Prenez par exemple notre croissance continue et notre squelette interne: pour un hexapode, on fait tout à l’envers! Leur squelette à eux, ils le portent autour de leur corps : c’est un exosquelette. Pas mal pour se protéger des adversités du monde extérieur. Par contre, cet exosquelette constitué d’une cuticule rigide représente un frein à la croissance de l’animal. Mais c’est pas bien grave non plus parce que ces animaux peuvent reconstituer leur exosquelette! Pour grandir, ils n’ont qu’à muer: se débarrasser de leur vieille cuticule pour laisser apparaitre leur nouveau corps. Cette capacité à vrai dire est partagée par tous les animaux du groupe appelé Ecdysozoa (du grec ecdysis qui veut dire “mue” et zoa “animal”). Pour en savoir plus, je vous invite à découvrir ce billet de Nicobola sur le blog ‘Les poissons n’existent pas’. Chez les hexapodes, les mues se succèdent durant sa croissance. Mais parfois, l’animal peut avoir des formes variables tout au long de sa vie. C’est ce qui permet de distinguer plusieurs types de développement: le développement amétabole, hétérométabole et holométabole (et non, y’a pas de développement discobole ou dragonball).
(Différents modes de développement chez les insectes)
D’autres hexapodes amétaboles célèbres sont les collemboles (j’avoue, cette terminaison en –bole ajoute de la confusion pour les étudiants… c’est pas de bol!).
(Sminthurus viridis)
Ce sont de minuscules bestioles qui vivent surtout dans l’humus.
Chez la plupart des insectes, lépismes non compris, on trouve peu d’organismes amétaboles. Cela signifie qu’on peut distinguer des différences notable entre le stade adulte et le stade juvénile qu’on qualifiera de larvaire. Chez un insecte hétérométabole, Il y a 3 stades : l’œuf, la larve et l’adulte (qu’on appelle, en entomologie, l’imago). Il y a donc une étape importante de la vie de ces insectes, la métamorphose, à travers laquelle ils passent d’un stade larvaire à un stade adulte capable, notamment, de se reproduire. Et cette transition, elle se réalise au moment d’une mue, un peu particulière, qu’on appelle la mue imaginale (puisqu’on passe d’une larve à un imago). Toutes les mues précédentes correspondent donc à des mues larvaires. C’est vraiment différent de la situation des hexapodes amétaboles chez qui on ne peut pas trop faire la différence entre une mue et une autre. Un imago est caractérisé par sa capacité à se reproduire mais aussi par la présence d’ailes pour les insectes qui en portent. Il y a donc quand même de sacrés remaniements morphologiques lors de cette métamorphose. Pour certains insectes hétérométaboles, la larve se trouve dans le même milieu de vie que l’adulte. C’est ce qu’on appelle un développement paurométabole et c’est le cas retrouvé par exemple chez les criquets:
Chez d’autres insectes hétérométaboles, la larve ne vit pas dans le même milieu que l’imago: c’est ce qu’on appelle un développement hémimétabole. C’est le cas par exemple des éphémères chez qui la larve vit dans le milieu aquatique alors que l’imago, ailé, va conquérir le milieu aérien.
Il nous reste un dernier “–bole” à découvrir: le cas des insectes holométaboles. Chez ces insectes, la métamorphose est cataclysmique! La larve est vraiment très différente de l’imago (chez les papillons, la larve s’appelle une chenille, et chez les mouches et moustiques, on parle d’asticot). Au dernier stade larvaire, elle se transforme en une forme immobile, la nymphe, qui restera en pause jusqu’à l’émergence de la forme adulte (là encore, les noms des nymphes varient selon les groupes: on parle de chrysalide pour les papillons et de pupe pour les mouches et moustiques). On peut donc dénombrer 4 stades importants du développement: œuf, larve, nymphe et imago. Et encore une fois, chaque transition de forme s’accompagne par une mue spéciale : la mue nymphale et la mue imaginale.
(abeilles, guêpes, coccinelles, scarabées, puces, mouches, moustiques) mais celui qui est peut être le plus charmant est celui des papillons, et notamment celui du papillon monarque Danaus plexippus:
Comme d’hab, éclore n’est pas une mince affaire et cela nécessite beaucoup d’énergie. Autant en récupérer en boulotant tranquillement la cuticule d'e l’œuf:
La quantité de bouffe dont va se gaver la chenille est assez ahurissante. Il faut dire que celle-ci va devenir près de 2000 fois plus massive en quelques semaines, et ce à travers 5 mues larvaires successives:
Et je ne vous cache pas que l’un des moments les plus merveilleux de ce cycle de vie reste l’émergence de l’imago, ayant subi sa dernière mue:
(Monarch butterfly emerging time lapse. Female butterfly)
Il faut plusieurs heures à l’adulte pour accumuler assez d’air et d’hémolymphe dans les ailes pour que celles-ci soient assez sèches et dures pour voler.
C’était donc un exemple complet de développement d’un insecte holométabole.
(Monarch Migration)
Bon, amétabole, hétérométabole, holométabole… Vous en avez Ras-le-Bol? Passons à autre chose alors! Je vous donne RV la prochaine fois pour découvrir comment les hexapodes peuvent s’accommoder à respirer dans tous les milieux, aériens ou aquatiques!
Niveau art de la chapellerie sous acides, certains d’entre vous pouvaient penser qu’Homo sapiens détenait la palme pour les chapeaux les plus fous… haut le scalp!
(La Princesse Eugenie de York et la Princesse Beatrice de York)
Chez les hexapodes amétaboles le juvénile qui éclot de l’œuf a grosso modo la même morphologie que l’adulte, si ce n’est qu’il est riquiqui. On retrouve ce mode de développement surtout chez nos fameux diploures, protoures et collemboles: vous savez les hexapodes qui n’ont pas le droit de rentrer dans le club des insectes. Ces bébêtes ne font donc muer que pour grandir. C’est le cas par exemple des lépismes, plus connus sous le nom (totalement bidon) de poissons d’argent (et qui pour le coup sont des insectes vu qu'ils possèdent bien des pièces buccales externes).
(Lepisma saccharina)
On en trouve souvent qui filent sur le carrelage de nos salles de bain. Et bien les lépismes peuvent muer entre 17 et 66 fois au cours de leur vie! C’est beaucoup et cela s’explique notamment par le fait que le lépisme continue à muer même lorsqu’il atteint l’âge adulte et sa taille finale.
Et voici à quoi ressemble la mue imaginale d’un autre insecte hétérométabole: Anabropsis marmoratus.
[The molt, vidéo mise en ligne par Piotr Naskrecki)
C’est quand même un sacré boulot! Pas étonnant que, pour regagner des forces, ce spécimen a dévoré son ancien exosquelette (ce qu’on appelle une exuvie).
Alors attention, pas besoin de film en accéléré pour la mue des éphémères, c’est hyper rapide:
(Vidéo "Mayfly larvae metamorphosis")
Traduction: Les éphémères possèdent la transformation la plus rapide entre larve aquatique et adulte volant. Ce sont les proies favorites des poissons qui les dévoreront si elles ne fuient pas immédiatement après s’être exposées ainsi à la surface de l’eau.
Etonnant, non? Difficile de croire qu’il se cachait une telle forme sous la chaussette que constituait la dernière cuticule larvaire. Un brin d’explications s’impose:
(Monarch caterpillar changing into chrysalis)
Traduction:
La chenille, en forme de J et accrochée à la branche, se transforme en chrysalide. la peau derrière le cou de la chenille se brise et, tandis que la créature gigote, la cuticule glisse vers les pattes arrières, révélant la chrysalide verte qui s’est développée sous la cuticule larvaire. Avant que la cuticule soit éjectée, l’attache noire, ou crémaster, qui a de nombreux crochets à son extrémité, doit être enroulé pour former un bouton de soie. Il s’agit d’une étape dangereuse! Si la chrysalide est maladroite, elle peut tomber sur le sol et être dévorée par des fourmis. Graduellement, la chrysalide durcit pour former une enveloppe lisse et de couleur jade, décorée de points dorés. A l’intérieur de ce joyau, les vieux tissus de la chenille se transforment progressivement en papillon adulte. Cela prend environ 7 jours à température estivale. Environ 12h avant que le papillon n’émerge, la chrysalide s’opacifie et sa cuticule devient assez transparente pour révéler les couleurs noires et oranges des ailes de l’imago à l’intérieur.
Et ces papillons ne peuvent pas se permettre d’avoir des ailes défectueuses sachant qu’ils effectuent des migrations de près de 4000km de distance entre l'Amérique du Nord et le Mexique (l'aller-retour se faisant en plus sur plusieurs générations) !
ENQUÊTE SUR UNE FAMILLE D'INSECTES AUX CASQUES ABRACADABRANTESQUES, LES MEMBRACIDES
• Présentation de la famille des Membracidae par Pierre Kerner, suivie d'un lien sur un diaporama et d'autres liens vers plus d'infos et plus d'images :
Le point de départ de ce "topic", Entomoscience, est un billet que Pierre Kerner, chercheur en génétique évolutive, auteur du blog « Strange Stuff And Funky Things », a publié en septembre 2011 et a accepté de me laisser republier en plusieurs "épisodes" ici sur Scoop.it.
Toutes les étapes de la recherche sur ces étranges créatures y sont remarquablement bien expliquées, on en retrouvera donc, par ordre chronologique, le texte intégral.
Merci à lui pour ce formidable partage des connaissances !
À propos de ma veille entomologique
Un article de Alain Fraval publié dans Insectes en 2014
Sur la Toile – section francophone d’Internet – de nombreuses ressources documentaires en textes, photos, vidéos, sons… sur les insectes (et leur environnement) sont mises à disposition des internautes par des individus, hors institutions – et ce gracieusement. Insectes a repéré ces cyberbénévoles et entreprend de présenter les plus intéressants. ...En une courte page, rédigée par Alain Fraval.
Le texte brut de la présentation de B. Cassel – avec des explications beaucoup plus développées sur les aspects techniques et un exposé de ses motivations notamment - est transcrit sur cette page, à la suite de l'article paru dans Insectes n° 172 (1er trimestre 2014).
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