"CHRONIQUE - Dans une nouvelle traduction parue cette semaine, Une chambre à soi devient Une pièce à soi. L’eau du militantisme a coulé sous les ponts.


Il est amusant de voir les traductions changer, comme les modes, au fil des saisons. Prenons un exemple : A Room of One’s Own, le chef-d’œuvre de Virginia Woolf (1929). Le Quarto Romans, essais sorti il y a dix ans reprenait la traduction de Clara Malraux : Une chambre à soi. Mais l’eau du militantisme ayant coulé sous les ponts, Marie Darrieussecq a préféré en 2016 Un lieu à soi (dans sa version chez Denoël) parce que la chambre est un endroit trop intime, avec un lit pour se coucher, ce qui n’est pas assez féministement correct. Or cette semaine, la nouvelle traduction de Laurent Bury dans la prestigieuse bibliothèque de la Pléiade est Une pièce à soi. La pièce est plus précise, moins floue que le lieu (qui peut faire penser aux toilettes, parfois surnommées « lieux d’aisance »). Et mieux vaut écrire dans sa pièce que dans sa chambre : cela fait plus sérieux. Je parie que dans dix ans A Room of One’s Own deviendra « Un bureau à soi » (plus entrepreneurial), dans…"


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