Revue de presse théâtre
2.6M views | +58 today
Follow
Revue de presse théâtre
LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
Your new post is loading...
Your new post is loading...

Quelques mots-clés

Current selected tag: 'Ariane Mnouchkine'. Clear
Scooped by Le spectateur de Belleville
November 9, 2021 3:51 AM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine : « J’ai toujours l’impression que l’art du théâtre me fuit »

Ariane Mnouchkine : « J’ai toujours l’impression que l’art du théâtre me fuit » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Propos recueillis par Fabienne Darge dans Le Monde - 8-11-21

 

 

Ariane Mnouchkine, le 21 février 2018, à la Cartoucherie de Vincennes. RICHARD DUMAS POUR « LE MONDE »

 


A la Cartoucherie de Vincennes, en plein cœur du bois du même nom, le Théâtre du Soleil s’est rhabillé aux couleurs du Japon pour présenter sa nouvelle création, L’Ile d’or. Ariane Mnouchkine, qui a fêté ses 82 ans en mars, raconte la genèse de ce spectacle.

 

Comment est née cette nouvelle création ?

De l’envie de revenir au Japon, et à son théâtre. Au départ, toute la troupe devait partir pour un mois, en mars 2020, sur l’île de Sado, qui est un concentré du Japon et de sa culture. On devait commencer à y travailler sur le spectacle, qui n’avait évidemment strictement rien à voir avec la pandémie. Nous avons dû annuler ce voyage, bien entendu.

Ce désir de revenir au Japon est-il lié au voyage que vous avez effectué en Asie en 1964, et qui a été fondateur pour vous ?

Oui, bien sûr. Ce voyage, véritablement initiatique, c’est ma boîte à outils, mon trésor, mon garde-fou. Je dirais que c’est un « passé but », un passé qui reste un objectif. Ce n’était pas un apprentissage mais une construction. Ce voyage a guidé ma vie artistique tout du long : les éblouissements que j’y ai éprouvés, toute jeune femme, m’ont toujours servi d’objectifs. Comme si ces moments vécus devenaient des moments à vivre et à faire vivre.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés Le Théâtre du Soleil à l’heure du Japon

Ce qui m’a profondément marquée, au Japon comme en Inde, c’est la mise en forme de la vie quotidienne, pour moi si révélatrice de ce qu’est un art permanent. Ces gestes millénaires nécessaires, efficaces à la vie quotidienne, mais qui sont inconsciemment ritualisés, mis en forme, et donc où la beauté est présente. C’était le cas chez nous aussi, dans un passé plus ou moins lointain, mais cela s’est cassé, abîmé… Là-bas, le théâtre était déjà dans la vie, puisque je voyais de la forme, de la poésie, dans cette vie de tous les jours.

Vouliez-vous surtout travailler des formes du théâtre japonais ? Ou ce théâtre, qui est plus ritualisé, convenait-il à l’histoire que vous vouliez raconter ?

Je ne savais pas trop quelle histoire je voulais raconter. Je ne le sais jamais très bien au départ. Je propose aux comédiens un thème, ou plutôt une route, un voyage. Ce que je sais, au départ d’une création collective, c’est avec quels maîtres je voudrais que les comédiens travaillent. Un maître, ce n’est pas quelqu’un qui nous oblige ; c’est quelqu’un qui nous attend, pour nous donner quelque chose, de manière très généreuse.

« Ce qui m’a marquée au Japon, c’est la mise en forme de la vie quotidienne, si révélatrice de ce qu’est un art permanent »

C’est donc, beaucoup, une histoire de rencontres. Des rencontres ont été décisives, dans cette exploration du nô, du kabuki et du kyogen. Celle de Kinué Oshima, qui est une très grande actrice de nô, une des premières et très rares femmes à s’illustrer dans cet art, et avec qui le travail a été merveilleux. Et rencontre, aussi, avec le théâtre zenshin-za pour le kabuki, et avec Tadashi Ogasawara et son fils, Hiroaki Ogasawara, pour le kyogen.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans le kyogen, ce théâtre moins connu en France que le nô et le kabuki ?

C’est une forme de théâtre extraordinaire, qui se situe à l’intérieur du nô : c’est du nô comique. Pour moi, cela a été une découverte incroyable. Parce qu’au fond le nô est devenu une forme lointaine, presque abstraite, souvent ennuyeuse, il faut le dire. Qu’allait-on pouvoir tirer de cette forme ? Qu’est-ce qu’elle pouvait nous apprendre comme bases théâtrales ? C’est là que la rencontre avec Kinué Oshima a été fondamentale : cette femme s’est révélée d’une compréhension, d’une générosité, d’une perspicacité formidables sur ce qui était universel entre le nô et nous.

 

 

Lire l’entretien avec Ariane Mnouchkine (en 2018) : Article réservé à nos abonnés « La censure se glisse partout, dans la trouille surtout »

Quel est-il, ce point de rencontre ?

Au fond, les lois fondamentales du nô sont celles du théâtre. Derrière l’évolution de cette forme, qui était devenue un théâtre de cour extrêmement formel, au rythme beaucoup trop ralenti, il y a évidemment autre chose. Kinué Oshima a réussi à nous faire sentir, comprendre, par le geste, ce qui en fait le cœur et qui est la base de tout théâtre : la sincérité, la profondeur du sentiment, la pureté du geste, l’économie totale, le non-histrionisme… La beauté, en un mot. Et cela nous a guidés sur tout le spectacle, y compris sur le reste qui n’est pas du nô du tout…

L’envie était-elle donc de retrouver un art du théâtre à travers les différentes formes du théâtre japonais ?

Quand on travaille, au Soleil, c’est toujours dans le but de retrouver l’art du théâtre, dont j’ai constamment l’impression qu’il me fuit. Je pense que c’est un art qui s’échappe, qui est comme un enfant espiègle, qui est là, mais qui te dit que si tu veux l’attraper, tu vas devoir sacrément bosser…

C’est incroyable que ce soit vous qui disiez cela…

Tous les jours de répétition, tous, j’arrive en me demandant si le théâtre va revenir ou si on va avoir une journée sans théâtre. Car il y a des jours sans théâtre, des semaines parfois. Les mots et les mouvements sont là. Parfois, même, c’est plutôt bien ce qui se passe, le rire est là mais l’émotion n’y est pas, et donc le théâtre non plus. On sait très bien, avec les comédiens, qu’on a travaillé, avancé même, mais qu’il n’y a pas eu de vrai théâtre. Et un jour, de nouveau, il veut bien être là. C’est-à-dire quelque chose qui est au-delà. On pourrait le définir ainsi : c’est quand on voit plus que ce qu’on voit.

 

 

 

« Ce n’est pas notre métier de rester collé au réel. Notre métier, c’est de trouver la métaphore, ce qu’on ne voit pas »

 

 

 

Quand je ne vois que ce que je vois, ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas de l’art : c’est une histoire, c’est de l’image, et ça s’arrête là. Ce que je sais, c’est que je ne sais pas… Que le théâtre nous trompe, se fait désirer. C’est pour cela que nous avons décoré le hall du Soleil avec ces magnifiques dessins de lions d’Hokusai : cet homme a passé son temps à dire qu’à 90 ans il saurait peut-être enfin dessiner, alors qu’il était l’un des plus grands dessinateurs de tous les temps.

Le contexte de la pandémie de Covid-19 a-t-il impacté la création du spectacle ?

Il a joué beaucoup, bien sûr, même si le spectacle n’est pas devenu l’histoire d’une pandémie, Dieu merci ! Mais, évidemment, cet événement a chamboulé nos corps et nos âmes, et cela suinte dans le spectacle, à travers les états, les émotions. Même si ce que l’on ressent, c’est que l’on a été hyperprivilégiés, au Soleil, parce qu’on avait un lieu, de l’espace, du temps pour répéter, et qu’on a réussi à ne pas tomber malades – à part moi, qui ai attrapé le Covid en mars 2020. On n’a pas subi la solitude, l’horreur vécue par certaines personnes âgées notamment, qui se sont retrouvées vraiment isolées, à subir des décisions idiotes et inhumaines de la part du gouvernement.

 

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés Les Indes joyeuses d’Ariane Mnouchkine

A quoi faites-vous allusion ?

Aux Ehpad fermés à double tour, aux restrictions sur les enterrements… Laisser mourir les gens dans la solitude et la tristesse, c’est d’une hypocrisie ! On était dans la tartufferie la plus complète. Et quant à l’interdiction de se réunir pour les enterrements, c’est une chose que je ne pardonnerai jamais à Edouard Philippe. Ce sont des décisions de gens hors-sol. Sans compter les mensonges sur les masques… Mais ce que j’espère, par rapport à ce que nous avons traversé, c’est que notre spectacle fait du bien. Il n’est pas là pour accabler, mais pour apporter ce que peut le théâtre : redonner de la lumière, redonner des forces, redonner confiance.

Comment fait-on, dans une période pareille, pour ne pas rester trop scotché au réel ?

On travaille et on s’interdit de rester scotché. Ce n’est pas notre métier de rester collé au réel. Notre métier, c’est la distance, la bonne distance. De trouver la métaphore, ce qu’on ne voit pas. De se garder de toute opinion, de tout cliché, des premiers mots qui arrivent et qui sont toujours de bois. La langue de bois est toxique, contaminante. Il faut se laver de tous ces miasmes, ces tics verbaux qui nous ont particulièrement envahis pendant cette période. Je trouve que notre langue se vautre de plus en plus : nous ne parlons pas, nous répétons. On a subi pendant cette période une langue technocratique effrayante, terriblement révélatrice de qui la parle. Et d’ailleurs, dans le spectacle, il y a un curieux travail sur la langue que l’on n’attendait pas du tout, mais qui est arrivé de lui-même.

Comment est intervenue l’autrice Hélène Cixous sur cette création ?

Hélène Cixous intervient, comme toujours, en tant que regard à la fois intérieur et extérieur, bienveillant et compétent. Elle nous accompagne, nous révèle ce que parfois nous n’avions même pas vu que nous étions en train de faire. Et certaines scènes, et pas des moindres, ont été écrites par elle.

Revenons à votre île. Est-ce Sado ou une île imaginaire ?

Elle est très inspirée de Sado, qui est une île magique, parce qu’elle a été, pendant très longtemps, un lieu d’exil pour les intellectuels et les artistes, et notamment pour Zeami, le très grand auteur de nô du XIVe siècle. A Sado, on compte encore aujourd’hui plus de trente théâtres de nô, professionnels ou amateurs. Mais notre île est imaginaire : elle s’appelle Kanemu-Jima, ce qui veut dire « l’île d’or » ou, plus précisément encore, « l’île aux rêves d’or ».

Que représente-t-elle ?

Ce que le public veut qu’elle représente… Pour nous, c’est le pays de l’art, certainement, de la lutte pour la beauté. Un pays de plus en plus menacé. De ce point de vue comme sur beaucoup d’autres, la pandémie a servi de fusée éclairante à une situation déjà existante.

 

 

L’Ile d’or, une création collective du Théâtre du Soleil. Mise en scène : Ariane Mnouchkine. Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, 2, route du Champ-de-Manœuvre, Paris, 12e. Tél. : 01-43-74-24-98. Du mercredi au vendredi à 19 h 30, samedi à 15 heures, dimanche à 13 h 30, jusqu’en juin. De 15 à 35 €.

Bientôt 60 ans de Théâtre du Soleil
 
 
 

Le 29 mai 1964, Ariane Mnouchkine s’installe dans une ancienne cartoucherie de l’armée, au cœur du bois de Vincennes, et crée le Théâtre du Soleil, avec quelques compagnons de route - Philippe Léotard, Jean-Claude Penchenat, Martine Franck, Gérard Hardy… Une aventure hors du commun, qui a vu se succéder des spectacles mythiques, créations collectives ou adaptations de textes du répertoire, de 1789 et 1793 à L’Age d’or, des Shakespeare aux Atrides, de L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge, à L’Indiade ou l’Inde de leurs rêves, de La Ville parjure au Dernier Caravansérail, de Tartuffe à Macbeth, des Ephémères à Une chambre en Inde. Ces dernières années, Ariane Mnouchkine est revenue tour à tour aux piliers de sa vie et de son théâtre : Shakespeare, l’Inde et le Japon, dans son île enchantée au milieu des bois.

 

 

Fabienne Darge

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
October 7, 2021 6:34 PM
Scoop.it!

L’Île d’Or, création collective du Théâtre du Soleil en harmonie avec Hélène Cixous, mise en scène Ariane Mnouchkine 

L’Île d’Or, création collective du Théâtre du Soleil en harmonie avec Hélène Cixous, mise en scène Ariane Mnouchkine  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Agnès Santi dans La Terrasse - 29 septembre 2021

 

À partir de leur escale au Japon, Ariane Mnouchkine et les siens créent L’Île d’Or, utopie imprégnée des chagrins et des colères de l’époque, célébrant la vie autant que  le théâtre. Une création à découvrir au Théâtre du Soleil à compter du 3 novembre.

 

« Qu’on nous donne une île et sans tarder nous créerons un nouveau monde. » écrit Hélène Cixous le 11 mars 2021, mois de confinement et restrictions au plus fort de la crise sanitaire. Une fois de plus, suite à une phase de recherche et de mûrissement, le Théâtre du Soleil fait naître une création, trace avec ténacité son chemin de vérité et de liberté, qui tente « d’éclairer le chaos du monde et d’illuminer les nids et les coins de bonheur et de promesse. » Cette Ile d’Or se trouve dans les eaux du Japon, où Ariane Mnouchkine a voyagé toute jeune, où elle fut subjuguée par la prestation d’un jeune acteur sur une scène minuscule du quartier Asakusa à Tokyo, illuminée aussi par un Nô en plein air à Kobe qui la laissa « foudroyée par la puissance, la splendeur, la majesté d’une telle forme. » C’est ce qu’elle a notamment confié lors de son discours de réception du prestigieux  Kyoto Prize Arts et Philosophie qui lui fut décerné en 2019.

 

L’or du cœur comme moteur politique

Comme l’Inde bien sûr et comme Bali, le Japon est habité par l’esprit du théâtre. « Il y a là tout ce qu’il faut à la Grande Cérémonie : Sado, une petite île, scène des exils, des bannissements et relégations, expulsions, pertes du paradis, enfer bientôt renversé en son contraire, et alors scène des sublimations, mines d’un or qui dit aussi l’or du cœur. » Des intellectuels furent ainsi exilés sur l’île de Sado, de même que le célèbre acteur de théâtre Nô Zeami Motokiyo (1363-1443). Plus tard, en 1601, un filon d’or y fut découvert et exploité. Rare et précieux, indifférent aux dogmes et aux modes, le Théâtre du Soleil est aussi à Paris abrité sur une île, un refuge forgé en toute indépendance, vivant au rythme de créations nées de voyages tutélaires. Comparé souvent à un esquif, entraîné par un « élan amoureux », le Théâtre du Soleil n’est jamais dans le commentaire ou l’explication de son action. Il est tout simplement. Il est et il fait, nourri d’une multitude de mémoires, de désirs, irrigué par l’énergie et la détermination de tous ceux et celles qui le façonnent. Ariane Mnouchkine est le capitaine du navire, qui cette fois a fait escale au Japon.

 

Agnès Santi

 

L’Île d’Or
du Mercredi 3 novembre 2021 au Jeudi 5 mai 2022
Théâtre du Soleil
Cartoucherie, Route du Champ de manœuvre, 75012 Paris.

À partir du 3 novembre 2021. Tél : 01 43 74 24 08.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
January 4, 2021 11:57 AM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine sur le vaccin : “Ministres, n’êtes-vous donc pas prêts ?”

Ariane Mnouchkine sur le vaccin : “Ministres, n’êtes-vous donc pas prêts ?” | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Tribune d'Ariane Mnouchkine publiée sur Telerama.fr le 3 janvier 2021

 

 

[TRIBUNE]

La directrice du Théâtre du Soleil ne comprend pas la lenteur et les atermoiements du gouvernement en matière de vaccination contre le Covid-19. Elle le fait savoir dans cette tribune, qui fédère déjà plusieurs milliers de signatures, et en attend bien d’autres...

 

Ministres, n’êtes-vous donc pas prêts ? Et votre chef ? Au bout d’un an de ratages, d’appauvrissement, de pertes, d’humiliations, de souffrances, de morts, vous n’êtes toujours pas prêts ?!

Alors qu’en Allemagne et au Royaume Uni, au Danemark, dans toute l’Europe, les campagnes de vaccinations enregistrent des patients par milliers, en France, la patrie de Pasteur, nous comptons à peine quatre centaines de personnes âgées vaccinées. Et deux ou trois médecins, alors que tous les soignants de France et de Navarre devraient l’être avant tout le monde.

 

Pourquoi ? Que se passe-t-il ?

À vous écouter les Français seraient trop sceptiques, trop hésitants, bref, trop anti-vaccins.

 

Avez-vous donc si peur des Français que vous régliez ainsi votre pas sur les plus craintifs ou, plutôt, sur les plus soupçonneux d’entre nos concitoyens échaudés par vos mensonges et qu’aujourd’hui, vous poussez à la crainte par vos bobards obstinés et votre pusillanimité incompréhensible ?

 

Allez-vous vraiment vous abriter longtemps derrière ceux qui, par votre faute, restent indécis ? Ne voyez-vous pas que votre tiédeur suspecte nourrit les thèses obscurantistes les plus nocives, les plus vénéneuses.

 

Que ceux qui ne veulent pas se faire vacciner ne le fassent pas, c’est leur droit, mais en leur nom, allez-vous prétendre empêcher les volontaires de le faire au plus vite alors que, ce faisant, nous protègerions jusqu’aux plus rétifs des anti-vaccins, qui le savent bien d’ailleurs.

 

Pensez-vous vraiment pouvoir nous rejouer la petite musique de mars contre les masques ? Non ? Alors, faites votre métier, arrêtez de jouer de la flûte. Faites votre devoir. Organisez cette campagne de vaccination comme il se doit pour que nous, artistes de tous ordres, grands et petits restaurateurs, cafetiers, bistrotiers, boutiquiers, étudiants, professeurs, docteurs, infirmières, brancardiers, pompiers, policiers, caissières, athlètes, personnes âgées, nous puissions faire le nôtre et partager à nouveau ce qui s’appelle le bien commun, pour certains en ouvrant leurs théâtres, leurs cinémas, leurs restaurants, leurs boutiques, leurs bars, leurs gymnases, leurs universités, leurs bras. Pour d’autres, en cessant de surveiller nos cabas, nos déplacements, nos verres, nos fêtes, nos places et nos rues et en retrouvant leurs vraies missions de gardiens de la paix.

 

Ministres français, vous tremblez ? Et votre chef. Alors que, avec une incroyable promptitude, inespérée il y a encore quelques semaines, des savants du monde entier, ont, grâce à leur travail acharné, déposé en vos mains l’arme nécessaire et, bientôt, suffisante, pour vaincre le virus et libérer le pays de cet occupant dévastateur, vous tremblez ?! Alors partez. Démissionnez. Nous avons besoin de gens courageux, compétents, respectueux de leurs concitoyens.

 

Eh bien, qu’attendez-vous ? Vous voulez des suicides, des émeutes ? Des suicides, il y en a déjà. Quant aux émeutes, elles brûlent dans beaucoup de cœurs. Des cœurs pourtant bien sages d’habitude.

Signataires…

Si vous souhaitez co-signer cette tribune, envoyez votre nom et profession à : colere@theatre-du-soleil.fr

Ariane Mnouchkine (metteuse en scène, directrice du Théâtre du Soleil)
Christophe Rauck (metteur en scène directeur du Théâtre de Nanterre)
Hélène Cixous (écrivain)
Simon Abkarian (acteur et auteur metteur en scène)
Isabelle van Poorten ( médecin à Nantes)
Véronique Driancourt-Maillet (médecin à Thonon les Bains)
Stéphane Ricordel (co-directeur du théâtre Le Monfort et du Festival Paris-l’Été)
Laurence de Magalhaes (co-directrice du Théâtre Le Monfort et du Festival Paris-L’Été)
Alain Françon (metteur en scène)
Frederic Fisbach (metteur en scène)
Anne Coterlaz (directrice de production)
Jean Bellorini (metteur en scène directeur du TNP de Villeurbanne)
Cécile Garcia Fogel (comédienne)
Francis Peduzzi (Directeur du Channel Scène nationale)
Patricia Lopez (attachée de presse).
Martial Jacques (comédien)
Dominique Jambert (comédienne)
Vincent Mangado (comédien)
Georges Bigot (comédien, metteur en scène)
Alexandre Zloto (comédien , metteur en scène)
Françoise Berge (psychothérapeute)
Liliana Andréone (attachée de presse)
Samir Abdul Jabbar Saed (comédien)
Myriam Azencot (comédienne)
Taher Mohd Akbar (comédien)
Hélène Cinque (comédienne)
Andréa Marchand (comédienne)
Tania de Montaigne (journaliste et auteure)
Sylvain Creuzevault (metteur en scène)
Jean-Louis Martinelli (metteur en scène)
Daniel Cohn-Bendit (ex député européen)
Clémentine Marmey
‌Denys Laboutière (comédien, dramaturge)
Louise Marchand (psychologue)
Nicolas Jones Gorlin (auteur, scénariste)
Michel Peteau (musicien)
Jean-Marie Soulard (ingénieur)
Christophe Cotteret, (réalisateur documentaire)
Bernard Bretonnière , (écrivain)
Christian Bouillette
Anne Raymond (comédienne)
Nathalie Hammad (éducatrice spécialisée)
Georges Hanouna (producteur)
Dominique Varda (agent artistique)
Christian Bouillette (comédien)
Brigitte favier (retraitée)
Julien Championnet (directeur de la Clef des Chants, Décentralisation Lyrique Hauts-de-France)
Niki Noves (chorégraphe, directeur artistique)
Arnaud Clappier (cinéma Utopia,Toulouse)
Laporte Thierry (médecin cardiologue du Sport Bordeaux
Danièle Saint-Bois (écrivain)
Antoine Lucciardi (comédien, Rouen)
Sébastien Mossière (auteur, comédien)
Didier Salzgeber (Cooperateur culturel)
Jérôme Batteux (auteur et metteur en scène)
Pierre Richard
Julian Julien (compositeur et musicien)
Stephane Aznar (cadre dans l’édition)
Marie Genin (productrice de la société FOLAMOUR)
Nicole Regin (retraitée)
Sylvie Ferro (écrivain et metteur en scène)
Pierre Jammaron (retraité)
Marc Herissant (ouvrier)
Antoine de La Morinerie (comédien et professeur d'art dramatique)
Caroline Chaumont (danseuse)
Jos Verdier (retraitée de la fonction publique)
Paul Platel (acteur et auteur metteur en scène)
Philippe Lienard (retraité de la fonction public)
Annick Hemon (chanteuse)
Denise Deléglise (retraitée)
Corine Grosclaude (directeur régional industrie)
Catherine Allali (psychologue)
Marina Foïs (actrice)
Lotus Eddé Khouri (danseuse,chorégraphe)
Jean-Christian Marcovici (comédien)
Denise Broussin (médecin radiologue, privé)
Laurent Klein (bistrotier)
Jean-Claude Lallias (Conseiller Théâtre à la délégation Arts et Culture, Réseau-canopé, Ministère de l’Education nationale)
Marie-France Ponczner (retraitée, présidente des cies Bottom (théâtre) et Rualité (dance))
Anne de Amézaga (co-directrice Compagnie Louis Brouillard)
Fiammetta Namer (professeur des universités, Université de Lorraine)
Guy Allali (dentiste)
André Bonnin (retraité de la marine marchande)
Marie-Françoise Bellamy
Francisco Cabello (comédien musicien)
Martine Fargeix (retraitée)
Grégoire Blanchon (comédien et chanteur)
Chantal Roche (responsable clientèle Air France)
Isabelle Lutter (Illustratrice)
Mickaël Délis (comédien, metteur en scène)
François-Henry Rainson (scénographe – plasticien)
Nolwenn Demassard (tour manager et agente)
Anne Amichot (médecin généraliste)
Kalifornias Estates (retraité, regisseur)
Alexia Guarinos (responsable éditoriale)
Caroline Leobet (graphiste)
Amaya Urtizverea (retraite de la production cinéma)
Thierry Thieu Niang (chorégraphe)
Stéphanie Midroit (restauratrice, Chabert et fils Lyon)
Aliette Abert (professeur de lettres retraitée)
Michèle Poncet (théâtre amateur)
Maurice et Chantal RICHARD (hôteliers restaurateurs)
Gladys Marciano (scénariste)
Allaoua Bakha (ancien directeur de centre socio-culturel, enseignant Université Jean Monnet)

 

Premiers noms sur une longue liste mise à jour en temps réel, à consulter sur le site de Télérama

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
May 30, 2020 6:45 PM
Scoop.it!

Des nouvelles du théâtre du Soleil 

Des nouvelles du théâtre du Soleil  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur la page Facebook du Théâtre du Soleil - 30-05-2020

 

Pendant ces deux derniers mois, nombre d’entre vous se sont souciés de nous, ont demandé de nos nouvelles et nous ont écrit leur estime, leur affection, leur tendresse même. Qu’ils en soient ici tout aussi tendrement remerciés. Leur attention, aussi amicalement exprimée, nous a souvent tenu lieu de main secourable.

 

Eh bien, sachez-le, nous sommes là. Au Théâtre du Soleil. Avec nos flacons de gel, notre savon, nos visières, nos masques en tissus, faits maison, depuis longtemps, en dépit des imbéciles préconisations gouvernementales, subissant, paraît-il, celles de doctes mandarins.


Ne revenons pas là-dessus. Enfin, pas pour l’instant.

Nous sommes là. Ou, plus exactement, une première équipe est là, qui a commencé. Elle organise l’arrivée du reste de notre petite tribu. Nous allons circuler, travailler, construire, manger, et enfin, répéter, en respectant les préconisations de bon sens contre une contamination éventuelle.

 

Nous sommes là. Nous pensons beaucoup à vous. Comment vont-elles ? Comment vont-ils ? Comment va notre public ? Comment se remet-il de cette soumission, de cette impuissance, de cette tristesse, imposées par un virus inconnu – inconnu, certes, mais prévisible et prévu par beaucoup – et par la succession de désastreux choix politiques depuis plus d’un demi-siècle.

 

Nous sommes là. Nous sommes joyeux. Et en colère. Mais ne revenons pas là-dessus. Pas pour le moment.

Nous allons devoir faire preuve, comme tous les autres artistes, comme tous les autres citoyens, de beaucoup de force et de sagesse.

 

De beaucoup de considération les uns pour les autres, de cette considération qui nous a tant manqué ces dernières années. De beaucoup de confiance mais de discernement aussi. De bienveillance et de sévérité.

 

Il ne doit pas s’agir de pilori, mais de vérité et de justice. Mais ne revenons pas là-dessus. Pour l’instant.

 

Sachez donc que nous sommes là. Au travail. Enfin. Et que nous pensons à vous. Nos amis. Avec vos masques, votre gel et votre vigilance protectrice.

 

À bientôt,

 

Ariane Mnouchkine,
le Théâtre du Soleil
.
.
.
© photo Michèle Laurent

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
January 1, 2017 11:38 AM
Scoop.it!

Six coups de théâtre en 2016, un récapitulatif proposé par La Croix

Six coups de théâtre en 2016, un récapitulatif proposé par La Croix | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Didier Méreuze dans La Croix ;



Si tous les spectacles présentés au cours de cette année ne sont pas à marquer d’une pierre blanche, d’autres le sont, inscrits pour longtemps, voire jamais, dans la mémoire du spectateur. En voici six. Spectacles de maîtres, spectacles « pépites », spectacles venus de l’étranger.


+
Rêves et folie, de Georg Trakl

À 93 ans, plus radical, plus en épure que jamais, Claude Régy a invité le public à un long voyage au bout de la nuit d’un auteur autrichien et maudit, décédé en 1917 – Georg Trakl. À travers ce texte aux allures de poème fantastique et fantasque, moins joué que proféré par un acteur en tension absolue, il confronte chacun à un univers tout en fulgurances et en mystères, en visions morbides ou dantesques, là où le conscient et l’inconscient se fondent et se confondent. Plus qu’un spectacle, une expérience qui ne laisse pas indemne. Claude Régy a annoncé qu’il s’agissait de sa dernière mise en scène. On ne veut pas le croire.

> LIRE AUSSI : Rêve et folie, voyage théâtral au bout de soi-même http://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Reve-folie-voyage-theatral-bout-meme-2016-10-04-1200793605


Une chambre en Inde

Conçue à partir d’improvisations, cette nouvelle création « collective » d’Ariane Mnouchkine et de sa troupe résume toutes les interrogations du Soleil depuis sa fondation : comment le théâtre peut-il parler du monde ? Témoigner de ses errements, tout en les combattant – particulièrement à l’heure du terrorisme, des massacres, de Daech ? Comment peut-il en traiter sans « ajouter de la tristesse à la tristesse » ? La réponse est dans ce spectacle dense, riche, enlevé, généreux, porté par une troupe cosmopolite à l’énergie folle, mêlant la danse et le chant au théâtre, traditionnel ou pas. Passant du tragique au comique, au burlesque, au grotesque…, ponctuées d’irruptions de fantômes échappés de l’actualité présente ou passée, des contes et légendes d’antan…, les séquences se succèdent, entre réel et rêve, voire cauchemars conjurés dans un rire « hénaurme » : la plus belle arme d’un théâtre de combat contre l’inespoir, la soumission. Un théâtre de fête, d’utopie et d’humanité.

> LIRE AUSSI : « Une chambre en Inde », le Soleil plus fort que la nuit : http://www.la-croix.com/article/imprimer/Culture/Theatre/Une-chambre-en-Inde-le-Soleil-plus-fort-que-la-nuit-2016-12-08-120080893

► Spectacles « pépites »

La Princesse de Clèves

Loin des grandes salles officielles, il en est de plus petites, plus modestes, dites « alternatives », propices à la découverte de pépites. Tel est le cas de L’Échangeur, à Bagnolet, accueillant le roman de Madame de La Fayette, mis en scène dans son « intégralité » par Magali Montoya. Rarement, sur un plateau de théâtre, une œuvre littéraire n’a-t-elle été donnée à entendre, donnée à vivre, à rêver, à ressentir charnellement dans toute sa profondeur et ses nuances, l’élégance et le raffinement de son écriture – ah, les subjonctifs ! Le spectacle durait huit heures. Il aurait pu durer plus longtemps. On ne se serait pas lassé.

> LIRE AUSSI : Le roman théâtral de la princesse de Clèves http://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Le-roman-theatral-princesse-Cleves-2016-03-23-1200748626

Les Malades, d’Antonio Alamo

Autre pépite, dénichée à La Loge, à Paris : ces Malades, de l’Espagnol Antonio Alamo, revisitant à sa manière les dernières heures de Staline au terme d’une soirée de beuverie. Jeune metteur en scène de 25 ans, Jules Audry s’est emparé hardiment de ce texte, faisant la part belle au grotesque, toute laissant surgir l’effroi devant tant de cynisme, d’arbitraire et de… bêtise. De quoi rire, certes, mais jaune quand s’emballent les jeux pervers du chat et de la souris, du dictateur et de ses sujets. Bien sûr, tout cela est de la vieille histoire. Staline n’est plus et ne sera jamais plus. N’est-il pas ?

> LIRE AUSSI : Le théâtre macabre du Petit père des Peuples

► Spectacles venus de l’étranger

Kings of war et Les Damnés.

Présent en ouverture du festival d’Avignon avec Les Damnés, adapté du scénario du film de Visconti, le Flamand Ivo van Hove était quelques semaines plus tôt, l’invité du Théâtre national de Chaillot avec une autre adaptation toute aussi magistrale, concentrant cet Henri V, Henri VI et Richard III de Shakespeare : Kings of war. Deux spectacles interprétés par la troupe de la Comédie-Française pour le premier, par des comédiens néerlandais pour le second. Deux mises en scène d’une maestria époustouflante, à la fois glaçantes et explosives, pour dire, chacune, l’horreur du monde. Hier comme aujourd’hui.

> LIRE AUSSI : Les damnés dans l’enfer du nazisme ET Trois Shakespeare pour le prix d’un   http://www.la-croix.com/Culture/Les-Damnes-dans-enfer-nazisme-2016-07-07-1200774320

http://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Trois-Shakespeare-pour-prix-2016-01-28-1200735940

Déjeuner chez Wittgenstein, Des arbres à abattre, Heldenplatz (Place des héros) de Thomas Bernhardt.

Familier de l’écrivain autrichien, le polonais Krystian Lupa, a proposé cette année, à Paris et à Avignon, trois mises en scène de son œuvre. L’occasion, à travers ce triptyque, de faire résonner toute la douleur et la révolte de cet auteur imprécateur, contempteur d’une société en perte d’elle-même, aux cadavres qui ne cessent de ressurgir des placards, à l’éternel retour de bêtes immondes… Dans la banalité du temps présent.

> LIRE AUSSI : Krystian Lupa, Thomas Bernhard, retrouvailles au sommet ET « Place des héros », le testament de l’imprécateur Thomas Bernhard  http://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Krystian-Lupa-Thomas-Bernhard-retrouvailles-au-sommet-2015-07-05-1331645

http://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Place-heros-testament-imprecateur-Thomas-Bernhard-2016-07-20-1200776960



Le Conte d’hiver, de Shakespeare

Invité régulier du Théâtre des Gémeaux à Sceaux, l’Irlandais Declan Donnellan a choisi, avec Le Conte d’hiver, l’une des plus étranges comédies de Shakespeare, son auteur de prédilection. À fil de cette œuvre baroque, brouillant les cartes du temps, de la raison, de la géographie, du drame, de la pastorale, de la comédie, de la tragédie, sa mise en scène, explorait, jusqu’à leurs tréfonds, les abysses des passions et des pulsions. Tout en laissant libre l’imaginaire du spectateur. Seul avec lui-même et son émotion.


http://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Apres-hiver-vient-printemps-2016-01-22-1200733219

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
November 18, 2016 7:02 PM
Scoop.it!

"Une chambre en Inde" d'Ariane Mnouchkine : la force du théâtre face aux attentats

"Une chambre en Inde" d'Ariane Mnouchkine : la force du théâtre face aux attentats | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Culturebox avec AFP



C'est en Inde qu'Ariane Mnouchkine a trouvé la force de parler - et de rire - des attentats de Paris et du chaos du monde dans "Une chambre en Inde", la dernière création du Théâtre du Soleil.
La célèbre chef de troupe de 77 ans a embarqué cette année toute sa troupe à Pondichéry, où, à distance de l'horreur des attentats de Paris, elle a commencé à travailler sur "ce chagrin et cette incompréhension".



Pétage de plombs

La pièce se déroule donc dans "une chambre en Inde", dans un magnifique décor où d'immenses persiennes filtrent la rumeur de la rue et où de grands ventilateurs brassent la moiteur ambiante. Une troupe de théâtre est coincée en Inde. Son directeur, "Monsieur Lear", désemparé, a "pété un plomb" après les attentats de novembre à Paris. Le voilà qui déchire son passeport et se lance nu à l'assaut de la statue de Gandhi. Son assistante Cornélia tente de construire une pièce tandis que Cassandre lui casse le moral: Cornélia n'a jamais rien fait, elle n'a aucune "vision".

C'est sur ce mode burlesque que s'amorce la pièce, initialement prévue pour durer 6 heures et finalement réduite à 4 heures en comptant l'entracte. Une fidèle de la troupe, Hélène Cinque, endosse le rôle comique de cette malheureuse chef de troupe que l'on voit principalement au lit, en proie à un sommeil agité. Ses cauchemars sont autant de zooms sur les plaies de l'Inde (le sort fait aux femmes, les divisions communautaires) et la folie du monde, de la Syrie à l'Afghanistan. 


Réaffirmer la vigueur du théâtre

Que peut le théâtre face au chaos du monde ? La chef de troupe est taraudée par le doute. "Tous les théâtres pourraient disparaître sans qu'on s'en aperçoive". Mais l'Inde, "mère d'abondance absolue" selon Ariane Mnouchkine, réaffirme la vigueur du théâtre, avec le Theru koothu, un art populaire indien qui apporte à la pièce de magnifiques échappées dans le rêve.

Les acteurs de Theru koothu, un cousin du Kathakali, jouent en costumes rutilants et hautes coiffes colorées devant un simple drap des épisodes du Mahabharata, un des contes fondateurs de l'Inde. Le Theru koothu se fait l'emblème de la vigueur du théâtre, face aux doutes de la petite troupe occidentale.


Théatre épique et théâtre comique

La pièce, qui aligne jusqu'à 34 comédiens sur le plateau, alterne le théâtre épique et haut en couleur que sait si bien fabriquer Ariane Mnouchkine avec de courtes saynètes comiques. On voit ainsi sept talibans négocier le nombre de vierges auquel pourra prétendre le kamikaze qu'ils envoient se faire sauter sur une position  américaine, comme de vulgaires marchands de tapis. "J'aime bien l'idée de faire rire des méchants", lance Cornélia. "Mais ça ne suffit pas..."

Ariane Mnouchkine, qui a su par le passé s'engager, face à la guerre en Yougoslavie ou au drame des sans-papiers, semble aujourd'hui désemparée devant la barbarie islamiste, et signe une pièce plus inquiète que comique. Elle appelle au secours les "dieux du théâtre", convoquant en chair et en os sur scène Shakespeare et Tchekhov. Le barde anglais affirme qu'il voulait écrire des comédies, tout comme l'auteur des "Trois soeurs", désespéré que ses pièces soient traitées sur un mode aussi "triste". Le rire serait donc l'arme ultime face au désespoir, et c'est à Charlie Chaplin que revient l'honneur de conclure avec le discours humaniste de la fin du "Dictateur". Sauf qu'aujourd'hui, Chaplin n'endosse plus le costume de Hitler mais celui d'un imam à longue barbe pour appeler à s'unir contre la barbarie.


Infos pratiques sur le site du Théâtre du Soleil :


http://www.theatre-du-soleil.fr/thsol/nos-actualites/une-chambre-en-inde/article/premiere-le-26-octobre-2016

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
October 28, 2016 10:08 AM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine : "Une chambre en Inde", première le samedi 5 novembre 2016

Ariane Mnouchkine : "Une chambre en Inde", première le samedi 5 novembre 2016 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par David Rofé-Sarfati pour Toutelaculture.com


Les travaux dans la grande salle du Théâtre du Soleil sont finis, la rénovation faite, les dieux du théâtre l’ont décidé. « Une Chambre en Inde » connaîtra sa première le 5 Novembre prochain à 16h00.

Nous étions comme des réfugiés de l’Histoire. Autour de notre chambre les Temps étaient déchaînés. Nous nous demandions ce qui nous arrivait, nous les gens les plus divers, mais unis par le même souci, nous nous demandions comment nommer Ça, ce chaos. (L’air était bouillant.) À travers les portes-fenêtres on entendait les bruits de l’Inde, cette manif perpétuelle. Il ne dort donc jamais, ce continent ?

Nous savons peu du spectacle.

Sauf qu’il est une création collective et qu’ils nous parlent des réfugiés, des réfugiés de l’histoire qui s’agitent et clament : Nous voulions la Vie, comprendre ses violences folles. On ne savait pas comment ça allait finir. Certains d’entre nous se tourmentaient de ne pas savoir comment commencer. Après tout nous avions une mission : créer un spectacle.

Sauf que le duo Ariane Mnouchkine et Hélène Cixous nous promet un événement …

Une chambre en Inde
une création collective du Théâtre du Soleil
dirigée par Ariane Mnouchkine
musique de Jean-Jacques Lemêtre
en harmonie avec Hélène Cixous
avec la participation exceptionnelle de
Kalaimamani Purisai Kannappa Sambandan Thambiran

Durée du spectacle et calendrier des représentations : voir sur le site du Théâtre du Soleil http://www.theatre-du-soleil.fr/thsol/nos-actualites/une-chambre-en-inde/article/premiere-le-26-octobre-2016



Représentations du mercredi au vendredi à 19h30 

le samedi à 16h 

le dimanche à 13h30 

 Durée prévue du spectacle environ 4h entracte inclus


Extraits du Journal de Cornelia


Nous étions comme des réfugiés de l’Histoire. Autour de notre chambre les Temps étaient déchaînés. Nous nous demandions ce qui nous arrivait, nous les gens les plus divers, mais unis par le même souci, nous nous demandions comment nommer Ça, ce chaos. (L’air était bouillant.) À travers les portes-fenêtres on entendait les bruits de l’Inde, cette manif perpétuelle. Il ne dort donc jamais, ce continent ? Nous voulions la Vie, comprendre ses Violences folles.
 Nous avions l’impression que le monde entier se bousculait pour défiler dans notre chambre. Les peuples appelaient. C’était vraiment bouleversant. Ils criaient : Au secours ! Ou : Plus jamais ! Et dans combien de langues ? Toutes ! Nous cherchions à répondre, Nous, les membres de la Troupe. Les temps allaient si vite.
 Nous sautions comme des puces d’une Ville à l’autre. Au moment de rire on pleurait, et inversement. Il y avait autant de dangers que d’espoirs, ou presque.
 On ne savait pas comment ça allait finir. 



Certains d’entre nous se tourmentaient de ne pas savoir comment commencer. Après tout nous avions une mission : créer un spectacle. Que dis-je ? LE SPECTACLE. Dès demain en signer la promesse. 
C’est comme si on nous avait dit : « Bouclez l’Orient et l’Occident forcenés dans une coquille de noix. Résumez les pestes et les paix en une potion parfumée. »



- Oui, oui, on va essayer, nous hâtions-nous.
 Et à l’instant, on voyait s’élever contre nous une armée d’angoisses et d’impuissances. Autant nous demander de faire rentrer l’arche de Noé, le déluge et la traversée du désert, la Révolution française et les autres, et toutes les guerres de religion, la renaissance d’Ulysse, le massacre des sorcières, l’enterrement des Pandava, etc., etc. dans un seul pousse-pousse. Comment ne pas trembler ? 
Nous redoutions le ridicule.


Nous poursuivions le rire avec acharnement. Heureusement ou par malheur cette nuit-là durait des siècles. Vers minuit un colonel m’apporta les dernières nouvelles. J’ouvre le journal. Je criai : Non !


Hélène Cixous, mai 2016



Première le 5 novembre 2016


Théâtre du Soleil, Cartoucherie 75012 Paris


Vidéos annonçant le projet, entretien avec l'autrice Hélène Cixous : http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Une-chambre-en-Inde/videos/media/Helene-Cixous-Shakespeare-et-l-Inde?autostart

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
March 3, 2016 7:34 PM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine (1/4)

Ariane Mnouchkine (1/4) | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Première d'une série de quatre émissions en compagnie d'Ariane Mnouchkine, metteur en scène, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil. Une première émission autour de ses débuts et de l'idée de transmission


Ecouter l'émission : http://s3-eu-west-1.amazonaws.com/cruiser-production/static/culture/sons/2014/12/s50/NET_FC_6033e97f-5b00-470f-b398-a0e72319cde8.mp3



C'est dans son "lieu de travail, de vie", la Cartoucherie, qu'elle reçoit. Plus précisement dans la bibliothèque, surnommée "le temple", qui sert aussi de refuge... "Même dans une bibliothèque pas très grande, il y a virtuellement tous les trésors du monde". A titre personnel, Robinson, le Capitaine Fracasse, Victor Hugo... furent ses premières lectures marquantes.Elle raconte son enfance, pendant la Seconde Guerre Mondiale. "Les traumatismes se sont abattus sur la partie adulte de la famille, pas sur moi. J'ai eu de la chance..." Son père, le producteur Alexandre Mnouchkine, était inquiet à l'idée de la voir faire du théâtre. "Les artistes ont peur de ce monde pour leurs enfants (...) Malgré tout il m'a énormement aidée..." Il la pousse à partir pour Oxford  : "un des plus beaux cadeaux qu'il m'ait fait". C'est là, en faisant du théâtre universitaire avec Ken Loach, qu'elle comprend qu'elle veut en vivre. "Je l'ai su un jour, comme ça, pendant une répétition de Coriolan. Le coup de foudre..." Un autre moment marquant : "Arlequin, serviteur de deux maitres" de Giorgio Strehler. "C'était comme la statue du théâtre lui-même...". Elle nous parle du concept de maitre. "Un maitre c'est celui qui veut, au fond, que son éléve le quitte (...) Un chef de troupe ne veut pas qu'on le quitte (...) Si je pouvais garder tout le monde, je garderais tout le monde..." "Ce moment de répétition où tout est possible, où on peut être autre, créer un monde..." Le théâtre du Soleil a eu la chance de bénéficier de l'esprit de la Libération. "On croyait en nous, on nous attendait..." Elle aimerait qu'il en soit de même pour la jeunesse actuelle  : "on ne lui parle pas de sa responsabilité, de toute la part qui lui revient, de tout ce qu'elle a à faire, on ne lui raconte que ce qu'elle a à subir (...) Le venin du désenchantement et donc de l'égoïsme individualiste (...) est un mensonge..." "Nous devons recommencer à éduquer nos enfants au courage et à la confiance. On se trompe beaucoup plus souvent quand on ne pas fait confiance que quand on fait confiance..." "L'essence même du théâtre c'est la poésie faite chair (...) C'est aussi le mystère (...) Le théâtre peut, doit souvent raconter des choses abominables..." Quand elle reçoit des jeunes, elle attend de l'émotion. "Qu'ils sachent que cela leur appartient. Qu'ils ont en eux cette beauté, même si cela va s'exprimer différemment dans leur vie..." Ariane Mnouchkine aimerait toucher tout le monde, dans la tradition de Jean Vilar. "Quand j'ouvre la porte le soir, j'ai la même émotion de les voir arriver..." L'éducation, l'idée d' "égalité d'expression", la lecture, closent ce premier entretien...

Intervenants :
Ariane Mnouchkine : metteuse en scène, réalisatrice et scénariste, fondatrice du Théâtre du Soleil

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
June 15, 2014 5:33 PM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine sur France Culture

Ariane Mnouchkine sur France Culture | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Ce soir, nous sommes à la Cartoucherie de Vincennes, où se joue Macbeth, de Shakespeare. C’est Ariane Mnouchkine qui signe la mise en scène.

Nous sommes venus rencontrer la directrice du Théâtre du Soleil et fêter, avec elle, les cinquante ans de sa compagnie.  Nous parlerons de Shakespeare, bien sur, qu’Ariane Mnouchkine n’hésite pas à qualifier de génie.  


Et il nous a paru impossible de mener ces Changements de décor sans évoquer aussi avec elle le conflit qui agite depuis quelques semaines le monde du théâtre, conflit qui oppose les intermittents du spectacle au gouvernement et menace d’annulation les festivals d’été.



par Joëlle Gayot pour son émission Changement de décor sur France Culture
CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR ÉCOUTER L'ÉMISSION (29 mn) EN CLIQUANT SUR LE BOUTON ROUGE DE LA PAGE DE L'ÉMISSION
No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
May 9, 2014 5:49 AM
Scoop.it!

Macbeth, soleil noir

Macbeth, soleil noir | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune. Ariane Mnouchkine signe un Shakespeare de légende.
« C’est Stratford-upon-Avon ! » s’écrie un connaisseur. En entrant dans le hall du théâtre du Soleil, on est saisi par la beauté des fresques : médaillon géant du grand Will, scènes de la tragédie de Macbeth… Ariane Mnouchkine nous a accueillis en personne à l’entrée de ce pays de ­Shakespeare rêvé. Et le souffle du poète nous a déjà pénétrés. Côté scène, les sorcières s’agitent derrière un tissu translucide. Une fois tout le public assis, le voile tombe sur une mystérieuse lande écossaise faite d’étoupe et l’aventure peut commencer. Elle sera épique, énorme : tout « Macbeth » en mille couleurs, avec ses sortilèges, ses fantômes, son sang, ses passions, va se déployer dans les grandes largeurs, mobiliser tous nos sens quatre heures durant. Que le mal est joli, joyeux même, quand il est servi avec tant de fougue et de poésie ! Plus de quarante comédiens sur scène, un musicien Merlin (Jean-Jacques Lemêtre au milieu de son capharnaüm d’instruments) et des images à couper le souffle…

 

Philippe Chevilley pour Les Echos

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

Et aussi : René Solis pour Libération : http://www.liberation.fr/culture/2014/05/20/macbeth-egratigne-le-jubile-du-soleil_1022589

 

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
April 21, 2014 6:38 PM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine pour "Macbeth", le Théâtre du soleil à "l’école" de Shakespeare ?

Ariane Mnouchkine pour "Macbeth", le Théâtre du soleil à "l’école" de Shakespeare ? | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Shakespeare occupe une place importante dans l’histoire du théâtre du Soleil (Richard II, Henry IV, La Nuit des rois) qui engendrèrent, si l’on peut dire, l’Histoire terrible et inachevée de Norodom Sihanouk et l’Indiade (tu parlais alors d’Ecole, que le théâtre du Soleil se mettait à l’école de Shakespeare). Cette exploration de Macbeth apporte–t-elle de nouveaux enseignements au théâtre du Soleil ? ...
No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
March 1, 2014 11:05 AM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine, la naissance du projet "Macbeth"

Ariane Mnouchkine, la naissance du projet "Macbeth" | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Après Les Naufragés du Fol Espoir qui nous plongeait dans l’univers de Jules Verne et des pionniers du cinéma éducatif, comment est né le projet de monter Macbeth ? ...

 

Extraits : "...Tout d'un coup, il y a une avidité, qui fait que le monde devient terrible.

Le monde n'est pas terrible : il est ce qu'il est. Il a toutes les possibilités de beauté et de catastrophe, et sur une grande partie de ce monde c'est l'être humain qui a le pouvoir de faire surgir les catastrophes ou au contraire de faire surgir les vignes, et le miel, et les enfants. (…)

Certaines phrases de Macbeth sont devenues des répliques utilisées à tort pour dire que {selon Shakespeare} le monde est mauvais et la vie n'a pas de sens. Je rappelle à ces personnes que ce n'est pas Shakespeare qui dit cela mais un des personnages les plus maléfiques de tout le théâtre. Ce n'est pas l'avis de Shakespeare, lui se contente de montrer ce qui se passe quand on pense que la vie n'a pas de sens." 

 

Ariane Mnouchkine

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR VOIR LA VIDÉO (3'15") publiée sur le site de theatre-contemporain.net 

 

La lettre du Théâtre du Soleil qui annonce la prochaine création de "Macbeth" par Ariane Mnouchkine : 

http://www.theatre-du-soleil.fr/thsol/index.php

 

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
October 2, 2013 6:30 AM
Scoop.it!

" L'histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge" d'Hélène Cixous en version khmère

" L'histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge" d'Hélène Cixous en version khmère | Revue de presse théâtre | Scoop.it

THÉÂTRE • La pièce qui veut panser les plaies du Cambodge

 

"Approchez, approchez, mes enfants, mon peuple, mon petit peuple... venez, je vous écoute..., mes enfants bien-aimés..." Cette voix cadencée, haut perchée, cet homme petit, avec pourtant tant de prestance, si théâtral, si excessif, qui virevolte tel un lutin, s'emporte tantôt de plaisir, tantôt de rage, puis plonge dans un romanesque qui frise parfois le burlesque : Norodom Sihanouk, ancien roi du Cambodge, est là, sur les planches. Auprès de lui, sa cour et son peuple chéri. Et autour, assis par terre, des centaines de paysans et de paysannes, tétanisés par l'émotion, assistent au spectacle... A Battambang [dans le nord-ouest du Cambodge], ce soir-là, sur le théâtre de bois de l'école Phare Ponleu Selpak, le Cambodge d'avant les Khmers rouges a ressurgi l'espace de quelques heures.

Sihanouk, c'était Marady, toute jeune femme de 24 ans, d'une agilité époustouflante. 

 

 

Caole Vann pour le journal Le Temps (novembre 2011), repris par Courrier International

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

 

Et aussi : René Solis pour Libération : http://www.liberation.fr/theatre/2013/10/09/l-histoire-de-sihanouk-roi-transfigure_938287

 

Joshka Shidlow pour son blog Allegro Théâtre : http://www.allegrotheatre.blogspot.fr/2013/10/lhistoire-terrible-mais-inachevee-de.html

 

Emmanuelle Bouchez pour Télérama : http://www.telerama.fr/art/l-histoire-terrible-mais-inachevee-de-norodom-sihanouk-roi-du-cambodge,103277.php

 

Fabienne Darge pour Le Monde : http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/10/07/l-impressionnante-histoire-de-sihanouk-au-theatre-du-soleil_3491285_3246.html

 

 

Site du Théâtre du Soleil : http://www.theatre-du-soleil.fr/thsol/

 

 

Représentations : 
 du mercredi au vendredi à 19h30 : Première ou Deuxième Époque, en alternance | durée 3h30 
(Première Époque : 3, 9, 11, 17, 23 et 25 octobre | Deuxième Époque : 4, 10, 16, 18 et 24 octobre) 
 le samedi (sauf le 26) à 15h et à 19h30 : Première et Deuxième Époque, à voir ensemble ou isolément 
 le dimanche (et le samedi 26 octobre) à 13h : intégrale | durée 7h)

Prix des places : 
 une époque : Plein tarif : 27 € | Collectivités, demandeurs d’emploi : 22 € | Étudiants -26 ans, scolaires : 15 € 
 deux époques (en intégrale) : Plein tarif : 48 € | Collectivités, demandeurs d’emploi : 38 € | Étudiants -26 ans, scolaires : 25 €

Location : au 01 43 74 24 08 (tous le jours de 11h à 18h) ou en ligne avec la Fnac

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
November 8, 2021 5:23 AM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil célèbrent le Japon

Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil célèbrent le Japon | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron pour France Inter - 3 nov 2021

 

Trois ans après "Kanata", la troupe du Théâtre du Soleil retrouve les planches avec "L'Île d'Or", une création collective en harmonie avec Hélène Cixous et dirigée par Ariane Mnouchkine. Repoussée à cause de la Covid-19, la pièce est l'un des évènements de cette rentrée automnale.

 

Ariane Mnouchkine accueille les spectateurs à la Cartoucherie de Vincennes © Radio France / Vincent Josse

"L'Île d'Or", spectacle retardé d'un an, est un grande fresque comme la metteuse en scène a l'habitude d'en créer avec sa troupe. Un spectacle qui s'est créé dans le plus grand secret. De cette Île d'Or, ce que l'on peut juste vous dire, c'est qu'Ariane Mnouchkine et son autrice Hélène Cixous, sont allées puiser l'écriture dans la tradition du théâtre japonais. "C'est une île, elle existe et elle est aussi imaginaire", explique la metteuse en scène. "Elle se situe quelque part dans les mers japonaises. Où est-ce que l'on va emmener les spectateurs ? On va les emmener là où nous nous sommes transportés nous-mêmes : dans un cauchemar, une insomnie, un rêve. Quelque chose qui est de l'ordre à la fois du désir et de l'effroi et qui nous permet de réaliser des voyages nécessaires et impossibles, si impossibles dans la réalité. Il n'y a que le théâtre qui permet ces voyages profonds."

"La pandémie n'a rien inventé"

Cette Île d'Or est une création très attendue, parce qu'elle aurait dû voir le jour l'année dernière. Et la pandémie a tout bousculé dans l'organisation du théâtre du Soleil. Quand le confinement a été décrété le 17 mars 2020, la troupe allait commencer à répéter. "Cela a été compliqué mais pas vraiment une catastrophe. Car maintenant, on joue. Mais ça a bousculé tout le monde, pas seulement nous."

 

Quand on a commencé à imaginer ce spectacle de voyage autour du Japon, on ne savait pas du tout qu'un monstre allait déferler sur la terre et éclairer beaucoup de choses d'une lumière différente des choses qui existaient déjà. La pandémie n'a rien inventé, elle a juste éclairé des choses qui étaient tapis dans l'ombre et que nous laissions dans l'ombre parce qu'elles sont peut être trop terribles à considérer. La pandémie a été comme une espèce de fusée éclairante. Le spectacle a été ébranlé et secoué par ce qui se passait, pas seulement par la pandémie, d'ailleurs. Peut-être par d'autres monstres ?"

"Je crois à la force thérapeutique du théâtre"

A 82 ans, et après la pandémie, Ariane Mnouchkine n'a rien perdu de son "appétit pour le théâtre" poursuit la créatrice du Théâtre du Soleil. "Nous avons été atteints par cette pandémie mais il faut prendre sur soi pour en sortir et ne pas céder à cette crainte qu'on nous a inculqué et qui parfois était légitime. J'admire les gens qui, au lieu de rester devant leur télé, recommencent à sortir pour reprendre contact avec l'art, la musique, le théâtre, le cinéma. C'est à ce prix que la vie reprendra."

"Je crois en la force thérapeutique du théâtre. Je pense que ça doit faire du bien. Le théâtre, ça doit donner des forces, même au prix d'une lucidité parfois cruelle. Je pense que la catharsis, ça existe et que le public doit sortir du théâtre en se sentant mieux que lorsqu'il y entre. Il doit se sentir plus plus fort, plus confiant, bouleversé, ému. Quand on a cette chance d'aimer son métier comme nous l'aimons, le désespoir serait coupable. On n'est pas payé pour désespérer !"

Un retour aux sources pour Ariane Mnouchkine

Chaque création du Théâtre du Soleil est un évènement, attendu par le public avec une grande impatience. Des dizaines de billets ont déjà été vendus. 80 personnes ont travaillé pendant 3 ans sur ce spectacle qui est comme un retour aux sources pour Ariane Mnouchkine qui avait découvert la tradition du théâtre japonais au début de sa carrière.

 

Cette Île d'Or est un hommage à tout. A tous les âges de la vie, à tous les gens qui nous ont enseigné quelque chose. C'est un hommage à tous nos maîtres japonais, indiens, ou occidentaux. Parfois, je regarde le spectacle, je me dis que c'est comme un rêve. Toutes les fées se sont penchées sur nos berceaux, toutes les fées, toutes les muses. On a beaucoup appelé nos muses.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
March 18, 2021 2:24 PM
Scoop.it!

Théâtre du Soleil : Editorial du 18 mars 2021

Théâtre du Soleil : Editorial du 18 mars 2021 | Revue de presse théâtre | Scoop.it
    Écoutez l'annonce du répondeur de notre location individuelle en attendant de nous avoir au téléphone  

 

Allô, bonjour, ici le Théâtre du Soleil

 

Ecouter le message audio du répondeur

Écoutez l'annonce du répondeur de notre location individuelle en attendant de nous avoir au téléphone

 

 

 

Allô, bonjour, ici le Théâtre du Soleil,

 

Nous devons certainement le plaisir de vous entendre aujourd’hui au pavé publicitaire que vous venez de découvrir dans Le Monde annonçant notre spectacle : L’île d'or.

 

Ce pavé est comme une sorte de profession de foi et c’est donc avec joie et fierté que nous pouvons vous annoncer que nous commencerons le mercr#¥∅∂ §ð∑∫   juin à ᚜ɔɘh30 !

La location ouvrira le lundi‡Þ∴ᚑ   mai.

 

Et les conditions sanitaires requises pour être accueillies dans la salle seront les suivantes : 
nous vous demanderons de  \Ђɔɘɐɖדᚂ  vos masques, de   ð„ᚏᚗ ᚜ᚢЉЂב
distances  ขกᚠᚇ⠇ ɚ\   de  דᚂ᚜ᚗᚚ   gel, de Ђɔɘɐɖ   tests,  ₢₥⌋₩∠⤈⊇∳  PCR,   ᚥᚗ∅∂ §   logiques  ข∩∭⌊∝╭⤄∇   vaccination. 

 

Merci de votre de votre appel et de l’humour dont vous faites preuve en écoutant cette annonce qui reflète exactement notre situation à tous.

Si vous saviez, cependant, comme nous sommes heureux de la certitude que nous avons de vous retrouver bientôt.

 

Au mercr#¥∅∂ §ð∑∫   juin donc !

Nous comptons sur vous et nous vous attendons de pied ferme.

 

Ariane Mnouchkine

 

 

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
January 2, 2021 10:45 AM
Scoop.it!

Le Théâtre du Soleil à l’heure du Japon

Le Théâtre du Soleil à l’heure du Japon | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Brigitte Salino dans Le Monde 28/12/2020

 

 

Pour préparer son prochain spectacle, prévu initialement en avril 2021, la troupe d’Ariane Mnouchkine s’initie au nô et au kyôgen, à la Cartoucherie de Vincennes.

 

 

Le Théâtre du Soleil est un navire, comme l’a dit Ariane Mnouchkine dans le discours qu’elle a prononcé à l’occasion de la remise du prestigieux prix Kyoto Arts et philosophie dont elle était la lauréate. Cela s’est passé en juin 2019, dans ce Japon où pour elle tout a commencé en 1963, lors du voyage fondateur en Asie qu’elle a effectué juste avant de créer le Soleil, en 1964. Depuis, le Soleil voyage sur les mers du théâtre et du temps, animé par l’expérience d’une utopie chaque jour remise en chantier, porté par l’impérieux désir de s’adresser à tous, ancré dans les turbulences et les espoirs du monde, dont témoignent 55 ans de spectacles, et de la vie qui toujours guide le navire vers de nouveaux horizons.

 

En ce mois de décembre, on répète, au Soleil. La prochaine création n’a pas encore de titre – sinon L’Ile d’or, titre provisoire – et la seule chose que l’on en sache, c’est qu’elle « se passe au Japon, mais ce n’est pas un spectacle sur le Japon », dit Ariane Mnouchkine. Elle devait être présentée au public en avril 2021, « mais cela ne sera pas possible, financièrement, si les mesures sanitaires sont maintenues », explique Charles-Henri Bradier, codirecteur du Soleil – qui est d’ores et déjà invité à jouer à Kyoto et à Tokyo, dans le cadre de la saison de la France au Japon, en octobre et novembre 2021.

 

Commencées en mars, les répétitions se sont transformées en séances de travail par l’application Zoom, pendant le premier confinement. La troupe a dû renoncer au voyage sur l’île de Sado-ga-Shima, où elle devait poursuivre la création. Située dans la mer orientale de l’Archipel, cette île est dépositaire d’une haute culture héritée de son passé : elle a longtemps servi de lieu de bannissement pour les intellectuels et artistes tombés en disgrâce. C’est à Sado que l’on trouve les tambours de Kodo, et que fut relégué Zeami (1363-1443), le grand maître du nô – ce nô que, sept siècles plus tard, les acteurs du Soleil apprivoisent.

Mémoire du corps

On les voit, vêtus à la japonaise, foulant l’herbe de la Cartoucherie de Vincennes et se dirigeant vers la salle de répétition. Etrange et belle vision de ce cortège que l’on dirait monastique. Des hommes et des femmes de tous âges et de toutes nationalités, comme toujours chez Ariane Mnouchkine. Ils sont environ trente-cinq, et pendant trois heures, ils vont travailler, masqués, à distance les uns des autres. La porte de la salle donnant sur l’extérieur est ouverte, on entend parfois les oiseaux, et, sur l’estrade, une femme donne le cours : Kinué Oshima.

 

Pendant un long moment, ce matin-là, elle leur apprend comment passer un éventail d’une main à l’autre. Un exercice typique du raffinement qui fascine dans le nô et requiert un art subtil. Comment l’apprendre ? En décomposant chaque geste, jusqu’aux plus infimes. Et en respectant des règles qu’explique Kinué Oshima : « Regardez bien dans le lointain. » « Ne regardez surtout pas le mouvement que vous faites. N’oubliez pas que dans une représentation de nô, tout cela se joue avec un masque, et que vous ne voyez pas les mouvements de vos mains. Il faut vraiment avoir une sensation du corps. » Kinué Oshima insiste, cette mémoire du corps est essentielle : « C’est par elle qu’on retient les gestes. D’où l’importance de faire et de refaire ces exercices. »

Kinué Oshima, actrice et enseignante, à propos des professionnels de nô : « Ils sont autour d’un millier, et les femmes représentent à peine 20 % »

Ils font et refont donc, guidés par les paroles de leur professeure, assistée d’une interprète, Dominique Palmé, à qui l’on doit la traduction saluée des Confessions d’un masque, de Mishima (Gallimard, 2019). Plus tard, une fois le cours fini, Kinué Oshima, 46 ans, parle de son histoire avec le nô, qui l’accompagne depuis l’enfance. Dès l’âge de 3 ans, elle a été sur la scène de nô de ses parents, à Fukuyama. Son père est acteur, héritier d’une famille de nô depuis quatre générations. Aussi loin qu’elle se souvienne, elle a voulu devenir actrice, dans un art masculin. Et elle y est arrivée. Kinué Oshima est inscrite à l’association de nô japonaise, qui recense les professionnels.

 

« Ils sont autour d’un millier, et les femmes représentent à peine 20 %, explique-t-elle de sa voix magnifique, rendue grave par des dizaines d’années d’exercices vocaux. Mais la proportion des femmes augmente graduellement. » Ces femmes, on ne les voit pas sur scène en Occident, où les tournées sont toujours assurées par les tenants du nom des écoles de nô, masculins. Mais Kinué Oshima a déjà joué trois fois sur la scène de nô d’Aix-en-Provence, qui a été transportée du Japon en 1992 par un très grand acteur, Tanshu Kano (1937-2016), et qu’elle rêve de faire vivre.

Quand on lui demande s’il n’est pas trop difficile d’apprendre son art à des Français, Kinué Oshima répond aussitôt : « Non, ce n’est pas plus difficile que de l’enseigner aux Japonais qui, pour la plupart, sont complètement ignorants en matière de nô. Le Théâtre du Soleil est imprégné depuis très longtemps par un intérêt pour la culture et le théâtre asiatiques. »

Ambiance légère et grands rires

Hiroaki Ogasawara fait le même constat. Au Soleil, il enseigne le kyôgen, cet art comique qui s’insère dans le nô, lors des intermèdes et des interludes, et qui, depuis une vingtaine d’années, est devenu un art à part entière. Fils d’un acteur de kyôgen, et acteur lui-même, ce jeune homme rieur de 19 ans parle un français impeccable et étudie le théâtre à la Sorbonne. Il ne connaissait pas un mot de notre langue quand il est arrivé à Paris il y a cinq ans, incité par son père qui voulait qu’il se frotte à d’autres cultures, et pour qui Paris « est le centre culturel du monde », dit-il. « C’était le bon moment pour moi : j’ai commencé à apprendre le kyôgen à 3 ans, mais à l’adolescence, on le travaille moins, à cause des changements dans le corps et la mue de la voix. »

 

Hiroaki Ogasawara a rencontré Ariane Mnouchkine à Sado, où il passait l’été : « Je connais son nom depuis l’enfance. Mon père a travaillé avec elle il y a vingt ou trente ans, il est devenu fan d’elle et du Soleil. » Pour les cours avec les comédiens, il se concentre sur l’essentiel : les postures. Dans la salle de répétition, l’ambiance est plus légère que pendant le cours de nô, à l’image du costume de Hiroaki Ogasawara – pantalon large et court, mollets à l’air. Le jeune homme, qui travaille une scène où un campagnard ébahi découvre la ville, lance des comédiens dans des pas rapides, et leur apprend à moduler de grands rires, élargis.

 

On entend ainsi dans la salle des mains qui claquent sur les cuisses, des voix qui s’exercent, des pieds vêtus de chaussettes avec pouce séparé qui frappent le sol. Concentration, discipline : la troupe est rôdée au travail, et heureuse d’apprendre, encore et toujours. Hiroaki Ogasawara, lui, aime enseigner autant que jouer. Il a d’ailleurs un rêve : vivre entre le Japon et la France, où il créerait un cours de kyôgen, « un art, dit-il, qui peut s’adresser à toutes les cultures. S’il arrivait à être un peu connu en France, les Japonais, qui ne s’y intéressent pas, surtout les jeunes, mais qui aiment ce qui est à la mode à l’étranger, diraient alors : “Ah, les Français s’intéressent au kyôgen, c’est cool”. »

 

Brigitte Salino

 

Lire l’entretien avec Ariane Mnouchkine (en 2019) : « C’est en Asie que j’ai appris à célébrer les moments de bonheur »

 

Lire l’entretien avec Ariane Mnouchkine (en 2018) : « La censure se glisse partout, dans la trouille surtout » 

 

 

Légende photo  : Le comédien Arman Saribekyan, pendant les répétitions au Théâtre du Soleil, à la Cartoucherie de Vincennes, en novembre. ARCHIVES THÉÂTRE DU SOLEIL
No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
November 30, 2017 6:22 AM
Scoop.it!

Une chambre en Inde d'Ariane Mnouchkine part à New-York !

Publié dans Sceneweb

Une chambre en Inde d’Ariane Mnouchkine s’apprête à appareiller jusqu’à New York au Park Avenue Armory, après Les Ephémères en 2009, du 5 au 20 décembre 2017 avant la reprise à la Cartoucherie à partir du 24 février 2018. La location débute le lundi 11 décembre. Les professeurs et responsables de collectivités peuvent déjà déjà effectuer vos réservations au 01 43 74 88 50.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
November 19, 2016 7:12 AM
Scoop.it!

Mnouchkine contre Pitoiset, deux façons de faire renaître le théâtre politique

Mnouchkine contre Pitoiset, deux façons de faire renaître le théâtre politique | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Armelle Héliot dans Le Figaro



Aux Gémeaux de Sceaux, Philippe Torreton incarne Arturo Ui de Brecht dirigé par son metteur en scène dans Cyrano de Bergerac. La patronne du Théâtre du Soleil, elle, dirige sa troupe dans Une chambre en Inde. Tous interrogent les maladies de notre monde.
D'un côté une pièce puissante, féroce, drôle dans laquelle Bertolt Brecht surimpressionne les figures d'Adolf Hitler et d'Al Capone pour mieux fustiger les folies nazies, Arturo Ui. De l'autre une création collective, de la Troupe du Soleil avec Ariane Mnouchkine et la présence amicale d'Hélène Cixous, Une chambre en Inde.
Double occasion pour les spectateurs de découvrir des œuvres qui parlent politique, des pièces qui plongent dans la réalité sociétale et élargissent leur réflexion à l'universel.


On voit régulièrement Arturo Ui que Jean Vilar créa en France en 1960. Dominique Pitoiset, fort du succès de Cyrano de Bergerac, transposé dans le monde de l'hôpital, a souhaité une nouvelle adaptation. Elle est signée Daniel Loayza, que l'on connaît pour son travail de dramaturge à l'Odéon et ses nombreuses traductions.
Pitoiset, qui signe la scénographie et les costumes, opte pour un univers contemporain. Longues tables de réunion, costumes d'hommes d'affaires ou de politiques, devant un mur fait de casiers. Tiroirs de morgue, funérarium, à la manière du mur impressionnant des Bienveillantes adaptées et mises en scène par Guy Cassiers. L'atmosphère générale rappelle Ivo van Hove. Bonnes références.
Une distribution éclatante endosse l'ensemble, avec, dans le rôle-titre, un excellent Philippe Torreton. Jouer les personnages odieux est toujours jubilatoire.


Mais on a un problème avec la vision de Pitoiset qui amalgame, par le truchement de l'air célèbre de l'opéra Nabucco de Verdi, celui du chœur des esclaves, des images et des situations qui n'ont rien à voir. En ouverture, on peut reconnaître - si l'on s'en souvient - une représentation mémorable donnée à Rome en 2011, sous la direction de Ricardo Muti. Il s'agissait alors de protester contre les coupes budgétaires drastiques de la culture. Le public bissa l'air avec les chanteurs tandis que tombaient en pluie des corbeilles supérieures des tracts éloquents.


Secouer les consciences

Cet air, on le sait, avait beaucoup séduit Jean-Marie Le Pen qui le diffusait dans ses meetings. Cet air, Pitoiset le diffuse également sur des images de manifestations à Paris. On y voit les casseurs, les autonomes, s'opposer violemment aux forces de l'ordre. On voit même la séquence de la voiture de police incendiée avec ses occupants à l'intérieur.


Tout cela introduit une confusion étrange et à la fin, on a le sentiment que le drapeau français ne représente que l'extrême droite, ce qui est assez embarrassant. Mais répétons-le, très bien interprété par dix comédiens de haute flamme, le spectacle est intéressant. Serré, rapide, deux heures sans entracte, il a le mérite de secouer les consciences...


Sur le plateau du Théâtre du Soleil, ils sont près de quarante et l'on s'embarque pour près de quatre heures, entracte compris, pour un étrange voyage. Un voyage dans un crâne, un voyage sur un lit, un voyage qui nous conduit bien au-delà des frontières annoncées par le titre Une chambre en Inde.


Ariane Mnouchkine a imaginé ce moteur dramatique: une troupe française a été invitée en Inde. Le chef a craqué. Une jeune femme est chargée de monter un spectacle dans l'urgence avec ses camarades. Mais pour le moment, elle n'a qu'un souci: elle veut dormir.


Hélène Cinque, qui incarne Cornélia, est une projection d'une Ariane Mnouchkine juvénile et rigolote, avec sa frange retenue en l'air par une barrette, sa chemise de nuit de pensionnaire, sa vitalité électrique. Elle ne quitte ce lit que pour aller répondre au téléphone et tout ce que l'on voit surgir dans l'espace magnifique - comme toujours au Soleil - se passe dans sa tête. De jolis rêves et des cauchemars.


Questions politiques et religieuses

Ariane Mnouchkine résume son propos en disant qu'il s'agit «d'une suite de petites catastrophes». Mais par ce fil, tout passe sur la scène. Les questions théâtrales - et les comédiens du Soleil, dont le travail est époustouflant - rendent hommage à une forme ancienne - mais toujours vivante - du théâtre dansé et de la musique de l'Inde du sud-est. Ils ont séjourné à Pondichéry et appris. Un maître est venu jusqu'à la Cartoucherie pour les faire travailler. Ils sont incroyables ces comédiens, des plus anciens de la troupe, comme Maurice Durozier aux jeunes recrues venues d'Afghanistan! Ils disent et chantent en tamoul.


Mais d'autres langues sont présentes comme d'autres questions, plus politiques, écologiques, religieuses, etc...


L'anglais de l'Inde, l'anglais de Shakespeare qui rend visite à Cornélia, le français un peu, le russe de Tchekhov qui lui aussi est de passage, les maîtres de Mnouchkine. On parle aussi arabe car, et ce sont parmi les séquences les plus fortes, les plus courageuses, Mnouchkine, qui a travaillé avec les acteurs pour établir le texte, nous offre une parodie assassine d'un tournage de propagande de Daech en plein désert ou moque les puissances pétrolières d'Arabie Saoudite.


Il faut un vrai courage pour engager le théâtre dans cette voie et si à la fin, dans une séquence magistrale, un jeune homme musulman, reprend le grand discours de Charlie Chaplin à la fin du Dictateur - un film de même époque qu'Arturo Ui - et l'on est saisi.
D'autres séquences abordent la question de la liberté des femmes, la question de l'eau qui sera celle de la planète Terre - qui l'est déjà un peu - dans les années qui viennent. On croit à tout dans la belle salle du Soleil. On comprend tout et ce que réussit à faire Ariane Mnouchkine, c'est de nous faire rire, en même temps. On ne cesse de rire. C'est un spectacle comique et éclairant à la vitalité enthousiasmante, accompagné comme toujours de la musique de Jean-Jacques Lemêtre et avec toute la magie du jeu: vous n'oublierez jamais les deux singes ni la jolie vache aux yeux si tendres!


Les Gémeaux de Sceaux, jusqu'au 27 novembre (01 46 60 05 64). Une longue tournée suit.


Théâtre du Soleil à la Cartoucherie de Vincennes, jusqu'en 2017 (01 43 74 24 08).

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
November 18, 2016 6:26 PM
Scoop.it!

Une chambre en Inde, la nouvelle création collective du Théâtre du Soleil dirigée par Ariane Mnouchkine

Une chambre en Inde, la nouvelle création collective du Théâtre du Soleil dirigée par Ariane Mnouchkine | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron pour Sceneweb


La dernière création du Théâtre du Soleil dresse le portrait d’une société en crise face au terrorisme. Ariane Mnouchkine plus politique que jamais convoque sur scène Shakespeare, Tchekhov mais aussi Daesh et Charlie Chaplin dans un tourbillon théâtral qui navigue entre le théâtre contemporain et le théâtre traditionnel.

Lorsque Ariane Mnouchkine emmène sa troupe en janvier 2016 pour écrire Une Chambre en Inde, c’est après les attentats sanglants de l’année 2015. Le Théâtre du Soleil atterrit à Pondichéry telle une troupe de théâtre réfugiée. Le spectacle raconte la violence de l’époque actuelle à travers le regard d’un petit groupe de français invités à créer un spectacle par l’Alliance Française. Mais face aux horreurs qui secouent la planète, que peut-elle raconter ? Quel est l’utilité du théâtre ? Ce sont toutes ces questions qui hantent le personnage central de la pièce Cornélia interprété par la magique Hélène Cinque. Ses nuits sont agitées. Les fantômes envahissent ses cauchemars.

Le cœur de la pièce se fonde sur le Theru koothu, un théâtre traditionnel Tamoul coloré et joué traditionnellement par les classes les plus pauvres. Il raconte des épisodes du Mahabharatha et du Ramayana. Les quatre scènes sont comme des marqueurs dans le spectacle pour se souvenir que le théâtre est un art ancestral. Mais la pièce est bien ancrée dans notre époque. Si Ariane Mnouchkine fait appel à Shakespeare ou Tchekhov. Ils apparaissent comme deux personnages de cette épopée. Elle montre aussi toute la haine qui envahit nos sociétés. Elle représente notamment sur scène les terroristes de Daesh.



Le spectacle fait souvent froid dans le dos. Il dit les choses, de manière frontale, avec brutalité. Mais heureusement cette Nuit en Inde est aussi une comédie. Ariane Mnouchkine utilise le rire comme carapace pour se protéger des horreurs du monde. On adore la scène entre des dignitaires d’Arabie Saoudite qui demandent à la Ministre de la Culture islandaise comment remonter dans le classement des pays respectant les droits de l’Homme (et de la femme). Ils se font laminer et sont ridicules. Le Gouvernement français qui ferme les yeux sur le sort des femmes dans ce pays pour mieux vendre ses armes et ses avions en prend pour son grade. Le public se manifeste et applaudit. Avec le rire pour surmonter les peurs et pour dénoncer la haine, le spectacle fait mouche. On passera sur les quelques petites longueurs dans la deuxième partie (notamment la 4ème scène du Theru koothu qui paraît interminable) pour se concentrer sur l’essentiel, la matière théâtrale en prise avec l’époque. Ariane Mnouchkine utilise même la vidéo !

La dernière scène est un hommage au grand film Le Dictateur. On entend la voix de Voix de Charlie Chaplin dans son discours final. « Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n’est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. » Ici le Dictateur n’est pas représenté en Hitler mais en Djihadiste. Jusqu’au bout des frissons nous parcourent le corps pendant ce spectacle.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Une chambre en Inde
une création collective du Théâtre du Soleil
dirigée par Ariane Mnouchkine
musique de Jean-Jacques Lemêtre
en harmonie avec Hélène Cixous
avec la participation exceptionnelle de
Kalaimamani Purisai Kannappa Sambandan Thambiran

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 30, 2016 9:42 AM
Scoop.it!

Une Chambre en Inde, prochaine création du Théâtre du Soleil

Une Chambre en Inde, prochaine création du Théâtre du Soleil | Revue de presse théâtre | Scoop.it



Entretien par Agnès Santi pour le Journal La Terrasse


Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil proposent leur nouvelle création collective imprégnée par le chaos du monde et inspirée par le Theru Koothu, forme traditionnelle de théâtre indien. Comme la désespérance n’est pas le genre de l’unique et brillant Théâtre du Soleil, la troupe a le courage et l’ambition de créer une comédie qui affirme la force vitale du théâtre face à la peur que génère le monde. Une expérience collective, pour nous tous. A ne pas manquer !

Quelles sont les questions soulevées par ce nouveau spectacle ?

Ariane Mnouchkine : Ce spectacle résolument contemporain aborde une question qui me hante. Comment aujourd’hui raconter le chaos d’un monde devenu incompréhensible ? Comment raconter ce chaos sans y prendre part, c’est-à-dire sans rajouter du chaos au chaos, de la tristesse à la tristesse, du chagrin au chagrin, du mal au mal ? Comment créer un objet d’art ou un spectacle qui devrait plutôt pouvoir en quelque sorte borner ce chaos, s’efforcer d’en tracer les contours ou les ressorts complexes et multiples, et esquisser des pistes de solution qui nous donnent des forces. De telles questions concernent le théâtre, la littérature, et toute forme d’art. Face à l’angoisse qui nous étreint, nous avons choisi la vitalité du théâtre, et le rire !

« Face à l’angoisse qui nous étreint, nous avons choisi la vitalité du théâtre, et le rire ! »

Quelle a été la genèse du spectacle ?

A.M. : Le texte s’est écrit et continue de s’écrire au fur et à mesure des répétitions sur le plateau : c’est à nouveau de l’improvisation presque totale. La première étape de cette nouvelle création collective s’est déroulée en janvier 2016 en Inde à Pondichéry dans le cadre d’un travail effectué par notre Ecole Nomade avec une dizaine de comédiens, suivi par des répétitions avec toute l’équipe qui nous a rejoints. J’ai voulu emmener toute la troupe du Soleil en Inde – comédiens, musiciens, techniciens… – et nous avons pu bricoler ce voyage fertile. L’Alliance Française de Pondichéry nous a aidés et a mobilisé la communauté française, et beaucoup d’entre nous ont été aimablement logés. Après les attentats de novembre 2015, j’étais tellement tétanisée et indignée que j’avais hésité à partir. Je n’ai pas parlé de cette détresse et je me suis obstinée. J’ai compris qu’on travaillerait peut-être plus justement à distance sur ce chagrin et cette incompréhension. Nous avons tous été très proches les uns des autres et nous avons énormément travaillé. Ce fut aussi une manière régénérante d’affirmer la puissance de la vie et de la vie du théâtre.

« Je m’efforce de préserver une honnêteté intellectuelle pour résister aux modes idéologiques. »

Et l’Inde est une terre très particulière pour le théâtre… Est-ce un spectacle sur l’Inde ?

A.M. : Le spectacle se passe en Inde, dans une chambre en Inde, mais ce n’est pas sur l’Inde. On peut voyager beaucoup dans une chambre, et même y accueillir le monde entier ! On peut s’y confronter à une grande diversité de périples imaginaires, de métamorphoses, de rêves ou de cauchemars… Tout sauf le cynisme et la démission ! L’Inde est présente évidemment en tant que terre nourricière infinie, où tout est grand, matriciel, inspirant et exigeant. La culture indienne induit une exigence, et même une beauté quotidienne des gestes. C’est une grande chance de connaître cette facette précieuse de l’Inde lorsqu’elle tient le coup, car l’Inde sombre aussi par pans entiers dans le chaos, la laideur et la bêtise. Le spectacle rend hommage à une forme de théâtre indien que je ne connaissais pas, dont la découverte fut un véritable choc, le Theru koothu.

Quel est ce théâtre ?

A.M. : C’est un théâtre traditionnel très ancien lié aux basses castes. C’est l’équivalent du Kathakali, issu du Kerala, mais le Theru koothu est né dans l’Etat du Tamil Nadu (pays des Tamouls), qui se situe à l’extrême Sud de l’Inde. Alors que le Kathakali a gagné ses lettres de noblesse, le Theru koothu est demeuré un théâtre très populaire, qui se joue dans les villages depuis la tombée de nuit jusqu’au petit matin. J’ai été frappée par la liberté et la vitalité puissante de cette forme, qui raconte principalement des histoires issues des épopées du Mahabharatha et du Ramayana. Dans le spectacle, le Theru koothu apparaît dans toute sa vigueur et sa splendeur. Il joue ainsi un rôle très important en tant qu’exemple de la force même du théâtre, et s’affirme comme une sorte de rappel à l’ordre des lois fondamentales et ancestrales du théâtre, qui se moque de nos ondulations et nos ondoyances. Bien sûr, en 2016, tout ne peut pas être résolu par une représentation de Theru koothu. Mais ce théâtre est comme une pierre de gué pour traverser un fleuve qui déborde…

Quel est le point de départ du spectacle ?

A.M. : Une troupe de théâtre est coincée en Inde et a perdu son directeur, qui, suite aux attentats, est parti car il se sentait complètement désemparé et n’avait plus de force. Ils ont dépensé tout l’argent du voyage et sont censés annoncer un projet dans les huit jours qui viennent. Ils sont donc absolument obligés de faire un spectacle et c’est angoissant. Le spectacle est donc la quête d’un spectacle.

Face à ce monde si complexe, les explications ne manquent pas, et peuvent être parfois aveuglées par une idéologie…

A.M. : Je m’efforce de préserver une honnêteté intellectuelle pour résister aux modes idéologiques, car il y a des modes idéologiques à l’œuvre depuis longtemps. L’obstination à tout comprendre peut aussi parfois conduire à une simplification biaisée. Il y a aujourd’hui dans ce monde devenu inatteignable un déchaînement du mal qui s’incarne dans des actions constantes, prévues et préméditées. Nous sommes face à un monde qui peut être compréhensible un jour, et incompréhensible le lendemain, car ce qu’on avait élaboré comme tentative d’explication s’écroule parce qu’il arrive exactement le contraire de ce qu’on nous avait affirmé avec tant de prétention. Après les attentats, j’ai été choquée et étonnée par la rapidité avec laquelle une certaine langue de bois a pris de nouveau le dessus, sans compassion, ou avec une compassion sélective. Pourtant, nous nous érigeons fortement contre une lamentation perpétuelle. Il faut savoir être heureux si possible ! Le monde actuel n’a que faire de nos plaintes, de nos désenchantements, la nostalgie ne sert à rien et nous affaiblit. Nous avons voulu surmonter nos angoisses par le rire !

Pourquoi le rire ?

A.M. : Pour parler de la peur que ce monde engendre, nous avons choisi le comique comme une sorte d’antibiotique. Nous voulons rire de nous-mêmes, rire de nos échecs et rire de nos peurs, ce qui ne veut pas dire en nier la légitimité. Je ne suis pas de ceux qui pensent que la peur n’est qu’un sentiment, il existe des raisons légitimes d’avoir peur, il faut vivre avec et les traiter. La pièce se nourrit aussi de nos emphases et de nos illusions ; c’est le spectacle le plus difficile qu’on ait jamais fait ! Le comique émerge souvent lors des répétitions, et tout devient alors très sensible, très subtil, à peser au microgramme près ! Le comique, c’est une lutte plus ardue à exercer que le tragique, c’est finalement le tragique qui se déguise et qui fait rire. De la catastrophe – et le spectacle est une succession de petites catastrophes – doit surgir une dimension théâtrale comique. Nous devons puiser dans les forces du rire, correct ou pas ! Je ne souhaite pas faire de promesse, et il est délicat d’annoncer que le spectacle sera drôle, mais j’espère qu’il le sera. En tout cas, nous, nous rions beaucoup. La force revitalisante du théâtre combat le désespoir et la destruction, garde vivants les sentiments humains et la tendresse. Comme toujours, je fais confiance à nos émotions, parce que je fais le pari que le public nous ressemble, qu’il va ressentir ces mêmes émotions et rire, peut-être aussi parce qu’il est comme moi en colère. Nous n’avons pas le cœur à rire, et c’est justement pour cette raison que nous voulons créer une comédie : c’est ce dont notre cœur a besoin. Et comme toujours, je fais le pari que notre cœur est le même que celui du public.

Propos recueillis par Agnès Santi


Une Chambre en Inde du 5 novembre 2016 au 26 décembre 2016 Théâtre du Soleil Cartoucherie, 75012 Paris, France


Première partie le mercredi et tous les vendredis impairs à 20h, deuxième partie le jeudi et tous les vendredis pairs à 20h, intégrale le samedi à 16h et le dimanche à 13h30.


Tél : 01 43 74 23 08.

Durée du spectacle : 1re ou 2e partie 2h30 maximum (sans entracte) / intégrale : 6h maximum (avec entracte).

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
October 27, 2014 3:08 AM
Scoop.it!

Le Théâtre du Soleil écrit à ses spectateurs

Le Théâtre du Soleil écrit à ses spectateurs | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 

 

 Lettre aux spectateurs de la mailing-list du Théâtre du Soleil
Paris, 25 octobre 2014  
 

Chers amis,



Vous nous avez toujours manifesté le plus grand intérêt. Grâce à vous, depuis 50 ans, année après année, le Théâtre du Soleil a réussi à surmonter les difficultés financières qu’il rencontrait. Surmonter ne veut pas dire résoudre. Le problème est là, toujours là, et, vu le contexte actuel, le danger s’aggrave. 

S’offrent à nous trois solutions : 

1° Augmenter considérablement le prix des places, c’est-à-dire rendre notre Théâtre difficilement abordable au plus grand nombre, ce qui revient à renoncer à faire ce que nous pensons être notre devoir. 

2° Réduire nos ambitions artistiques, c’est-à-dire moins de répétitions, moins d’acteurs, moins de recherche, bref renoncer à être nous-mêmes. 

3° Licencier une partie d’entre nous, c’est-à-dire renoncer à être une troupe, et, à plus ou moins brève échéance, disparaître. 

Alors comment poursuivre ? Comment ne pas se renier ? Comment ne pas mourir ? Comment faire pour que ce spectacle ne soit pas le dernier ? 

C’est là que le public entre en scène. Car, après tout, le seul mécène légitime et terrible, parce qu’il se mérite, c’est lui, c’est vous. C’est pourquoi nous proposons à ceux qui le veulent, à ceux qui le peuvent, de payer leurs places plus cher, c’est-à-dire d’acheter ce que nous appellerons des billets-mécènes, dont les prix sont de 50 €, 100 € ou 150 € au lieu de 29 €. Que chacun fasse selon ses moyens. 

En échange, nous ne vous promettons ni badges, ni soirées de gala, ni petits cadeaux, ni petits privilèges. Rien d’autre que d’être les spectateurs solidaires d’un théâtre libre et qui ne veut renoncer à rien. 

Que vous puissiez être mécène ou pas, sachez que nous sommes toujours très heureux de vous retrouver. 

À bientôt, 

Ariane Mnouchkine 


P.S. : Cette lettre est la réplique exacte de celle que nous vous écrivions il y a 27 ans, en 1987. Nous avons tenu. Nous tiendrons, avec vous.


No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
June 3, 2014 12:20 PM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine : "Le théâtre est un service public"

À l’occasion de la création de Macbeth et des 50 ans du Théâtre du Soleil la metteur en scène est l'invitée de la matinale de Bruno Duvic. A retrouver sur www.franceinter.fr
No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
April 24, 2014 3:51 AM
Scoop.it!

De levers de Soleil en levers de rideau, cinquante ans d'« Ariane »

De levers de Soleil en levers de rideau, cinquante ans d'« Ariane » | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Fondé en 1964 par Ariane Mnouchkine, le Théâtre du Soleil célèbre son anniversaire en créant « Macbeth » dans son antre de la Cartoucherie de Vincennes.

 

 

Cinquante ans, eh oui. Traversés par des spectacles mythiques, de 1789 àL'Age d'or, des Shakespeare aux Atrides, de Sihanouk à L'Indiade, duDernier Caravansérail aux Ephémères, des Naufragés du fol espoir à ceMacbeth qu'elle monte aujourd'hui avec la troupe. Mais nul voile de nostalgie chez Ariane Mnouchkine, à qui ce sentiment semble totalement« mortifère ». « Bien sûr je m'émerveille, je trouve incroyable que nous ayons tenu tout ce temps. Mais dans le fond… je ne dirais pas que cet anniversaire ne m'intéresse pas, mais ce qui m'intéresse bien davantage, c'est ce qui s'est passé à la répétition d'hier soir », dit-elle au milieu de son royaume en chantier, à trois semaines de la création de Macbeth.

 

 

UNE SORTE D'IMAGE D'EPINAL

 

Ainsi est-elle, Ariane la flamboyante, dont l'icône, le visage auréolé de sa crinière blanche, déchirant les billets des spectateurs à l'entrée de son théâtre, est désormais une sorte d'image d'Epinal. Ses emportements sont célèbres, sa capacité d'enthousiasme et son énergie inépuisables, sa passion intacte, alors qu'elle fête, en même temps que les cinquante ans de sa troupe, ses 75 ans. Aller de l'avant, toujours et toujours, ne pas regarder en arrière. Tous le disent, de Jean-Jacques Lemêtre, le fidèle compagnon, créateur des musiques du Soleil depuis 1979, aux comédiens, anciens et nouveaux : « Si la troupe a tenu, c'est grâce à Ariane. » Personne, jamais, ne l'appelle autrement qu'« Ariane ».

« Elle a toujours eu ce côté aventurière », se souvient Jean-Claude Penchenat, qui a fondé la troupe avec elle et est parti après L'Age d'or, en 1975, pour vivre d'autres aventures, et notamment créer Le Bal, spectacle (et film) de belle mémoire.

A la fin des années 1950, boucles brunes, visage fin et ardent, « Ariane » part à Oxford, pour apprendre l'anglais. Premier voyage – il y en aura beaucoup d'autres. Parce qu'elle s'ennuie, elle entre dans la troupe de théâtre universitaire de la célèbre institution anglaise, où elle travaille notamment comme assistante aux costumes, et côtoie le (futur) cinéaste Ken Loach. « Et puis un soir, en sortant d'une répétition de Coriolan, je suis montée dans le bus et je me suis dit : “C'est ça, ma vie''. Cela m'est tombé dessus comme un vrai coup de foudre, c'était physique. »

 

Fabienne Darge pour Le Monde

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

Autre article Théâtre du Soleil, utopie durable et flamboyante : www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/23/le-theatre-du-soleil-utopie-durable-et-flamboyante_4405719_3246.html

 

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
April 21, 2014 6:32 PM
Scoop.it!

Ariane Mnouchkine raconte la naissance du projet "Macbeth"

Ariane Mnouchkine raconte la naissance du projet "Macbeth" | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Après Les Naufragés du Fol Espoir qui nous plongeait dans l’univers de Jules Verne et des pionniers du cinéma éducatif, comment est né le projet de monter Macbeth ? ...
No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
December 31, 2013 4:30 PM
Scoop.it!

Les voeux d'Ariane Mnouchkine pour 2014

Les voeux d'Ariane Mnouchkine pour 2014 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 

 

 

« Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

À l’aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur.

Une fois dit ça… qu’ai-je dit? Que souhaité-je vraiment ?

 

Je m’explique :

Je nous souhaite d’abord une fuite périlleuse et ensuite un immense chantier.

 

D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires.

 

Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

 

Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier, un chantier colossal, pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers.

Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s’empressent d’apposer l’écriteau : “Chantier Interdit Au Public“

 

Je crois que j’ose parler de la démocratie.

 

Etre consultés de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous, tous, responsables de tout.

 

Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence. De cris, de rage. Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance.

L’Etat, en l’occurrence, c’est nous.

 

Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où, à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu’à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence.

 

Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres.

Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif.

 

 

Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entrainera et entraine déjà ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire Les Châtiments.  Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.

 

Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont  ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

 

Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.

 

Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.

 

 

Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.

Qu’attendons-nous ? L’année 2014 ? La voici.

 

 

PS : Les deux poètes cités sont évidemment Pablo Neruda et Victor Hugo »

 

Ariane Mnouchkine, metteure en scène, fondatrice du Théâtre du Soleil

 

Ces voeux ont été offerts à Médiapart, qui les a publiés également sous la forme d'une vidéo, texte lu par Edwy Plenel.

 

Lien pour voir la vidéo : http://www.mediapart.fr/journal/france/311213/les-voeux-d-epopee-d-ariane-mnouchkine

 

No comment yet.