Revue de presse théâtre
2.6M views | +148 today
Follow
Revue de presse théâtre
LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
Your new post is loading...
Your new post is loading...

Quelques mots-clés

Current selected tag: 'Arts de la rue'. Clear
Scooped by Le spectateur de Belleville
February 17, 2018 4:51 AM
Scoop.it!

Solidarité: les artistes s'adressent à la ministre de la Culture

Solidarité: les artistes s'adressent à la ministre de la Culture | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans l'Humanité, 13 février 2018


Des directeurs et directrices de théâtres et d’institutions, des personnalités du monde des arts et de la culture d’horizons différents apportent une réponse au discours de Madame Françoise Nyssen, ministre de la Culture aux BIS de Nantes le 17 janvier dernier.

Madame la ministre de la Culture,  
 
Vous avez convié certain.e.s  d’entre nous à la fin de l’automne à un dîner pour parler de nos différentes actions auprès des exilé.e.s qui cherchent actuellement refuge en France. Nous vous avons proposé alors d’organiser une commission dont nous étions prêt.e.s à prendre la charge, afin d’établir un dialogue avec le ministère de l’Intérieur. Nous avons insisté sur la nécessité et l’urgence d’ouvrir ce dialogue entre les artistes, les acteur.trice.s culturel.le.s et le ministère de l’Intérieur, dialogue sans lequel tous nos efforts, tout notre travail en direction des milliers d’exilé.e.s restent une goutte d’eau dans l’océan des violences qu’ils et elles subissent aujourd’hui sur notre territoire, dans cette France qui pour elles et eux représentait pourtant la patrie des droits de l’homme, une terre d’asile et de refuge, et qui n’est plus aujourd’hui, pour ces femmes, ces enfants et ces hommes, qu’un endroit de violence et de rejet.  Notre demande est restée lettre morte.
 
Vous avez lancé récemment un appel au milieu culturel et artistique à faciliter aux exilé.e.s l’accès à la culture, à développer des ateliers artistiques avec elles et eux, pour les aider à patienter le long des files d’attentes administratives.
 
Madame la ministre, sachez que voici des mois, des années, que nous menons ces actions, que nous faisons, nous, artistes, acteurs et actrices culturelles, tout ce qui est en notre pouvoir pour soulager la misère, l’impact des violences subies, à tous les endroits où nous pouvons agir, que ce soit en tant que directeur.trice.s de structures culturelles, de lieux de création, que ce soit en tant qu’artistes. Quels que soient nos moyens, nous sommes des milliers en France à tenter d’agir avec d’autres citoyen.e.s et des associations qui luttent quotidiennement, pour aider,  soutenir, accompagner ces vies blessées, ces parcours meurtris, ces frères et sœurs humaines qui ont tout perdu, tout laissé derrière eux, non pas pour « profiter » des « pavés dorés » de notre République, mais par nécessité vitale. On ne quitte pas son pays, ceux qu’on aime, son histoire et sa vie, par envie de confort, mais parce qu’on ne peut pas faire autrement.  
 
Nous ne menons pas ces actions parce que nous sommes artistes et gens de culture, nous le faisons, Madame la ministre, parce que nous sommes avant tout des citoyen.ne.s, qui, comme des milliers d’autres citoyen.ne.s, de tous bords, de tous milieux, voient en ces exilé.e.s des frères et sœurs humains en souffrance. Nous le faisons en ayant chaque jour un peu plus honte de notre pays, de la façon dont ce pays que nous aimons et dont nous défendons avec fierté et force l’expression culturelle, trahit ses engagements, sa devise et son histoire, ampute son avenir. Nous le faisons en ressentant de la honte devant l’étonnement et le désespoir de ces femmes et hommes qui ne parviennent pas à comprendre que ce soit ça, la France, un pays où on fait la chasse aux exilé.e.s, aux réfugié.e.s, où on brutalise des enfants, où on use de la matraque contre eux, où on détruit
les pauvres tentes dans lesquelles se réfugient des familles, ces tentes posées au milieu de l’hiver glacé sur l’asphalte de nos grandes villes, au milieu de nos illuminations de Noël.
 
On ne mène pas un atelier de théâtre, de danse, d’art plastique, d’écriture, de vidéo, avec des enfants en exil pour ensuite les remettre dehors dans le froid sans se soucier de ce qu’ils mangeront le soir et s’ils dormiront dans la rue. On n’accueille pas des femmes et des hommes à un spectacle ou à un film pour ensuite les mettre à la porte sans se soucier de la faim et de la peur qui les tenaillent. On ne monte pas une chorale avec des femmes et des enfants pendant des mois pour ensuite leur tourner le dos quand ils reçoivent contre toute attente une injonction de reconduite à la frontière, vers la prison, la faim, les tortures, le viol ou une mort certaine.
 
Non, Madame la ministre, on ne fait pas du théâtre ou de la musique avec des femmes, des enfants et des hommes dans cette situation, en se contentant de leur apporter un peu de la « culture française ». Et, non, Madame la ministre, on ne leur ouvre pas les portes de notre culture. Ce sont des rencontres, des échanges permanents, d’une richesse et d’une complexité infinie, qui nous bousculent autant qu’eux alors. C’est magnifique, puissant et fragile. Et dans cette rencontre, comme dans toutes formes d’art véritable, ce qu’on rencontre avant tout c’est l’humain. Chaque personne que nous rencontrons ainsi est une personne avec sa vie, son parcours, sa richesse, ses blessures, et pas un numéro ou une statistique. Chaque personne rencontrée alors devient un frère ou une sœur, et cela nous engage humainement.
 
Un frère ou une sœur, et encore d’avantage un enfant, on ne le laisse pas à la rue une fois la rencontre faite.  On ne le laisse pas se débrouiller seul.e devant des policiers qui chargent, qui gazent, devant des circulaires qui font la chasse à l’homme. Non ! On l’aide comme on peut, on l’accompagne, on l’héberge, on lui ouvre nos théâtres, nos salles de répétition, nos maisons, pour le ou la protéger de la rue et de ses violences, on évite les contrôles de police avec lui ou elle, on le fait ou la fait changer de domicile en pleine nuit quand on sait qu’il va y avoir une descente de police, on monte des dossiers, des recours, on le ou la cache, on l’aide à circuler, à trouver de quoi manger. On noue des solidarités, avec tel.le policier.e qui vous prévient anonymement qu’un tel va être arrêté, avec tel.le enseignant.e qui fait l’impossible pour empêcher qu’un enfant soit retiré de son école, qui passe son temps libre à donner bénévolement des cours de français, avec telle famille qui va accueillir chez elle un mineur isolé sans papier et tenter de l’accompagner dans la jungle administrative actuelle, avec tel médecin, qui va soigner sans rien demander en retour, et surtout pas les « papiers ».  
 
Aujourd’hui il ne s’agit pas de faire des ateliers de théâtre ou de dessin. Aujourd’hui, Madame la ministre, nous luttons contre les pouvoirs publics, contre les injonctions et les blocages kafkaïens des administrations, contre les contrôles, contre les refus de protection des mineur.e.s, contre les violences policières. Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans l’obligation morale de désobéir pour compenser l’indignité d’une politique migratoire parmi les plus inhumaines de notre histoire contemporaine.
 
Aujourd’hui, nous sommes, nous, artistes, acteurs et actrices du monde de la culture, en lutte et en résistance contre l’état français, par solidarité humaine, par fierté d’être de ce
pays, non pas de la France qui rejette et pourchasse, violente et opprime les plus démuni.e.s, les plus pauvres, celles et ceux qui demandent aide et assistance, mais la France terre d’asile, la France pays des droits humains, la France telle que l’ont imaginée ces milliers d’exilé.e.s, ces milliers de personnes fuyant la violence sous toutes ses formes et qui trouvent ici une violence qu’ils ne comprennent pas et qui les terrorise. Nous le faisons aussi parce que l’histoire nous jugera et que le jugement de nos enfants et de nos petits enfants sera terrible si nous ne faisons rien.
 
Aujourd’hui nous sommes devenu.e.s, ou nous allons devenir, par la force des choses, coupables de délit de solidarité, nous sommes passibles de sanctions pour aider, soutenir, de toutes les manières possibles, des gens en souffrance qui sont pourchassés de manière inique par l’État français.
 
Aujourd’hui, donc, Madame la ministre, nous nous dénonçons.
 
Votre appel au milieu de la culture et de l’art nous permet de nous avancer à la lumière et d’affirmer haut et clair ce que nous faisons aujourd’hui. Nous sommes fier.e.s et heureux.ses de vous compter parmi nous, comme résistante à la violence actuelle instaurée par l’état, car nous comptons sur vous pour aller au bout de la logique de votre appel. Ainsi nous vous invitons à nous prêter main forte en exigeant l’ouverture d’un réel dialogue avec le ministère de l’intérieur, d’exiger que ses circulaires ne viennent pas détruire tout ce que nous tentons de mener jour après jour, d’exiger au contraire que tous les moyens soient mis en place pour soutenir l’effort des citoyens et citoyennes qui chaque jour partout dans ce pays œuvrent pour tenter de suppléer avec leurs faibles moyens aux manquements criminels de l’État. Nous demandons à l’état d’ouvrir un véritable dialogue avec la société civile, avec toutes celles et tous ceux qui œuvrent auprès des réfugié.e.s dans notre pays, pour réfléchir et mettre en œuvre concrètement des solutions d’accueil.  Nous en appelons à un réveil de la conscience de celles et ceux qui ont été élu.e.s par le peuple face à ce drame humain et sociétal que l’ Etat orchestre à l’intérieur de ses frontières. Nous vous appelons à soutenir nos actions en permettant qu’elles ne soient pas annihilées par des contre-mesures de répression d’État et à peser de tout votre poids pour cela.
 
Si notre appel n’est pas entendu, Madame la ministre, sachez que nous poursuivrons notre action et que nous déclarons à présent nous rendre coupables de délit de solidarité.
 

--------------------------

Légende photo : Le comédien britannique Jude Law dans un théâtre informel de la "jungle" de Calais, en février 2016. Photo : Philippe Huguen/AFP
 

------------------------------------------------



Premièr.e.s signataires :
 
Marion Abeille, scénographe Christophe Adriani, directeur du Théâtre Antoine Vitez de Ivry-sur-Seine Bruno Allain, écrivain et acteur Jacques Allaire, comédien, metteur en scène Guy Alloucherie,  metteur en scène compagnie HVDZ Vanessa Amaral, comédienne Marie-Christine André, chargée de production audiovisuelle Keren Ann, musicienne
Céline Astrié, autrice et metteur en scène Clément Aubert, comédien Cécile Audebert, harpiste, chanteuse, professeur de harpe Laetitia Augustin-Viguier, comédienne Marianne Auricoste, comédienne, écrivain Dominique Auvray, monteuse et réalisatrice 


Marine Bachelot Nguyen, autrice, metteure en scène Ramona Badescu, artiste-auteur Pierre Banos, éditeur, directeur des éditions Théâtrales Jean-Luc Bansard, directeur du théâtre du Tiroir Hélène Bararuzunza, scénariste Julien Barbazin, éclairagiste, metteur en scène de la Compagnie les Écorchés  Jalie Barcilon, auteure, metteure en scène, scénariste  Jean-Pierre Baro, comédien, metteur en scène d’Extime compagnie  Guilhèm Barral, régisseur lumières  Nicolas Barrot, directeur du Figuière-Festival, directeur artistique de Keine Kunst Only Emotion, musicien, compositeur et Directeur Technique Colombe Barsacq, auteure interprète et metteuse en scène, directrice de CRé - la compagnie Rayon d’écrits Corinne Bastat, comédienne Pierre Baux, acteur Pierre Beffeyte, président du festival Off d’Avignon  Alain Bellet, écrivain Danielle Bellini, directrice des affaires culturelles et de l'éducation populaire Tremblay en France (93), maitre de conférences associée à l'Université Paris 7 Diderot  Jean Bellorini, metteur en scène, directeur du théâtre Gérard Philipe Centre dramatique national de Saint Denis Julien Benard, auteur, photographe Sarah Benillouche, cinéaste Malek Bensmail, cinéaste Maëva Bergeron, chargée de production et de diffusion Nadine Berland, comédienne Christine Berna, metteure en scène et scénographe,  fondatrice et vice-présidente des Curieux Polyglottes  François Berreur, acteur , metteur en scène, éditeur  Christelle Berthevas, scénariste Arno Bertina, écrivain Valère Bertrand, comédien, directeur artistique du Pot au Noir Julie Bertuccelli, réalisatrice Paco Bialek, citoyen, initiateur du réseau des chargé.e.s de diffusion/production C-1-Métier Jean-Jaques Birgé, compositeur de musique Olivier Bitard, comédien, metteur en scène  Marion Bierry, comédienne, metteuse en scène Julien Blaine, poète du pays des hors-la-loi d’asile David Bobée, metteur en scène, directeur du Centre Dramatique National de Normandie Rouen Jean-Pierre Bodin, comédien
Emmanuelle Bollack, artiste peintre Christine Bombal, danseuse, administratrice de production Jean-Denis Bonan, cinéaste Nicolas Bonneau, conteur et auteur, directeur artistique de La Volige, Aurélie Bonnet, chargée de production cie Lanicolacheur Christophe Bonzom, artiste, comédien, collectif Les Souffleurs Commandos Poétiques Marie-Noële Bordeaux, comédienne Claudine Bories, cinéaste Serge Borras, direction La Grainerie, Fabrique des Arts du Cirque et de l'Itinérance Bruno Bouché, chorégraphe, directeur artistique du Ballet de l’Opéra national du Rhin Dominique Bouchery, musicien auteur compositeur Yves Boudier, président de C/I/R/C/E, Marché de la poésie Anne -Frédérique Bourget, metteure en scène cie Maskantete Barbara Bouley, metteure en scène et dramaturge Veronika Boutinova, auteure Fabrice Boy, administrateur du Centre dramatique national Besançon Franche-Comté Jean Breschand, cinéaste Clément Bresson , co-auteur de spectacles et comédien  Anne Françoise Brillot, photographe Alexandrine Brisson, auteur, réalisatrice  Olivier Broche, comédien Irina Brook, metteuse en scène,  directrice du Théâtre National de Nice Monique Brun, actrice  Lucie Brux, monteuse Axel Bry, comédien 


Dominique Cabrera, cinéaste François Caillat, réalisateur, membre de la commission audiovisuelle de la SCAM Christian Camerynck, artiste Laurence Campet, dramaturge, metteure en scène, comédienne Laurent Cantet, cinéaste Jean-Gabriel Carasso, auteur, réalisateur Antoine Caubet, metteur en scène  Emilie Cazenave, comédienne François Cervantes, auteur, metteur en scène Laurence Chable, comédienne Patrice Chagnard, cinéaste Rebecca Chaillon, comédienne, metteure en scène Elisabeth Chailloux, comédienne, metteuse en scène,  directrice du Théâtre des Quartiers d’Ivry / Centre Dramatique National du Val-de-Marne Philippe Chamaux, directeur adjoint du Centre Dramatique National de Normandie Rouen Pierre Chambert,  écrivain, inspecteur honoraire de la création et des enseignements artistiques théâtre Pierre-Vincent Chapus, artiste de théâtre Sigolène Charassin, membre du festival o'merle Alexandre Charlet, acteur Cendre Chassanne, auteure, comédienne, metteure en scène
Séverine Chavrier, metteuse en scène, musicienne, directrice du Centre Dramatique National d’Orléans - Centre Val-de-Loire Audrey Chazelle, manager culturel, journaliste  Ronan Chéneau, auteur Sylvie Chenus, actrice, comédienne, sociétaire adjointe de la SACD, Secrétaire du Bureau EAT, chargée de mission des Comités de lecture Catherine Chevallier, comédienne, administratrice de l’Adami du Collège Dramatique  Jean Marie Chevallier, ancien directeur du Mail Scène culturelle de Soissons, doctorant en sociologie de la culture Laurent Chevallier, réalisateur Samuel Churin, comédien Luc Clémentin, comédien, metteur en scène Catherine Cléret, relations Publiques - communication Spectacle vivant Daniel Cling, cinéaste Mathilde Cocq, directrice adjointe - Centre Dramatique National Orléans / Centre-Val de Loire Valentine Cohen, compagnie Mata-Malam Cristine Combe, comédienne Elisabeth Commelin, comédienne, metteur en scène. Jean-Louis Comolli, cinéaste au Pays de la Honte  Olivier Comte, directeur artistique de Les Souffleurs commandos poétiques Vincent Comte, conteur et musicien Richard Copans, producteur Les Films d'ICI Catherine Corsini, cinéaste Sylvain Corthay, comédien, metteur en scène, écrivain Marie Cosnay, écrivain Jean-Louis Coulloc'h, comédien Vanessa Court, ingénieur du son Christophe Cuby, membre des Souffleurs commandos poétiques Yves Cusset, philosophe, comédien, auteur 



Yann Dacosta, metteur en scène Béatrice Dalle, actrice Gerty Dambury, autrice, metteur en scène Catherine Dan, directrice générale de La Chartreuse, Centre national des écritures du spectacle Françoise Dantin, membre de la commission culturelle du centre d’art Ducros à Grignan  Jacques-Benoît Dardant,  éclairagiste France Darry Echantillon, ex CDN du Languedoc Roussillon Marie-Thérèse Davidson, autrice  Bruno de Beaufort, directeur Sur le Pont Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public  en Nouvelle-Aquitaine Claude Dégliame, comédienne Aristide Demonico, comédien Claire Denieul, auteur, comédienne, metteur en scène Sophie Deschamps, scénariste, réalisatrice  Jacques Descorde, auteur, metteur en scène Solenn Denis, autrice, metteuse en scène, comédienne
Floriane Devigne, réalisatrice Violaine de Carné, autrice, comédienne, metteuse en scène Catherine de la Clergerie, auteur, Écrivains associés du Théâtre (EAT) Albin de la Simone, musicien Laurence de Magalhaes, directrice Le Monfort / Festival Paris l’Été  Maria de Medeiros, actrice, réalisatrice Lorraine de Sagazan, metteure en scène Mina de Suremain, chargée de diffusion et de communication La compagnie des Hommes Arnaud des Pallières, cinéaste Emmanuelle Destremau, auteure, musicienne, actrice, réalisatrice Pascal Deux, cinéaste Rokahya Diallo, journaliste, réalisatrice, écrivaine Michel Diard, journaliste honoraire, docteur en sciences de l’information et de la communication, chercheur associé au LabSic Marcial Di Fonzo Bo, acteur, directeur de la Comédie de Caen - CDN Normandie Louise Desbrusses, auteure Virginie Despentes, auteure et réalisatrice Eva Doumbia, autrice, metteuse en scène Ariane Doublet, cinéaste-documentariste Julie Duclos, metteuse en scène Vincent Dupont, chorégraphe Jean-Pierre Duret, ingénieur du son, réalisateur de documentaires 



Marion Ecalle, directrice de Kiblos, agence d'accompagnement du spectacle vivant  Joyce Edorh, documentariste Dalila Ennadre, réalisatrice  Annie Ernaux, écrivain Françoise Escobar, comédienne, souffleuse auprès des souffleurs commandos poétiques compagnie changement de décor Aurore Evain, directrice de la Cie La Subversive, chercheuse 


Maxime Fabre, régisseur son Abbas Fahdel, réalisateur  Jeanne Favre, comédienne  Laura Fedida, metteuse en scène, artiste associée du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes Véronique Felenbok, directrice de production compagnies de théâtre et de danse Coco Felgeirolles, actrice, ex responsable du Département Théâtre au CRR de Cergy, expert théâtre à la Commission DRAC IDF Philippe Fernandez, cinéaste Pascale Ferran, cinéaste Frédéric Ferrer, auteur, metteur en scène, comédien Guillemette Ferrié-Rey, directrice artistique Cie Si Tu Vois Adrienne Emmanuel Finkiel, réalisateur Cécile Flahaut , comédienne , Cie Création Éphémère Marie des neiges Flahaut, comédienne, Cie Création Éphémère Cécile Fraisse Bareille, actrice, metteuse en scène Jérôme Franc, directeur d’Art Danse CDCN Dijon Manuela Fresil, cinéaste, Christine Friedel , femme de théâtre et critique dramatique Marilyne Fontaine, comédienne  Marie Fortuit, comédienne, metteure en scène Marion Foucher, autrice, réalisatrice Isabelle Fournier , comédienne Yumi Fujimori, comédienne 



Serge Gaborieau, comédien, auteur Emmanuelle Gallienne, directrice de l’association Kolone, membre de la revue Vacarme Maud Galet Lalande, Cie Les Heures Paniques Guillaume Garcia, direction, programmation, L’Odéon – Scène JRC, Tremblay-en-France Rachel Garcia, scénographe, créatrice costumes Fréda Garlaschi, administratrice de production spectacle vivant Vincent Gatel, conseil aux entreprises du spectacle vivant Marie Gaumy, audiodescriptrice, réalisatrice documentaire Didier Gauroy, metteur en scène, auteur Anne Georget, réalisatrice David Géry, metteur en scène, peintre Yann Gibert, chargé de production Alice Girard, productrice Brigitte Giraud, écrivain, conseiller littéraire Maud Gircourt, illustratrice Charlotte Giteau, administratrice de production spectacle vivant. Pierre Glassner, régisseur de la Maison des métallos Fabienne Godet, réalisatrice Alice Godfroy, maître de conférences en danse, Université de Nice Sophia Antipolis Sophie Godo, administratrice spectacles vivants Yann Gonzalez, cinéaste Fabien Gorgeart, cinéaste  Julien Gosselin, metteur en scène Sylvie Gouttebaron, écrivain Dominique Gras, comédien Michel Gravero, comédien Denis Gravouil, chef opérateur, secrétaire général Cgt Spectacle Jando Graziani, acteur et Souffleur au sein de les Souffleurs Commandos poétiques Marie-Hélène Grimigni, comédienne Sylvain, Groud, chorégraphe, directeur du CCN de Roubaix Robert Guediguian, cinéaste Brigitte Guedj, comédienne Les souffleurs commandos poétiques,  compagnie Changement de Décor  Judith Gueyfier, auteure, illustratrice Emmanuelle Gutierres Requenne, artiste peintre, plasticienne Dominique Grimonprez, chargée de production 



Franck Halimi, metteur en zen  Patrick Harivel, comédien Marie-Odile Hartmann, auteur jeunesse, agrégée de Lettres classiques Florence Hautier, comédienne HeartCraft, street artiste
Loyce Hébert, artiste, membre des Souffleurs commandos poétiques Régis Hebette, directeur et du Théâtre L'Échangeur Bagnolet Pascale Henrot, directrice de l'Onda Pascale Henry, metteuse en scène Cie Les voisins de dessous Dominique Hollier, traductrice, comédienne Gine Hongens-Grédoire, comédienne Anne-Sylvie Hubert, artiste plasticienne Laurence Huet, auteur de fictions et documentaires radiophoniques,  membre du Collectif Migrants 83 


Fabienne Jacob, écrivain Bénédicte Jacquard, comédienne Danielle Jaeggi, cinéaste Fabien Janelle, ancien directeur de l’ONDA Paul Jeanson, compagnie les Sans Cou 



Sam Karmann, acteur, auteur, réalisateur, metteur en scène Alain Karpati, conteur, producteur de spectacles  Jacques Kebadian, cinéaste Hillary Keegin, comédienne, metteure-en-scène Héléna Klotz, réalisatrice Nicolas Klotz, cinéaste Elodie Kugelmann, attachée de presse, chargée de diffusion, coordinatrice du Festival IMAGO Art et Handicap Koffi Kwahulé, écrivain 



Éric Lacascade, metteur en scène Isabelle Lafon, comédienne, metteuse en scène Mehdi-Georges Lahlou, artiste visuel Jean-Claude Lallias, universitaire, membre du Collectif Pour l’Éducation, par l’Art Benoît Lambert, metteur en scène, directeur du Théâtre Dijon-Bourgogne Claire Lasne Darcueil, directrice du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique Pascal Larue, metteur en scène Théâtre de l'Enfumeraie  Michèle Laurence, autrice  Marie Frédérique Lauriot-dit-Prevost, directrice de production Ginette Lavigne, cinéaste Pierre Layac et Jacques Leguay dit Quentin alias Pierre et Quentin, fondateurs et anciens directeurs de Chalon Dans La Rue et de l’Abattoir, lieu de création pour les arts de la rue Myriam Lebreton, administratrice de production spectacle vivant Mariss Leduc, metteur en scène, danseuse et comédienne compagnie Entre les nuages Maud Le Pladec, danseuse, chorégraphe, directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans Jean-Christophe Leforestier, chef opérateur, monteur Sabine Lenoël, comédienne Sébastien Lepotvin, codirecteur du Théâtre L'Echangeur Bagnolet David Lescot, auteur, metteur en scène Sylvie-Bobette Levesque, comédienne, enseignante artistique Alain Libolt, comédien Anne-Laure Liégeois, metteure en scène Hervé Lonchamp, responsable technique CCN de Tours
Nicolas Losson, créateur sonore Marie Luc Mâlet, comédienne, membre du collectif d'artistes Les Souffleurs commandos poétiques Pascal Luneau, réalisateur, scénariste, enseignant 


Béatrice Machet, poète et traductrice des auteurs Indiens d'Amérique du nord contemporains Capucine Mandeau, comédienne, metteuse en scène, directrice artistique de la Cie Belle Pagaille Jean-Paul Manganaro, professeur émérite Université Lille 3, traducteur, essayiste, romancier Xavier Marchand, metteur en scène de la Compagnie Lanicolacheur  Elisabeth Marie, metteure en scène, cie Scarface ensemble Catherine Marnas, metteuse en scène, directrice du Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine Paul Marques Duarte, auteur, réalisateur Sébastien Martel, musicien, compositeur Valerie Massadian, cinéaste Joris Mathieu, metteur en scène, directeur du Théâtre Nouvelle Génération Centre Dramatique National de Lyon Michel Mathieu, metteur en scène, directeur du Ring à Toulouse Odile Mauviard, comédienne, metteure en scène ATELIER13 COLLECTIF Patricia Mazuy, réalisatrice  Phia Ménard, metteuse en scène, directrice artistique de la compagnie Non Nova Julie Menard, autrice, comédienne Marc Mercier, directeur artistique du festival des Instants Vidéo (Marseille),  réalisateur Yann Mercier, comédien Stéphane Mercurio, réalisatrice Agnès Merlet, cinéaste Catherine Méneret, directrice adjointe du Centre Chorégraphique National de Caen en Normandie Pierre Meunier, metteur en scène et l’équipe de la Belle Meunière- le Cube à Herisson Nina Meurisse, comédienne Christine Michenaud, présidente au titre du CA de l'ADEC-Maison du Théâtre Amateur Jacques Mignot,  comédien, metteur en scène Hélène Milano, comédienne Valérie Moinet, comédienne Simone Molina, écrivain et psychanalyste Marie José Mondzain, philosophe Gérard Mordillat, cinéaste, écrivain Chantal Morel, metteuse en scène Judith Morisseau, comédienne   Malvina Morisseau, comédienne, metteuse en scène Marie Mortier, metteuse en scène Philippe Mourrat, directeur de la Maison des métallos Florence Muller, autrice, metteuse en scène, comédienne Gérard Muller, comédien-pédagogue Fred Munoz, comédien Denise Mützenberg, poète, éditrice de poésie
Frédérique Muzzolini, directrice Théâtre Jacques Cœur 



Fatma Nakib, chargée Coordination générale Rendez-vous des Compagnies de Passage Festival d’Aurillac Jean-Luc Nancy, philosophe Arthur Nauzyciel, metteur en scène, directeur du Théâtre National de Bretagne Lucie Nicolas, metteure en scène Marie Normand, metteure en scène associée, directrice artistique de la compagnie Rêve général 



Mariana Otero, cinéaste Ramiro Oviedo, écrivain 



Caroline Panzera, metteur en scène, auteure, comédienne, directrice artistique de La Baraque Liberté Dominique Paquet, autrice, déléguée générale des Écrivains associés du Théâtre (EAT) Thierry Pariente, directeur de l’ENSATT Célie Pauthe, metteure en scène, directrice du Centre dramatique national Besançon Franche-Comté Jacques Peigné, directeur délégué de la Comédie de Caen - CDN Normandie Nadine Pellé, directrice artistique de l’agence A noir Philippe Penguy, metteur en scène, comédien, directeur de la Compagnie Cyclone Elisabeth Perceval, cinéaste Félix Perdreau, régisseur-créateur son, intermittent Vivianne Perelmuter, cinéaste Judith Périllat, comédienne Olivier Perrier, acteur, co-fondateur des Fédérés CDN Auvergne  Axel Petersen, comédienne, formatrice, pédagogue Laurence Petit-Jouvet, cinéaste Laurent Poitreneaux, comédien Amélie Poirier, metteuse en scène  Clémence Prieur, artiste plasticienne Jérôme Prieur, réalisateur, écrivain Nadège Prugnard, autrice, comédienne, metteuse en scène Aurélia Puchault, comédienne Annabelle Pulcini, danseuse et chorégraphe 


Colette Quesson, productrice 



Xavier Rabay, conseiller Pédagogique Départemental Arts et culture Jean-Michel Rabeux, metteur en scène et auteur Chantal Raffanel, comédienne, directrice du Théâtre Isle80 Ida Radogowski, administratrice de compagnies de théâtre Pierre-Loup Rajot, comédien, producteur-distributeur autonome Pascal Rambert, metteur en scène Michèle Renard,  comédienne, metteuse en scène, directrice artistique de la Fox compagnie  Thomas Renaud, directeur de la Maison des Jonglages, scène conventionnée La Courneuve, Robin Renucci, comédien, metteur en scène, directeur des Tréteaux de France, Centre Dramatique National, Maxence Revault d'Allonnes, ancien Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle, ancien Directeur de la Recherche et de l'Enseignement Maxence Rey, danseuse, chorégraphe Cie Betula Lenta, membre du collectif Les Souffleurs commandos poétiques, Alban Richard, chorégraphe, directeur du Centre Chorégraphique National de Caen en Normandie  Firmine Richard, comédienne Stéphane Ricordel, directeur Le Monfort / Festival Paris l’Été  Florence Risi, responsable du pôle publics de la Maison des métallos Marie Roche, directrice du Pacifique – CDCN  Grenoble Auvergne Rhône Alpes Hakim Romatif, comédien, metteur en scène Philippe Rousseau, auteur, artiste  Christophe Ruggia, cinéaste Jacques Ruisseau, acteur, dialoguiste Carine Ruszniewski, productrice de films  



Emmanuel Salinger, comédien, scénariste Céline Sallette, comédienne Pierre Santini, comédien, metteur en scène, ancien directeur de deux théâtres, président de Cultures du Cœur Violaine Schwartz, comédienne et auteure Michèle Sebastia, comédienne Camille Secheppet, musicien Michèle Séeberger, comédienne Kenza Sefrioui, journaliste et éditrice Hélène Seretti, actrice Annabelle Sergent, directrice artistique Compagnie LOBA Jacques Serres, comédien, auteur, parolier Gurshad Shaheman, comédien, auteur, metteur en scène Michèle Sigal, comédienne, autrice Pascaline Simar, citoyenne et réalisatrice Claire Simon, cinéaste, Clio Simon, réalisatrice, Michel Simonot, écrivain, homme de théâtre et sociologue Patrick Sobelman, producteur Emmanuelle Soler, médiatrice culturelle Rodrigue Souweine, comédien Anne-Sophie Sterck, comédienne Bernard Stiegler, philosophe, professeur à l’UTC, président d’Ars Industrialis Galin Stoev , metteur en scène, directeur du Théâtre national de Toulouse Marie Stutz, directrice de l’ANRAT 



François Tanguy, metteur en scène Coco Tassel, réalisatrice Arlette Téphany-Meyrand, comédienne, metteure en scène, directrice de Compagnie Dominique Terramorsi, responsable de l’action artistique et des publics au CDN de Montluçon  Françoise Terrone, pianiste, costumière, metteuse en scène Bruno Texier, musicien Carole Thibaut, autrice, metteuse en scène, directrice du Centre Dramatique National de Montluçon – Région Rhône-Alpes – Auvergne Jean-Pierre Thiercelin, auteur, comédien, vice-Président des E.A.T. Écrivains Associés du Théâtre Jean-Pierre Thorn, cinéaste, Brigitte Tijou, réalisatrice  Julie Timmerman, comédienne, metteure en scène, autrice, directrice de la compagnie Idiomécanic Théâtre Denis Tisseraud, régisseur Général Spectacle Vivant Jean Paul Tribout, comédien, metteur en scène, directeur artistique du Festival de Sarlat  Philippe Touzet, président des Écrivains Associés du Théâtre (E.A.T) Agnès Troly, directrice de programmation du Festival d’Avignon Claire Truche, metteure en scène Laetitia Tura, photographe, cinéaste 



Claire Vaillant, musicienne, pour le collectif Lilananda Rebecca Vaissermann, comédienne, autrice, metteuse en scène Joële van Effenterre, cinéaste documentariste Martine Vandeville, comédienne Anais Vaugelade, auteure, illustratrice, éditrice Armel Veilhan, metteur en scène Caroline Veith, peintre, graveur Martin Verdet, cinéaste Eric Verdin, auteur, metteur en scène, comédien Laurent Vergnaud, co-directeur artistique, Collectif 12 Laure Vermeersch, revue Vacarme Jean-Luc Verna, artiste Franck Vernet, administrateur Lieux Fictifs Laboratoire de Recherche Cinématographique et Social Stéphane Verrue, metteur en scène, auteur, Cie avec vue sur la mer Valerie Vivier, comédienne  Jean Voguet, compositeur, directeur du CRANE lab Gerard Watkins, auteur, acteur, metteur en Scène Emmanuelle Weisz, ancienne directrice de théâtre Willerval, auteur Éric Wolfer, comédien Aurélie Youlia, comédienne Catherine Zambon, auteure Simon Zaoui, pianiste  
 
Signataires solidaires : 


Moa Abaid, retraité du spectacle Malika Abina Cristina Agosti-Gherban Chantal Bail, membre du Collectif de soutien aux Sans-papiers du Trégor-Goel Philippe Bail, professeur de médecine générale - membre du Collectif de Soutien aux Sans Papiers du Trégor-Goel Emmanuelle Ballon Corinne Beau Sylvie Berthou, Pascale Bertrand Stéphane Bikialo, professeur de langue et littérature françaises, Université de Poitiers Nicolas Bilder Dominique Boimare Alain Bonneau Juliette Bradford, Étudiante en Master 2 "Projets culturels dans l'espace public" Basile Bretagne, diplômé du master «Projets culturels dans l'espace public» Marie-George Buffet, députée de la 4e circonscription de Seine-Saint-Denis, ancienne ministre Gilbert Cabasso, professeur de philosophie retraité, cimade Catherine Chabrun, militante de la pédagogie Freinet et des droits de l'enfant Nicole Chambert Bodin, cadre social retraitée Claude Chandeson Dominique Claveau, retraitée Michèle Cohen Anne Colin-Dedet, libraire Timie Colon Jean-Berchmans de Breyne Monique Delhoume-Sanciaud, docteur ès lettre Bernadette Delorme, psychologue Yvonne de Mierry, institutrice à la retraite Madeleine Demoule Esteban Diez Jean Digne Patrice Dubosc André Esquilat Eric Fassin, sociologue, Université Paris-8 Pierre Fort Isabelle Frandon, professeur de philosophie à la retraite Véronique Georget, bibliothécaire retraitée, NPA Anne Gérard, enseignante  Claudie Gillot-Dumoutier, psychologue scolaire retraitée, ancienne conseillère générale, ancienne maire adjointe de Saint-Denis Catherine Goffaux, ex-bibliothécaire et correctrice Denis Gheerbrant Jacques Grange Maud Grelier, diplômée du master «Projets culturels dans l'espace public» Jean-François Guillon, plasticien, scénographe Jacqueline Henry  Solange Hervé Banki, médecin retraitée Frédéric Hocquard, adjoint à la maire de Paris Estelle Hofmann Emmanuelle Huisman Perrin, professeur de Philosophie en classes préparatoires Liliane Irzenski, psychanalyste, collectif des 39 Ophélie Koering Marc Lacreuse, éducation populaire et transformation sociale Karine Le Bail, historienne au CNRS
Michèle Lefevre Jean-Charles Léon, professeur agrégé de musique, membre du CA et du comité de rédaction du CRAP Cahiers pédagogiques Charlotte Lévy  Julie Loret, intervenante sociale  Christine Malfroy, association Lire et Faire Lire  et  CA falep 2a Jean-Louis Marolleau, secrétaire exécutif Réseau Foi et Justice Afrique Europe Laetitia Martinet  Fouzi Mathey, sociologue spécialisée en droits de l'enfant, administratrice de DEI France, administratrice de l'Institute for Inspiring Children's Futures, co-fondatrice du collectif artistique L'Officine  Sylvie Melet Michèle Molle, professeur d'italien retraitée Danielle Montel, retraitée Sanofi , pharmacologue centre de recherches aventis Sylvie Orgeolet, membre du CSSP, collectif de soutien aux sans-papiers de Lannion Hélène Otternaud Céline Pabois Françoise Parraud, graphiste Sophie Perrin Anne Perrot Andrée Perroux Duprat, retraitée, ex-intervenante en atelier d'écriture Jean-Yves Picq Corinne Pieters, professeure de philosophie , Maison des Adolescents Université Paris Descartes Sonia Pignot, maire adjointe déléguée, ville de Saint-Denis Cathy Pinheiro Dany Porché, enseignante de  lettres théâtre en retraite Esther Porte, enseignante en UPE2A-NSA (ex-Classe d'accueil) Marie-Thérèse Racon Elisabeth Rallo DItche, professeur émérite de Littérature Comparée Université Aix Marseille Bernadette Rebesche Réseau Éducation Sans Frontières de  Montluçon  Réseau Éducation Sans Frontières 03  Françoise Rigal Frédéric Robin Hélène Robineau, enseignante retraitée Françoise Romand Alba Rodriguez, enseignante Danielle Sanchez, ingénieure Nathalie Satre, professeur des écoles Isabelle Sauvage Anne-Sophie St-Hillier Martine Serra, professeur d'histoire Jean Sicard, élu France Insoumise (Marseille Quartiers Nord), membre de la Commission Migrations Claire Spangaro Thibaud Souton, graphiste
Jacqueline Tardivel,  enseignante en retraite, docteure en histoire contemporaine Eric Thevenard, membre de l’ARIA Corse  Jean-Marie Thiedey, président de Kovahimba Katell Tison-Deimat Annie Tréma Daniel Veltin, responsable associatif Françoise Verges, politologue, féministe antiraciste Daniel Vergnaud, technicien retraité de Sanofi, membre de l'Oservatoire des mouvements de la société Pascal Verrier, professeur de philosophie, lycée Montaigne Juliette Veschambre Pierre Vesperini, institut de philosophie, université de Porto
 

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
January 17, 2018 6:30 PM
Scoop.it!

« Miniatures », ou l’absurdité du monde à la loupe de Royal de luxe

« Miniatures », ou l’absurdité du monde à la loupe de Royal de luxe | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Fabienne Darge dans Le Monde  | 17.01.2018


Jean-Luc Courcoult dessine un tableau baroque et fantaisiste de notre monde.


Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Oui, mais il est sérieusement déjanté. Jean-Luc Courcoult, le Gargantua du théâtre de rue, est aux manettes. Avis de turbulences surréalistes. Le grand manitou de Royal de luxe a provisoirement abandonné ses créatures géantes pour concocter un de ces « petits » spectacles dont il a le secret et qui, pour être moins spectaculaires que la saga des géants, n’en sont pas moins d’une formidable inventivité.

Et le public de Santiago, installé de part et d’autre de la scène, dans la cour d’un célèbre lycée de la capitale chilienne, s’est embarqué avec bonheur dans cette équipée loufoque, mais qui n’a rien de gratuit : avec Miniatures, c’est comme si Jean-Luc Courcoult regardait notre monde, avec ses peurs et ses folies, à la loupe, comme s’il en isolait certains détails, pour mieux en montrer l’absurdité. Miniatures prend la forme d’un rêve, celui d’un pilote à qui la traversée de la cordillère des Andes donnerait des cauchemars. Tout d’abord, son avion explose : première réjouissance théâtrale du spectacle, avec cette maquette glissant sur un rail et prenant feu en direct, arrachant des cris de joie et de terreur mêlées aux nombreux enfants assis au pied des gradins.


Il y aura bien d’autres prodiges dans le spectacle : Courcoult et sa bande sont, mine de rien, des as du théâtre d’objet, de l’illusion et de la magie, des effets spéciaux et pyrotechniques, même si tout chez eux semble toujours bricolé à vue, de manière artisanale. Il y aura des patineuses glissant sur la scène, revêtues de cartes à jouer, comme des porteuses de hasard. Il y aura un frigo destiné à faire disparaître les gens encombrants, un ­ « aspirateur de mémoire » et autres machines infernales, un ballet d’aspirateurs automatiques, rouges et ronds comme des coccinelles, glissant avec grâce, comme les patineuses.

Fête et horreurs du monde


Jean-Luc Courcoult semble procéder par associations libres, tout en retombant toujours sur ses pattes. Peu à peu, ce qu’il dessine à sa manière, baroque et fantaisiste, c’est un drôle de tableau de notre monde. Aylan, ce petit enfant kurde syrien mort échoué sur une plage de Turquie, en septembre 2015, fait une apparition sur la scène, en une image saisissante, comme surgie de nulle part, comme pour retrouver la stupéfaction qu’un tel événement puisse avoir lieu.

Les spectacles de Royal de luxe sont toujours une fête, et celui-ci ne fait pas exception, mais la fête théâtrale ne masque pas les horreurs du monde, dans ce spectacle qui renvoie aussi de nombreux échos à l’histoire du Chili et de l’Amérique latine. Les dictateurs d’opérette sont là, pantins d’eux-mêmes, ils ont fait disparaître dans leurs frigos glacés nombre d’êtres humains bien réels. Et ­lorsqu’un tank miniature déboule sur la scène, un frisson palpable passe dans le public.


Le directeur artistique de Royal de luxe, qui n’est pas pour rien un fervent lecteur d’Alice au pays des merveilles, n’a pas son pareil pour jouer sur les échelles. Il maîtrise le grand et le petit. L’héroïne de son spectacle, jouée par une actrice his­torique de la troupe, Anne-Marie Vennel, est une modeste femme de ménage en blouse à fleurs. Jean-Luc Courcoult la met en scène, en des sé­quences merveilleuses de poésie, dialoguant avec son double, sous forme d’une minuscule marionnette. En une image, tout est dit : elle est devenue la géante du petit personnage qu’on aurait voulu lui faire jouer.

« Miniatures », par Royal de luxe. Mise en scène : Jean-Luc Courcoult. Festival Santiago a Mil, jusqu’au 21 janvier. Puis tournée française et internationale en 2018 et 2019.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
September 2, 2017 9:06 AM
Scoop.it!

Jean-Luc Courcoult, la saga du maître des géants

Jean-Luc Courcoult, la saga du maître des géants | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Alexandre Demidoff dans Le Temps.ch


Le capitaine Nemo vous attend sur le pas de la porte. Il a abandonné son Nautilus de sous-marin depuis une éternité, préférant aux pieuvres phénoménales la luxuriance d’un petit jardin, son repaire à Nantes. Voyez Jean-Luc Courcoult, ses lunettes en forme d’ailes de papillon, sa panse débonnaire de timonier à quai, son chapeau fait pour les brocantes du dimanche.

Il est composé de bric, de chocs, de farces et d’attrapes; il est en bordure d’océan, il dérègle les boussoles, conçoit, au cœur des villes, des traquenards mirifiques. Ces frasques, il les commet à l’enseigne de Royal de Luxe, la compagnie qu’il fonde en 1979 à Aix-en-Provence, avec ses compagnons Véronique Loève et Didier Gallot-Lavallée. A vrai dire, Royal de Luxe n’est pas seulement un nom: c’est la promesse tenue d’une ferveur, une légende ambulante.

Sur la route, un million de spectateurs espérés


«On se tutoie?» «Euh… oui, Jean-Luc.» Pyrrhus vous présente ses hommages. C’est le cocker – de parents illustres, précise-t-il – du maître des géants. De quoi parle-t-on? De ces créatures hautes comme un immeuble de quatre étages qui chamboulent la planète depuis 1993, sous la bannière de Royal de Luxe, à Santiago du Chili comme à Liverpool, à Guadalajara au Mexique comme à Montréal.

A partir du vendredi 29 septembre, vous n’y échapperez pas: tout le week-end, la Grand-mère et la Petite Géante mettront à genoux Carouge, Genève et ses bourgs. Autour d’elles, des dizaines de Lilliputiens, comme on appelle les machinistes, tireront les ficelles de l’aventure. Sur leur passage, près d’un million de spectateurs sont espérés, pour le plaisir de Jean Liermier, directeur du Théâtre de Carouge, qui, avec son équipe, porte ce projet depuis trois ans.


Mais Pyrrhus vous prend d’assaut, et puis s’en va. Les généraux romains ne sont plus ce qu’ils étaient. Dans la grande pièce, la voix de la chanteuse américaine Blossom Dearie a toujours le même grain fifties, capiteux, on se damnerait pour son parfum. Sur une étagère, des Indiens partent en chasse. Dans un coin, une grosse radio en bakélite attend qu’un imprudent lui fasse cracher le morceau. Les Mémoires du Sergent Bourgogne tape dans l’œil: Adrien Bourgogne, grognard de l’Empire, y raconte la retraite de Russie.

«On faisait la manche»
«Je ne lis plus que des livres d’histoire», lâche Jean-Luc Courcoult cerné par Pyrrhus. Le conteur se méfie de la fiction, un comble. On lui demande de débobiner la pelote de ses batailles, comme il appelle ses campagnes. Son jardin est une jungle ordonnée. On s’y installe. Sur la table, deux paquets de Philip Morris. Jean-Luc Courcoult tire sur la cigarette et sa vie revient en spirales.

Les géants ne sont qu’une partie d’une histoire qui commence en 1979, dans la rue à Aix-en-Provence, avec une foucade intitulée Le Cap Horn. A la fin, des efflanqués flambeurs tendent un chapeau vers le public. «On vivait au jour le jour, on faisait la manche après les spectacles.» Sous le pavé, le plaisir, c’est-à-dire la débrouille.

Les années 1980 sont celles du recyclage: les grandes poussées de 1968 nourrissent des rêves de bazars enchantés. Les pièces de Royal de Luxe sont des inventaires foutraques, le quotidien tel qu’il s’échappe du cadre. La moustache de Salvador Dalí – cet artiste que Jean-Luc Courcoult a souvent dit admirer – pourrait servir de talisman à la troupe. Les titres des pièces disent tout ou presque: Le Mystère du grand congélateur, Le Bidet cardiaque, La Demi-finale de Waterclash, etc.

«Des spectacles populaires et gratuits»
Un principe cardinal est posé: la gratuité pour tous. «Parce que sinon, comment prétendre faire un théâtre populaire? Nous nous adressons à tout le monde, sans distinction d’âge, de profession, d’origine.» Dans les villes, on se passe le mot. Royal de Luxe, c’est Brico Loisirs en folie. Une verdeur, un sens du calembour poétique et visuel, des extravagances à la Salvador Dalí, justement, qui peuvent affoler les autorités.

Un bus rôti comme un gigot
«Nous nous étions installés à Toulouse, avec le soutien de la municipalité, tout allait bien, jusqu’au jour où nous avons imaginé une performance intitulée L’Autobus à la broche. C’était un vrai autobus qu’on faisait rôtir et brûler comme un gigot dans sa sauce. La mairie a détesté et nous avons dû chercher un autre port d’attache. Nous nous sommes retrouvés alors à vivre dans un château, prêté pour un an par son propriétaire. En 1989, Nantes nous a accueillis, nous y sommes toujours.»

A Nantes justement, la manufacture Royal de Luxe travaille, dans le plus grand secret, la matière de sa fantasmagorie: un éléphant majuscule, une girafe vertigineuse, un scaphandrier de dix mètres de hauteur, etc. Mais pourquoi les géants? «Je voulais trouver un moyen de parler à une ville entière, de rassembler des foules autour d’une histoire qui les concerne. C’est comme ça que les géants sont apparus en 1993.

Pour Genève, nous avons effectué des missions de reconnaissance en amont, nous avons repéré des lieux, nous avons plongé dans son histoire et élaboré à partir de ce matériau un scénario genevois.» Inutile ici de cuisiner l’artiste: il n’en dira pas plus sur son plan de bataille pour la Suisse.

Le miracle d’une péniche
Les images plutôt que le verbe. Jean-Luc Courcoult a été un enfant dispersé, peu scolaire, c’est lui qui le raconte. Souvent, on l’envoie chez ses grands-parents du côté de Lille, au nord de la France. Son grand-père a été mineur, il cultive son potager à la binette.

Dans le brouillard de l’aube, il pose son petit-fils sur le porte-bagages de sa bicyclette. Ensemble, ils filent vers un canal et là, ils attendent en mangeant un sandwich à la mimolette préparé par la grand-mère. Qu’attendent-ils? Le passage d’une péniche. «Elle apparaissait et c’était grandiose, comme un rêve, elle traversait la brume et j’adorais ça, notre silence, le bateau à peine visible, son mystère.»

Sur l’eau, la scène des origines. «Vous me psychanalysez, là?» marmonne ce tonton flingueur de Jean-Luc Courcoult. A la maison, on marche droit. Son père, militaire de carrière, l’oblige à lire, histoire de le discipliner.

Deux compagnons
«J’avais 15 ans, il m’a fait lire Le Père Goriot de Balzac et ça ne me parlait pas. Mais un jour, je tombe sur un roman de Jules Verne et ça a été un choc immense, c’était la lumière dans le brouillard de mon adolescence. J’ai tout lu, de A à Z, je ne vivais que pour ces équipées. C’était comme si j’avais deux compagnons, mon grand-père et Jules Verne.»

Dans le gros cendrier Dubonnet, les mégots forment des barricades miniatures. «C’est à cette époque que j’ai commencé le théâtre, à 16-17 ans. J’ai compris que c’était pour moi la seule façon d’être présent dans le monde, d’exister.» Jean-Luc Courcoult est un saturnien, il soigne sa mélancolie à coup de «parades» – ce mot qu’il aime.

«Etre soulevé par la foule»
«Parader, ça veut dire «montrer» et «être grand.» Au Havre, à Liverpool ou à Montréal, il marche à l’ombre de ses géants, afin d’indiquer le cap aux Lilliputiens: qu’ils ne perdent pas le fil du récit. «On a besoin d’être aimé, d’être encouragé, d’être soulevé par la foule. Quand les gens te donnent cette émotion, tu la donnes à ton tour.»

Bouleverser est le dessein de Royal de Luxe. «Si je ne bouleversais pas, je ne comprendrais pas à quoi je sers. Bon, c’est pompeux, mais je ne sais pas comment dire autrement.» Sous le ciel cotonneux de Bretagne, le capitaine Nemo a soudain un air de Pantagruel, ce colosse hilarant assoiffé de tout.

Il répète: «Les images sont plus importantes que les mots, elles témoignent de quelque chose qu’on a sur le cœur.» Dans le silence, on croit voir une péniche au milieu des brumes. Et Pyrrhus s’esclaffe.

Les dessous d’une opération colossale

Une lubie de géant. Il y a trois ans, Jean Liermier fait ce songe: la Petite Géante et sa grand-mère débarquent à Genève, escortées d’une myriade de Lilliputiens. Le directeur du Théâtre de Carouge imagine une ville bouleversée sous l’empire de la fiction, trois jours qui ne ressembleraient à aucun autre. Il écrit à Jean-Luc Courcoult et à Royal de Luxe: «Nous voudrions inviter la Petite Géante à skier sur le toit du théâtre.» La missive plaît. Le contact passe. Le conte s’annonce bon, mais lourd.

C’est qu’il faut aménager l’agglomération pour que paradent ces personnages venus de «derrière le mur de Planck», selon le récit de Jean-Luc Courcoult. Il faut aussi pouvoir accueillir entre 600 000 et un million de spectateurs dans la rue, du vendredi 29 septembre au dimanche 1er octobre. Jean Liermier parle de son projet à Sami Kanaan, ministre de la Culture pour la Ville de Genève. Le magistrat flaire le bon coup. Ces titans qui ont électrisé Montréal, Liverpool, Perth, en Australie, n’ont jamais mis les pieds en Suisse.


La Grand-mère possède l’avantage de parler, raconte Jean-Luc Courcoult. «Elle est notre mémoire.» 

La Ville soutient, le canton embraie. Ils s’engagent à mobiliser leurs services afin que la région soit prête pour la grande marée. Reste à financer la présence de la troupe, quelque 80 personnes pendant quatre semaines. C’est là que François Passard entre en scène. Il a codirigé le Ballet du Grand Théâtre, il tient les rênes aujourd’hui de L’Abri, incubateur de talents logé dans la Vieille-Ville. Jean Liermier lui demande de présider l’«Association pour la venue des Géants à Genève».

«Depuis le mois d’octobre, nous sommes quatre bénévoles à activer nos réseaux dans le monde des entreprises, des fondations, etc., raconte François Passard. Grâce à l'enthousiasme de nos partenaires, nous avons quasiment réuni les fonds nécessaires à l'opération.»

L’opération peut être fructueuse, assure David Junod, administrateur du Théâtre de Carouge. «Des études ont été faites au Havre et à Liverpool: elles montrent que les restaurants notamment profitent de l’afflux de spectateurs. Un euro investi en rapporterait sept.» La saga s’annonce rassembleuse: le public devrait venir de toute la Suisse et de la région Rhône-Alpes. Genève, capitale de Gulliver, ça vous pose une ville, non?

Royal de Luxe en chiffres


80 Le nombre de techniciens, machinistes et acteurs qui débarquent à Genève

26 Le nombre de Lilliputiens nécessaires pour que la Grand-mère parade

7 La taille en mètres de la Grand-mère, soit un immeuble de trois étages

10 Le nombre de géants qui ont vu le jour depuis 1993. La tribu compte notamment un scaphandrier de 10 mètres de hauteur

800 000 Le nombre estimé de spectateurs qui ont accompagné, début juillet,  les géants au Havre. Trois jours de spectacle dans la ville

La Saga des géants, du 29 sept. au 1er oct., à Carouge et Genève, selon un scénario qui sera dévoilé le 15 septembre. 


Photo 

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 31, 2017 3:28 AM
Scoop.it!

Aurillac, en corps, en corps

Aurillac, en corps, en corps | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par René Solis dans Délibéré 


Pierre Mathonier, maire d’Aurillac, avait à peine terminé son discours par une invitation à « faire beaucoup l’amour » que dans la foule massée sur la place de l’hôtel de ville des petits groupes commençaient à se déshabiller. C’était mercredi 23 août, pour le lancement du Festival international de théâtre de rue, et le vertige a duré quelques secondes, avant que le théâtre reprenne ses droits. Les candidats à l’orgie n’étaient pas des spectateurs mais des artistes invités du festival, occupés à s’enduire de peinture, rendant au passage hommage aux Gens de couleur, l’une des créations les plus célèbres de la compagnie Ilotopie, pionnière du théâtre de rue.



Des corps nus de toutes les couleurs, c’est l’une des réponses imaginées par Jean-Marie Songy, directeur du festival d’Aurillac, à la morosité et aux contraintes de l’état d’urgence. Symbole de ce désir, le drapeau arc-en-ciel hissé sur le fronton de la mairie par un alpiniste, nu lui aussi. L’étendard du mouvement LGBT flottant sur Aurillac : l’image traduit un changement d’époque dans un milieu longtemps marqué par un certain machisme et un rapport compliqué à la sensualité. 


La programmation officielle de cette 32e édition, rebaptisée « Édition 69 » pour bien enfoncer le pieu, a tenté de faire la part belle aux corps en liberté. Dans le genre, difficile de faire mieux que ALIXM, alias Alix Montheil. BRÂME ou Tu me vois crier, Papa embarque une centaine de spectateurs dans une délirante chasse à courre qui tient du chemin de croix, au sens propre : une procession ponctuée de stations, à travers des rues et des parkings de centres commerciaux, un rituel sanglant, émaillé de coups de feu, de gags et de scènes de torture, sur fond de relations sauvages entre un père CRS et des enfants maudits. Des bombes et des rafales de Kalachnikov pètent aux ronds-points – où circulent de vrais automobilistes pas prévenus – ; une orgie s’improvise sur un gigantesque tube de vaseline gonflable ; enfants, SDF et hommes sandwichs sont systématiquement dézingués ; on y vomit et on y chie en de longues traînées bleu, blanc, rouge. Et on sert à l’entracte – annoncé, spectacle itinérant oblige, par des marquages au sol « entracte 100m », « entracte 50m » – de la bière et des poppers. C’est drôle, barré, en prise excitée sur l’époque. Avec en exergue une citation du poète boxeur Arthur Cravan : « Il faut regarder le monde comme le fait un enfant, avec de grands yeux stupéfaits : il est si beau. Allez courir dans les champs, traverser les plaines à fond de train comme un cheval ; sautez à la corde et, quand vous aurez six ans, vous ne saurez plus rien et vous verrez des choses insensées. »



Marie-Do Fréval, de la compagnie Bouche à Bouche, met les pieds – et le cul – dans le plat de façon plus intimiste. Encore que… Sur la place de l’hôtel de ville, en tenue militaire, képi et gode-ceinture, c’est elle qui faisait reprendre à la foule « Quand j’avance tu recules… », classique de la chanson paillarde. Dans Tentative(S) et Résistance(S), qu’elle joue dans la rue, elle incarne des personnages, inspirées d’icônes célèbres (Marianne, le général de Gaulle, Niki de Saint-Phalle…) ou plus génériques (une vache, une vieille, un bébé…). Cela tient de la performance, du stand-up, du cadavre exquis, du manifeste politique, c’est très écrit même si l’impro n’est jamais loin. Marie-Do Fréval parle et chante cru, provoque, fédère, s’exhibe et s’amuse, improbable mélange d’ogresse et de gavroche. 


Sans filet non plus, mais en silence, le performeur Didier Manuel (fondateur de ODM/Ordinary Damaged Movements) propose quatre Oracles, qui sont autant de variations sur le corps en guerre. Ainsi, dans Fresh Drinks for dogs and stones, entièrement nu et peint en noir, mais le haut du visage blanc, il traîne un chariot de canettes de bière au moyen d’une corde passée dans deux crochets plantés dans son dos. Les spectateurs le suivent en cortège. Il s’arrête pour revêtir un impeccable costume et chausser d’énormes bottes aux couleurs du drapeau américain, avant de poursuivre son chemin. Le chien, les bières, le corps meurtri, le blanc et le noir, le drapeau : ou comment ouvrir, avec classe, l’éventail, des rues d’Aurillac au monde entier. 



Éventail encore, mais en version grand format avec Géopolis du Pudding Théâtre. Qui déploie à partir d’un camion, sur un parking, un pays, une langue, une guerre et une catastrophe humanitaire. Et embarque les visiteurs dans une aventure qui commence comme une visite touristique et se termine dans un camp de réfugiés. Géopolis est une expérience du déplacement ; on suit le mouvement mais on perd les repères, la langue du nouveau pays est rigoureusement incompréhensible et le changement des codes – le passage de la paix à la guerre – n’arrange rien. Comme si aux fausses certitudes se substituait une vérité floue.

Les corps et la guerre encore, mais version passé qui ne passe pas avec Les Tondues, spectacle déambulatoire imaginé par Les Arts Oseurs. Les femmes tondues à la Libération, la honte, le silence, la mauvaise conscience, et la bonne conscience d’une réhabilitation aujourd’hui : autant d’ingrédients casse-gueule que le spectacle surmonte avec brio via trois histoires bien menées et trois personnages qui convergent sur un banc, après avoir entraîné chacun à leur suite plus d’une centaine de spectateurs-témoins d’une vérité qui se dévoile.



Faites l’amour, disait le maire. En version soft, avec Dévêtu(e) par la compagnie Thé à la rue. Qui commence par un passage au vestiaire – peignoir pour tout le monde – avant d’accéder à un espace qui tient de la fête foraine et du centre de cure, soins et attractions tournant autour de l’éveil des sens. D’où il ressort qu’il peut être moins gênant de boire une limonade à poil avec des inconnus que de se faire palper la main dans une boîte noire. Et qu’il est possible d’échapper aux lourdeurs du voyeurisme, même si l’accent mis sur la « bienveillance », maître mot de l’entreprise, peut en gonfler certains.


« Bienveillance » n’est en revanche pas le premier mot qui vient quand on pense au Cirque Inextrémiste, présent avec deux spectacles. Exit raconte l’histoire de deux fous qui tentent une improbable évasion dans une montgolfière. Et joue sur tous les sens du mot déséquilibre, jusqu’à embarquer – malgré lui ? – un spectateur dans la mésaventure. Encore plus gonflé (…), Extreme Night Fever est un cabaret sous chapiteau, où l’on retrouve les deux fous de la montgolfière et beaucoup d’autres, équilibristes, acrobates musiciens, embarqués dans une soirée sauvage d’autant plus géniale que le spectacle se prolonge en coulisses, et que le basculement – orgie, accident, coup de foudre… – semble tout proche, comme si au fil de la soirée on était de moins en moins spectateur et de plus en plus invité d’une fête très barrée.


Retour sur la place de l’hôtel de ville où Ilotopie proposait sa Recette des corps perdus, l’une de ses dernières créations, présentées notamment cette année à Calais. Où il s’agit pour les spectateurs de dévorer les corps des acteurs. Une expérience de cannibalisme social, où l’on picore des billets de banque en apéritif avant de passer à un dépeçage qui tient aussi du rituel érotique. Entre pulsion archaïque et violence contemporaine, dégoût et désir. Hauts les corps !

René Solis


Photo : Ilotopie, les Hommes de couleur © Christophe Raynaud de Lage

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 19, 2017 12:15 PM
Scoop.it!

Circulation - Festival de théâtre de rue : l'accès au centre-ville d'Aurillac en questions

Circulation - Festival de théâtre de rue : l'accès au centre-ville d'Aurillac en questions | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Google+ Email Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte
Un périmètre de sécurité étendu, neuf points d’entrée pour les piétons, six pour les voitures… L’accès au centre-ville d'Aurillac sera limité et contrôlé pendant le festival de théâtre de rue. Explications.
Exit les grandes grilles « Heras », place aux barrières « Vauban ». La finalité est certes la même : le centre-ville d'Aurillac sera entièrement bouclé durant le festival de théâtre de rue, et accessible uniquement via neuf points de contrôle. Mais pour cette nouvelle édition, les services de l’État, de la Ville et les organisateurs d’Éclat ont davantage utilisé la configuration urbaine pour dessiner ce périmètre de sécurité.

De quoi limiter l’installation de grilles qui avaient, l’an dernier, cristallisé les tensions avec certains festivaliers. Le point, en questions, sur le dispositif de circulation et de filtrage.

Quelles mesures de sécurité pour le festival de théâtre de rue d'Aurillac ?

1. Quel périmètre de sécurité en centre-ville ?
C’est le principal changement de cette édition : l’élargissement du périmètre de sécurité du festival en centre-ville. Dans sa partie « nord », pas d’évolution : comme en 2016, la zone bouclée comprend le quartier Saint-Géraud et s’étend de la place d’Aurinques au Gravier.

Au sud, en revanche, du nouveau : le périmètre englobe désormais tout le secteur des Carmes, jusqu’au viaduc, ainsi que l’avenue de la République, jusqu’à l’hôpital, le tribunal et le lycée Emile-Duclaux. La rue Pierre-Fortet, qui longe l’établissement scolaire, sera d’ailleurs totalement fermée, depuis le boulevard Eugène-Lintilhac.

« C’est un élargissement important, mais on arrive à la limite : au-delà, on ne peut plus faire fonctionner la ville », note Serge Chausi, adjoint au maire chargé de l’urbanisme.

2. Comment accéder, à pied, au centre-ville ?
Pour rejoindre le centre-ville, le festivalier, l’habitant ou le commerçant aura le choix, à pied, entre neuf points d’accès installés rue Paul-Doumer (à hauteur de la place de la Paix), rue des Carmes, rue de la République, place d’Aurinques, place Saint-Etienne, rue des Frères-Delmas, rue du Buis et sur les deux ponts qui enjambent la Jordanne (le pont Rouge et le pont Bourbon).

De 11 heures du matin à minuit, les sacs des piétons seront visuellement contrôlés par la trentaine d’agents de sécurité mobilisés. Et les bouteilles en verre sont interdites. En dehors de ces horaires, l’accès sera libre.

Festival de théâtre de rue d'Aurillac : les compagnies recherchent des volontaires

3. Et en voiture ?
Au-delà des véhicules de secours (pompiers, police…), seuls les riverains pourront pénétrer en voiture dans le périmètre de sécurité durant le festival, du mardi soir au dimanche matin, mais uniquement de 5 heures à 11 heures.

Pour y accéder, ils devront présenter un macaron reçu par courrier et emprunter l’un de ces six points d’accès : la place d’Aurinques, la rue des Frères-Delmas, les ponts Rouge et Bourbon, la rue Paul-Doumer et l’avenue de la République.

À chaque fois, un dispositif anti-voiture bélier, avec des chicanes, sera installé. À noter que les habitants de la rue du Général-Destaing et de la rue Caylus pourront accéder à leur domicile via l’avenue de la République.

4. Quid du point chaud en 2016, la rue des Carmes ?
Les affrontements autour des grilles entre festivaliers et gendarmes, au croisement de la rue des Carmes et de la rue Jules-Ferry, avaient marqué l’édition 2016 du festival. Pour ne pas revivre les mêmes scènes, la place des Carmes a été entièrement intégrée au périmètre de sécurité, et les points d’accès déplacés vers le viaduc.

« On a élargi la zone pour éviter que les points d’entrée soient à proximité des spectacles, ce qui avait créé des regroupements l’an dernier », explique Serge Chausi. Enfin, afn de fluidifier le flux important de festivaliers qui arrivent via la rue des Carmes, cinq files de contrôle seront proposées.

5. Où prendre les navettes ?
Afin d’éviter des arrivées massives de festivaliers aux points de contrôle de la rue des Carmes, les navettes du festival déverseront leurs passagers en plusieurs endroits.

Celles en provenance de la Ponétie et de l’aire événementielle arriveront au parking du Teran, sous le viaduc de la rue des Carmes. En revanche, la navette du parking du 8-Mai débarquera place d’Aurinques et celle de Saint-Simon sur le boulevard Pavatou.

6. Quid du stationnement ?
Le stationnement des véhicules sera totalement interdit pendant la durée du festival, dans tout le périmètre du centre-ville. « Ca va complexifier le stationnement en dehors du périmètre mais c’est aussi une tranquillité à l’intérieur », estime l’adjoint au maire.

Festival de théâtre de rue d'Aurillac : après une édition vécue comme un traumatisme, les habitants sont méfiants

7. Et à Marmiers ?
Cette année, l’ancien terrain de sport de Marmiers sera occupé par une compagnie, pendant le festival. Conséquence : là aussi, un périmètre de sécurité sera mis en place, avec une zone bouclée entre de la rue de l’Abbé-de-Pradt à la rue Mozart. Pour y accéder, il faudra emprunter la rue Léon-Blum.

Consignes. Deux consignes seront proposées aux festivaliers pour leurs sacs, de 10 heures à 1 heure : place de la Paix, et la place du Buis.

Arthur Cesbron
No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 17, 2017 3:43 AM
Scoop.it!

Vont-ils tuer les arts de la rue ? - L’Insatiable

Vont-ils tuer les arts de la rue ?  - L’Insatiable | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Vont-ils tuer les arts de la rue ?
PAR SERGE CHAUMIER dans L'Insatiable






Qu’est-il arrivé aux arts de la rue ? En trente ans, ce secteur est passé d’une inspiration libertaire émancipatrice à un consumérisme festif sous contrôle. Il s’agissait de réinventer le théâtre, en le sortant des salles pour transformer le passant en spectateur à son insu, en le cueillant dans sa vie quotidienne. Pour cette raison, les fondamentaux du théâtre de rue sont la gratuité, l’accessibilité, au cœur de l’espace public, à même les lieux de vie et de sociabilité. La ville est un cadre d’expression pour renforcer les liens entre la population et son quotidien, pour lui insuffler une vision créative. Les années 70 formalisent cette démarche dans la notion de développement culturel, véritable réflexion sur l’action culturelle et le citoyen auquel l’art et la culture apportent des moyens d’expression et de réalisation de lui-même. L’espoir est de retrouver l’essence du théâtre, son potentiel de transformation sociale et individuelle, que Jacques Copeaux visait et qu’espérait le théâtre populaire, de Firmin Gémier à Jean Vilar. Les arts de la rue dans les années 70 à 90 s’inventent en espérant trouver le Graal.


C’est d’abord le temps des chercheurs, des découvreurs, des explorateurs, des initiateurs, de ceux qui vont distiller la folie dans les lieux les plus incongrus, faisant de la surprise et de l’étonnement le carburant d’une transformation politique. Car l’espérance est qu’un individu agité devienne agissant, que l’action engendre la réaction. Les initiatives ne sont pas alors perçues très amicalement par les institutions et les pouvoirs publics. La subversion est de mise pour mettre sans dessus-dessous normes et habitudes. La pluridisciplinarité, la transversalité, le décloisonnement, l’hybridation des formes découvrent des univers d’une grande inventivité. Ainsi naissent des festivals qui peu à peu se multiplient au point que toutes les villes de France ou presque proposent le leur. En 30 ans, ceux-ci sont passés d’un moyen de sensibilisation et de diffusion à un secteur économique à part entière où les retombées induites sur le territoire sont capitales. Image de dynamisme, vecteur de communication positive, animation d’un territoire, attrait touristique, l’enjeu des fréquentations records réside désormais dans les retombées économiques pour une ville, à travers ses capacités hôtelières, ses restaurants et ses marchands de bière.


Comme on l’a entendu avec des menaces d’annulation de festivals lors de la crise des intermittents en 2003, à Avignon ou ailleurs, et comme on l’entend désormais lorsqu’un maire songe à supprimer un événement, les raisons commerciales priment. Les festivals, particulièrement ceux dédiés aux arts de la rue, constituent un secteur d’activité à part entière. Celui-ci s’est fortifié de milliers de compagnies, qui proposent une offre formatée pour répondre à la demande. Il y en a pour toutes les bourses et toutes les mesures. Du spectacle pour le bourg du pays à celui taillé pour l’inauguration d’un événement international, jeux olympiques, exposition universelle ou foire internationale. Un marché où « populaire » concerne plus l’attractivité que les exigences d’un théâtre du même nom. Comme le craignait Malraux pour le cinéma, les industries du rêve, du sexe et de la mort dominent largement dans une surenchère à l’audimat. S’il est encore des recherches innovantes et créatives, talentueuses et ambitieuses, une grande majorité des offres sont devenues des produits sur le marché du divertissement. Combien de Théâtre de l’Unité demeurant dans l’exigence des débuts et dans une invention incessante des formes ? Une forme d’hypocrisie marie plus souvent habilement les origines rebelles au capitalisme culturel de la mise en marché, véritable cas d’école pour le marketing.

Si cette dérive existe depuis les années 2000, et que la crise de 2003 a sans doute marqué un point de bascule en brisant l’énergie qui imprégnait encore le secteur, condamnant les compagnies à la survie dans une ambiance souvent morose, c’est désormais un donnant-donnant. Les villes tout en baissant souvent leurs subventions dans un contexte de restrictions des finances publiques veulent conserver la manne engendrée. Les flux touristiques ont souvent chassé les populations locales des spectacles et la démocratisation espérée ne résiste guère aux études de publics qui révèlent un brassage sociologique plus rêvé que réel. C’est d’autant plus le cas que d’autres évolutions se font. Devant l’afflux des publics, la sophistication croissante des moyens techniques nécessaires au spectacle, le confort de compagnies peu formées aux arts de rue et à la gestion du public, donc plus à leur aise dans un espace maitrisé pour une diffusion à un public captif, un ré-enfermement s’est peu à peu instauré. La rue s’est privatisée.


Les festivals attirent des populations de festivaliers, venus expressément et donc moins diversifiés qu’il n’y semble, et les spectacles ont de moins en moins lieu dans un espace public ouvert, dans les rues et sur les places, mais dans des espaces confinés prévus à cet effet. Ainsi les chapiteaux, les tentes, les véhicules, les lieux incongrus transformés ponctuellement en espace de représentation, et plus souvent les cours deviennent des sortes de mini-théâtres. Si au départ la chose offrait la garantie d’une qualité de jeu et de réception plus grande, le système a vite montré ses effets pervers. Des spectacles à heure fixe s’y donnent, et des programmes sont édités, laissant loin dans les mémoires la spontanéité d’un public capté avant de devenir captif, formé par l’acte du spectacle. Certains ajoutent une billetterie à l’entrée. Dernier avatar trahissant l’esprit des pères fondateurs, fruit de la dérive sécuritaire, la mise en place de contrôle et de jauge pour réguler les flux. Inquiet des attentats, les sacs sont fouillés à l’entrée, et pour éviter de pseudo accidents ou pour un soi-disant confort du public, les places sont limitées. Dans les espaces où l’on se compressait dans les années 90 et où 1000 personnes entraient, on n’accepte plus que 400 personnes. Si bien que l’on est installé comme au théâtre, là où la promiscuité favorisait hier les échanges et les solidarités entre les spectateurs, les fous-rires et les corps-à-corps certes parfois désagréables, mais qui soudaient symboliquement et physiquement la communauté des spectateurs. On fait donc la queue pour entrer dans les cours, pour assister à des spectacles programmés et minutés.

Si l’on est dans un festival dit de marché professionnel, comme Chalon ou Aurillac, ceux qui sont accrédités, c’est-à-dire les potentiels acheteurs, sont prioritaires et aux petits soins, comme ailleurs le sont les journalistes. Le divorce avec le citoyen lambda, le rejet de la population locale et la scission de la communauté des spectateurs ne sont pas théorisés. Si l’on est parvenu à entrer, on s’installe de plus en plus confortablement, en apportant son siège, à moins que des gradins, des estrades ou des fauteuils ne soient prévus par la compagnie. On assiste le plus souvent à des gaudrioles puisque, comme dans le festival off d’Avignon, les one man show et autres spectacles humoristiques sont devenus légions, car « on n’est pas là pour se prendre la tête ». Le vertige saisit souvent sur la vacuité des propos et le peu d’engagement qui se dégagent de l’ensemble des propositions. Comme si le monde n’était pas à feu et à sang. Au point de se demander si la culture n’est pas une extension de la télévision pour occuper le corps et l’esprit et les détourner des choses essentielles. Même si des exceptions confirment la règle.


Des publics de plus en plus âgés, et de moins en moins nombreux (contrairement à ce qu’affirment ceux qui ont intérêt à faire croire au caractère populaire et massif de la fréquentation), assistent désormais sagement à des spectacles et se rendent à Chalon-sur-Saône comme on se rend à Avignon. On ne voit plus les embouteillages piétonniers, les compressions corporelles dans les rues ou dans les spectacles et les places bondées des années 90. Les vieux et les familles avec jeunes enfants sont majoritaires. Si la foule d’Aurillac est plus diversifiée, composée de jeunes adultes, c’est que la nuit y est plus festive. Les arts de la rue attirent désormais un public proche du troisième âge et les spectateurs y sont majoritairement équipés de petits sièges pour s’assoir car la terre est trop basse et le macadam trop sale et dur. On assiste sagement à des représentations entre deux virées au bistrot et l’on vient surtout se promener dans une ambiance festive. Si l’esprit des débuts est perdu, les jeunes qui gèrent ses entreprises artistiques et culturelles n’en ont pas conscience. Ils n’ont pas connu le fol espoir des pionniers.

Serge Chaumier
Professeur des universités
Auteur de Les Arts de la rue. La faute à Rousseau, L’Harmattan.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
June 13, 2017 12:53 PM
Scoop.it!

Royal de Luxe à Nantes, ce sera du 29 juillet au 20 août

Royal de Luxe à Nantes, ce sera du 29 juillet au 20 août | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Publié dans Ouest - France :

La troupe de théâtre revient pour 20 représentations gratuites de son nouveau spectacle "Miniatures", Place de la Petite-Hollande.

Royal de Luxe est de retour dans son port d’attache nantais cet été. La troupe présente son nouveau spectacle, "Miniatures", du 29 juillet au 20 août, Place de la Petite-Hollande. 20 représentations, gratuites, sont prévues pour une jauge de quelque 700 personnes par soir.

Le spectacle avait été testé début mars à Malines, en Belgique.

Les vingt représentations nantaises s’égraineront du samedi 29 juillet au dimanche 20 août, tous les jours sauf les lundis.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
May 21, 2017 7:00 AM
Scoop.it!

Montréal choisit les géants nantais de Royal de luxe pour les 375 ans de sa création - France 3 Pays de la Loire

Montréal choisit les géants nantais de Royal de luxe pour les 375 ans de sa création - France 3 Pays de la Loire | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Cathy Dogon pour France3 Regions


La compagnie de théâtre de rue nantaise, Royal de Luxe, s'exporte à Montréal pour les 375 ans de la ville québécoise. Une parade des géants, signée Jean-Luc Courcoult, a rassemblé la Petite Géante et son oncle le Scaphandrier ainsi que le chien Xolo, trois nouvelles créations. 


Le Scaphandrier, la Petite Géante et le chien Xolo déambulent en ce moment dans les rues de Montréal. La ville québécoise a choisi les géants de la compagnie Royal de Luxe pour sa parade d'anniversaire. 375 ans, ce n'est pas rien ! 

"Un pont entre le petit et l'immensément grand, entre la terre d'hier et la ville d'aujourd'hui, entre l'Amérique et l'Europe"

Du 19 au 21 mai 2017, ces structures nantaises foulent le pavé canadien. Ce n'est pas la première exportation de la compagnie nantaise. Ses créations ont déjà été vues au Chili, en Chine, en Islande, en Angleterre, en Autralie... Pour l'occasion, 105 membres de la compagnie ont fait le déplacement. 



L'histoire est écrite par Jean-Luc Courcoult, auteur et metteur en scène, fondateur de la compagnie nantaise. Elle raconte les retrouvailles d'une nièce et son oncle, voyageurs tous les deux dans deux mondes opposés. La Petite Géante aime passer de saison en saison. Le Scaphandrier, lui, fouille les fonds marins à la recherche de souvenirs d'un autre temps. Des créations inédites.

Le récit :
"On ne sait au juste quand le Scaphandrier géant a pris sa 1re marche au creux du Saint-Laurent. En tout cas, si les marins ne l’ont jamais rencontré, les poissons du fleuve et ceux des Grands Lacs le connaissent bien.Comme tous les Géants, le Scaphandrier est un solitaire silencieux. Curieux, il visite des milliers d’épaves couchées dans le sable et avec sa pelle, il racle le fond des eaux, entretient des passages délicats et déplace certaines roches pour améliorer la navigation au travers des saisons.

Comme les coureurs des bois, il bouge son campement régulièrement, un vieux conteneur rempli de trésors inutiles trouvés dans des bateaux coulés : une boussole sous-marine, une roue de bateau, un casque de capitaine et bien d’autres souvenirs qu’il contemple de temps en temps avant de s’endormir sous une sorte de lampadaire fabriqué avec une lumière d’auto qu’il alimente avec une petite hélice entraînée par le courant. Le Scaphandrier géant a aussi un compagnon fidèle, un gros poisson très laid, une sorte de barbotte poilue plutôt âgée qui parfois grelotte de froid et qui vient se coller sur son ventre pour se réchauffer.

Les Géants sont éternels et ne vieillissent pas, ils restent à l’âge qu’ils ont, mais comme les hommes, ils peuvent mourir d’un accident. C’est ce qui s’est passé il y a très longtemps au frère du Scaphandrier qui laissa derrière lui sa fille, une petite géante espiègle et douce que le Scaphandrier n’a pas revue depuis plusieurs années.

En effet, la Petite Géante, elle préfère voyager dans les saisons. Elle peut d’ailleurs passer de l’hiver à l’été en un instant. Justement, ce printemps 2017, elle se trouve dans les glaciers du Grand Nord, à essayer de sortir son bateau pogné dans les mâchoires de deux icebergs. Avec son équipage de lilliputiens, ils utilisent de grandes scies, des pioches, des machines à tirer, et parfois des explosifs qui font des tas de poudreries dans le ciel ainsi que des blocs de glace.

C’est d’ailleurs à ce moment-là que la Petite Géante et les lilliputiens virent venir vers eux la délégation municipale de Montréal, les dents claquantes, la buée sortant de leurs bouches telles des trains à vapeur, des glaçons pendus au nez et les genoux gelés comme un héron sortant du congélateur. Il faut avouer que les défis encourus pour cette rencontre étaient de taille à faire trembler le reste des os de Jacques Cartier !

Le directeur de la délégation annonça ni plus ni moins qu’il s’agissait d’une invitation à voir son oncle le Scaphandrier durant les jours de fête du 375e anniversaire de la ville de Montréal, frais de transport, d’hébergement et de nourriture compris bien entendu ! Et qu’ils seraient ravis de leur présence.

La Petite Géante ne marqua pas l’ombre d’une hésitation. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait pas vu son oncle !…Brusquement un chien géant apparu courant vers la Petite Géante. Affolée la délégation s’enfuie à toutes jambes le prenant pour un ours noir tout droit sorti d’un conte de fées.

Il s’agissait simplement du Xolo, compagnon de la Petite Géante qu’elle avait rencontré il y a bien longtemps à Mexico."

©Jean – Luc Courcoult

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
February 15, 2017 2:47 PM
Scoop.it!

Culture - Spectacle vivant : les trois points à retenir sur le rapport de la Cour des comptes

Culture - Spectacle vivant : les trois points à retenir sur le rapport de la Cour des comptes | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans La Montagne


Photo : Festival de théâtre de rue d'Aurillac, les anges © Christian Stavel



La Cour des comptes a rendu public, mercredi 8 février, son rapport annuel 2017. 


Lire le rapport de la Cour des comptes sur quelques institutions publiques liées au spectacle vivant en Auvergne Rhône-Alpes

http://www.ccomptes.fr/content/download/98705/2251108/version/1/file/12-collectivites-locales-Auvergne-Rhone-Alpes-et-spectacle-vivant-Tome-1.pdf


Lire l'article sur le site d'origine : http://www.lamontagne.fr/aurillac/loisirs/economie/2017/02/13/spectacle-vivant-les-trois-points-a-retenir-sur-le-rapport-de-la-cour-des-comptes_12276151.html


La juridiction s'est notamment penchée sur les politiques des collectivités territoriales d’Auvergne-Rhône-Alpes en faveur du spectacle vivant. Le festival de musique de La Chaise-Dieu (Haute-Loire) et le festival de théâtre de rue d'Aurillac (Cantal) ont été évalués. Ces deux manifestations ont la particularité d'être portées par des associations.
D'autres structures ont été passées au crible : les Nuits de Fourvière à Lyon, Jazz à Vienne, le festival de musique Berlioz en Isère, mais aussi des établissements permanents (la maison de la culture de Grenoble MC2, les théâtres de Villefranche-sur-Saône, de Bourg-en-Bresse, de Vienne ou de Décines-Charpieu).

1. La part du financement public
Le rapport montre que la part des financements publics est, à quelques exceptions près, très majoritaire dans le financement des théâtres et festivals de l'échantillon.


A noter la différence de financement entre les deux festivals auvergnats étudiés par la Chambre régionale des comptes : 82 % d'argent public dans le budget du festival international de théâtre de rue d'Aurillac et seulement 30% pour le festival de musique classique et de musique sacrée de La Chaise-Dieu. 

Diversification des ressources
La Cour des comptes appelle à une diversification des ressources. "Si le financement public est indispensable au spectacle vivant, les contraintes financières auxquelles les collectivités sont désormais confrontées impliquent la mobilisation d’autres ressources, qu’elles proviennent d’une optimisation de la politique tarifaire ou, plus marginalement, de l’apport de mécènes ou d’entreprises partenaires."

Festival de la Chaise-Dieu 2016. Photo Vincent Jolfre

Une préconisation déjà appliquée par La Chaise-Dieu. Le président de l'association organisatrice du festival précise, dans une réponse au rapport, que l'événement "s'appuie sur un modèle économique original, qui privilégie les ressources propres (environ 50 %) et le mécénat (environ 20 %), les financements publics n’entrant que pour une part réduite de ses recettes (30%)".

2. Le prix des spectacles
La Cour des comptes a également étudié la tarification appliquée par les différentes structures. On observe des écarts importants. "Si la tarification des concerts du festival Berlioz est assez attractive (en 2014, pour un spectacle au château, entre 20 € et 40 €), le coût par spectateur est relativement élevé en raison d’un niveau important de subventions publiques (1,15 M€ de subventions pour 25.000 spectateurs, alors que le festival de la Chaise-Dieu reçoit 538.000 € de subventions pour 23.000 spectateurs)", souligne le rapport.


3. La fréquentation
Selon la Cour des comptes, "la fréquentation des structures analysées, dans l’ensemble satisfaisante, se traduit par des taux de remplissage en moyenne supérieurs à 80 %".


Les retombées économiques du festival de théâtre de rue d’Aurillac : article de 2013  http://www.lamontagne.fr/aurillac/economie/2013/05/07/la-region-a-rendu-son-etude-consacree-a-limpact-economique-du-theatre-de-rue-daurillac_1542117.html

Infoplus. 


La Cour des comptes a pour mission de s'assurer du bon emploi de l'argent public et d'en informer les citoyens. Juridiction indépendante, elle se situe à équidistance du Parlement et du Gouvernement, qu’elle assiste l’un et l’autre.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
January 13, 2017 5:46 PM
Scoop.it!

Les trente ans du théâtre de rue

Les trente ans du théâtre de rue | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Lucile Commeaux pour l'émission La Dispute sur France Culture


Ecouter l'émission (12mn) :https://www.franceculture.fr/emissions/le-petit-salon/les-trente-ans-du-theatre-de-rue



La plupart des compagnies historiques sont nées dans les années 80. Comment ont évolué leurs pratiques?


La plupart des compagnies qui ont fondé le théâtre de rue en France ont trente ans, l’occasion de se pencher sur leur histoire et de se demander peut-être ce que ce modèle très particulier, qui a des spécificités à la fois esthétiques, idéologiques, et économiques dit du théâtre français. C’est une pratique qui est un îlot dans le spectacle vivant en France, où on aime bien cloisonner, et force est de constater que le public du théâtre de rue, de ses festivals n’est pas le même que celui des théâtres publics et du In avignonnais. 


Pourtant quand le théâtre de rue naît dans les années 80, c’est avec des références qui sont aussi des références revendiquées par de très nombreux artistes installés, le collectif américain du Living Theatre, ou encore le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine. 


Un théâtre qui se revendique libre, pauvre, égalitaire, un théâtre partout et pour tous, de fait on tombe souvent sur le théâtre de rue, ce qui bouleverse totalement le rapport au spectacle. Je cite quelques épisodes marquants, en 1986 par exemple, le PHUN investit le quartier de Saint Germain des Prés, dans le 6e arrondissement de Paris, et en une nuit, déverse des tonnes de terre sur les trottoirs, plante des légumes, monte des bottes de foin, dépose des salades sur les Abribus, organise un ballet incessant de brouettes qui perturbe le trafic sur les boulevards; c’est une performance qui a été ensuite reprise, refaite dans plusieurs endroits, et dernièrement en 2014 en Angleterre.



Autre exemple en 1990, le collectif Ilotopie s’empare d’un immeuble de la cité ultra-défavorisée de la Castellane à Marseille, et le transforme en un hôtel de luxe, avec dorures et grooms à l’entrée. Le spectacle s’appelle PLM, Palace à Loyer Modéré, c’est une des grandes gloires du théâtre de rue, qui s’apparente en fait de théâtre davantage à du happening ou à de l’installation.



Comment vivent ces compagnies, qui existent toujours? Il y a eu une forme d’institutionnalisation depuis les années 80, la création de festivals d’abord qui font largement vivre auprès du public ces créations collectives, c’est le cas des festivals d’Aurillac, de Chalon-sur-Saône ou encore de Sotteville-les-Rouens, il y a une Fédération Nationale des Arts de la Rue créée en 1997, et puis un label, “Centre national des arts de la rue”; de fait il n’étiquette qu’une petite quinzaine de compagnies, qui reçoivent à elles toutes moins qu’un seul Centre dramatique national. La réforme du régime des intermittents de 2003 a sonné le glas des structures les plus fragiles, et toute menace sur ce statut donne des sueurs froides même aux compagnies les plus installées. Autre menace, celle qui pèse en général sur l’espace public urbain: la menace terroriste et son corollaire policier, l’état d’urgence. Cet été à Aurillac, alors qu’on célébrait le trentième anniversaire du festival, des échauffourées ont éclaté entre la police et certains spectateurs qui refusaient de laisser contrôler leurs sacs, il est vrai que toute idée de contrôle va à l’encontre du principe même du théâtre de rue. Je pose la question: est-ce qu’on pourrait imaginer qu’aujourd’hui en 2017 comme il y a trente ans, une compagnie investisse Saint Germain des Prés, provoquant embouteillages et attroupements incontrôlés?

Intervenants
Anna Sigalevitch
René Solis


Voir la vidéo : Une ferme à Saint-Germain-des-Prés (Le PHUN) : https://youtu.be/1fDRlDgCyfU


Voir la vidéo : Palace à loyer modéré (Ilotopie) : https://youtu.be/woBmu8wBuUE



Photo : "Fête de village avec théâtre de rue" - Brueghel - 1632, Musée de l'Ermitage - Saint Pétersbourg • Crédits : leemage - AFP

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
September 21, 2016 5:05 PM
Scoop.it!

AMIENS Dernier tour de piste pour Jean-Pierre Marcos -  - Courrier picard

AMIENS Dernier tour de piste pour Jean-Pierre Marcos -  - Courrier picard | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Jean-Pierre Marcos, le directeur du pôle national cirque et arts de la rue d’Amiens Métropole, présentait la saison du cirque Jules-Verne pour la dernière fois avant de prendre sa retraite le 20 octobre. Cette saison 2016-2017 fait à nouveau la part belle aux chevaux «  non pas parce que nous avons une volonté obstinée de faire du cirque équestre à Amiens mais parce que ceux qui avaient vécu l’expérience en 2012 sont tous venus me voir pour qu’on recommence  », a-t-il expliqué vendredi soir.


Qu’est ce qu’on ressent quand on présente sa dernière saison ?


Je n’y pense pas, je suis là c’est tout. Je ne suis pas du genre à me poser des questions. Et puis de toute façon j’aurai toujours la curiosité de ce qu’il se passe ici.


Quels sont votre meilleur et votre pire souvenir ?


Je n’ai pas vraiment de pire souvenir. Je ressens juste toujours de la tristesse et un goût amer en regardant le trou au plafond du cirque. Par contre, il y a eu beaucoup de bons souvenirs. Notamment cette rencontre avec Jean-Luc Courcoult de la compagnie Royal de Luxe de Nantes. Je lui avais demandé s’il pouvait m’imaginer un truc sur Jules Verne mais il m’a dit Amiens et Nantes ça suffit avec Jules Verne. Puis un jour il m’a rappelé et il m’a dit : je crois que j’ai quelque chose pour toi. C’était La Visite du sultan des indes sur son éléphant à voyager dans le temps présenté ici en 2005. C’était magique. Puis plus récemment, il y a eu cette convention signée cet été à Montréal au Canada en compagnie de Nathalie Devèze, la vice-présidente chargée de la culture d’Amiens Métropole, pour le retour à l’intérieur du cirque d’un lustre disparu lors des bombardements et qui a été retrouvé là-bas. Avec la marquise, qui sera elle aussi bientôt remise en place après les travaux de rénovation en 2018, voilà deux éléments qui vont réapparaître 100 ans après leur disparition, quel symbole !


Qu’allez vous faire maintenant ?


J’ai plein de choses à faire. Je suis président d’Artcena (NRDL : structure née de la fusion des centres documentaires, Centre national du théâtre et Hors Les Murs) pendant au moins deux ou trois ans, et puis j’ai plein de propositions qui me sont faites. Mais en tout cas, rassurez-vous, ne plus gérer une structure, ses équipements et son personnel, ça ne va pas me traumatiser.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 24, 2016 11:04 AM
Scoop.it!

Audrey Azoulay salue une "fréquentation exceptionnelle" des festivals cet été malgré les attentats

Audrey Azoulay salue une "fréquentation exceptionnelle" des festivals cet été malgré les attentats | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 publié par Culturebox (avec AFP) le 23/08/2016


Les festivals de l'été ont connu "une fréquentation exceptionnelle", en dépit du contexte de menace terroriste, s'est félicitée la ministre de la Culture Audrey Azoulay ce mardi 23 août 2016 sur France Info.


"Il y a eu une fréquentation exceptionnelle des festivals. Les Français étaient au rendez-vous, ils étaient là. Les festivals qui se sont tenus - soit la très grande majorité - ont vu leur public augmenter", a-t-elle souligné sur France Info.


"Nous avons aidé les festivals à se maintenir"


"Il y a eu très peu de festivals annulés", a-t-elle rappelé : "il y a eu beaucoup de feux d'artifice annulés, à l'initiative des mairies, mais très peu de festivals supprimés". Après les attentats qui ont frappé le pays, la question de l'annulation de ces événements s'était rapidement posée, a-t-elle encore dit. "Et très vite notre réponse a été de les maintenir, et de les aider à se maintenir".

"Nous avons mobilisé les forces de sécurité publique, que je tiens à remercier, et lancé un fonds de soutien" pour aider ces structures à assumer les surcoûts liés à la sécurité. Selon la ministre, "il nous reste des crédits pour cela, et beaucoup de festivals ont fait appel à ce fonds".


Le cas idolé du Festival du théâtre de rue d'Aurillac


Concernant le Festival de théâtre de rue d'Aurillac, où des échauffourées ont opposé forces de l'ordre et festivaliers mécontents des mesures de sécurité, la ministre relève que "c'est le seul endroit où il y a eu des incidents". "Et ils ont été très vite maîtrisés".

"Je ne sais pas si ce sont des festivaliers ou des gens qui se sont rendus au festival spécifiquement pour manifester de façon violente le fait qu'ils ne voulaient pas voir de forces de sécurité publique dans ce festival", souligne-t-elle. De manière générale, le public "était plutôt demandeur, et les familles rassurées" par les dispositifs mis en place, a-t-elle estimé.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 23, 2016 3:36 PM
Scoop.it!

Etat d’urgence : violente manifestation contre les fouilles au Festival d’Aurillac

Etat d’urgence : violente manifestation contre les fouilles au Festival d’Aurillac | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans Le Monde 


Barricades, poubelles brûlées, dégradations et gaz lacrymogènes : l’ambiance festive du centre-ville d’Aurillac a été ternie vendredi 19 août par des échauffourées entre forces de l’ordre et plusieurs centaines de festivaliers du théâtre de rue.

Peu après 18 heures, 300 festivaliers, infiltrés par une centaine de casseurs, parfois encagoulés, ont violemment manifesté contre les mesures de sécurité imposées pour ce festival, notamment les fouilles à l’entrée du centre-ville, selon la préfecture du Cantal, confirmant une information de La Montagne. « Entre 20 et 30 agitateurs ont voulu forcer le passage dans une file d’attente de contrôle, entraînant les festivaliers, mécontents des dispositifs de sécurité qui ralentissent », a expliqué le maire d’Aurillac, Pierre Mathonier (PS), présent sur les lieux.

Des tracts contre la « mise en cage »

Les protestataires ont installé des barricades, caillassé des voitures, allumé des feux de poubelle, renversé des panneaux et dégradé du matériel urbain et la vitrine d’un commerce, a détaillé la gendarmerie. Une cinquantaine de gendarmes mobiles sont alors intervenus ainsi que des élus. Le spectacle de Generik Vapeur La Deuche joyeuse, qui devait se jouer sur la place des Carmes, a été reporté.

Dans un contexte de menace terroriste, la municipalité d’Aurillac avait choisi de maintenir le Festival international de théâtre de rue, du 17 au 20 août. Toutefois, des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été mises en place par la préfecture du Cantal : grilles, dispositifs anti-voiture bélier... Les personnes qui souhaitaient accéder au périmètre de sécurité devaient se soumettre à une fouille. Selon La Montagne, un premier incident avait éclaté mercredi lors d’une fouille, et vendredi, des tracts avaient été distribués durant les échauffourées pour dénoncer le « déploiement privé, militaire et policier », comparé à une « mise en cage ».

Lire aussi :   Conscients du danger terroriste, des maires renforcent la sécurité des festivals

Plus de 100 000 spectateurs

« Il y a eu des échanges vifs entre casseurs et festivaliers, ces derniers ne comprenant pas leurs motivations à mettre en péril le dispositif de sécurité », a expliqué le directeur de cabinet de la préfecture du Cantal, Jean-François Bauvois. « Tout a été fait pour permettre à ce festival de se dérouler dans de bonnes conditions et protéger les festivaliers et les artistes. On sait bien que Daech s’attaque aux artistes et à ce genre de manifestations. »

Vers 20 h 30, le calme était revenu dans le centre d’Aurillac, et les spectacles ont repris, selon le maire et la préfecture. Le Festival du théâtre de rue d’Aurillac accueille chaque année 100 000 spectateurs.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
February 14, 2018 6:55 PM
Scoop.it!

Nadège Prugnard démonte la jungle avec des mots

Nadège Prugnard démonte la jungle avec des mots | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Clarisse Fabre dans LE MONDE | 14.02.2018


D’un long séjour à Calais auprès des migrants, elle a rapporté la pièce « No Border ».



Nadège, c’est la copine. Elle entre dans un bar et en un instant connaît tout le monde. Du genre à taper une cigarette vite allumée sous la mèche blonde et le béret. Elle fait penser à l’héroïne de Bonnie and Clyde, sauf qu’elle ne fait pas les banques. C’est le capitalisme qu’elle veut dynamiter, avec les artistes qui l’accompagnent depuis une vingtaine d’années. L’ancienne étudiante en philosophie a choisi le théâtre « pour être au contact du monde ».

Elle a trouvé de la matière au Théâtre d’Aurillac, où elle était artiste associée de 2008 à 2014. « Le théâtre de rue brasse large, du punk à chiens à la bourgeoise ­lettrée », explique celle qui n’aime pas les frontières, quelles qu’elles soient. Elle a beaucoup écrit, et un recueil de ses textes vient de paraître chez Al Dante : M.A.M.A.E – pour Meurtre Artistique Munitions Action Explosion. Depuis quelque temps, elle a posé ses valises au Centre dramatique national de Montluçon (Allier), où elle va recréer, le 15 mai, pour les 50 ans de Mai 68, Women 68 même pas mort. En avril, elle sera en résidence à la Chartreuse ­d’Avignon pour une création sur le fado.

Un jour, Guy Alloucherie l’appelle. Le metteur en scène, fils de mineur, dirige dans le Pas-de-Calais la scène nationale Culture commune, implantée sur l’ancien carreau de mine de Loos-en-Gohelle. De fil en aiguille, une idée leur vient : Nadège va passer du temps à Calais auprès des migrants, puis ensemble ils créeront une pièce (elle sera présentée du 19 au 24 novembre à Culture Commune). Une résidence d’écriture dans la « jungle », en quelque sorte. Pendant plus de deux ans, Nadège Prugnard y fait des séjours avec des interruptions, avant que le camp ne soit démantelé à l’automne 2016.

« C’est très nietzschéen »
Avec l’Auberge des migrants, qui prépare les repas, elle entre en contact avec des Iraniens, Soudanais, Afghans. Quelques rencontres la hantent encore : « Pour ne pas se faire violer pendant la traversée, une femme s’était mutilée le visage. Mais du coup, des hommes l’ont larguée dans le désert. » Il y a ce jeune Soudanais qui lui montre la photo de sa petite sœur décapitée. Que peut l’art face à ce désastre ? « On n’en a rien à foutre de ton théâtre ! », lui a dit un jour un réfugié. « Je me suis demandé : est-ce que la douleur est quantifiable ? C’est très nietzschéen : il faut rester vivant malgré la douleur. » Sa tête explosait. « J’ai trouvé des déclencheurs d’écriture. Un jour, j’ai débarqué dans la “jungle” avec 500 fleurs. Juste ça, et les gens me souriaient, venaient me parler. Une autre fois, en robe de mariée… J’ai vu tellement de douceur, de gentillesse… »

Comment raconter ? Celle qui aime la poésie sonore, la recherche lexicale, devait trouver les mots. No Border, qu’elle a présenté en avant-première le 12 février dans une lecture au Théâtre de l’Echangeur, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), est un démontage poétique du système, une tresse qui mêle sa vie intime, ses fêlures, avec les drames de ces êtres humains à la fois « morts et vivants ». « Nous sommes tous des réfugiés du capitalisme », aime-t-elle à dire. Sa violence verbale fait penser à la performeuse espagnole Angélica Liddell, mais son style est différent : assise simplement à sa table, elle lit d’un souffle continu.

No Border, de Nadège Prugnard, mis en lecture par Guy Alloucherie. Le 22 mars au festival Les Marmites artistiques, à Nanterre (Hauts-de-Seine), le 31 mars, au Théâtre la Cité, Marseille, les 14 et 15 avril au festival Les Poétiques du canal, Colombelles (Calvados). www.magma-theatre.com/no-border

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
January 17, 2018 1:16 PM
Scoop.it!

Le théâtre chilien, entre poétique et politique

Le théâtre chilien, entre poétique et politique | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Fabienne Darge dans Le Monde  | 17.01.2018


Le festival Santiago a Mil, qui fête ses 25 ans, attire désormais les programmateurs du monde entier.


Ici, c’est l’été en janvier. Et à Santiago, la capitale du Chili, comme en France, l’été est la saison des festivals, ou plutôt DU festival Santiago a Mil, qui fête en ce début 2018 ses 25 ans et une belle réussite, puisqu’il est désormais le plus en vue d’Amérique latine. A Santiago, il n’y a pas que la température qui soit muy caliente : le public et les programmateurs du monde entier, qui font de plus en plus souvent le voyage au Chili en début d’année, le sont aussi.

« Et pourtant, nous avons commencé tout petit », sourit Carmen Romero, la directrice du festival, femme de tempérament et de cœur. Tout petit, oui, pour arriver en 2018 à une manifestation qui dure quasiment trois semaines (du 3 au 21 janvier), programme une quarantaine de spectacles, offre une large vitrine sur la scène latino-américaine mais aussi un riche panorama de la création internationale. Cette année, le public chilien peut voir des spectacles du Flamand Ivo van Hove (After the Rehearsal/Persona, d’après Ingmar Bergman), du Polonais Krystian Lupa (Des arbres à abattre, de Thomas Bernhard), du Suisse Christof Marthaler (King Size) ou de l’Américain Robert Wilson (La Dernière Bande, de Samuel Beckett) – autrement dit la crème de la création contemporaine.

« Air de liberté »


Deux « petits » Français viennent se glisser dans cette édition anniversaire : le chorégraphe Angelin Preljocaj, avec Centaures et Still Life, et le metteur en scène Jean-Luc Courcoult qui, avec sa troupe Royal de luxe, présente, en quasi-primeur, sa dernière création, Miniatures, pendant toute la durée du festival, avant une longue tournée française et internationale.

Au Chili, Jean-Luc Courcoult est presque aussi connu que le pape, même s’il affiche un autre style, avec ses énormes lunettes à la Polnareff, ses chemises bariolées et ses chapeaux à fleurs. En 2007 et en 2010, pour le bicentenaire de l’indépendance du pays, il a présenté deux de ses phénoménaux spectacles de géants, réunissant trois millions de personnes dans la capitale. Huit ans plus tard, quand il se promène dans Santiago, des anonymes l’arrêtent dans la rue pour lui demander : « C’est bien vous le papa de la petite géante ? ».

« COMME ON NE POUVAIT PAS S’OPPOSER FRONTALEMENT AU RÉGIME, ON ÉTAIT OBLIGÉS D’INVENTER UN LANGAGE DÉTOURNÉ, ET DONC POÉTIQUE. » JUAN CARLOS ZAGAL, DIRECTEUR ARTISTIQUE DE TEATROCINEMA


Courcoult est le seul artiste français à être venu jouer au Chili pendant la dictature. C’était en 1989, peu de temps avant la chute du général Pinochet, il a présenté une « petite forme », Roman photo, parfum d’Amnesium, qui a été le premier spectacle joué dans l’espace public au Chili. « Pourtant, le théâtre de rue était totalement interdit sous la dictature, observe Carmen Romero. Mais le fait qu’il ne s’agisse pas d’un théâtre classique ou officiel a sans doute permis de se glisser dans une brèche. »

Carmen Romero a vu le spectacle à l’époque, et s’en souvient comme d’« un formidable air de vie et de liberté » dans le Chili sous chape de plomb d’alors. Puis le régime de Pinochet est tombé, en 1990, la démocratie s’est peu à peu remise en place, et Carmen Romero et ses amis, en janvier 1994, ont créé leur « petit truc » dans la gare désaffectée de Mapocho. Carmen Romero s’occupait alors de trois compagnies chiliennes qui avaient réussi à maintenir un théâtre indépendant pendant la dictature : le Teatro del Silencio, le Teatro de la Memoria et La Troppa (devenue aujourd’hui Teatrocinema, la compagnie chilienne la plus connue à l’international).

Coup de foudre avec la compagnie Royal de luxe


Les grandes aventures commencent souvent ainsi, de manière purement artisanale. « Aucun de nous n’avait l’idée qu’un tel développement serait possible », observent aussi bien Carmen Romero que Juan Carlos Zagal, le directeur artistique de Teatrocinema. « On a appelé notre petit projet « Santiago a Mil », parce que l’idée était de proposer la place de spectacle à mille pesos (l’équivalent d’1,35 euro aujourd’hui) », se souvient ce dernier.

Santiago a Mil a grandi peu à peu, en devenant d’abord la plate-forme de tout le théâtre chilien, qui comptait alors une centaine de compagnies, puis en s’ouvrant sur la scène latino-américaine, et enfin, au bout de sept ans, sur la création mondiale. Et, en toute logique, c’est Royal de luxe qui a d’abord accompagné cette ouverture internationale, ainsi que la politique de décentralisation souhaitée par Carmen Romero, en présentant, à Santiago et à Valparaiso, Petits contes nègres, titre provisoire, un spectacle créé lors d’une résidence dans des villages du Cameroun.

Lire aussi :   Les Havrais se rassemblent sur la piste des Géants  http://www.lemonde.fr/arts/article/2017/07/08/les-havrais-se-rassemblent-sur-la-piste-des-geants_5157864_1655012.html

Les spectacles de Royal de luxe, géants ou miniatures, ont donc jalonné l’histoire du festival, en un coup de foudre réciproque et durable entre le pays et la compagnie. « Le Chili est un pays éminemment poétique », se réjouit Jean-Luc Courcoult, qui n’aime que les terres où l’imagination est au pouvoir.

Santiago a Mil a vu défiler bien d’autres créateurs importants depuis l’an 2000. Qu’il s’agisse d’Ariane Mnouchkine, qui y a aussi donné des « master class » auxquelles ont assisté des dizaines d’acteurs venus de tout le continent, des Allemands Frank Castorf et Thomas Ostermeier, du Flamand Jan Fabre, de l’Italien Romeo Castellucci ou de la chorégraphe Pina Bausch, qui a créé ici son dernier spectacle, «… como el musguito en la piedra, ay si, si, si… ».

L’héritage de la dictature


Si le Chili est un pays poétique, il est aussi un pays politique, et l’un ne va pas sans l’autre. Ici, tout ramène sans cesse à la période de Pinochet, y compris le théâtre, surtout le théâtre. Le festival, avec son engagement dans un art populaire et démocratique, a accompagné toutes les évolutions de la société. « La principale caractéristique de l’art dramatique chilien, c’est qu’il mêle constamment le poétique et le politique, contrairement à d’autres traditions, l’Argentine par exemple, qui sont beaucoup plus psychologiques », analyse Carmen Romero.

« Les compagnies de notre génération se sont créées et ont forgé leur esthétique pendant la dictature, observe Juan Carlos Zagal dans les nouveaux locaux, dotés d’un théâtre propre, que vient d’obtenir Teatrocinema à La Reina, une banlieue de Santiago. Comme on ne pouvait pas s’opposer frontalement au régime, on était obligés d’inventer un langage détourné, et donc poétique. C’est pour cela que du temps de La Troppa, nous avons travaillé avec des marionnettes : nous pouvions créer des spectacles pour enfants qui passaient plus facilement entre les mailles de la censure, et qui apparaissaient comme plus inoffensifs. »

Lire aussi :   Théâtre : une belle découverte venue du Chili  http://www.lemonde.fr/scenes/article/2017/12/04/theatre-une-belle-decouverte-venue-du-chili_5224158_1654999.html

Aujourd’hui, Pinocchio et Gemellos, d’après Le Grand Cahier d’Agota Kristof, deux spectacles emblématiques à la fois du travail de la compagnie et de la fin de la dictature, sont repris au festival. La métaphore de Pinocchio, le pantin qui devient un homme, et la métaphore du pantin en général, a été importante dans le théâtre chilien, qu’il s’agisse de représenter l’accès à la liberté et à l’humanité des opprimés, ou ces marionnettes fantoches que sont les dictateurs. D’où le lien, aussi, avec le travail de Jean-Luc Courcoult et ses marionnettes géantes ou miniatures.

Dans la nouvelle génération, tout autant politique que son aînée, la perspective est pourtant bien différente. Il s’agit de vivre avec cet héritage aussi bien de la dictature que de l’héroïsation de son combat. Le metteur en scène Marco Layera et sa compagnie La Re-Sentida, la plus connue à l’étranger dans la jeune génération – ses spectacles La Imaginacion del futuro et La Dictadura de lo cool ont notamment été présentés au Festival d’Avignon – semblent exprimer un certain ras-le-bol qu’on les ramène sans cesse à la période d’Allende et de Pinochet. Layera et sa bande se sont même permis – sacrilège bien au-delà du Chili – de mettre en question la figure de Salvador Allende, le président socialiste destitué et suicidé en 1973.

Un processus culturel fragile


Guillermo Calderon, un des auteurs-metteurs en scène les plus intéressants d’aujourd’hui, dont on a pu voir en France les pièces Villa, Discurso ou Escuela, interroge cet héritage autrement : avec la conscience que le Chili reste un pays extrêmement polarisé, où la droite extrême est loin d’avoir disparu, et où des éléments ultra-conservateurs sont encore à des postes clés dans la société.

Calderon a ainsi présenté au festival Mateluna, une pièce qui relève du théâtre d’intervention. Il y évoque la figure de Jorge Mateluna, un ancien guérillero qui, après avoir purgé sa peine de seize ans de prison pour son activisme politique, s’est retrouvé dans une sale affaire, une fois libéré : il a été accusé du hold-up d’une banque, à la suite, visiblement, d’une erreur policière et judiciaire, et remis en prison. La révision du procès est aujourd’hui sur la bonne voie, à la suite du mouvement citoyen important qui s’est constitué, et dont la pièce de Guillermo Calderon, qui ressort du théâtre documentaire, donne un large écho.

C’est tout ce mouvement culturel et politique, auquel la présidente Michelle Bachelet a donné un coup d’accélérateur notamment en créant un Ministère des cultures, des arts et du patrimoine là où n’existait jusque-là qu’un « Conseil national de la culture et des arts », qu’a accompagné Santiago a Mil.

Carmen Romero et ses adjointes – le festival chilien est essentiellement une affaire de femmes – ont ainsi joué, et jouent encore, un rôle majeur dans l’entrée du Chili dans la modernité. Avec un souhait discrètement exprimé par tou (te) s : que le nouveau président, le milliardaire chilien Sebastian Piñera, élu avec une coalition de droite le 17 décembre 2017, et qui prendra ses fonctions le 11 mars, n’enraye pas le fragile processus culturel mis en place dans le pays depuis la fin de la dictature. Théâtre et politique : au Chili, l’histoire est loin d’être terminée.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 31, 2017 5:45 AM
Scoop.it!

Festival de théâtre de rue d'Aurillac : les yeux et les corps en l’air pour la 69

Festival de théâtre de rue d'Aurillac : les yeux et les corps en l’air pour la 69 | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Par Marie-Edwige Hébrard dans La Montagne


De l’irrévérence, oui. De la rêverie aussi. Le tout, caressé par un vent d’engagement : politique et social. L’édition 69 du festival de théâtre de rue d’Aurillac a une nouvelle fois créé les conditions de la rencontre entre le public et les artistes.

Une édition imprévisible. Et si c’était finalement le caractère le plus prégnant de cette édition 69 ? Vous vous attendiez à la 32e ? C’est la 69 qui vous a été servie. Certains craignaient le chahut pour ne pas dire le chaos autour du charivari festif qui transfigure Aurillac, quatre jours par an, depuis 32 ans. Mais de chaos il n’y a pas eu. De l’intensité, par contre, oui.


Et Aurillac a finalement bien résonné du charivari créatif des acteurs, danseurs, performeurs et plasticiens venus envahir la ville et chahuter les imaginaires. Et ce n’est peut-être finalement que les idées, les postures -et les équilibres, un peu- qui ont été bousculés.

1. La couleur de cette édition 69 La cérémonie d’ouverture de l’édition 69 a donné le ton : de la revendication, de la provocation et du culot de la part des artistes jusqu’à faire sauter quelques boutons de chemises et débraguetter les élus venus leur confier les clés de la ville. Un appel, doux à la prise de position, au sursaut, aussi : le « Résiste » de France Gall, presque murmuré. « Tant de libertés pour si peu de bonheur. Est-ce que ça vaut la peine ? » interroge la chanteuse en voix-guitare, à peine amplifiée.



Un appel à la résistance : le "chant des résistants" susurré au micro ! pic.twitter.com/Vg3AYjRIPg
— Marie-Edwige Hebrard (@medwigeh) 23 août 2017



Tout près, une performance figure « l’équilibre instable », : une installation, montée en planches de bois, sur laquelle artistes et public éprouvent leur équilibre… Tout y était ou presque !
Lors des représentations du « In » les artistes ont, aussi, enfoncé le clou au fil d’actions artistiques. De manière directe ou détournée, il y a eu de l’engagement. Et ce sont, sans doute, leurs interpellations, celles qu’ils ont adressées au public de cette édition 2017, au sens large, qui resteront sur le frontispice du tome 32 de l’histoire du théâtre de rue d’Aurillac.

Tous nos articles sur le festival de théâtre de rue

Des mots « hauts scandés » par Marie-Do Fréval dans ses tentative(s) de Résistance(s) à la performance pleine de sens, véritable appel au réveil des sens de Thé à la rue pour Dévêtu(e) : ils ont souligné qu’on peut tomber le bas et tenir haut le poing !

2. Le regard du directeur artistiqueQuelques heures après que le rideau soit tombé sur cette édition 69 Jean-Marie Songy souffle et savoure de l’avoir vue se dérouler avec cet éclat. « Pendant cette édition, on a pris tout ce qu’on pouvait prendre comme plaisir. C’est toujours difficile de se retrouver à la fin d’un rendez-vous, comme ça. Dans le théâtre, on a toujours un peu l’impression que c’est la dernière fois ! Dans le théâtre il y a quelque chose de l’ordre de l’art éphémère. Pendant le festival, il y a une « sur-intensivité » de la vie.

Festival d'Aurillac : soulagement autour du dispositif de sécurité

C’est quatre jours plus intenses, plus forts. Je crois qu’il est comme sous-entendu qu’il y a quelque chose du sursis sur l’expression. Je l’ai toujours ressenti. Alors cette année, on a peut-être pris un peu plus de plaisir, encore, parce que la situation globale, par rapport à notre métier, est un peu plombée. La question qui est importante, là, en ce moment, vu l’époque qu’on vit c’est "faudrait-il choisir entre la liberté et le bonheur ? " ou " faudrait-il choisir, aussi, entre la liberté et la sécurité ? " Et je crois qu’on peut conjuguer les deux, les faire cohabiter. Nous, on continue de vouloir être des passeurs culturels, on crée les conditions de la rencontre entre le public et les artistes.

Pour cette édition, on a pris tout ce qu’on pouvait prendre comme plaisir.

Cette année, j’ai été interloqué et bien emmené par le langage qu’a adopté le Pudding Theatre sur ces histoires d’exodes, de passages de frontières, d’alertes… Ça m’a rappelé le travail de la compagnie Uz et Coutumes, accueillie il y a trois ou quatre ans.

J’ai aussi été très touché par le travail de François Chaignaud. Idem avec les performances d’ODM. Ils sont l’archétype du théâtre contemporain. Ces artistes emploient des gestes directs, très esthétiques. »


3. La surprise des collectifs Les spectacles pendant le festival de théâtre de rue mais hors du centre-ville : c’est de plus en plus vrai ! Cette année, plus que les autres années encore, le festival avait bien un cœur… mais plusieurs cavités qui mènent à lui. Et les collectifs aux quatre coins de la ville ont fait le plein.

Festival d'Aurillac : ce qu'il faut retenir de cette édition 69

« J’ai été très surpris de voir ce qu’il se passait à Marmiers, autour du Cirque Inextremiste. C’est la première fois qu’on y allait officiellement, pour le « in ». Le lieu a été conçu par eux. Cet endroit-là respirait l’histoire de ce festival : quelques compagnies, un peu locomotives et puis d’autres qui viennent les rejoindre, qui leur disent “on peut en être nous aussi ?” Le Cirque Inextremiste a connecté ces compagnies autour de lui. Et c’est vraiment ça, l’histoire du festival, aussi », observe Jean-Marie-Songy.

A venir... Le rideau tombé sur cette édition 69, la fête et les rendez-vous autour du spectacle vivant ne sont pas tout à fait terminés. Rendez-vous le mercredi 20 septembre autour de la compagnie Lucamoros et sa « Tortue de Gauguin », dans le cadre du rendez-vous étudiant organisé par la Caba. Puis le Journal d’un seul jour, par la Cie Acte, à l’occasion du festival Les Eruptives, du samedi 14 octobre à 19 heures, au dimanche 15 octobre, à 19 heures. A découvrir, là aussi, dans la rue, dans la ville d’Aurillac.
Renseignements : 04.71.45.46.05.

Marie-Edwige Hebrard

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 21, 2017 6:35 PM
Scoop.it!

festival d’Aurillac 2017

festival d’Aurillac 2017 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Philippe du Vignal dans Théâtre du blog


Le Festival d’Aurillac 2017
 
 Cet événement culturel, créé en 1986, organisé par l’association Eclats et présidé par Philippe Meyer, aura lieu du 23 au 26 août et, comme en 2016 sous haute surveillance. Surtout après l’attentat de Barcelone qui a changé la donne. Oui, mais voilà, comment sécuriser un espace aussi vaste avec plus de 25. 000  personnes chaque jour à Aurillac. Et quelque vingt spectacles dont beaucoup gratuits, auxquels s’ajoutent ceux de centaines de compagnies «accueillies», c’est à dire inscrites dans une sorte de off qui n’ose pas dire son nom.


Il y aura bien neuf points de contrôle, avec filtrage et ouverture des sacs obligatoire pour accéder au centre ville qui sera ainsi, en principe, sécurisé. Les festivals de Sotteville et de Chalon n’ont pas subi ces contraintes mais n’accueillent pas autant de monde. Pour Jean-Marie Songy, le directeur, “La rue, ce merveilleux théâtre de tous les instants, le théâtre de rue rassemble en toute liberté dans nos espaces publics, il intrigue, il perturbe, il déboussole, il fait rire, courir, danser. Le théâtre de rue fait pleurer de bonheur ! (…) La réunion humaniste qu’il provoque ici en Aurillac, faut-il le rappeler, est exceptionnelle et ne ressemble à aucune autre !


Pour Jean-Marie Songy, « Ce n’est en aucun cas une féria ni un carnaval, même si nous sommes cousins mais une concentration d’inventions littéraires, théâtrales, chorégraphiques, musicales et graphiques en tout genre, une ode générale à la conversation, à toute heure du jour et de la nuit, une divagation initiatique qui régénère les convictions d’une communauté de partage en les remettant en jeu à tout instant.” Soit un programme plutôt axé cette année sur le corps et des spectacles de compagnies reconnues: “avec comme arme de pure résistance, le corps réduit parfois à sa plus simple expression, le corps costumé, le corps travesti, le corps chantant, le corps torturé, malmené, le corps, rempart extrême dressé contre toutes les xénophobies et tous les racismes.”


Le programme ne démérite pas par rapport aux précédents et Jean-Marie Songy et toute son équipe ont fait le boulot, mais le dernier et récent spectacle du Royal de Luxe ne sera pas là, dommage! Et n’y-a-t-il pas un certain essoufflement dans les festivals de théâtre de rue? Tout se passe un peu comme si toutes les formes en avaient été explorées et comme si l’inattendu, la joyeuse surprise n’étaient plus vraiment au rendez-vous, et les menaces d’attentat terroriste n’arrangent rien… Enfin voici quelques pistes, et nous serons plusieurs critiques du Théâtre du Blog à vous rendre compte au quotidien, de ce festival. Attention: vu les contrôles de sécurité, et le public important quand les spectacles sont gratuits, arrivez largement en avance…



Radio Vinci Park: dans un parking souterrain,  un rituel « motomachique ». Au son de Radio Vinci Park deux personnages dont un motard, se livrent à un  domptage, parade amoureuse, enlèvement, duel, agression… qui transforme le lieu en arène.
L’artiste et metteur en scène Théo Mercier, connu pour son Solitaire, sculpture en spaghettis de trois mètres de hauteur, signe ici avec le chorégraphe François Chaignaud « une rencontre  chargée de fantasmes et d’angoisses, une ode à l’amour impossible, un spectacle forain, un combat de chiens, une corrida, une scène mythologique… »  En accès libre, du 24 au 26 août à 22h30, départ, place du Square Vermenouze.



 Avec Vous en voulez,  La Française de Comptages propose d’assister et de participer à la création d’une  réalité-fiction,  à travers le tournage simultané et en direct d’un jeu et d’un feuilleton télévisé.  «Le spectacle, dit cette compagnie veut avoir  un regard critique et ironique sur une société consommatrice d’images et de sensations, une société où le divertissement érigé en culte suprême serait le dernier espace d’expression populaire, où la concertation serait réduite au choix binaire d’un j’aime/j’aime pas. Soit le triomphe de l’emballage sympa, la victoire par K.O. du trop cool sur le très bien.  (accès payant, 15€  les 23 et 24 août à 14h30, 15 place du Square Vermenouze.



Teatro del Silencio  joue Oh ! Secours (voir Le Théâtre du Blog) inspiré  de  Samuel Beckett et de son célèbre Godot, du dramaturge chilien Juan Radrigán. Avec des figures acrobatiques et chorégraphiques, Le Silencio nous immerge dans un dialogue imagé, à la fois cauchemardesque et absurde  (spectacle en accès libre, du 24 au 26 août à 17h, place des Carmes.


 La compagnie Ilotopie  que l’on a déjà vue au festival d’Aurillac joue La Recette des corps perdus, « un spectacle sur les manières de manger les autres, certaines plus ou moins élégantes ; évidemment, les autres sont  trop bons parfois et c’est souvent ceux qu’on aime que l’on mange en premier. Les acteurs « s’ouvriront » à l’appétit des spectateurs, proposant la meilleure partie d’eux-mêmes, à dévorer, en mets, délices et offrandes. En accès libre, le 25 août à 12h et les 25 et 26 août à 19h, place de l’Hôtel de Ville



Les Arts Oseurs joueront Les Tondues. A la fin de la dernière guerre, quelque 20.000 femmes furent ainsi tondues en public, au seul motif d’avoir eu des amoureux allemands. Triste  événement qui nous avait marqué à jamais quand nous étions encore enfant, même si nous n’en comprenions pas bien le sens!
C’est ici l’histoire d’une quête à travers une ville où il s’est passé quelque chose qui n’a jamais été raconté. Et  où les interprètes interrogent les silences de tous ceux qui se sont tus.. Un spectacle en mouvement dans Aurillac, porté par cinq artistes croisant théâtre, danse et musique. En accès libre, du 23 au 26 août à 11h, départ place de la Bienfaisance.



 Alice on the run, inspiré de l’œuvre de Lewis Carroll,  raconte la fuite actuelle de millions de personnes partout dans le monde…Victimes de guerre, de persécutions politiques, religieuses ou sexuelles, qui n’ont pas d’autres choix que de tout quitter. Pour Alice, ce voyage, sera cruel mais aussi salutaire, à travers des contrées inconnues, peuplées d’étranges personnages. Les aventures d’Alice la mèneront sur une île, dans une prison, dans une gare frontalière et dans un temple de la consommation. Puis, à la fin à un gigantesque tableau d’échecs retracera l’affrontement entre les reines blanche et rouge. (en accès libre, les  25 et 26 août à 22h15, place Michel Crespin).


Dans Géopolis, sur un thème voisin du spectacle précédent, un camion, très chargé, roule la nuit dans une ville. À l’image de ceux qui traversent le désert. Avec huit personnages qui subiront une crise mondiale qui déchirera leur pays jusqu’au chaos. « Pour s’affranchir d’un moralisme bien-pensant, pour ne pas se poser en juge d’un problème universel à la fois contemporain et millénaire », Pudding Théâtre essaye de proposer une réponse empathique aux bouleversements du monde.


« Dévêtu(e) »  propose  un univers entre thalasso et fête foraine et interroge notre rapport au corps que nous ne cessons de stimuler,  dénigrer ou glorifier ? Le public est invité à déambuler, ovrir les portes, décrocher les casques, regarder dans les boîtes , etc. et de partir à l’exploration du corps au travers d’une douzaine de propositions mêlant théâtre, danse, arts numériques… Soit une interrogation du corps pour peut-être mieux se concilier  le sien et celui des autres. (accès payant, 15 € du 23 au 26 août à 10h et du 23 au 26 août à 17h, Institution Saint-Eugène)


Philippe du Vignal


Festival d’Aurillac, 20 rue de la Coste, 15000 Aurillac T: 04 71 43 43 70.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 19, 2017 4:35 AM
Scoop.it!

A Aurillac, le théâtre de rue sous contrôle

A Aurillac, le théâtre de rue sous contrôle | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Clarisse Fabre dans Le Monde


L’équipe du festival estime que le dispositif de filtrage du public, à l’entrée du centre-ville, est inadapté à la manifestation.


Plus rien n’est comme avant au Festival international de théâtre de rue d’Aurillac, depuis les attentats de 2015 et de 2016 sur le sol français. Désormais, le casse-tête précède la fête. Comment concilier la sécurité des spectateurs et des artistes avec la libre expression artistique ? Le sujet est particulièrement sensible dans le domaine des arts de la rue, où, par essence, les créations, déambulations et performances subvertissent l’espace public.


« Nous sommes les professionnels du désordre urbain », résume Jean-Marie Songy, le directeur artistique du festival, dont la 32e édition aura lieu du 23 au 26 août. De 25 000 à 30 000 festivaliers sont attendus chaque jour à Aurillac. Le territoire entier de la commune va devenir un terrain de jeu. A la vingtaine de spectacles inscrits dans la programmation officielle, dont la plupart sont gratuits (sauf deux payants), s’ajoutent 600 compagnies accueillies dans une sorte de « off », chacune ayant son emplacement.


« Quand je rencontre pour la première fois un représentant de l’Etat, j’aime bien lui dire : “Nous, les artistes de la rue, nous assurons la qualité du désordre. Si vous pouviez nous assurer la qualité de l’ordre, nous pourrions passer quelques jours ensemble” », ajoute Jean-Marie Songy.

Mais il y a de la nervosité dans l’air. Et le programmateur Songy est dépité. Car le dispositif de filtrage et de contrôle visuel (avec ouverture des sacs) mis en place en 2016 a été reconduit cette année, moyennant quelques aménagements. Concrètement, un périmètre de sécurité va ceinturer le centre-ville. Pour y accéder, les festivaliers et les habitants devront patienter devant l’un des neuf « points de contrôle piétons ». La décision a été prise à l’issue de discussions réunissant la préfecture, la ville et les autres collectivités qui subventionnent le festival (communauté d’agglomération, département, région…). La proposition alternative du patron du festival n’a pas été retenue. « Plutôt que de fouiller les gens, on voulait investir sur la surveillance permanente et le déminage des lieux. Car on a des spectacles qui démarrent toutes les trente minutes, cela ne s’arrête jamais », explique Jean-Marie Songy.

Une édition 2016 traumatique

L’édition 2016 a été traumatique, rappelle-t-il. Le périmètre de sécurité était délimité par des barrières hautes et grillagées, ce qui donnait des allures de « fan zone » de football à la manifestation.

Le 19 août, en fin de journée, l’ambiance s’est brusquement détériorée lorsqu’une trentaine de personnes ont commencé à démonter les obstacles, entraînant avec elles une centaine de festivaliers. « La société de sécurité privée a exercé son droit de retrait. Elle est partie et les CRS sont arrivés. Il y a eu un affrontement urbain et des familles ont reçu des gaz lacrymo. Ce fut un choc. En trente et un ans, il n’y avait pas eu le moindre incident pendant une représentation », déplore Jean-Marie Songy. La preuve, selon lui, que le principe du « checkpoint » n’est pas adapté.

Lire le compte-rendu sur l’édition 2016 :   Violente manifestation contre les fouilles au Festival d’Aurillac

Vincent Fournier, le directeur de cabinet du maire (PS) d’Aurillac, Pierre Mathonier, n’est pas d’accord. « L’an dernier, il a fallu bâtir le dispositif de sécurité à la hâte après le drame de Nice, rappelle-t-il. Les barrières ont été mal vécues. Cette année, il n’y aura donc pas de barrières. Une fois que les piétons auront franchi l’un des points d’accès au centre-ville, il n’y aura plus de contrôles avant les spectacles. Ce nouveau dispositif se veut plus apaisant. »

JEAN-MARIE SONGY, DIRECTEUR ARTISTIQUE : « QUI VEUT-ON SURVEILLER À AURILLAC ? ON DOIT MAINTENIR L’ESPRIT LIBERTAIRE DU FESTIVAL, SANS FAIRE PRENDRE DE RISQUE AU PUBLIC »



Jean-Marie Songy déplore le retour d’un « certain ordre moral » sous couvert de sécurité : « Avec ces points de contrôle, on va installer un mur autour du centre-ville. C’est le seul festival en France qui va subir ce sort. Ni le festival des arts de la rue de Sotteville-lès-Rouen, qui a eu lieu en juin, ni celui de Chalon-sur-Saône, en juillet, n’y ont eu droit. Et pas plus Le Havre, la ville du premier ministre, pour les festivités du 500e anniversaire. Qui veut-on surveiller à Aurillac ? On doit maintenir l’esprit libertaire du festival, sans faire prendre de risque inconsidéré au public », plaide-t-il. Le filtrage est un dispositif de type feria, répond-on dans l’entourage du maire. Une comparaison qui fait hurler le monde des arts de la rue.

« De plus en plus, il faut faire œuvre de pédagogie auprès des élus locaux, qui peuvent être tentés de baisser les bras et de renoncer à des manifestations », observe Lucile Rimbert, chorégraphe et présidente de la Fédération nationale des arts de la rue (FNAR). Désormais, souligne-t-elle, il existe un guide de préconisations à l’égard des collectivités et des compagnies, rédigé par le préfet Hubert Weigel et intitulé « Gérer la sûreté et la sécurité des événements et sites culturels » (il a été rendu public en avril par le ministère de la culture et celui de l’intérieur).

Hostile au dispositif retenu à Aurillac, la présidente de la FNAR a adressé, le 20 juillet, une lettre ouverte à l’attention notamment du premier ministre, Edouard Philippe, et de la ministre de la culture, Françoise Nyssen : « Nous vous interpellons aujourd’hui pour vous demander de réviser le dispositif envisagé pour le Festival d’Aurillac 2017 qui, au-delà des symboles et de l’entrave à la libre circulation, pourrait engendrer une fois de plus des débordements. » En vain.

« Pas de palpation au corps »

Pour la nouvelle préfète du Cantal, et ancienne chef de cabinet de François Hollande, Isabelle Sima, il n’est pas question de céder. Ce que confirme son entourage : « Le festival d’Aurillac est unique. Il faut donc comparer ce qui est comparable. Les festivals de Sotteville et de Chalon sont beaucoup moins gros et n’accueillent pas autant de compagnies. Le filtrage du public garantira un espace de liberté à l’intérieur du périmètre. Certes, on contrôlera les sacs pour vérifier qu’il n’y a pas d’arme, ou d’arme par destination, comme un boulon de plus d’un kilo. Mais il n’y aura pas de palpation au corps. »

Une question demeure. S’il s’agit de sécuriser un périmètre, pourquoi avoir limité la surveillance de 11 heures du matin à minuit ? En 2016, les points de contrôle fonctionnaient 24 heures sur 24. « Les horaires ont été calés sur le temps des représentations, explique le directeur de cabinet de la préfète. Il s’agit de faire face à un terrorisme low cost, d’un individu qui se présente à la dernière minute, et non à un terrorisme structuré. » Il rappelle que le risque zéro n’existe pas : « Est-ce qu’un aéroport est totalement étanche ? On sait bien que non. »

C’est aussi une question financière, dit-il : « Mobiliser des compagnies de CRS a un coût. » A force d’alourdir les charges d’un festival, celui-ci pourrait finir par ne plus avoir lieu, argumente-t-il.

Justement, l’addition commence à être douloureuse. Il y a bien un fonds d’urgence de l’Etat pour compenser le surcoût de la sécurité dans le secteur culturel. Mais cela ne suffit pas : « L’an dernier, l’Etat nous a remboursé 180 000 euros, mais il nous est resté 50 000 ou 60 000 euros sur les bras », soupire Jean-Marie Songy.

Festival international de théâtre de rue d’Aurillac (Cantal), du 23 au 26 août. Tél. : 04-71-43-43-70. aurillac.net

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 15, 2017 5:25 AM
Scoop.it!

Interview: avec "Les Tondues" de Périne Faivre, les fantômes de l'histoire dansent au milieu de nos rues - Toutelaculture

Interview: avec "Les Tondues" de Périne Faivre, les fantômes de l'histoire dansent au milieu de nos rues - Toutelaculture | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Mathieu Dochtermann dans Toutelaculture.com



Au milieu des belles propositions faites par les artistes à Chalon Dans La Rue cet été, l’une d’elles a particulièrement retenu notre attention, et subjugué le public qui a assisté aux représentations : Les Tondues, de la Compagnie Les Arts Oseurs, une déambulation transdisciplinaire qui fouille la mémoire collective de ces rassemblements où, à la Libération, des femmes se sont retrouvées humiliées en place publique du fait de leur promiscuité, réelle ou supposée, avec l’occupant allemand. Un spectacle extrêmement puissant, sur lequel nous revenons avec Périne Faivre qui a écrit et mis en scène cette œuvre belle et nécessaire.
★★★★★

Entre 1941 et 1946, 20 000 femmes furent tondues sur les places publiques, dans l’ensemble du territoire français, accusées d’avoir eu des relations trop étroites avec les forces d’occupation. Il s’agit là d’un fait historique, mais aussi d’un angle mort de la mémoire collective, entouré de non-dits : un tabou et une cicatrice, en plus d’un drame personnel et familial pour l’entourage des personnes concernées. En face de ces Tondues, il y avait des Tondeurs, qui ont manié cette forme de violence, spécifiquement à l’endroit de femmes, et qui se sont ensuite fondus dans l’anonymat. Il semblerait que nous ayons oublié cet épisode. Peu d’entre nous vivent encore aujourd’hui, qui en aient été les témoins. Alors pourquoi cela fait-il si mal lorsqu’on interroge cet endroit de notre histoire ?
Partant de ces constats, Périne Faivre a mené un travail d’archéologue, en équilibre précaire entre l’historique et l’intime, pour finalement le restituer sous la forme d’un spectacle qui permet de retraverser les événements et les questionnements qu’ils suscitent, en étant à l’abri de la convention théâtrale : ce n’est qu’un jeu… Mais c’est un jeu avec du vrai, qui réveille des échos enfouis, qui s’insinue en nous et vient exhumer des fantômes dont nous ne soupçonnions pas l’existence. Les larmes que beaucoup de spectateurs versent sont peut-être en partie celles de leurs aïeuls.
Au carrefour des nombreuses disciplines artistiques qui sont convoquées pour donner de multiples dimensions au récit – chant, musique jouée sur un piano ambulant, danse, arts visuels, jeu théâtral bien sûr – Les Tondues ressuscite avec finesse et sans manichéisme ces événements qui ont marqué au fer rouge l’utilisation de l’espace public et l’appropriation des corps, à un moment qui n’est pas si éloigné de nous. Avec sa chute ouverte, et son invitation à rester faire groupe autour de la troupe à l’issue du spectacle, entre verres de rosé et librairie éphémère pour creuser les thèmes abordés, on touche à ce qui se fait de meilleur dans les arts de la rue : une rencontre forte avec le public, un acte chargé autant symboliquement que politiquement, un moment de communion et de partage, quelque part à mi-chemin entre une messe laïque à ciel ouvert et une fête de village.


Cet excellent spectacle se jouera bientôt festival d’Aurillac (IN), du 23 au 26 août 2017 à 11h00, puis fin août à Quimperlé au festival Les Rias.
*   *   *


Toute La Culture : Si vous deviez résumer la genèse de ce spectacle, de quel endroit est-il venu, où le travail a-t-il commencé ?


Périne Faivre : Il y a peut-être deux choses. J’avais très envie de me reconfronter à la forme en déambulation, avec l’enjeu que ce que j’allais raconter vienne, provienne, transpire des murs de la ville. Je me suis posée la question : « Qu’est-ce qui s’est passé dans nos places, dans nos rues ces cent dernières années ? », et là ça a été comme une déflagration, ce sujet, qui est tombé comme une évidence : « Ça, ça s’est passé là au cœur de nos villes, et pourtant je n’en connais presque rien, et c’est le cas de tout le monde ! » A partir du moment où ça m’est venu, c’est devenu comme une obsession : l’endroit du devoir de mémoire, de quelque chose qui n’a pas été raconté, qui devait se dire, et notamment là où ça s’est passé…
Et il y avait vraiment l’envie de résoudre cette intuition, évidente dès le départ, que ça avait quelque chose à nous raconter. J’ai cherché, je me suis bataillée avec un sujet qui m’a passionnée, et qui en même temps des fois me collait au corps, sans savoir ce que je devais en dire. Mais je crois vraiment que la question de nos libertés de corps, sur l’espace public, et particulièrement la question du corps féminin dans l’espace public, résonne aujourd’hui de manière évidente, et nous appelle à la vigilance.
C’était mes deux buts : raconter quelque chose, et le faire résonner avec l’aujourd’hui et le maintenant.


TLC : Est-ce que vous vérifiez à chaque fois que vous jouez, dans les archives locales, qu’il s’est effectivement passé quelque chose dans la ville ou le quartier ?


P.F. : Non. Je pose l’hypothèse que s’est passée dans la ville une tonte il y a 70 ans, sur une place que moi je définis dans le champ du théâtre. Ce qui historiquement est valable, puisque dans tous les départements de France se sont passées ces fameuses tontes.
TLC : Il y a eu 20 000 tontes, il y a 36 000 communes en France, donc il y a forcément eu des communes où cela n’a pas eu lieu… Vous vous distanciez donc de la dimension documentaire à cet endroit-là ?


P.F. : Bien sûr, et même, cette distance, je la trouve salvatrice ! Si tant est qu’il y ait eu, à cet endroit précis, une tonte, j’aurais trouvé cela presque mortifère d’aller chercher, de retrouver le lieu… Le théâtre me permet de dire : « Il était une fois une tonte qui a eu lieu il y a 70 ans ici, et on va l’exhumer. »


TLC : Pour vous, le théâtre a une place pour interroger la mémoire collective ?


P.F. : En tous cas je dirais que c’est une chose pour moi fondamentale au théâtre. La résonnance : comment le théâtre fait résonner quelque chose qui doit se dire, qui doit se raconter, que ce soit une vieille histoire, une histoire d’aujourd’hui… Il fait résonner car il reconvoque la Cité à regarder ce qu’elle fait, ce qu’elle a fait, là où elle doit se questionner. Je suis pas une grande originale dans mon rapport au théâtre : c’est l’enjeu de l’Agora, du théâtre populaire et du théâtre sacré… Je suis de celles qui pensent que c’est vraiment nécessaire de recréer une communauté de spectateurs, et de tenter de la faire repasser par quelque chose de l’ordre du collectif et de la rencontre sacrée.


TLC : Il y a, on le sent, une invitation faite au public à participer, de venir clore l’histoire en faisant groupe autour, comme si vous abdiquiez le fait d’avoir le dernier mot…


P.F. : J’ai eu besoin d’être dans cette écriture morcelée, kaléidoscopique, de ne pas prendre ce sujet que d’un bout : d’abord on est dans la fiction, puis on la quitte, puis on est dans le fait historique, puis on le quitte, puis on est dans l’interpellation au sujet, puis on le quitte… Et ceci jusqu’à la reconvocation de l’événement en lui-même, de la tondue qu’on trimballe. Mais à un moment donné, l’artiste, la troupe, ne sait plus quoi en dire, et s’en remet au public : je n’ai pas la fin du spectacle, je n’ai pas le dernier mot.


TLC : Peut-on dire de ce spectacle qu’il a comme une dimension psychanalytique, de confrontation à un fantôme collectif pour pouvoir ensuite le dépasser ?


P.F. : Pour moi ce sujet, c’était l’endroit d’une métaphore nécessaire : à un rituel morbide, répondons par un rituel théâtral, artistique, et repassons par le fait de faire foule autour de ce sujet 70 ans plus tard, et de faire rencontre. Ça nous appartient, ça a été tabou, et on doit repasser par ça. Un rituel expiatoire, collectif.


TLC : Il y a une dimension transdisciplinaire, qui semble absolument centrale dans le spectacle. Est-ce une recherche délibérée ?


P.F. : Il y a deux choses qui sous-tendent mon travail depuis une dizaine d’années : c’est l’enjeu de l’écho, du témoignage, et notamment dans l’espace public, et après, parce que je m’attaque à des propos à chaque fois qui me semblent être des espèces de rocs complexes, dont je n’ai absolument pas envie de donner une manière de les regarder ou de les penser, la pluridisciplinarité artistique permet vraiment divers langages, et que chacun aille chercher ce qu’il a besoin ou envie de vivre relativement à ce sujet.
Pour Les Tondues, en plus du travail de l’art visuel, de la musique, du texte, il y a eu l’arrivée du corps, qui me semblait être nécessaire avec un comédien-danseur. Et chacun, dans le public, trouve son point d’entrée, je le sens vraiment quand j’ai des retours de spectateurs : « Moi, le moment où il danse sur la piano, ça a été ma bascule », « Moi, le moment où j’ai vu ces femmes sur les murs et la même nuisette que celle que ma mère portait, ça a été ma bascule. »


TLC : De manière manifeste, les gens finissent très émus de ce spectacle. C’est quelque chose que vous voyez, et que vous ressentez… ?


P. F. : Je trouve que c’est d’une grande puissance. Moi, de toutes façons, en tant que spectatrice, depuis toujours, quand je vais voir du spectacle vivant, il faut que ça aille me chercher sur l’émotionnel : j’ai l’impression que c’est la vertu profonde du spectacle vivant, d’aller chercher l’endroit du ventre, du cœur. Que ça ne soit pas purement intellectuel. Après c’est aussi l’endroit de la question, sur ce sujet en tous cas, et beaucoup de retours viennent me chercher à l’endroit là : « Je ressors avec encore plus de questions, l’envie d’aller chercher des choses sur le sujet… »


TLC : Est-ce qu’on peut dire qu’il y a, dans votre démarche, une forme d’éducation populaire ?


P.F. : Je crois que le théâtre que je sillonne depuis tant d’années, il est à cet endroit-là : il faut qu’on fasse toujours très attention à la question des lieux de diffusion, et qu’on continue à aller chercher des gens, et pas seulement dans les festivals. Comment un artiste décide de prendre la parole, se fait écho de quelque chose qu’il rend au collectif, et comment la communauté se confronte à ça, et aussi se rencontre. Et se rencontrer aujourd’hui dans l’espace public, alors que les espaces publics sont de plus en plus privés, confisqués, sécurisés, c’est capital. Aujourd’hui pour moi, le théâtre de rue, c’est un sport de combat salutaire !


Photo : ©Jean-Pierre Estournet

Le spectateur de Belleville's insight:
Share your insight
No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
May 21, 2017 8:14 AM
Scoop.it!

Voyez des géants envahir les rues de Montréal

Voyez des géants envahir les rues de Montréal | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur le site de Radio  Canada :


Jusqu'à dimanche, les Géants, des marionnettes qui peuvent atteindre une hauteur de cinq étages, parcourront Montréal, dans le cadre du 375e anniversaire de la ville.

Après avoir fait le tour du monde, ces œuvres créées par la compagnie française de théâtre de rue Royal de Luxe, s’arrêtent pour la première fois au Canada.

Les marionnettes géantes ont émerveillé vendredi des milliers de spectateurs qui ont suivi le déplacement de ces géants, d'abord sur l'avenue du Parc, puis au centre-ville et dans le Vieux-Montréal. La Petite Géante, le Scaphandrier et le chien Xolo sont contrôlés par des dizaines de personnes et soulevés par des grues.


Les Géants, qui se déplacent à une vitesse moyenne de 2,25 km/h, s’arrêteront à nouveau samedi et dimanche à des endroits précis du centre-ville et du Vieux-Montréal, dont Radio-Canada, la Place d’Armes, la gare Viger, le Centre des sciences de Montréal, la Place des arts et la place des Festivals.

Le public peut suivre le parcours de La Petite Géante, qui danse et enfourche la bicyclette, du Scaphandrier, qui fait 11 mètres de haut et pèse plus de 3 tonnes, et du chien Xolo sur l’application 375mtl pour téléphones intelligents.


« C'est pour toutes les générations, et c'est ce qui fait la force de ce projet, explique Jean-Louis Bonnin, porte-parole de la compagnie Royal de Luxe. Vous pouvez être au milieu de milliers de personnes et tout d'un coup, dans le regard du géant, vous avez l'impression qu'il ne s'adresse qu'à vous. »

Les Géants sont nés dans la tête du metteur en scène français Jean-Luc Courcoult.

 
« C'est un peu l'idée de Gulliver; un géant qui s'introduit dans une ville bouscule notre quotidien et nos habitudes », poursuit le porte-parole de la compagnie fondée en 1979 à Aix-en-Provence.

La compagnie aujourd'hui installée à Nantes, en France, a créé spécialement ce spectacle pour Montréal. Depuis ses débuts, elle a présenté des spectacles partout dans le monde.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
February 27, 2017 8:11 PM
Scoop.it!

Auvergne-Rhône-Alpes : la culture asphyxiée par la politique

Auvergne-Rhône-Alpes : la culture asphyxiée par la politique | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Maïté Darnault, Correspondante à Lyon pour Libération

Le musée des Confluences, à Lyon, inauguré en décembre 2014, vient de perdre sa subvention du département. (Photo Patrick Aventurier. Sipa)
Les instituts culturels de la région ont vu leurs subventions baisser drastiquement en 2016. Une situation concomitante à la fusion des régions et à l’arrivée du nouveau président, Laurent Wauquiez. Et qui varie selon l’orientation partisane des villes.

Mais que se passe-t-il dans les institutions culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes ? Le musée des Tissus de Lyon est au bord de la noyade, celui des Confluences vient d’être privé de subvention départementale (lire encadrés), les dotations aux compagnies baissent, les structures d’animation culturelle ferment… Tout au long de l’année 2016, les échos n’ont guère été rassurants. Si le cas particulier du musée des Tissus ne saurait être érigé en symptôme, un faisceau convergent pointe néanmoins un net désengagement de la région dans le domaine culturel. Nombre d’événements et de structures sont touchés par une baisse budgétaire. Au conseil régional, le groupe d’opposition des socialistes et apparentés s’est livré à un recensement pour 2016. Dans la seule zone Rhône-Alpes, la dotation de la région aux compagnies a diminué de 400 000 euros, celle des centres de culture scientifique, technique et industrielle de 200 000 euros et celle des radios associatives de 70 000 euros. «Et on n’a aucune garantie sur la répartition pour 2017, déplore Anne Meillon, patronne du théâtre de la Croix-Rousse à Lyon et déléguée régionale du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles, le Syndeac. La région nous a dit que les lieux et les compagnies n’auraient pas de réponse avant mai… Avant, on savait dès décembre ou janvier sur quel montant tabler.» Florence Verney-Carron, vice-présidente à la culture, attribue ce décalage à une «vision rénovée» : «On n’est pas un guichet de distribution de subventions.»

Certes, la région Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas la seule à faire de la culture la première victime collatérale du désengagement de l’Etat dans le financement des collectivités territoriales. Selon le Syndeac, les départements ont pour la plupart suivi le mouvement en 2016 (- 15 % sur le budget de la culture dans le Cantal, - 17 % en Ardèche, - 14 % dans l’Allier, - 10 % dans l’Ain et en Savoie…). Sans oublier les villes, à l’instar de Grenoble (- 600 000 euros en 2015 puis en 2016) ou de Lyon (-7 % entre 2015 et 2018). Mais c’est cet effet d’accumulation, ajouté au flou engendré par la fusion entre Auvergne et Rhône-Alpes, qui rend la situation particulièrement tendue dans la région.

Diminution globale de 9 %
Selon une étude publiée en juin 2016 par le Syndeac avec Télérama, toutes tutelles publiques confondues, les aides au spectacle vivant ont baissé de 0,3 % en France, «avec un décrochage (- 3 %) plus marqué des départements, débordés par leurs missions sociales […] et des régions (- 1 %), dont la fusion en cours et les changements politiques - Auvergne-Rhône-Alpes en particulier - brouillent les engagements». Dans la présentation du budget 2017 qu’a faite l’équipe de Laurent Wauquiez, le spectacle vivant arrive en tête, avec 19 millions d’euros, soit 49 % des crédits de fonctionnement. Mais la diminution globale de l’enveloppe allouée à la culture a largement dépassé les 1 % en 2016 pour atteindre 9 %. Un chiffre déjà important que conteste pourtant Farida Boudaoud, ancienne vice-présidente à la culture en Rhône-Alpes, conseillère régionale et membre de la commission culture : «La baisse est d’au moins 15 %, si ce n’est pas plus : en 2015, le budget culture de Rhône-Alpes était de 65 millions d’euros, sans inclure le patrimoine. Et celui d’Auvergne de 7 millions d’euros, sans compter tous les dispositifs d’accompagnement alloués aux lycées, à la jeunesse, à la politique de la ville, qui concernaient in fine la culture.»

Particularité de la nouvelle gouvernance régionale : la chasse aux structures d’animation culturelle, dont le président de région LR a reconnu «se méfier» dans une interview au Dauphiné libéré l’été dernier. En 2016 déjà, beaucoup de ces structures avaient connu des baisses de subvention importantes : - 300 000 euros pour le Transfo, l’agence de développement culturel d’Auvergne, - 100 000 euros pour l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (Arald) et - 63 000 euros pour l’Agence de développement du spectacle vivant en Rhône-Alpes (Nacre). Pour 2017, la région a décrété la «fin des intermédiaires», et le Transfo en a fait les frais. Début janvier, l’agence a été placée en liquidation judiciaire et ses onze salariés sont en voie de licenciement. «On voulait donner l’argent directement aux créateurs», justifie Florence Verney-Carron, vice-présidente à la culture. «On n’a pas impacté la culture elle-même, on a impacté la procédure, les études, les cabinets», complète Etienne Blanc, vice-président délégué aux finances.

«Poste de stagiaire»
Même flottement au sujet des festivals, qui représentent le quatrième poste de dépenses, soit 4,8 millions d’euros, auxquels la région propose d’ajouter un «fonds d’intervention» spécifique. Or, en 2016, bon nombre d’événements ont vu leur subvention amputée, tandis qu’elle explosait pour d’autres : + 100 % pour Jazz à Vienne, dont le président, Thierry Kovacs, est aussi maire de la ville et chef de file LR en Isère ; dans le même département, + 233 % aux Belles Journées de Bourgoin-Jallieu, ville remportée par la droite en 2014 après plus de quarante ans de règne à gauche ; + 275 % à Cosmojazz, à Chamonix (Haute-Savoie), dont le maire UDI, Eric Fournier, est également vice-président à l’environnement du conseil régional.

Le Printemps de Pérouges (Ain) a, lui, connu l’une des plus importantes baisses : - 50 % de dotation. «C’est soit un concert, soit un poste de stagiaire en moins, déplore sa directrice Marie Rigaud. C’est d’autant plus mal vécu qu’on démontre une vraie capacité d’autofinancement.» En 2016, 92 % de ses ressources provenaient du privé (sponsors, mécènes, partenaires) et de la billetterie. «Je m’autoproclame entrepreneuse de la culture, reprend Marie Rigaud. On gère notre festival comme une PME, on ne s’est jamais laissé aller au confort des déficits comblés par l’argent public.» Pour d’autres, le bilan est en demi-teinte : le festival de théâtre de rue d’Aurillac (Cantal) bénéficie depuis 2015, du fait de l’ancienne majorité, d’une subvention passée de 130 000 à 210 000 euros par an. Une hausse entérinée par le nouveau conseil régional sur tout son mandat. «C’est un soutien réel et je les en remercie. Mais j’attends de voir, je n’ai pas encore de lecture globale, explique Pierre Mathonier, maire PS d’Aurillac. Certes, c’est important, les manifestations phares, mais je suis plus inquiet sur le soutien diffus aux associations, aux conservatoires, aux théâtres, aux petits musées, les premiers à contribuer au vivre-ensemble.»



L’entrée du musée des Tissus et des Arts décoratifs, à Lyon. Photo Robert Deyrail. Gamma-rapho. 

Le Musée des Tissus acclamé, mais pas aidé


Menacé depuis plus d’un an car trop coûteux pour la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) régionale, à qui il appartient, le musée des Tissus de Lyon recèle des trésors, comme la tenture «aux vers à soie» de Charles-Simon Colliot, la robe d’intérieur de Vaucanson ou encore cette tunique d’une princesse de la XIe dynastie exhumée à Déchachèh, en Egypte. Le hic ? Personne n’en veut la charge. Ni la CCI qui, pour absorber une baisse de ses ressources fiscales de 38 % d’ici à 2017, cherche à s’en débarrasser ; ni la ville et la métropole, qui clament ne pas en avoir les moyens (elles injectent déjà 35 millions d’euros dans les musées de la ville, le Gallo-Romain et celui des Confluences) ; ni la région, qui a offert cet automne une enveloppe de 5 millions d’euros pour les travaux et l’évolution scénographique nécessaires, sans pour autant s’avancer sur le budget de 1,7 million d’euros requis chaque année pour faire tourner l’institution. Aux dires de Georges Képénékian, premier adjoint à la Culture à la mairie de Lyon et conseiller métropolitain chargé de la coordination des grands équipements, la ville et la métropole lyonnaise auraient contacté un certain nombre d’entreprises pour solliciter un mécénat, sans succès. En 2016, les réunions «de la dernière chance», intégrant également le syndicat professionnel textile Unitex, se sont succédé sous l’égide de l’Etat. Un cabinet conseil est en passe d’être mandaté pour proposer un projet associant les différents acteurs. Tous conviennent de l’importance des collections du musée… Et campent sur leur position, en refusant tout engagement financier à la hauteur de la «nouvelle donne» tant de fois invoquée.

Le département lâche les Confluences


Christophe Guilloteau, président LR du département du Rhône, à l’origine du projet, a décidé de supprimer dès janvier 2017 la subvention annuelle accordée au musée des Confluences, invoquant d’autres priorités budgétaires. L’enveloppe départementale représentait 10 % des 14 millions d’euros d’argent public (les 90 % restants proviennent de la Métropole), pour un budget total de 18 millions d’euros. «Ce sont 10 % qui ne vont pas revenir. Cela a déjà des incidences sur la planification des expositions, leur durée, leur nombre», constate Béatrice Schawann, directrice de l’administration générale des Confluences. Inauguré en décembre 2014, ce musée a accueilli les expositions «Dans la chambre des merveilles», «L’art et la machine» ou encore «Antarctica». Sa spécificité : une baisse de fréquentation très modérée entre sa première et sa deuxième année de fonctionnement - de l’ordre de 13 %, contre 30 à 40 % pour la plupart des grands musées français ouverts ces dix dernières années. «Les gens viennent et reviennent, on a réussi ce pari de fidéliser», se félicite-t-elle. Une dynamique «fragile» que l’augmentation du prix du billet d’entrée pourrait remettre en cause : «Ça nous ferait décrocher du public visé», dit Béatrice Schawann.

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
February 12, 2017 10:18 AM
Scoop.it!

Art, espaces publics et sécurité

Art, espaces publics et sécurité | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Christophe Cavard, député EELV


La question de nos libertés est au cœur de toute réflexion sur la sécurité. En démocratie, une politique de sécurité qui n’aurait pas pour mission de maintenir les libertés n’aurait pas de sens. Cette question se pose de façon cruciale depuis que la France est la cible d’une des plus grandes entreprises de terreur moderne qu’est le djihadisme perverti et déviant de Daech.



Cette question se pose avec encore plus d’acuité concernant l’art dans l’espace public.


Audrey Azoulay, ministre de la Culture, affirmait lors de ses vœux aux acteurs culturels, le 17 janvier dernier, que face à la violence massive, la mission qui est la nôtre, qui est la vôtre tous ici, devient encore plus brûlante, encore plus cruciale : non pas pour réparer la société mais pour la soutenir dans son projet républicain, faire vivre ses défenses les plus profondes, celles qui sont les seules susceptibles de nous protéger à long terme et de rendre possible la résilience de notre société.

L’art et la culture nous sont indispensables pour lutter contre le fanatisme et développer l’esprit démocratique.
Mais dans le même temps, la question de la sécurité dans les espaces publics se pose de façon ardue pour toutes les manifestations culturelles qui prennent place dans l’espace public. Les férias, les grands événements populaires, les grandes manifestations sportives en plein air, sont toutes obligées à réfléchir à ces questions.


Les ministères de la culture et de l’intérieur ont confié en juillet dernier une mission conjointe au Préfet Hubert Weigel, sur la sécurité des événements culturels.


Parmi ceux-ci, les festivals et manifestations culturelles dans l’espace public ont une problématique particulière. Plus que toute autre discipline artistique, les arts de la rue, par leur surgissement et par leur absence de cadre défini, questionnent la société, provoquent, animent et alimentent des débats forts.


Ils prennent souvent pour cadre une ville entière. Si la sécurité des artistes, des techniciens et du public y est primordiale, il n’est pas possible d’envisager de fermer des villes comme on peut fermer des stades ou des salles de concerts. Ce sont ces réflexions que les acteurs des arts de la rue ont amené lors des auditions du Préfet Weigel. L’an dernier, un seul de ces grands festivals a réellement été impacté, après le terrible attentat de Nice, le festival d’Aurillac. Le dispositif de sécurité, installé à la hâte, n’était pas satisfaisant. Faisant appel à des sociétés de sécurité mal préparées à ce genre d’événement, coûteux, et largement inefficace, le dispositif a généré des tensions avec le public et les habitants, autant qu’il a gêné le bon déroulement de la programmation dense de ce temps fort des arts de la rue. Pour autant, l’expérience d’Aurillac 2016 permet de mieux appréhender les exigences qui seront discutées en 2017 pour l’ensemble de ces manifestations. La nécessité de penser ces dispositifs dans le respect de l’identité, souvent très forte, de ces manifestations, comme la nécessité de prévoir les surcoûts entraînés et leur compensation, est impérative.

Sollicité par plusieurs manifestations, Christophe Cavard a interrogé Audrey Azoulay, ministre de la culture et de la communication, lors de la séance de questions au gouvernement du 1er février. Retrouvez ci-dessous sa question et la réponse de la Ministre.

Voir l'extrait vidéo de La Chaine parlementaire :  https://youtu.be/CMGPM2yFTfo

« Madame la Ministre,
Votre ministère et celui et de l’Intérieur ont confié en juillet dernier une mission sur la sécurité des événements culturels au préfet Weigel, qui doit rendre son rapport à la fin du mois de février.
Le champ de cette mission couvre l’ensemble des événements culturels, qu’ils prennent place en lieu clos, en lieux dédiés, ou dans l’espace public.
Ma question concerne particulièrement ces derniers événements, et notamment les grands festivals d’art de la rue français, Aurillac, Sotteville, Chalons, Alès, qui réunissent plusieurs dizaines, parfois centaines de milliers de personnes sur plusieurs jours, dans toute une ville.
L’enjeu de la sécurité de ces manifestations est crucial. Mais les dispositifs doivent être pensés autant pour leur efficacité que dans le respect de l’identité de ces festivals.
Or, l’exemple du festival d’Aurillac 2016 nous a montré qu’un dispositif de sécurité inadapté pouvait provoquer des difficultés de programmation et des contestations générées par le dispositif lui-même. Et, dans ce cas précis, un surcoût important, sans garantie d’un remboursement par les fonds d’urgence, 50 000 euros restants à la charge du festival après la compensation par le fonds d’urgence géré par le CNV. (centre national des variétés).
Particulièrement exposés du fait même de leur situation dans l’espace public, nos festivals d’art de la rue sont des fleurons de la démocratisation culturelle. Ils sont, plus que tout autre peut-être, au cœur de cette mission brûlante des acteurs de la culture que vous évoquiez récemment. Leur existence même est un vecteur de diffusion d’une culture démocratique.
Les organisateurs sont prêts à prendre cette responsabilité, en inventant des dispositifs de sécurité qui ne trahissent pas leur identité artistique.
Quels engagements pouvez-vous prendre, Madame la Ministre, pour que les dispositifs de sécurité puissent être cohérents avec la mission artistique de ces événements, et que leur surcoûts soient compensés par une dotation exceptionnelle ?

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
October 15, 2016 5:43 AM
Scoop.it!

Les arts de la rue face au défi sécuritaire

Les arts de la rue face au défi sécuritaire | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Michel Guerrin dans Le Monde


Depuis l’attentat de Nice, le 14 juillet, les manifestations culturelles ont dû renforcer considérablement leurs dispositifs de sécurité. Par endroits, comme à Aurillac, l’âme de ces événements est remise en cause.

C’est un homme amer, qui voit son rêve culturel vaciller. Jean-Marie Songy est directeur du festival d’Aurillac, un rendez-vous phare des arts de la rue, au cœur du mois d’août. Et ce qu’il ressent traduit le désarroi de milliers de personnes, qui, depuis trente ans, font vivre la création dans l’espace public. Théâtre, danse, cirque, parades, chars, défilés… Le carnage en plein feu d’artifice du 14-Juillet à Nice a transformé le macadam joyeux en mare de sang. Depuis, le terrain de jeu des artistes est anxiogène. Et c’est aujourd’hui, pendant la saison froide, que Jean-Marie Songy et ses confrères doivent trancher une question : comment protéger les manifestations et festivals à venir ? Comment sauver cet art populaire et gratuit, qui dépend donc des subventions de la cité et de ses édiles ?

Un mois après Nice, Aurillac a eu lieu, mais Jean-Marie Songy en est sorti meurtri. Aurillac est le festival phare, il ne fallait pas renoncer. « C’était exceptionnel, on a travaillé ensemble dans l’urgence, avec la ville, les artistes, les bénévoles. » Aurillac, c’est 600 compagnies, 3 000 artistes, une ville qui émerveille les familles le jour, et laisse s’exprimer des oiseaux isolés la nuit. Pendant quatre jours. Aurillac a eu lieu, mais « le boomerang fut violent », dit le directeur, et le prix à payer trop élevé. Le prix ? Un climat sécuritaire, dit-il, qui l’a choqué. Les barrières partout, des checkpoints, les fouilles en permanence, des vigiles qui font vider les bouteilles d’eau. « Je ne veux pas revivre ça. C’est une rupture éthique par rapport à notre histoire. »

Il lâche : « Ça m’a blessé, j’ai eu envie de chialer. » Il va plus loin. « Avec ce climat sécuritaire, on a créé une tension. » Ce type de festivals attire des marginaux, ce qu’il appelle une génération en vadrouille. « On a cherché le djihadiste, on a attiré le zadiste. » Il est marqué par les paroles d’un habitant d’un des vingt villages du Cantal, où le festival d’Aurillac a essaimé :

« Qu’on nous demande de barrer les rues avec nos tracteurs, ça va. Mais fouiller les gens ? Je vais fouiller ma voisine ? »


Double peine

Et puis, c’est double peine. L’été dernier, la sécurité amplifiée a coûté 250 000 euros à Aurillac, à la charge du festival. Il y a bien eu un fonds de soutien du ministère de la culture, mais comment cela va-t-il se passer l’an prochain ? « Deux cent cinquante mille euros, c’est ce que je donne en cachets aux artistes. » Dans certains endroits, on invoque une « participation citoyenne », un appel à la population pour assurer la sécurité. « Des milices », dit Jean-Marie Songy, qui évoque aussi les manifestations annulées après Nice, d’autres tronquées. A Strasbourg, Toulon, Mulhouse, Libourne, Paris…

Jean-Marie Songy a eu envie de chialer car en trente ans, il a vu grandir le théâtre de rue, avec des élus qui jouent le jeu, où les saltimbanques trouvaient leur place dans un espace détendu. « Royal de Luxe, Chalon, Aurillac, Sotteville et bien d’autres ont pu s’exprimer grâce à ce climat positif. La Nuit blanche à Paris, aussi. »

La question est de savoir jusqu’où accepter la sécurité sans que cet art ne perde son sens. C’est vrai surtout pour les plus gros festivals, à Aurillac notamment, où 120 000 personnes se réunissent. « Ce qu’on nous demande est incompatible avec ce qu’on fait. » Alors il dit l’enjeu : « Soit on dit qu’on est fort et on continue dans l’esprit qu’on a créé. Soit on fait de l’autocensure, on limite la circulation des artistes et des personnes, on réduit le périmètre, on évite le centre-ville, certaines rues, avec plein de contrôles, des barrières partout, et mieux vaut arrêter. »


Art de l’instabilité

Comment faire en sorte que la sécurité permette l’acte artistique sans le modifier ? Le risque, c’est de transformer la rue en parc à artistes. Déserter l’urbain pour la salle, la rue pour la cour. Supprimer les formes les plus audacieuses. C’est le défilé de la Biennale de la danse, qui a lieu depuis vingt ans dans les rues de Lyon, et qui a été déplacé en septembre dans le stade de Gerland. « Une catastrophe », dit Lucile Rimbert, présidente de la Fédération nationale des arts de la rue, qui dénonce par ailleurs « un climat tout sécuritaire ».

Ces questions sont au cœur des auditions que mène en ce moment le préfet Hubert Weigel, à la demande des ministères de la culture et de l’intérieur, pour assurer la sécurité des festivals de l’été 2017. Ses recommandations sont attendues pour la fin février. Il dit déjà : « C’est la sécurité qui peut garantir la liberté d’expression. » De son côté, Jean-Marie Songy n’a plus vraiment envie de « discuter avec les poseurs de barrières », et ne se voit pas aller plus loin, pour son festival, que le blocage des voitures et des camions.

Les débats risquent d’être chauds. Car Jean-Marie Songy sait que nombre de confrères le trouvent trop radical, que le public accepte les contraintes, beaucoup d’artistes aussi. Il sait qu’Aurillac est une vitrine riche qui fait travailler 200 personnes pendant le festival, mais que derrière, il y a 1 200 compagnies, souvent précaires. Pour beaucoup, arrêter, c’est arrêter de vivre. D’autant que cette crise survient dans un climat de baisse des subventions par des villes paupérisées, et un Etat qui soutient plus le secteur par des labels et des opérations spéciales que par l’argent, préférant depuis longtemps les théâtres en dur que cet art de l’éphémère.

Une Marianne de fer de 7 mètres de haut va aller de ville en ville, du 15 au 29 octobre, dans le cadre de la Journée internationale des arts de la rue. Passer d’une journée à huit, dans huit villes, il faut au moins ça, dit Jean-Marie Songy, pour sauver un art du récit collectif, un art de l’instabilité, la possibilité de prendre les sens interdits, les chemins de traverse. La possibilité de vivre la ville autrement.

Lire aussi :   Conscients du danger terroriste, des maires renforcent la sécurité des festivals

Michel Guerrin
Journaliste au Monde


http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/10/14/les-arts-de-la-rue-face-au-defi-securitaire_5013452_3232.html

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 24, 2016 3:39 PM
Scoop.it!

Aurillac en pleine forme

Aurillac en pleine forme | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par René Solis pour delibere.fr


Soit, d’un côté, un festival dont le désordre public est la raison d’être, et de l’autre un contexte politique – l’état d’urgence – à la philosophie radicalement contraire. Le festival des arts de la rue d’Aurillac, qui s’est terminé samedi 20 août, a bien surmonté le dilemme, et ce n’est pas l’état d’urgence qui a gagné.

La préfecture avait imaginé de “sécuriser” tout le centre-ville en barrant les principales voies d’accès avec des blocs de béton et en installant des check-points pour les piétons, avec des vigiles chargés de fouiller les sacs. Le festival étant disséminé dans toute l’aglomération, la mesure semblait un peu dérisoire : il y avait largement autant de festivaliers et de spectacles hors du périmètre sécurisé qu’à l’intérieur. Les deux premiers jours, les visiteurs se sont prêtés d’assez bonne grâce au rituel des portiques. Le troisième jour, cela a clashé. Passe encore d’ouvrir les sacs, mais pas de se faire confisquer canettes de bière et bouteilles d’alcool (alors même qu’elles étaient en vente libre une fois passé les contrôles). Au check-point de la place des Carmes, vendredi après-midi, le ton est monté, les barrières ont été renversées, quelques dizaines  de manifestants pressés d’en découdre se sont trouvés face aux  forces de l’ordre (en l’espèce, des gardes mobiles), postées dans une rue adjacente. Des canettes ont volé, un pneu a brûlé, et lesdites forces de l’ordre ont arrosé l’esplanade de lacrymos. Ce n’est pas leur intervention qui a ramené le calme, mais l’état d’esprit  pacifique de la plupart des festivaliers, la présence conciliatrice sur place de Pierre Mathonier, maire de la ville, et de Jean-Marie Songy, directeur du festival, et la décision, de bon sens, d’ouvrir les check-points. Comme une démonstration par l’absurde que le maintien du désordre n’est pas la plus mauvaise  façon de garantir la sécurité publique…

Lire l'article entier de René Solis (avec photos de spectacles) : 

http://delibere.fr/aurillac-en-pleine-forme/

No comment yet.
Scooped by Le spectateur de Belleville
August 23, 2016 6:44 PM
Scoop.it!

Molière revisité et plumes d'Anges pour refermer le festival d'Aurillac

Molière revisité et plumes d'Anges pour refermer le festival d'Aurillac | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Paul Thorineau  pour Culturebox :


Le festival d’Aurillac a fermé ses portes ce week-end après 4 jours de représentations du 17 au 20 août. C’est la compagnie Gratte-Ciel et son spectacle aérien qui a envahi la Place des Anges de la ville samedi soir. Mais le festival de théâtre de rue a également proposé au public des représentations "Off", à l’image des Apicoles et leur pièce du moment "Dom Juan d’après Molière".
La programmation de la 30ème édition bis du festival a subi quelques modifications suite à une violente manifestation intervenue le vendredi. Les festivaliers et quelques casseurs ont manifesté contre les mesures de sécurité imposées pour le festival d’Aurillac et notamment pour les fouilles à l’entrée du centre-ville. Heureusement, l’incident s’est terminé le soir même. La compagnie Les Apicoles a donc déplacé à samedi sa représentation prévue le 19 août.


Une compagnie mobile

Leur scène est un espace en plein centre du jardin des Carmes d’Aurillac. Un lieu inconnu avant leur arrivée, auquel ils ont dû s’adapter. "C’est un spectacle très interactif donc nous sommes obligés de faire avec ce qu’il se passe dans le public et en fonction du nombre de spectateurs", confie Sophie Anselme, l’une des comédiennes. Monter et démonter le décor, un rituel que les comédiens exécutent eux-mêmes.
Les spectateurs ont pu profiter d’un théâtre peu conventionnel. Une relecture totale de Molière qui s’attaque à Don Juan. "Tout le monde sait ce qu’est un Don Juan même sans l’avoir lu, donc ça nous permet d’aller ailleurs dans la forme et d’inventer de nouvelles propositions autour d’un texte classique que nous essayons de déconstruire complètement pour en faire un projet vraiment adapté à la rue sur lequel les gens peuvent s’amuser", explique Sophie Anselme. Un projet ambitieux dans lequel le public est aux premières loges, sur scène avec les comédiens.


30 ans de théâtre de rue

Pour ce festival créé en 1986, l’enjeu est de montrer que le théâtre de rue se renouvelle de plus en plus. Chaque année, c’est près de 100 000 spectateurs qui viennent assister à l’évènement estival qui regroupe plus de 600 compagnies, "un phénomène qui perdure", selon Jean-Marc Songy, directeur artistique du festival d'Aurillac Si les artistes transportent le public jusqu’aux rêves, aux larmes ou aux rires, ils apportent avant tout leur vision de la société actuelle. "Les artistes, qu’ils soient du spectacle vivant, plasticiens ou cinéaste, regardent le monde d’aujourd’hui et essayent de le transcender, de le questionner et de positionner leur regard de façon à faire avancer ensemble notre désir de collectif", souligne Jean-Marc Songy.

Faire la fête ensemble, c’est surtout ça l’ambiance du festival. Ouvert par un bal de paille, le festival s’est refermé avec un bal de plume, offert par la compagnie Gratte-Ciel. La Place des Anges porte bien son nom, car les habitants des lieux y ont élu domicile le temps d’une soirée. Dans les airs, les comédiens angéliques y ont laissé retomber leurs plumes dans la lumière des projecteurs, ce qui n’a pas manqué de toucher le public. "Un moment magique", "très beau", "qui fait chaud au cœur", les avis sont unanimes. Du rêve et de la poésie, de quoi faire passer les cris de révolte en cris du cœur. Rendez-vous l’année prochaine. 


Voir la vidéo : http://culturebox.francetvinfo.fr/generaliste/la-france-des-festivals/moliere-revisite-et-plumes-d-anges-pour-refermer-le-festival-d-aurillac-244839





No comment yet.