Interviewé sur France Inter, le député RN Thomas Ménagé a pointé la «tendance à exagérer» du groupe d’experts sur le climat. Des propos qui méconnaissent la réalité des travaux de l’institution.
par François Vaneeckhoutte
publié aujourd'hui à 8h25
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Des affirmations qui méconnaissent le fonctionnement du Giec
"L’accusation de Ménagé (comme celle de Le Pen), méconnaît la manière dont fonctionne l’institution. Il est ainsi faux de parler, comme le fait le député, de «données du Giec», car le Giec ne produit aucune donnée. Ses rapports sont constitués en réalisant la synthèse des études scientifiques existantes.
«Les rapports du Giec représentent le consensus scientifique», explique François Gemenne, coauteur du dernier rapport du groupement, qui ajoute : «Ces rapports sont très prudents, voire trop conservateurs. Si une étude dit dix, une autre vingt, une autre trente, le rapport écrira “au moins dix”». Les modélisations reprises par le Giec, elles, représentent assez bien les évolutions observées dans la réalité : comme l’écrivait CheckNews en 2022 en résumant l’avis de plusieurs chercheurs, «les choses sont en train de se passer comme prévu par les modèles scientifiques».
De ce fait, affirmer que les données du Giec sont «exagérées» ou que celui-ci «a toujours été alarmiste» vient non seulement contredire la réalité, mais revient à remettre en cause les études scientifiques prouvant et quantifiant l’existence du dérèglement climatique. Un numéro d’équilibriste, alors que le député soulignait, en ouverture de son propos, être «d’accord sur le fait qu’il y a un dérèglement climatique».
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Le Giec se défend de tout «alarmisme»
Ironiquement, cette attaque du RN contre le Giec et son supposé «alarmisme» intervient alors que le nouveau président du groupement international a fait état, au contraire, de son opposition aux discours catastrophistes. Jim Skea avait notamment déclaré, fin juillet, à l’agence de presse allemande DPA : «Si vous communiquez constamment le message que nous sommes tous condamnés à l’extinction, cela paralyse les gens et les empêche de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique.»
François Gemenne, lui, souligne que l’alarmisme ne provient pas des rapports, mais de la communication qui est faite autour. «Je pense qu’il faut distinguer les rapports de la communication et de l’utilisation qui en est faite, notamment sur les réseaux sociaux, estime le chercheur. Je suis très frappé à chaque fois que je lis une phrase commençant par “Le Giec dit que” : généralement, ce n’est pas du tout ce que dit le Giec et ça ne correspond pas au consensus scientifique. Il y a beaucoup de “cherry picking”, de sélection biaisée : chacun va extraire une info ou un scénario qui correspond à ce qu’il veut promouvoir.»"
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NDÉ
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"L’idée d’un réchauffement progressant plus vite que les modèles établis est contestée par les climatologues. La marche des événements est conforme aux prévisions, déjà préoccupantes. A l’échelle régionale, la recrudescence de certains phénomènes extrêmes demeure cependant mal expliquée." (Alexandre Horn)
[Image] France Inter sur X, 21.08.2023 https://twitter.com/franceinter/status/1693510275029258354
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