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September 22, 2024 1:28 PM
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“Je vais me faire emmerder par mon élu” : l’autocensure se déchaîne dans les théâtres

“Je vais me faire emmerder par mon élu” : l’autocensure se déchaîne dans les théâtres | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Olivier Milot dans Télérama - 17 sept. 2024

 

Sort des migrants, IVG, genre… Par crainte de la réaction des élus, certains théâtres, en particulier en région, écartent des pièces abordant des sujets clivants. Au risque d’aseptiser la programmation.

 

Ils en étaient là. À se réunir pour décider s’ils maintenaient ou non une pièce de théâtre pourtant programmée depuis des mois. À ressasser entre eux les questionnements alarmistes qui fusaient de tous côtés : « Vous allez vraiment la jouer ?  » « Vous êtes sûr que ce n’est pas dangereux ?  » « Vous avez pensé aux spectateurs?     Aux comédiens ? » Alors forcément, à un moment, le doute a affleuré dans la tête des dirigeants du Théâtre des Béliers parisiens. « Et puis non, on s’est dit que tout le monde devenait fou et que nous n’allions pas le devenir aussi », se souvient un des codirecteurs, David Roussel. « Bien sûr qu’on n’allait pas s’autocensurer, et évidemment nous allions maintenir la programmation de Je m’appelle Asher Lev en janvier 2024, comme prévu. »

 
Adaptée du roman de Chaïm Potok, Je m’appelle Asher Lev n’a rien d’un brûlot. La pièce raconte la quête identitaire d’un jeune dessinateur surdoué que son amour de l’art et du beau oppose à son père et à sa religion au sein de la communauté juive hassidique de Brooklyn. Une histoire d’émancipation au propos universel, sans lien avec Israël et la Palestine, et qui aurait tout aussi bien pu avoir pour cadre une communauté chrétienne ou musulmane. Mais au lendemain des massacres du 7 Octobre commis par le Hamas et du siège sanglant et interminable de Gaza mené par l’armée israélienne, les repères sont brouillés, la raison déraisonne, et la simple évocation des mots « Juif » ou « Palestine » suscite des réflexes ataviques de peur et d’autocensure.
 

« La religion, tu sais, c’est compliqué…  »

Un directeur de théâtre
 

Les dirigeants du Théâtre des Béliers parisiens refusent d’y céder et croient en cette création qui a emporté un franc succès au Off d’Avignon. Ils ont raison : le public suit, la critique aussi, et Guillaume Bouchède est récompensé d’un Molière du meilleur comédien dans un second rôle. Ce qu’ils n’imaginaient pas, c’est à quel point il leur serait ensuite difficile de monter une tournée en France. « À ce jour, nous avons bouclé cinq dates en 2025, explique David Roussel. J’en aurais vendu six à sept fois plus avec n’importe quel autre spectacle ayant remporté un succès similaire. » La pièce n’est pas en cause, son sujet, si. En témoignent les dénégations gênées des directeurs de salle susceptibles de l’acheter : « La religion, tu sais, c’est compliqué…  » « Je ne le tente même pas, je vais me faire emmerder par mon élu. » Jusqu’à : « J’ai adoré le spectacle, mais chez moi ça ne passera pas.  » « De l’autocensure pure et simple », tranche David Roussel, mue par la peur réelle ou fantasmée d’une réaction négative de certains maires ou la crainte d’un accueil hostile d’une partie du public.

 

 

À lire aussi :

 Spectacles annulés, livres interdits… la censure exercée par l’extrême droite menace la création

 

 

Je m’appelle Asher Lev est loin d’être un cas isolé. D’autres pièces prenant à bras-le-corps des questions de société ont été confrontées au même rejet à des degrés divers. C’est le cas de Coupuresmise en scène par Paul-Éloi Forget et Samuel Valensi, qui interroge la place du citoyen dans le débat démocratique, Prima Facie, de Suzie Miller, sur les fondements du système judiciaire dans les affaires de viol, La vie est une fête, mise en scène par Virginie Lemoine, autour de l’homosexualité, ou encore Je suis la maman du bourreau, avec Clémentine Célarié, consacré à la pédophilie dans l’Église.

 
Même le surpuissant Alexis Michalik peine actuellement à vendre sa dernière création, Passeport, qui joue pourtant les prolongations à Paris. L’homme a beau être un des rares metteurs en scène à remplir des salles sur son nom en région, de nombreux programmateurs de théâtres municipaux en régie directe, dont les directions sont totalement dépendantes des élus, préfèrent passer leur tour plutôt que d’avoir à défendre une pièce sur les migrants. Comme pour leur donner raison, certains théâtres qui avaient pris des options fermes pour présenter la pièce font aussi machine arrière après l’intervention d’élus. Et pas simplement dans des municipalités détenues par le RN, comme Fréjus, mais également dans des villes de l’Ouest parisien dirigées par des maires « droite républicaine », comme Levallois-Perret, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) ou Herblay-sur-Seine (Val-d’Oise). « Au final, nous ferons une cinquantaine de dates, relativise Camille Torre, producteur chez Acmé, mais entre les villes qui n’ont pas répondu alors qu’elles avaient accueilli les précédents spectacles et celles qui se sont rétractées, ce sont 15 à 20 % de représentations en moins. »
 

« On sent poindre la fracture entre les grandes villes et les autres, comme si une partie de nos concitoyens devait être mise sous cloche.

 

Caroline Verdu, vice-présidente du pôle théâtre d’Ekhoscènes
 
 
Ce repli vers une programmation « zéro risque », qui n’alimente ni polémiques ni controverses, fragilise tout un pan de la création en rendant plus incertaine l’économie de projets artistiques qui s’emparent des débats de société. Elle porte également en germe le risque d’une normalisation de la création au nom de la morale ou tout simplement de la crainte de déplaire. En arrière-plan, c’est un autre danger qui se profile : celui d’une France à deux vitesses, avec d’un côté Paris, Avignon et les grandes métropoles où tout pourrait se jouer, et de l’autre le reste de l’Hexagone cantonné à une programmation théâtrale aseptisée et centrée sur du pur divertissement. La situation commence à inquiéter le monde du spectacle vivant. Caroline Verdu, vice-présidente du pôle théâtre d’Ekhoscènes, principale organisation des entrepreneurs du théâtre privé, s’en est ouverte sans détour le 9 septembre au cours d’une rencontre professionnelle. « On sent poindre la fracture entre les grandes villes et les autres, comme si une partie de nos concitoyens pouvait tout voir, tout entendre, et une autre devait être mise sous cloche, préservée. Mais préservée de quoi, au juste ? De la culture, de la diversité, du féminisme, de l’homosexualité, de l’inclusion, du partage ? Une partie de la population française ne devrait plus avoir accès qu’au pur divertissement ? C’est infantilisant, bêtifiant, méprisant pour certains de nos concitoyens. »

Cette autocensure grandissante ne vient pas de nulle part. Partout les mêmes témoignages attestent d’un interventionnisme croissant et de plus en plus insistant des élus. Difficile d’y résister, surtout pour ceux qui sont à la tête de théâtres en régie directe ou de scènes locales financièrement dépendantes des collectivités locales. Pour les uns et les autres, l’autocensure constitue souvent le premier pas vers la « servitude volontaire ». De guerre lasse, certains finissent par franchir le Rubicon. « Ils ne se sentent plus de lutter et, dans un processus insidieux, lâchent sur l’essentiel en passant d’une présentation de leur programmation aux élus pour information à une présentation pour validation », explique Vincent Roche Lecca, coprésident du Syndicat national des scènes publiques.

 

Les collectivités posent de plus en plus d’exigences en échange de leur financement.

 

Claire Moreau, déléguée générale du Syndicat national des arts vivants.

 

 

Le rapport de forces est parfois violent et toujours inégal. « Si je n’acceptais pas le cadre politique qu’on m’imposait, mon mandat de trois ans n’était pas renouvelé », raconte une directrice de théâtre pétrifiée à l’idée que son témoignage ne l’identifie. « Soit on part, soit on essaye de se battre de l’intérieur. J’ai fait ce choix. C’est une position quotidiennement inconfortable. On est obligé de baisser la tête, de trouver constamment des compromis. Je vis une autocensure permanente dans mes choix artistiques, ma programmation, ma communication. Je m’interdis certaines thématiques comme l’IVG ou les migrants. Je suis dans la recherche perpétuelle d’un politiquement correct qui n’existe pas. » Une posture qui s’est même traduite un temps par l’acceptation de ne plus travailler avec une compagnie dans le viseur de certains élus du département.

 

 

L’autocensure n’est pas le propre des théâtres, elle affecte tout l’écosystème de la culture. Dans une économie où l’argent se raréfie, les compagnies ou les artistes qui veulent monter des spectacles ont de moins en moins les moyens de s’opposer aux conditions de ceux qui les financent. Et elles se durcissent. « Le maniement de la subvention devient de plus en plus politique », atteste Claire Moreau, déléguée générale du Syndicat national des arts vivants. « Notre rapport avec les collectivités est déséquilibré. Elles posent de plus en plus d’exigences en échange de leur financement. Nous basculons dans une logique d’offre de prestations où la dimension culturelle d’un projet compte moins que de proposer un projet qui plaît. Notre démarche artistique s’affaiblit jusqu’à parfois disparaître. Et c’est à cet endroit que s’inscrit l’autocensure. »

 
Pour éviter d’en arriver là, certaines compagnies de théâtre de rue réinventent l’écriture de leurs spectacles. « Elles abandonnent un discours narratif unique en multipliant les points de vue sur un sujet ou une situation donnée », explique Judith Pavard, directrice artistique de la Compagnie Koshka Luna et coprésidente de la Fédération nationale des arts de la rue. « Cet artifice leur permet de n’imposer aucun point de vue propre et de ne froisser personne. » Au risque d’y perdre un peu de leur âme. « Le théâtre de rue s’est policé et a perdu de son esprit carnavalesque, reconnaît Judith Pavard. Il s’autocensure en se cantonnant de plus en plus dans un rôle de divertissement consensuel, et non d’empêcheur de tourner en rond, ce qui est pourtant le propre de l’art. La fragilité des compagnies nous y contraint. Qui parmi elles peut encore se risquer à aborder des sujets qui prêtent à controverse ? »
 
Légende photo : Même le dramaturge populaire Alexis Michalik peine à vendre en région « Passeport », sa pièce centrée sur le sort des migrants (avec Brenda Broohm et Clyde Yeguete). Alejandro Guerrero
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July 21, 2019 12:39 PM
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Outside, mise en scène, scénographie et dramaturgie de Kirill Serebrennikov

Outside, mise en scène, scénographie et dramaturgie de Kirill Serebrennikov | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean Couturier dans Théâtre du blog - 21 juillet 2019


Outside, mise en scène, scénographie et dramaturgie de Kirill Serebrennikov


 Tout le monde connaît le destin tourmenté de ce metteur en scène russe de cinquante ans, homosexuel, enfant chéri du théâtre moscovite. Reconnu pour ses créations au Théâtre du Bolchoï, il est aussi le directeur artistique iconoclaste et hors-cadre du Gogol Center à Moscou, un établissement d’État construit à son image. Dernièrement, il a monté Un héros de notre temps (voir Le Théâtre du Blog) et  Noureev. Son film Leto a été présenté l’année dernière avec succès à Cannes. Ce chouchou de la scène internationale a déjà été accueilli deux fois au festival d’Avignon, (voir Le Théâtre du Blog). Accusé de malversation financière, d’abord emprisonné puis assigné à résidence il est, depuis 28 avril, de nouveau libre de retravailler dans son théâtre mais n’a pas le droit de sortir de la ville ni de Russie.

 C’est une coproduction du festival d’Avignon, du Gogol Center et de l’organisme privé Mart Foundation.  À ce titre, elle ne fera pas partie du répertoire du Gogol Center. Kirill Serebrenikov a débuté avec sa troupe les répétitions à Moscou et les a poursuivies à Avignon, mais seulement par vidéos et messages audio. Ses artistes lui envoient une captation quotidienne de la représentation. La pièce fait revivre le jeune poète et photographe chinois Reng Hang, au destin brisé, connu pour ses nus réalisés en ville ou dans la nature.  Inquiété par la censure, il s’est suicidé quarante-huit heures avant de rencontrer Kirill Serebrennikov pour ce projet. Cette création très attendue renvoie aussi au manque de liberté dont souffre aujourd’hui le metteur en scène russe.

Chaque soir, une photo différente de l’artiste chinois est affichée au lointain. La pièce s’ouvre sur un dialogue entre Kirill qui se qualifie de fugitif, et son ombre (jouée par un acteur tout de noir vêtu). «Si tu es enfermé dans une caverne ou une cellule, dit-il, tu ne vois que le mur du fond, de la lueur extérieure, tu ne vois que ta propre ombre. »  On frappe à la porte : «Ouvre la porte, crétin, dit l’ombre. C’est le F.S.B. »  Entouré et scruté par plusieurs hommes et femmes en noir, il pense que l’ «on n’a jamais étudié mon corps d’aussi près. » Tout est dit clairement, d’emblée.

Puis le personnage Kirill va rencontrer le personnage Reng Hang. Durant le temps du spectacle, les photos du Chinois vont renaître, reproduites sur scène par des modèles vivants, nus. Selon Evgeny Kulagin, un des chorégraphes : «On n’a pas copié les photos, c’est notre inspiration, on avait le même langage, le langage du corps. » Kirill Serebrennikov nous transporte aussi dans  l’underground berlinois aux plaisirs interdits de: «A chaque fois que je fais une bêtise, je sens que la vie est meilleure. »

Théâtre, danse, chant se mêlent ici sur la musique d’Ilya Demutsky, jouée en direct. On ne retrouve pas le travail inventif du metteur en scène mais les conditions de création peuvent expliquer cela. Le spectacle révèle les angoisses et les douleurs du metteur en scène privé de liberté et sa frustration de n’avoir pas croisé le poète chinois : «L’oiseau peut-il voler et soudain mourir. » «Vos «posts» et vos «chats» sont aussitôt lus et classés dans des dossiers», dit-il. Il nous transmet, en une heure quarante-cinq, un message de liberté comme en témoigne, aux saluts, toute son équipe qui porte le T-shirt avec mention : Free Kirill.

Jean Couturier

L’Autre scène du Grand Avignon, Vedène (Vaucluse), jusqu’au 23 juillet à 15 h.  

 

Crédit photo :©Jean Couturier

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May 14, 2016 11:45 AM
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Concert de Black M annulé : la ministre de la culture dénonce « un ordre moral nauséabond »

Concert de Black M annulé : la ministre de la culture dénonce « un ordre moral nauséabond » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Le Monde avec AFP 


« Des voix déchaînées ont obtenu l’annulation d’un concert au nom d’un ordre moral nauséabond et décomplexé. N’acceptons jamais cela. » La ministre de la culture, Audrey Azoulay, a dénoncé samedi 14 mai depuis Cannes l’annulation d’un concert du rappeur Black M, qui devait se produire après la cérémonie de commémoration de la bataille de Verdun fin mai. « Ce n’est pas la première fois que l’autocensure succède à ces coups de forces inacceptables », a-t-elle ajouté, alors qu’elle s’exprimait devant des professionnels du cinéma à l’occasion du Festival de Cannes.

Samedi matin, l’un des prédécesseurs de Mme Azoulay Rue de Valois, Jack Lang, a déploré sur France Inter l’annulation du concert à Verdun, estimant qu’il ne fallait pas « capituler devant l’idéologie frontiste ».

« La Mairie de Verdun aurait dû maintenir le concert, et d’ailleurs c’est illégal d’interdire une manifestation artistique comme celle-là, aucune raison ne le justifiait, il n’y avait aucune menace à l’ordre public, aucun risque de violence. (…) Je souhaiterais que nous soyons nombreux à dire que nous condamnons cette interdiction. »
Le rappeur et membre du groupe Sexion d’assaut Black M devait se produire le 29 mai, cérémonie à laquelle sont attendus le président François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel.

Lire aussi :   Assailli par la droite et le FN, le maire PS de Verdun refuse la bataille

« Un déferlement de haine, d’injures et de menaces »

Cette programmation avait suscité l’indignation de nombreux élus, essentiellement d’extrême droite et de droite. Après plusieurs jours de polémique, le maire (PS) de Verdun, Samuel Hazard, a décidé vendredi d’annuler le concert, justifiant cette annulation par des « risques forts de troubles à l’ordre public ».

Lire aussi :   Comment la « fachosphère » a fait annuler le concert de Black M à Verdun http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/05/13/comment-la-fachosphere-a-fait-annuler-le-concert-de-black-m-a-verdun_4919477_4355770.html

Vendredi, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, avait déjà exprimé dans un communiqué sa « colère de voir qu’un déferlement de haine, d’injures et de menaces force un élu à annuler le concert d’un artiste dans un pays où la liberté d’expression et de création sont des valeurs et des droits fondamentaux ».

« Dois-je rappeler que c’est justement pour ces valeurs de la République que nos soldats, venus de toutes les origines sociales, de tous les continents, de toutes les religions, et jeunes pour l’immense majorité d’entre eux, ont combattu et sont morts voilà cent ans à Verdun ? »

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December 18, 2015 6:20 PM
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la demande d'interdiction de "Fear" de Falk Richter à la Schaubühne est rejetée.

la demande d'interdiction de "Fear" de Falk Richter à la Schaubühne est rejetée. | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Post de Falk Richter (en français) sur Facebook :

 

La Schaubühne obtient gain de cause contre Mme von Storch, représentante politique de l’AfD et Mme von Beverfoerde, représentante des chrétiens extrémistes.

 

Le tribunal de Berlin a rejeté la semaine dernière le cours en référé déposé par Madame von Beverfoerde, entendant obtenir l’interdiction que la Schaubühne utilise sa photo dans la pièce « FEAR ».de Falk Richter. Le tribunal a également rejeté un recours en référé similaire déposé par Beatrix von Storch, représentante de la formation politique AfD. Le tribunal s’est exprimé et a démontré qu’il ne voyait pas dans la pièce d’atteinte à la dignité envers les deux plaignantes. La Schaubühne a fait valoir qu’il n’y a pas non plus d’atteinte aux droits de la personne dans la représentation scénique, puisque cette image complexe et portée par une installation multimedia est une représentation artistique des cauchemars des hipsters, où font irruption différents phénomènes de la nouvelle droite, de la réaction ou de l’homophobie, à la fois actuels et historiques, qui y sont « retravaillés » artistiquement. Le tribunal s’est rangé à la conception de la Schaubühne qui dit avoir agi sous couvert de la liberté artistique. La décision du tribunal a affirmé que la pièce n’incite pas à la violence contre les causes ou les personnes. 
Les actes écrits du procès ne sont pas encore disponibles.

 
 -  Lire également, sur le même sujet, l'article des Dernières nouvelles d'Alsace : http://sco.lt/5rmWkT

 

Article de RBB-online (auf deutsch) :

 

Schaubühne darf "Fear" unverändert aufführen

 

Die Berliner Schaubühne darf weiterhin Bilder von Hedwig von Beverfoerde und Beatrix von Storch in dem Stück "Fear" zeigen. Das hat das Berliner Landgericht am Dienstag entschieden. Nach Ansicht der Richter werden  die Persönlichkeitsrechte der "Demo für alle"-Organisatorin und der AfD-Vizechefin nicht verletzt.

 

Die Schaubühne hat sich vor dem Berliner Landgericht gegen die Koordinatorin der familienpolitisch-konservativen Organisation "Demo für alle", Hedwig von Beverfoerde, und die AfD-Vizechefin Beatrix von Storch durchgesetzt. Die Richter hoben am Dienstag zwei Einstweilige Verfügungen auf, die dem Theater untersagten, in dem Stück "Fear" Bilder der beiden Frauen zu zeigen.

 

Mit Zombies gleichgestellt

Die Kunstfreiheit sei im vorliegenden Fall höher zu bewerten als das Persönlichkeitsrecht der beiden Antragstellerinnen, begründete das Gericht sein Urteil. Beide Frauen sahen durch das Theaterstück ihre Menschenwürde verletzt, indem sie etwa durch das Zeigen ihrer Fotos Zombies gleichgestellt und mit Massenmördern oder Neonazis verglichen würden.

 

Das Landgericht teilte diese Einschätzung nicht, "da jeder Besucher erkennen kann, dass es sich nur um ein Theaterstück handelt". Es liege auch keine schwere Persönlichkeitsverletzung vor. Die Antragstellerinnen würden vielmehr als eigenständige Persönlichkeiten gezeigt. "In differenzierter Form" würden ihre öffentlichen Äußerungen zu Themen wie Ehe unter Homosexuellen, Genderforschung oder die Nähe zur AfD wiedergegeben. Eine Gleichstellung mit Massenmördern wie dem Norweger Anders Breivik oder Neonazis erfolge durch die Verwendung der Bildnisse nicht, so die Richter. Gegen das Urteil kann Berufung eingelegt werden.

 

"Fear" indirekt für Brandanschläge verantwortlich gemacht

Nachdem Anfang November ein Brandanschlag auf die Geschäftsadresse der "Demo für alle" in Magdeburg verübt worden war, hatte Beverfoerde das Schaubühnen-Stück "Fear" indirekt für den Anschlag verantwortlich gemacht. Es sei "geistige Brandstiftung, die offenbar direkt zu echter Brandstiftung führt", schrieb sie auf der Homepage der Organisation. In Berlin wurde zudem auf das Auto der stellvertretenden AfD-Bundesvorsitzenden Beatrix von Storch ein Brandanschlag verübt. Der Vorsitzende Richter stellte in der mündlichen Erörterung klar, dass aus Sicht des Gerichts in dem Stück nicht zu Gewalt gegen Personen oder Sachen aufgerufen wird.

 

Eklat zwischen Schaubühne und AfD

Zu einem Eklat kam es, als der AfD-Parteisprecher Christian Lüth eine "Fear"-Aufführung filmte, wie das Nachrichtenmagazin "Spiegel" Anfang November berichtete. Die Kamera habe Lüth erst auf mehrfache Aufforderung eines Schauspielers und nach Drohung mit dem Rauswurf ausgestellt. Lüth behauptete gegenüber dem Theater die Aufnahmen gelöscht zu haben, Teile der illegalen Aufzeichnung wurden jedoch von den Anwälten von Frau von Beverfoerde und Frau von Storch als Beweismaterial vor Gericht vorgelegt.

Theatermacher Falk Richter will mit dem Stück die neuen Ängste in der Gesellschaft thematisieren, die vielfach in Hass, Fremdenfeindlichkeit und Chauvinismus umschlagen. "Es gibt eine ganze Reihe von Protagonisten, die zurzeit Ängste schüren, um politisch an Einfluss zu gewinnen", hatte er im Oktober in einem dpa-Interview gesagt. Diese Protagonisten kämen im Stück vor. "Wir untersuchen ihre Reden, ihre Art zu denken, ihre Rhetorik, klären auf über die verschiedenen Netzwerke, die sich im rechten Spektrum mittlerweile gebildet haben."

 

 

Stand vom 15.12.2015
 
schaubuehne.de"Fear" in der Schaubühne

Das Stück "Fear" von Falk Richter wird wieder im kommenden Jahr aufgeführt, und zwar am 8., 9. und 10. Januar. Die Theaterkritik gibt es hier zum Nachlesen. : https://www.rbb-online.de/kultur/beitrag/2015/10/falk-richters--fear---anti-afd-collage-an-berliner-schaubuehne.html

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November 10, 2015 5:58 PM
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Golgota Picnic : une pièce de théâtre en correctionnelle

Golgota Picnic : une pièce de théâtre en correctionnelle | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par ventscontraires.net, la rtevue en ligne du Théâtre du Rond-Point :


 Jean-Michel Ribes : « Je redirai ici ce que j’ai déjà dit à l’époque : on ne vous empêchera pas de croire, mais vous ne nous empêcherez pas de penser. »


"On se souvient de l’affaire Golgota Picnic, de l’effroyable mobilisation contre le Théâtre du Rond-Point à coup de menaces de mort, de manifestations et d’actions coup-de-poing pendant les 9 représentations de la pièce de Rodrigo García. C’était au mois de novembre 2011 ; le procès, lui, se tenait vendredi 30 octobre."

Ainsi commence le très détaillé compte rendu du procès en correctionnelle intenté par l'A.G.R.I.F contre le Théâtre du Rond-Point et les éditions Les Solitaires intempestifs, le 30 octobre dernier, quatre ans après les faits. Prise de note pointue par Lise Facchin et crobards noirs et blancs stylés de Frédéric Chaume, les envoyés spéciaux de la revue théâtrale lestroiscoups.net. Bref si vous désirez en savoir plus, allez voir l'article complet ici : http://lestroiscoups.fr/a-g-r-i-f-contre-rond-point-et-solitaires-intempestifs/



Lire l'article entier sur Vents contraires : http://www.ventscontraires.net/article.cfm/15671_golgota_picnic__une_piece_de_theatre_en_correctionnelle.html


 


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October 31, 2015 6:33 AM
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Relaxe demandée pour Jean-Michel Ribes et les Solitaires Intempestifs dans l'affaire Golgota Picnic

Relaxe demandée pour Jean-Michel Ribes et les Solitaires Intempestifs dans l'affaire Golgota Picnic | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron pour Sceneweb :

 

Relaxe demandée pour Jean-Michel Ribes et les Solitaires Intempestifs dans l'affaire Golgota Picnic

 

Plus de deux heures de débats enflammés, le prétoire de la 17ème chambre correctionnelle ressemblait à une scène de théâtre pour cette audience autour de l’affaire Golgota Picnic. Le Rond-Point et la maison d’édition Les Solitaires Intempestifs étaient poursuivis en justice par l’Agrif, association proche des catholiques traditionalistes, pour avoir représenté et édité en 2011 la pièce du dramaturge argentin Rodrigo Garcia.

Lors de ses représentations en France (à Toulouse en novembre 2011 et Paris en décembre 2011) la pièce a opposé les catholiques traditionalistes, qui la jugent blasphématoire et « christianophobe », et les défenseurs de la liberté de création. On se souvient de Manuel Valls alors en campagne pour la Présidentielle aux côtés de Jean-Michel Ribes. Pas de manifestation au tribunal mais de trés belles passes d’arme et un Jean-Michel Ribes, impérial, seul à la barre, à défendre la liberté d’expression sur une scène de théâtre.

 

Dans l’ordonnance de renvoi le magistrat instructeur avait donné raison à l’AGRIF en estimant que « les propos extraits de la pièce et qualifiés de diffamatoires par la partie civile dépassent les limites de la liberté d’expression et peuvent s’analyser, par le discrédit qu’ils font peser sur la personne du Christ et son action, par leur violence et par la stigmatisation de la communauté de ceux qui en sont les disciples, en une incitation à la haine, et au rejet des catholiques ».

 

Son de cloche différent hier au Tribunal où la Procureure a requis la relaxe, estimant que « la présentation de Jésus est certes péjorative mais ne concerne pas tous les chrétiens« . « Je ne vois pas en quoi ces propos seraient susceptibles d’entraîner la provocation » a-t-elle argumenté en ajoutant « c’est une œuvre de fiction, ce n’est pas contestable ». L’avocat de l’AGRIF avait demandé 5000 euros « pour réparer le mal » en basant toute son argumentation sur la provocation subie par les chrétiens et en accusant la pièce d’engendrer la violence. « L’art ne justifie pas tout, les chrétiens se sont sentis méprisés. C’est un spectacle violent envers les chrétiens. C’est une provocation. Est ce que aujourd’hui un artiste irait faire un spectacle sur les souffrances de Daesh ? Non ! »


Jean-Michel Ribes, très théâtral, citant Oscar Wilde, Bossuet, Voltaire, Freud, Aragon a rappelé combien il s’est senti agressé pendant les représentations. « Je me suis senti bafoué car c’est un grand texte comme Les Misérables. Je me suis senti hors de la République, j’ai été agressé par les chants « France, blanche et catholique. Des gens de Civitas avaient vomi au dernier rang sur les spectateurs« . « Cette pièce était un hommage à la paix » a-t-il lancé à la barre avant de conclure: « Je vous conseille de relire Sade, il y a un gros procès à faire !« 


Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr


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December 17, 2014 5:02 PM
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L'encre a coulé sur “Exhibit B” : revue de presse de la polémique

L'encre a coulé sur “Exhibit B” : revue de presse de la polémique | Revue de presse théâtre | Scoop.it

L'expo de Brett Bailey sur l'esclavage a suscité une forte polémique. Alors qu'elle quitte Paris en ce 12 décembre, retour sur quelques textes qu'elle a inspirés.

 

Depuis fin novembre et son retour dans l'Hexagone (après sa venue au Festival d'Avignon en 2013 et au 104, à Paris, la saison dernière), l'expo-installation« Exhibit B », conçue par le metteur en scène sud-africain Brett Bailey, a déclenché une bouillante polémique et des réactions extrêmes. Ce vendredi 12 décembre est son dernier jour à Paris. Elle partira ensuite pour le Chili et l'Australie, où elle sera montée grâce à l'engagement d'autres comédiens-performeurs, recrutés sur place.

Pour réfléchir à toutes les questions qui sont sorties de l'ombre à l'occasion de cette polémique (Comment représenter la mémoire de l'esclavage ? Faut-il être noir pour en parler ? Peut-on interdire un spectacle ? Doit-on présenter les œuvres d'art dans n'importe quel contexte ?), voici un florilège de points de vue divers et argumentés, articles ou tribunes, prises de position officielles, croisés sur la Toile.

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

Brett Bailey : interview vidéo par Kulturstruktur :  http://kulturstruktur.com/2014/12/15/brett-bailey-interview/

 

• La lettre des 14 directeurs de théâtres qui ont accueilli l'exposition : 

http://www.104.fr/data/document/brett-bailey_exhibit_a-b_lettre_14-theatres.pdf

 

• La lettre des directeurs du TGP de Saint-Denis et du 104 : 

http://www.104.fr/programmation/evenement.html?evenement=358

 

• Le texte de Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) et maître de conférences à l'université d'Orléans :

 

http://www.le-cran.fr/communique-cran-associations-noires-de-france_lire_de---exhibit-b---a---exhibit-white------la-position-du-cran-_204_0_0.html

 

• La tribune de D' de Kabal, auteur, rappeur, slammeur, metteur en scène, performeur  et poète, sur le site du 104:

http://www.104.fr/data/document/exhibit_d.pdf

 

• Le texte d'Eric Fassin, sociologue, chercheur à l'Insitut de recherche sur les réseaux sociaux (dans Le Monde et sur Mediapart) : « Exhibit B » : représentation du racisme et sous-représentation des minorités raciales : 

http://blogs.mediapart.fr/blog/eric-fassin/291114/exhibit-b-representation-du-racisme-et-sous-representation-des-minorites-raciales

 

• Le texte de Marc Maire, chercheur et professeur à L'Ecole supérieure d'art d'Avignon : « Exhibit B » censurée à Paris au nom d'un antiracisme dénié à son auteur http://seminesaa.hypotheses.org/1811

 

 

• La chronique de Pascal Blanchard dans le Monde, historien spécialiste de l'empire colonial français, chercheur au CNRS :  « Les zoos humains sont-il de retour ? »:

http://www.lemonde.fr/idees/article/2005/06/27/les-zoos-humains-sont-ils-de-retour-par-pascal-blanchard-et-olivier-barlet_666574_3232.html

 

• Le témoignage d'un acteur sur le Monde.fr. Guillaume Mivekannin, esclave dans « Exhibit B » : « Le voyeur n’est pas celui qu’on pense »:

http://www.lemonde.fr/scenes/article/2014/12/12/guillaume-mivekannin-esclave-dans-exhibit-b-le-voyeur-n-est-pas-celui-qu-on-pense_4539381_1654999.html

 

• Le communiqué de presse  de la LDH, de la Licra et du Mrap :

 

http://www.104.fr/data/document/cp_ldh-licra-mrap_exhibit-b_21-11-2014.pdf

 

• La lettre de soutien de la ministre Fleur Pellerin: 

http://www.theatregerardphilipe.com/cdn/sites/default/files/lettre-ministre-fleur-pellerin-_6nov2014.pdf

 

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December 12, 2014 6:41 AM
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Guillaume Mivekannin, esclave dans « Exhibit B » : « Le voyeur n’est pas celui qu’on pense »

Guillaume Mivekannin, esclave dans « Exhibit B » : « Le voyeur n’est pas celui qu’on pense » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Clarisse Fabre dans Le Monde :

 

Il n’a pas encore enfilé son habit d’homme de cour du XVIIIe siècle, loué à l’Opéra de Paris. Il est en jean et blouson, immense, légèrement barbu, devant un café de la Goutte d’or. Dans quelques heures, Guillaume Mivekannin, 42 ans, aura le visage maquillé de blanc, sera allongé tel un mort, au sous-sol du 104, à quelques stations de métro, dans le 19e arrondissement de Paris. Il attendra les visiteurs qui défilent au compte-goutte, un par un. Posera les yeux sur eux et ne les lâchera plus.

Tel est le protocole dans Exhibit B, l’exposition-installation du Sud-Africain Brett Bailey. Dernière date ce soir, vendredi 12 décembre : douze performeurs incarnent des tableaux vivants, représentant des scènes coloniales ou postcoloniales – tel l’Africain attaché à son siège d’avion qui meurt suffoqué.

Les opposants à cette œuvre qu’ils qualifient de « zoo humain » ne désarment pas, même si leur tentative d’interdire le spectacle a échoué devant la justice. Lors de rencontres avec le public, Guillaume a pris le micro pour défendre le dispositif. Il a fait la tournée française, depuis les premières dates au 104, fin novembre 2013, jusqu’à la reprise cet automne au Musée Sainte-Croix à Poitiers, au Théâtre Gérard-Philipe (TGP) à Saint-Denis, enfin au 104. Il ne sera pas de la tournée chilienne. Brett Bailey veut embaucher les gens sur place, dit-il.

Lire aussi : Pas d’interdiction, mais calendrier écourté pour « Exhibit B »

Harponner le spectateur
Incarner un esclave ne le gêne pas. C’est surtout le visiteur qui tressaille, en lisant la vie de Soliman sur le panneau de l’exposition. « Il y a deux moments sensibles. D’abord, le spectateur apprend que cet esclave est devenu un homme influent à la cour de l’Empereur d’Autriche, confident de l’Impératrice, de Mozart, en plus d’être mathématicien et philosophe… Ensuite, il découvre avec stupeur qu’à sa mort, l’Empereur l’a fait empailler et l’a installé au milieu d’animaux dans son cabinet de curiosités ».

Harponner le spectateur, le hanter du regard, c’est inverser les rôles. Le voyeur n’est pas celui qu’on pense, dit-il. Le visiteur est parfois intimidé, ou garde la distance. Un soir, au TGP, Guillaume a dû fermer les paupières. Il n’était pas en forme et la lumière braquée sur lui devenait insupportable. Brett Bailey a fini par lui poser un bandeau sur les yeux. « Du coup, des spectateurs ont osé venir plus près de moi. C’était vraiment différent ».

Au son, et à la vitesse des pas, il sait d’avance si le visiteur qui s’approche est concentré, ou pas. Un jour, un homme est arrivé, ou plutôt a débarqué. Il fulminait, le regard désapprobateur. A la fin du parcours, il a fini par crier quelque chose comme « dignité, respect ! », avant d’être poussé vers la sortie par un policier en civil.


Mardi 9 décembre, Guillaume est arrivé au 104 dans l’après-midi, « pour l’échauffement », sans savoir si le spectacle aurait lieu. L’équipe attendait le verdict du tribunal d’instance de Paris, saisi par les opposants… C’est éprouvant, physiquement, nerveusement. Il faut assurer plusieurs performances chaque soir, une trentaine de minutes chacune. Le jour de la première au TGP, le 27 novembre, les comédiens ont fait deux représentations, pas plus. « Ensuite, l’accès était bloqué par le collectif antinégrophobe, et plus personne ne pouvait entrer ». Mais le projet lui tient à cœur, depuis le début.

Lire aussi : « Exhibit B » à Saint-Denis : le théâtre face aux « antinégrophobes »

« Ici, l’Afro-européen n’est pas identifié »
Tout a commencé pour lui en juillet 2013. Rendez-vous au 104 pour un casting, qui n’en était pas vraiment un. « Brett Bailey a présenté son travail, nous a demandé de réagir. Il voulait aussi savoir quelle expérience on avait du racisme ». Avant de repartir, les candidats devaient écrire quelques lignes sur leur motivation. De manière un peu provocante, Guillaume a commencé par ces mots : « La colonisation n’a pas existé ». Que voulait-il dire ? « C’est comme si les gens n’étaient pas au courant, ou ne veulent pas savoir. Cela revient à garder un secret de famille. On connaît le résultat, ça maintient le malaise ».

Il compare la situation française à celle des Etats-Unis : « Ici, l’Afro-européen n’est pas identifié, contrairement au Noir américain, qui lui existe bien. Le romancier Alexandre Dumas était métisse, mais cela n’est pas dans les esprits. Au cinéma, c’est Gérard Depardieu avec des cheveux frisés qui tenait le rôle, dans L’Autre Dumas, en 2009 ».

Quand quelqu’un lui demande d’où il vient, Guillaume Mivekannin répond généralement : « Je viens de Reims », sa ville natale. Mais il s’attend à la deuxième question : « Non, mais tu viens d’où, vraiment ? ». Sous-entendu : puisque tu n’es pas blanc… Guillaume est métisse, né d’une mère française et d’un père originaire du Bénin, « lui-même né français, à l’époque de la colonisation ».

Guillaume Mivekannin a failli être basketteur professionnel, a trouvé un emploi stable dans la banque dans les années 1990. Puis il a découvert le théâtre, pris des cours, signé quelques one-man-show, dont un largement autobiographique – Arrête ta comédie, Papa ! Au cinéma, il fait « de la figuration, des silhouettes », a obtenu des rôles dans des courts-métrages. Il ne sait pas trop de quoi demain sera fait. Ce soir, il prendra la position pour la dernière fois, sur son lit sans bouger. Play immobile.

Clarisse Fabre
Reporter culture et cinéma

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December 5, 2014 3:44 PM
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Théâtre : comment lutter contre le fanatisme ? - Rue89

Théâtre : comment lutter contre le fanatisme ? - Rue89 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur le blog de Jean-Pierre Thibaudat :

 

La Bible comme arme de persuasion massive ou comment devient-on fanatique en lisant les Ecritures Saintes, et comment répondre à cela, c’est le sujet de « Martyr », la nouvelle pièce de l’Allemand Marius von Mayenburg, créée en français par la Compagnie du veilleur dans une mise en scène de Matthieu Roy.

Benjamin (Clément Bertani), un ado, est élève dans un établissement scolaire allemand où la religion fait partie des matières enseignées. Quand la pièce commence, Benjamin, déjà plongé dans la Bible, bascule : la lecture du texte sacré va désormais dicter sa vie. Il y lit que les femmes doivent avoir « une tenue décente », qu’elles doivent se parer « avec pudeur et modestie » (1 Timothée, 2, 9), il en conclut que la tenue des filles à la piscine n’est pas conforme, il refuse donc d’aller au cours de natation et, mieux, obtiendra du proviseur, en cheville avec l’ecclésiastique qui enseigne la religion, de faire interdire les maillots deux pièces. (...)

 

 

Jean-Pierre Thibaudat pour son blog "Théâtre et Balagan"

 

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

 

"Martyr", une pièce de Marius von Mayenburgmise en scène Mathieu Roy

Après Lille, Saint-Denis, Blois et Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), le spectacle poursuit sa tournée  :

Théâtre de Châtellerault (Vienne) le 4 décembre ;La Méridienne à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) les 11 et 12 décembre ;Théâtre national de Strasbourg du 27 janvier au 8 février ;«  Martyr  » (traduit de l'allemand par Laurent Mulhleisen), suivi de «  Cible mouvante  » (traduit de l'allemand par Pascal Paul-Harang et Mikaël Serre), Editions de l'Arche, 128 p., 15 euros 
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December 2, 2014 5:33 PM
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«Exhibit B», l’antiracisme en actes

«Exhibit B», l’antiracisme en actes | Revue de presse théâtre | Scoop.it

«Publié par Libération : 

«L’installation-performance» du Sud-Africain Brett Bailey s’attire les foudres d’opposants qui lui reprochent ce qu’il entend précisément dénoncer : l’oppression des Noirs.

C’est une œuvre qui révèle une profonde fracture, un profond malentendu dans nos sociétés. Où l’on apprend qu’il ne suffit plus de vouloir être antiraciste pour l’être vraiment. Que la non-représentation des minorités ethniques est un problème réel : non pas la non-représentation en tant qu’objets, mais en tant que sujets ayant «voix» au chapitre. Et que le retour de manivelle peut être brutal.

Dégradant». Montrée à Avignon en 2013, puis au CentQuatre à Paris, et ailleurs dans le monde, la pièce-performance Exhibit B, du Sud-Africain Brett Bailey, a été annulée à Londres en septembre, avant d’être perturbée au théâtre Gérard-Philipe (TGP) de Saint-Denis la semaine dernière. Une partie des représentations de jeudi a été empêchée par des manifestants, les suivantes se sont déroulées sous protection policière durant le week-end. De quoi parle cette pièce ? «Exhibit B est une installation-performance en douze tableaux vivants qui dénonce des actes commis, d’une part, en Afrique, pendant la période coloniale, et, d’autre part, aujourd’hui, en Europe, envers certains immigrés africains. Un pan occulté de notre histoire, dont les constructions idéologiques racistes perdurent jusqu’à nos jours», indique le site du CentQuatre, qui accueille à nouveau la pièce la semaine prochaine.

Les spectateurs déambulent dans ce qui rappelle un zoo humain colonial, où des acteurs noirs parfois nus, muets, les suivent du regard. Dès avant la reprise de l’installation au TGP, une pétition du collectif «Contre Exhibit B» avait circulé, signée par plus de 23 000 personnes, demandant l’annulation des représentations : «L’exposition met en scène des Noirs enchaînés et dans différentes positions dégradantes. […] Les figurants noirs sont embauchés dans chaque ville où l’exposition est présentée, et les spectateurs payent pour visiter un à un les Noirs, qui restent silencieux et immobiles. […] Nous voulons exprimer notre opposition indignée à cet événement raciste.»

D’un côté, l’absolue bonne foi de Brett Bailey et de ceux qui soutiennent son travail, qui ne sont pas des antiracistes mondains, mais des travailleurs culturels et sociaux. Bailey fait en outre valoir qu’on ne peut juger de son installation sur documents, puisqu’Exhibit B propose une expérience à vivre, celle de la gêne physique, où celui qui est le plus dénudé, mis à l’os, n’est pas forcément l’acteur noir. De l’autre, une vraie frustration, qui s’est exprimée dans la rue, au prix de quelques violences puisque des manifestants se revendiquant de la Brigade anti-négrophobie ont, jeudi, brisé une vitre du théâtre, agressant verbalement et physiquement des spectateurs et des membres du personnel. La police est alors intervenue. Deux manifestants ont été interpellés.

Ce désir d’interdire a d’abord choqué. On ne peut pas à la fois condamner les cathos intégristes empêchant les pièces mystiques de Castelluci ou vandalisant le Piss Christ de Serrano et accepter qu’un spectacle antiraciste soit interdit par d’autres antiracistes. La réaction suivante a été de dire : ils n’ont pas compris. Sauf qu’à suivre la polémique marquée du hashtag #ContreExhibitB sur les réseaux sociaux, on voit bien que (à part quelques excités appelant à foutre le feu au TGP) les manifestants, au contraire, comprennent très bien, portant des pancartes «décolonisons les imaginaires» ou notant avec des accents bourdieusiens que «lutter contre le racisme, ce n’est pas regarder Exhibit B, mais questionner ses privilèges de dominant».

Déni. La comédienne Amandine Gay (que l’on voit dans les reportages en ligne des anti-Exhibit B) ou le sociologue Eric Fassin ont assez vite publié des textes dans Slate et Mediapart permettant de comprendre que c’était peut-être moins cette œuvre particulière de Bailey en particulier qui était perçue comme une agression, qu’un déni sociétal général de la parole «minoritaire». Gay rappelle ainsi que «les expériences de vie et le rapport à la question raciale, dans une société majoritairement blanche, sont extrêmement différents que l’on soit noir-e ou blanc-he. La lutte face au privilège blanc, qui inclut le monopole de la parole sur l’histoire et la représentation des Noir-e-s, aussi. Et ce, même lorsque les dominants sont bien intentionnés.»

S’il n’est évidemment pas question de cautionner quelque censure que ce soit, si Exhibit B doit pouvoir être joué, il faut entendre cette manifestation d’exaspération et résister à la tentation de réduire les contradicteurs, souvent jeunes et éduqués, par le mépris. Cette blessure de l’incompréhension se lit parfaitement sur Internet, avec par exemple ce tweet de @AudVoo, postant ce lundi : «Les gauchistes, c’est chiant. Ils font exprès de voir #ContreExhibitB = "On dit que les Blancs n’ont pas le droit de parler de racisme."»

Eric LORET

 

Et aussi : l'édtorial de Laurent Joffrin : http://www.liberation.fr/culture/2014/12/01/bonnes-questions_1154718

 

Et aussi :

Entre la LDH ou le Mrap et les chantres de la cause noire, le divorce est acté. 

La mobilisation contre Exhibit B a de nouveau mis en lumière la rupture entre les organisations anti-racistes traditionnelles (Licra, Mrap, LDH) et de nombreux militants de la cause noire. Franco est le porte-parole de la Brigade anti-négrophobie, dont les membres ont occupé, quatre jours durant, le parvis du théâtre Gérard-Philipe avec ceux des Indigènes de la République ou d’Ausar. «On a prononcé un divorce net et précis avec les organisations antiracistes de façade»,dit-il. Pour lui, le spectacle de Brett Bailey «ne montre le Noir que dans une position humiliante», une «mécanique clairement raciste, consciente ou inconsciente». La comédienne Amandine Gay dénonce «une vision misérabiliste». Surtout, elle regrette le peu d’intérêt montré par la direction du théâtre à l’égard des manifestants : «Cela fait deux ou trois mois qu’on écrit sur le sujet, une pétition a reçu 20 000 signatures. Et pourtant, le pouvoir blanc refuse de voir ce qui se passe dans la rue et d’entendre les Noirs. Tout ce qu’on nous répond, c’est qu’on ne comprend rien à l’art.» Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), abonde : «Des propos ont mis de l’huile sur le feu, notamment quand Christophe Girard [maire PS du IVe arrondissement de Paris, ndlr] a parlé d’obscurantisme. C’est une vision paternaliste et colonialiste.»


En face, Mrap, LDH et Licra ont dénoncé la manifestation «devenue violente»et appelé la préfecture à protéger le théâtre et les spectateurs. Dans un communiqué distinct, le Mrap est allé plus loin en fustigeant «l’attitude pour le moins irresponsable de certains initiateurs de la manifestation», estimant qu’ils avaient permis à des «groupuscules, dont le discours ressemble à la rhétorique développée par Tribu K, organisation racialiste, antisémite violente dissoute en 2006, de se remettre en scène». Une accusation que ne supporte pas Amandine Gay : «On nous demande toujours de montrer patte blanche. Pourquoi devrait-on rassurer sur le fait qu’il n’y a pas de racistes et d’antisémites dans nos rangs ? Je n’en sais rien et je m’en fous !»

Parmi les opposants, le débat sur une éventuelle interdiction n’est pas tranché. Franco y est favorable : «Le chantage affectif sur la liberté d’expression, on ne prend plus. L’esclavage, c’est un crime contre l’humanité. On ne peut pas laisser passer.»Louis-Georges Tin y est pour sa part opposé, «parce que Bailey n’est pas Zemmour et qu’il n’est pas animé de mauvaises intentions». Il espère néanmoins que d’autres spectacles sur des «figures noires combattantes» seront prochainement mis en scène. Une proposition que plusieurs institutions culturelles ont accueillie favorablement.

 

Sylvain MOUILLARD pour Libération du 1er décembre

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November 29, 2014 9:54 AM
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Le maire de St Denis répond aux partisans de l'interdiction d'"Exhibit B"

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November 25, 2014 3:52 PM
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Alice Carré, «Au nom de la dignité humaine. Eclairer les zones d’ombres qui sous-tendent la censure.», Agôn - Points de vue -ENS-Lyon | THEATRE GERARD PHILIPE - CDN

Alice Carré, «Au nom de la dignité humaine. Eclairer les zones d’ombres qui sous-tendent la censure.», Agôn - Points de vue -ENS-Lyon | THEATRE GERARD PHILIPE - CDN | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Du lancer de nains à Exhibit B, du raccourci à la méprise 


 Un spectacle « par les Blancs et pour les Blancs » ? 


 Détruire et dépasser l’image, l’art contre la censure 


 Avaient-ils le choix ? La question de l’interprète. 


En 2013, la France a vu augmenter de 15% le nombre de retours forcés de migrants par rapport à 2012. En 2013, la France a enfermé plus de 45 000 personnes dont 3 607 enfants dans des centres de rétention, voyant le nombre de mineurs augmenter de 36% par rapport à l’année précédente. En 2013, et en dépit d’un certain nombre d’engagements électoraux, la France a confirmé que l’enfermement dans des centres de rétention était devenu une  « banale procédure de rétention1 ».  Le rapport2 de la Cimade,  France terre d’asile, l’ASSFAM, Forum Réfugiés-Cosi et de l’Ordre de Malte France qui vient de paraître est alarmant et fait apparaître le besoin d’une révision de la loi sur l’immigration. Le rapport touche à la question de la dignité humaine.

Commencer par là, c’est inscrire le débat qui tourne autour d’Exhibit B dans le cadre d’une urgence. Urgence d’arracher les racines de cette peur de l’autre qui structure les politiques migratoires et sociales et charpente l’inconscient collectif. Urgence de ne pas diviser les alliés d’une même cause en raison d’une incompréhension et d’une méprise. Urgence de ne pas laisser la paranoïa des images masquer les faits. Urgence de replacer cette question de la dignité humaine dans le politique et non dans la morale.

 

 

Du lancer de nains à Exhibit B, du raccourci à la méprise

Le communiqué de presse du Collectif contre Exhibit B, qui demande l’interdiction de la pièce de Brett Bailey au TGP de Saint-Denis et au 104 dit s’appuyer sur la jurisprudence du conseil d’Etat appliquée le 27 octobre 1996 à Morsang-sur-Orge, qui avait interdit un spectacle de lancer de nains. Il y aurait donc équivalence, dans « l’atteinte à la dignité humaine », entre un spectacle jouant sur l’exhibition d’un corps différent, tourné en dérision, montré comme un animal de foire, et l’entreprise de déconstruction de l’imaginaire colonial par la mise en scène de corps noirs dans l’exposition de Brett Bailey. Simplification et méprise. (...)

 

Alice Carré pour la revue en ligne Agôn, reprise par la TGP Saint-Denis

 

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November 20, 2014 5:08 AM
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La censure par le populaire, un article de Barbara Métais-Chastanier

La censure par le populaire, un article de Barbara Métais-Chastanier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par la revue en ligne Agôn, revue des arts de la scène sur le site de l'ENS Lyon  :

 

Sommaire:

-  Du Blanc-Mesnil à Montpellier : usages populistes du « populaire»

 

 - « C’est très bien » : la vie en rose qu’on nous propose  

-  Ce que censure veut dire  

 - Ce que la société ne t’a pas donné 

 

 

« Il appartient aujourd'hui aux êtres dissonants de résister autant que faire se peut à cette fiction discriminante de béatitude, d'une part en traquant les dérives de ce langage afin que sa vacuité saute aux yeux du plus grand nombre, d'autre part en alimentant in situ sa dissonance. L'enjeu est à la fois de déstabiliser les tenants de ce langage dominant, et de se forger une ligne de conduite critique. » Eric Chauvier, Que du Bonheur.

 

 

Depuis quelques mois, un même mot d’ordre se fait entendre ici et là : celui selon lequel les lieux d’art et de culture devraient être des lieux « populaires » et « ouverts à tous ». Rien de nouveau sous le soleil si l’on veut bien se rappeler que c’était le même élan qui guidait déjà Jean Vilar et Antoine Vitez dans la défense d’un « théâtre élitaire pour tous » (Vitez) dès les années cinquante. Pourtant le « populaire » semble aujourd’hui n’être qu’un vulgaire cache-sexe pour des politiques culturelles populistes et réactionnaires qui n’hésitent pas à prendre les commandes de lieux artistiques quand leur programmation ne s’ajuste pas aux cahiers des charges municipaux. On le sait les élus sont sensibles aux polémiques et le consensus doit régner pour éviter les risques politiques : les propositions divertissantes ont le mérite d’arrondir les angles en répondant aux attentes de collectivités souvent plus soucieuses d’aménager le territoire que de le voir se soulever sous l’effet de tensions et de désaccords profonds.

Celui qui est toujours instrumentalisé, celui pour qui parlent ceux qui agitent la poupée du « populaire » moribond, c’est le public. (...) 

 

Barbara Métais-Chastanier

 

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

Article en pdf disponible par ce lien : http://w7.ens-lyon.fr/agon/docannexe/file/3127/la_censure_par_le_populaire_bmc.pdf

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July 24, 2019 1:14 PM
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Au Festival d’Avignon, les thèmes sociaux ont occupé toute la scène

Au Festival d’Avignon, les thèmes sociaux ont occupé toute la scène | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Fabienne Darge dans Le Monde le 22 juillet 2019 

 


L’édition 2019, trop dominée par les questions politiques et sociologiques, a manqué de gestes artistiques forts.


Le Festival d’Avignon tire le rideau mardi 23 juillet (dans sa version « in », le « off » se poursuivant jusqu’au 28 juillet) avec un concert d’Arnaud Rebotini et du Don Van Club, qui vont interpréter, dans la Cour d’honneur du Palais des papes, la bande originale de 120 battements par minute, le film de Robin Campillo. Le rideau se referme, donc, sur une édition 2019 qui a suscité nombre d’insatisfactions et d’interrogations et qui devrait afficher des chiffres de fréquentation en légère baisse – même si ceux-ci seront bons, comme ils le sont systématiquement depuis une quinzaine d’années, en tournant autour de 95 % de taux de remplissage.

Les chiffres en eux-mêmes ne disent pas grand-chose, sinon que l’appétit de théâtre est toujours énorme dans notre pays. Ils ne disent pas l’essoufflement qui marque cette 73e édition du festival fondé par Jean Vilar : une forme d’épuisement de la ligne tenue par Olivier Py depuis son arrivée à la tête d’Avignon, en 2014, qui consiste à placer les enjeux politiques et sociétaux au cœur de la programmation, plutôt que les enjeux artistiques.

Notion de « spectacle sur… »
En Avignon, le spectacle programmé en ouverture dans la Cour d’honneur du Palais des papes donne toujours le la du Festival. Avec Architecture, l’auteur et metteur en scène Pascal Rambert, 57 ans, est apparu lui-même comme à bout de souffle, en signant une pièce à la fois boursouflée et sans relief, et laissant ses excellents acteurs (Emmanuelle Béart, Marie-Sophie Ferdane, Stanislas Nordey, Denis Podalydès…) se dépatouiller avec des personnages sans consistance.

La suite du Festival a semblé partir dans tous les sens, sans être structurée par une réelle pensée de programmation. Cette édition était pourtant placée sous le signe des odyssées d’hier et d’aujourd’hui, et de l’histoire européenne. Deux thèmes qui ont produit des spectacles forts, avec Le Présent qui déborde. Notre odyssée II, de la Brésilienne Christiane Jatahy, et Nous, l’Europe, banquet des peuples, de Laurent Gaudé et Roland Auzet.

Mais, plus les années passent, plus l’on s’interroge sur la notion de « spectacle sur… (les migrants, les femmes battues, le harcèlement à l’école, la révolution cubaine, la vie des abeilles…) ». La remarque est également valable pour le « off », d’ailleurs, où l’accent est de plus en plus mis, là aussi, sur les thématiques sociologiques.

Lire la critique : Festival d’Avignon : Kirill Serebrennikov s’évade en beauté


A ces interrogations, c’est un artiste dissident, le metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov, qui a répondu superbement, en signant, avec Outside, non pas un spectacle « sur » son arrestation et son assignation à résidence par le FSB, les forces de sécurité intérieure russes, ni « sur » son homosexualité, sans doute au cœur du problème, mais bien un véritable geste artistique, partant d’une intimité et d’une singularité.

Avec Outside, le bien nommé, Serebrennikov a offert le spectacle le plus puissant et le grand succès de cette édition, défiant les codes de la bienséance, du bon goût et de la bien-pensance avec une liberté souveraine. Le Festival a présenté d’autres beaux spectacles, comme le Pelléas et Mélisande très réussi de la jeune Julie Duclos, ou Sous d’autres cieux, de Maëlle Poésy, et Le reste vous le connaissez par le cinéma, par Martin Crimp et Daniel Jeanneteau, spectacles plus inégaux mais délivrant des moments magnifiques. Ou encore le Phèdre ! frais et subtil de François Gremaud. De même que, du côté de la danse, les créations d’Akram Khan dans la Cour d’honneur, Outwitting the Devil, et de Wayne McGregor, Autobiography.

Avec « Outside », Serebrennikov a offert le spectacle le plus puissant et le grand succès de cette édition

Mais on s’interroge sur l’absence à Avignon, plus criante d’année en année, des grands maîtres européens du théâtre. Où sont passés les Platel, les Castellucci, les Lupa, les Ostermeier et autres Marthaler, lesquels ne font pas des spectacles « sur » un thème, ce qui ne les empêche pas d’offrir une pensée sur le monde ? Que dirait-on si la direction du Festival de Cannes décidait de se passer des Pedro Almodovar, Ken Loach et autres Nanni Moretti ?

Lire aussi « Pelléas et Mélisande » : une jeunesse empêchée dans un monde trop vieux

 


Cette question est rendue plus aiguë encore par la présence de « découvertes » internationales qui n’ont pas leur place dans un festival de ce niveau, à l’image de La Maison de thé, du metteur en scène Meng Jinghui, premier spectacle chinois présenté à Avignon, et qui ne restera dans les annales que pour cette raison. On s’interrogera par ailleurs sur le choix d’exposer de jeunes artistes émergents, comme Clément Bondu ou Tommy Milliot, dans une manifestation dont ce n’est pas la vocation.

Théâtre d’intervention
Quant à Olivier Py, souvent critiqué depuis qu’il est devenu pape d’Avignon pour avoir utilisé le Festival comme plate-forme pour ses propres créations, il s’est fait modeste dans cette édition, en ne produisant qu’un spectacle jeune public, L’Amour vainqueur, et un Macbeth philosophe travaillé en prison avec des détenus du centre pénitentiaire Avignon-Le Pontet.

Mais la présentation de ce Macbeth, après Hamlet et Antigone les années précédentes, pose une question délicate et complexe : le rendu de ce travail, absolument incontestable sur le plan politique, doit-il être systématiquement présenté au Festival d’Avignon ? Est-ce là, de manière répétée et non exceptionnelle, le lieu de cette forme de théâtre d’intervention, qui évacue tout débat possible sur les aspects artistiques ?

« Que peut faire le théâtre pour le monde ? Du théâââtre ! », clamait Olivier Py, par la voix de l’inénarrable Michel Fau, dans une de ses propres pièces, datant de 2006, Illusions comiques. Il semblerait bien qu’il ait changé d’avis depuis qu’il dirige le Festival d’Avignon. Ce revirement n’est pas solitaire, il est dans l’air d’un temps qui demande à nouveau à tout prix à l’art d’émettre un message, d’avoir une fonction sociale bien définie et bien nette.

Le chercheur Olivier Neveux, professeur d’esthétique et d’histoire du théâtre à l’ENS de Lyon, s’interroge sur cette tendance dans un livre passionnant, Contre le théâtre politique (Ed. La Fabrique). « Contre » au sens du « tout contre » de Sacha Guitry : Olivier Neveux n’est pas un tenant d’un art déconnecté du réel. Mais il alerte : peut-être que ce qui serait vraiment politique, aujourd’hui, ce serait de reconnaître à l’art sa juste place.

Fabienne Darge (Avignon)

Légende photo : Odin Lund Biron dans « Outside » de Kirill Serebrennikov, le 15 juillet 2019 à Avignon. GERARD JULIEN / AFP

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July 18, 2019 6:42 AM
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Festival d’Avignon : Kirill Serebrennikov s’évade en beauté

Festival d’Avignon : Kirill Serebrennikov s’évade en beauté | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Fabienne Darge dans le Monde du 18 juillet 2019

Festival d’Avignon : Kirill Serebrennikov s’évade en beauté

Le metteur en scène russe interdit de sortie de territoire présente « Outside », inspiré du photographe chinois Ren Hang.


C’est le grand absent de ce Festival d’Avignon : le metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov n’a pas pu être présent, mardi 16 juillet, pour la première mondiale de son nouveau spectacle, Outside – le bien nommé. Son assignation à résidence, qui courait depuis juillet 2017, a été levée, le 8 avril, à l’issue d’un procès kafkaïen. Mais Serebrennikov est toujours sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire russe.

L’artiste rebelle n’a donc pas pu vivre directement ce moment intense entre tous, qui a vu toute une salle se lever pour ovationner Outside avec une émotion palpable. Une émotion qui n’était pas due uniquement au statut de dissident de la nouvelle Russie, qui est désormais celui du metteur en scène, mais aussi à la qualité de son spectacle, qui offre un geste artistique d’une folle liberté.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Moscou, le procès kafkaïen du réalisateur Kirill Serebrennikov

Kirill Serebrennikov a travaillé et répété ce spectacle en son Gogol Center, dont il a fait depuis 2012 un des lieux les plus excitants pour la jeunesse de Moscou. Une création qui met en son cœur un autre artiste : le photographe et poète chinois Ren Hang. Comme Serebrennikov, insoumis, homosexuel. Ren Hang photographiait ses amis, filles comme garçons, nus, devant les murs froids et impersonnels des villes, des bouquets de fleurs ou de feuillage éclatant sur leurs peaux délicates. Il s’est suicidé en 2017, à l’aube de ses 30 ans, et il est devenu un artiste culte pour la jeunesse chinoise.


Un rempart dérisoire

Comme un Pasolini d’aujourd’hui, il revendiquait une forme de pornographie, et non d’érotisme – une forme de pornographie, cela va sans dire, politique, dénonçant celle du monde d’aujourd’hui. C’est donc bien un double que s’est choisi Kirill Serebrennikov – et un double chinois, qui plus est. Et c’est une de ses photos qui ouvre le spectacle. Un jeune homme gracile allongé, nu, sur un parapet au-dessus du vide, devant une forêt de gratte-ciel. Un corps humain, fragile et beau, comme un rempart dérisoire et nécessaire face au béton et au danger. Un filet de sang coulant de son sexe.

Dans Outside, Serebrennikov orchestre le dialogue entre ses deux doubles, l’un qui l’évoque lui directement, et l’autre qui ressemble à Ren Hang. Le premier est derrière sa fenêtre, dans son petit appartement de Moscou, parlant à son ombre tout enveloppée de noir, lui racontant que son « envie d’être sur les toits » a toujours été « plus forte que la peur ». Ce motif de l’envol traverse tout le spectacle, où l’artiste russe arrive à mettre en scène avec le grotesque – et donc avec la distance – nécessaire l’épisode de son arrestation par le FSB, autrement dit le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie, digne successeur du KGB soviétique.

Un spectacle d’une énergie incroyable, gorgé de danse, de musique, de tableaux plastiques et de poésie

A partir de là, Serebrennikov signe un spectacle d’une énergie incroyable, gorgé de danse, de musique, de tableaux plastiques et de poésie – celle de Ren Hang –, se promenant avec une liberté absolue dans les formes artistiques, envoyant un pied de nez magistral aux censeurs de tout poil, y compris ceux du bon goût. Esthétique de fête foraine ou de boîte de nuit gay et sadomasochiste, musique techno berlinoise et chansons chinoises, tableaux maniéristes à la Robert Mapplethorpe, joignant la fragilité de la chair à celle, encore plus éphémère, de fleurs éteintes à peine écloses.


Un fond de mélancolie

Et des corps, des corps, des corps. Nus, jeunes et beaux. Sous toutes les coutures. Parce que c’est bien là l’objet du délit, le cœur du politique, pour tous les artistes résistants russes d’aujourd’hui, des Pussy Riot au performeur activiste Piotr Pavlenski. Pour Ren Hang, il était impossible de vivre son homosexualité librement dans la Chine d’aujourd’hui. Pour Kirill Serebrennikov, comme il le dit dans le spectacle, « voleur = pédé = ennemi de l’Etat » (le metteur en scène a été interpellé, à l’été 2017, au motif de détournements de fonds au profit de sa compagnie théâtrale). Pour leurs amies femmes, ce n’est guère mieux, entre les rôles de poupée Barbie ou de prostituée.

Avec ses photos, Ren Hang a sans doute voulu rendre à ces corps leur innocence et leur fraîcheur, évidemment bien plus éclatantes que celles des régimes qui les persécutent. Et c’est cette innocence et cette fraîcheur que Kirill Serebrennikov retrouve dans le spectacle, où l’énergie ravageuse est d’autant plus séduisante qu’elle vient s’inscrire sur un fond de mélancolie. « Mon livre parle d’amour et de solitude », dit Ren Hang au jeune éditeur qui craint de le publier.

Une solitude qui est aussi celle du metteur en scène russe pendant ces presque deux ans d’assignation à résidence, et qu’il évoque avec pudeur, aidé par le charme et le talent des ses interprètes, acteurs-danseurs-performeurs-chanteurs. Lesquels sont tous venus saluer en ligne, à la fois graves et joyeux. Le héros de la soirée, lui, n’est apparu qu’en image sur les tee-shirts imprimés à l’effigie de « free Kirill », puisqu’il est « outside », à tous les sens du terme.

Outside, de et par Kirill Serebrennikov. L’Autre Scène du Grand Avignon, Vedène, à 15 heures, jusqu’au 23 juillet. En russe surtitré. Durée : 2 heures. Les photos de Ren Hang sont visibles dans un livre publié aux éditions Taschen.

Fabienne Darge (Avignon)

Légende photo :
« Outside », de et par Kirill Serebrennikov. Christophe Raynaud de Lage 

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February 13, 2016 5:56 PM
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Revue de presse culturelle d'Antoine Guillot : Comment ne pas faire de théâtre...

Revue de presse culturelle d'Antoine Guillot : Comment ne pas faire de théâtre... | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Antoine Guillot pour  La Dispute de France Culture.

 

Ecouter: http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11981-01.02.2016-ITEMA_20902367-0.mp3

 


Il y a plusieurs façons de ne pas faire de théâtre. La première, c’est de renoncer de soi-même. “Le spectacle "Le Bateau ivre, les poissons détestent les vendredis", dans lequel Jean-Louis Trintignant, Jacques Bonnaffé et Denis Podalydès (également metteur en scène) devaient converser à trois voix sur les mots d’Arthur Rimbaud est annulé, nous apprend La Croix ce matin. Le comédien de 85 ans était « trop fatigué » pour entamer cette tournée à Chartres le 30 mars prochain, jusqu’à la cour d’honneur du palais des Papes au festival d’Avignon cet été.” 

"Contenu inapproprié"

Une autre bonne façon de ne pas faire de théâtre, toujours très efficace, c’est de se faire censurer. “En Turquie, nous apprend ainsi Le Monde, la censure d'Etat intervient désormais jusque dans les moindres détails, dès lors qu'il s'agit de l'image publique du président Erdogan. C'est ainsi que, début décembre 2015, comme l'a révélé le 16 janvier le journal turc en langue anglaise Today's Zaman, la Direction de l'éducation du district de Çankaya, à Ankara, a interdit une pièce de théâtre pour enfants, "Mes pièces d'échecs", consacrée aux figures du jeu. Le motif invoqué : l'une des chansons proposait « un contenu inapproprié ». C'est celle qui fait dire au roi de l'échiquier : « Ceci est mon palais et je peux faire ce que je veux. » L'auteur du texte, Serap Gültekin, a mis en scène cette création des dizaines de fois dans des écoles primaires et secondaires depuis quatorze ans. Selon lui, la Direction de l'éducation craint que les élèves puissent confondre le roi et le président Erdogan. Or, comme celui-ci s'est installé en 2014 à Ankara dans un somptueux et gigantesque palais présidentiel – ce qui avait soulevé de nombreuses critiques –, ils risquent aussi d'interpréter la phrase comme une critique du chef de l'Etat. L'avocat de l'écrivain, Ahmet Tokoz, a déposé plainte contre cette interdiction. Il a déclaré au journal turc Radikal que lui et son client étaient profondément déçus, ajoutant : « Dans une période où nous espérons une constitution plus démocratique et promouvant la liberté, une œuvre d'art a tout simplement été interdite parce qu'elle est considérée comme gênante. »” 

Débrouille

Mais le must, pour ne pas jouer, c’est de se faire couper les vivres. Prenez, juste un peu plus à l’ouest, la Grèce : “en 2008, raconte Eve Beauvallet dans Libération, les coupes budgétaires ont laissé sur le carreau 90 % des acteurs du spectacle vivant. Une baisse de 65 % du budget entre 2010 et 2013, un budget de la culture de 12 millions d’euros, à l’heure actuelle un des plus faibles de l’Union européenne… La visibilité sur le marché national et international dépend de la capacité à jouer des dernières cartes institutionnelles : sans compter le soutien des structures étrangères (en France, le festival Reims scènes d’Europe ou le Nouveau Théâtre de Montreuil), les seuls interlocuteurs à citer sont les deux théâtres nationaux, le festival de Kalamata, la Fondation Onassis (premier appui des artistes contemporains et courroie de transmission vers la diffusion internationale) et le Festival d’Athènes et d’Epidaure, place forte du théâtre et de la danse mobilisant chaque année 250 000 spectateurs… Mais l’inquiétude monte depuis l’annonce du limogeage de son directeur, Yorgos Loukos. […] Hors institution, le théâtre tient comme il peut. Plus structuré que la danse et les arts visuels, une tradition dramatique ancestrale, une fréquentation stable malgré la crise, des acteurs en surnombre – beaucoup étant revenus sur les plateaux après la fermeture de l’ERT, radiotélévision publique, en 2013 : « Il y a 145 théâtres à Athènes mais la plupart des acteurs jouent à la recette et il faut environ six mois pour éponger les frais de production, explique Christiana Galanopoulou, dramaturge pour la compagnie Vasistas et directrice du Mir Festival. On peut encore survivre avec le théâtre, mais pas avec la danse qui ne reste jamais autant à l’affiche. » L’alternative revient à produire des spectacles en chaîne ou à partager des espaces de travail, à réinventer à la débrouille d’autres modes de production et à cumuler des boulots. « Résultat : en Grèce, on a beaucoup d’activité mais peu de productions suffisamment solides pour intéresser le marché international. » 

Effervescence

Entre underground et institution, pas d’intermédiaires. Dimitris Papaioannou, sorte de Robert Wilson grec récemment passé par le Théâtre de la Ville, à Paris, ne manque d’ailleurs pas de rappeler que les organisateurs des JO d’Athènes (il en a chorégraphié la cérémonie d’ouverture en 2004) sont venus le chercher dans le squat qu’il occupait alors. Et si, aujourd’hui, les bouts de ficelles ne sont plus son affaire, d’autres artistes repérés continuent de jongler avec différents contextes de production : « Des compagnies aussi visibles à l’international que le Blitz Theatre Group ou le Vasistas Theatre Group peuvent être soutenues institutionnellement une année et retourner celle d’après dans l’underground, précise Christiana Galanopoulou. C’est dur, mais paradoxalement, il y a une effervescence que les gens nous envient car la communauté artistique ici est très soudée. » C’est pour chercher cette fluidité entre espaces laboratoires et production institutionnelle que Lenio Kaklea, chorégraphe grecque aujourd’hui installée en France, a accepté, sur invitation du Quartz - Scène nationale de Brest, d’organiser [du 1er au 5 mars] en tant que curatrice invitée un focus « subjectif » sur la création grecque. Dans la programmation du festival DañsFabrik, elle présentera ainsi des artistes locaux, comme les chorégraphes Iris Karayan ou Mariela Nestora mais aussi des figures de la diaspora, comme elle-même ou la Gréco-Suisse Alexandra Bachzetsis, installée à Athènes depuis deux ans. « Ce qui m’intéresse ici, c’est de voir comment on construit politiquement depuis la périphérie, précise Lenio Kaklea. En marge de l’institution, dans la banlieue de l’Europe…» N’attendez pas de sa part un panorama de la création grecque la plus buzzante, prévient Libération. Son projet est de faire passer à Brest quelque chose de l’effervescence athénienne actuelle. Expliquer les modes de production indépendants, tisser des liens. « Prendre conscience que les conditions là-bas sont certes difficiles mais qu’en France pointe aussi une autre forme de violence : des institutions menacées, une injonction à la production… Je suis très attachée au système français, mais en ce moment, à Athènes, on crée différemment parce qu’il y a moins à perdre. »” La Grèce, avenir de la France ?

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December 11, 2015 7:04 AM
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La Schaubühne de Berlin est assignée en justice par le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD - Alternative pour l’Allemagne).

La Schaubühne de Berlin est assignée en justice par le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD - Alternative pour l’Allemagne). | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Falk Richter sur Facebook

 

Paru dans les Dernières Nouvelles d'Alsace :

 

La Schaubühne de Berlin est assignée en justice par le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD - Alternative pour l’Allemagne). Ce dernier réclame que la pièce de Falk Richter (auteur associé au TNS à Strasbourg), à l’affiche dans le théâtre berlinois, la photo de la numéro deux du parti, Beatrix von Storch (foto), petite-fille du ministre des finances d’Hitler, ne soit plus présentée en scène. Ce parti, explique Falk Richter, « mène une campagne agressive contre la Schaubühne ». L’artiste rapporte que « le site web facebook de la Schaubühne a été attaqué », « des menaces de mise à feu du théâtre » ont été proférées, ainsi que « des menaces de mort ». Et l’artiste parle d’un climat délétère qu’il décrit précisément dans sa pièce. On a essayé, poursuit Falk Richter, « d’interdire la pièce mais ceci n’est plus possible en Allemagne ». Selon Falk Richter, d’autres théâtres à Dresde et à Mayence ont été visés pour leur programmation et des journalistes ont été assignés en justice par AfD. Alors que le Front National en France devient plus fort, poursuit Richter, AfD, qui a des sièges dans 5 des 16 parlements régionaux, mais pas encore dans le Bundestag, espère progresser de même et pousser en avant « sa propagande ». L’art, poursuit Falk Richter qui dit avoir été menacé de mort, « a le droit d’être critique, de parler de politique et de personnalités politiques ». La pièce Fear (la peur) aborde précisément ces thèmes : « la peur des migrants, la peur des alternatives familiales, la peur des musulmans, la peur de Schengen, la peur de l’euro, toutes sortes de peurs dont certains essayent de tirer profit ». La société, poursuit l’homme de théâtre qui évoque des attaques contre des camps de réfugiés en Allemagne, « est menacée par l’extrême droite et les islamistes et la majorité doit se protéger contre cela ». L’Allemagne connaît en effet aussi Pegida, mouvement des patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident, autre parti qui se glisse outre-Rhin entre la CDU-CSU et les groupuscules néonazis

(Christine Zimmer / Dernieres nouvelles d'Alsace
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November 2, 2015 3:45 PM
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A LA 17e CHAMBRE, RIBES OFFRE A L'AGRIF UN GRAND MOMENT DE SOLITUDE

A LA 17e CHAMBRE, RIBES OFFRE A L'AGRIF UN GRAND MOMENT DE SOLITUDE | Revue de presse théâtre | Scoop.it

TRIBUNE de Quentin Margne pour Inferno magazine :


Ribes offre à l’Agrif un grand moment de solitude


« la solitude est tout ce dont vous êtes assurés. », Golgota picnic.
Des goûts et des couleurs, on ne discute pas, dit-on. Et bien si, justement, des goûts et des couleurs discutons-en ! Cela donne lieu à d’ubuesques débats autour du théâtre contemporain et son rapport au sacré.


Ce vendredi 30 octobre, Jean-Michel Ribes est appelé à la barre de la 17e chambre correctionnelle du tribunal du Palais de justice de Paris. L’Agrif, association traditionaliste d’obédience chrétienne, l’accuse d’avoir programmé Golgota picnic au théâtre du Rond-Point en décembre 2011. L’Agrif condamne le Christ dépeint par le directeur d’« humain trop humain » tel l’inquisiteur du mal. Elle compte gratter 5000 euros « pour réparer le mal » dit-elle à Jean-Michel Ribes, qui l’a programmée au Rond-Point. Selon les dires du groupuscule extrémiste, les motifs de cette pièce seraient infamants à l’égard du Christ, et plus généralement, des croyants. On connaît le refrain : Golgota picnic alimenterait un climat général de christianophobie.


S’ensuivent quelques passages de Golgota picnic lus par Madame la Juge, non sans ironie, avec une habile pointe de distance sarcastique : « On appellera ça les évangiles, et les évangiles ourdiront des milliers de mensonges, infantiles pour la plupart, destinés à ne pas accepter l’homme dans son imperfection ».


D’entrée de jeu, cette œuvre de théâtre frappe, car elle agit dans le présent. Elle est dans son rapport à la réalité et la représentation, plus juste que la loi elle-même, plus juste que la bible même. Trois textes écrits, la loi d’un côté, de l’autre la parole d’un poète, et enfin la bible, s’affrontent sur le terrain de la vérité.


Entendons qu’avec les mots de Rodrigo Garcia, les évangiles peuvent très bien être les avocats, et les lois des paroles d’évangile. Les avocats apprendraient en fonction de leur client à mentir, à dire n’importe quoi, défendre n’importe qui. Chaque attaque ne faisant qu’augmenter in fine l’aura de ce chef-d’œuvre de littérature théâtrale, made in « Les Solitaires Intempestifs ».


Tout le monde le sait. Cette pièce est historique par l’ampleur des manifestations qui lui ont été hostiles au fil des années entre la Pologne, l’Espagne et la France. En fait, les lois qui l’accusent aujourd’hui demain seront ineptes, atomisées par la force du verbe du dramaturge. Golgota est devenue aujourd’hui un classique enseigné jusque dans les écoles d’art.


Quant à la bible, il convient de signaler comme l’a justement dit Jean-Michel Ribes, qu’elle regorge de passages d’une violence et d’une cruauté inouïes. Que peu d’artistes parviendraient à rendre compte de cette violence symbolique dispensée par l’imagerie de la crucifixion, présente un peu partout dans l’espace public à la vue de tous -parmi lesquels les enfants-, hormis les œuvres récentes comme Piss Christ, d’Andres Serrano -vandalisée à Avignon en 2011 par des intégristes cathos (soutenus par l’évêque d’Avignon)- ou encore Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci.


L’Agrif au fil du « procès » relève l’iconographie « barbare » de Golgota picnic. À cours de preuve, elle rapporte les clichés, répète les propos « pornos », en boucle et sortis de leur contexte. Elle décrit, « hors-sol », la pièce de théâtre, ne l’ayant vue qu’en DVD, et pas dans une salle où la mise en scène et la présence physique des acteurs éclairent le théâtre de Rodrigo Garcia.


Plus tard, à l’apogée de sa propre caricature, Maitre Jérôme Triomphe ira jusqu’à affirmer que le théâtre contemporain a tendance à trop sacraliser l’art. En regard, les extrémistes ne peuvent réagir que par vandalisations réitérées, usant d’actes performatifs clownesques. En 2011, ils se sont en effet infiltrés dans le théâtre du Rond-Point, ont absorbé des vomitifs et gerbé sur une rangée de spectateurs, dès le début des représentations. L’avocat de l’Agrif finira par feindre l’indignation, au sommet de sa solitude, déclarant que c’est avec nos impôts que l’on déverse tant de haine gratuite.


Alors, Jean-Michel Ribes, magnifiquement, se tourne du côté de Voltaire, nous remémore l’affaire Calas. Il cite Freud, Aragon, Nietzsche, Sade, nous rappelle l’enfance de Rodrigo Garcia. Il nous le décrit comme un enfant traumatisé par l’église, qui faillit mettre feu à son pensionnat catholique. Je vous salue, Marie de Jean Luc Godard, Le Royaume d’Emmanuel Carrère sont aussi évoqués, lors de cet émouvant et théâtral cours d’histoire de l’art.


Jean-Michel Ribes est relaxé faute d’arguments réels, son choix de programmation est légitime, la pièce s’insérant à l’intérieur du cadre fictionnel théâtral ; la matérialité même du noyau des accusations est invalidée comme dans un subtil jeu de poupées russes. À vrai dire, il n’aurait manqué que les Sept paroles de Haydn, joué par le pianiste virtuose Marino Formenti, pour avoir eu l’impression d’assister cet après-midi là à la 17e chambre, à une grande mise en scène de Christophe Honoré.

 


Quentin Margne

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February 24, 2015 6:10 PM
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Thaïlande: ils montent sur scène et finissent sous les verrous

Thaïlande: ils montent sur scène et finissent sous les verrous | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Pornthip Mankong (d.) et Patiwat Saraiyaem ont écopé de deux ans et demi de prison pour avoir joué une pièce jugée offensante pour la monarchie thaïlandaise.


(Photo : REUTERS/Athit Perawongmetha ) 

 

En Thaïlande, deux étudiants ont été condamnés à deux ans et six mois de prison pour avoir joué dans une pièce de théâtre jugée insultante pour la monarchie. Cela porte à neuf le nombre des condamnés pour crime de lèse-majesté depuis le coup d’Etat du 22 mai dernier.

 

Patiwat Saraiyaem, 23 ans, et Pornthip Mankong, 26 ans, avaient joué en 2013 dans une pièce intitulée L’épouse du loup, laquelle mettait en scène de manière satirique une monarchie fictive. Les juges ont estimé que cette pièce avait « endommagé la monarchie ». Dès le verdict, des scènes pleines d’émotion ont eu lieu. La famille et les amis des deux jeunes Thaïlandais les ont entourés. Pornthip, étudiante et actrice, a dit que la prison ne lui faisait pas peur et que cela l’aiderait à chérir encore plus la liberté.

 

Depuis le coup d’Etat du 22 mai, les arrestations pour crime de lèse-majesté sont nombreuses. Lors d’un des derniers cas, un septuagénaire a été inculpé pour avoir évoqué les différentes formes de monarchie lors d’un séminaire.

 

La junte au pouvoir s’est donnée pour mission de protéger la monarchie contre toute critique. Cela a abouti à une chasse aux sorcières et à rendre tabou toute discussion à propos de l’institution royale. Le roi lui-même avait pourtant dans le passé déclaré qu’il devait être permis de le critiquer. Mais il est âgé de 87 ans, sa santé est déclinante. Et sa voix n’est plus entendue.

 

Publié par RFI Avec son correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus


POUR LIRE L'ARTICLE DANS SON SITE D'ORIGINE ---->

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20150223-thailande-crime-lese-majeste-junte-theatre-saraiyaem-mankong/

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December 15, 2014 7:17 PM
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Festival Théâtre à tout âge. Le maire de Quimper donne ses « consignes »

Festival Théâtre à tout âge.  Le maire de Quimper donne ses « consignes » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Le Télégramme

 

« La Maison, ça ne m'a pas plu ! Pour moi, ça ne représente pas du théâtre en période de fête. Je veux bien que l'on s'adresse à des enfants de plus de 6 ans. Mais ce que j'ai vu ce n'est pas ça. Vous avez le droit de faire les ouvertures que vous voulez, mais moi qui suis le maire de cette ville, je vous demande de faire attention ». Réaction publique du maire UMP Ludovic Jolivet, lors de l'inauguration, samedi, du festival Théâtre à tout âge 2014. Le maire, qui venait d'assister au spectacle de danse contemporaine « La Maison », de la compagnie Pernette, l'un des rares spectacles de Très Tôt Théâtre, sinon le seul, qu'il ait vu en quatorze ans de programmation de l'association, s'est ensuite fait plus précis. « Je veux qu'on ait un spectacle populaire, accessible, compréhensible par tous. Je ne l'ai pas trouvé (...) Le ton doit être donné dans cette direction-là. Ce sont les consignes que je donne », a-t-il insisté. « Nous avons été frappés de stupeur ! C'est bien la première fois qu'un maire de Quimper voudrait donner des consignes et se mêler d'une programmation qui a fait ses preuves », a réagi, un peu plus tard, Bernard Le Noac'h, le directeur de Très Tôt Théâtre. « Nous tenons à notre diversité, c'est notre mission de scène conventionnée de soutenir des créations. Visiblement le public apprécie cette diversité, puisqu'il y a des centaines de personnes dans les salles. Il y a, durant le festival, bon nombre de pièces qui empruntent des tons différents. C'est au public, dans son ensemble, de se faire sa propre idée de ce qui est proposé », a commenté Bernard Le Noac'h. 

 



© Le Télégramme - Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/festival-theatre-a-tout-age-le-maire-donne-ses-consignes-15-12-2014-10462307.php

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December 9, 2014 6:32 PM
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« Exhibit B » : les associations déboutées de leur demande de suspension

« Exhibit B » : les associations déboutées de leur demande de suspension | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Le Monde :

 

Un collectif d'artistes avait annoncé, lundi 8 décembre, le dépôt d'un référé afin d'obtenir l'interdiction de cette installation de l'artiste sud-africain Brett Bailey.

 

Il a perdu. Le collectif qui avait déposé un référé, lundi 8 décembre, afin d'obtenir l'interdiction du spectacle de Brett Bailey, Exhibit B, présenté au 104, dans le 19e arrondissement de Paris, a vu sa demande rejetée, mardi 9, par le tribunal administratif de Paris. Ce dernier a estimé au contraire qu'Exhibit B « ne porte pas atteinte au respect de la dignité de la personne humaine ».

Le collectif fondait sa requête sur le motif qu'il jugeait « raciste » et « portant une atteinte grave à la dignité humaine » le spectacle du Sud-Africain, qui met en scène douze tableaux vivants reproduisant les « zoos humains » de la fin du XIXe siècle, afin de dénoncer les atrocités du colonialisme et d'interroger les politiques actuelles de l'immigration africaine en Europe.

 Lire notre chronique : Interpeller, boycotter, cogner

Après de violentes altercations, lors de la présentation d'Exhibit B, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, du 27 au 30 novembre, le spectacle a été accueilli par le 104, où la première journée de représentation, dimanche 7 décembre, s'est tenue sous protection policière.

 

EXHIBIT B « DÉNONCE SANS AMBIGUÏTÉ » L'ASSERVISSEMENT DES NOIRS

Le collectif contre Exhibit B a mis en avant, dans sa requête, la « chosification » d'hommes et de femmes noirs, à rapprocher, selon lui, des « lancers de nain » qui ont été interdits en France par un arrêt du Conseil d'Etat du 27 octobre 1995.

Mais ces arguments n'ont pas convaincu le tribunal administratif. Au contraire : son ordonnance insiste sur le fait que « la représentation artistique en cause a pour objet de dénoncer, sans ambiguité, l'asservissement des populations noires lors de la période coloniale ainsi que des traitements contraires au principe de respect de la dignité humaine ou aux droits de l'homme dans le monde contemporain ».

Ainsi lavé de ses accusations, et reconnu comme une œuvre à la fois artistique et pédagogique, Exhibit B devrait être présenté au 104 jusqu'au vendredi 12. Le collectif dispose de 48 heures pour faire appel de la décision du tribunal administratif.

 

Brigitte Salino 
Journaliste au Monde

 


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/12/09/exhibit-b-les-associations-deboutees-de-leur-demande-de-suspension_4537607_3246.html#oPAc1KOqkehf7Cvf.99

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December 3, 2014 4:07 PM
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Ce que disent les performeurs d’Exhibit B

Ce que disent les performeurs d’Exhibit B | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Publié dans l'Humanité :
Jelle Saminnadin, comédienne

« Petite fille, j’étais la seule enfant noire dans mon école. Souvent obligée de me battre car on m’affublait d’insultes telles que “Négresse à plateau, Blanche-Neige, Boule de suie ou Noiraude”, je ne comprenais pas… j’avais juste une couleur différente. L’année dernière, au jardin des Tuileries, une femme m’a traitée de “macaque” et, l’autre jour, en venant au Théâtre Gérard-Philipe, une autre m’a regardée et a dit : “Toute cette racaille en France !..” Loin de moi la militante, je ne suis ni Angela Davis ni Miriam Makeba, qui étaient pour moi des femmes admirables, mais je suis fière d’incarner cette femme pour la deuxième fois, qui a pu être l’une de mes ancêtres, et de raviver sa mémoire. »

 

 

Guillaume Mivekannin, comédien

« L’inconscient collectif français ne prend pas en compte la volonté de l’État français de s’établir en empire colonial lors des siècles précédents et ses répercussions sur la société française actuelle. Je ne me sens pas de couleur, je suis autant noir que blanc et je ne souffre plus trop du racisme parce que je suis convaincu de ma légitimité. Malgré tout, je sens qu’il est urgent d’expliquer, d’enseigner, de tous nous éduquer sur cette période coloniale, sur ce désir de l’État français d’absorber tous ces pays, et sur les conséquences de ce désir des années après. Cela pour rendre leur légitimité à toutes les personnes françaises d’apparence différente, qui, à force de voir cette légitimité être niée, ont tendance à se replier en communautés. »

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November 29, 2014 10:08 AM
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Le maire de St Denis répond aux partisans de l'interdiction d'"Exhibit B"

Le maire de St Denis répond aux partisans de l'interdiction d'"Exhibit B" | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Lisez la lettre de Didier Paillard, maire de Saint-Denis, en suivant ce lien :  http://www.theatregerardphilipe.com/cdn/sites/default/files/reponse-maire-st-denis-exhibit.pdf

(photo Joachim Salinger prise devant le Théâtre Gérard Philipe protégé par la police)

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November 28, 2014 7:36 PM
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« Exhibit B » à Saint-Denis : le théâtre face aux « antinégrophobes »

« Exhibit B » à Saint-Denis : le théâtre face aux « antinégrophobes » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

La barrière a commencé à vaciller. Franco – alias le Pacificateur dans l’ancien groupe de rap La Brigade –, a grimpé sur la première marche le mégaphone à la main. « Mon corps n’est pas à vendre ! », « Décolonisons l’imaginaire ! », disaient les sages banderoles. « Salopards ! » a hurlé une pasionaria petite et baraquée. Et c’est alors que tout est parti en vrille : les barrières se sont effondrées, les grands costauds – tee-shirts noirs fraîchement endossés – de la Brigade antinégrophobie ont ouvert la voie et jeudi 27 novembre la foule galvanisée s’est ruée sur le Théâtre Gérard-Philipe (TGP) à Saint-Denis en banlieue parisienne. Une vitre brisée d’une frappe de marteau, quelques coups donnés, un début d’envahissement rapidement repoussé par la sécurité et des policiers arrivés en courant qui n’avaient visiblement rien vu venir.

Voir aussi : le portfolio sur cette manifestation : http://ww.lemonde.fr/culture/portfolio/2014/11/28/manifestation-houleuse-contre-le-spectacle-exhibit-b-accuse-de-negrophobie_4531041_3246.html

Tout ça pour quoi ? Exhibit B, une déambulation-spectacle du Sud-Africain Brett Bailey, antiraciste convaincu, cherchant à montrer au travers d’une série de tableaux vivants la souffrance infligée aux Noirs, depuis la Vénus Hottentote exhibée dans les foires au XIXe siècle jusqu’aux immigrés attachés et bâillonnés à des sièges d’avion pour être renvoyés chez eux. Paradoxalement, c’est au nom même de l’antiracisme qu’un collectif d’associations demande aujourd’hui son interdiction.

Lire aussi : « Exhibit B », une évocation des « zoos humains » qui scandalise : http://www.lemonde.fr/scenes/article/2014/11/27/exhibit-b-l-evocation-des-zoo-humains-dechaine-la-polemique_4530471_1654999.html

« Des Noirs, à demi dénudés, silencieux, immobiles, esthétisés sous une lumière décorative ! Un spectacle fait par un Blanc pour des Blancs qui vont voir le Noir humilié, et repartent avec un frisson d’horreur et de culpabilité… Et tout ça avec de l’argent public ! » John Mullen s’en étrangle. Mais il est ravi. A 54 ans, ce militant du Front de gauche, Blanc (lui aussi), antiraciste (lui aussi), sorti en 1986 des brumes d’Accrington, une bourgade ouvrière au nord de Manchester pour devenir professeur d’histoire au département d’anglais de l’université de Créteil, s’est trouvé une cause : faire interdire Exhibit B : « 70 000 personnes ont lu mon blog, de ma vie entière de militant cela ne m’est jamais arrivé… »

Tournée de quatre ans
Tout est parti de Birmingham, d’où une militante noire, Sara Myers, a lancé la mobilisation contre le spectacle qui était proposé cet été au Barbican Center de Londres après avoir tourné dans toute l’Europe depuis quatre ans sans qu’on y ait trouvé à redire. La mobilisation coup de poing aura cette fois raison d’Exhibit B… En découvrant ça sur la toile, le sang de John Mullen n’a fait qu’un tour : « Un zoo humain ! » Quid de La Vénus noire d’Abdellatif Kechiche (2010), sur le même thème ? « On m’en a parlé. » Et Macbeth, proposé la semaine dernière à Montreuil où il habite, par le même metteur en scène qu’Exhibit B ? Haussement d’épaules : « On ne peut pas s’occuper de tout à la fois… Les arbres de Noël de forme bizarre je m’en fous complètement, ajoute ce petit personnage sincère et agité en évoquant l’œuvre de Paul McCarthy, en forme de plug anal, sur la place Vendôme. Mais si moi – un homme – je faisais des tableaux vivants avec des femmes à moitié nues, elles me chasseraient à coups de pied et elles auraient raison. D’ailleurs, ici aussi on montre des femmes avec les seins nus ! Va savoir pourquoi les gens viennent ? »


Devant le Théâtre Gérard-Philipe, sa silhouette s’efface aux milieux des grands gaillards et des coups de gueules sonores. Guerre des mégaphones entre les groupuscules. L’occasion de se compter. « Ras le bol qu’on nous méprise », « aux Etats-Unis, on nous tire comme des lapins ! », « Ils ont interdit Dieudonné. Et pas ça ? » Au milieu, Corinne, Zaya et Agnès, trois militantes du MRAP local venues défendre leur théâtre, essayent bravement de faire entendre leur voix. Elles qui ont été de tous les combats pour les sans-papiers ne comprennent pas ce qui arrive.

Et tout le monde d’être ainsi convoqué à prendre position dans un débat qui ne devrait pas l’être. On doit bien se marrer chez les vrais racistes. Christiane Taubira monte à la rescousse, dans un communiqué, en soutenant la pièce. Le rappeur D' de Kabal plaide pour la liberté d’expression sur sa page Facebook. Lilian Thuram qui, avec sa fondation, a coproduit l’exposition « Zoos humains : l’invention du sauvage » au Musée du quai Branly, a attendu de voir le spectacle pour se prononcer. Il en sort convaincu : « J’aimerais y emmener mes enfants. Bien sûr, on peut lire sur l’esclavage, mais vous n’y trouverez pas, comme ici, le regard de cette personne qui ne vous quitte pas des yeux, vous oblige à regarder. Cela n’a rien à voir avec un zoo humain… »

Chantage
Au Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), on était bien ennuyé. Son président, Louis-Georges Tin, a vu le spectacle à Poitiers le mois passé sans y trouver à redire. Comment prendre le train en marche sans se dédire ? « L’intention de l’artiste n’est pas douteuse, et c’est pour cela que nous ne demandons pas l’interdiction, explique-t-il de sa belle diction articulée. Mais le spectacle pose problème : comme si l’histoire de l’esclavage se résumait à cette position passive d’êtres réifiés, spectateurs endoloris de leur propre histoire alors que toute l’historiographie moderne tend à mettre en lumière les figures héroïques, de la reine N’Zinga à Toussaint Louverture. » Après un week-end de cogitations, il a trouvé la parade : le CRAN a demandé au TGP de s’engager l’an prochain sur une programmation de spectacles par eux estampillés « Exhibit White ». Le chantage était gros, la manœuvre réussie : du coup les voici libres de crier à l’intolérance et d’appeler à manifester.

Intéressant de voir comment le Web, en fédérant les gens dans leur famille de pensée, leur groupe ethnique, religieux, politique, devient une machine à fabriquer de la censure. Loin d’unifier la société, l’atomise. Outil planétaire de la mondialisation, il est dans le même temps le lieu de sa crispation : le retour au groupuscule et au sectarisme.

« Hérésie, inceste, pédophilie… » : Il a suffi de quelques mails le mois dernier pour qu’une galeriste parisienne qui exposait dans le cadre du Mois de la photo l’œuvre de Diane Ducruet décroche un autoportrait où cette dernière, bouche grande ouverte, semble dévorer sa fille. Le 1er octobre, une œuvre antiraciste de Banksy à Clacton-on-Sea, sur la côte est de l’Angleterre, est comprise à l’envers et effacée par les services de la mairie, pendant qu’à New York, l’opéra de John Adams, La Mort de Klinghoffer sur l’assassinat de ce citoyen américain juif et handicapé à bord de l’Achille-Lauro en 1985, provoque la colère de la communauté juive, comme l’an passé, les photos de la Palestinienne Ahlam Shibli exposées au Jeu de paume.

C’est, encore en 2013, une affiche pour L’Inconnu du lac, d’Alain Guiraudie, qui provoque l’émoi et se voit supprimée de l’affichage dans les villes de Saint-Cloud et Versailles : on y devine dans l’arrière-plan deux hommes en train de faire l’amour. C’est enfin bien sûr en 2011, les actions commandos des traditionalistes chrétiens contre les pièces de Romeo Castelluci ou Rodrigo Garcia censées bafouer l’image de Dieu. Partout la même chose : on n’a pas vu, on ne veut pas voir, on sait : c’est honteux, c’est dégoûtant, il faut que ça cesse !

Les affaires se multiplient à tel point que la Ligue des droits de l’homme a créé en 2002 l’Observatoire de la liberté de création. « Ces nouveaux censeurs utilisent les mêmes arguments – l’atteinte à la dignité humaine – que l’extrême droite, constate sa déléguée, l’avocate Agnès Tricoire, dénonçant une dénaturation du combat antiraciste : « Dans une démocratie, tant qu’un spectacle ne tombe pas sous le coup de la loi, il n’y a aucune raison qu’il soit empêché par quelque méthode que ce soit. »

Sur le site de pétitions en ligne change.org, John Mullen et ses copains regardent eux avec un plaisir non dissimulé la liste des signataires s’allonger – près de 20 000 signatures –, au milieu d’une jungle d’appels édifiants : « Monoprix : stop aux produits plus chers pour les femmes », 44 000 signatures. « Mettez fin à la souffrance des animaux du zoo de Fréjus », 37 000. « Assureur Shan : indemnisez Jean-Michel Billaut, amputé d’une jambe à la suite d’une faute médicale », 34 000… Une démocratie directe aux accents populistes.


Croisades aux noms conceptuels
Que l’art soit là pour faire bouger les lignes, pour provoquer une réaction, est une idée totalement étrangère à ces nouvelles ligues de vertu qui ont en commun à la fois leur sincérité et leur aveuglement. Comment expliquer à ces jeunes filles qui s’accrochaient hier aux portes du Théâtre de la Ville, à Paris, pour protester contre la pièce de Romeo Castellucci, que ce qui se passait à l’intérieur ne tenait pas du blasphème mais de la mystique ? Comment faire entendre aujourd’hui à ces militants antiracistes que leur combat n’est en aucun cas opposé à celui du metteur en scène ? Peu leur chaut : ils ont trouvé là – antichristianophes, antinégrophobes –, une caisse de résonance à leurs croisades aux noms si joliment conceptuels de double négation.

Au milieu de la foule, devant les morceaux de verre de la porte brisée, un grand homme blanc à belle prestance aimerait entrer dans la salle. Toute cette agitation ne semble guère l’impressionner : poète afrikaner, Breyten Breytenbach a combattu aux côtés de l’ANC (Congrès national africain). Lui qui a passé neuf années dans les geôles sud-africaines est venu voir le spectacle qui a débuté à l’intérieur. Une soixantaine de spectateurs déambulant dans un recueillement terrifiant pendant qu’au dehors hurlent les sirènes.

Lire aussi : Brett Bailey, Africa remix :  http://www.lemonde.fr/scenes/article/2014/11/17/brett-bailey-africa-remix_4524799_1654999.html

« Exhibit B n’est pas une pièce sur l’histoire des Noirs à l’usage d’un public blanc. C’est une pièce sur la déshumanisation qui peut toucher chacun dans la société, quelle que soit la couleur de sa peau, sa condition ethnique ou culturelle, qui secoue l’humanité de celui qui regarde comme de celui qui est regardé », expliquait Brett Bailey. Conscients des menaces sur le spectacle, ses acteurs ont tenu à témoigner par écrit à la fin du parcours sur cet engagement qui les fait ce soir jouer coûte que coûte. « Mon travail de performer agresse une bonne masse d’Africains, constate Eric Abrogoua qui porte ici un masque de fer. Ceux-ci me font entendre : “Tu es une honte pour les Africains” ou “Espèce de faux Noir”. C’est à se demander qui tient la mesure de la noirceur ? »

Pour Jean Bellorini, le tout jeune directeur du TGP, c’est là un baptême du feu : « Je ne veux pas remettre en cause la vérité de leur colère, dit-il à propos des manifestants avec qui il cherche à discuter. Exhibit B provoque ce trouble impalpable et physique que permet encore le théâtre. Mon débat c’est l’expérience intime de la représentation. Ici, l’œuvre se traverse, bouleverse, choque, transforme… Si je veux positiver tout ça, je me dis que cette agitation amène la discussion. En accélérant ainsi le dialogue, peut-être que je gagne du temps sur ce que je voulais faire ici à Saint-Denis. »

Blasphème
Mais sur place, le dialogue est celui de sourds. A l’extérieur, 200 personnes dont le sang bout. A l’intérieur, 200 qui résistent au nom de la liberté de la création. Sur le pavé, le sympathique Jean-Marie Bataille, un des quatre à l’origine du collectif anti-Exhibit B, Blanc lui aussi, a écrit une thèse sur Les Pédagogies de la décision : « Décider avec les publics en animation socioculturelle ». Quid alors des élèves de la classe de première ES du lycée Paul-Eluard, largement métissée, séduits par la pièce qu’ils viennent de voir et poursuivis à la sortie par des huées et la foule en colère ?

Lire notre post de blog : « Exhibit B » ou les moyens contestés de la lutte antiraciste : http://antiracisme.blog.lemonde.fr/2014/11/22/exhibit-b-ou-les-moyens-contestes-de-la-lutte-antiraciste/

L’écrivain Claude Ribbe consent, lui, à poser une minute son mégaphone et son charisme pour parler avec « Le Monde, ce journal qui met un “N” majuscule au mot noir. » Un blasphème de plus, visiblement. Et le fait que Lilian Thuram ait pris position pour la pièce ? « Moi je suis agrégé de philosophie, lui est footballeur. » L’auteur du Crime de Napoléon aura en tout cas inspiré les lettrés qui ont déjà tagué le Centquatre à Paris où le spectacle doit se jouer ensuite du 7 au 14 décembre : « Pas de zoos humains dans le 19e. Gonçalves, le nègre t’emmerde. » Gonçalves c’est le fils d’immigrés portugais qui dirige le Centquatre. Le Nègre vous emmerde est le titre de l’ode que Claude Ribbe a consacré à Aimé Césaire.

Devant le théâtre, les ligues de vertu se donnent rendez-vous « même lieu, même heure, demain » pour continuer le combat. Loin de ce petit monde de bruit et de fureur, dans la rue de la République qui s’est vidée, les quelques jeunes qui traînent encore, capuches relevées, moteur du scoot à l’arrêt, le trois-feuilles à moitié roulé, se préoccupent plus de la misère dont est fait leur quotidien que de la question de sa représentation.

Laurent Carpentier
Reporter culture 

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November 23, 2014 5:44 PM
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Exhibit B : l’interdit racial de la représentation

Exhibit B :  l’interdit racial  de la représentation | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Les expositions et les musées sont soumis aujourd’hui à une véritable obligation de contemporanéité en raison de la prévalence des problématiques postmodernes et postcoloniales qui sont scénarisées par les manifestations artistiques les plus porteuses ou par les analyses qui sont effectuées à leur propos. Les musées les plus contemporains sont des musées d’histoire de l’esclavage et de la colonisation, notamment le musée de Londres qui met en relation l’histoire de cette ville avec la traite esclavagiste et avec la colonisation et qui insiste sur les liens existant entre ces périodes et le racisme actuel prévalant en GrandeBretagne.
Cette problématique est parfaitement illustrée par l’installation-performance des horreurs coloniales et postcoloniales Exhibit B du Sud-Africain Brett Bailey, qui a déjà été présentée au festival d’Avignon et au 104 à Paris en 2013 sans susciter de réactions particulières. Elle doit de nouveau l’être cette année dans ce dernier lieu ainsi qu’au théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis.

Il s’agit d’un véritable «musée vivant» qui entend, dans une perspective proche de celle d’Hannah Arendt, montrer les liens entre colonisation de l’Afrique, génocide nazi et migrations contemporaines en provenance d’Afrique. Cette exposition de tableaux vivants, performés par des acteurs, est une sorte de parcours de pénitent individualisé, de chemin de croix qui accroît la solennité de cette exposition et qui commence dans une salle d’attente dotée de sièges numérotés, les spectateurs étant successivement appelés à entrer dans l’espace de ce qui constitue une véritable cérémonie d’expiation. Dans l’obscurité, le spectateur est ainsi amené à effectuer un certain nombre de stations devant des saynètes de figurants muets et immobiles représentant les différentes exactions coloniales (esclavage, exploitation forcenée de la main-d’œuvre employée à la collecte du caoutchouc au Congo belge, accompagnée de meurtres et de tortures) et leur prolongement actuel avec la mort par étouffement d’un migrant expulsé dans une cabine d’avion.

Cette manifestation artistique militante, parfaitement correcte du point de vue politique, est l’œuvre d’un Sud-Africain blanc qui souhaite racheter les fautes commises par ses ancêtres dans l’Afrique du Sud de la période de l’apartheid (1). Or Exhibit B a déjà été l’objet en Grande-Bretagne d’une campagne qui a abouti à son annulation en septembre dernier et elle est désormais soumise en France à d’une vigoureuse contestation de la part d’un collectif s’exprimant au nom de ceux qui s’estiment diffamés par la monstration de zoos humains dans lesquels sont présents des figurants noirs. Le Collectif contre Exhibit B dénonce ainsi le caractère «raciste» de cette manifestation artistique et réclame sa déprogrammation. Il dénonce une utilisation dévoyée de l’argent public au profit d’un «Blanc» qui n’a rien à enseigner en matière de racisme à la population «multiethnique» des quartiers du nord de Paris et qui prive ainsi de subsides des artistes noirs ayant le plus grand mal à exposer leurs œuvres (2).

Sous-jacent à cette contestation, gît en fait la question de la revendication du monopole de la représentation des «Noirs» par un «Noir», et donc de son illégitimité par un artiste «blanc». Cette interdiction du regard et de la représentation des Noirs par d’autres que des Noirs est un des aspects de la pensée postcoloniale et elle a déjà été exprimée par le grand sociologue britannique Stuart Hall à propos de la photographie des corps noirs.

Quoi qu’on pense d’Exhibit B, qui peut apparaître à certains égards comme une sorte d’autoflagellation quelque peu «exhibitionniste», il reste qu’interdire à un artiste blanc d’exprimer sa repentance à l’égard de crimes commis par ses ancêtres bloque toute possibilité de réconciliation entre les différentes composantes des sociétés postcoloniales, qu’il s’agisse de l’Afrique du Sud, de la Grande-Bretagne ou de la France. Au delà, il n’est pas interdit de se demander si la dénonciation du caractère raciste de telles expositions ne pourrait pas être retournée contre leurs auteurs qui, en usant malencontreusement de cette logique «en noir et blanc», ne font, d’une certaine manière, que reproduire le principe qui a servi de fondement aux diverses entreprises coloniales.

(1) Cf. son interview au journal d’Arte le 11 novembre 2014.

(2) https://www.change.org/p/aux-directeurs-du-centre-104-et-du-théâtre-gérard-philippe-aux-maires-de-paris-et-de-saint-denis-déprogrammer-le-zoo-humain?recruiter=45883509&utm_ source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_facebook_responsive

Auteur de : «les Nouveaux Rouges bruns. Le racisme qui vient» Lignes, 2014.

Par Jean-Loup Amselle Anthropologue
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