Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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May 15, 2023 4:32 AM
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Yann Frisch, bonté du camion

Yann Frisch, bonté du camion | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Gilles Renault dans Libération - 15 mai 2023

 

Dans son théâtre mobile, le partisan du pas de côté présente «Personne», solo volubile en équilibre entre réalité et fiction.

 

 

Mine de rien, cela fait maintenant plus de dix ans que Yann Frisch s’emploie à être là où on ne l’attend pas. Un choix artistique en adéquation avec cette logistique qui l’amène souvent à tourner dans un camion-théâtre. Mobile, par définition, la structure, une fois stationnée et déployée, ressemble cependant à un petit lieu traditionnel, avec ses 80 places assises, en gradin, et une scène frontale de 8 mètres d’ouverture et 5 de profondeur – ce qui n’a rien de rikiki.

Outsider probant

En service dès 2018, le véhicule est actuellement garé à l’entrée du parc de la Villette, à Paris, où, ceint de barrières métalliques, il ne fait pas d’ombre à l’expo-blockbuster «Ramsès et l’or des pharaons», qui a pris ses aises juste derrière, dans la Grande Halle. Une «concurrence» qui n’empêche pas le trentenaire d’afficher complet de longue date, avec sa dernière création, Personne, qui circule en réalité depuis le printemps 2022 (festival Spring en Normandie, Nuits de Fourvière, La Rochelle…).

 

Partisan avéré du pas de côté, comme on l’énonçait en préambule, le garçon, toujours barbu, mais qui a mis de l’ordre dans sa tignasse, s’est fait un nom dans la magie. En lettres majuscules, tant sa dextérité, dans le maniement des cartes, en particulier, lui a valu une litanie d’ovations. Parallèlement, toutefois, celui qui est également passé par le jonglage, l’acrobatie et le clown, a cultivé une attirance pour la comédie. Outsider probant dans les Deux Alfred de Bruno Podalydès (il figure aussi au générique du prochain film du même cinéaste, Wahou, mais dans un rôle hélas insignifiant), le voici donc qui approfondit ici la question du «mystère de l’incarnation théâtrale». Variation créative autour du «Je est un autre» rimbaldien, Personne met en exergue une citation d’Oscar Wilde (et se conclut sur une tirade de Borges) : «Un masque raconte beaucoup plus qu’un visage et l’homme est peu lui-même lorsqu’il parle à la première personne : donnez lui un masque et il dira la vérité.»

Entre réalité et fiction

Ce qui, dans les faits, donne une heure de (presque) solo volubile – ou babillard, jugeront les plus sceptiques –, autour d’une porte symbolisant la dualité, telle qu’exposée sur un ton badin veillant, avec une inspiration inégale, à déminer la profondeur intrinsèque du propos. En équilibre instable sur le fil souple tendu entre réalité et fiction, Yann Frisch, qui convoque les artifices scéniques d’un artisanat ancestral, fait alors le choix téméraire de délaisser significativement, au profit du langage, la gestuelle mystificatrice qui a forgé sa renommée. Autant dire que les fans de «numéros» en seront globalement pour leurs frais, sauf à adhérer au postulat sans broncher. Au risque d’entrer alors en contradiction avec l’éveil des consciences ainsi colporté.

 

Gilles Renault / Libération

 

 

Personne de Yann Frisch, Parc de la Villette, place de la Fontaine aux lions (75019) jusqu’au 27 mai, et en tournée.

 

Légende photo : Yann Frisch joue autour d’une porte, symbole de dualité. (Christophe Raynaud de Lage)
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November 5, 2021 8:23 AM
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Etienne Saglio, miraculeux mirages

Etienne Saglio, miraculeux mirages | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Armelle Héliot dans son blog du 5 nov. 21

 

 

Artiste exceptionnel, il appartient à la famille des « nouveaux magiciens ». Avec Le Bruit des loups, il nous conduit dans une forêt profonde. Des arbres monumentaux, des hommes, des animaux, d’étranges lueurs…Magnifique et impossible à raconter !

 

l avait appris, seul, le jonglage avant de fréquenter plusieurs écoles de cirque et de trouver sa voie en suivant un stage de « magie nouvelle » sous la direction du virtuose Raphaël Navarro. Depuis, Etienne Saglio signe régulièrement des spectacles. Des chapiteaux de cirque, il a glissé peu à peu vers le théâtre.

Le Bruit des loups est un sommet de son art et l’on ne s’étonne pas qu’il lui ait fallu des années pour le mettre au point.

 

Voici le long et fin Etienne Saglio, aux prises avec un végétal un peu entêté…Photographie Prisma Laval. DR.

Au début, on est dans une pièce au carrelage noir et blanc et l’on pense à Alice aux Pays des merveilles. N’en disons pas trop : un jeune homme long, fin, délié, se bat avec les feuilles d’un arbre qui semble doué d’une vie particulière…

Rideau et voici que surgit un animal, long, fin, délié lui aussi –mais ce n’est pas Etienne Saglio !- un animal dressé sur ses petites pattes et qui souvent reviendra. Un miracle de grâce, d’intelligence, de magie…

 

Soudain, comme Alice basculant dans le terrier du lapin, nous voyons se lever devant nous une forêt aux arbres immenses. Une forêt profonde dans laquelle nous allons voir surgir des animaux, des loups, mais pas seulement. Comment ça marche ? C’est tout le génie d’Etienne Saglio…

Toute description plus précise abîmerait cette merveille de plongée dans un monde onirique qui rappelle les contes pour enfants et nous enchante. Un géant, incarné par Guillaume Delaunay, surgit. Inquiétant, bien sûr, mais pas méchant…Deux autres artistes participent en alternance au spectacle : Murielle Martinelli, comédienne chez Pauline Bureau ou Joël Pommerat, notamment.  Le jour où nous avons vu le spectacle, c’est Bastien Lambert qui était présent. Musicien et réalisateur, il joue au théâtre comme au cinéma et participe ici à notre trouble, comme l’enfant qu’il semble être…

Un univers à la Lewis Carroll…et des atmosphères enchantées. Des images dont on ne sait pas si elles sont des illusions ou non…

Inutile de préciser que des virtuoses ont mis leurs talents au service de ces mirages miraculeux : Valentine Losseau et Raphaël Navarro, Alexandre Dujardin pour la lumière

 

Humour, rêveries, angoisse, images superbes, beauté, générosité, tout ici enchante. En dire plus serait idiot. Félix Tréguy et Pascal Tréguy, les coachs des animaux, Emile, Boston, il y a aussi des vidéastes, un compositeur, un as du son, etc…une bonne quinzaine d’artistes et techniciens très précis, sans doute heureux de participer à ce spectacle unique.

 

Courez au Rond-Point et sachez qu’une longue tournée suit.  De décembre à juillet. Au moins.

 

Armelle Héliot

 

Théâtre du Rond-Point, grande salle Renaud-Barrault, à 20h30 du mardi au samedi, dimanche à 15h00. Relâche exceptionnelle le 11 novembre. Durée : 1h15. Tél : 01 44 95 98 21.

www.theatredurondpoint.fr

 
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May 19, 2018 7:18 PM
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Les Limbes d'Etienne Saglio

Par Gilles Renault dans  Libération — 19 décembre 2014

Dans sa nouvelle création, l’artiste s’épanouit entre pénombre et lumière.

 

C’est une longue étreinte qui n’en finit pas, tour à tour violente et complice. L’homme et la marionnette ne forment qu’un, au point qu’on ne sait plus, parfois, qui dirige qui, voire qui est qui, entre l’individu désarticulé et son double qui s’anime, seul, à l’autre bout du plateau.

Question mystification, Etienne Saglio en connaît un rayon. Insaisissable, on l’a plutôt classifié jusqu’alors dans la catégorie (nouvelle) magie - courant dont il est une des têtes pensantes. Ici, il est siglé «cirque», sachant qu’à la limite, danse ou théâtre auraient aussi pu faire l’affaire.

Dressage

Présenté jusqu’à ce week-end à Paris, les Limbes est sa dernière création en date, conçue comme un espace qui n’autoriserait «ni le paradis ni l’enfer, où il serait possible de faire l’expérience de la mort, avant un retour à la lumière» -à la fin de la représentation, il fait d’ailleurs référence à son grand-père, décédé pendant la conception du spectacle.

 

 

«Tantôt spirite tantôt nécromancien», ainsi qu’il se présente dans la note d’intention, Saglio orchestre ainsi une drôle de sarabande sur les notes d’Antonio Vivaldi. Avec la minutie qui le caractérise (cf. son spectacle de référence, le Soir des monstres, créé fin 2007 à sa sortie du Centre national des arts du cirque), l’artiste s’épanouit de la sorte entre pénombre et lumière, jouant avec les échelles et les ambiances (spectrale, énigmatique, rêveuse, maléfique, facétieuse, poétique… la liste est longue).

 

Chez lui, entre autres, le plastique volète dans les airs, comme prenant vie pour un singulier numéro de dressage, ou s’éparpillant pour mieux se recomposer. Certains écarquilleront les yeux pour essayer de comprendre, alors que le mieux reste pourtant de se laisser emporter.

 

https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/les-limbes/

 

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November 5, 2021 9:50 AM
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Etienne Saglio joue avec les terreurs enfantines

Etienne Saglio joue avec les terreurs enfantines | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Rosita Boisseau dans Le Monde 5 novembre 2021

 

Le magicien et metteur en scène signe une fable initiatique, au Théâtre du Rond-Point, à Paris, jusqu’au 20 novembre.

 

Balayez les feuilles mortes à la pelle comme le veut la saison, et vous risquez soudain de vous retrouver perdu en pleine forêt, pelotonné sous votre doudoune, à l’écoute des bêtes sauvages. Ce chavirage spatio-temporel saisissant électrise le spectacle Le Bruit des loups, du magicien et metteur en scène Etienne Saglio, à l’affiche jusqu’au 20 novembre du Théâtre du Rond-Point, à Paris. En une seconde, un paysage fait effraction sur le plateau et foudroie l’imaginaire.

Rêve et cauchemar, entre caresse et chair de poule, cette fable initiatique noue serré les peurs et terreurs enfantines. Ses émerveillements, aussi. Le Petit Poucet copine avec le mini-Chaperon rouge ; l’ogre et la mère-grand ont des faux airs du monstre de Frankenstein ; les souris dansent, évidemment, lorsqu’elles ne se font pas attraper par la queue. Les contes et les comptines se coursent pendant que le loup rôde. Entre deux coups de tonnerre, un malicieux renard parade et joue les running gags pour détendre l’atmosphère.

Cohésion du mirage

Ce plongeon en apnée dans l’irrationnel fonctionne à plein grâce aux mille et un stratagèmes illusionnistes finement entrelacés par Etienne Saglio. Jongleur et expert en magie nouvelle, mouvement artistique apparu au début des années 2000 qui dope le spectacle vivant, il convoque ici toute l’armada de l’écriture scénique magique. Entre subterfuges à l’ancienne, comme les chausse-trapes, et nouvelles technologies, un dispositif complexe de marionnettes, prestidigitation, projections d’images, hologrammes et autres trouvailles optiques interagit avec trois personnages.

Si l’envie de distinguer le vrai du faux surgit au détour d’une apparition incongrue, elle s’évanouit vite devant la cohésion du mirage qui se profile. L’animal en chair et en os ou la bestiole empaillée se confondent, l’enfant et l’homme adulte se glissent sous la même peau. Tout semble réel et irréel, et inversement, et peu importe, au fond.

 

Le trouble des sens et des perceptions, exacerbé par une bande-son tempétueuse, que provoque Le Bruit des loups, est d’autant plus aigu qu’il a lieu au théâtre. Si l’on y retrouve, comme souvent dans les pièces de magie nouvelle, le vertige du cinéma et des effets spéciaux, il est majoré par le vivant parfois très cru du spectacle, où les trucages opèrent en temps réel. La souris trempée dans l’huile prend alors une saveur particulière. Ecrit par Etienne Saglio, artiste-associé au Théâtre du Rond-Point, en complicité avec la dramaturge-anthropologue Valentine Losseau, Le Bruit des loups offre aussi un écrin à une vision onirique de la nature.

Le Bruit des loups, de et avec Etienne Saglio. Théâtre du Rond-Point, Paris 8e. Jusqu’au 20 novembre, à 20 h 30, le dimanche à 15 heures. Relâche le lundi. De 12 € à 38 €.

 

Rosita Boisseau

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May 24, 2018 2:52 AM
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Étienne Saglio entre terre et enfer

Étienne Saglio entre terre et enfer | Revue de presse théâtre | Scoop.it

par Anaïs Heluin dans Sceneweb

Dans le cadre de la première édition de son festival Magie Nouvelle, le Théâtre du Rond-Point présente Les Limbes. Un éblouissant voyage dans les rêves d’Étienne Saglio, peuplés créatures étranges.

Après la danse en apesanteur de Wade In the Water de la compagnie 14 : 20, tandis que Yann Frisch s’empare dans son camion de l’accessoire de base de la magie moderne qu’est la carte à jouer, Étienne Saglio montre au Théâtre du Rond-Point un autre visage de la magie nouvelle. « Art dont le langage est le détournement du réel dans le réel », théorisé il y a une dizaine d’années par Raphaël Navarro – regard extérieur, co-auteur des Limbes et co-fondateur de la compagnie 14 : 20 avec Clément Debailleul et Valentine Losseau –, cette discipline qui a acquis son autonomie par rapport au cirque prend en effet dans Les Limbes une forme des plus singulières. Celle d’un poème visuel où un homme se débat avec monstres et fantômes. Où illusionnisme, recherche plastique et théâtre corporel forment un univers magique qui, loin de se détourner de l’humain, en interroge les peurs et les paradoxes.

Sur un plateau nu aménagé en boîte noire, Étienne Saglio commence son voyage entre vie et mort en s’appropriant un art intimement lié à cette situation intermédiaire : celui de la marionnette. Avec une simple tête aux airs d’outre-tombe et un manteau rouge, l’artiste formé au LIDO à Toulouse et au CNAC à Châlons-en-Champagne campe un personnage en lutte avec l’inéluctable. Entre la danse et le mime, ce tableau installe d’emblée une couleur néo-romantique qui s’étoffera tout au long du spectacle d’images tout aussi belles et composites. Dès ce combat initial, le spectre de plastique qui vole autour d’Étienne Saglio et de sa créature crée un espace hybride. Dans Les Limbes, capes et épées côtoient des hologrammes. Sur le son envoûtant du Stabat Mater de Vivaldi, des drones-fantômes survolent les gradins et attaquent l’artiste. À moins qu’il ne s’agisse de son double.

Les apparitions et les éclipses qui se succèdent dans Les Limbes sont impénétrables. Contrairement à Yann Frisch qui se plaît dans Le Paradoxe de Georges à discourir sur les « trucs » qu’il déploie pour leurrer son public, Étienne Saglio cache soigneusement dans la pénombre du plateau les mécanismes qui permettent à sa rêverie de prendre forme sous les yeux du spectateur. On devine leur complexité sans chercher à les mettre à jour. On constate la cohabitation du réel et de l’irréel sans essayer d’y mettre un terme. En la renforçant au contraire de nos propres spectres. De nos angoisses et de nos fantasmes. Car si Étienne Saglio met beaucoup de lui dans Les Limbes, il le fait d’une manière accueillante. Assez abstraite pour faire une place aux démons de chacun.

L’utilisation de matériaux simples est pour beaucoup dans la force de la pièce. Éléments visibles d’un dispositif extrêmement élaboré, ils mettent en évidence la transformation du réel dont les artistes de magie nouvelle font le cœur de leur pratique. La symbolique et les références multiples dont est nourri le monde d’Étienne Saglio. Les sublimes illusions des Limbes échappent ainsi au spectaculaire au profit de la pensée et de l’émotion.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Les Limbes
Un spectacle de et avec : Étienne Saglio
Écriture et regard extérieur : Raphaël Navarro

Montage et suivi de production : Ay-Roop
Production compagnie Monstre(s) – Étienne Saglio

Durée: 55 minutes

Théâtre du Rond-Point – Paris
Du 17 au 31 mai 2018

Festival Utopistes – Théâtre des Célestins / Lyon
Du 7 au 9 juin 2018

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December 18, 2014 1:41 PM
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Pour Etienne Saglio, l’au-delà c’est ici et maintenant

Pour Etienne Saglio, l’au-delà c’est ici et maintenant | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Fabienne Darge pour Le Monde :

 

Sur la planète cirque, de plus en plus créative depuis vingt ans, Etienne Saglio se taille un joli chemin. Ce jeune magicien-jongleur-manipulateur avait déjà signé, en 2009, un spectacle beau et étrange, Le Soir des monstres, que l’on a pu voir au 104, à Paris, en décembre 2011 (et qui depuis n’a cessé de tourner). Le voilà de retour avec une création, Les Limbes, qui confirme sa manière singulière de mettre son talent d’illusionniste au service d’un univers au romantisme noir.

C’est bien à un troublant et magnifique voyage dans les limbes, les brumes de l’inconscient et les mânes des morts qu’il convie ici, à l’intérieur de la boîte noire du théâtre. Ballet de fantômes, dialogue avec la mort vêtue de velours rouge, conversation avec son double inanimé et bagarre avec ses démons intérieurs…

Tout cela se matérialise de manière impalpable et magique, dans la manière qu’a d’abord Etienne Saglio de jouer avec un grand pantin qu’il anime comme un autre lui-même, qui lui colle à la peau, qui le dompte et qu’il dompte tour à tour. Quel est le plus vivant des deux, de lui, jeune Hamlet fragile vêtu de noir, ou de la mort rouge théâtre ? Qui est la créature de l’autre ? Les deux se livrent une lutte sans merci.

Avec des sacs en plastique
Etienne Saglio fait naître comme par enchantement des images fantastiques et envoûtantes, baignées par la musique du Stabat Mater de Vivaldi. Le plus stupéfiant est la manière dont il fait apparaître et disparaître des formes volatiles et spectrales, petits fantômes dansants et moqueurs, ectoplasmes palpitant comme des méduses translucides, ou vastes manteaux de brume évoquant les voiles tournoyant de la danseuse Loïe Fuller, au début du XXe siècle.

Comment fait-il, pour donner ainsi forme aux esprits ? Mystère. En bon magicien, Etienne Saglio ne veut surtout pas dévoiler le dessous des cartes, les secrets de fabrication qui tueraient l’inquiétante étrangeté et le charme de son univers. Tout juste consent-il à dire que ces chimères sont créées… avec des sacs en plastique. Ou comment atteindre la poésie la plus aérienne avec le matériau le plus trivial…

Etienne Saglio utilise aussi des hologrammes, mais tout est si fondu et si maîtrisé, notamment grâce à la suprême utilisation de la lumière, que bien malin qui pourrait dire ce qui est vrai et ce qui est faux dans ce monde des ombres. Le jeune circassien est bien un maître de l’illusion. Hypnotisé, on ne sait plus dans quelle réalité on se trouve, mais ce qui est sûr, c’est que l’on est passé de l’autre côté du miroir, comme dans ces Contes d’Hoffmann qui doivent être une inspiration majeure pour l’artiste.

Etienne Saglio, qui a bien vite été surnommé « le petit prince de la magie nouvelle », en raison de son allure aérienne et rêveuse, jongle avec les disciplines avec une aisance confondante, du théâtre à la marionnette en passant par les techniques circassiennes. Qui gagnera dans Les Limbes, de la camarde ou du jeune homme ? C’est toujours elle qui gagne, au final, avec son masque en forme de crâne.

 

Fabienne Darge

Les Limbes, par Etienne Saglio. Le 104, 5, rue Curial, Paris 19e. Tél. : 01 53 35 50 00. A 20 heures jusqu’au 20 décembre, et dimanche 21 décembre à 16 heures. De 8 € à 18 €. Durée : 1 heure. Dès 8 ans. Puis tournée jusqu’en mai 2015, à Quimper, Pontault-Combault, Laval, Gap, Marseille, Draguignan, Annecy, Clamart, Strasbourg…

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