Les Inrocks - Yan Duyvendak à Actoral : “Créer, c'est résister” | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Fabienne Arvers dans Les Inrocks :

 

Le performeur Yan Duyvendak revient à Actoral avec un musical très politique, “Sound of Music”. Il raconte sa nouvelle création, son parcours et ses choix artistiques.
Ton site s’ouvre sur cette phrase : “Créer, c’est résister.” Elle résume ta démarche ?
Yan Duyvendak – Elle vient de l’appel lancé en 2004 par des anciens du Conseil national de la Résistance, dont Stéphane Hessel, qui a écrit ce très beau texte, Indignez-vous ! Que la Résistance soit considérée comme une création et qu’on ne dise pas qu’il faut casser pour résister, je trouve
ça génial. Je change régulièrement de phrase sur mon site, mais c’est toujours sur l’engagement politique.



Selon toi, qu’est-ce qui distingue un spectacle d’une performance ?
La question de l’appellation ne m’intéresse pas vraiment dans mon travail. Je change le rapport au spectateur de manière performative ou théâtrale en fonction du sujet. Please, Continue (Hamlet) * semble le plus théâtral de tous mes projets, mais bizarrement, c’est le plus performatif. Il y a un “score”, une prescription, comme dans les performances de Fluxus. Cette prescription est fondée sur une instruction réelle et sur les trois premiers actes de Hamlet. Je la donne à des professionnels de la justice trois semaines avant le début du projet et ils s’en emparent pour produire un procès. Il n’y a pas de répétition et ils se débrouillent à partir de cette prescription. C’est totalement performatif.

Quand tu fais une performance, tu es ton propre médium et tu te mets en jeu sans passer par un personnage ?
Je m’engage dans mon travail en tant qu’auteur et en tant que sujet. C’est devenu intéressant avec le projet Made in Paradise 1 autour de l’islam, de l’Occident et du capitalisme. On était vraiment coincés par le débat et les clichés sur le “choc des civilisations”. La seule manière d’en sortir a été
de devenir extrêmement subjectif, en utilisant la rencontre avec Omar Ghayatt, performeur égyptien, musulman. Au début, il était paniqué à l’idée qu’on se serve de lui pour donner l’image du mauvais musulman, et moi je le soupçonnais d’être paresseux. On a pu se rendre compte
à quel point les a priori sont ancrés de part et d’autre… En fait, c’est à partir de Made in Paradise que l’autre est apparu directement sur le plateau.

Y a-t-il une différence entre les premières performances liées à des objets culturels, à la médiatisation et celles liées à la rencontre avec l’autre ?
Oui et non. Ce sont toujours des figures médiatiques qui m’intéressent et la question centrale reste : qu’est-ce que j’apprends par les médias sur le monde et comment je résiste et je vis avec ça ? Mais le 11 septembre 2001 a été un déclencheur de changement. Je me suis dit : il faut arrêter de rigoler. Y compris pour ma création, Sound of Music, une comédie musicale sur la fin du monde.

 

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Sound of Music, conception  et direction artistique Yan Duyvendak,  les 24 et 25 septembre à 21 h  au Théâtre du Gymnase à Marseille


Nanterre-Amandiers du 2 au 9 octobre