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Le spectateur de Belleville
May 24, 2022 7:57 PM
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Par Fabienne Darge (Dijon, envoyée spéciale) dans Le Monde 23 mai 2022 Sous la houlette de Maëlle Poésy, le rendez-vous de printemps fait la part belle aux projets internationaux, pluridisciplinaires et portés par des artistes femmes.
A Dijon, le festival Théâtre en mai fait sa mue et en ressort tout beau tout neuf. Ce rendez-vous de printemps a toujours été un jalon important dans le paysage théâtral, depuis sa création, en 1990, par François Le Pillouër. Aujourd’hui, il se renouvelle sous la houlette de Maëlle Poésy, qui fait de son premier festival l’acte fondateur de sa direction du Théâtre Dijon-Bourgogne-Centre dramatique national, dont elle a pris la tête en janvier. Maëlle Poésy ne s’inscrit pas en rupture par rapport à son prédécesseur, Benoît Lambert. Mais elle appose sa patte, en ouvrant plus largement le festival sur l’international, sur le territoire de la ville de Dijon et sur les formes pluridisciplinaires. « Les écritures d’aujourd’hui, ce sont des artistes qui écrivent au plateau de multiples manières, avec une inventivité foisonnante, constate-t-elle. Je voulais aussi qu’il y ait une vraie diversité de choix entre des formes documentaires et des formes plus poétiques, qui transcendent notre réalité. On a plus que jamais besoin, en ce moment, de l’espace du rêve et de l’imaginaire qu’apporte l’art. » Sans que ce soit revendiqué comme tel, ce premier festival version Poésy est aussi très féminin et féministe. On n’en est plus, ici, à tenter péniblement d’atteindre une parité femmes-hommes à coups de bricolages et d’affichages. La plupart des projets de ce Théâtre en mai sont conduits par des artistes femmes, qu’elles soient autrices, metteuses en scène, chorégraphes ou circassiennes. Création en plein air Jusqu’au 29 mai, on pourra voir des spectacles de la chorégraphe et performeuse néerlandaise Roshanak Morrowatian, de l’autrice-metteuse en scène Tamara Al Saadi, ou de Chloé Moglia, l’artiste qui fait exploser les frontières du cirque. Sans compter la recréation d’un spectacle culte de la reine des iconoclastes, la Belge Miet Warlop. Maëlle Poésy, elle, a fait le choix d’une création hors les murs, en plein air, avec Gloire sur la terre, un texte où l’autrice écossaise Linda McLean se penche sur la figure de Marie Stuart. Du côté des hommes, les artistes invités ne sont pas tout à fait des inconnus, puisqu’il s’agit de Tiago Rodrigues (avec son Chœur des amants) et de David Geselson (avec Le Silence et la peur, pièce inspirée par la chanteuse Nina Simone). La grande marionnettiste norvégienne Yngvild Aspeli a ouvert le ban avec « Dracula Lucy’s Dream », soit sa vision du mythe vampirique Ce sont des artistes femmes, aussi, qui ont signé les quatre spectacles d’ouverture. La grande marionnettiste norvégienne Yngvild Aspeli a ouvert le ban avec Dracula Lucy’s Dream, soit sa vision du mythe vampirique passée au filtre de réécritures nordiques. La metteuse en scène n’a pas son pareil pour créer des univers oniriques et hypnotiques, armée de son talent visuel, de la musique de sa comparse Ane Marthe Sorlien Holen, sorte de Björk norvégienne, et de ses marionnettes à taille humaine, extrêmement expressives. On retrouve ce sens de l’atmosphère dès le début de ce spectacle en forme de cauchemar, qui s’ouvre avec des loups hurlant dans la nuit, et qui mêle tableaux plastiques et cartons de cinéma muet. C’est beau. Mais sur le plan dramaturgique, cette création déçoit. Centrée sur la figure de Lucy, l’une des victimes du comte Dracula, elle donne l’impression de tirer sur la corde, de manière assez répétitive, de la relation, forcément complexe, entre le vampire et sa proie. C’est dommage : le talent qu’a Yngvild Aspeli pour orchestrer l’animé et l’inanimé avait évidemment toute sa pertinence, dans cette histoire où la vie et la mort se sucent le sang l’une l’autre. Belle découverte Cette ouverture de festival a par ailleurs offert une belle découverte, en la personne de Teresa Coutinho. Cette actrice, autrice et metteuse en scène portugaise a travaillé avec Christiane Jatahy, Gus Van Sant ou Tiago Rodrigues, avant de créer ses propres spectacles. Celui qu’elle a présenté à Dijon, Solo, est à la fois drôle, émouvant et percutant, en mettant en jeu de manière très personnelle les rôles qui enferment les femmes, les représentations de la féminité. Si ce Solo touche aussi juste, c’est d’abord parce que Teresa Coutinho part d’expériences intimes, de la découverte de son homosexualité aux clichés qui ont pu lui être renvoyés pendant ses années d’apprentissage du théâtre. C’est aussi parce qu’elle trouve la forme pour le dire : une sorte de rituel qui mêle récit autobiographique, image vidéo, réflexion sur la question du miroir, dramaturgie du vêtement… Enfin parce que Teresa Coutinho a une présence scénique irrésistible : elle a quelque chose des grandes danseuses de Pina Bausch, auxquelles elle fait d’ailleurs allusion dans son spectacle. Teresa Coutinho a quelque chose des grandes danseuses de Pina Bausch, auxquelles elle fait d’ailleurs allusion dans son spectacle Les deux autres créations d’ouverture de Théâtre en mai ont nettement moins convaincu. Et toutes deux pour les mêmes raisons : des formes documentaires assez paresseuses, peinant à donner une forme au réel. Casa, de la dramaturge et metteuse en scène espagnole Lucia Miranda, aborde la question du logement, devenue si sensible pour la classe moyenne. L’Age de nos pères, écrit par l’autrice Julie Ménard avec le collectif l a c a v a l e, s’interroge sur la violence masculine, à partir d’un travail d’enquête mené dans un foyer accueillant des femmes victimes de cette violence. L’engagement des deux équipes dans leur sujet n’est pas en cause. Mais c’est le théâtre que l’on cherche, dans ces deux spectacles. Dans ces débuts de Théâtre en mai, nouvelle mouture, la poésie a gagné face au réel. Théâtre en mai, au Théâtre Dijon-Bourgogne et dans divers lieux à Dijon. Jusqu’au 29 mai. Fabienne Darge (Dijon, envoyée spéciale) / Le Monde Légende photo : « Dracula Lucy’s Dream », d’Yngvild Aspeli. CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE
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Le spectateur de Belleville
September 22, 2021 4:27 AM
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Par Fabienne Darge dans Le Monde - 22 septembre 2021 Légende photo : Claude Mathieu, Françoise Gillard, Anna Cervinka, Elise Lhomeau, Elissa Alloula, Séphora Pondi, Maïka Louakairim, Mathilde-Edith Mennetrier et Lisa Toromanian, à la Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, à Paris, le 14 septembre 2021. VINCENT PONTET Au Vieux-Colombier, à Paris, Maëlle Poésy met en scène le thriller social de Stefano Massini, un huis clos autour de onze femmes en colère.
La rentrée serait sociale ou ne serait pas, avaient prédit certains observateurs. Il n’est pas sûr qu’elle le soit dans la vraie vie, mais s’il y a un endroit où la condition ouvrière et ses combats refont surface, en cette entrée de saison, c’est bien au théâtre. Au Vieux-Colombier, la deuxième salle de la Comédie-Française, la jeune metteuse en scène Maëlle Poésy signe un spectacle à voir absolument en ce début d’automne : 7 minutes, ou comment faire d’une réunion de comité d’usine un grand moment de théâtre épique. Au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, Julie Deliquet, elle, va proposer, à partir du mercredi 29 septembre, une adaptation de Huit heures ne font pas un jour, le formidable feuilleton de Rainer Werner Fassbinder qui suit la vie et les luttes d’une famille ouvrière allemande des années 1970. Prenons dans un premier temps la direction du Vieux-Colombier, où nous attendent dix femmes, ouvrières ou employées d’une entreprise dénommée Picard & Roche. On les saisit au moment où elles guettent, avec une appréhension croissante, le retour de leur porte-parole, Blanche, qui négocie leur avenir avec les repreneurs de l’usine dans laquelle elles travaillent. « 7 minutes » est un grand moment de théâtre sur le débat démocratique, ses ressorts et ses exigences Quand Blanche réapparaît enfin, après des heures de négociation, elle est dans un drôle d’état. Non pas parce que les nouveaux patrons lui ont signifié la fermeture de l’usine ou des suppressions d’emplois. Tout semble aller pour le mieux, au contraire. Les dirigeants, ou « les cravates », comme elles les appellent, expriment juste une demande qui semble presque anodine : tous les emplois seront sauvés à condition que chacune accepte de réduire de sept minutes son temps de pause quotidien – un temps de pause qui est alors de quinze minutes. Les onze femmes présentes dans cette pièce vont devoir voter, au nom des deux cents salariées de l’usine, pour ou contre cette proposition. Elles ont une heure trente pour le faire. S’enclenche alors un thriller social haletant, d’une intensité jamais démentie, qui tient tout entier dans ces sept petites minutes qui n’ont l’air de rien, une concession sans douleur, à l’heure où tant d’usines ferment. Toutes sont donc sur le point de voter, comme une seule femme, l’abandon de ces sept minutes de temps non productif. Toutes, sauf Blanche. Quelque chose la chiffonne, dans cette histoire. Elle décide de voter contre. « Pas pour les sept minutes, dit-elle. Pour ce qu’elles représentent. » Dans le huis clos de la salle où elles sont réunies, la tension et le suspense montent, les esprits s’échauffent, les arguments s’aiguisent, les convictions se retournent, pour finir par faire de 7 minutes un grand moment de théâtre sur le débat démocratique, ses ressorts et ses exigences. Grande proximité Cette pièce, c’est Stefano Massini qui l’a écrite, et c’est le retour éclatant de cet auteur italien de 45 ans, qui s’était fait connaître en 2014 avec Chapitres de la chute. Saga des Lehman Brothers, impressionnante épopée du capitalisme. Massini s’est inspiré pour écrire 7 minutes de plusieurs histoires réelles, et notamment de celle des ouvrières de Lejaby, et de la lutte qu’elles ont menée en 2010 à la suite de l’annonce d’un plan social. La grande force de ce texte, derrière son apparente simplicité, c’est d’inscrire, comme c’était déjà le cas avec Les Frères Lehman, une histoire réelle, contemporaine, dans une dimension bien plus vaste, mythologique, qui lui donne la même valeur que des tragédies beaucoup plus anciennes. Lire aussi : Stefano Massini invente les contes du monde actuel Et il n’y a rien de banalement réaliste non plus dans le spectacle que signe Maëlle Poésy, qui orchestre le huis clos de ces onze femmes en colère avec un art consommé. La metteuse en scène a choisi un dispositif bifrontal, qui induit une grande proximité entre les spectateurs et le plateau : on est avec elles, avec ces femmes, presque comme si on était parmi elles, assises dans un coin de la salle, sous les bobines de fil coloré, avec l’envie rageuse de prendre la parole. La pièce analyse en filigrane, avec beaucoup de finesse, les mécanismes impitoyables de la peur et de la division dans le système capitaliste On est d’autant plus avec elles que chacune existe dans toute sa singularité, avec une densité humaine saisissante. Dans ce groupe de onze femmes qui composent le « comité d’usine » (un système de représentation qui existe en Italie, mais pas en France, et qui ne relève pas de la délégation syndicale), les profils sont très différents. Ces femmes n’ont pas le même âge, pas la même histoire, entre celles qui sont sur le point de partir à la retraite et celles qui viennent d’arriver, entre celles qui sont d’origine étrangère et celles qui se vivent comme étant « d’ici ». Et pourtant leurs oppositions ne sont jamais montrées de manière manichéenne : chacune d’elles a ses raisons, dans ce théâtre qui analyse en filigrane, avec beaucoup de finesse, les mécanismes impitoyables de la peur et de la division dans le système capitaliste. Plusieurs générations de comédiennes S’il en est ainsi, c’est que Maëlle Poésy a choisi et dirige, de main de maître, un ensemble d’actrices exceptionnel. Plusieurs générations de comédiennes du Français sont réunies ici, dans une choralité subtilement chorégraphiée, qui laisse sa place au talent de chacune. Du côté des doyennes de la troupe, Véronique Vella trouve avec le personnage de Blanche le plus beau rôle de sa carrière. Elle est tout simplement magnifique, incarnant non pas seulement un personnage, mais un combat, contre de nouvelles forces du mal. A ses côtés, Claude Mathieu est tout aussi bouleversante. Maëlle Poésy a choisi et dirige, de main de maître, un ensemble d’actrices exceptionnel Françoise Gillard, tendue comme un arc dans ce qui est sans doute le rôle le plus ingrat de la pièce, Anna Cervinka, Elise Lhomeau jouent également formidablement leur partition, tandis que les deux nouvelles recrues de « la Maison de Molière », Elissa Alloula et Séphora Pondi, ont tout le loisir d’exprimer d’éclatants tempéraments d’actrice. Quatre jeunes femmes extérieures à la maison, et tout aussi douées, Camille Constantin, Maïka Louakairim, Mathilde-Edith Mennetrier et Lisa Toromanian, complètent la distribution. Tout est incarné avec force, avec une véracité qui n’a rien de misérabiliste, dans ce qui est bien du théâtre politique au sens le plus noble du terme, jamais didactique, qui laisse chacun, comme dans toute grande œuvre théâtrale, face à ses choix. Un choix que Stefano Massini laisse d’ailleurs en suspens, comme pour dire : attention, le monde peut toujours basculer d’un côté ou de l’autre, en un clin d’œil, ou presque. En bien comme en mal. 7 minutes, de Stefano Massini. Mise en scène : Maëlle Poésy. Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier, Paris 6e. Tél. : 01-44-58-15-15. Jusqu’au 17 octobre, mardi à 19 heures, du mercredi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 heures. De 11 € à 33 €. Fabienne Darge
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Le spectateur de Belleville
September 19, 2021 1:39 PM
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Par Hélène Kuttner dans Artistik Rezo - 19 septembre 2021 photo ©Vincent PONTET C’est un spectacle brûlant d’intensité qui nous est présenté par la Comédie Française dans la salle du Vieux-Colombier. Ecrit pour onze comédiennes de tous âges, « 7 minutes » de l’auteur italien Stefano Massini, qui nous avait régalé avec La Saga des Lehman Brothers, plonge dans les affres d’un vote pour sauver une usine en passe d’être rachetée. Maëlle Poésy, nouvelle directrice du CDN de Dijon-Bourgogne, nous fait vivre l’histoire en temps réel. Comme un coup de poing. Dilemme Dix ouvrières, de la plus ancienne à la nouvelle jeune recrue, attendent fébrilement le résultat d’une réunion de « cravates » -dirigeants masculins en costume-cravate- avec l’une d’entre-elles qui fait office de porte-parole. Le décor représente une salle de stockage qui pourrait aussi être une salle de passage, où les femmes prennent leur mal en patience en épiant la porte d’où surgira Blanche, chargée de leur délivrer la sentence. Il est ici question de survie, de travail, pour ces ouvrières qui représentent elles-mêmes les 200 employées de l’usine. On fait connaissance, on se jauge, on plaisante à moitié, évaluant chez l’autre la part d’ancienneté, de complicité avec Blanche, mais aussi la part de courage, de pragmatisme, de peur, face au diktat de l’industrie. Les heures passent, la tension monte, et on commence à perdre patience quant Blanche surgit avec une nouvelle plutôt rassurante, mais qui contient, dans une lettre adressée à chacune, la condition de leur survie dans l’usine. Qu’il s’agira de mettre au vote. La loi du plus fort On l’aura compris, la pièce évoque habilement celle de Reginald Rose Douze hommes en colère , dont Sydney Lumet réalisa le célèbre film avec Henry Fonda. Dès lors que les filles tiennent cette lettre en main, il va leur falloir procéder au vote de cette condition, qui de prime abord paraît à toutes, sauf à Blanche, dérisoire. La force du texte tient dans cette plongée au cœur de la psychologie de chaque ouvrière, de son parcours de vie et de son âge, qui fait jaillir brutalement sa parole. Loin de toute lourdeur ou parti-pris, Massini nous montre, à travers les réactions de toutes ces femmes, qui parfois viennent de très loin pour trouver un travail, comment la société, dans sa logique de prédation économique, peut grignoter les acquis sociaux gagnés pour garantir, à minima, des emplois. Jusqu’où accepter que son confort au travail soit rogné ? Certaines serrent les dents, d’autres crient à la suppression de liberté, et les plus jeunes avalent des couleuvres qui sont celles d’un nouveau monde tricoté de compromis et d’arrangements. Onze actrices sur le grill Le travail collectif des onze comédiennes, qui ne quittent jamais le plateau configuré en bi-frontal, est remarquable. Véronique Vella interprète la déléguée du personnel, Blanche, Cassandre de l’usine. Elle fait preuve d’une finesse prodigieuse, tour à tour maternelle, protectrice, gardienne de phare, et lanceuse d’alerte d’une lucidité politique féroce. Plus vraie que nature, elle démontre une fois encore la richesse de son engagement et de son talent dans un rôle complexe et singulièrement actuel. Claude Matthieu incarne superbement Odette, la plus âgée, la plus raisonnable, alors que Françoise Gillard est une Arielle toute en révolte. Anna Cervinka (Rachel), Elise Lhomeau (Sabine) et Elissa Alloula (Mireille), qui font toutes deux parties des nouvelles pensionnaires recrutées, forment avec Séphora Pondi, la dernière arrivée, des jeunes femmes en colère et à la tête bien faite. Camille Constantin (Zoëlie), Maïka Louakairim (Sophie), Mathilde-Edith Mennetrier (Agnès) et Lisa Toromanian (Mathab) complètent la belle distribution de ce spectacle qui emporte. Hélène Kuttner 7 minutes Metteur en scène : Maëlle Poésy Distribution : avec la troupe de la Comédie-Française Claude Mathieu, Véronique Vella, Françoise Gillard, Anna Cervinka, Élise Lhomeau, Élissa Alloula, Séphora Pondi et Camille Constantin, Maïka Louakairim, Mathilde-Edith Mennetrier, Lisa Toromanian Du 15 Sep 2021 Au 17 Oct 2021 Réservations par téléphone : 01 44 58 15 15
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Le spectateur de Belleville
December 6, 2014 1:25 PM
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À côté des Lettres philosophiques et de son Dictionnaire, publié trente ans plus tard, Candide ou l’Optimisme (1759), considéré comme son chef-d’œuvre, revient sur la définition de la plupart de ses idées sur la liberté, la politique, la religion et la littérature... Effectivement, le héros éponyme de ce conte, pour retrouver la jeune fille qu’il aime, parcourt le monde dont il va éprouver l’horreur, à travers massacres, injustices, fanatismes religieux, intolérance et esclavage. Sans compter les catastrophes naturelles : violents tremblements de terre et tempêtes suivies de naufrages. Ce Candide que Maëlle Poésy met en scène avec un bel esprit inventif, se présente comme une aventure urgente, vivement narrée, et comme une leçon implicite de scepticisme élaborée à partir des choses pratiques de la vie et du monde. Ainsi l’amour du jeune Candide pour Cunégonde est ici bousculé par les préjugés sociaux et la réalité des guerres infernales que les hommes aveuglés entreprennent absurdement. Au passage, Voltaire égratigne les croyances religieuses rivales qui se proclament vérités, imposées aux hommes dans un monde misérable où règne la folie des grandeurs de quelques-uns qui rêvent, une fois au pouvoir, de conquêtes menées à coups de brutalités guerrières et de massacres. Les relations des hommes entre eux ne connaissent d’autre alternative que celle du maître et de l’esclave ; les blancs, du côté du maître, et les noirs, de l’esclave.
Véronique Hotte pour Théâtre du blog
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Le spectateur de Belleville
October 7, 2021 5:55 AM
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Publié par Morgane Macé dans Profession-Spectacle | 7 Oct, 2021 Pluridisciplinarité, transmission, ouverture des frontières du théâtre, accueil d’auteurs associés et de projets internationaux… Maëlle Poésy, nouvelle directrice du théâtre Dijon-Bourgogne, dévoile sa vision et ses ambitions pour le centre dramatique national de Bourgogne. Après neuf ans sans changement de direction au Centre dramatique national – théâtre Dijon-Bourgogne (TDB), vient le temps du passage à témoin. Benoît Lambert est nommé directeur de la Comédie de Saint-Étienne, quand la metteuse en scène Maëlle Poésy, qui connaît bien le TDB pour y avoir été artiste associée depuis 2016, en devient la première femme directrice, à trente-sept ans. Les remaniements du festival Théâtre en Mai et des différents dispositifs d’accompagnement à la création sont prévus, avec notamment l’accueil inédit de trois auteurs et autrices associés à la direction. Focus sur le parcours et les ambitions de Maëlle Poésy pour cette maison au budget total de 3,6 millions d’euros, engagée pour favoriser l’émergence et l’éducation artistique. Un temps fort de passation Le lancement de saison s’est déroulé début septembre, un moment symbolique à plus d’un titre, en cette période de retour aux spectacles. L’occasion pour Benoît Lambert de présenter son ultime programmation de saison au sein de cette structure et pour Maëlle Poésy d’annoncer les grandes lignes de son projet artistique, en présence du public et des tutelles, dont la ville de Dijon, la région et la DRAC Bourgogne-Franche-Comté. La pièce 7 minutes de Stefano Massini, que Maëlle Poésy a mise en scène, est jouée à Paris depuis le 15 septembre à la Comédie-Française. « C’est un peu particulier en ce moment car ma présence est partagée entre Dijon et Paris, reconnaît-elle. Mais après je pourrai me plonger à 200 % dans le théâtre. » Une plongée qui ne sera pas difficile, puisque la metteuse en scène a déjà l’expérience d’une collaboration avec Benoît Lambert. « Je connais bien le TDB, confirme-t-elle. Toutes ces années m’ont permis de travailler sur des formes très différentes puisque j’ai fait par exemple une création pour des lycées qui a tourné pendant deux ans, j’ai monté Inoxydables, dans le cadre d’I-Nov-Art, qui n’a hélas pas été joué comme on l’aurait souhaité durant le confinement, et j’ai mené un travail de long terme, avec l’implantation de ma compagnie Crossroad en 2011. » Porter un langage invisible au théâtre Son père Étienne Guichard, directeur du Théâtre du Sable, et sa mère enseignante de lettres ont transmis aux filles Poésy – car sa sœur n’est autre que l’actrice Clémence Poésy –, ce même amour pour la comédie. Avant d’intégrer l’École supérieure d’arts dramatiques du Théâtre national de Strasbourg, Maëlle Poésy a suivi les formations des chorégraphes Damien Jalet et Hofesh Shechter. Une pratique de la danse contemporaine qui l’inspire encore aujourd’hui… « Le travail sur la tenue des corps et les énergies sur un plateau permet de prendre en charge tout un langage invisible et inconscient, explique-t-elle. C’est quelque chose que j’aime beaucoup intégrer au cœur des mises en scène. » Également enseignante à l’École régionale d’acteurs de Cannes et Marseille, elle promeut un théâtre pluridisciplinaire : « Je souhaite défendre l’hybridité des formes qui peuvent être parfois proches de la danse et du cinéma, poursuit Maëlle Poésy. Utiliser en tout cas des écritures de plateau faisant appel à différents médiums. » Ces projets hybrides seront confiés aux artistes associés tels que Tamara Al Saadi, Julie Berès, Yngvild Aspeli et David Geselson. « Il y aura des temps de résidence sur le territoire, avec la participation des habitants, et pour fil rouge : “histoire des lieux et histoire des gens”, détaille la nouvelle directrice du TDB. Ces créations pourront prendre la forme d’un spectacle écrit, d’une performance ou encore d’une session radiophonique. » Programmation internationale, “Passes murailles” et auteurs associés Pluridisciplinarité et transmission demeurent ses priorités, dans le prolongement du travail mené par Benoît Lambert sur le soutien à l’émergence, en ouvrant cette fois le festival Théâtre en Mai aux compagnies internationales. Dans une volonté d’une plus large diffusion, le dispositif “Passes murailles” fera intervenir six acteurs issus d’écoles nationales supérieures d’arts dramatiques, engagés en contrats de professionnalisation, pour travailler pendant un an en création dans les lycées : « On souhaite faire tourner les spectacles dans les lycées, mais aussi dans des lieux non théâtraux, et les ouvrir à une diffusion nationale, précise Maëlle Poésy. C’est moi qui prend en charge la première mise en scène et ce sera Gloire sur la Terre, de Linda McLean, une autrice écossaise. » Si la metteuse en scène privilégie le mélange des formes, elle n’en délaisse pas pour autant le matériau littéraire. Le TDB accueillera en effet trois auteurs et autrices associés à la direction. Il s’agit de Gustave Akakpo, Julie Ménard et Kevin Keiss : « J’aime beaucoup leurs écritures, s’enthousiasme-t-elle. C’est important de pouvoir leur proposer cet ancrage au sein d’une maison et de mettre leur art au service du territoire. Nous les soutiendrons pendant quatre ans, ce qui va leur permettre d’avoir un cadre et aussi une inscription dans l’économie de la société du spectacle. » La direction au fabricant Maëlle Poésy, qui ne néglige pas d’autres enjeux tout aussi centraux comme la volonté d’inscrire le TDB dans un développement autour de l’écologie, en faveur d’une transition forte, se considère à sa juste place en tant qu’artiste. « Il se trouve que les scènes nationales, historiquement parlant, ne sont pas des lieux qui sont dirigés par des artistes. Pourtant, en dirigeant un CDN, je suis tout à fait à ma place d’artiste et de directrice !, confie-t-elle amusée. Je dirais qu’en tant qu’artiste, ce serait même ma seule place de direction possible. Je trouve assez passionnant, de toute façon, de développer un projet artistique au sein d’une structure. Mais je pense que c’est véritablement l’histoire que nous avons entre la compagnie et ce lieu, ainsi que cet ancrage qu’on a sur ce territoire, qui ont vraiment fondé ma décision. » Pluridisciplinarité, transmission et ouverture des frontières du théâtre par une diffusion hors-les-murs et nationale des créations, ainsi que l’ouverture du festival Théâtre en Mai aux compagnies internationales, tels sont les axes de la nouvelle directrice du Théâtre Dijon-Bourgogne, avec pour valeur ajoutée, l’accueil d’auteur et d’autrice associés. Morgane MACÉ Correspondante Bourgogne-Franche-Comté
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September 20, 2021 3:28 PM
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Par Philippe Chevilley dans Les Echos - 20 septembre 2021 Légende photo : Les comédiennes, criantes de vérité, nous bouleversent. Au premier plan, Françoise Gillard en virago à fleur de peau. (© Raphael GAILLARDE/GAMMA-RAPHO) Maëlle Poésy met en scène avec une sensibilité et une énergie sans faille le thriller social de Stefano Massini au Vieux-Colombier. Suspense, émotion, réflexion portés par onze actrices virtuoses. Bienvenue à l'usine en lutte de la Comédie-Française. Deuxième salle de la Comédie-Française, le Vieux-Colombier réserve toujours des surprises : un jour transformée en sous-marin (« 20.000 lieues sous les mers »), un autre en datcha (« Vania ») ou en studio (« Les Ondes magnétiques »)… En cette rentrée, le public est convié à l'usine. Dans l'espace de stockage de l'entreprise textile Picard & Roche, onze femmes à cran, représentantes du personnel, vont bientôt savoir à quelle sauce elles seront mangées après l'arrivée d'actionnaires étrangers. A peine le temps de s'installer (en vis-à-vis, dans un dispositif bifrontal) et les spectateurs sont plongés dans l'ambiance, les tympans vrillés par un bruit de machine. Il ne faudra pas « 7 minutes » (titre de la pièce de Stefano Massini) pour qu'ils soient happés par le spectacle. Condition féminine et précarité sociale On devait déjà à cet auteur italien surdoué la fabuleuse trilogie des « Lehman Brothers ». Avec « Sept minutes », il aborde les sujets brûlants de la précarité sociale, de la condition féminine en entreprise et de l'épuisement des luttes ouvrières. L'argument est diablement malin. Lorsque la porte-parole sort de la réunion avec la direction, elle est a priori porteuse d'une bonne nouvelle : aucune des 200 salariées ne sera licenciée. La seule concession qui leur est demandée est de réduire de 7 minutes leur temps de pause quotidienne. D'abord enthousiastes, les représentantes du personnel sont ébranlées par le refus de leur négociatrice : n'est-ce pas mettre un doigt dans un engrenage fatal ? Quel exemple vont-elles donner à l'extérieur ? Quid de leur dignité ? Petit à petit, leur accord qui semblait acquis devient de plus en plus incertain… Vérité des actrices Maëlle Poésy aborde de front, avec clarté, avec un sens du rythme et une énergie sans faille ce thriller social à rebondissements. La metteuse en scène, directrice du Théâtre Dijon-Bourgogne , mise tout sur la qualité de ses interprètes - un mix de sept comédiennes du Français et de quatre jeunes actrices extérieures. Respectueuse de leur sensibilité, elle fait en sorte que les rôles semblent avoir été écrits pour elles. Les aînées sont magnifiques : Véronique Vella en porte-parole désabusée ou Françoise Gillard en virago à fleur de peau. Les novices savent aussi nous bouleverser, notamment les trois nouvelles pensionnaires, Séphora Pondi, Elissa Alloula et Elise Lhomeau. L'implication, la vérité, l'émotion de ces onze actrices en colère gomme les côtés un brin roublards du texte. Sans donner de leçon, ces « 7 minutes » nous tiennent en haleine une heure et demie durant, distillant leur message humaniste de combat, lucide, rude, mais pas désespéré. Philippe Chevilley
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Le spectateur de Belleville
December 9, 2014 6:20 PM
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Publié par Jean-Pierre Thibaudat sur son blog "Théâtre et Balagan" : « Candide », une belle « coïonnerie » coachée au galop Après avoir connu la gloire et le bannissement, la prison et l’exil, après avoir couché avec bien des femmes et voyagé à foison, après avoir été l’ami et l’ennemi de rois, de reines et d’empereurs, après avoir écrit tant et plus de lettres, de pamphlets, de poèmes, de pièces, de romans, d’essais, il écrivit à 64 ans un conte sous-titré « L’optimiste ». Et titré « Candide ». L’œuvre d’un homme, Voltaire, qui ne l’était pas, candide. Plutôt rageur, rusé, aimant ruer dans les brancards et pisser de la copie en veux-tu en voilà encore.
« Candide », ce bijou, est un conte philosophique mais d’abord une épopée romanesque au souffle soutenu dont j’avais oublié combien l’écriture en était échevelée, dingo, picaresque, désopilante, comme nous le fait (re)découvrir l’adaptation (cosignée avec Kevin Keiss) et la mise en scène truculente de Maëlle Poésy. Un spectacle hellzapoppinesque. (...) Jean-Pierre Thibaudat pour son blog "Théâtre et Balagan" CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE "Candide" d'après Voltaireune mise en scène de Maëlle PoésyLa rose des vents, Villeneuve d'Ascq (Nord), du 9 au 13 décembre ;Louviers-Evreux, scène nationale (Eure), le 18 décembre ;Théâtre du Gymnase, Marseille, du 12 au 14 février ;Espace des arts de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) du 17 au 19 février ;Théâtre des Célestins, Lyon, du 24 au 28 février ;Espace Malraux, Chambéry (Savoie), du 3 au 5 mars ;Equinoxe, Châteauroux (Indre), le 23 avril.
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