En cette semaine de rentrée scolaire, le #JourDuPenseur est heureux de se consacrer de nouveau à Michel Serres et à ses dernières réflexions sur l’éducation. Michel Serres, historien des sciences, agrégé de philosophie, aujourd’hui académicien enseigne toujours à l’université de Stanford. Et son interview par Libération le week end dernier (à lire ici) m’a donné envie de me replonger dans le discours qu’il avait prononcé à l’Institut de France en mars dernier sur l’avenir de l’éducation (à lire ici) et que j’avais évoqué brièvement dans un ancien billet sur le sens de certaines paroles de la Marseillaise (”Et si le sans impur n’était pas celui qu’on croit?”). Tout d’abord dans ce discours qui vise à cibler « les nouveaux défis de l’éducation », Michel Serres pointe la nécessité de connaître les élèves qui composent l’école d’aujourd’hui. Qui sont-ils ? Qu’ont-ils de différents de leur parents et des élèves du XXème siècle ? Structure familiale, mode de résidence, rapport à l’Histoire, le philosophe dresse un portrait transversal des élèves et étudiants modernes pour mieux comprendre quelle éducation est nécessaire. Il les appelle les « petites poucettes » et « petits poucets », nous verrons plus tard pourquoi. Voilà le profil que dresse Serres des « petits poucets ». Ces étudiants sont avant tout urbains. Et pour le philosophe, le fait que les élèves ne côtoient plus vaches et moutons comme au XIXème siècle annonce une première rupture dans le mode de l’éducation. La seule nature que les élèves rencontrent aujourd’hui est lors de leurs temps de vacances. Sensible aux questions d’environnement, l’élève d’aujourd’hui n’en est pas moins étranger au monde des vivants, il n’admire qu’une « nature arcadienne, celle du tourisme et du loisir ». S’ils n’ont pas connu de guerre, Michel Serres relève qu’ils ne connaissent pas non plus la souffrance ou la faim.
Via Laurent Blanquer