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Le spectateur de Belleville
February 17, 2024 7:12 AM
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Par Eve Beauvallet dans Libération - 1er janvier 2024 Entre création, tourisme et cohésion sociale, l’association aveyronnaise Derrière le hublot invente un projet culturel en zone rurale des plus inspirants, à l’heure où le secteur cherche à «réenchanter l’institution». Mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec Capdenac-Gare, ville de 4500 habitants nichée sur les rives du Lot ? Qu’est-ce qu’ils ont tous, dans le milieu de la culture mais aussi celui de la transition écologique ou du social, à scruter autant les expériences que mènent dans le grand Figeac, sur les chemins de Compostelle, ou dans les petits bars de l’Aveyron, l’association culturelle Derrière le hublot ? Qui ça, «tous» ? Tous ! Des artistes contemporains comme Abraham Poincheval, des architectes comme Manuelle Gautrand ou le collectif Encore heureux, des photographes comme Nelly Monnier et Eric Tabuchi (Atlas des régions naturelles), des directeurs de théâtre ou de musées soucieux de «réinventer les liens aux spectateurs», des metteurs en scène et plasticiens curieux des projets originaux, sans lieu fixe, qui s’y développent : autour de l’imaginaire de l’autoroute l’A75, autour de celui des refuges pour randonneurs, autour des «services d’art à domicile» pour personnes isolées, autour de banquets funéraires alternatifs… Début octobre, 120 professionnels du secteur fédérés par la Direction générale de la création artistique affluaient sur le causse, curieux d’écouter entre autres les projets interlopes qu’un «enfant du pays», Fred Sancère, 45 ans, mène depuis 1996 sur un périmètre rural d’une centaine de kilomètres. Il y a quelques jours encore, le fondateur et directeur artistique de Derrière le hublot était même reçu au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. A croire que sur ce microterritoire se cache une potion précieuse. Peut-être un des remèdes aux maux dont souffrent les institutions culturelles classiques, cherchant toutes la route vers une nouvelle ère de la démocratisation culturelle. Sans doute aussi, le meilleur des contre-exemples à opposer à Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui taclait au printemps cette prétendue gauche de snobs indifférente aux «déserts culturels». «Cette œuvre m’a maintenu en vie» On comprend mieux l’enthousiasme en remontant le cours du Lot pour atterrir, ici, un soir de pluie au bar de l’Hôtel de Paris à Capdenac. Sur la table, un demi d’ambrée et le récit de Jo, 75 ans, ancien cheminot et aujourd’hui «veilleur» à vie. «Veilleur», ça vient du titre donné à un projet artistique hors normes mené l’an passé par Derrière le hublot et qui a impliqué pendant trois cent soixante-cinq jours des habitants du coin, des touristes, des agriculteurs, la pharmacienne, le curé, des élus. Tous les âges, différents milieux socioculturels, quasi aucun profil de spectateur habituel. En haut de la falaise, en surplomb du village, était installé un abri en bois vitré dans lequel une seule personne, chacune son tour, venait «veiller» une heure sur le paysage à chaque lever et à chaque coucher de soleil. Autrement dit : le genre de concept poético-paysager incongru sur lesquels les chiens de garde de la droite dure adorent taper. Délires de bobo, vraiment ? Ce serait un plaisir de laisser Jo leur répondre : amenuisé par un cancer sévère au début du projet, coupé de la vie militante et syndicale qui occupait jusqu’alors sa vie, l’ex-conducteur de train n’ira pas par quatre chemins. «Je dis pas ça pour les flatter, mais cette œuvre, moi, elle m’a maintenu en vie.» Jo habite la maison en surplomb du village, en haut de la falaise, juste à côté de l’abri. Autant dire que ce paysage, il le connaît. «Ça paraît bête, hein, mais je ne l’avais jamais regardé.» En contrebas gît la trace de sa vie professionnelle. Sur la rive gauche du Lot, un entrelacs de rails de trains jouxte des entreprises agroalimentaire et aéronautique. On dit que la petite ville offre une «synthèse exceptionnelle de la révolution des transports». Démarché par l’équipe de Derrière le hublot un jour de marché, Jo a d’abord froncé les sourcils devant le truc de l’abri. Aujourd’hui il sait donner la date de sa première veille – «10 juillet 2022» –, il en fait cinq autres et a accompagné environ 70 autres veilleurs dans l’abri sur toute l’année. «Ici, ce genre d’expériences communes, ça se termine souvent par un apéro ou un resto tous ensemble en bas», se souvient Fred Sancère. Chaque fois, il y avait Jo. Evidemment, admet une autre ancienne veilleuse, certains «se sont emmerdés» dans l’abri : allez, deux d’entre eux ont manqué de chance en se retrouvant face à une vue bouchée par le brouillard matinal. Mais tous les autres, assure-t-elle, ont «adoré». C’est qu’à partir de cette boîte en nid d’aigle est né un curieux réseau de sociabilité, quelque chose qui n’était pas prévu sur le papier. Une petite grappe d’anciens veilleurs continue de se retrouver tous les mois, participe à l’écriture d’un livre sur la petite sentinelle de Capdenac, ont pris contact avec d’autres veilleurs de France. «Faire partie d’une grande chaîne humaine» Le Cycle des veilleurs, initialement conçu par l’artiste Joanne Leighton, a en effet été décliné de Rennes à Montreuil. Toujours en milieu urbain. Capdenac est l’exception, à laquelle la conceptrice elle-même croyait peu au départ. C’est qu’il fallait convaincre 730 riverains de se lever pour certains à 4 heures du matin pour ne rien faire d’autre qu’observer un paysage qu’ils connaissent pour la plupart déjà, d’accepter de se faire prendre en photo à la sortie, d’écrire un petit mot sur le carnet commun. Ça aurait pu être un flop, c’est devenu «leur» abri. «La petite lumière qui s’allumait matin et soir pour indiquer qu’un veilleur entrait me manque, même !» sourit Nadine, attablée à côté de Jo à l’Hôtel de Paris. Comme d’autres habitants, la retraitée avait choisi une date symbolique pour son jour de veille, celle du jour d’anniversaire de la mort de son compagnon. D’autres ont choisi la date d’une rencontre amoureuse, d’une naissance, d’un solstice, d’une pleine lune. Ce qu’Edith, elle, a trouvé émouvant dans l’abri, ce n’était pas uniquement la contemplation, c’était d’«avoir conscience de faire partie d’une grande chaîne humaine, longue d’une année, qui connectait autant de gens. On était à la fois seuls et liés». Fred Sancère a voulu inviter le Cycle des veilleurs chez lui à Capdenac à la sortie du Covid, lorsqu’il cherchait un projet artistique qui puisse parler humblement de solidarité et d’attention collective. L’attachement des riverains à «leur» abri l’a conforté dans le virage qu’il était en train d’entamer : diminuer encore davantage la part de diffusion artistique classique (les spectacles en salle) pour favoriser plutôt les œuvres et aventures fabriquées à partir des données locales (son paysage, ses modes de vies, ses habitants). Elles peuvent prendre la forme de gestes simples, «hors radars», dit Fred Sancère, comme ces balades touristiques alternatives réalisées par des riverains comme Jacques, qui nous raconte le long des étangs l’histoire ouvrière du coin, la mobilisation à laquelle il a pris part contre un projet d’enfouissement des déchets prévu pile sur une incroyable réserve de biodiversité, la tentative de sauvegarde du patrimoine industriel avec les copains. Fred Sancère, lui, balade qui veut dans les arrière-boutiques des boulangeries et charcuterie de son village. Refuge féerique en coquilles Saint-Jacques Une expérience, plus que les autres, a médiatisé la démarche du Hublot : la création depuis 2018 de plusieurs refuges alternatifs sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, menée en complicité avec des architectes, des artistes, les maires des petites communes avoisinantes ou l’énergique présidente du Parc naturel régional des Causses du Quercy, Catherine Marlas, qui vante la façon qu’ont eue tous ces créateurs de «retravailler les savoir-faire locaux, en concertation avec les artisans et les habitants». Dans le refuge féerique tout en coquilles Saint-Jacques où elle nous reçoit dans le froid glaçant de décembre, un livre d’or attend les promeneurs. Dedans, non pas deux ou trois messages, mais plus d’une centaine, souvent émerveillés, sont griffonnés sur les pages. Le dernier date du début du mois. Nicolas, de Bayonne : «Arrivé tard sous une pluie battante, seul, trempé jusqu’au slip, je n’ai pu admirer votre œuvre à la tombée de la nuit. Au lever du soleil, je regarde, je me dis quelle chance d’avoir eu un si bel abri pour dormir.» Le maire de Limogne-en-Quercy nous en lit fièrement une dizaine d’autres en guettant chaque lueur d’admiration sur le visage de la journaliste. Appelons ça «art in situ» si l’on veut, ou «œuvres contextuelles». Elles nécessitent en tout cas de bien connaître le coin. Fred Sancère, lui, ne l’a jamais quitté, à part pour quelques années d’études en anthropologie à Bordeaux. Fils du projectionniste du cinéma local et d’une secrétaire, ce «pur produit de l’éducation populaire» investi depuis enfant dans le milieu associatif, montait dans son bled, à 20 ans à peine, des concerts de punk rock avec ses copains de maternelle. Aujourd’hui, il joue joyeusement son rôle d’anomalie totale dans un secteur culturel où les carrières se font habituellement loin des «trous paumés». Il s’enthousiasme de voir que sa success story du terroir inspire à l’échelle nationale. Il n’aimerait pas le terme «success story» et calmerait sans doute la romantisation. Attention, Derrière le hublot demeure une petite équipe (7 personnes), sans moyens délirants, même si l’obtention en 2020 du label «Scène conventionnée d’intérêt national art en territoire» a donné un coup de pouce. Aussi, «j’aurais beau jeu de dire qu’on est les seuls à expérimenter comme on le fait : Francis Peduzzi au Channel à Calais a ouvert la voie, et aujourd’hui des structures comme Scènes croisées en Lozère ou Pronomades – même s’ils sont uniquement axés sur du spectacle vivant – font aussi un super boulot sur les espaces ruraux». Face à la morosité du secteur culturel (multiplication des conflits sociaux au sein des établissements, flambée du coût de fonctionnement des équipements), lui a l’air de s’éclater au volant de sa vieille Merco propulsée sur les lacets de routes aveyronnaises, occupé à faire ce qu’il préfère : «inventer des manières de faire se rencontrer les gens», développer l’agilité suffisante pour frapper à différents guichets de financements (côté culture, mais aussi côté tourisme, social, territoire). Et transmettre un peu de sa frénésie à inventer son métier sur-mesure. Parce que la mission classique d’un programmateur «c’est un peu chiant, non ?» En tout cas, parfois, «décourageant». Disons que la fameuse «crise des vocations» pour diriger les institutions culturelles, pointée il y a quelques semaines par la ministre de la Culture, tout cela n’a rien d’étonnant. Il l’a d’ailleurs signifié à Rima Abdul-Malak, précise-t-il, en accélérant bien les virages au volant. «C’est bien de former des jeunes gens de la diversité à prendre les rênes des institutions culturelles loin de chez eux. Mais ce serait super de les aider parfois à rester à proximité pour inventer des prototypes.» Légende photo : Un refuge alternatif du collectif Encore heureux, en 2020. (cyrus cornut)
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Le spectateur de Belleville
January 16, 2022 5:51 PM
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Par Annabelle Martella dans Libération 16 janvier 2022 Légende photo : Rébecca Chaillon à Dijon, en décembre. (Romy Alizée/Libération) Le nouveau spectacle de la performeuse, «Carte noire nommée désir», joyeux chaos à la frontière du fantastique, développe une réflexion profonde sur la représentation des femmes noires. Les pièces qui pilonnent l’imaginaire colonial, on en voit (et heureusement) un joli paquet aujourd’hui. Il y en a surtout, des pédagos, des didactiques, des qui nous disent quoi penser, de façon très docte, avec beaucoup de gravité. Parfois, il y en a qui sortent du lot. Carte noire nommée désir, nouveau spectacle de la jeune metteuse en scène Rébecca Chaillon sur la représentation des femmes noires bouleverse nos repères sur le sujet parce qu’elle joue à fond la carte du baroque, de la potacherie, du détournement carnavalesque, du rire gras qui tâche, de la scatophilie. Sur le plateau chaotique s’enchaînent les numéros sans discontinuer, passant d’une choré sur du Aya Nakamura à une acrobatie aérienne ou à une session de chant lyrique. Ça twerke jusqu’à l’épuisement et ça lit avec malice les petites annonces récoltées dans Amina, «le magazine de la femme africaine et antillaise» : «Douce perle africaine voudrait nouveau départ pour une relation sérieuse pouvant aboutir au mariage, svp uniquement homme européen et sérieux. Les autres abstenez-vous.» Ici, les huit performeuses noires ne s’attardent pas sur les fondements socio-historiques du racisme mais subvertissent avec inventivité et un humour féroce les stéréotypes auxquels elles sont encore trop souvent reléguées : la femme de ménage, la nounou, la danseuse ultra-sexualisée… Le discours sur leur beauté exotique passe à la moulinette de la parodie. Clin d’œil de calendrier : on pense évidemment avec elles au visage grimaçant de Joséphine Baker, s’extirpant, à la faveur de ses mimiques, des tableaux primitivistes dans lesquels on voulait l’enfermer. «Culpabilité ?» C’est un spectacle qui vogue sur les rives du surréalisme et d’un fantastique «queer». Les performeuses exagèrent leurs caractéristiques physiques pour apparaître en créatures étranges et c’est une «négritude» nouvelle qu’elles revendiquent. Ici : les tresses bicolores de Rébecca Chaillon s’étendent sur des kilomètres, créant un feuillage au-dessus de son tronc nu. Pendue au plafond, une circassienne évolue dans un écosystème digne des Métamorphoses d’Ovide. Là : un couple de femmes rondes et nues s’enlace sur du zouk joué à la harpe. Plus loin : une cantatrice étouffe sa camarade, jugée trop foncée, avec la crème lactée d’un café. La metteuse en scène joue sur la diversité des morphologies avec des figures qui, comme dans Alice au pays des merveilles, n’ont jamais la bonne taille ni la couleur adéquate. Et dans ce labyrinthe de visions psychédéliques, le noir et blanc se répondent dans un grand jeu symbolique. «Je me pose beaucoup de questions sur le public qui apprécie la pièce. L’aime-t-il uniquement par culpabilité ?» s’interroge Rébecca Chaillon, que Libé a rencontrée via Zoom, accompagnée de sa joyeuse bande de performeuses. L’artiste de 36 ans, également maquilleuse professionnelle, est une habituée des tenues flashy, lèvres peinturlurées de bleu turquoise et lentilles de contact bariolées. En repos pendant quelques jours dans les Pyrénées, on la retrouve toute en sobriété, habillée d’un pull zébré, clin d’œil non dissimulé aux métaphores colorées de la pièce. Adepte des métamorphoses, elle décline sur scène un nombre infini de looks et d’identités. Femme de ménage zombie dans Carte noire nommée désir, «crachoir public» en tenue de championne de natation pour «exorciser» la colère des militants lors de festivals féministes ou encore «Ariette la grosse sirène», mix entre l’héroïne de Disney version «grosse… et noire» et la déesse aquatique Mami Wata, honorée dans le culte vaudou. Fille d’un technicien de la SNCF et d’une conseillère de la Sécu, Rébecca Chaillon a découvert le théâtre en Picardie, région où elle a grandi, avant de partir faire des études d’arts du spectacle à Paris. Mais c’est bien plus tard et après un bout de carrière dans le théâtre-forum et l’éducation populaire que son chemin croise celui de Rodrigo García et de la performance. Parcours militant L’idée du spectacle part d’une «blague», nous raconte-t-elle, autour du fameux slogan publicitaire qui lie couleur noire et désir pour devenir un conte politique autour des «peaux café». Il prend évidemment ses racines dans son parcours militant, notamment depuis sa participation au documentaire Ouvrir la voix d’Amandine Gay. En 2017, la même année que la sortie du film, Rébecca Chaillon décide de transformer la carte blanche que lui propose le théâtre de la Loge en «carte noire», mettant en place un dispositif bi-frontal où les femmes noires font face au reste du public. Y résonne déjà son texte, inspiré du Cahier d’un retour au pays natal de Césaire et du concept de «biomythographie» développée par la poétesse américaine Audre Lorde, fusion de mythes afro-futuristes, épisodes historiques et paroles intimes. Dans les interstices de ce récit poétique habité par la végétation de la Martinique, son île d’origine, Rébecca Chaillon imagine ensuite des protocoles d’improvisation dans lesquels les autres performeuses pourraient évoquer leur parcours. La metteuse en scène, dont la compagnie ne s’appelle pas «Dans le ventre» pour rien, raffole de récits anecdotiques et de comparaisons entre nourritures et faits politiques : «C’est intéressant d’observer que les produits issus de l’exploitation coloniale, le sucre, le cacao, le café, étaient des produits bruts qu’on voulait sans cesse raffiner, blanchir, rendre moins amer», nous fait-elle remarquer. Pour mieux connaître son équipe, elle demande à chacune de se présenter à partir de leurs plats préférés. «Sur scène, je nomme par exemple le saka-saka [plat à base de feuilles de manioc pilées], explique Olivia Mabounga, une des comédiennes, tout juste sortie de l’école. C’est vrai que les plats congolais me tiennent à cœur et parlent de mon intimité.» Agées de 25 à 40 ans, ces performeuses viennent de France, de Suisse, de Belgique, connaissent Rébecca Chaillon depuis des années ou l’ont rencontrée lors du grand casting qu’elle a organisé. Une cinquantaine de filles s’y étaient présentées. «On voit souvent les mêmes actrices noires sur les plateaux français. J’avais envie d’un grand renouvellement et de ne pas travailler uniquement avec des comédiennes. J’aurai rêvé m’entourer d’artistes du Brésil, du Burkina Faso, mais l’économie du spectacle ne le permettait pas», explique celle qui a constitué une véritable communauté autour de son projet. Discours engagé et taquineries fusent dans une ambiance de franche camaraderie, lorsqu’on les rencontre. Parmi ces artistes, il y a Estelle Borel, circassienne aux cheveux rouges, perdue «dans les Alpes profondes» et qu’on confond systématiquement, nous dit-elle, aux deux autres femmes noires suisses qui officient dans sa discipline «alors qu’on ne se ressemble pas du tout». Voici également Bebe Melkor-Kadior, fakir, cracheuse de feu et travailleuse du sexe, passionnée par les rituels d’épuisement et autrice du manifeste Balance ton corps dans lequel elle développe le concept de «salope heureuse». Mais aussi Fatou Siby, poétesse avec qui Rébecca Chaillon a animé des colos dans un centre social ou encore Ophélie Mac, céramiste performeuse vivant à Bruxelles, «lesbienne d’origine martiniquaise». Pétries de pop culture, certaines égrènent leurs références communes : le magazine Fan 2, MTV, Beyoncé, etc., qui se mélangent, sans distinction, à leurs aspirations esthétiques et aux théories militantes qu’elles lisent. Toutes très engagées, elles ne servent pas pour autant un spectacle sur la révolte clés en main. Et c’est seulement guidé par leur désir insatiable de liberté que l’on traverse les zones troubles de l’hilarité. C’est que Rébecca Chaillon, «esprit bordélique» comme elle se qualifie elle-même, voulait sortir du documentaire, histoire que ces thèmes politiques se transforment sur scène en un chambardement d’images zébrées. Carte noire nommée désir de Rébecca Chaillon, le 16 janvier à Villeneuve-d’Ascq, du 2 au 4 février à Saint-Etienne, les 21 et 22 février à Paris, et en tournée.
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December 4, 2019 5:54 PM
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May 1, 2016 5:30 AM
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March 23, 2016 7:26 PM
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Paru dans l'Agenda culturel de Beyrouth :
Trois Libanaises sur quatre sont victimes de violences domestiques, d’après l’association de lutte contre les discriminations faites aux femmes Kafa. Pour endiguer le phénomène, le centre d’accueil et d’écoute, situé dans le quartier de Badaro, propose des ateliers thérapeutiques de peinture, poterie, photographie et art dramatique. Parmi lesquels, ceux de Lamia Abi Azar. Elle, combine la psychologie clinique et le théâtre expérimental.
Elles sont une vingtaine, assises en tailleur par terre, à former un cercle. Tour à tour, elles prennent la parole pour parler de leur histoire et de leurs aspirations. Plus ou moins jeunes, elles sont originaires de tout le pays. Certaines sont voilées, d’autres blondes décolorées et d’autres encore coiffées d’un serre-tête. ‘‘Toutes les femmes sont touchées par le fléau de la violence au Liban, commente Lamia Abi Azar. On pense souvent, à tort, que la pauvreté et l’islam enrichissent la violence, mais ce n’est pas vrai. La violence domestique existe dans toutes les sociétés et toutes les confessions’’. Mais dans l’atelier de la comédienne-thérapeute, les barrières tombent. Ici, il n’y a plus de différences culturelles, religieuses ou sociales. Les femmes, unies dans leur souffrance, forment un bloc dont la cohésion frappe par son évidence.
Toutes les semaines, pendant quatre heures, elles se retrouvent pour réapprendre à se connaître, identifier leurs envies et petit à petit, reprendre confiance en elles. ‘‘Au début de chaque nouvelle cession, c’est difficile, admet Lami Abi Azar. Elles ont besoin de se redécouvrir. Un geste simple comme rester en équilibre, se déplacer dans l’espace, écrire ce dont elles ont envie ou ce dont elles n’ont plus envie, mettre des mots sur leurs rêves, souvent passés sous silence, tout est douloureux’’. Elles travaillent alors sur une réconciliation et une réappropriation de leur propre corps. Elles réapprennent à identifier les différentes parties de leur corps en se massant les unes les autres. Elles réapprennent à respirer. A se relaxer. A percevoir la présence des autres. Et à faire confiance. En couple, Lamia Abi Azar les enjoint à faire des exercices dans lesquels elles sont tour à tour meneuses puis suiveuses.
Et après seulement un mois d’atelier, les résultats sont surprenants. ‘‘Lamia m’a aidée à m’aimer et à me connaître, confie Zeina, Beyrouthine de 23 ans. En développant un nouveau rapport avec les filles ici, les gens, à l’extérieur, ont vu que j’étais différente. Aujourd’hui, je parviens mieux à faire face à certaines situations. Par exemple, il y a cette femme, dans mon cours de lecture du Coran, qui essaie de me contrôler. Elle veut tout le temps que je reste avec elle mais, maintenant, je réussis à partir quand j’en ai envie’’. Guitta, 40 ans, en larmes, explique ‘‘Aujourd’hui, les pressions de la vie sont trop lourdes, tout le monde prend prend prend, mais personne ne me donne. Je suis heureuse de venir ici, ma vie retrouve un peu de valeur au sein de cet atelier’’, témoigne-t-elle. Hassina, 33 ans continue : ‘‘En quatre séances, je vois déjà beaucoup de différences ! J’essaie de me concentrer sur moi-même, sur ce que je veux et non sur ce que les gens demandent de moi. J’étais perdue, je ne savais plus, mais aujourd’hui j’arrive mieux à me fixer des objectifs. Je veux prendre mes propres décisions et m’occuper de mon enfant comme je l’entends, sans que personne ne me prenne sous son aile’’.
Les ateliers de Lamia se déroulent sur douze séances. ‘‘Les trois mois sont nécessaires, le travail est progressif, commente-elle. En quatre séances, ces femmes ont le sentiment d’avoir fait beaucoup de progrès car elles ont le désir d’aller de l’avant. Parfois, je me dis qu’elles exagèrent car elles me disent que tout a changé du tout au tout en l’espace d’un mois, elles vont peut-être un peu trop vite, mais la magie opère. Et ce sont elles, le moteur’’. Car, en venant aux ateliers de Lamia, ces femmes font preuve de courage, elles prennent part au combat et sont le déclencheur d’une lente mais solide révolution. ‘‘Les choses changeront avec elles, précise la comédienne-thérapeute. Le système patriarcal est transmis par les femmes, par l’éducation qu’elles transmettent à leurs enfants. Nous ne sommes pas des victimes. Nous nous battons pour transformer ce statut en celui de responsables qui devront simplement reprendre la responsabilité de nos vies’’. Grâce au combat de Kafa, entourée de ces femmes qui ont rompu la loi du silence, la législation libanaise sanctionne, depuis le 1er avril 2014, les violences verbales, morales et physiques au sein du noyau familial. Le texte adopté prévoit de nombreuses mesures de protection pour la femme telles que des injonctions d’éloignement du mari, la mise en place d’une unité psychologique dans les commissariats et l’instauration d’une caisse nationale financée par le gouvernement pour subvenir aux besoins des victimes.
[Photo : © Abdelhak El Idrissi - Radio France]
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March 18, 2016 6:59 PM
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Par Lorraine Rossignol dans Télérama :
Ils sont artistes et vivent à Calais ou dans ses environs. Chaque jour, la situation indigne qui se tient sous leurs yeux les terrifie davantage. Alors, ils résistent comme ils peuvent et font ce qu'ils savent faire pour tenter de redonner un peu d'espoir aux migrants : l'un monte un spectacle, l'autre écrit un roman… Impossible. Impossible d’être un artiste et de vivre à Calais ou ses environs, sans être infusé, gagné, bouleversé, par le drame humain, la jungle des questions sans fond qui se nouent là, à trois pas de chez soi. A son corps défendant, dans un sentiment d’impuissance écrasant. « Je subis cette situation indigne dans laquelle on s’enfonce chaque jour davantage », témoigne ainsi Guy Alloucherie, enfant de la région, fils de mineur de fond, qui, à Lens et alentours, se saisit du théâtre, « seule arme en [s]ma possession », pour lutter contre « le noir ». Le noir qui gagne Calais, « ville sinistrée », mais qui obscurcit aussi chaque jour davantage sa vie, au fur et à mesure que la situation des migrants devient plus critique, plus chaotique. Le dramaturge, fondateur de la compagnie HVDZ, prépare ainsi un spectacle pour fin 2017. Il en a confié l’écriture (en cours) à l’écrivain Nadège Prugnard, dans l’idée de « trouver une poésie, quelque chose qui sublime la réalité », pour en parler, mais autrement que les médias (le titre n’est pas encore arrêté : No Border ? Babylone ?). Tout en regrettant l’inertie, le « chacun pour soi » qui prévaut dans le milieu du théâtre de la région Nord-Pas-de-Calais : « Voir ces lieux magnifiques, où les gens se rendent pour oublier le quotidien, et, à quelques kilomètres de là, d’autres gens entassés, qui eux vivent dans la boue, c’est insupportable », dit-il. “Calais est une urgence humaine”,
« Mais la situation des migrants n’intéresse guère par chez nous », confirme l’acrobate lillois Anthony Lefebvre. « Les gens d’ici sont moins réceptifs, ils veulent profiter de leur théâtre.» Il le sait bien, puisque le spectacle qu’il est en train de monter avec sa troupe sur le sujet, Dites à ma mère que je suis là, commencera par être présenté dans le Sud, à Gap, les 14 et 15 novembre prochains, puis à Aix-en-Provence, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Apt… avant de regagner le Nord, à l’horizon de décembre 2016. Lassitude, saturation des habitants locaux ? Pas pour lui. Avec sa compagnie – la Compagnie Etat d’urgence, « créée bien avant que l’état d’urgence ne soit instauré en France : Calais est une urgence humaine », précise-t-il – a même fait, pendant un mois, une « résidence en immersion » dans les camps, se rendant tous les jours auprès des migrants. Voyeurisme ? « On peut effectivement se demander ce que l’on venait faire, en tant qu’artistes, dans un lieu à caractère humanitaire. Mais nous venions avant tout en êtres humains. Ensuite, l’avantage d’être acrobates-danseurs, c’est d’avoir un langage universel, celui du corps, pour prendre le relais. » Et donner, malgré tout, « une touche d’espoir » : « Ces gens-là n’en sont-ils pas puissamment pétris ? Sinon, ils ne seraient pas parvenus jusqu’ici, et auraient renoncé depuis longtemps à gagner l’Angleterre. Or, ils ne renoncent pas. Et sont prêts à risquer leur vie – même si l’on ne parle pas de tous ceux qui disparaissent. »
“Je veux que tout le monde voie ce que je vois”, Veronika Boutinova, auteure
C’est justement pour parler d’eux, et de tous les autres, qui attendent dans la « jungle », que la Lilloise Veronika Boutinova écrit inlassablement depuis vingt ans : « Le hasard a voulu que je m’installe à Calais en 1996, en même temps que le “problème” », raconte-t-elle. « A l’époque, c’étaient des Kosovars qui arrivaient. Aujourd’hui, les victimes sont devenues les bourreaux, puisque ce sont les mêmes qui font les passeurs. Mais les habitants de la ville les mettent tous dans le même sac : ils sont “les Kosovars”. Ainsi appellent-ils, de façon péjorative, les migrants. » Pour réagir à cette apathie – sur le terrain, 80 % des bénévoles sont des Anglais et non des gens du coin – mêlée de xénophobie – 50 % des Calaisiens ont voté FN aux dernières élections –, l’auteure militante, très engagée dans les camps, a écrit aussi bien des pièces de théâtre – NIMBY, lue au Théâtre du Rond-Point en 2010, ou Calais-Cul de sac, publiée chez l’Harmattan en 2015 –, que des romans. « C’est devenu tripal. Je veux que tout le monde voie ce que je vois. C’est là, devant moi. Comment ne pas en parler ? », explique-t-elle. Tout en ironisant : « Qui sait si, avec les changements écologiques et la montée du niveau des eaux annoncés dans un futur proche, les Calaisiens ne pas vont se retrouver dans la situation de migrants en 2050 ? » En attendant, pour pallier à ses insomnies, Veronika Boutinova organise un « Lancer de bébés » sur la plage de Calais, le dimanche 20 mars à 11 h. L’idée : « Que les gens apportent le plus possible de baigneurs et de poupées, et qu’ils les jettent à la mer, pour leur donner une chance de rejoindre l’Angleterre. » Le sort des enfants migrants l’interpelle particulièrement. « Qu’au moins, on fasse passer ces mômes ! »
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December 20, 2023 5:44 AM
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Par Rosita Boisseau dans Le Monde - 20 déc. 2023 Le directeur de Derrière le hublot, théâtre sans salle attitrée, présente dans une vingtaine de communes des spectacles épatants.
Lire l'article sur le site du "Monde"" : https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/12/20/fred-sancere-pilote-inspire-d-un-lieu-nomade-et-volatil_6206833_3246.html
Un théâtre, sans murs, sans bâtiment, ça existe ? Mais c’est quoi ? C’est par exemple Derrière le hublot, scène conventionnée « d’intérêt national - art en territoire », implantée à Capdenac-Gare (Aveyron, 4 500 habitants) depuis 1996, dont l’affiche annuelle annonce une trentaine de spectacles et événements disséminés dans presque autant de salles des fêtes, commerces, jardins… « C’est une chance de ne pas avoir de lieu, s’exclame Fred Sancère, le directeur. On n’invente pas le projet artistique à partir d’une structure, d’une jauge à atteindre, mais autour de ce que l’on désire pour l’écosystème dans lequel on vit. Evidemment, cela oblige à rester en éveil mais c’est très stimulant. » Question « éveil », le capitaine de cette étrange embarcation pourvue d’une seule issue semble toujours prêt à monter sur le pont. « L’idée est qu’aucun espace rural n’ait rien à envier, en matière culturelle, à une ville, pas plus qu’il ne doit échapper à la présence des artistes », poursuit-il. Pilote d’un lieu nomade et volatil, il navigue au plus près de son instinct et remplit de propositions épatantes la poche d’imaginaire qu’est Derrière le hublot. « Je n’exclus rien et je me sens très libre, précise-t-il. J’ai confiance dans le regard des gens. » Pendant les fêtes de Noël, Derrière le hublot propose, du 19 au 21 décembre, la pièce tout public A poils, d’Alice Laloy, dans la salle des fêtes Agora. Parallèlement, on peut randonner le long de l’itinéraire Fenêtres sur le paysage, un parcours artistique à ciel ouvert sur les chemins de Compostelle. Sur la carte qu’a élaborée Fred Sancère, au fil du GR 65 qui relie Genève au Pays basque en passant par Figeac (Lot), sept œuvres d’art-refuge, signées par des architectes, invitent à la contemplation, mais accueillent aussi gratuitement les marcheurs. « Il y en a même qui y viennent pour le réveillon du 31 décembre », s’amuse-t-il. « Terreau familial » Conçue par le plasticien Abraham Poincheval, La Chambre d’or, à Golinhac (Aveyron), au-dessus des gorges du Lot, ressemble à un énorme rocher ovoïde. « Son nom a été donné par les habitants du village de Golinhac », commente Fred Sancère. Construite avec les matériaux trouvés sur place, la cabane Vivre seule, de l’architecte Elias Guenoun, se love en bordure d’une forêt sur le mont Thabor (Savoie). « Les artistes réveillent le lieu qui, lui, augmente l’œuvre : c’est un aller-retour, dit-il. Ce parcours est une invitation à faire découvrir des œuvres et mieux connaître notre environnement naturel. Pour mieux l’appréhender et l’aimer. » A la fin de 2024, six nouveaux refuges seront répertoriés sur cette route de Compostelle. Pour l’aimer, Fred Sancère l’aime sa région. Né à Figeac, la commune voisine de Capdenac-Gare où il a grandi, il y vit avec sa famille près de la maison de ses parents. « Le terreau familial a été très important, souligne-t-il. Mon père travaillait dans l’industrie mécanique et était projectionniste au cinéma local, ma mère était secrétaire. Tous les deux participaient au milieu associatif et poussaient leurs enfants à réaliser leurs rêves. » Fred Sancère a 11 ans lorsqu’il rencontre un animateur socioculturel, Jean-Louis Pons, qui l’embarque vite fait bien fait dans son escouade de conseillers municipaux enfants de Capdenac-Gare. « C’est bien simple, à partir de cet âge-là, je ne quitte plus le centre culturel, se souvient-il. Je me suis retrouvé à monter des projets avec mes potes : un terrain de bicross, un fanzine, à être bénévole à la buvette pendant les concerts punk rock. J’étais piqué, j’adorais ça. » Huit ans plus tard, en 1996, parallèlement à des études d’anthropologie, à Bordeaux, ce « pur produit de l’éducation populaire » crée avec ses amis l’association Derrière le hublot. « On voulait continuer à concevoir des choses ensemble, résume-t-il. J’aime partager avec les gens avec lesquels j’ai grandi. » De fil en aiguille, l’aventure amicale résiste. « Certains copains sont partis et d’autres sont arrivés, ajoute-t-il. Je suis resté à Capdenac-Gare. Est-ce qu’on demande à un boulanger qui a fait le pain toute sa vie dans le même village ou à un fermier qui n’a jamais quitté sa ferme, pourquoi il y est resté ? Je me considère comme un artisan. » « Utopie de proximité » Inventer depuis vingt-sept ans le menu de cette incroyable enseigne culturelle que Fred Sancère résume en « utopie de proximité » exige une ferveur intacte. Lorsqu’on sait que son rayon d’action couvre en moyenne 100 kilomètres autour de son village, on imagine le temps fou qu’il passe dans sa voiture. « Je n’y suis jamais seul, il y a toujours quelqu’un de l’équipe », précise celui qui dit rarement « je », beaucoup « nous » ou « on ». « Nous travaillons avec une vingtaine de communes, mais il y a encore beaucoup d’endroits à explorer. » Il apprécie tout particulièrement dans un virage, sur les hauteurs de Capdenac-Gare, attraper entre deux arbres la chaîne des volcans du Massif central. « C’est une épiphanie et ça m’émeut toujours, glisse celui qui vient de lire Se tenir quelque part sur la terre, de Joëlle Zask. Bouger, ne pas bouger, c’est tout de même la question pour nombre d’entre nous et l’attachement aux lieux est un sujet qui me passionne. » Cette vision paysagère d’une programmation spectaculaire, Fred Sancère la partage notamment avec Pronomade(s), Centre national des arts de la rue et de l’espace public, basé en Haute-Garonne, et Les Tombées de la nuit, à Rennes. Dans le cadre de l’initiative « La Relève », lancée par Rima Abdul Malak, ministre de la culture, pour « mieux représenter la diversité sociale et géographique dans les métiers de la culture », il a échangé avec elle, ainsi qu’avec d’autres professionnels, le 18 novembre, à Montpellier. « J’ai attiré son attention sur le fait qu’il faut aussi aider les jeunes gens qui ont des projets et de bonnes raisons de les réaliser chez eux. » Derrière le hublot, Capdenac-Gare (Aveyron). A poils, d’Alice Laloy. Du 19 au 21 décembre. Salle des fêtes Agora, Capdenac-Gare (Aveyron). De 4 à 10 euros. Fenêtres sur le paysage. Aventure artistique sur les chemins de Compostelle. Renseignements sur www.derrierelehublot.fr Rosita Boisseau Légende photo : Fred Sancère, à Super-Cayrou (Lot), en juin 2020. KRISTOF GUEZ Autre article sur "Derrière le hublot", publié dans Libération, par Eve Beauvallet
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Le spectateur de Belleville
May 27, 2020 12:48 PM
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C'est un magnifique projet porté par l'actrice Sylvie Nordheim que nous propose de découvrir LCP. Offrir à des détenus de Fresnes la possibilité de jouer une pièce de théâtre sur la scène du Théâtre de l'Odéon
Ce documentaire nous montre tout : de la constitution du groupe lors des premiers ateliers jusqu'à la représentation de leur pièce devant 800 personnes.
De la prison à l'Odéon, tout n'est pas rose. Il y a forcément des difficultés. Des incompréhensions, des tensions, des frictions... Une bagarre éclate même au bout de quelques ateliers et l'un des détenus est contraint d'abandonner.
Il y a aussi les difficultés liés à l'appropriation du texte. On insiste la dessus dans le doc : la population carcérale n'est pas toujours à l'aise avec la langue. Ni avec la lecture ni même avec l'oralité.
Alors, je dois vous dire que ce documentaire m'a particulièrement touché. Parce qu'on l'entend assez clairement dans cet extrait mais on sent une vraie fragilité chez ces prisonniers.
Et ça tranche avec l'image de grand gaillard et de gros dur qu'on peut avoir d'eux On a tendance à l'oublier quand on voit des documentaires sur le milieu carcéral mais ce sont des hommes qui sont dans ces cellules. Avec des failles, des blessures et des parcours de vie parfois bouleversants.
Ou l'oublie parce que les conditions d'incarcération ont tendance à déshumaniser mais ils sont bien plus que des crimes et des casiers judiciaires. Et je trouve qu'on le voit assez bien dans ce film. Sans pour autant tomber dans l'angélisme, il redonne de la chair à ces détenus.
Et au fil du projet, on finit par s'attacher à eux. On est donc forcément bouleversé quand le juge d'application des peines décide de refuser certaines autorisations de sortie, qui empêchent deux aspirants acteurs de se produire sur la scène de l'Odéon.
Passé ces moments difficiles, c'est un très beau doc que vous verrez ce soir sur LCP.
Seul bémol : on aurait aimé voir plus de théâtre, pourquoi pas la captation intégrale de leur performance sur la scène de l'Odéon ? Pas grave, ça reste un doc plein de vie, plein d'espoir. Un doc qui casse nos préjugés et nos idées reçues. Bref, un doc qui fait du bien.
► "Le Grand Jour. De la prison à l'Odéon" c'est à voir ce soir à 20h30 sur LCP.
L'équipe Redwane Telha Chroniqueur
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Le spectateur de Belleville
May 8, 2016 3:35 PM
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Par AFP, publié dans l'Express
Christelle, Jean-Claude et Sylvain vivent dans une institution pour handicapés, mais ce sont aussi des acteurs en tournée, dont on peut voir le travail dans "Tohu Bohu" et "... que nuages ...", deux pièces au Théâtre de la Commune à Aubervilliers (3 au 13 mai).
L'été prochain, la petite troupe sera au Festival d'Avignon, pour une pièce inspirée par Louis II de Bavière, "Ludwig, un roi sur la lune". Une consécration pour le travail entrepris depuis 30 ans par la metteure en scène Madeleine Louarn, avec des résidents handicapés d'un centre de Morlaix, au sein de l'atelier Catalyse.
Dans "Tohu Bohu", sept comédiens alternent des extraits de textes (l'auteur russe Daniil Harns, "Alice au Pays des merveilles" ...) et leurs propres improvisations, où ils racontent leur parcours d'acteur.
"... que nuages..." associe des films de Samuel Beckett et des textes de ses toutes dernières pièces.
"Tohu Bohu" est vraiment un petit manifeste de notre parcours à nous", explique Madeleine Louarn. "On essaie de restituer quelque chose d'eux, de leur manière d'être, c'est passionnant d'entrevoir un peu ce qu'il y a de singulier dans ces personnes qui sont mystérieuses malgré tout".
Le spectacle joue sur deux niveaux: derrière le texte, la personnalité des acteurs saute à la figure. Sylvain, chemise Hawaï et tongues, raconte sa fascination pour Hollywood, et danse sur "Maria" de West Side Story avec une poésie extraordinaire. Christelle, née prématurée à 5 mois et demi lève les bras en signe de victoire, hilare, et s'auto-proclame "super-héro", elle qui a démenti tous les pronostics médicaux en s'accrochant mordicus à la vie.
C'est rythmé, très savoureux, les comédiens dégageant un bonheur de jouer communicatif.
Les scènes s'enchaînent sans temps mort, il faut certes tendre l'oreille, la diction étant parfois difficile, mais le texte porté par ces acteurs singuliers prend une autre dimension.
"Une amie m'a dit récemment qu'après les avoir entendus, on n'entend plus pareil les autres acteurs", confie Madeleine Louarn. "Il y a une autre musicalité, une autre partition. Ca déplace la manière classique de faire du théâtre".
Le théâtre est pratiqué depuis longtemps dans les institutions, mais à visée thérapeutique et le public voit rarement les pièces. "Il y a une très grande écoute du public, parce qu'il est saisi à un endroit inconnu pour lui, il y a un effet émotionnel fort", remarque Madeleine Louarn.
"Le but n'est pas de cacher le handicap ni d'en faire un stigmate, c'est juste de permettre que ces personnes puissent raconter et apporter une vision poétique qui leur appartienne".
A La Commune CDN d'Aubervilliers, jusqu'au 13 mai
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Le spectateur de Belleville
April 29, 2016 1:16 PM
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En soutien au mouvement de lutte des intermittents, voici un message de Karin Viard, projeté à l’issue de la représentation de Véra…
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Le spectateur de Belleville
March 21, 2016 4:02 PM
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Après les Oscars, la question de la sous-représentation des acteurs noirs s’étend au théâtre français. Un univers où la plupart des comédiens sont de bonnes familles et blancs. Alors qu’il y a belle lurette que la société française est "arc-en-ciel".
Comment expliquer cet état de fait? Le sociologue Éric Fassin estime que la monoculture blanche sur les scènes de théâtre relève en partie d’un déni de réalité.
Lancée par les metteurs en scène Stanislas Nordey et Stéphane Braunschweig, l’initiative "Atelier Premier acte" entend bien changer la donne, pour qu’enfin le théâtre donne une vision réaliste et multicolore de la société française. Ces deux figures majeures du théâtre français d’aujourd’hui soutiennent les acteurs noirs qui étaient jusque-là cantonnés à des stéréotypes.
Par Wolfgang Kabisch
Voir la vidéo du reportage : http://www.arte.tv/magazine/metropolis/fr/le-theatre-francais-est-il-trop-blanc-metropolis
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Le spectateur de Belleville
March 17, 2016 6:37 PM
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Eva Doumbia, metteur en scène d' "Une traversée aux disparus" au théâtre de la Criée à Marseille.
La Traversée 3 spectacles
Insulaires 29 mars Création à La Criée Textes de Jamaïca Kincaid, Fabienne Kanor
Deux auteures majeures pour deux monologues de femmes puissantes qui racontent deux moments de l’histoire des Antilles. Un parcours littéraire et musical où Eva Doumbia fait résonner magnifiquement le passé et le présent d’une histoire mal traitée, souvent oubliée.
La Vie sans fards (précédé de) Ségou 30 mars d’après Maryse Condé
L’oeuvre de Maryse Condé a embrassé l’histoire des Noirs, sur trois continents, des premiers jours de l’esclavage jusqu’aux décolonisations. En adaptant La vie sans fards, l’autobiographie de Maryse Condé, Eva Doumbia entremêle récit, musique et chants pour conter l’entrée en écriture de cette femme exceptionnelle. Des extraits de Ségou, l’oeuvre maîtresse de Condé, formeront un prélude à cette épopée : trois portraits de femmes noires dans la complexité de leurs destins comme une métaphore de cette vie littéraire aux prises avec l’Histoire.
La Grande Chambre 31 mars Texte de Fabienne Kanor
Où sommes-nous ? Dans un parloir ? Au tribunal ? Dans une chambre d’hôtel en 2013... Le Havre, qui s’enrichit jadis de la traite négrière semble avoir oublié son passé. Une femme « antillaise de France » fait alors entendre ce que fut l’histoire de ses ancêtres, ces premiers « Noirs de France », domestiques achetés au statut d’homme libre.
Compagnie La Part du Pauvre, Fondée en 2000 par la metteure en scène Eva Doumbia, la Compagnie La Part du Pauvre/Nana Triban s’applique à rendre visible les diversités culturelles en France et en Europe aujourd’hui, et tisse des liens poétiques, des collaborations artistiques avec le Continent Africain, les Caraïbes et les Amériques. Elle met en scène des auteur(e)s contemporain(e)s noir(e)s, en grande majorité des femmes, qui permettent la narration d’une histoire commune perçue sous un angle différent. Elle raconte des histoires intimes imbriquées dans la grande Histoire migrations, métissages, esclavage, révoltes, emprisonnements, amour.
Intervenants : Eva Doumbia : metteur en scène Gerty Dambury : dramaturge, metteuse en scène, romancière et poétesse française
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