Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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October 1, 2013 7:18 PM
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Une lettre d'Ariane Mnouchkine à la nouvelle promotion de l'ENSATT

Une lettre d'Ariane Mnouchkine à la nouvelle promotion de l'ENSATT | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Ariane Mnouchkine écrit à la promotion de l'ENSATT (comédiens, techniciens, administratifs...) qui vient d'être admise, promotion qui portera son nom :

 



                                Vous en avez de la chance

Vous en avez de la chance, d’être allés à l’école, au lycée, peut-être à l’université, sans restriction, sans quota. 

Vous en avez de la chance, oui, car ce n’est pas partout dans le monde, qu’en ce lundi 30 septembre 2013, de jeunes femmes et de jeunes hommes, semblables à vous pourtant, peuvent se retrouver dans une école de théâtre. 

Sans avoir à vous cacher, sans craindre pour vos jours, sans risquer d’être brûlés vifs, vous en avez de la chance d’entrer aujourd’hui dans cette prestigieuse école de théâtre où vous serez amenés à mimer, à jouer, à incarner des actes venus de sentiments inouïs, purs, obscènes, sublimes, diaboliques, atroces. Humains, quoi. 

Et si, ces sentiments, vous ne les jouez pas, car ce n’est pas le chemin que vous avez choisi, vous, les futurs techniciens, ne pensez pas vous en tirer à si bon compte. Les ponts d’où ils se jetteront, les balcons où ils se suspendront, la tempête qui les échouera, le rivage, la jungle des villes, le cachot du roi, le verger, le son de la hache qui l’abat, le tonnerre des angoisses et des remords, les couchers et levers de soleil, les crépuscules, tout ça, c’est vous. L’oreiller qui étouffe vous le broderez. Le mouchoir aussi. La tunique empoisonnée, vous la taillerez. Le sang vous le ferez couler. Les soleils, les obscures clartés, la lune aphrodisiaque, c’est vous qui les suspendrez.

Alors ne frimez pas, vous les virils, les futurs directeurs techniques, ceux à qui on ne la fait pas, le champ de bataille vous y serez. La bataille, vous la livrerez. Les frissons vous les aurez et les coliques aussi. En tous cas, c’est ce que j’espère pour vous.

Mais, bon sang, pourquoi vous dis-je tout ça ? C’est presque agressif. 

Je vous dis tout ça, parce que j’ai peur. J’ai peur pour vous. J’ai toujours peur qu’on vous empêche d’imaginer, de rêver, de voler. J’ai peur des cyniques, des grossiers, des avachis aux regards désabusés. J’ai peur que quelqu’un, quelqu’une, peut-être même parmi vous, oui, d’abord parmi vous, vous désenchante. Un goguenard et ses packs de bière, une voix criarde et ses sacs en plastique. Des remarques acerbes entre deux clopes. Et c’est fini. The moon is down. En plastique, elle aussi.

Mais qu’est-ce que je suis en train de leur dire…? Tu parles d’une adresse d’accueil ! Sois gentille avec eux. Ils sont jeunes, encourage-les. 

Mais, justement, je les encourage, à ma façon, en leur disant mes inquiétudes et désignant mes ennemis.

Le directeur, celui qui est en train de lire ma lettre, m’a choisie, moi, comme marraine, les professeurs ont accepté, ce n’est pas rien, c’est un honneur, mais c’est surtout une responsabilité. Enorme. Je ne peux pas leur faire un faux salut qui ne dise pas ce que je crois, qui ne nomme pas les outils qu’ils devront absolument posséder et partager pour se lancer dans l’épopée qui, pour eux, commence aujourd’hui. Et qui pour moi commença il y a 55 ans.

Je crois à l’imagination, à la liberté, mais aussi à la ponctualité, je crois à la fantaisie de la parole, mais aussi à la politesse, ce minimum de la ritualisation de notre vie quotidienne.

Je crois à la générosité du jeu et de l’action, mais avant tout je crois à celle de l’écoute. 

Je crois par-dessus tout à l’amitié qui sera votre philtre, votre potion magique.

Je crois que votre école ne doit pas faire de vous des acteurs d’un côté, des techniciens de l’autre, mais des femmes et des hommes de théâtre tout simplement. Une perche, un projecteur, un marteau, une perceuse, un sentiment, une bonne diction, un silence précautionneux, une mélodie, un vers, une échelle bien mise, voilà qui appartient à tous. Vous avez terriblement besoin les uns des autres. Si vous ne voulez pas partager le savoir, la pratique, vous serez moins forts, moins heureux, moins fiers. Je vous assure, je vous assure. 

Je crois que votre école ne doit pas vous préparer à entrer sur le Marché, mais sur l’immense chantier d’un monde meilleur auquel, grâce à votre art, il vous revient d’œuvrer maintenant.

Je crois que toutes les administrations de France, de Navarre et d’Europe doivent cesser d’assortir l’aide qu’elles proposent à la jeunesse avec des cages dans lesquelles vous seriez, par réalisme, contraints d’entrer. Votre école ne doit pas vous enseigner à vous y résigner.

Vous ne devez entrer dans aucune case, aucune cage, vos seules limites sont celles qu’imposent à votre cœur et à votre conscience le respect de l’autre, la Justice, la solidarité et la tendresse humaine.

Je vous embrasse
Ariane

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September 19, 2013 6:02 AM
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Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil - Éditions Les Solitaires Intempestifs

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil - Éditions Les Solitaires Intempestifs | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Ce livre est une invitation au voyage, dans l’univers d’une troupe qui fait le tour du monde, au propre et au figuré. C’est le témoignage d’un spectateur privilégié qui a croisé le monde du Soleil à travers plusieurs fronts, celui des spectacles, mais également celui des combats politiques, pour les sans-papiers, contre le siège de Sarajevo ou pour la reconnaissance du Tibet. Et puis plus récemment, en 2011, durant le tournage du film, Les Naufragés du fol espoir, j’ai pu mesurer la force exceptionnelle de cette troupe, sa détermination, sa générosité, son engagement, et surtout sa cohérence absolue, qui fait durer l’aventure depuis près de cinquante ans.

 

Aux Solitaires Intempestifs, à paraître le 24 septembre

192p. 15,00 €

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September 29, 2013 5:13 PM
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Sihanouk, deuxième époque - le Théâtre du Soleil

Sihanouk, deuxième époque - le Théâtre du Soleil | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Après une Première Epoque en 2011, Georges Bigot et Delphine Cottu créent la Deuxième Epoque de L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge. Un théâtre plus qu’artistique : une aventure humaine d’une immense puissance symbolique. 



C’est en 1985 qu’Ariane Mnouchkine a superbement mis en scène L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge d’Hélène Cixous, qui retrace l’Histoire contemporaine du Cambodge, de son indépendance en 1953 à la fin du régime Khmer Rouge en 1979. En 2011, les comédiens et metteurs en scène du Théâtre du Soleil Georges Bigot et Delphine Cottu ont adapté et recréé la pièce en khmer au Cambodge avec une trentaine de jeunes acteurs cambodgiens issus de Phare Ponleu Selpak. Cette association cambodgienne créée en 1994 réinsère des jeunes en grande précarité grâce à des formations artistiques, et en particulier théâtrales.


« Le théâtre, ça sert à se rencontrer »

Ce fut un grand succès public et critique. Et ce fut la preuve que le théâtre, langage universel, peut permettre à des jeunes ayant connu des histoires très dures de se reconstruire et de s’approprier cette histoire tragique. Ces jeunes ont désiré apprendre et ont appris énormément, jusqu’à faire la preuve de leur talent. « Ça a pris beaucoup de temps », souligne Delphine Cottu. « Le théâtre, ça sert à se rencontrer », dit Georges Bigot. La Première Epoque s’achève en 1970, et la Deuxième, commençant au mois de novembre 1970, fait entrer sur scène les Khmers rouges, et relate les terribles massacres qui ont suivi la prise de Phnom Penh le 17 avril 1975. Alors que le Prince est exilé à Pékin, le Cambodge est « tout perdu ». « Cette époque est déchiquetée, cette nation est mise en pièces. Le théâtre a mission de les rassembler… » est-il écrit dans le Prologue de cette Deuxième Epoque. En 2011, les acteurs avaient promis : « nous reviendrons… »

 

 

Agnès Santi pour le journal La Terrasse


du 3 octobre 2013 au 26 octobre 2013

Théâtre du Soleil
cartoucherie, route du champ de manoeuvre 75012 Paris.Théâtre du Soleil, Cartoucherie, 75012 Paris. Du 3 au 26 octobre, du mercredi au vendredi à 19h30, Première ou Deuxième Époque, en alternance, |durée 3h30, le samedi (sauf le 26) à 15h et à 19h30, Première et Deuxième Époque, le dimanche (et le samedi 26 octobre) à 13h : intégrale, durée 7h. Tél : 01 43 74 24 08.


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