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Le spectateur de Belleville
August 20, 2016 7:45 PM
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Le spectateur de Belleville
August 19, 2016 5:17 PM
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Le spectateur de Belleville
September 26, 2015 3:44 AM
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Par Cristina Marino pour Le Monde : Si Cannes se transforme chaque année en capitale du cinéma en mai, Avignon en celle du théâtre en juillet ou encore Aurillac en rendez-vous international des spectacles de rue en août, Charleville-Mézières (Ardennes) est sans conteste la cité de la marionnette. Non seulement tous les deux ans, en septembre, avec le Festival mondial des théâtres de marionnettes, mais aussi tout au long de l’année grâce à plusieurs structures dédiées comme l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam) et l’Institut international de la marionnette (IIM) dont elle dépend.
Pour la 18e édition du Festival mondial des théâtres de marionnettes (du 18 au 27 septembre), dès son arrivée à la gare, le visiteur est accueilli par une série de grandes affiches de films célèbres détournées par le photographe Petr Kurecka pour son exposition « Puppet Fiction », qui dure le temps du festival.
Les actrices Audrey Tautou (Amélie Poulain), Marion Cotillard (Edith Piaf), Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s), de Blake Edwards ou encore Uma Thurman dans Pulp Fiction, de Quentin Tarantino, ont le visage de Porshia, l’une des marionnettes fétiches en mousse de l’artiste d’origine brésilienne Duda Paiva, invité de cette édition 2015. En descendant du train, les festivaliers plongent ainsi d’emblée dans l’univers irréel de ces acteurs et actrices de chiffons (et de bien d’autres matières) qui envahissent la ville pendant ces dix jours.
580 représentations en dix jours
Et c’est peu dire que Charleville-Mézières vit au rythme de ces créatures à fils. Le Festival mondial des théâtres de marionnettes, ce sont 115 compagnies venues de plus de 25 pays différents qui s’installent pour 580 représentations, dont 14 coproductions et 41 premières en France. Mais derrière ces chiffres se cache aussi une réalité au quotidien : pendant dix jours, tous les habitants de Charleville-Mézières mangent, dorment et parlent marionnettes, qu’ils soient bénévoles, commerçants, étudiants ou eux-mêmes artistes. Les vitrines des magasins du centre-ville cultivent l’ambiance à grand renfort de Guignols, Polichinelles et autres figures emblématiques des arts de la marionnette.
En ville, les marionnettes semblent ne jamais faire relâche : il y a des spectacles presque toutes les heures chaque jour entre 10 heures et 23 heures. Et cela ne concerne que la programmation du « in », car le « off » attire dans les rues une multitude de micro-compagnies et d’artistes en tous genres venus tenter leur chance et récolter auprès des badauds quelques euros « au chapeau ». Pas un seul coin de rue où l’on ne croise de jour comme de nuit de courtes représentations, parfois faites de bric et de broc, parfois plus élaborées.
La place Ducale au cœur du festival
La place Ducale, version locale de la place des Vosges parisienne, devient une « cour des miracles » où se mêlent dans une confusion bariolée artistes de rue, festivaliers, camelots exposant des marionnettes de toutes tailles et qualités, vendeurs de gaufres, crêpes, sandwichs et autres. Elle est régulièrement envahie par des ribambelles d’enfants, vêtus de gilets jaune ou orange fluo portant les noms de leurs écoles, le festival mettant un point d’honneur à ouvrir largement ses portes aux scolaires.
Sur la place, outre les désormais célèbres « Polichucales », des 5 à 7 quotidiens où se donnent rendez-vous des Polichinelles venus de tous les pays, la principale attraction est indéniablement la « performance poétique pour l’espace public » proposée par la compagnie Créature, originaire de Blagnac (Haute-Garonne), et baptisée Les Irréels. Soit douze petites cabanes qui se peuplent de créatures hybrides mi-humaines mi-animales aux noms évocateurs comme « La Lessiveuse de malheurs », « La Tisseuse de liens », « La Dorloteuse d’enfance » ou « Le Rafistoleur de mémoire ».
Rompre avec l’image d’Epinal de Guignol
Dans le « in », le Festival mondial des théâtres de marionnettes veut rompre avec l’image d’Epinal traditionnelle, un peu ringarde et infantile, de Guignol et compagnie. Comme l’explique Anne-Françoise Cabanis, directrice du festival, « c’est bien dommage que la marionnette continue de véhiculer encore l’image réductrice de spectacle pour enfants ». Et ce alors qu’il y a « tant de spectacles de marionnettes formidables et surprenants à découvrir pour les adultes ». « Spectacle de marionnettes pour enfants ne rime pas avec spectacle niaiseux et infantilisant, martèle-t-elle. Bien au contraire, la création pour jeune public en la matière est innovante ».
Assister en une seule journée à cinq spectacles d’affilée, soit un infime pourcentage des 580 représentations proposées pendant ces dix jours de festival, permet de se rendre compte de l’infinie richesse des sujets traités et des formes d’expression utilisées par les compagnies présentes pour cette 18e édition.
Tout un univers sépare les sculptures éphémères en terre qui naissent, le temps d’une représentation de Count to One, sous les mains des artistes de la compagnie iranienne Yase Tamam, des marionnettes à taille humaine plus vraies que nature qui peuplent Le Rêve d’Anna, un spectacle proposé par la compagnie Trois-Six-Trente. Dans ce dernier, une fillette et un cheval blanc sont si criants de vérité que certains jeunes spectateurs se sont totalement laissés prendre par l’illusion, jusqu’à s’exclamer au début de la représentation : « Oh, regarde ! C’est un vrai cheval ! Comment ils ont fait pour le faire monter sur scène ? »
De même, la marionnette géante à mi-chemin entre la pieuvre et la sirène, le monstre et la femme, dans Squid, de la compagnie Pseudonymo n’a pas grand-chose en commun avec les petites marionnettes des spectacles Les Nuits polaires, de la compagnie Les Anges au plafond, invitée de l’édition 2015 – elles tiennent dans l’igloo qui sert de salle de représentations. Ou de celles de Schweinehund, d’Andy Gaukel et Myriame Larose : des pantins squelettiques d’environ 30 centimètres de hauteur aux visages grossièrement figurés, sont manipulés sur une simple table par deux marionnettistes vêtus de noir dont seules les mains restent visibles.
A mi-chemin entre rêve et réalité
Par-delà de ces différences, la magie de ces créatures de chiffons opère. Quand bien même les sujets abordés sont des plus sombres : la monstruosité et la perte d’identité dans Squid ; la guerre dans Count to One ; le chômage et les peurs de l’enfance dans Le Rêve d’Anna ; la dépression et la solitude dans Les Nuits polaires ; la déportation et l’extermination des homosexuels dans Schweinehund. Des spectacles à mille lieux de l’univers aseptisé d’un Guignol pour enfants mièvre et désuet.
« La foisonnante et pertinente diversité de la marionnette envahit les scènes contemporaines pour questionner notre époque, ses crises et notre humanité, écrit d’ailleurs Anne-François Cabanis dans son texte d’introduction de la brochure du festival. Ni secondaire, ni marginale, ni annexe, la marionnette sait produire le sens et conduire la réflexion dont nous avons besoin pour raconter et comprendre le monde déstabilisant et en mutation dans lequel nous vivons. »
Une première pierre posée par Fleur Pellerin
Signe que les créatures de chiffons et à fils ont durablement élu domicile à Charleville-Mézières, un nouveau bâtiment est en construction pour l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette. La ministre de la culture, Fleur Pellerin, en a posé la première pierre en ce vendredi 25 septembre, il devrait ouvrir ses portes à la rentrée 2016. Des rencontres professionnelles à l’échelle mondiale sont aussi régulièrement organisées dans la ville par l’Institut international de la marionnette.
Un rayonnement mondial qui permet à Charleville Mézières de gommer l’image négative qu’en avait donnée au XIXe siècle l’un de ses plus célèbres enfants, Arthur Rimbaud (1854-1891). Le poète, qui la surnommait « Charlestown » en référence à son fondateur en 1606, Charles de Gonzague, écrivait à son sujet, dans une lettre à Georges Izambard datée du 25 août 1870 : « Ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de province ».
18e Festival mondial des théâtres de marionnettes, à Charleville-Mézières (Ardennes), du 18 au 27 septembre 2015. www.festival-marionnette.com
Cristina Marino (Charleville-Mézières (Ardennes))
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Le spectateur de Belleville
August 24, 2015 2:40 PM
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Publié par Paul Lorgerie pour Libération : Une exubérante folie qui tourne à l’effroi : Naufrage est l’histoire d’un monde dont la proue fonce droit dans le ponton. Dans un langage onomatopéique, les personnages d’une commedia dell’arte contemporaine s’adonnent aux mondanités d’une soirée de club privé, dont la déliquescence est le fil rouge. Voilà trente ans que la compagnie Kumulus, basée dans l’Aude, tire ses coups de gueule sans s’embarrasser de rendre ses pensées présentables - comme en 2009 avec les Pendus, où la pièce donnait littéralement à voir sur la place publique l’exécution des condamnés au gibet.
Guère moins radicale, la nouvelle pièce est née d’un processus créatif de trois mois, avec des workshops (ateliers) au sein du Parapluie, centre international de création artistique, de recherche et rayonnement du théâtre de rue tenu à Aurillac par l’association Eclat, qui organise le festival. «N os sociétés échouent comme le Radeau de la Méduse. Ce sont toujours les mêmes qui sont à bord de la chaloupe et les autres restent à bord», explique Barthélémy Bompard, metteur en scène de la compagnie. Naufrage avance timidement sans que le spectateur ne se perde dans les eaux qui divaguent, avec quelques longueurs qui ne font que donner le temps au tableau de Théodore Géricault de se reproduire par la chorégraphie des comédiens. Laquelle s’étire lentement, des ripailles délurées initiales vers une description physique de la folie, tandis que la fuite de tout espoir gagne le regard d’abord goguenard de personnages en déroute.
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Le spectateur de Belleville
August 12, 2015 3:40 AM
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Publié par Sonia Reyne dans La Tribune : Le 30e Festival international de Théâtre de Rue à Aurillac fait se rencontrer au cœur du Cantal un public conquis qui ne cesse d'augmenter en nombre avec plus de 500 compagnies de spectacle vivant, pendant quatre jours. Du 19 au 22 août, les rues de la cité d'Aurillac deviennent un lieu d'utopie et accueillent plus de 500 compagnies de spectacle vivant. Initiée en 1986 par Michel Crespin (décédé en 2014), l'aventure du festival international de théâtre de rue à Aurillac se poursuit cette année encore avec pour l'occasion de quatre jours de spectacles, de fête et d'émotions. L'utopie dans la rue "La programmation est reconnue à la fois pour sa qualité et son ouverture à tous et à toutes formes d'expression", explique Anne Lacombe, responsable communication du festival. "Cela fait bientôt 30 ans que cette terre nourricière du théâtre de rue se rebiffe chaque été pour faire front à l'intolérance et aux xénophobies... 30 ans que nous nous mélangeons habitants, voyageurs, artistes, 30 ans que nous malaxons une kyrielle de contradictions entre écologie, autonomie, surréalisme, autogestion, vertiges indépendantistes, retour à la terre, prouesses technologiques, trou noir...", poursuit Jean-Marie Songy, directeur du festival. Un public intergénérationnel En effet, pendant quatre jours, une vingtaine de compagnies compose la programmation officielle. "En parallèle, le Festival met un point d'honneur à accueillir tous les artistes de rue qui souhaitent se produire dans les rues, les squares et les cours d'Aurillac. Aujourd'hui, plus de 500 compagnies se réunissent dans la cité ", précise Anne Lacombe. L'histoire du Festival d'Aurillac est particulièrement atypique dans le paysage culturel français. Créé en 1986 et inscrit volontairement dans un territoire rural, il s'impose comme l'une des principales manifestations de spectacle vivant en France. Le public, "intergénérationnel" fait passer la population de 30 000 à 100 000 personnes et vient de toute la France. Certains spectateurs avaient 25 ans à la création du Festival, aujourd'hui ils viennent avec leurs enfants, d'autres avec leurs petits enfants. Avec très peu de spectacle en billetterie et beaucoup de compagnies en off, la ville et sa périphérie se transforment en salle de spectacles géante. "C'est une ville ouverte aux artistes, et le public ne s'y trompe pas. Il est au rendez-vous. Certains programment le festival sur la route du retour des vacances"remarque Anne Lacombe. Quelles retombées économiques pour le territoire ? Une étude du Comité régional de développement touristique d'Auvergne (CRDTA) évalue les retombées économiques du Festival 'La fréquentation réelle du festival a été analysée en août 2012. Le grand public est jeune, venu d'autres régions spécialement pour le festival qui confirme son statut d'événement touristique. En quatre jours on compte 65 000 repas, près de 90 000 consommations dans les bars... Pour un total de 2 millions d'euros dépensés. Le budget 2015 du festival est lui de 1 838 000 euros.
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Le spectateur de Belleville
September 8, 2014 6:52 PM
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Le monde des arts de la rue est en deuil. Michel Crespin, fondateur du festival d'Aurillac est décédé ce lundi 8 septembre. Le monde des arts de la rue est en deuil. Michel Crespin, fondateur et premier directeur artistique du festival international de Théâtre de rue d’Aurillac, est décédé, ce lundi 8 septembre 2014, à l’âge de 74 ans, à Château-Chalon dans le Jura. Licencié en sciences-physiques, commandeur des arts et des lettres, chevalier de l’ordre national du mérite, Michel Crespin était un « grand monsieur » des arts de la rue. Amoureux de l’espace urbain et de son appropriation artistique, il était à l’origine de nombreux événements et objets culturels : fondateur de « Lieux publics » en 1982, centre national de création des arts de rue à Marne la Vallée (déplacé à Marseille en 1989), cofondateur avec Pierre Berthelot de la Cité des arts de la rue à Marseille, initiateur de la FAI AR (formation avancée et itinérante des arts de la rue), et la liste de ce qu’a entrepris Michel Crespin est encore bien longue. « Il a plaidé la parole libre toute sa vie » Metteur-en-scène, scénographe, il a créé le premier festival européen de Théâtre de rue d’Aurillac en 1986. Mireille Lacombe, présidente de l’association Éclat de 1990 à 1992 et ancienne adjointe au maire d’Aurillac en charge de l’économie puis de la culture, était à ses côtés au début de l’aventure : « je suis très triste. Tous les ans, on se retrouvait à Aurillac et cette année, exceptionnellement, il n’est pas venu et comptait bien être là pour la 30ème. C’était un passionné en liberté, au pluriel. Il aimait la confrontation, le débat, c’était un militant à travers le spectacle vivant, une figure libre qui voulait les lieux publics », concède Mireille Lacombe qui avait tissé des liens d’amitié avec Michel Crespin : « il était scénographe de ville, il en faisait son champ d’investigations. C’est quelqu’un qui aimait aussi être porté par les paysages comme dans le Jura ou dans le Cantal »,poursuit Mireille Lacombe qui se remémore les prémices du festival aurillacois imaginé dans une caravane stationnée à Marne la Vallée, au centre national de création des arts de la rue qu’il a fondé : « je me souviendrais longtemps du jour où l’on s’est trouvé à Paris en face de ce fou de scène, avec Jean-Paul Peuch, Yvon Bec, et Jean-Pierre Lacoste, lorsqu’il a proposé le festival de Théâtre de rue. Il a su convaincre tout le monde, c’était aussi un séducteur mais il n’avait pas que la folie, il avait aussi une certaine rationalité du scientifique pour porter un tel projet. Il était très respecté et a plaidé la parole libre toute sa vie. Les arts de la rue sont en deuil ».
Artricle paru dans La voix du Cantal le 8 septembre
Et aussi Communiqué de Fleur Pellerin, ministre de la Culture : http://www.culturecommunication.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Hommage-de-Fleur-Pellerin-a-Michel-Crespin
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Le spectateur de Belleville
August 24, 2014 7:51 AM
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L’avenir du théâtre de rue est-il aux compagnies qui se lèvent tôt ? C’est ce que tend à prouver cette 29e édition du Festival d’Aurillac au commencement et au terme d’une folle journée de ce festival qui en compte quatre et qui comme à chaque fois, concentre en quatre jours des centaines de propositions. Celles choisies et limitées (une grosse vingtaine) du festival officiel et celles (innombrables) et non choisies (premier demandeur, premier servi) des compagnies de passage dont l’accueil et l’emplacement (gratuit) sont gérés par l’équipe du festival (un anti « off » avignonnais en quelque sorte). C’est parti. 8h50 : Opéra Pagaï Le rendez-vous est devant le théâtre d’Aurillac, mais on n’y entrera pas. Opéra Pagaï, l’une des meilleures compagnies de théâtre de rue, comme elle ne va pas tarder à le prouver encore une fois, n’apprécie guère les lieux confinés, ce qui ne l’empêche pas de travailler au corps l’intimité. Le secret des êtres derrière des rideaux, des vitres d’un quartier pavillonnaire ( « Safari intime »), ou au cœur de la cité, sur la place d’une ville comme c’est le cas pour leur nouvelle création « Cinérama ». Non loin du théâtre, c’est à une terrasse d’un café que l’on est invité à s’assoir, place de l’hôtel de ville. Un café, des oreillettes pour chacun et le spectacle commence. Spectacle ? Les passants de la place n’y voient que du feu. Sans doute certains habitués s’étonnent-ils de voir une terrasse de café si pleine à 9 heures du matin alors qu’il fait un rien frisquet, mais aucun ne remarque à la terrasse d’en face, celle du café L’Epilogue (c’est bien le nom du café) un homme et une femme dans les 35 ans qui discutent. Or cela, nous, nous l’entendons dans nos oreillettes. L’homme et la femme sont attablés autour d’un projet de scénario qui n’avance pas, alors ils ont une idée lumineuse : et si tout se passait ici, sur cette place ? Tiens, cet homme qui passe là et qui ressemble à Al Pacino (et hop ! On envoie en sus dans les oreillettes la musique du « Parrain »), appelons-le Mario, il est au chômage mais il a un projet de petite entreprise, il doit aller chercher son fils à l’école… propose le scénariste qui lui-même a un fils du même âge, semble-t-il. La scénariste, qui vit des amours compliquées avec un certain Fred (qui se révélera être un flic trempé dans la scoumoune) et qui n’a pas encore d’enfant, n’est pas toujours d’accord avec son acolyte scénariste, ce qui nous vaut à vue de savoureux retours en arrière. Le scénario que l’on voit s’inventer à vue s’offre, en effet des repentirs, propose plusieurs pistes avant d’en choisir une. Apparaîtront différents passants qui le resteront pour la foule de la place de l’hôtel de ville mais se révèleront être pour nous, qui les entendons ou entendons les scénaristes parler d’eux, des personnages. Jean-Pierre Thibaudat pour son blog "Théâtre et Balagan" sur Rue 89 CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE
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Le spectateur de Belleville
June 10, 2014 10:21 AM
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Les géants de la compagnie dirigée par Jean-Luc Courcoult arpentent, trois jours durant, la ville qui les accueille depuis la fin des années 1980. Quoi de plus fou, de plus magique ? Quoi de plus sidérant, pour les enfants de tous âges – même ceux qui n'ont gardé, bien enfouie, qu'une toute petite parcelle de leur capacité d'émerveillement – que les géants de Royal de Luxe ? Les voilà qui arpentent à nouveau les rues de Nantes, depuis samedi 7 juin au matin, ces titans qui nous ressemblent, sous la conduite de leur deus ex machina, le génial et gargantuesque Jean-Luc Courcoult, créateur d'une forme de théâtre inédite et jamais égalée à ce jour. Car il s'agit bien de théâtre, et non de carnaval. Il s'agit bien de raconter des histoires. Avec Jean-Luc Courcoult, c'est comme si les créatures des grands livres fondateurs – Rabelais, Jules Verne… – se matérialisaient sous nos yeux, en chair et en os… ou presque. Vingt ans déjà, et quelques poussières, que le grand manitou de Royal de Luxe promène dans les rues de Nantes et du monde entier ses marionnettes gigantesques, capables de raconter une histoire à une ville entière. IMAGINAIRE SCIENTIFIQUE ET POÉTIQUE COMPLÈTEMENT DÉBRIDÉ Il y a d'abord eu le Grand Géant et le Petit Géant noir, accompagnés de girafes ou d'éléphants fabuleux. Puis il y a eu, à partir de 2009, la Petite Géante qui, dans le cœur du public, a bientôt eu le statut de ces petites filles précieuses et très chéries. Dans la famille Royal de Luxe, que tout spectateur considère comme étant un peu la sienne, vous pouvez désormais demander… la grand-mère. C'est elle, l'héroïne de cette nouvelle création, Le Mur de Planck, dans laquelle Jean-Luc Courcoult mêle, comme à son habitude, un imaginaire scientifique et poétique complètement débridé. C'est elle que l'on découvre, cette très grande « mère-grand », en ce samedi matin, endormie dans sa chaise roulante, devant l'opéra de Nantes. Elle que l'on voit doucement se réveiller, sous les cris de joie frénétiques des enfants, et ouvrir un œil d'une tendresse et d'une malice infinies sur le monde. La légende conte qu'elle a parcouru, pour se retrouver là, quatorze millions d'années-lumière, cette grand-mère qui ressemble furieusement aux nôtres, avec sa blouse bleue à fleurs, ses charentaises écossaises et son chignon de cheveux gris. DES HISTOIRES QUE PLUS PERSONNE NE RACONTAIT Si elle a ainsi traversé le mur du temps, plutôt que de rester planquée derrière – interprétation purement personnelle du titre du spectacle, par ailleurs tiré d'un concept que l'on ne se risquera pas à tenter d'expliquer ici, dû au physicien allemand Max Planck, père de la physique quantique –, si donc elle a filé comme si le temps n'était qu'une poussière immatérielle, notre grand-mère, c'est qu'il y avait urgence. Il fallait d'abord qu'elle raconte des histoires que plus personne ne racontait, le soir à la veillée, et qu'elle rouvre le coffre-fort de la mémoire, verrouillé à double tour. Il fallait ensuite qu'elle retrouve le Petit Géant noir, dont elle sentait bien qu'il était triste, abandonné. Alors mère-grand a parcouru la ville, s'arrêtant de-ci de-là, pour raconter leur histoire aux habitants de Nantes. Celle d'une ville qui fut longtemps surnommée la « Venise de l'Ouest », et où une couverture de béton a été posée « sur l'eau remplie de rêves ». Celle d'un port ayant bâti sa fortune sur la traite des Noirs – avec l'histoire, extraordinaire, de Gaël de la Bretonne, débarquant à Nantes en 1795, en pleine Révolution française, avec sa cargaison d'esclaves… Et celle, bien plus étrange encore, de Willy Wolf, un cascadeur polonais qui, le 31 mai 1925, se tua en se jetant du haut du Pont transbordeur, alors qu'il avait surnommé son numéro « L'Homme qui va mourir »… Elle parlait dans une langue étrange, que tout le monde comprenait, et ne dédaignait pas, à l'occasion, de fumer la pipe ou de boire un petit godet de whisky, cette grand-mère supposée avoir des ascendances nantaises et irlandaises – et qui est le premier géant « parlant » de Royal de Luxe, sa tête, d'une mobilité et d'une expressivité inouïes, ayant été fabriquée dans une sorte de silicone, alors que celle de ses prédécesseurs était en bois. LES FANTÔMES DE NANTES Pendant ce temps-là, le Petit Géant noir la cherchait à travers la ville, à travers le temps. Il avait l'air fatigué, comme après un très long voyage. En cette soirée du samedi, ils se rencontrèrent enfin, sur l'île Gloriette. Ils restèrent quelques instants l'un en face de l'autre, puis la grand-mère prit le petit dans ses bras, en un geste consolateur et rédempteur. Cette image inoubliable, comme sait en créer Jean-Luc Courcoult, parlait d'elle-même, en ces temps où certains fantasment une France repliée sur son pré carré. Puis la grand-mère et le Petit Géant allèrent se coucher, elle dans son fauteuil, lui dans son lit de fer. Leurs poitrines se soulevèrent, et un grand souffle d'émotion passa dans l'air du soir, à Nantes. Jean-Luc Courcoult et son équipage de manipulateurs lilliputiens en livrée de velours rouge avaient, une fois de plus, à leur manière si généreuse, touché des cordes on ne peut plus sensibles, en réveillant les fantômes de Nantes sans violenter quiconque. Alors des milliers de personnes s'en revinrent par les rues de la ville. Beaucoup étaient songeuses. Certaines, sans doute, s'interrogeaient sur cet étrange phénomène, qui voit les enfants d'aujourd'hui regarder leurs grands-parents comme s'ils étaient des êtres venus de quatorze millions d'années-lumière. D'autres, bien sûr, revoyaient ces géants qui font grandir l'humanité à hauteur de rêve. Ce qui est bien, avec Royal de Luxe, c'est que l'on ne se sent pas seul. Trois cent mille personnes lors de cette première journée de samedi, 1 million attendues à l'issue des trois jours de parade. Du jamais-vu.
Le Mur de Planck, par la compagnie Royal de Luxe. Direction artistique : Jean-Luc Courcoult. Dans les rues de Nantes, jusqu'à lundi 9 juin au soir. Gratuit. Puis tournée : Royaume-Uni, Irlande, Australie, Belgique, Chili, Etats-Unis… Fabienne Darge (Nantes, envoyée spéciale) Journaliste au Monde
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Le spectateur de Belleville
September 11, 2012 2:48 AM
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Plus on avance dans les grand-messes de l’été, plus les projets se délitent. Autant Montpellier Danse est un festival rôdé qui sait gérer tous les problèmes et l’organisation y est impeccable. Avignon et son off brouillent déjà beaucoup les pistes et le festival du Vaucluse impose à son spectateur une meilleure organisation. Que dire du festival international du théâtre de rue d’Aurillac ? Certes, une invasion de punks à chien qui quittent un immense tecknival du Sud pour rejoindre celui de nord colore « légèrement » le festival (Aurillac se trouve pile poil (de chien) entre les deux concerts techno géants aussi bien géographiquement que temporellement). Mais l’organisation ou plus la désorganisation d’un off à tout va, qui n’a même pas de directeur, où la programmation est faite en fonction des places libres et où si peu de personnes anticipent les problèmes à venir accentue l’image déjà écornée du théâtre de rue. Sur quatre jours, les rues regorgent de pseudo-artistes qui ont bricolé un divertissement en quelques jours et les belles propositions se perdent dans cette lie détestable et crasse. Pourtant la programmation de Jean-Marie Songy, directeur du In, vaut le détour. Les spectacles et les créations sont pensés pour un public très varié et le néophyte comme l’expert y trouveront leur compte (ce que ne sera pas le cas dans la majeure partie des festivals qui concoctent une programmation pour spécialistes). Petit résumé des spectacles et des coins et astuces à découvrir Bruno Paternot pour inferno-magazine CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE
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Le spectateur de Belleville
August 19, 2016 6:33 PM
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Le spectateur de Belleville
June 22, 2016 7:26 PM
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A l’issue de la remise du rapport de la mission nationale pour l’art et la culture dans l’espace public (MNACEP) présidée par Jean Blaise, Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, a présenté le 14 juin onze mesures pour développer le secteur.
© MCC / Thibaut Chapotot
Vers une politique culturelle dans l’espace public
Quelle place pour l’art et la culture dans l’espace public ? Réunis autour de Jean Blaise, pionnier de la conception d’événements culturels dans l’espace public, les membres de la MNACEP lancée en 2014 par le ministère de la Culture et de la Communication, ont remis leur rapport le 14 juin à Audrey Azoulay. Dans un document très complet qui dresse un état des lieux de la création dans l’espace public en France, la MNACEP plaide pour « une grande politique de l’art dans l’espace public », qui pourrait s’appuyer sur deux de leurs préconisations : une plus grande ouverture du réseau des institutions culturelles hors-les-murs et la création d’un fonds d’intervention destiné à promouvoir la culture dans l’espace public.
La création dans l'espace public est un enjeu démocratique majeur
L’art dans l’espace public : un enjeu démocratique essentiel
Pour la ministre de la Culture et de la Communication, la question de l’art et de la culture dans l’espace public est « un enjeu démocratique essentiel », touchant notamment à « l’apprentissage de la citoyenneté » et à « la rencontre avec la mixité sociale ».C’est pourquoi elle en a fait l’un des axes majeurs de sa politique pour favoriser les nouveaux modes d’accès à la culture. Le 6 juin, elle a annoncé un renforcement des soutiens de l’État au secteur des arts du cirque. Le 14 juin, elle a détaillé une série de mesures visant à développer les interventions pour l’art et la culture dans l’espace public. « Au moment où la loi liberté de création, architecture et patrimoine est examinée au Parlement, l’espace public est au cœur de la réflexion sur la liberté de création et de diffusion », a assuré Audrey Azoulay.
11 mesures pour l’art dans l’espace public
La ministre de la Culture et de la Communication a présenté quatre axes destinés au développement de l’art et la culture dans l’espace public :
> En soutenant leur présence grâce à de nouveaux modes de financement (un fonds d’intervention est à l’étude dans le cadre du projet de loi création), mais aussi en incitant les structures labellisées à programmer davantage hors les murs et dans l’espace public ; enfin, grâce au renforcement du 1% artistique, qui permet de consacrer une partie du budget des travaux des constructions publiques, notamment dans les établissements scolaires, à la commande d’une œuvre d’artiste.
> En accompagnant mieux les arts de la rue avec 800 000 euros de mesures nouvelles en 2016 : à travers une aide à 10 compagnies, dont 3 soutenues au titre de leur rayonnement (KomplexKapharnaum, Opéra Pagaï et Les Souffleurs Commando Poétique), 7 projets de résidence et 2 ateliers de fabrique artistique ; à travers une revalorisation dès cette année à 200 000 € du soutien minimum de l’État pour les Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l'Espace Public, revalorisation dont bénéficieront six de ces CNAREP.
> En inscrivant davantage l’art au cœur des mutations urbaines : d’abord, à travers un dialogue soutenu avec les collectivités territoriales, qui font le choix de soutenir cette démarche ; ensuite, en poursuivant les schémas de développement territorial avec les acteurs des arts visuels comme pour les arts de la rue ; enfin, à travers une réflexion pour mieux accompagner l’accueil des manifestations, notamment dans les centre-villes.
> En poursuivant les actions engagées par la MNACEP : grâce à la création d’ARTCena, née du rapprochement des centres de ressources HorsLesMurs (cirque et arts de la rue) et du Centre national du théâtre ; en valorisant les outils, nés des travaux de cette mission : cartographies de Hors Les Murs, plateforme numérique Atlasmuseum, plan guide du pOlau - Pôle des arts urbains à Tours, ou le site internet du Centre National des Arts Plastiques pour les commandes publiques.
MNACEP : retour d’expérience
La grande parade de Lille 3000 © Philippe Huguen / AFP Composée de représentants de l’État et des collectivités territoriales, d’associations, d’artistes, d’architectes, d’urbanistes, de designers, la MNACEP a organisé de juillet 2014 à avril 2015 cinq ateliers à Nantes, Aurillac, Marseille, Cergy-Pontoise et Paris, qui font l’objet du rapport qui a été remis le 14 juin à Audrey Azoulay. Lors de cette réunion, les membres de la MNACEP ont fait part de leur expérience.
Alors que Jean Blaise souligne « la dimension très politique » de l’art dans l’espace public, Florian Salazar Martin, président de la fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture, plaide pour la spécificité de la création. « Nous ne sommes pas dans la neutralité », revendique-t-il. « Aujourd’hui, nous sommes face à une responsabilité historique, insiste Lucile Rimbert, présidente de la fédération des arts de la rue, nous avons besoin de réaffirmer nos valeurs, celles de la liberté d’expression et de la liberté de création ».
Pour Pierre Sauvageot, directeur de Lieux Publics, le rôle moteur de la France dans les initiatives en faveur de l’art dans l’espace public est une « chance » : « A l’échelon européen, l’espace public est une question partagée où la France joue un rôle majeur ». Tous mettent en avant le travail « collectif » et de « terrain » réalisé par la MNACEP.
« Un travail coopératif et non pas corporatiste », précise Françoise Léger, directrice du Citron jaune, centre national des arts de la rue, qui observe que la MNACEP a su « dépasser les frontières des disciplines ». Un travail qui a également mis l’accent sur des initiatives remarquables, comme celle du Plan-guide arts et aménagement des territoires conçu par l’urbaniste Maud Le Floc’h, directrice du pOlau. « A l’origine, nous avions l’intuition que la dynamique artistique pouvait avoir une influence sur la dynamique d’aménagement des territoires, explique-t-elle. Puis cette intuition est devenue une conviction, qui est devenue une réalité ». Reste à « mettre en musique » le travail de la MNACEP. Pour cela, Jean-Pierre Marcos, président de l’association Hors-les-Murs, appelle à « continuer le dialogue » entre l’État, les collectivités territoriales, les associations et les artistes.
© MCC / Thibaut Chapotot
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Le spectateur de Belleville
September 5, 2015 5:55 PM
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Publié par Philippe Engerbeau dans La Nouvelle République : Basée à Saint-Christophe-sur-Roc, née d’une bande de copains, cette compagnie des arts de la rue monte désormais des spectacles à gros budget.
C'est une des plus grosses compagnies des arts de la rue en France et son siège social est dans une ancienne laiterie à la campagne, à Saint-Christophe-sur-Roc. Budget pour sa dernière création « Hôtel Particulier » : environ 300.000 €. Celle-ci emploie 18 équivalents temps pleins en moyenne à l'année en tant qu'intermittents du spectacle. Mais fait encore plus rare dans le métier,Carabosse emploie aussi quatre salariés en CDI.
Philadelphie en 2016 avec un spectacle inspiré des migrants
Même Royal de Luxe, la plus grosse compagnie du genre en termes de diffusion en France (pour un seul projet le budget peut dépasser le million d'euros) emploie deux salariés seulement. « Un directeur et sa collaboratrice. Leur fonctionnement est beaucoup plus traditionnel et donc pyramidal . Chez eux, il y a un directeur et sa collaboratrice », explique Gwenaëlle Morin, l'administratrice de Carabosse. La compagnie deux-sévrienne fonctionne toujours en collectif même et surtout sur le plan artistique. Ses artistes viennent de tous les horizons. Et cela depuis sa naissance, il y a une vingtaine d'années et la rencontre entre une bande de copains qui faisaient du spectacle pour leurs loisirs. Il y avait un ingénieur diplômé d'une grande école ainsi qu'un éducateur spécialisé. Il y a huit ans, Fabrice Gilbert, le « baroudeur de service », a intégré l'équipe avec en poche un CAP mécanicien et un brevet d'Etat en équitation. L'âme de la compagnie est restée depuis l'esprit des années 1940-1950. « A cette époque, les spectacles de rue étaient toujours gratuits pour le public ». Ce soir à Cognac (Charente) il y aura bien une billetterie mais uniquement pour réserver sa place. Carabosse s'empare toujours des idées et spectacles dits émergents. Le genre de créations tellement novatrices qu'elles ne peuvent pas être portées par des compagnies trop peu reconnues. Les institutions en général ne leur font pas confiance. Le matériau artistique de base de la compagnie : le spectacle de feu. Des pots d'argile qui éclairent la nuit les espaces publics. Beaucoup de fer et d'acier. Tellement surprenants que la plupart des spectateurs entrent dans un monde à chaque fois imaginaire. L'an prochain, c'est à Philadelphie aux États-Unis que la compagnie ira jouer « Article 13 », un spectacle d'actualité, sur le thème des migrants.
nr.niort@nrco.fr
Philippe Engerbeau Spectacle "Hôtel particulier" le 5 septembre pour le Festival "Coup de chauffe" à Cognac http://ciecarabosse.fr/actu/tags/Cognac/ Images de "Veillée d'âmes", le 18 août au Festival d'Aurillac : https://www.youtube.com/watch?v=H4rkyyn6Q9g
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Le spectateur de Belleville
August 24, 2015 4:16 AM
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Le 19 août, la ville d’Aurillac s’est ouverte aux arts de la rue pour une trentième édition, avec plus de six cents compagnies.
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Le spectateur de Belleville
January 14, 2015 6:07 PM
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Publié par Le Monde : Le 14 janvier, la Philharmonie de Paris ouvrira ses portes dans le parc de La Villette. A deux pas du « 9-3 », ce département de Seine-Saint-Denis qui héberge l’une des populations les plus métissées et les plus défavorisées du pays. Derrière son immense façade en alliage d’aluminium, la plus grande salle de concert de la capitale, longtemps attendue, se veut réussir un double pari.
D’une main, convaincre le public des beaux quartiers, celui de la Salle Pleyel et du Théâtre des Champs-Elysées, de frayer son chemin jusqu’au nord-est de la ville pour satisfaire ses plaisirs musicaux. De l’autre, parvenir à fidéliser un nouveau publc, venu de quartiers populaires réputés « difficiles », autour d’une musique qu’il n’a guère l’habitude de goûter.
Car tel est bien le rêve que formule l’équipe de la Philharmonie : décomplexer ceux que l’on dit « éloignés », pour des raisons socioculturelles, de la musique classique. Orchestrer la rencontre entre l’œuvre et le public d’une façon renouvelée, diversifiée, avant et après le spectacle. Y parviendra-t-elle ? Alors que de grands noms du théâtre et du cinéma adressaient, le 10 décembre 2014, une lettre ouverte à Fleur Pellerin, ministre de la culture, pour s’inquiéter de la dégradation actuelle des conditions de travail des artistes et de ses conséquences pour la démocratie, la réussite du projet aura valeur de test.
« Efforts croissants des villes, des régions et des départements » Elle l’aura d’autant plus que la Philharmonie, même si musiques contemporaines et actuelles y auront droit de cité, constitue avant tout un temple de la musique classique. Or, celle-ci, depuis le tournant des années 1990, souffre d’un net déficit d’attractivité. Auprès des jeunes. Et, plus encore, auprès des populations les moins favorisées de la société française.
Autant qu’il y a un demi-siècle, plus peut-être, la fréquentation du concert de musique « savante » reflète une hiérarchie de classes. La fameuse « démocratisation culturelle » à la française, dont André Malraux avait rêvé qu’elle rende accessibles « les œuvres capitales de l’humanité au plus grand nombre », semble avoir partiellement échoué en ce qui concerne Mozart, Beethoven ou Ravel – comme pour les autres formes de spectacle vivant, mais de manière plus marquée encore que pour la danse ou le théâtre.
Partiellement : il faut insister sur ce mot. Comparée aux autres pays d’Europe, la France, en effet, reste un modèle en matière de politique culturelle – si ce n’est d’excellence, du moins d’audace, de qualité et de diversité. Il suffit de consulter l’édition 2014 des Chiffre clés. Statistiques de la culture, publiée par le ministère du même nom, pour prendre la mesure de la richesse foisonnante de l’offre et des pratiques artistiques et culturelles. Pour ne parler que du spectacle vivant, ce sont 1 000 représentations lyriques attirant plus de 1,4 million de spectateurs par saison, 5 théâtres nationaux, 70 scènes nationales, 17 Zénith, 39 centres dramatiques nationaux, plus d’une centaine de scènes conventionnées, plusieurs centaines de lieux privés de diffusion de spectacles… et des milliers de festivals chaque année. Echec très relatif, donc. Et plus encore au regard de ce qui existait au sortir de la seconde guerre mondiale.
Lire aussi : Laurent Bayle : « La Philharmonie se veut un lieu de réappropriation de la musique par le public »
« Imaginez un instant la France “culturelle” en 1950 : un théâtre parisien faisant par-ci par-là de bourgeoises tournées pour ses cousins de province, des opéras ensommeillés, des musées poussiéreux, rappelait en 2010, dans nos colonnes, le metteur en scène et directeur de théâtre Jean-Pierre Vincent. Pensez comment cette politique, originairement d’Etat, souvent retranchée dans les plus grandes villes, a gagné peu à peu les villes moyennes et les campagnes, grâce en particulier aux efforts croissants des villes, des régions et des départements. »
« L’ÉLITAIRE POUR TOUS » CHER À ANTOINE VITEZ, ANCIEN PATRON DU THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT, EST RESTÉ LETTRE MORTE C’est exact. Comme il est vrai que les Français, bien qu’équipés comme jamais en appareils audiovisuels, sont aujourd’hui plus nombreux à sortir le soir et à fréquenter les établissements culturels qu’au début des années 1970. Et pourtant, dans les lieux institutionnels où se donne à voir et à entendre le spectacle vivant, les écarts de fréquentation entre milieux sociaux n’ont guère diminué. « L’élitaire pour tous » cher à Antoine Vitez, ancien patron du Théâtre national de Chaillot, est resté lettre morte.
« Depuis 1973, il n’y a pas eu, à proprement parler, de rattrapage des milieux sociaux les moins investis dans la vie culturelle, notamment en matière de fréquentation des établissements. Dans tous les cas, la hiérarchie des catégories socioprofessionnelles reste la même : les cadres supérieurs arrivent en tête devant les cadres moyens, puis les employés, artisans et commerçants dont les résultats sont souvent proches, et enfin les agriculteurs et les ouvriers, toujours en retrait », précise l’économiste Olivier Donnat, qui coordonne au département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la culture une vaste enquête, réalisée à intervalles réguliers depuis 1973 (1981, 1988, 1997 et 2008), sur les « Pratiques culturelles des Français ». Devenue le baromètre de la vie culturelle du pays, celle-ci permet de voir si la proportion de personnes pratiquant telle ou telle activité (télévision, musique, littérature, cinéma, spectacle vivant, musées, etc.) augmente ou diminue au fil des ans. Elle s’attache ensuite à préciser si cette évolution est générale ou propre à certaines catégories de population, définies selon quatre critères : sexe, âge, milieu social et lieu de résidence.
Les écarts entre milieux sociaux persistent Conclusion, avec trente-cinq ans de recul : si les inégalités de sexe se sont réduites de 1973 à 2008 – la plupart des lieux culturels ayant vu leur public se féminiser –, les écarts entre milieux sociaux, eux, ont persisté. Ils sont restés inchangés dans le cas du théâtre : 39 % des cadres supérieurs et professions libérales y étaient allés au cours des douze derniers mois en 1973 contre 6 % des ouvriers – des chiffres évoluant respectivement à 44 % et 10 % en 2008. Ils se sont même aggravés dans le cas des spectacles de danse (14 % et 5 % en 1973, 22 % et 7 % en 2008), des concerts de musique classique (22 % et 5 % en 1973, 20 % et 2 % en 2008), et surtout des concerts de rock ou de jazz (17 % et 6 % en 1973, 34 % et 12 % en 2008).
« Aujourd’hui comme hier, participer à la vie culturelle de manière à la fois régulière et diversifiée demeure une propriété très inégalement répartie dans la société française, car elle exige le cumul d’un maximum d’atouts qui se retrouvent en priorité chez les cadres et professions intellectuelles supérieures : niveaux de diplôme et de revenus élevés, proximité de l’offre culturelle, familiarité précoce avec le monde de l’art, mode de loisir tourné vers l’extérieur du domicile et la sociabilité amicale », énumère Olivier Donnat.
Si un public toujours plus nombreux se presse aux différentes manifestations culturelles, c’est avant tout parce que l’importance relative des milieux favorisés (cadres supérieurs et cadres moyens) a considérablement augmenté : ils représentaient 23 % du total des personnes interrogées en 2008, contre 13 % en 1973. Mais cette déformation vers le haut de la pyramide sociale, en grande partie liée aux effets des progrès de la scolarisation, ne peut pas cacher qu’il reste toujours un public « éloigné », voire « empêché » d’accès aux arts et à la culture.
Que faire alors ? Jeter l’éponge ? A l’heure de la réduction des dépenses publiques et de la marchandisation croissante des activités de loisirs, la lutte pour promouvoir la « culture pour tous » se révèle, il est vrai, plus ardue que jamais. Mais comment renoncer à cette exigence, dans un pays qui, plus que bien d’autres, a érigé en principe démocratique la fonction émancipatrice de la culture ? Beaucoup, en tout cas, n’y renoncent pas. Artistes, chercheurs ou responsables des actions politiques, ils ne cessent de se demander de quelle manière élargir les publics. Et quelle culture il s’agit de défendre. Car si le projet de Malraux, socle de la politique de « démocratisation culturelle » de la Ve République, visait à la diffusion sociale de la culture « légitime » – Molière, Mozart, Van Gogh en étant les trois grandes stars –, la frontière entre cette « haute » culture et la culture « de masse » est devenue de plus en plus floue. Et les habitudes et préférences des Français, plus hétérogènes que jamais. Place, donc, à la diversité. Et à la « démocratie culturelle ».
« Démocratie culturelle » « La démocratisation culturelle, qui fut le domaine dominant jusqu’à ces dernières décennies, consiste à assurer l’offre culturelle : on soutient les artistes dans leur création, et on diffuse leurs œuvres, rappelle Eric Fourreau, fondateur des Editions de l’Attribut et conseiller culturel à la ville de Toulouse. A mesure que la société évoluait et se diversifiait, ce modèle “descendant” a progressivement été remis en cause. Il est désormais concurrencé par la démocratie culturelle, ou modèle “ascendant” : sous l’effet conjugué de nouveaux usagers et de la décentralisation, les élus territoriaux ont été incités à tenir davantage compte de la demande. » Pour le meilleur, ou pour le pire.
Le meilleur, c’est par exemple la politique culturelle de la ville de Lille, dont le soutien à la création – y compris des cultures urbaines, hip-hop (danse, graff, rap) ou slam – et l’ouverture à de nouveaux publics ne se démentent pas depuis dix ans. C’est la mission de coopération culturelle mise en place depuis 2005 par la mairie de Lyon, dont la charte, qui devrait être prochainement étendue aux communes du Grand Lyon, établit la mise en place de groupes de travail entre institutions culturelles et relais de quartier.
C’est encore, à Nantes, le Lieu unique, centre culturel créé en 2000 dans les anciens locaux de la biscuiterie LU, où coexistent, outre des concerts et des expositions, les Rencontres de Sophie consacrées à la philosophie, des résidences d’artistes et l’Université pop’. C’est, toujours, le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac (Cantal), créé en 1986, qui offre chaque été à ses visiteurs des centaines despectacles en plein air. « Pendant ces quatre jours de catharsis, les élus nous donnent les clés », se réjouit son actuel directeur, Jean-Marie Songy.
Le pire ? La tentation, pour les élus locaux, de s’ériger en arbitres du goût. D’opter pour une logique clientéliste. De fermer les fenêtres plutôt que de les ouvrir. C’est ce qu’avait fait le Front national dans les quatre municipalités qu’il a dirigées entre 1995 et 2002. A Toulon, Jean-Marie Le Chevallier avait notamment fait pression sur Gérard Paquet, le créateur du Théâtre national de Châteauvallon, pour qu’il change sa programmation, jugée « trop moderne ». En Seine-Saint-Denis, le Forum du Blanc-Mesnil, qui aura été pendant quinze ans un laboratoire de démocratie culturelle, vient de connaître le même sort : le nouveau conseil municipal (UMP) a voté en novembre 2014 la sortie de son conventionnement (Le Monde du 2 décembre 2014).
Rencontres internationales sur « Les métamorphoses de la culture contemporaine » Exit, donc, le partenariat avec l’Etat, le département et la région. Exit les artistes en résidence et les spectacles exigeants créés en lien permanent avec la population locale.« Nous n’allons pas faire payer aux Blanc-Mesnilois des spectacles qu’ils n’iront pas voir », justifie le maire, Thierry Meignen. « L’argent de la municipalité doit-il servir à présenter des artistes que les gens connaissent déjà ? Si on veut avoir une chance que les habitants de Blanc-Mesnil voient les spectacles de Romeo Castellucci ou Maguy Marin, il faut les présenter à Blanc-Mesnil. Pas au cœur de Paris », rétorque Xavier Croci, qui dirige le Forum depuis plus de quinze ans.
Comment respecter les préférences culturelles des habitants d’une ville, d’un quartier, sans tomber dans le piège du relativisme ? Comment les motiver à s’ouvrir à une culture à laquelle ils ne sont pas familiers ? « Ce qui se joue aujourd’hui dans l’espace culturel n’est rien d’autre que le reflet d’une demande d’approfondissement des règles du jeu de la démocratie », souligne Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles (OPC). Créée en 1989 à l’initiative des pouvoirs publics pour analyser l’action des collectivités territoriales, cette structure vient de fêter ses 25 ans. Pour l’occasion, elle a organisé au TNP de Villeurbanne (Rhône), du 2 au 4 décembre 2014, des rencontres internationales sur « Les métamorphoses de la culture contemporaine ». Il y fut beaucoup question de ce qui s’invente aujourd’hui entre acteurs publics et société civile afin de promouvoir, encore et toujours, une approche émancipatrice de la culture.
« LE PUBLIC, CELA N’EXISTE PAS EN SOI : C’EST LA CONSTRUCTION D’UNE RELATION » XAVIER CROCI, DIRECTEUR DU FORUM DU BLANC-MESNIL Pour attirer ces publics « éloignés », certaines stratégies sont connues, et déjà bien rodées : choix des horaires, politique tarifaire, conditions de réservation et d’accueil, actions d’information et de sensibilisation… Des recettes partiellement efficaces, mais impuissantes à surmonter le principal écueil : celui qui, par peur ou par défi, fera dire d’un spectacle jugé trop élitiste « Ce n’est pas pour moi ». C’est là que la médiation, mot-clé des associations culturelles, a son rôle à jouer. « Le public, cela n’existe pas en soi : c’est la construction d’une relation », souligne Xavier Croci. Pour les nouvelles générations d’artistes de la danse ou du théâtre, cette réalité, à l’en croire, est désormais une évidence. « Ils savent que ce travail d’accompagnement est indispensable pour que lespectacle vivant perdure. » Et de citer la metteuse en scène Marie-José Malis, la nouvelle directrice du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), dont l’équipe, par diverses actions, appelle les habitants de la ville à réfléchir avec elle à ce que doit être un théâtre.
La médiation, c’est aussi faire vivre différemment les lieux du spectacle, afin d’y rendre le public moins passif, plus participatif. Tel le Centquatre, établissement culturel ouvert en 2008 dans le 19e arrondissement de Paris, dont le directeur, José-Manuel Gonçalvès, a fait un projet social autant qu’artistique : des créateurs en résidence y sont invités à produire des œuvres en ouvrant les portes de leurs ateliers, tandis que les habitants du quartier sont conviés à développer des pratiques amateurs dans des structures proches. Casser les codes, c’est aussi ce que semble vouloir faire Rodrigo Garcia, le nouveau directeur du Centre dramatique national de Montpellier, qu’il a rebaptisé Humain trop humain (HTH). Pas de pièces classiques, pas de priorité entre théâtre, danse, musique et arts visuels, baisse du prix des places, podiums dans le hall pour accueillir groupes et DJ… Un vent de renouveau soufflant vers le plus grand nombre.
La médiation, ce sont encore les nouvelles possibilités qu’offre le numérique, largement sous-exploitées à ce jour. En 2013, pour célébrer le trentième anniversaire de sa création Rosas danst Rosas, la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker a proposé des cours sur Internet dans lesquels elle explique pas à pas, avec une danseuse, les enchaînements de ce spectacle mythique. Les internautes ont la possibilité de poster leur chorégraphie sur le site. Ils ne s’en sont pas privés : quelques mois seulement après avoir lancé cette initiative, la compagnie avait reçu plus de 250 vidéos du monde entier.
« La démocratisation de la culture s’articule avec la politique de l’éducation » Reste une évidence, sur laquelle tout le monde semble aujourd’hui s’accorder. N’en déplaise à Malraux et à sa théorie du « choc électif », le plaisir esthétique ne tombe pas du ciel lors de la rencontre avec le chef-d’œuvre : il s’épanouit – ou non – au gré d’un long processus, commencé dès l’enfance dans son milieu familial ou social. « Admettre cette vision des choses conduit évidemment à voir dans l’éducation artistique et culturelle le seul véritable levier de transformation des conditions de production du désir de culture et à déplorer la place trop modeste que lui accorde en France le système scolaire », souligne Olivier Donnat. « Les pays où les taux de fréquentation des salles sont les plus élevés, renchérit Philippe Coulangeon, sociologue au CNRS, sont aussi ceux où la politique de démocratisation de la culture s’articule le plus avec la politique de l’éducation, comme le montre en particulier le cas des pays d’Europe du Nord. » Le projet figure en bonne place dans l’agenda politique de la France depuis une vingtaine d’années, sans que sa mise en œuvre soit réellement engagée. La Philharmonie contribuera-t-elle, dans ce domaine, à donner le la ?
Catherine Vincent pour Le Monde du 14 janvier
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Le spectateur de Belleville
August 24, 2014 5:38 PM
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A Aurillac, l'appel à la manifestation contre l'accord sur l'assurance-chômage du 22 mars dans le cadre de la 29e édition du Festival international de théâtre de rue a rassemblé près de 2 000 personnes, selon la préfecture, entre 3 000 et 5 000 selon la CGT, vendredi après-midi dans les rues de la ville. La manifestation, programmée par la CGT Cantal en amont du festival, avait été annoncée par 12 000 tracts distribués au public, demandant l'abrogation de l'ensemble de la nouvelle convention Unedic, sans se limiter aux annexes 8 et 10 des intermittents du spectacle. Thierry Bonhoure, secrétaire général de l'Union départementale CGT du Cantal, insistait vendredi : « Ce n'est pas une manifestation des intermittents, mais un appel à tous les salariés pour lutter contre la précarité des chômeurs. » Le cortège de manifestants, réunissant « des intermittents du spectacle, mais aussi des salariés d'Aurillac et des gens du public », est parti vers 13 heures du sud de la ville, avant de terminer devant la préfecture, selon le représentant syndical. « On était tous solidaires contre l'attaque des droits sociaux que constitue la nouvelle convention de l'assurance-chômage et sur la nécessité d'une riposte commune », a précisé de son côté Loïc Canitrot, membre de la coordination des intermittents et précaires et de la CGT-Spectacle. Laure Andrillon pour le Monde du 24 août
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Le spectateur de Belleville
June 27, 2014 6:51 PM
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La compagnie nantaise attaque la firme américaine pour s'être inspirée de ses marionnettes dans une publicité. C'est l'histoire d'un créateur de géants qui attaque un géant du soda. La compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe, basée à Nantes, dont les marionnettes gigantesques ont fait la renommée, vient d'assigner devant le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) la société Coca-Cola pour délit de parasitisme. L'audience a été fixée au jeudi 4 septembre. La compagnie théâtrale accuse la firme américaine d'avoir utilisé, sans son accord, le même type de personnages et la même scénographie que ses spectacles à des fins publicitaires. Pour comprendre ce dossier aux multiples épisodes juridiques, il faut se plonger dans « la magie de Noël », chère aux spécialistes du marketing. En 2012, pour les fêtes de fin d'année, Coca-Cola lance une campagne de communication mondiale intitulée « Open Happiness Noël 2012 ». Dans ce clip – diffusé à la télévision ou au cinéma dans plus de soixante pays ainsi que sur le Web, où il est toujours visible – un énorme cadeau est livré par un camion Coca-Cola au cœur d'une ville. Du paquet émerge un Père Noël géant qui déambule dans la rue, telle une marionnette dont les fils sont activés par des habitants à l'allure lilliputienne. UNE « USURPATION D'IMAGE » Cela ressemble à s'y méprendre aux marionnettes géantes de Royal de Luxe. Le Santa Claus, qui a le même regard, les mêmes mouvements et les mêmes attitudes que les créations de la compagnie, semble tout droit sorti des coulisses de la troupe nantaise. Sauf qu'il a été réalisé à son insu. S'estimant victime d'une « usurpation d'image », l'association Royal de Luxe porte plainte, dans un premier temps, pour plagiat, mais sa création théâtrale n'est pas protégée par le droit d'auteur. L'association fait alors appel à un avocat spécialiste du droit des affaires, Frédéric Boucly, qui propose d'assigner sur le fond, devant un tribunal de commerce, l'entreprise internationale pour « parasitisme » et « non respect de l'éthique des affaires ». La notion de parasitisme a été introduite depuis les années 1950 par les tribunaux afin de compléter celle de concurrence déloyale. Agir de manière parisitaire consiste, pour une personne ou une entreprise, à copier ou à s'inspirer d'une valeur économique ou d'un savoir-faire, d'un travail intellectuel et d'investissements pour en tirer un avantage. Bref, en affaires, le parasite est un peu comme une sangsue, il n'aspire pas le sang mais les idées. Le parasitisme a notamment été retenu, en 2004, dans une affaire qui opposait Luc Besson et Gaumont à SFR et Publicis Conseil. Pour une campagne publicitaire, la société de téléphonie mobile avait utilisé Leelo, le personnage principal du long-métrage Le Cinquième Elément et l'avait fait évoluer dans un environnement similaire au film. Le réalisateur avait obtenu gain de cause. « UN COMBAT DE DAVID CONTRE GOLIATH » « Cela ressemble à un combat de David contre Goliath mais nous ne voulons pas laisser passer cette histoire car c'est une question de morale », estime Jacques Leroy, président de Royal de Luxe. En janvier 2013, la compagnie théâtrale a obtenu de la justice la saisie, dans les ordinateurs de Coca-Cola, des échanges de mails concernant ce dossier. Ces courriers électroniques, que Le Monde a pu consulter, montrent clairement que Coca-Cola et ses agences de publicité (notamment McCann Erickson) souhaitaient créer un Père Noël à la manière de Royal de Luxe :« Ce personnage géant sera l'élément majeur de notre film publicitaire, écrit la firme américaine à Royal de Luxe (…) Nous serions ravis de pouvoir citer votre compagnie comme ayant été l'inspiratrice de cette belle idée (…) ». Royal de Luxe refuse, par écrit, cette proposition. « Nous déclinons systématiquement toute offre de ce type, nous ne voulons pas être au service d'une marque afin de ne pas perdre notre âme, nous n'acceptons que le mécénat », explique Jacques Leroy. Coca-Cola passe outre et poursuit son projet, apparemment en pleine connaissance des risques judiciaires encourus. Ainsi, dans un courriel en date du 9 mars 2012, une assistante juridique de Coca-Cola Europe prévient ses collègues du marketing : « Quand bien même Royal de Luxe ne détient pas de droits privatifs sur le mécanisme des marionnettes, ils ont créé le concept et ont réalisé d'importants investissements (construction, voyage…) afin d'être très connus. Si nous reproduisons les mêmes mécanismes pour notre marionnette géante de Père Noël, Royal de Luxe pourrait agir contre Coca-Cola sur le fondement du parasitisme. Dans un tel cas, ils auraient de bons arguments et nos chances de succès seraient plutôt faibles (inférieures à 50 %) ». Et l'assistante juridique de conclure : « En conséquence, nous recommandons d'approcher Royal de Luxe, de les informer de notre intention avant d'aller plus loin. Et, si possible, d'insérer une référence sur notre site Web ou sur d'autres supports indiquant “selon les marionnettes créées par Royal de Luxe” de façon à faire savoir au public que cela a été fait avec leur accord ». « UN DOSSIER JURIDIQUEMENT COMPLIQUÉ » Au-delà de ce qu'il considère comme « un vol de notoriété », Frédéric Boucly estime que les agissements de Coca-Cola sont « contraires à la moralité des affaires. Leur pratique relève d'un sentiment d'impunité et est en contradiction flagrante avec leur propre charte d'éthique », ajoute l'avocat. Depuis avril 2009, The Coca-Cola Compagnie s'est dotée en effet d'un « code de conduite en affaires » qui invite ses équipes à « agir avec intégrité » afin, notamment, « d'éviter les poursuites en justice ». L'entreprise a lancé une procédure en appel pour contester la saisie des documents issus de ses ordinateurs. Entre-temps, une médiation proposée par Coca-Cola a échoué, la compagnie théâtrale estimant que le spot publicitaire continuait à être diffusé. « Si la cour d'appel nous donne raison, Royal de Luxe ne pourra pas utiliser les pièces saisies », insiste Isabelle Leroux, l'avocate de Coca-Cola service France. « C'est un dossier juridiquement compliqué et philosophiquement intéressant, reconnaît-elle, mais le spot publicitaire n'a pas été diffusé en France ». Néanmoins le Web et YouTube, eux, n'ont pas de frontière. Et Royal de Luxe, depuis sa création en 1979 par le metteur en scène Jean-Luc Courcoult, a parcouru le monde avec ses géants. La compagnie nantaise refuse, pour l'heure, de dévoiler le montant des indemnités réclamé à Coca-Cola. « Si nous gagnons, l'argent ira au financement d'un nouveau spectacle ou à la création d'une fondation pour aider de jeunes compagnies », indique Jacques Leroy. Sandrine Blanchard Journaliste au Monde
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Le spectateur de Belleville
August 14, 2013 6:52 AM
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Le spectateur de Belleville
August 26, 2012 5:12 PM
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Au Festival du théâtre de rue d’Aurillac, l’improbable est toujours sûr. La canicule sévit, et soudain il vous tombe de la grêle puis un barnum d’orages qui contraint les spectacles en plein air du soir à écouter ou annuler leurs représentations, comme ce fut le cas jeudi soir. Le théâtre de rue se nourrit d’imprévus, c’est un art difficile où l’aléatoire s’invite à la table et où rien ne se passe comme c’était à prévoir, voire à espérer. (...) Jean-Pierre Thibaudat pour son blog "Balagan" CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE
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