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L’année 2025 a débuté par une mise en garde adressée par John Healey, le secrétaire britannique à la Défense, au Kremlin, au sujet des activités suspectes du navire espion russe Yantar, ce dernier ayant été surpris en train de rôder au-dessus d’infrastructures sous-marins critiques au large du Royaume-Uni, plus précisément dans les environs de l’île de Man.

Pour rappel, affichant un déplacement de 6 000 tonnes, le Yantar relève de la Direction principale de la recherche en eaux profondes [GUGI] du ministère russe de la Défense. Il est notamment équipé de deux mini-sous-marins [un AS-37 Rus et un AS-39 Konsul]. Ces dernières années, il a souvent été repéré près des infrastructures sous-marines critiques, comme les câbles de télécommunication.

D’où l’ordre donné par M. Healey à un sous-marin de la Royal Navy de faire surface près du Yantar, « à titre strictement dissuasif » et pour « lui montrer clairement que nous surveillons secrètement chacun de ses mouvements ».

« La sécurité nationale est le premier devoir de notre gouvernement. […] Nous renforçons notre réponse pour garantir que les navires et les avions russes ne puissent pas opérer en secret à proximité du territoire britannique ou de celui de l’Otan », avait alors expliqué M. Healey.

Cette année va se terminer comme elle a commencé. En effet, depuis quelques jours, le Yantar navigue à nouveau dans les approches maritimes de la Grande-Bretagne, plus précisément au nord de l’Écosse. Or, le 19 novembre, au cours d’une conférence de presse, le responsable britannique a révélé que le navire russe avait pointé un laser vers un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon de la Royal Air Force [RAF] chargé de surveiller ses mouvements.

« Nous avons déployé une frégate de la Royal Navy et des avions P-8 de la RAF pour surveiller et suivre chacun des mouvements de ce navire, au cours duquel le Yantar a pointé des lasers sur nos pilotes », a en effet accusé M. Healey. « Cette action russe est extrêmement dangereuse. C’est la deuxième fois cette année que ce navire est déployé dans les eaux britanniques », a-t-il ajouté.

Effectivement, viser un aéronef avec un laser [une pratique dont les forces chinoises sont par ailleurs coutumières] peut mettre la vie de son équipage en danger. En 2018, lors d’un incident de ce type survenu au large de Djibouti, deux pilotes d’un avion de transport C-130 Hercules avaient été victimes de lésions mineures aux yeux.

« Tout ce qui entrave, perturbe ou met en danger les pilotes aux commandes des avions militaires britanniques est extrêmement dangereux », a d’ailleurs insisté le secrétaire britannique à la Défense.

Quoi qu’il en soit, et comme il l’avait fait en janvier, M. Healey a prévenu. « Mon message à la Russie et à M. Poutine est le suivant : nous vous voyons. Nous savons ce que vous faites. Et si le Yantar se dirige vers le sud cette semaine, nous sommes prêts », a-t-il assuré. Et d’ajouter : « Nous avons des options militaires prêtes au cas où le Yantar changerait de cap. Je ne les dévoilerai pas, car cela ne ferait que rendre le président Poutine plus avisé ».

Selon la BBC, l’incident évoqué par M. Healey se serait produit au cours des deux dernières semaines.

A priori, d’après les données de navigation fournies par Marine Traffic, le Yantar n’a plus communiqué sa position via l’AIS depuis le 2 novembre, quand il se trouvait au nord des côtes de la Lettonie. On sait que, quatre jours plus tard, il a été escorté par deux navires de la Marine royale néerlandaise, en mer du Nord.

À la suite de l’intervention de M. Healey, l’ambassade de Russie au Royaume-Uni a publié un communiqué pour affirmer que Moscou « ne s’intéressait pas aux communications sous-marines » et que les « actions russes ne portent pas atteinte aux intérêts du Royaume-Uni et ne visent pas à compromettre sa sécurité ».

Toutefois, a-t-elle ajouté, pratiquant l’art de l’inversion accusatoire, le gouvernement britannique, avec sa politique russophobe et son hystérie militariste croissante, ne fait qu’aggraver la dégradation de la sécurité européenne créant ainsi les conditions propices à de nouvelles situations dangereuses ».

Depuis les attaques lancées depuis le Yémen par les rebelles houthistes contre le trafic maritime en mer Rouge, l’une des priorités des forces navales est de réduire le « coût par tir », que ce soit pour détruire des munitions téléopérées en vol ou des drones de surface chargés d’explosifs. Et pour cause : utiliser un missile surface-air valant plusieurs centaines de milliers d’euros contre un engin produit à un prix dérisoire n’est évidemment pas soutenable sur le long terme.

D’où la quête de solutions innovantes. Et les armes à énergie dirigée, comme le laser, en font partie.

En janvier 2024, le ministère britannique de la Défense [MoD] s’était félicité du succès des essais d’une « arme laser de haute puissance » contre des cibles aériennes. Appelée « DragonFire », elle venait en effet de réussir à abattre des drones « à plusieurs kilomètres de distance » depuis les îles Hébrides [Écosse]. Et de préciser qu’elle avait été suffisamment précise « pour atteindre une pièce d’une livre sterling à un kilomètre ».

Issu d’un programme lancé en 2017 par Laboratoire des sciences et technologies de la défense [Dstl] et doté de 100 millions de livres sterling, le système DragonFire a été développé par MBDA UK, Leonardo UK et QuinetiQ. Quelques semaines après le succès de sa première campagne d’essais, la Royal Navy fit savoir qu’il équiperait ses navires de surface en 2027, soit cinq ans plus tôt que prévu. Mais encore fallait passer une commande. Ce qui vient d’être fait, après de nouveaux tests.

En effet, ce 20 novembre, le MoD a annoncé la notification à MBDA UK d’un contrat d’une valeur 316 millions de livres sterling [359 millions d’euros] pour la livraison d’un nombre non précisé de systèmes DragonFire destinés à la Royal Navy.

Selon le MoD, lors de ses derniers essais le système DragonFire a été en mesure de suivre et d’abattre des drones volant à 650 km/h – soit à une vitesse deux fois plus élevée que celle d’une Formule 1.

« Le système laser coûte seulement 10 livres sterling par tir et il est suffisamment précis pour atteindre une pièce de 1 livre à un kilomètre de distance. C’est une méthode plus économique que les systèmes de missiles traditionnels, dont le coût se chiffre en centaines de milliers de livres par tir », a fait valoir le MoD, qui ne s’est toutefois pas attardé sur les limites d’une telle arme à énergie dirigée, son efficacité pouvant être affectée par plusieurs factures, à commencer par les conditions météorologiques.

Quoi qu’il en soit, un premier système DragonFire sera installé à bord d’un « destroyer » de Type 45 d’ici 2027.

Il sera « le premier système laser de haute puissance à entrer en service dans un pays européen et il représente l’un des programmes d’armes à énergie dirigée les plus avancés de l’Otan », s’est enorgueilli le MoD.

« MBDA UK travaillera en partenariat avec QinetiQ et Leonardo UK pour développer cette capacité, qui sera mise en œuvre cinq ans plus tôt que prévu et qui fera l’objet d’améliorations continues », a-t-il conclu.

En France, après le succès de l’expérimentation du système Helma-P pour la lutte antidrone [LAD], la Direction générale de l’armement a récemment notifié la commande d’un » démonstrateur de laser de forte puissance » à un consortium formé par MBDA, Safran Electronics and Defense et CILAS, dans le cadre du programme SYDERAL [Système Laser de Défense de Nouvelle Génération]. L’objectif est qu’il soit prêt à équiper les forces armées avant 2030.

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Ayant déjà été commandé par l’Allemagne, la Norvège, les Pays-Bas, la République tchèque, la Suède, la Croatie ou encore la Lituanie, le char Leopard 2A8 jouait l’arlésienne jusqu’à présent. En clair, il faisait beaucoup parler de lui sans se montrer. Ce n’est désormais plus le cas.

En effet, lors d’une cérémonie présidée par Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, à Munich, le 19 novembre, KNDS Deutschland a officiellement dévoilé le Leopard 2A8 ainsi que la dernière version de l’obusier automoteur [chenillé] Panzerhaubitze 2000 [ou PzH2000 A4]. Un événement à marquer d’une pierre blanche car aucun char Leopard 2 n’a été produit pour la Bundeswehr depuis 1992, les exemplaires actuellement en service ayant été modernisés au fil du temps.

Dans le détail, le Leopard 2A8 reprend en grande partie les caractéristiques du standard Leopard 2A71. Il s’en différencie par son prix – 20 millions d’euros l’unité – et par l’intégration du système de défense active [APS] « Trophy », fourni par le groupe israélien Rafael, d’une conduite de tir améliorée, d’un nouveau périscope pour le chef de char ainsi que par une vétronique et une optronique modernisées. En outre, il est doté d’une unité auxiliaire d’une puissance de 20 kWh afin de lui permettre à ses systèmes de fonctionner quand son moteur est arrêté.

Cela étant, le canon Rheinmetall L55 A1 de 120 mm reste inchangé. D’une portée maximale de cinq kilomètres, il peut tirer des obus DM73 et des obus explosifs à fragmentation DM11.

Pour rappel, un système de protection active détecte et détruit un projectile [missile, roquette, obus] avant son impact contre un char [ou un blindé]. Pour le Leopard 2A8, il s’agit de l’évolution la plus notable. En tout cas, la Bundeswehr insiste d’autant plus particulièrement sur ce point que le retour d’expérience de la guerre d’Ukraine démontre qu’un tel dispositif est indispensable.

« C’est un grand jour pour la Bundeswehr et pour la sécurité en Europe », a commenté M. Pistorius, estimant que le Leopard 2A8 et le PzH2000 A4 étaient deux « systèmes indispensables aux capacités futures de l’armée allemande [Heer].

Cela étant, le ministre a appelé les industriels à produire encore plus vite pour réduire encore les délais de livraison et souligné la nécessité de mettre en place des chaînes d’approvisionnement plus résilientes. « Nous devons redoubler d’efforts », a-t-il dit.

« La Bundeswehr a besoin de systèmes modernes et performants. L’Europe a besoin de partenaires fiables. Et nous avons tous besoin d’une industrie capable de fournir des produits rapidement, efficacement et avec une qualité irréprochable », a encore insisté M. Pistorius.

Selon la Bundeswehr, les premiers Leopard 2A8 [sur les 123 commandés, ndlr] lui seront livrés en 2027, afin de lui permettre d’équiper la 45e Brigade blindée de la Heer stationnée en Lituanie. Au total, elle devrait compter 430 chars [toutes versions confondues] à l’horizon 2030. Voire davantage car le ministère allemand de la Défense envisage de commander 75 exemplaires de plus. D’où les commentaires de M. Pistorius sur la nécessité de produire plus et plus vite.

Mis en service au sein de l’Aéronautique navale il y a plus de trente ans, l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 est un véritable « couteau suisse ». Conçu pour « chasser » les sous-marins et protéger les approches maritimes, en particulier celle de la base de l’Île-Longue, qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la Force océanique stratégique [FOST], cet appareil a pris part à presque toutes les opérations extérieures de ces dernières années.

En effet, grâce à ses capteurs et à son autonomie [14 heures de vol], l’Atlantique 2 peut assurer des missions ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance], coordonner des raids aériens [SCAR-C pour Strike coordination and reconnaissance – coordinator], en dresser le bilan [BDA – Battle Damage Assessment] et même effectuer des frappes au sol avec les quatre bombes GBU-12 qu’il peut emporter dans sa soute.

Aussi, ayant franchi le seuil des 20 000 heures de vol en 2022, la flotte des Atlantique 2 [dix-huit appareils encore en service sur vingt-huit livrés] est fortement sollicitée… ce qui n’est pas sans conséquence sur sa disponibilité, laquelle a été amoindrie au moment de son passage au standard 6.

Pour rappel, cette opération a consisté à traiter les obsolescences et à intégrer de nouveaux équipements [calculateur tactique, capteurs, optronique, consoles de visualisation des opérateurs, radar à antenne active Searchmaster, sous-système de traitement acoustique numérique de dernière génération STAN, interrogateur IFF TSA2542 et logiciel de mission LOTI].

Si la mise en service opérationnel [MSO] de ce standard 6 de l’Atlantique 2 a été signée en novembre 2022, le chantier « capacitaire » s’est poursuivi par la suite, ce qui a dû jouer sur le disponibilité de la flotte [mais, faute de données disponibles, on ne peut que le supposer].

Cela étant, en 2015, le chef d’état-major de la Marine nationale s’était inquiété du faible taux de disponibilité des Atlantique 2, celui-ci s’étant élevé à seulement 25 % à l’époque. « La rénovation engagée les accapare, tandis que la surchauffe opérationnelle, au Sahel et en Irak, explique également ce faible taux. Moins les avions disponibles sont nombreux, plus vite ils s’usent dans des rotations », avait-il alors expliqué.

Cinq ans plus tard, selon les objectifs et indicateurs de performance publiés par le ministère du Budget, une légère amélioration fut constatée. « La disponibilité de l’Atlantique 2 présente une tendance à l’amélioration, même si la flotte reste sujette à différents aléas techniques conjugués aux difficultés d’adaptation au standard 6 », avait-il été avancé.

Depuis, la situation n’a que très peu évolué. En tout cas, c’est le constat établi par le député Yannick Chenevard, rapporteur pour avis du programme 178 « Préparation et emploi des forces – Marine ».

« S’agissant de la disponibilité des avions de guet aérien, de patrouille et de surveillance maritime, après une légère amélioration depuis 2020, celle-ci stagne en raison d’aléas techniques subis par les flottes des Atlantique 2 et de Falcon 50M, imputables à la corrosion et au vieillissement des cellules ainsi qu’à des chantiers capacitaires entraînant des immobilisations prolongées », a en effet indiqué le rapporteur.

« Un groupe de travail agrégeant les acteurs étatiques et industriels a été mis en place depuis l’été 2023 pour traiter les fragilités identifiées sur la disponibilité des Atlantique 2 », a-t-il ajouté. Pour autant, grâce aux marchés verticalisés, la situation devrait s’améliorer.

« La poursuite de la montée en puissance des marchés verticalisés [marché CALIPSO pour les flottes FALCON et marché OCEAN pour la flotte Atlantique 2], la fin des chantiers de rétrofit Atlantique 2 et de modification ‘TRITON’ des F50M, combinés aux plans d’action en cours, devraient permettre de rehausser la disponibilité en 2025 et 2026 », a fait valoir M. Chenevard.

Et il n’y a pas de raison que cela ne soit pas le cas, au regard des résultats du contrat verticalisé RAVEL notifié par la Direction de la maintenance aéronautique [DMAé] à Dassault Aviation.

« La disponibilité des Rafale M s’est nettement redressée grâce à la montée en puissance du marché de soutien verticalisé RAVEL, qui a notamment permis de baisser le nombre d’aéronefs en attente d’avis techniques de la part de l’industriel », s’est félicité le député. Seulement, a-t-il prévenu, « tout en restant à un haut niveau, la performance de l’agrégat restera néanmoins sous tension jusqu’en 2026, compte tenu des chantiers capacitaires de mise progressive au standard F4 et du vieillissement de la flotte [chantier 5000 heures de vol].

Les propos du chef d’état-major des armées au congrès des maires ont surpris. Derrière la polémique se pose la question de l’intensité d’engagement à laquelle la nation est prête

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