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October 5, 2024 4:17 PM
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Julien Gosselin : «Il faut que partout en Europe on puisse se dire que l’art théâtral le plus vivant est à l’Odéon» 

Julien Gosselin : «Il faut que partout en Europe on puisse se dire que l’art théâtral le plus vivant est à l’Odéon»  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Sonya Faure et Anne Diatkine dans Libération - 3 oct. 2024

 

 

Nommé fin juin à la tête du théâtre de l’Odéon, le metteur en scène déroule son projet pour l’institution parisienne, qui connaît des difficultés économiques. Au programme : promouvoir une création jeune et courageuse, renouveler les formes et ouvrir ses portes aux débats comme à la fête.

 

 
 
 

Julien Gosselin est enthousiaste – et ne serait pas loin de nous entraîner dans sa cavalcade. A 37 ans, sans jamais avoir dirigé aucun théâtre, le voici à la tête de l’Odéon et ses deux salles, celle à l’italienne du VIe arrondissement de Paris, et les très beaux Ateliers Berthier à proximité de la porte de Clichy. Mais aussi de son budget de fonctionnement de 19,2 millions d’euros en 2024, son déficit prévisionnel de 800 000 euros, son équipe de 130 salariés. Julien Gosselin connaît bien la maison pour y avoir joué une demi-douzaine de ses créations, dès ses débuts à 26 ans. Il a choisi son adjoint, Antoine Mory, énarque, ancien conseiller de Gabriel Attal, d’Elisabeth Borne, et avant cela, bras droit de Jean-Marc Dumontet, producteur et directeur de théâtres privés, qui fut aussi ancien administrateur du Théâtre national de Strasbourg. Pour Julien Gosselin, les défis – économiques et artistiques – sont titanesques. Stéphane Braunschweig, son prédécesseur, a jeté l’éponge au printemps faute de moyens. Gosselin, lui, n’irait pas jusqu’à nous dire que «tout va bien» mais il distille une joie communicative en dépit de son inquiétude. Il y a quelque chose d’étrange à le voir, lui, si attaché au rôle social et politique des théâtres, dans le bâtiment si imposant du cœur de la capitale. Certes sans cravate, mais en costume.

 

Que représente le Théâtre de l’Odéon pour vous ? Vous souvenez-vous des premiers spectacles que vous y avez vus ?

 

Je ne suis pas parisien et il est bien possible que la première fois que j’y suis venu c’était pour y jouer ! Comme tous les artistes, j’avais l’impression d’être présenté dans un très grand théâtre face à un public exigeant. C’est ce que j’ai dit à l’équipe à mon arrivée : si je compte montrer davantage d’artistes jeunes, ou radicaux, ça ne changera pas ce qu’est l’Odéon, un lieu où les spectateurs viennent voir le meilleur du théâtre français et étranger. L’Odéon est d’abord et avant tout une maison qui consacre. Qui dit : cet artiste est important.

 

 

Justement, on ne vous attendait pas à la tête d’un des lieux les plus institutionnels du théâtre français…

 

Moi non plus au fond…

 

 

Pouvez-vous nous détailler votre projet ?

 

L’idée fondamentale est que l’Odéon, c’est le théâtre de l’Europe et j’aimerais qu’on appelle ce théâtre ainsi. Depuis 2016, Stéphane Braunschweig et son directeur de la programmation Didier Juillard ont fait un travail extraordinaire de coproductions grâce auxquelles ils ont soutenu les compagnies françaises. Si aujourd’hui on peut tous se féliciter d’avoir autant de jeunes femmes metteuses en scène sur les plateaux, si la scène française est désormais sans doute la plus vivante d’Europe, avec la génération des Sylvain Creuzevault, Tiphaine Raffier, Caroline Guiela Nguyen, Lorraine de Sagazan… c’est en partie grâce à l’Odéon de Stéphane Braunschweig. On va poursuivre ce travail en insistant sur des formes nouvelles, des équipes plus jeunes. A côté des grands maîtres du théâtre européen, comme le Polonais Krystian Lupa ou l’Allemand Thomas Ostermeier, il existe en Europe des expériences menées par des artistes qui ont entre 30 et 45 ans, adeptes de formes plus performatives. J’ai envie de montrer cette génération-là, d’abord et avant tout. Je souhaite montrer des spectacles qui provoqueront du débat parmi les spectateurs.

 

Des exemples ?

 

J’aimerais programmer la jeune compagnie espagnole El Conde de Torrefiel ou Florentina Holzinger qui est considérée comme une immense artiste en Autriche ou en Allemagne. Je veux que Carolina Bianchi [metteuse en scène de Bonne nuit Cendrillon, où elle avale des comprimés de «drogue du violeur» sur scène, qui a marqué le Festival d’Avignon en 2023, ndlr] puisse être présentée dans la salle du VIe arrondissement. Ces spectacles disent quelque chose du théâtre aujourd’hui, du rapport à l’écriture, à la mise en scène, à l’art contemporain à la performance. Il y a à l’Odéon une petite salle de 230 places qui n’est plus exploitée depuis des années, où Claude Régy a joué, on pourrait à nouveau l’utiliser pour des formes plus performatives. J’aimerais par exemple accueillir l’artiste trans finno-égyptienne Samira Elagoz, qui mène un travail très pointu sur la transidentité. Il faut que partout en Europe on puisse se dire que l’art théâtral le plus vivant est ici. Que les artistes les plus importants d’Europe sont ici.

 

C’est quoi, un «artiste important» ?

 

Le renouvellement des formes est pour moi le critère le plus crucial, et il s’accompagne logiquement d’un renouvellement de la pensée. Aujourd’hui ce qui se fait de mieux en Europe, c’est nécessairement ce qui se fait de plus courageux.

 

Le courage comme programme pour l’Odéon ?

 

Oui, c’est fondamental. L’une des raisons qui m’a fait prendre la direction de cette institution, c’est mon expérience de jeune metteur en scène au Festival d’Avignon, en 2013. Avec Hortense Archambault et Vincent Baudriller, j’y ai rencontré des gens qui m’ont donné du courage. Et plus que ça, m’ont fait comprendre que ce que je pensais être des prises de risque n’en était pas encore assez, qu’il fallait pousser le bouchon plus loin. Si un jeune artiste se sent plus courageux à la fin du spectacle que quand il y est entré, alors j’aurais réussi mon pari. J’enseigne en ce moment au Conservatoire et à la rentrée j’ai demandé aux élèves d’aller voir à l’Odéon Dämon d’Angélica Liddell, qui est à mon avis ce qui se fait de plus grand au théâtre aujourd’hui. Certains ne connaissaient pas son existence. C’est ça, pour moi, le théâtre public, ce qui le démarque du théâtre commercial ou patrimonial : on y découvre ce dont on n’avait pas idée. Mes plus grandes expériences de spectateur touchent à cette révélation formelle, une sensation ou une émotion qu’on n’a jamais perçue, qui ne peut donc pas être calquée sur un modèle.

 

 

Vous nous aviez confié en 2016 que dans un théâtre, ce qui se passe avant et après un spectacle, est aussi important que le spectacle lui-même. Allez-vous appliquer ce principe à l’Odéon, un lieu pas forcément adapté ?

 

Ça va vous paraître un détail mais pour moi c’est fondamental : on vient d’arrêter les pots de première fermés [collations réservées aux professionnels et journalistes à l’issue de la première représentation d’une pièce]. Les soirs de premières, on offrira désormais un verre à tout le monde – ce qui nous coûtera la même somme. On a l’impression qu’il n’y a jamais de jeunes dans le public de l’Odéon. C’est faux, il y a 30 % de jeunes aujourd’hui [moins de 28 ans, étudiants et public scolaire], et j’ai assez peu de doute que cette proportion augmentera sous mon mandat avec la programmation que je prévois. A la première d’Angélica, parmi les spectateurs restés boire un verre, il y avait 200 jeunes, fous de joie, découvrant ce lieu extraordinaire qu’est l’Odéon. Pour la première de Parallax, mis en scène par Kornél Mundruczó, on aura un DJ et ça va être la teuf, je le dis aussi simplement que ça. On va commencer dès la saison prochaine à avoir des concerts de musique électronique de manière régulière, on y réfléchit déjà avec la programmatrice musicale de la Volksbühne à Berlin. J’ai envie qu’on ait un autre public. Non pas que je veuille me passer du public actuel de l’Odéon, absolument pas, d’autant qu’il est extrêmement attaché aux grandes formes théâtrales et c’est une chance. Mais j’aimerais qu’on ouvre le bar tous les soirs, même si ça ne se fait pas tout de suite, qu’on invite des penseurs, des militants, des artistes. Pourquoi aime-t-on aller au Festival d’Avignon ? Parce qu’on aime s’engueuler après les spectacles. Mais si on n’a pas de lieux pour débattre ?

 

Vous auriez aimé diriger un théâtre avec une école. Comment allez-vous combler ce désir-là à l’Odéon ?

 

Je rêve de créer d’ici quelques années une «académie» autour de la performance. Avoir à demeure sept ou huit jeunes artistes internationaux – chorégraphes, musiciens, acteurs, auteurs… tous mettant en jeu leur propre corps, ça irriguerait toute la maison.

 

Stéphane Braunschweig a dit qu’il quittait la direction de l’Odéon essentiellement pour des questions économiques. Avez-vous eu des garanties de la part du ministère avant d’accepter le poste ?

 

Non. En revanche, j’ai été très clair dans les différentes notes et lors des discussions que j’ai eues avec le ministère sur la nécessité d’un soutien particulier de l’Etat. En 2023, l’Odéon a fait 800 000 euros de déficit. L’idée pour nous c’est de limiter ces prochaines années le plus possible ce déficit, avec l’aide du ministère de la Culture. Est-ce que ça sera simple ? Non.

 

Sur quels leviers allez-vous jouer ?

 

Nous travaillons sur la mise en place de collaborations européennes. Il faut qu’on puisse produire davantage de spectacles qu’on pourra emmener en tournée.

 

Mais les tournées sont chères ?

 

Ce sont des discussions que nous avons en interne. Comment collaborer davantage avec le réseau européen pour qu’il contribue à financer nos créations ? Comment créer des spectacles qui soient à la juste taille pour arriver à tourner sans que ça nous coûte de l’argent, voir nous en rapporte ? Nous continuons à travailler sur le taux de remplissage des salles, qui est déjà plutôt bon, à plus de 83 % de public payant. Il faut également élargir notre cercle de mécènes. Il n’y a pas de solution unique mais une série d’efforts qui, mis bout à bout, permettent d’avancer.

 

Allez-vous remettre en cause la convention collective de l’Odéon et ses annexes (qui régissent notamment le temps de travail, les primes, les catégories d’hôtel lors des tournées) ?

 

Je ne suis pas venu pour casser la convention. On s’attelle plutôt à questionner les usages millénaires de l’Odéon, voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne plus. On essaie de tout mettre à plat pour observer ce qu’on peut changer sans rien dégrader, en confiance, avec les différentes équipes. C’est peut-être un peu grandiloquent de le dire ainsi, mais on a tous envie de sauver ce théâtre.

 

Quand vous avez présenté à la ministre de la Culture votre projet, a-t-elle en retour exigé des contreparties ?

 

Non, il n’y a pas eu de demandes particulières de Rachida Dati qui ne seraient pas inscrites dans ma lettre de missions. Laquelle tient sur une page. Son axe : faire rayonner l’Odéon comme un grand théâtre européen tout en tenant la comptabilité de la maison.

 

La ministre a-t-elle des demandes particulières à propos des pièces de répertoire ?

 

Je n’ai pas à vous faire part de mes discussions avec la ministre ! Mais j’aimerais bien savoir ce qu’on appelle le théâtre de texte. Depuis que je fais du théâtre, on m’explique que le texte va disparaître. Angelica Liddell, c’est un texte. Je mets au plateau des romans de Thomas Mann et Thomas Bernhard. Donc, oui, il va y avoir de la littérature dans plein de spectacles sur les différents plateaux de l’Odéon. Par ailleurs, quand je suis appelé pour faire des mises en scène dans des théâtres en Europe, on m’appelle, pourquoi ? Parce que je suis l’un des seuls metteurs en scène contemporains à faire encore du théâtre de texte ! De quoi parle-t-on ?

 

On tente juste de savoir si dans votre programmation, il y aura également de la place pour le répertoire théâtral du XXe et des siècles précédents !

 

Oui ! Ce ne sera pas pour rassurer le public, mais parce que je crois en la littérature. L’opposition entre le théâtre de texte et sans texte est vide de sens. Si on en est encore là maintenant, c’est un motif de plus pour faire bouger ces lignes.

 

Comment accéder à un public le plus diversifié possible, quand on est situé dans le VIe arrondissement parisien, à la population on ne peut plus homogène ?

 

La question de la diversification des publics et de l’accès aux œuvres : ce sont les missions d’un directeur de théâtre et je les endosse. J’ai envie qu’on aille chercher les jeunes gens pour leur montrer ce que peut être cet art bizarre dont ils n’entendent parler qu’à l’école, et dont les sujets et les formes peuvent les bouleverser. Mais je n’irai pas demander aux artistes de devenir des êtres stratégiques. J’ai envie qu’ils creusent leur sillon vers le plus de profondeur possible, qu’ils soient en capacité de rater leur spectacle, d’échouer… et pas qu’ils entreprennent des spectacles pensés pour séduire soi-disant un maximum de gens.

 

Quel rôle peut tenir l’Odéon dans ce climat populiste, où l’extrême droite prend le pouvoir ?

 

Les théâtres sont des endroits de bataille, des lieux de résistance. D’autant que les salles subventionnées sont les premiers lieux attaqués quand l’extrême droite est au pouvoir. On le voit avec Meloni en Italie. C’est l’une des raisons qui me pousse à accueillir des artistes internationaux. Aujourd’hui, un artiste italien doit attendre de la France et d’autres pays européens d’être repérés. Sans l’aide de l’Europe, il n’y parvient pas. Ce n’était pas le cas avant. Je viens de Calais, où l’ancienne direction du Channel, scène nationale de Calais, a été débarquée par la municipalité LR. Je sais ce qu’est un théâtre qui navigue dans une forme de résistance. Je suis inquiet, mais cette inquiétude met les directrices et directeurs de théâtre toujours en éveil.

 

 

 

Légende photo : Paris, le 1er octobre 2024. Portrait de Julien Gosselin. (Marie Rouge/Libération)

 
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June 21, 2024 1:14 PM
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Julien Gosselin, nommé à la tête du Théâtre national de l’Odéon-Théâtre de l’Europe

Julien Gosselin, nommé à la tête du Théâtre national de l’Odéon-Théâtre de l’Europe | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Joëlle Gayot dans Le Monde, publié le 21 juin 2024

 

Le metteur en scène de 37 ans, adepte des «chocs  esthétiques », succédera le 15 juillet à Stéphane Braunschweig à la direction de la scène parisienne.

 

Lire l'article sur le site du "Monde" : 
https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/06/21/julien-gosselin-nomme-a-la-tete-du-theatre-national-de-l-odeon-theatre-de-l-europe_6242144_3246.html

 

La nouvelle est tombée le vendredi 21 juin : le metteur en scène Julien Gosselin prendra, à partir du 15 juillet, la direction du Théâtre national de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Paris. Nommé pour un mandat de cinq ans, sur proposition de la ministre de la culture, Rachida Dati, et sur décision du président de la République, cet artiste puissant, né en 1987, s’est formé au sein de l’école de théâtre du Centre dramatique de Lille, où il a cofondé, dès la fin de ses études, la compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur. Révélé en 2013 au Festival d’Avignon avec la création hilarante et cynique des Particules élémentaires, d’après le roman de Michel Houellebecq, il s’est d’emblée affirmé comme l’un des metteurs en scène les plus enthousiasmants de sa génération.

 

 

Julien Gosselin conçoit des spectacles uppercuts qui immergent le public dans des traversées au long cours. Vidéos, musiques, jeu pulsionnel, exacerbation des passions, corps-à-corps avec la part monstrueuse de l’humain, ses représentations, le plus souvent adaptées de romans-fleuves, laissent rarement indifférent. Le dernier spectacle en date, Extinction (créé à Montpellier en juin 2023), revenait aux sources maléfiques du nazisme à travers une exploration des œuvres de Thomas Bernhard et d’Arthur Schnitzler.

 

 

 

Ce propagateur de « chocs esthétiques » (la formule est de lui) succède à Stéphane Braunschweig, qui, en janvier, a renoncé à se présenter pour un troisième et dernier mandat à la tête de la maison. « Je n’avais plus les moyens de mener à bien mon projet artistique », avait-il alors déclaré au Monde, en déplorant le soutien insuffisant de ses tutelles alors que les caisses du théâtre étaient de plus en plus asséchées.

Préféré à Thomas Jolly

Placé sous la coupe directe du ministère des finances, l’Odéon bénéficiera-t-il du coup de pouce financier que réclamait, en vain, son ancien directeur ? Pour l’instant, Julien Gosselin ne souhaite pas s’exprimer. « Je suis très heureux, a-t-il fait savoir au “Monde”, mais avant de répondre aux demandes d’interview, je veux d’abord parler avec les équipes du théâtre. »

 
L’annonce de sa nomination clôt six mois d’incertitudes et de rumeurs qui sont allées bon train. Préféré à Thomas Jolly (dont le nom revenait avec insistance), Julien Gosselin prend en charge un théâtre aussi fragile économiquement qu’il est exemplaire artistiquement. Il arrive par ailleurs dans une maison qu’il connaît bien pour y avoir présenté quatre de ses spectacles : Les Particules élémentaires, en 2014 ; 2666, d’après Roberto Bolano, en 2016 ; Joueurs, Mao II, Les Noms, d’après Don DeLillo, en 2018 ; Le Passé, d’après Leonid Andreïev, en 2021.

 

 

Son projet, précise le communiqué de presse du ministère, « s’inscrit dans une approche résolument tournée vers l’Europe et vers la création, sous toutes ses formes ». Ouverture aux artistes du monde entier, à des concerts, des conférences, ouverture également aux étudiants en théâtre, rencontres avec des personnalités du monde artistique et intellectuel : la note d’intention est encore à l’état de promesses. Reste à savoir si ces dernières pourront se concrétiser alors que le théâtre de service public clame, depuis des mois, les difficultés financières extrêmes dans lesquelles il se trouve. Et que la France traverse une crise politique sans précédent. Cela fait longtemps que Julien Gosselin souhaitait assumer une direction. Il vient enfin de l’obtenir.

 

 

Joëlle Gayot / LE MONDE

 

 

Légende photo : Julien Gosselin à Lille, en 2013. PHILIPPE HUGUEN/AFP

 

 

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June 3, 2023 6:49 PM
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Au Printemps des comédiens, Ivo van Hove et Julien Gosselin à cor et à cri

Au Printemps des comédiens, Ivo van Hove et Julien Gosselin à cor et à cri | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Joëlle Gayot (Montpellier, envoyée spéciale) dans Le Monde,  le 3 juin 2023 

 

 

 Avec « Après la répétition/Persona » et « Extinction », les deux metteurs en scène mettent à vif les nerfs des spectateurs, secoués par des débordements physiques et émotionnels.

Lire l'article sur le site du "Monde" : 
https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/06/03/au-printemps-des-comediens-a-montpellier-ivo-van-hove-et-julien-gosselin-font-du-theatre-a-cor-et-a-cri_6176040_3246.html

Le théâtre est hors de lui et il le fait savoir. Au Printemps des comédiens, deux artistes expédient leurs spectacles aux confins du raisonnable. Le premier, Julien Gosselin, en forçant les limites de ce que peut, veut et va endurer le public. Le second, Ivo van Hove, en imposant une scène où les sanglots et les cris sont les carburants d’un jeu épidermique.

 

 

Avec sa mise en scène d’Extinction, d’après Thomas Bernhard (1931-1989), Julien Gosselin livre une épopée furieuse de plus de cinq heures en terre d’écriture autrichienne. Elle est portée par une équipe exceptionnelle d’acteurs français et allemands (ces derniers viennent de la Volksbühne à Berlin). Cette traversée fracassante démarre par un concert techno avec danse collective autour des DJ. Elle se poursuit par une immersion dans les nasses psychologiques d’Arthur Schnitzler (1862-1931) dont trois textes sont tricotés entre eux (La Nouvelle rêvée, La Comédie des séductions, Mademoiselle Else).

 

 

 

Elle s’aventure dans Lettre de Lord Chandos, de Hugo von Hoffmannsthal (1874-1929) avant de s’achever par les mots de Bernhard. Alors seulement, la tempête s’apaise, abandonnant les décibels sonores, les volutes de cigarettes, le brouhaha des corps, les vociférations des acteurs, les vidéos noir et blanc tournées en live par des cameramen voltigeurs. Seule sur une estrade, l’actrice Rosa Lembeck dit calmement le début d’Extinction, la mort des parents et du frère, le retour du narrateur vers le château familial où se tapit le nazisme persistant d’une Autriche qu’il exècre.

Derrière la culture, le pire de l’humain

On reçoit ce récit les nerfs à vif, fourbu par le chaos qui l’a précédé. Certains ont déserté la salle. Ceux qui ont résisté reconsidèrent ce qu’ils viennent de vivre. Eclairés par la rhétorique lucide de Bernhard, ils se repassent le spectacle depuis sa mise en bouche (le concert immersif) jusqu’au plat de résistance : les deux heures trente en compagnie des protagonistes schnitzleriens, une communauté d’hommes et de femmes dont l’élégance accouchera du pire de l’humain. Filmés par un groupe de caméras, les comédiens évoluent derrière un décor de façade juxtaposant une chambre à coucher, un vestibule, un salon et une salle de bains.

 

 

Chandeliers, verres à pied, cigares, piano et dîner chaleureux : les Autrichiens du début du XXe siècle sont des épicuriens lettrés. Ils parlent de musique, de littérature, de peinture. Ils sont beaux, spirituels. Rien ne permet de soupçonner ce qu’ils vont devenir. Sauf les femmes sur lesquelles s’attardent les objectifs et qui, leurs regards fixés vers un horizon invisible, semblent deviner qu’une tragédie se profile. Albertine, Aurélie et Else vont défaire méthodiquement ce qui fait couple, famille, société, morale. La première en avouant à son mari ses pulsions sexuelles (La Nouvelle rêvée, de Schnitzler, a inspiré à Stanley Kubrick son film Eye Wide Shut). La seconde en couchant avec son frère. La troisième en sacrifiant sa pudeur pour sauver son père de la faillite. Toutes trois manient le masochisme et le sadisme avec un égal talent, tandis que le vernis civilisé des hommes se craquelle insidieusement. C’est donc chez ces êtres propres sur eux que mature une perversité appelée à se muer en monstruosité, chez ces phraseurs qui citent Mondrian et Schönberg que s’épanouit le nazisme.

 

 

Fascisme rampant

Julien Gosselin prend plus de deux heures avant de mettre les points sur les i du fascisme rampant, non sans avoir opéré un détour par Hoffmannsthal dont la poésie est impuissante à stopper le cauchemar : les masques tombent lors d’une scène apocalyptique convoquant un cinéma d’angoisse (des Oiseaux d’Hitchcock à Melancholia de Lars von Trier). Rendus à leur sauvagerie, les Autrichiens enfilent des costumes bavarois et s’adonnent à un jeu de massacre. Sans tronçonneuse mais à coups de hache sanglante.

 

L’ambiance à couper au couteau précipite le public entre exaspération, fascination, épuisement et sidération. La confusion du spectateur n’est pas anecdotique. Elle signifie que Gosselin a su agir sur lui avec un aplomb diabolique en le piégeant dans les filets serrés de l’intellect et du sensible.

 

 

Ecrivant Extinction, Thomas Bernhard visait sa propre désintégration. A son corps défendant, le public subit une même expérience. Si beaucoup peut être reproché au metteur en scène (ses outrances, sa noirceur ou son usage immodéré du cinéma), une chose est sûre : il croit tellement au théâtre, à son pouvoir de contamination et à sa mission émancipatrice, qu’il prend en son nom des risques inconsidérés. Ça passe ou ça casse. Mais le fait est : la scène est ici le lieu d’un enjeu artistique et politique qui place chacun à hauteur d’homme et de citoyen.

Personnages au bout du rouleau

Avec Ivo van Hove, metteur en scène belge, le théâtre se fait plus intime mais tout aussi urticant : personne n’aime voir un homme, une femme ou un couple se donner en spectacle. Or nous sommes au spectacle de gens qui se donnent en spectacle, et plutôt deux fois qu’une, puisque le metteur en scène belge propose (douze ans après l’avoir créé avec des acteurs hollandais) un diptyque associant Après la répétition et Persona. Rapatriés du grand écran aux planches de bois, ces drames du suédois Ingmar Bergman dissèquent, à grand renfort de débordements physiques et émotionnels, les subjectivités d’artistes au bout du rouleau.

Présentés dans l’ordre inverse de leur création – Après la répétition date de 1984 et Persona de 1966 –, les scénarios se donnent la réplique. L’un convoque un metteur en scène qui ne veut pas quitter le théâtre, le second une actrice qui l’a fui en se réfugiant dans le silence. Dans les deux cas, l’art est incapable de réparer les dégâts causés par la vie (et vice versa). En proie à des tortures mentales et sentimentales abyssales, les héros traversent l’enfer sur terre.

 

 

Après la Répétition surexpose les affres de Vogler, metteur en scène vieillissant (Charles Berling) aux prises amoureuses et professionnelles avec une jeune actrice. Elle le trouble d’autant plus qu’elle est la fille d’une comédienne dont il fut l’amant et qui revient hanter sa mémoire. Portrait dévastateur d’un homme cramponné à ses fantasmes d’un art qui ne l’affecterait pas : « Je ne participe pas au drame, je fais en sorte qu’il existe », assène le personnage. Sauf que la plainte de Rachel, son ex-maîtresse morte de n’avoir plus été désirée parce que trop délabrée, le rappelle à sa réalité. Lui aussi a le corps mou et se dirige vers la fin de son rôle. Il peut bien vivre nuit et jour dans une salle de répétition, rien n’empêchera la vérité d’en franchir le seuil.

« La paix, l’ordre et la courtoisie »

C’est par une étroite porte que Rachel, venue réclamer justice, entre sur scène. Un froid rectangle gris avec canapé, chaises, table, caméra sur trépied, toile blanche (le cinéma est cité avec parcimonie). Reclus entre ses murs, Charles Berling porte sur ses épaules le poids des désillusions. Il incarne avec abnégation l’impuissance d’un homme castré par le couperet de l’âge et le tranchant de la culpabilité. Lui qui voulait « la paix, l’ordre et la courtoisie » en prend pour son grade. L’irruption d’Emmanuelle Bercot en Rachel est synonyme de crises de nerfs répétées. Une façon de jouer l’exacerbation qu’Ivo Van Hove remet au goût du jour, sans craindre la surenchère de pathos.

 

 

La seconde partie du diptyque, Persona, amplifie le naufrage de ces artistes en perdition. Après un entracte, les lumières se lèvent sur une table de fer où Emmanuelle Bercot – dont il faut souligner le don sans réserve qu’elle fait d’elle-même à cette représentation – s’allonge nue. Focus, cette fois, sur une héroïne qui a choisi le mutisme après avoir joué Electre. Sous la houlette de sa supérieure (Elizabeth Mazev), une jeune infirmière (Justine Bachelet) tente de briser l’enfermement de la malade en monologuant à marche forcée sur tout et sur rien. Ses mots opèrent une trouée dans le silence. Ce qui se traduit par une explosion du cadre scénique. Les murs s’effondrent, le plateau est un radeau précaire qui flotte sur un lac étale. Des ventilateurs latéraux vrombissent, arrosant les interprètes d’une pluie torrentielle. Elles sont trempées, nettoyées, purifiées. Si l’image est splendide, la métaphore est plus qu’insistante. Mais nous sommes au spectacle de héros qui se donnent en spectacle et ce, jusqu’à extinction totale des lumières. Ivo Van Hove fait en sorte qu’on ne l’oublie pas. Son parti pris est agaçant mais d’une cohérence sans faille.

 

Extinction, d’après Thomas Bernhard, Arthur Schnitzler et Hugo von Hofmannsthal. Mise en scène de Julien Gosselin. Les 3 et 4 juin au Printemps des comédiens (Montpellier), les 12 et 13 juin au Wiener Festwochen (Vienne), du 7 au 12 juillet au Festival d’Avignon, puis tournée jusqu’en mars 2024.

 

 

Après la répétition/Persona. Ingmar Bergman. Mise en scène d’Ivo van Hove. Les 3 et 4 juin au Printemps des comédiens (Montpellier), du 28 septembre au 1er octobre à Châteauvallon-Liberté (Toulon) et du 6 au 24 novembre au Théâtre de la Ville (Paris), puis en tournée jusqu’en mai 2024.

 

Joëlle Gayot(Montpellier, envoyée spéciale)

 

Légende photo : Charles Berling et Justine Bachelet dans « Après la répétition/Persona », d’Ivo van Hove, en mai 2023. MARIE CLAUZADE

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May 21, 2020 3:42 PM
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Julien Gosselin : "Je suis pétrifié par le manque de réactivité du gouvernement sur l'art et de la culture"

Julien Gosselin : "Je suis pétrifié par le manque de réactivité du gouvernement sur l'art et de la culture" | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Arnaud Laporte s'entretient avec le metteur en scène Julien Gosselin. Pour France Culture, le 21 mai 2020

Ecouter l'entretien (5 mn)

Son adaptation et sa mise en scène des Particules élémentaires de Michel Houellebecq avait été l’évènement du Festival d'Avignon 2013. Julien Gosselin n’avait alors que 26 ans. Il a poursuivi ce chemin d’adaptations littéraires au long cours avec 2666 d'après Roberto Bolaño puis avec une trilogie d’après Don DeLillo.

Aujourd’hui, Arnaud Laporte, producteur de La Dispute et des Masterclasses, interroge le metteur en scène Julien Gosselin, qui présentait jusqu’à la crise sanitaire ses spectacles dans le monde entier.

A quoi pensez-vous ?

Julien Gosselin : Je pense au théâtre que je vais faire après tout ça, le plus vite possible. Je commence sérieusement à m'ennuyer. Enfin, pas tant à m'ennuyer d'ailleurs, parce que je peux goûter la période à certains égards, mais disons que plus j'ignore ce qu'il faut faire comme théâtre après ça, plus j'ignore quelles formes vont sortir de tout ça, et plus j'ai envie très, très vite de me remettre au travail. Donc c'est une des obsessions du moment : la lecture, l'écoute de musique, la tentative d'être ouvert au maximum et de travailler à ce que va être l'après. Je dois dire que je pense aussi beaucoup à mes amis, parce qu'ils me manquent et que j'ai hâte de les retrouver.

Est ce qu'il y a des choses que vous avez décidé de ne plus faire ?

C'est très difficile de répondre à cette question. J'aimerais bien avoir une proposition radicale à faire. Il se trouve que dans ma vie personnelle, j'ai une façon de consommer qui est relativement raisonnable. J'essaye de bien me nourrir, je n'achète pas ou peu de vêtements, j'ai très peu de biens matériels avec moi parce que je bouge beaucoup. Je bouge beaucoup et ça, ça pourrait être une chose à changer. Je me pose beaucoup de questions sur la façon dont se produisent les spectacles et les tournées. Je travaille selon un modèle qui est celui d'une compagnie indépendante et européenne, donc on a tendance à beaucoup tourner, à beaucoup se déplacer et en même temps, c'est comme ça qu'on arrive à maintenir une économie qui nous permet de faire des spectacles et de payer des artistes et des techniciens avec qui on travaille. Donc, peut-être qu'il y a des choses à changer à l'intérieur de ça, mais je ne peux pas le faire tout seul. Il faut que le modèle général change totalement.

Qu’attendez-vous des autres ?

Je suis assez déçu du manque de réponses, même si le président Macron a donné quelques éléments concernant la culture. Je suis quand même pétrifié par le manque de réactivité que peut avoir le gouvernement sur les questions de l'art et de la culture. Quand j'entends - je sais que cette information a été beaucoup reprise - que plusieurs dizaines de milliards sont débloqués par le gouvernement allemand pour la culture, je crois qu'il y a quelque chose d'immense qui pourrait sortir de ce moment là, il y a quelque chose de l'ordre d'un changement de la politique culturelle, de vrais choix qui pourraient être faits, mais on sent qu'aujourd'hui, comme dit Michel Houellebecq, cela va être « le même monde en un peu pire ». Je ne sais pas si ça va être « un peu pire », mais en tout cas, c'est toujours le même monde aujourd'hui. Mais je ne suis pas du tout résigné, même à titre très personnel. Je vais continuer à me battre, parce que je pense qu'il faut qu'il y ait quelque chose à faire en ce qui concerne mon art, le théâtre, dans le monde qui vient.

Est-ce que cette crise que l'on traverse a changé votre rapport au temps ?

Je souhaite profondément qu'elle l'ait changé à très long terme. Elle l'a changé pendant les dernières semaines et les derniers mois. Je suis quelqu'un qui fonctionnait avec une forme d'angoisse terrible et continue, qui avait tendance à être complètement paralysé. La nécessité de travailler toujours et toujours plus, d'être toujours dans le futur et jamais dans le présent, avait tendance à paralyser complètement les moments qui devaient être les moments de présent. Je crois que j'ai redécouvert quelque chose de très doux et très agréable, le fonctionnement d'heure en heure où au final, on se rend compte qu'on a fait plus de choses à la fin de la journée, mais qu'on les a faites avec plus de délicatesse ou plus doucement. Je dois dire aussi que je suis quelqu'un qui passe sa vie dans des avions, dans des trains, j'en prends un par jour, et qui traîne tout le temps dans les bistrots, alors, je ne sais pas si on peut parler de rapport au temps, mais ma vie est quand même extrêmement modifiée.

Il y a beaucoup de questionnements autour de la réouverture des salles de spectacles, est-ce que vous pensez que le théâtre doit « s'adresser » différemment désormais ?

Je crois qu'il y a quelque chose qu'il ne faut pas perdre de vue, et je pense que ce serait un des plus mauvais enseignements à tirer de cette crise qu'on est en train de vivre, que l'on demande aux artistes d'être immédiatement en connexion directe avec le public. Evidemment, j'ai une hâte folle de tourner mes spectacles et de retrouver le public, mais il ne faut pas oublier que l'art c'est du travail et je pense que si on comparait en littérature l'écriture d'un grand roman avec l'écriture d'un journal de confinement, il y a une œuvre d'un côté qui est immédiate, qui peut avoir sa dose de pauvreté littéraire, et de l'autre côté, il y a des choses qui demandent du travail. Je veux bien continuer à faire des lectures sur Internet, et je veux bien continuer à faire en sorte que les gens puissent goûter quelque chose qui a à voir avec le théâtre dans ces prochaines semaines, mais j'ai envie de préparer des très grands spectacles pour que les gens puissent les voir quand, enfin, on pourra retrouver des conditions de vie à peu près normales. Laissons-nous le temps de travailler un petit peu.

Qu’avez-vous envie de partager ?

Je vous parlais de spectacle, et j'ai une très forte envie, justement, que le plus grand art puisse être partagé dès que possible. Je ne suis pas quelqu'un qui travaille avec la simplification ou qui travaille avec la vulgarisation. Je crois très fort à l'idée d'acharnement. Je pense que l'accès à l'art ou à la culture se produit avec des chocs esthétiques, et que c'est le rôle des artistes de se battre pour que l'art le plus complexe, le plus riche, le plus intense, le plus intéressant puisse être partagé avec le plus grand nombre. Je crois qu'il n'y a pas du tout de dichotomie entre le plus grand nombre et le plus grand art. Simplement, il faut se battre continuellement. Donc, j'ai envie de partager un verre de vin avec mes amis, et puis de partager le plus grand théâtre possible avec tout le monde.

Julien Gosselin, jeudi 21 mai 2020

À RÉÉCOUTER
Légende photo : Julien Gosselin• Crédits : Philippe Huguen - AFP

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January 31, 2015 9:39 AM
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Houellebecq adapté au théâtre : "une langue agréable à dire et à projeter" -

Houellebecq adapté au théâtre : "une langue agréable à dire et à projeter" - | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Parmi les nombreux comédiens venus grossir les rangs du collectif « Si vous pouviez lécher mon cœur », Joseph Drouet interprète plusieurs personnages d’un spectacle adapté du roman Les Particules élémentaires, à voir au théâtre des Célestins. Il revient sur le travail d’adaptation.


Petit Bulletin : Comment avez-vous travaillé cette adaptation ?

Julien Drouet : Les membres du collectif ont un rapport très fort au texte, ils travaillent beaucoup à la table, cherchent le rythme de chaque réplique… Ca a l’air très vivant et très naturel, pour autant c’est très précis.

Les quatre personnages principaux étaient distribués dès le début, nous avons su assez vite quelle partie nous allions avoir pour pouvoir la creuser.

« Nous n’étions pas tous fans au départ »

Julien Gosselin est un directeur d’acteurs. Il peut être dur sur les choses qu’il veut obtenir. Le placement et la mise en scène l’intéressent assez peu, ce qui est important pour lui c’est l’interprétation et comment on traite tel ou tel personnage. Il s’agit de restituer le texte simplement mais en étant engagé. C’est presque du chœur de tragédie.

Etiez-vous familier de Michel Houellebecq avant cette création ?

Oui, je connaissais quelques romans. J’aimais beaucoup. Nous n’étions pas tous fans au départ, mais nous étions assez convaincus car l’adaptation est vivante.

Au milieu de tout le marasme pessimiste que l’on peut voir en premier lieu, il y a beaucoup de poésie. C’est une écriture très imagée qui se prête assez bien au monologue ou à la scansion, qui véhicule des sentiments très forts, des passions. Et la langue est agréable à dire, à projeter.

 

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Les Particules Elementaires
De Michel Houellebecq, mis en scène par Julien Gosselin, 3H40
Au Théâtre des Célestins (Lyon 2e) – du 3 au 7 février 2015 à 20 heures.

Par Florence Barnola sur lepetit-bulletin.fr.


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October 12, 2014 4:33 AM
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Julien Gosselin et ses acteurs lèchent avidement le cœur de Michel Houellebecq

Julien Gosselin et ses acteurs lèchent avidement le cœur de Michel Houellebecq | Revue de presse théâtre | Scoop.it
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C’est au sortir de l’école de Lille (alors dirigée par Stuart Seide) que Gosselin et ses camarades ont créé leur compagnie en 2009. Premier spectacle « Gênes 01 » de Fausto Paradivino, créé à Lille au Théâtre du Nord, puis, avant Nordey, « Tristesse animal noir » d’Anja Hillingcréé au Théâtre de Vanves. Deux belles et fortes pièces.

Et il en va ainsi du roman de Houellebecq, auteur que Gosselin considère comme « un des plus grands écrivains vivants du monde ». Mieux encore, souligne-t-il, son écriture est « faite pour le théâtre » en ce sens que loin d’être monolithique, elle brasse, bouffe à tous les râteliers, elle est « impure, totale, polyphonique, bâtarde », dit-il, donc « éminemment théâtrale ».

L’héritier de Gainsbarre

Et c’est là la première vertu de cette version théâtrale des « Particules élémentaires » : faire entendre la langue de Houellebecq à ceux qui en ont entendu parler mais ne l’ont pas ou peu lu, la connaissance de l’œuvre étant filtrée par l’image caricaturée du personnage. Par là même, le spectacle contribue à brouiller l’image médiatique de l’auteur que l’on connaît : ce type efflanqué à la gueule un peu de travers, le visage pale, les yeux ensuqués, le parler évanescent vantant l’utilité sociale du tourisme sexuel tout en fumant, entre le troisième et le quatre doigt de sa main droite, cigarette sur cigarette à longueur d’interview.

 

Jean-Pierre Thibaudat pour son blog "Théâtre et Balagan sur Rue 89

 

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"Les Particules élémentaires" d'après Michel HouellebecqAdaptation, mise en scène et scénographie Juliens Gosselin, par le collectif Si vous pouviez lécher mon cœur Théâtre de L'Odéon, Ateliers Berthier, dans le cadre du Festival d »Automne, du 9 oct. au 14 nov., mar. au sam. 19h30, dim 15 heures (3h45 avec entracte).Puis tournée jusqu'en juin 2015  : Rennes, Valenciennes, Mulhouse, Nantes, Le Mans, Evreux, Vire, Tours, Marseille, Draguignan, Châteauvallon, Saint-Etienne, Valence, Annemasse, Lyon, Rouen, Creil, Quimper, Clermont-Ferrand, Grenoble, Toulouse, Lorient, Orléans, Poitiers, Niort, Besançon, Lausanne, Chambéry, Annecy, Perpignan, Angers, Vélizy-Villacoublay, Montpellier.
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September 6, 2014 3:08 AM
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Les particules élémentaires - Journal La Terrasse

Les particules élémentaires - Journal La Terrasse | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Julien Gosselin et sa troupe s’emparent du roman de Michel Houellebecq et en donnent une adaptation qui fut l’un des succès du Festival d’Avignon 2013.

 

Critique de Gwénola David parue dans La Terrasse de septembre

 

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LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

du 9 octobre 2014 au 14 novembre 2014

Ateliers Berthier
1 Rue André Suares, 75017 Paris, France

à 19h30, dimanche à 15h, relâche lundi. Tél. : 01 44 85 40 40. Durée : 3h40. 

 

Le spectateur de Belleville's insight:

Dès le 9 octobre aux Ateliers Berthier, Odéon, Paris.

 

Et toute la saison dans de nombreuses villes de France

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June 21, 2024 1:21 PM
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Le metteur en scène Julien Gosselin nommé à la tête du théâtre de l’Odéon 

Le metteur en scène Julien Gosselin nommé à la tête du théâtre de l’Odéon  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

par Anne Diatkine et Rémi Guezodje dans Libération / 21 juin 2024

 

 

 
Connu pour ses adaptations impressionnantes, l’artiste, nommé ce 21 juin par Emmanuel Macron, prend la succession de Stéphane Braunschweig. A la direction de la salle parisienne réputée difficile, il devra «garantir la polyvalence» du lieu, malgré un manque de moyens critiqué par son prédécesseur.

 

 

C’est donc bien lui, la rumeur était fondée, et on ne saurait s’en plaindre. Depuis plus d’un mois, elle donnait le metteur en scène Julien Gosselin prochain directeur du théâtre de l’Odéon-théâtre de l’Europe. On s’étonnait tout juste que le suspense s’étire. Le metteur en scène bien aimé dans ces pages, fondateur du collectif Si vous pouviez lécher mon cœur, et dont la dernière création,  Extinctiond’après Thomas Bernhard, Schnitzler et Hofmannsthal a été créée au dernier festival d’Avignon, vient d’être nommé par le président de la République, ce 21 juin, à la direction du théâtre, sur proposition de la ministre de la Culture, Rachida Dati.

«Paradoxe des grands théâtres nationaux»

Il prend la suite de Stéphane Braunschweig, qui avait annoncé en décembre à Libération ne pas se présenter à sa propre succession, pour cause d’absence totale de marge artistique pour poursuivre son projet, lequel implique des créations, l’invitation de plusieurs spectacles étrangers, et des prises de risques, des découvertes. Une quadrature du cercle telle que tous les autres metteurs en scène approchés – Thomas JollyThomas Ostermeier – ont décliné les avances qui leur étaient faites. Comment fera Julien Gosselin qui aurait accepté ce poste sans augmentation de budget ? A-t-il au bout du compte obtenu de la ministre de la Culture, très probablement éphémère, l’assurance que des moyens financiers viendraient à la rescousse ? A-t-il prévu d’engager des négociations pour modifier la convention collective réputée très difficile à réécrire au profit de la marge artistique ?

 

 

«Le paradoxe de ces grands théâtres nationaux est qu’ils sont en état de marche mais sans moyen pour l’artistique. Sans augmentation de la subvention, Julien prend un grand risque»,  analyse un artiste et ancien directeur d’une grande maison. La nomination de Gosselin, connu pour ses adaptations impressionnantes d’œuvres littéraires dont les Particules élémentaires de Houellebecq en 2013, et le roman-fleuve de Roberto Bolaño 2666 en 2016, interroge sur la stratégie qui pourrait être la sienne pour réussir à montrer des œuvres d’envergure internationale – les siennes et celles des autres – mais aussi les faire tourner dès lors que l’Odéon est producteur.

 

Programmation ouverte aux artistes du monde entier

Dans son communiqué, Rachida Dati confirme néanmoins que Julien Gosselin aura pour mission de garantir la polyvalence offerte par le théâtre de l’Odéon et les Ateliers Berthier, tout en proposant une programmation ouverte aux artistes du monde entier, des concerts et des conférences sur le site historique, ainsi que des temps forts de festivals. Julien Gosselin prendra ses fonctions au 15 juillet 2024. Il n’a auparavant jamais dirigé de théâtre. A la veille des législatives, il prend la tête de ce grand théâtre public réputé difficile dans un contexte politique incroyablement incertain. Devra-t-il en faire un lieu de résistance ?

 
 
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July 7, 2023 5:48 PM
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Julien Gosselin, metteur en scène : « J’ai besoin que mon théâtre évoque un temps perdu »

Julien Gosselin, metteur en scène : « J’ai besoin que mon théâtre évoque un temps perdu » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Propos recueillis par Joëlle Gayot dans Le Monde - 7 juillet 2023

 

Le metteur en scène présente au Festival d’Avignon « Extinction », d’après Thomas Bernhard, Arthur Schnitzler et Hugo von Hofmannsthal, et revient, dans un entretien au « Monde », sur ce qui le motive à pousser son art dans ses retranchements.

 

Lire l'article sur le site du "Monde" : 
https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/07/07/julien-gosselin-metteur-en-scene-j-ai-besoin-que-mon-theatre-evoque-un-temps-perdu_6181034_3246.html?fbclid=IwAR028xDlzz0zXaNUkIuKMf1bAxaKisnR1ObE2t7EK0cU9ZIyU-WWo8jafQI#xtor=AL-32280270-%5Bfacebook%5D-%5Bios%5D

Après avoir adapté pour le théâtre des romans de Michel Houellebecq, de Roberto Bolaño ou de Don DeLillo, Julien Gosselin met en scène Extinction au Festival d’Avignon. Porté par une troupe d’acteurs français et allemands, musclé par des vidéos filmées en direct, ce spectacle monumental, d’une durée de 5 h 30, s’appuie sur les textes d’écrivains autrichiens qui alimentent une plongée vertigineuse dans la barbarie humaine.

 

 

 

Le récit de Thomas Bernhard donne son titre au spectacle. Mais de quelles autres extinctions est-il question dans votre représentation ?

Cela fait sept ou huit ans que je souhaite faire un spectacle sur la fin du monde, sur la disparition de l’espèce et que je veux démarrer par un acte antithéâtral. Mon spectacle est vu à travers les yeux d’une jeune femme qui observe ce que ma génération et celles de mes aînés (Lars Von Trier ou Michael Haneke) ont produit : une extrême noirceur. D’une certaine façon, la représentation va contre ce que j’ai été et ce que j’ai aimé. Je cherche à générer trois extinctions successives. La première fait mine d’évacuer le théâtre au profit d’une rave-party collective. Cette séquence provoque un dissensus parmi le public. Pour la deuxième, je pousse les curseurs : la vidéo domine la scène et, en traversant les textes de Schnitzler et d’Hofmannsthal, je mets en jeu un nihilisme absolu. La troisième est un moment de pure littérature amené par le récit de Thomas Bernhard.

Ces extinctions englobent-elles aussi le péril écologique ?

On ne peut plus, en tant qu’artiste, s’abstraire de cette réalité. Les menaces qui pèsent sur la planète et les espèces annoncent la finitude de choses qu’on croyait immuables. La notion d’art elle-même est mise en crise par la tentation de l’aquoibonisme : pourquoi continuer à créer alors qu’il est devenu impossible de penser le monde comme un infini ? Depuis dix ans, je mets en scène des spectacles où l’humain disparaît. Je devais clore ce cycle, aller au bout de l’anéantissement du civilisé, du langage, du vivant. Mais la dernière image (une flamme dans la main d’une femme) est, me semble-t-il, une note d’espoir. L’extinction est une inflammation.

Les femmes sont beaucoup mises en avant dans la représentation. Pourquoi ?

L’âge venant, il me faut de plus en plus passer par des figures qui se positionnent contre le monde et, aujourd’hui, ce sont majoritairement les femmes qui incarnent la radicalité. Elles sont les fers de lance de la destruction des ordres établis. Lorsque j’ai lu Extinction, je ne pouvais pas imaginer la voix d’un homme de 60 ans, l’âge qu’avait alors Thomas Bernhard. Il fallait évidemment que ce soit une jeune femme.

La seconde partie du spectacle, qui s’appuie sur Arthur Schnitzler, déploie un groupe de Viennois éduqués du début du XXe siècle qui se livre à une cérémonie d’une rare sauvagerie. Que vouliez-vous montrer ?

En 1913, Vienne domine l’Europe. Elle est la ville où on croise les plus grands architectes, peintres, musiciens et écrivains. Comment cette société pouvait-elle porter les germes de la barbarie et de la mort ? Nous racontons la fin d’un monde qui se croyait vainqueur et se pensait tout en haut.

Avez-vous pensé, en mettant en scène ces personnages qui dérapent vers le nazisme, aux penchants ultradroitiers de certains intellectuels français ?

Je ne parle pas par hasard d’une extinction de moi-même. C’est un spectacle fait par un jeune homme qui a monté Michel Houellebecq voici dix ans et qui a constaté, depuis, la faillite de ce qu’il pensait être une radicalité littéraire. Les réactionnaires contemporains décrivent notre société en évoquant un déclin lent qui signerait la fin de la civilisation. Il y a sans doute chez eux un réel plaisir à aller vers la barbarie. Ils ont cru que manipuler le mal sans y prêter attention pouvait relever d’une forme de spiritualité.

Vous dites que le théâtre est un punching-ball, l’usage de la vidéo participant des coups que vous lui portez.  Etes-vous toujours en lutte avec lui ?

Non, je me suis réconcilié avec le théâtre. Je sais aujourd’hui que c’est l’art que je veux faire toute ma vie. J’ai l’impression de travailler le lien entre le spectateur et ce qu’il observe, c’est-à-dire le plateau. Pendant des années, j’ai utilisé cet outil vidéo parce qu’il me permettait d’éloigner la représentation en retirant la notion de présent pour augmenter la notion de passé. Mes premiers spectacles commençaient par des formes narrées qui racontaient au passé ce que les personnages vivaient. La caméra m’a aidé à aller dans ce sens car elle augmente la sensation de disparition des êtres. J’ai besoin que mon théâtre évoque un temps oublié ou perdu, qu’il soit une célébration des morts.

Durée du spectacle, séquences de jeu parfois éprouvantes : faut-il prendre le risque d’épuiser le spectateur ?

Je crée en disant aux acteurs : « Il faut que la salle soit vide à la fin. » Et puis, lorsque les spectateurs sont là, j’ai envie qu’ils nous aiment. J’ai les moyens de faire des spectacles visibles et qui coûtent de l’argent. Si je ne prends pas ce risque, alors je ne sais pas ce que je fais là. Si, dans le théâtre public subventionné, nous ne prenons pas ce risque, qui va le prendre ?

 

 

Extinction. D’après Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannsthal, Thomas Bernhard. Mise en scène Julien Gosselin. Cour du lycée Saint-Joseph, à Avignon. Durée : 5 h 30. Du 7 au 12 juillet.

 

Joëlle Gayot

 

Légende photo : Julien Gosselin, en juillet 2021. SIMON GOSSELIN

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June 2, 2023 8:04 AM
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«Extinction» de Julien Gosselin, rallumer le feu 

«Extinction» de Julien Gosselin, rallumer le feu  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Eve Beauvallet dans Libération, 1er juin 2023

 

Des civilisations en train de s’effondrer, un set électro, deux générations qui s’affrontent entre nihilisme et révolte. Intrusion, début mai, sur les répétitions de la nouvelle pièce multimédia du metteur en scène calaisien, attendue ce vendredi 2 juin en ouverture du festival le Printemps des comédiens.

 

 

Qu’ils sont beaux, qu’ils sont distingués, ces Viennois des années 1910, dans le faste de leurs costumes froufroutants, la magnificence de leurs meubles, la beauté de la langue d’Arthur Schnitzler, l’effervescence de leur art ! Bientôt, ils crèveront tous. Julien Gosselin ne sait pas encore comment aura lieu ce crash civilisationnel, peut-être dans une sorte de danse tyrolienne, dit-il avec élan. En tout cas il s’agira de montrer, avec ce nouveau monument multimédia Extinction, que la fin d’un monde peut coïncider avec le point le plus pur et sophistiqué de la culture. Youpi ? Précisément : l’apocalypse totale donne à ce metteur en scène baudelairien un indéniable peps. Et ainsi poursuit-il un road trip aux confins du Mal entamé depuis une bonne dizaine d’années, chemin tortueux sur lequel il a croisé les semi-remorques de la littérature occidentale Michel Houellebecq, Roberto Bolaño ou Don DeLillo, et admiré ceux qui jouaient avec le plus de paradoxes sur la glissière de sécurité philosophique.

Bougon ambivalent

Début mai, sur le plateau de répétition où glissent les caméras, semble suinter la bile noire du Melancholia de Lars von Trier. Gosselin dévale, remonte, redévale les gradins de la grande halle du Channel à Calais, change de siège, multiplie les points de vue, peaufine ses orientations de jeu – «moins ch’ti, plus Elon Musk» – teste, échoue, recommence. Il cherche l’image parfaite du diable, ne la trouve pas. Il faut quelque chose de «plus étrange», de plus «dégueu», qui tranche davantage avec ce décor bourgeois au bord de l’effondrement. Une partie de l’équipe d’acteurs, franco-allemande, patiente en veston et clope au bec. Il leur dit : «C’est une après-midi un peu frustrante, je sais. Mais on va vraiment échouer encore plusieurs fois, faites-moi confiance on finira par trouver la bonne version.»

 

 

Dans la version idéale d’Extinction – peut-être celle que découvriront les spectateurs du Printemps des comédiens et du Festival d’Avignon – il y aurait donc trois tableaux. Le premier serait un set electro. Le second, un drame théâtral capté-monté en live qui représente une époque révolue et une forme d’art dépassée, le théâtre académique. Le troisième est un monologue lance-flammes signé Thomas Bernhard. Encore un bougon ambivalent comme il les aime, c’est vrai. Mais un bougon éruptif qui porte en lui, contre le nihilisme amorphe, et dans les glaviots vivifiants qu’il crache à la face du lecteur, la possibilité d’une île : celle de la colère comme puissance motrice. Le combat, voilà l’issue, peut-être.

 

Monde voué à brûler

La trajectoire de la pièce, «si j’y arrive», poursuit Gosselin, ce serait celle d’une nouvelle ère qui observerait une civilisation éteinte. Il y avait déjà ce regard rétrospectif dans sa pièce le Passé. Et aussi dans l’ouverture des Particules élémentaires, ce roman de Michel Houellebecq qu’il a adapté en 2013 et tourné à l’international. «A l’époque, je trouvais intéressant de ramener au théâtre une littérature de droite minoritaire. Aujourd’hui, le discours est tellement banalisé que je ne le remonterai pas.» A la suite de la tournée des Particules, justement, plusieurs jeunes gens, notamment des femmes, souvent à l’étranger, ont signifié au metteur scène qu’ils n’aimaient pas sa vision du monde, celle que Gosselin a nourrie pendant des années de lectures et visionnages des Michael Haneke ou Bret Easton Ellis. Aujourd’hui, dans Extinction, c’est cette «tension» entre deux conceptions de l’art qu’il aimerait mettre en scène, celle d’une jeune génération combative versus la sienne il y a dix ans. Le texte radical de Thomas Bernhard sera craché sur scène par une jeune femme, et à cet endroit précis le genre et l’âge importent.

 

 

Donc, il faut bien 4 heures 30 de représentation. Silence. Julien Gosselin croit déceler une accusation de notre part : «Non, vraiment, moi aussi, je suis le premier à soupirer quand j’entre en salle et qu’on m’annonce une telle durée mais j’y arrive pas avec moins.» Il admire les petites formes futées, plus pauvres, minimales de l’Amicale de Production ou le théâtre povera d’un Gwénaël Morin avec trois bouts de cartons, «mais je suis incapable de faire ça et inversement sûrement». C’est ainsi, son imaginaire à lui s’allume devant les formes baroques et monumentales de Krystian Lupa et Krzysztof Warlikowski. Il sait que ce genre de grosse production multimédia expérimentale est une espèce en voie d’extinction en France, un monde voué à brûler sur l’autel d’une nouvelle réalité économique. Mais n’y a-t-il pas un zeste de beauté dans les combats perdus d’avance ? A propos de changement d’ère et de combat, on a bien fait, bifurque-t-il, d’assister à une répétition pile ici à Calais, dans la friche artistique de son adolescence : «Vous avez vu ce qui se passe en ce moment, entre la ville et le Channel ?»

Extinction, de Julien Gosselin. Textes de Thomas Bernhard, Arthur Schnitzler et Hugo von Hofmannsthal. Du 2 au 4 juin au festival le Printemps des comédiens, Montpellier. Du 7 au 12 juillet au Festival d’Avignon In.
Légende photo :  Lors des répétitions d'«Extinction» de Julien Gosselin, monument multimédia composé en trois sets. (Simon Gosselin)
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July 30, 2015 6:48 AM
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Ils vont exploser : le metteur en scène lillois Julien Gosselin après les « Particules » - La Voix du Nord

Ils vont exploser : le metteur en scène lillois Julien Gosselin après les « Particules » - La Voix du Nord | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Publié dans La Voix du Nord : Révélé en 2013 avec son adaptation de Michel Houellebecq, le metteur en scène lillois travaille à un nouveau spectacle, « 2666 », d’après le roman de Roberto Bolano. Création à Valenciennes en juin, puis au festival d’Avignon. 1. Parce qu’il y a eu l’effet « Particules elementaires » La création au In d’Avignon en juillet 2013 de l’adaptation du roman de Michel Houellebecq, les reprises à Lille, Villeneuve-d’Ascq, Valenciennes puis Paris (à l’Odéon), les tournées, françaises et européennes, ont affolé les compteurs. Jusqu’aux cinq nominations aux Molières en ce début d’année: pas de récompense, mais on saisit l’effet que peuvent résumer ces titres de confrères parisiens : « Le triomphe de la jeunesse », « Un futur grand est né ». Depuis l’été 2013, Julien Gosselin et les comédiens du collectif Si vous pouviez lécher mon cœur – compagnie née en 2009 à Lille, autour de la deuxième promotion de l’école du Théâtre du Nord (aujourd’hui École du Nord) –, surfent sur la vague Particules – les représentations continuent en 2015-2016 – tout en préparant la suite, et en continuant à travailler ! Ils sont artistes associés au Phénix de Valenciennes, au Théâtre national de Toulouse-Midi-Pyrénées et au Théâtre national de Strasbourg, enchaînant stages, ateliers de formation et séances de répétition.
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November 19, 2014 6:30 PM
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Dynamiter le théâtre, disent-ils

Dynamiter le théâtre, disent-ils | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans Le Monde :

 

Dans le Midi, « adieu » s’utilise parfois pour dire bonjour ou saluer un proche, avec le sourire et les bras ouverts. Et pas seulement pour tourner les talons et prendre congé de quelqu’un. Ce mot harnière, qui signifie une chose et son contraire, illustre parfaitement les tensions à l’œuvre dans le théâtre contemporain. « Adieu le langage ! », clame en substance une nouvelle génération de metteurs en scène français, comme pour signifier son appétit des formes… et sa volonté de tri. Ils l’affirment : il faut donner du jeu au théâtre, comme on parlerait d’une porte qui n’ouvre plus très bien. Alors, bienvenue au langage, un champ bien plus vaste que le texte, qui va de la danse aux arts plastiques, en passant par le cinéma. Que retient-on de l’héritage des aînés ? Qu’est-ce qu’on invente, qu’est-ce qu’on reformule, qu’est-ce qu’on oublie ?

ADIEU AU LANGAGE

En écho à ces questionnements, la quarante-troisième édition du Festival d’automne programme une dizaine de jeunes artistes, venus de tous les horizons. Certes, ils sont déjà bien identifiés sur la scène contemporaine, mais ils sont peu connus du grand public. Tout en explorant leur propre voie, certains se réclament de grandes figures du théâtre contemporain, les Claude Régy, François Tanguy, Roméo Castelluci – des auteurs que le festival créé par Michel Guy en 1972 accompagne depuis longtemps. Il y aurait donc une filiation. Citons-les, par ordre alphabétique : outre le tandem Patricia Allio-Eléonore Weber sont présents à l’affiche Jeanne Candel, Fanny de Chaillé, Sylvain Creuzevault, Julie Deliquet, Yves-Noël Genod, Julien Gosselin, Vincent Macaigne ou encore Philippe Quesne. Celui-ci, âgé de 44 ans, issu des arts plastiques, est le seul, parmi le groupe, à diriger un lieu : le Théâtre Nanterre-Amandiers (Hauts-de-Seine), depuis novembre 2013. Cette année, il présente Next Day, une pièce avec des enfants âgés de 8 à 13 ans, qui découvrent l’adolescence. Quand on demande à ce metteur en scène des « microcosmes humains » comment il entend piloter cette scène emblématique, il répond sur un terrain inattendu : « Il y a un répertoire contemporain, au théâtre, qui est sous-exposé et que je souhaiterais mettre en valeur. »

UNE GRANDE AMBITION INTELLECTUELLE

Vincent Macaigne ne lui donnera pas tort. « Un film d’auteur, on en parle toujours plus que d’un spectacle qui a du succès », confirme la star montante du cinéma français, réalisateur, comédien et aussi metteur en scène. Actuellement, il est en pleine répétition d’Idiot ! parce que nous aurions dû nous aimer !, après avoir créé Idiot !, en 2009. Il extrait la matière du chef-d’œuvre de Dostoïevski, plus qu’il ne l’adapte. « Je veux réentendre le texte que j’en avais tiré il y a quatre ans, voir où cela en est. Ne pas baisser la garde », dit-il simplement. « Tous ont une grande ambition intellectuelle. Ça brûle, c’est rouge et ça chauffe tout le temps », souligne Marie Collin, directrice artistique du Festival d’automne pour la danse, le théâtre et les arts plastiques. Paraphrasant le titre du dernier film de Godard, Adieu au langage, Eléonore Weber résume la réflexion qu’elle mène avec Patricia Allio : « Nous, ce n’est pas “Adieu au langage”, mais adieu au langage et aux images. » Philosophes de formation, les deux auteures et metteuses en scène s’emparent de « symptômes » de la société – la question migratoire, par exemple – afin de produire une pensée, et aussi des formes scéniques. Leur prochaine création, Natural Beauty Museum, interroge la fascination des individus pour la contemplation de la nature.


Avant d’arriver sous les projecteurs du prestigieux festival, certains de ces artistes (Creuzevault, Deliquet…) ont été repérés par des programmateurs avisés, tels José Alfarroba, directeur du Théâtre de Vanves, ou Marie-Thérèse Allier, de la Ménagerie de verre, à Paris, consacrée à la danse. « Comme dans le cinéma français, et dans la danse, on observe un renouveau dans le théâtre. A Vanves, on a le droit d’expérimenter, et de se tromper », explique José Alfarroba.

IMPROVISATION ET THÉÂTRE DU RÉEL

Julie Deliquet, justement, n’a pas peur de l’accident. Ses comédiens du collectif In Vitro sont connus comme des as de l’improvisation. Pour une scène de repas, elle a pu les embarquer dans une maison, en banlieue parisienne, les plongeant dans une improvisation de sept heures. Elle s’interroge : « Quand j’étudiais le théâtre, on nous demandait d’articuler le mot “maintenant” en trois syllabes. Ça me perturbait, car dans la vie de tous les jours, on dit maint’nant ! » Julie Deliquet revendique un théâtre du réel : elle va présenter une trilogie, une saga générationnelle des années 1970 à nos jours, dont le troisième volet a été écrit collectivement, avec les comédiens. Mais rien n’est figé dans le marbre. Chaque soir, les acteurs adaptent la trame…

Yves-Noël Genod, lui, crée à partir de ses comédiens, « comme Coco Chanel le faisait avec ses modèles », sourit-il. Cet elfe, ce dandy aux cheveux longs, blonds, comme une mèche qui brûle, est une performance à lui seul. Il peut envoûter les spectateurs en lisant du Baudelaire. Pourtant, l’essentiel est ailleurs, dit-il. « Je n’ai absolument rien contre la découverte d’un texte au théâtre, mais l’obédience du théâtre au texte souvent me gêne. François Tanguy disait : “Le mot que je déteste le plus quand on parle du théâtre, c’est le mot texte.” » « YvNo » fait « du théâtre d’après les lieux et d’après les personnes ». La surprise de sa prochaine création sera totale, une fois de plus. Avec Jeanne Candel, aussi, « on ne sait jamais ce que l’on va voir », assure la programmatrice du Festival d’automne. Formée au théâtre, la jeune femme est également marquée par le travail de la chorégraphe Pina Bausch. Elle ne part pas d’un texte, mais de plusieurs, et se livre à des collages.


L’IMPURÉTÉ DU THÉÂTRE REVENDIQUÉE

 

La méfiance à l’égard du langage et de son « absurdité » est assurément un moteur de création. C’est le cas pour Fanny de Chaillé, qui a travaillé avec Daniel Larrieu au Centre chorégraphique national de Tours. « Je viens de la danse. Pour créer, je pars d’une forme et non d’un texte », dit-elle. Le spectacle qu’elle va présenter, Le Groupe, d’après La lettre de Lord Chandos, de Hugo von Hofmannsthal, est « une sorte d’adieu aux mots », le personnage ne parvenant plus à écrire, parce que, dit-il, les mots ont perdu toute valeur. « Faire groupe, c’est créer une langue ensemble », explique-t-elle.

« C’est aussi jongler avec tous les arts », conclut Julien Gosselin, le plus jeune d’entre tous, 27 ans. « Le théâtre est un art impur, il n’a pas d’acte de naissance. Il est né de la réunion de la danse, de la musique, de la poésie, du chant. Cette diversité des disciplines sur le plateau est là depuis le début. Mais on s’est enfermé dans une conception patrimoniale du théâtre », dit-il. En 2013, il a mis en scène à Avignon Les Particules élémentaires, de Michel Houellebecq. Pourquoi Houellebecq ? « Parce que, dans ce livre, il y a une variété de langages et de formes narratives, entre le décryptage de la société libérale, la poésie, etc. Cela permet de travailler sur le rythme, l’arme numéro un du théâtre pour capter l’attention du spectateur », estime-t-il. La pièce sera jouée, à nouveau, dans le cadre du Festival d’automne. Il découvre les metteurs en scène de sa génération, voit leurs spectacles. Ça se contamine, dit-il, mais chacun est différent, poursuit sa recherche esthétique : « Il ne faut pas parler d’une nouvelle vague, ce serait réducteur. Je suis juste content que nous soyons nombreux », se félicite-t-il. Et d’insister : « Ce n’est pas du vent. Il y a quelque chose qui existe. » C’est maint’nant.

Clarisse Fabre pour le hors-série du Monde consacré au Festival d'automne à Paris

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October 6, 2014 6:58 AM
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Julien Gosselin, accélérateur de «Particules»

Julien Gosselin, accélérateur de «Particules» | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Créée au Festival d’Avignon 2013, l’adaptation du roman de Michel Houellebecq par Julien Gosselin entame une deuxième saison de tournée. Et reçoit l’onction du Festival d’Automne qui programme le spectacle aux Ateliers Berthier de l’Odéon. Une reconnaissance précoce pour le collectif Si vous pouviez lécher mon cœur et le metteur en scène Julien Gosselin, qui n’ont guère plus de 25 ans et sont issus de l’école d’acteurs du Théâtre du Nord, à Lille, qu’a dirigée jusqu’en 2013 Stuart Seide. Une réussite d’autant plus notable que le spectacle, avec ses dix acteurs en scène et ses 3 h 45 de représentation, dépasse largement les normes habituelles. La troupe réunie autour de Gosselin se lance dans le roman avec ferveur et fluidité. Le spectacle suit de près la trame originale, avec les histoires parallèles de Michel et Bruno, les deux demi-frères, et les allers retours dans le temps. Très accessible, ce théâtre-récit sonne bien : la langue de Houellebecq passe brillamment l’épreuve de l’oral. Mais perd en chemin une part de son soufre. Traitée au premier degré, l’histoire tourne par moments au mélodrame, là où un peu d’irrévérence n’aurait pas fait de mal. Et l’humour très noir de Houellebecq s’en trouve édulcoré. En somme, Gosselin transforme en spectacle consensuel un roman qui ne l’était pas du tout. Ce qui n’empêche pas les spectateurs d’y prendre grand plaisir. 


René Solis pour Libération 


Les Particules élémentaires d’après Michel Houellebecq M.s. de Julien Gosselin

Odéon-Ateliers Berthier (75017), du 9 oct. au 14 nov. dans le cadre du Festival d’Automne.


Site de l'Odéon : http://www.theatre-odeon.eu/fr/2014-2015/spectacles/les-particules-elementaires



Théâtre National de Bretagne's curator insight, October 7, 2014 9:16 AM

les vendredi 21 et samedi 22 novembre, au Triangle à Rennes, dans le cadre de Mettre en scène 2014.

D'autres informations sur le site du TNB : 

http://www.t-n-b.fr/fr/saison/les_particules_elementaires-913.php

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July 9, 2013 11:30 AM
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Avignon : Les particules élémentaires, mise en scène Julien Gosselin

Avignon : Les particules élémentaires, mise en scène Julien Gosselin | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Julien Gosselin, le triomphe de la jeunesse

 

 

A Vedène, hier, une salle enthousiaste a salué le jeune metteur en scène et ses amis au terme de près de quatre heures d'un spectacle parfaitement réglé, une adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq.

Révélation ! Pas d'autre mot ! Et ce sentiment, tous les spectateurs de la salle de Vedène l'ont partagé hier, en fin d'après-midi, au terme de près de quatre heures d'un spectacle enthousiasmant conduit de main de maître par un artiste de 26 ans dirigeant dix comédiens, dont six appartiennent à la même promotion que lui (2009) de l'Ecole du Théâtre du Nord fondée par Stuart Seide. L'une est de la promo 2006. L'un vient de l'Ecole du TNS (Strasbourg), une autre du TNB (Bretagne) et l'un est un comédien qui travaille dans le Nord. 

Aux dix, ajoutons le vidéaste. Onze à saluer plus leur metteur en scène, Julien Gosselin qui, dès l'école s'est révélé comme un metteur en scène, un chef de troupe.

 

Armelle Héliot pour son blog "Le Grand Théâtre du Monde"

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

Et aussi : Jean-Marie Duhamel pour La Voix du Nord : http://www.lavoixdunord.fr/region/les-particules-elementaires-seduisent-avignon-ia19b0n1399151

 

Et aussi : Laurence Liban pour son blog "Les lendemains de la générale" http://blogs.lexpress.fr/theatre/2013/07/09/les-particules-elementaires-ou-comment-le-theatre-sied-a-houellebecq/

 

 

Salle de spectacles de Vedène, à 15h, aujourd'hui et jusqu'au 13 juillet. Relâche le 10 juillet.
Reprise en novembre au théâtre du Nord et tournée.

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