne se grime pas en Michel Foucault, contrairement à sa démarche dans  un autre spectacle La Cuisine d’Elvis (voir Le Théâtre du Blog). Et Maurin Olles puise en lui-même l’insouciance de la jeunesse… Et ils mettent surtout en valeur l’humour qui sous-tend cette conversation à bâtons rompus, à la fois sérieuse et qui s’égare avec bonheur.  Ils nous font aussi ressentir l’amitié ambiguë qui se cache derrière les mots. On sent ici l’homme mur désirant, et le garçon, éludant tout sentimentalisme. Une chronique des années 70, mais aussi celle, plus discrète, d’une relation amoureuse. 


 Mireille Davidovici


 Théâtre Monfort  106 Rue Brancion, 75015 Paris. T: 01 56 08 33 88, jusqu’au 21 janvier.  www.lemonfort.fr


Du 28 février au 4 mars au Centre Dramatique National de Haute Normandie/ Rouen et du 25 au 27 avril,  au Quartz  de Brest.

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January 7, 2017 10:51 AM
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Le Temps et la Chambre de Botho Strauss, texte français de Michel Vinaver (L’Arche Éditeur), mise en scène d’Alain Françon

Le Temps et la Chambre de Botho Strauss, texte français de Michel Vinaver (L’Arche Éditeur), mise en scène d’Alain Françon | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Véronique Hotte pour son blog Hottello


Le Temps et la Chambre de Botho Strauss, texte français de Michel Vinaver (L’Arche Éditeur), mise en scène d’Alain Françon

 La fenêtre, l’ouverture accomplie dans un mur qui laisse pénétrer l’air et la lumière, est un élément essentiel – tant quotidien que symbolique – de nos jours infimes et de la vie qui passe sans jamais relâcher sa course. Soit une représentation de la barrière – un repère solide où l’on prend appui – entre l’intérieur spatial qui habite l’être et qu’il habite, et l’extérieur du monde alentour partout animé et plus particulièrement dans la ville que la nature et ses saisons connotent quand surgit le froid de l’hiver.

Dans la mise en scène de la pièce de Botho Strauss, Le Temps et la Chambre (1988), par le talentueux Alain Françon, de larges et hautes fenêtres à jardin s’ouvrent et donnent sur une rue trépidante non visible pour le spectateur, pleine de sons, d’images et de tableaux – situation privilégiée de théâtre dans le théâtre – pour l’observateur contemplatif.

Flaubert, en visionnaire moderne, saisit l’acuité éloquente de la posture :

« Emma était accoudée à sa fenêtre (elle s’y mettait souvent : la fenêtre, en province, remplace les théâtres et la promenade)… »

Précisément, Julius (Jacques Weber) dit avec un reproche ironique et détaché à son compagnon Olaf (Gilles Privat), un couple beckettien :

« Tu n’as pas encore regardé par la fenêtre aujourd’hui … Les sapins de Noël sont encore sur les trottoirs en février. Des flaques de glace recouvrent le sablage, huileuses, on dirait des feuilles de matière plastique…Tiens, en voilà une avec sa jupe au ras du genou – par ce froid – en collant noir … Jolie petite carpe. Effrayant. Rien qu’à sa démarche elle a déjà quelque chose d’avachi… feuilletage de magazine, pâleur de petit écran. »

Pour que le théâtre de la rue – le Temps – advienne jusque dans l’intérieur de l’appartement – la Chambre – il fallait que soit installé le beau décor de Jacques Gabel : sur le mur de lointain, l’œil est attiré par l’ouverture blanche et spacieuse d’un habitat contemporain tandis que sur le plateau trône une colonne antique élevée, rouge et majestueuse.

Les compères sont installés dos à dos, chacun dans un fauteuil club, l‘un attiré vers la lumière extérieure et l’autre, tourné à cour vers un vaste et imposant mur lambrissé de bois sombre, porte d’entrée et sonnerie.

Et précisément, venue du dehors et par ce pas de porte de tous les romans possibles, surgit la piétonne déjà évoquée initialement qui soufflait dans le col de son pull lamé vert et or, nommée Marie Steuber à résonance durassienne, un rôle admirablement porté par Giorgia Scalliet de la Comédie-Française qui joue toutes les figures rêvées de la femme.

Elle relève les critiques masculines et malhabiles qui ont été faites d’elle.

Est-elle cette voyageuse affairée qui a dû attendre un homme qui n’est jamais venu la chercher à l’aéroport, une scène que l’on verra accomplie avec succès cette fois-là dans la seconde partie de la représentation ?

Cet homme (Charlie Nelson) surgit aux côtés de la dame dans une belle précipitation désordonnée. De même, l’Homme sans montre (Wladimir Yordanoff) avait déjà pénétré dans le hall, à la recherche de l’objet précieux prétendument oublié la veille, à l’occasion d’une soirée festive. Tous arpentent les lieux avec inquiétude, frayant avec Marie Steuber ou avec l’Impatiente, figure radieuse et joueuse de Dominique Valadié.

Que dire encore de ce Parfait Inconnu (Renaud Triffault) ou de l’Homme en manteau d’hiver (Antoine Mathieu) qui a sauvé de l’incendie de son immeuble la Femme Sommeil (Aurélie Reinhorn), nue et portant autour du cou l’adresse exacte de Julius, d’où la déposition de la dame céans ?

Le public ne distingue pas le réel de la fiction, la vérité des faits de l’invention ludique, ni les données objectives d’une narration contrariée par son dérapage, une perspective court-circuitée et probabilisée, esquissée rêveusement dans l’étoffe des songes approximatifs.

Le privilège de l’art consiste à revisiter toujours l’étendue des possibles, suivant le cours chargé d’un imaginaire avide d’explorations infinies.

Une leçon espiègle de vie comme une séance forte de grand théâtre.

Véronique Hotte

La Colline – Théâtre national, du 6 janvier au 3 février.

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January 7, 2017 10:38 AM
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Allô, c’est Michel Foucault, pourrais-je parler à Pierre Maillet ?

Allô, c’est Michel Foucault, pourrais-je parler à Pierre Maillet ? | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog Balagan


Non, Michel Foucault n’a jamais téléphoné à l’acteur et metteur en scène Pierre Maillet mais il a bel et bien téléphoné à Thierry Voeltzel en 1975, une belle histoire s'en est suivie faite d’échanges que relate « Letzlove-Portrait(s) Foucault », un spectacle confondant de justesse.

Été 1975. Un jeune homme de vingt ans fait du stop Porte de Saint-Cloud avec une pancarte : Caen. Un petite voiture s’arrête, conduite par un homme nettement plus âgé, un élégant chauve à lunettes cerclées d’acier, portant un polo ras-du-cou et une veste à gros carreaux. Pendant le trajet, l’homme pose au jeune passager plein de questions sur sa vie, ses études, ses amis, ses voyages, ses lectures, sa famille. Il le dépose non loin de la demeure familiale après un échange de coordonnées. Le soir même, le téléphone sonne chez les parents du jeune homme, son père décroche : « Michel Foucault pour toi au téléphone. »

La première génération d’après mai 68

Ils se retrouvent pour le retour, même tournis de questions, à l’arrivée à Paris, le jeune homme rappelle à « Michel » qu’il lui a dit avoir du shit chez lui. Les voici dans le salon de Foucault, élégants sièges Pierre Paulin, grande baie vitrée. Le jeune homme roule le joint, il sait mieux y faire que Michel, ce dernier lui passe une main dans les cheveux, l’embrasse. Ils passent la nuit ensemble. Plus tard, le jeune homme se rend compte que l’homme avec qui il a fait l’amour a l’âge de son père.

C’est le début d’une histoire et c’est le prologue du spectacle Letzlove-Portait(s) Foucault, mis en scène par Pierre Maillet et joué par Maurin Olles (élève sortant de l’école de Saint-Etienne, le jeune homme) et Pierre Maillet (Michel Foucault). Joué ? Accompagné plutôt.

Pendant un an et plus, Foucault et Thierry Voeltzel se retrouvent autour d’un appareil enregistreur à bandes. Foucault est intrigué par ce jeune homme qui appartient à la première génération qui n’a pas vécu mai 68, et qui a un rapport aux études, à la vie très loin de ceux que côtoie habituellement le philosophe. Il cherche à mesurer cette différence. Ce qui les rapproche, c’est l’homosexualité. Et comment l’intime et le politique sont indissociables.

Foucault et Mick Jagger

C’est donc un portrait par défaut de Michel Foucault qui se dessine par ses questions, la façon dont il les formule et les détaille, son envie de connaître, de comprendre la jeunesse à travers ce jeune homme d’une absolue sincérité. C’est tout autant, sinon plus, le portrait d’une certaine jeunesse de 1975 condensée à travers Thierry Voeltzel, engagé dans les mouvements homos de l’époque mais sans en être une grande gueule ou un leader et encore moins un militant sectaire.

Maurin Olles-Thierry est devant nous sur le plateau presque nu, Pierre Maillet-Michel l’interpelle depuis la régie. Juste et pertinent dispositif qui met le public au milieu de ce ping-pong. Pas d’effet scénique, parfois une diapo dit le sujet traité du jour car, en prof, Foucault ordonne ses questions par série : le sexe, la politique, la famille, les drogues, le boulot, l’éducation religieuse. Ici et là, une respiration dans le flux des échanges : pause cigarette ou bien pause musicale avec ce trente-trois tours des Stones, dont Foucault ignore tout, jusqu’à ne pas savoir que Mick Jagger en est le chanteur.

L’idée de faire un livre à partir de ces entretiens a fait qu’ils se sont prolongés, puis ils ont été retranscrits. Foucault les a retravaillés, et Mireille Davidovici a composé le livre. Foucault n’a pas voulu que l’on mentionne son nom : c’était le livre de Thierry. Il avait envie que le nom de famille Voeltzel soit dissimulé sous un anagramme, Letzlove lui plaisait. Thierry n’en pas voulu et le livre est paru sous son seul nom. Un flop. Quarante ans après, il a été réédité chez Verticales en 2013 sous le titre Vingt ans et après. Cette fois, le nom de Foucault apparaît et c’est après avoir lu ce livre que Pierre Maillet a voulu en faire quelque chose.

Ce spectacle s’inscrit dans une série de portraits libres qui rythment la programmation du CDN de Caen-Hérouville depuis que Martial Di Fonzo Bo en a pris la direction. Après Pasolini, Koltès et Berthe Morizot, Foucault. Suivront Pierre Bourdieu et Nina Simone.

Le prologue comme l’épilogue, Thierry Voeltzel les a écrits il y a trois ans, là où il vit, loin de la France. Aucune nostalgie chez lui ni dans ce spectacle mais la joie légère d’un dialogue amical, sans calcul, sans fard. Et le parfum d'une époque où luttes et utopie couchaient ensemble et, certains soirs, jouissaient sans entraves.

Jusqu’au 21 janvier au Monfort (Paris), du mar au sam à 20h30.
Du 28 février au 4 mars CDN de Haute-Normandie à Rouen.
Du 25 au 27 avril au Quartz, scène nationale de Brest.

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January 6, 2017 7:25 PM
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Un divin duo d’équilibristes : Un divin duo d’équilibristes : Vimala Pons et Tsirihaka Harivel 

Un divin duo d’équilibristes : Un divin duo d’équilibristes : Vimala Pons et Tsirihaka Harivel  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Rosita Boisseau dans Le Monde


Acrobates et comédiens, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel présentent leur dernière création, « Grande – », à Paris.


Il fait un froid de canard et hop, Vimala Pons vous tend sa bouillotte. C’est l’heure du petit creux et hips, elle se demande si elle ne va pas réchauffer la soupe d’hier. Finalement, le café fera l’affaire, apporté dans un gobelet en plastique tenu par la bouche. Quoi qu’elle fasse, Vimala Pons, 33 ans, artiste de cirque revendiquée mais encore comédienne – la jolie fille qui s’appelle Tarzan dans le film La Loi de la jungle, réalisé en 2016 par Antonin Peretjatko, c’est elle – file plus vite que la musique et joue les apparitions sans même s’en rendre compte. Un numéro au sens noble et un sacré pistolet qui tient en joue les clichés de la beauté, de la séduction, du burlesque, tout en décrochant le gros lot, excusez-la du peu.


En attendant le film de Bertrand Mandico Les Garçons sauvages, dans lequel elle interprète un bad boy, voilà Vimala Pons à l’affiche du Centquatre, à Paris, dans Grande –, un nouveau spectacle magistral mis en scène et interprété avec son partenaire depuis 2005, l’acrobate Tsirihaka Harrivel, 34 ans. Quatre ans après le succès de De nos jours (Notes on the Circus), conçu en collectif avec Erwan Ha-Kyoon Larcher et Maroussia Diaz Verbèke, le duo relance la pelote. Une championne de portés sur la tête capable de tenir une hache en équilibre, mais aussi une machine à laver, donne la main à un roi du mât chinois pour former la paire d’artistes la plus iconoclaste du moment. « Ce qui me frappe, c’est leur incroyable créativité et leur capacité à tramer les registres du cirque et du théâtre, s’enthousiasme Yveline Rapeau, directrice du Pôle national du cirque de Normandie (La Brèche de Cherbourg et le Cirque-théâtre d’Elbeuf), qui les soutient depuis leurs débuts. En tant que programmateur, on court tous les jours après des perles comme eux. Ils possèdent la liberté et l’audace. Le prix à payer, c’est de laisser leur peau sur scène. Que dire de plus, ils sont géniaux ! »


Dix mois de répétitions

Pour l’heure, mardi 3 janvier, à quatre jours de la première, les « génies » naviguent entre les tables débordantes d’objets (sculpture grecque, chaussures à talons, couteau…) qui composent leur décor. Tsirihaka Harrivel vaque tranquillement ; Vimala, qui n’a pas fermé l’œil de la nuit « parce que trop excitée par cette reprise après dix jours de break », apporte des boucles d’oreilles achetées en Espagne. Près de trois mois après sa création, le 17 octobre 2016, au Quai, à Angers, Grande – a maigri, passant de deux heures et vingt minutes à une heure et quarante-cinq minutes, ce qui n’empêche pas d’ajouter des accessoires, de peaufiner la musique inspirée par les fanfares du cirque écrite par Harrivel et jouée en direct par les deux complices.

Dans l’entrée de la salle, une exposition de leurs croquis et autres cartographies de préparation colonise les murs. Panneaux de Post-it jaunes griffonnés, cibles de stand de tir estampillés d’indications… « Ma vie m’arrive par Post-it et par bons comme une pochette-surprise », explique Vimala Pons. « J’ai du mal à formuler, à l’inverse de Tsirihaka qui écrit beaucoup, poursuit-elle. J’avance de la pensée en parlant et ensuite, il faut que je passe par des graphiques, des dessins. » Elle sort la boîte à gouaches avec laquelle elle a peint la carte imaginaire qui égrène les continents de Grande –, revue à épisodes autour des habits, des histoires d’amour… avec le poids des objets qu’elle porte. « Nous nous sommes inspirés de Monsieur Loyal, qui donne toutes les informations concernant les numéros », commente Tsirihaka Harrivel, qui fouille depuis dix ans l’histoire du cirque.

YVELINE RAPEAU, DIRECTRICE DU PÔLE NATIONAL DU CIRQUE DE NORMANDIE  : « CE QUI ME FRAPPE, C’EST LEUR INCROYABLE CRÉATIVITÉ ET LEUR CAPACITÉ À TRAMER LES REGISTRES DU CIRQUE ET DU THÉÂTRE »



Ses petits et grands papiers sont comme des couches de tapisserie et autant de peaux de vie entre le quotidien et la sublimation du spectacle. « Pas de frontières chez nous entre la vie et comment on l’écrit sur scène », ajoute-t-il. Très attendu après De nos jours (Notes on the Circus), Grande – a exigé dix mois de répétitions. « Nous avons eu besoin de renouveler le territoire de l’intime et notre relation de travail pour qu’elle ne s’épuise pas ou ne s’irrite pas, raconte Vimala Pons. En 2012, je me sentais submergée par les émotions et j’ai commencé à travailler sur elles après avoir lu un livre de Paul Ekman [psychologue amé­ricain]. » Sur un tableau, les mots « tristesse », « peur », « joie », « épouvante » se télescopent.

Les références du duo se tricotent entre cirque, théâtre, littérature, philo, poésie et cinéma. Un chassé-croisé avec les voyages d’une enfance nomade en fond d’écran. « Parce que ça relativise beaucoup, glisse Tsirihaka Harrivel. Ça rend les choses plus simples en pointant ce qui est important. » Né à Tananarive, d’une mère française institutrice et d’un père malgache informaticien qui enchaînait les postes à l’étranger, il a vécu à Rouen, puis à Libreville, au Gabon, de 7 à 10 ans. « Une bonne période, avec pas mal d’insouciance, que j’ai beaucoup aimée. » A 17 ans, ce fort en maths qui se voyait ingénieur découvre le spectacle C’est pour toi que je fais ça !, de Guy Alloucherie. « Un déclic : j’ai eu envie de faire du cirque à partir de ce moment-là. C’était un nouveau langage, une explosion de tous les possibles. » Il se prépare tout seul à l’acrobatie pour intégrer, en 2002, l’Ecole nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois, puis, deux ans plus tard, le Centre national des arts du cirque (CNAC) de Châlons-en-Champagne. En 2005, année-tampon au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, où il croise Vimala Pons.

Elle est née dans le sud de l’Inde, où ses parents se sont rencontrés. Elle aime raconter qu’ils sont « partis pour donner du sens à leur vie ». « Ils appartiennent à cette ­super-belle génération qui a cru au mot d’ordre “l’imagination au pouvoir” ». Son père est montreur de serpents, puis informaticien… Vimala a 7 ans lorsque la famille revient en France. « Je crachais par terre, mangeais avec mes doigts, j’avais froid… » Jusqu’à 15 ans, elle fait du tennis et du karaté (elle est ceinture noire). A 11 ans, elle se retrouve par hasard à présenter à la télé « Ça cartoon ». Quelques années plus tard, en 2003, elle étudie l’histoire de l’art, puis du cinéma, et intègre le Conservatoire, puis le CNAC en 2006.

EN MALGACHE, TSIRIHAKA SIGNIFIE « SOLEIL ET ÉCLAT » ; EN SANSCRIT, VIMALA VEUT DIRE « LA FÊTE EST PERMANENTE ».



Depuis 2012, le cinéma, celui de la « Nouvelle Vague et de la “Nouvelle Nouvelle Vague” », comme elle l’annonce dans son CV, autrement dit celui d’Alain Resnais, de Christophe Honoré ou de Paul ­Verhoeven, l’accapare non sans succès. Vimala Pons, qui adore « pleurer et rire en même temps » déborde d’un tempérament extravagant qui fait le miel de scénarios ultra-fantaisistes comme celui de La Loi de la jungle ou de La Fille du 14 Juillet (2013), également d’Antonin Peretjatko. Qu’elle s’appelle Tarzan ou Truquette, elle véhicule un tempérament délicieux de femme libre et ultra-vivante. « Ces personnages correspondent à un rêve que je pourrais avoir d’une certaine représentation de la figure féminine au cinéma. Je n’accepte jamais un scénario pour un rôle, mais pour le film et son auteur. Il faut qu’il y ait une vision, quelque chose à dire, que ça travaille aussi sur la matière même de l’art et de la technique cinématographique. » Avec toujours une fibre populaire et politique. « Il y a plein de couches, pour s’adresser à plein d’intelligences différentes, et c’est ça que j’aime. »

« Le cinéma, c’est écrasant »

En malgache, Tsirihaka signifie « soleil et éclat » ; en sanscrit, Vimala veut dire « la fête est permanente ». Autant dire que les deux font une belle paire. A condition de dégager des poches de survie. En 2005, au CNAC, ils vivaient dans des caravanes séparées, avec un espace pour « se rejoindre ». Aujour­d’hui, chacun possède une péniche. « C’est moi qui ai copié sur lui », glisse-t-elle. Elle y reçoit généralement les journalistes et se fait photographier dans ses meubles. « Parce que je ne veux pas me retrouver dans un hôtel de luxe et donner une idée de la femme et de l’actrice en représentante d’un rêve de princesse. Le cinéma, c’est écrasant. Je veux être moi-même et montrer mes tasses et mes théières. »

Comme elle l’affirme, Vimala Pons a « tout ouvert ». Autrement dit, elle raconte sa vie pour ­« rester droite dans ses bottes ». Tsirihaka Harrivel, lui, a « tout fermé ». Entre les deux, le cœur balance et l’intime le reste. « Nous avons deux façons d’être au monde, précise-t-elle. Sur scène, nous fabriquons un écrin pour quelqu’un qui a envie d’exploser comme moi et quelqu’un dont la discrétion fait l’émotion comme Tsirihaka. Son degré de présence dans sa simplicité est complémentaire du mien dans son excentricité. »

Comment résister à Vimala Pons ? Tsirihaka Harrivel ne semble pas se poser la question. Régulièrement, Vimala apporte des petits objets étonnants, fabriqués avec des boîtes de sardines par Tsirihaka. Ils mangent beaucoup de conserves mais savourent le mê­me gâteau, celui du cirque, du danger qui donne la chair de poule, de l’urgence qui serre le ventre. « Il y a une pureté là-dedans qui est la plus belle, ajouteVimala Pons. Pour ne pas se copier soi-même, la difficulté c’est de continuer à chercher des terrains vierges. »


Grande –, de et avec Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel. Du 7 au 26 janvier, à 20 h 30 ; le dimanche à 17 heures. Centquatre, 5, rue Curial, Paris 19e. Tél. : 01-53-35-50-00. De 10 euros à 25 euros. www.104.fr

Rosita Boisseau
Journaliste au Monde

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January 6, 2017 1:25 PM
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Quel avenir pour Montevideo, temple de la création artistique marseillaise ? | Made In Marseille

Quel avenir pour Montevideo, temple de la création artistique marseillaise ? | Made In Marseille | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Agathe pour Made in Marseille


 Installée depuis 17 ans dans des locaux du 6e arrondissement, l’association culturelle Montevideo vient de voir son bail s’arrêter au 31 décembre 2016. Le propriétaire souhaitant vendre le bâtiment, l’avenir de ce lieu de créations artistiques contemporaines est donc incertain.

Conçu au départ comme le lieu de résidence et de travail des artistes Hubert Colas et Jean-Marc Montera pour leurs associations, respectivement de théâtre et de musique, Montevideo est un espace de créations artistiques contemporaines situé dans le 6ème arrondissement. Il favorise à la fois l’expérimentation, la recherche et le décloisonnement entre les différentes formes d’expression artistique dans un secteur de la ville où les structures artistiques et culturelles ne sont pas nombreuses.

« Dès le départ, nous nous sommes aperçus que l’on avait un lieu suffisamment grand pour le partager avec d’autres. Nous avons choisi de mutualiser nos moyens et d’accueillir des artistes en résidence. Depuis, chaque année, ils sont plus de 200 à venir à Montevideo et autant dans le cadre d’Actoral, le festival international des arts et des écritures contemporaines », met en avant Hubert Colas.

Mais au 31 décembre 2016, le bail de location du bâtiment a touché à sa fin. Son propriétaire n’a pas souhaité le renouveler et a pour volonté de vendre les locaux à un promoteur immobilier pour en faire des logements d’habitation. Ne reste alors pour l’association que peu de solutions : racheter les locaux ou déménager vers de nouveaux horizons.

Vers un rachat par Montevideo ?

Le bâtiment du 3 impasse Montevideo qu’occupe la structure du même nom est protégé par l’ordonnance du 13 octobre 1945. Cette ordonnance interdit tout changement d’affectation d’une salle de spectacle sans l’autorisation du ministère de la Culture. « Le propriétaire ne peut donc pas vendre le bâtiment pour le moment puisqu’il n’a pas l’accord du ministère de la Culture. Mais rien ne garantit pour autant la pérennisation du lieu en espace culturel et artistique », tient à clarifier Hubert Colas.

Les collectivités, à savoir la Ville de Marseille et le ministère de la Culture, se sont déjà positionnées en faveur de cette pérennisation. « Je soutiens l’association Montevideo, son travail, sa résidence et son festival. Elle a une grande renommée et fait sortir des artistes qui sont ensuite connus nationalement voire internationalement. Je souhaite donc qu’elle perdure et à cet endroit-là », souligne Yves Moraine, maire des 6ème et 8ème arrondissements. Rien ne peut toutefois être fait pour le moment tant qu’un prix ferme et définitif du bâtiment n’a pas été donné par le propriétaire. Plusieurs cas de figures pourraient être envisagés une fois le prix connu, comme par exemple l’achat des locaux par la ville de Marseille et un remboursement sous forme de loyer par Montevideo ou un rachat par l’association elle-même.

Actuellement, le loyer s’élève à 70 000€ par an auquel s’ajoute 20 000€ de frais, le tout supporté par les associations. Montevideo, s’il reste dans le bâtiment actuel, a d’ores et déjà des ambitions pour ouvrir davantage le lieu au public dans le futur. Et même la volonté d’y créer un espace d’accueil permanent, comme une sorte de coworking, pour les artistes locaux.


La cour extérieure © Pierre Gondard

Une partie du rez-de-chaussée © Pierre Gondard

Le studio © Pierre Gondard
Un déménagement, autre solution possible

D’autres solutions ont été envisagées depuis que les négociations ont été entamées il y a quelques mois entre l’association et le propriétaire des lieux. Et notamment la construction d’un nouveau bâtiment de logements où Montevideo pourrait reprendre ses quartiers. « Nous sommes prêts à envisager une nouvelle construction du bâtiment si l’on arrive à retrouver ce que l’on a, à savoir 1 500 m² de surface », précise Hubert Colas.

Un déménagement serait-il aussi envisageable ? Tant que la structure trouve ailleurs la même dynamique artistique et économique, à savoir pouvoir accueillir des artistes en résidence, le directeur est ouvert. « Il est toutefois important de localiser des structures un peu partout dans Marseille et pas seulement à la Friche la Belle de Mai par exemple. Garder une structure culturelle dans le 6ème arrondissement est à mon sens essentiel », ajoute Hubert Colas. Même son de cloche pour le maire de secteur, Yves Moraine, qui ne souhaite pas voir partir Montevideo : « Je ne ferai rien qui puisse aider à faire autre chose sur ce lieu », ajoute-t-il.

Prochaine étape : l’annonce d’un prix ferme et définitif de la part du propriétaire. Aucune date n’a cependant été fixée pour cela. Une fois le prix connu, les différentes collectivités pourront alors se positionner officiellement sur la suite du bâtiment et réaliser leur propre estimation. L’occasion de montrer, dans les faits, leur volonté de donner à ce lieu un réel avenir.

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