LAD & C-UAS

Développé par Thales et CS Group dans le cadre d’un marché de 350 millions d’euros notifié par la Direction générale de l’armement [DGA] en 2021, le système PARADE [Programme de protection déployAble modulaiRe Anti-DronEs] a beaucoup fait parler de lui au cours de ces dernières semaines… Mais pas en bien, en raison des difficultés qu’il a rencontrées lors des essais Coubertin 1 et 2, organisés en vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris.

Ces problèmes ont d’ailleurs conduit la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées à ne pas rendre public le rapport sur la lutte antidrone qu’elle a rendu en avril et à auditionner, à huis clos, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées. On sait seulement que ce dernier a demandé à l’industriel « de bien vouloir perfectionner [le système Parade] et de répondre précisément à toutes les demandes qui lui sont faites par les armées et par la DGA pour être prêt ».

A priori, ces imperfections ont été gommées puisque PARADE fera bel et bien partie du dispositif particulier de sûreté aérienne qui sera mis en place à Paris et à Marseille pour les JO. Au même titre, d’ailleurs, que les systèmes BASSALT [BASSe ALTitude], MILAD [ mobiles de Lutte Anti-Drones], RapidEagle [un « drone intercepteur de drone »] et… Helma-P, comme vient de le confirmer l’Agence de l’innovation de défense [AID].

Développé depuis 2017 par la Compagnie industrielle des lasers [CILAS], Helma-P est une arme à énergie dirigée permettant « d’apporter une réponse graduée à la menace drone, depuis l’éblouissement des instruments d’observation jusqu’à la neutralisation par altération de la structure d’un mini ou d’un micro drone [c’est-à-dire de 100g à 25kg], entraînant sa chute en quelques secondes ».

Un prototype opérationnel de ce système avait été commandé par la DGA en juin 2022, dans le cadre du marché L2AD [Laser de lutte anti-drones], doté de 10 millions d’euros. Puis, un an plus tard, il fit l’objet de tests – réussis – depuis la frégate de défense aérienne [FDA] Forbin. Depuis, la communication concernant Helma-P a été plutôt succincte… En tout cas, ce système sera donc au rendez-vous, comme l’a suggéré une image publiée par M. Lecornu à l’issue d’une présentation du dispositif de lutte antidrone sur la base aérienne de Villacoublay, le 23 juillet.

« Nous nous préparons à faire face à des menaces de types terroriste, contestataire ou d’usagers qui voudraient aller filmer les épreuves avec leur propre drone », a récemment résumé le général Arnaud Bourguignon, le responsable de la sécurisation aérienne pour les Jeux. Ce qui représentera 20’000 heures de surveillance…

Pour les JOP de Paris, le système Helma P devrait être installé sur un véhicule de type Sherpa Light. En théorie, il est capable de détecter, de suivre et de neutraliser des mini/micro drones à au moins 1000 mètres de distance. Le ministère des Armées suggère que son taux de réussite est de 100 %, à condition que les conditions météorologiques s’y prêtent.

Par ailleurs, tous les dispositifs déployés au titre de la lutte antidrone seront reliés au logiciel SAP [Situation Aérienne Partagée] qui, mis au point par l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] et Thales, est en mesure de « synthétiser les données issues de plusieurs capteurs, destiné à la conduite et à au commandement d’opérations complexes et à la prise de décision en temps réel ».

Deux des programmes les plus emblématiques dans ce domaine, le programme SHIELD de l'US Air Force, et le programme DE M-SHORAD Gardian, de l'US Army, ont été attaqués de toutes parts, et voient désormais leur avenir fortement menacé.

Visiblement, le ministère britannique de la Défense [MoD] attend beaucoup des armes à énergie dirigée. En avril, après des essais prometteurs, il a annoncé que la Royal Navy allait accélérer l’installation du système laser DragonFire à bord de ses navires de premier rang, afin de compléter leurs capacités surface-air.

Développé par MBDA UK, Leonardo UK et QinetiQ, dans le cadre d’un programme lancé en 2017 par le Laboratoire des sciences et technologies de la défense [Dstl], et affichant une puissance de 50 kW, le système DragonFire serait suffisamment précis pour atteindre une pièce de monnaie à un kilomètre. Cela étant, ses capacités réelles sont classifiées.

Puis, quelques semaines plus tard, le MoD a fait savoir que le 7th Air Defence Group de la British Army allait bientôt tester une arme à énergie dirigée par radiofréquence [RFDEW – Radio Frequency Directed Energy Weapon], dont le principe est d’émettre un puissant signal électromagnétique pour endommager, voire détruire, les circuits électriques et électroniques des systèmes adverses.

Mise au point par Thales UK pour le compte de l’équipe « Hersa » de l’agence « Defense Equipment and Support » [DE&S], avec le soutien soutien technique du Dstl, cette RFDEW serait par exemple en mesure de « neutraliser » un essaim de drones pour seulement « 10 pence » [soit 12 centimes d’euros]. Cependant, ses capacités restent encore à être améliorées, sa portée étant d’un kilomètre pour le moment.

Mais cette équipe « Hersa » a un autre projet sur les rails. En effet, le Dstl vient de tester avec succès une arme laser montée sur un véhicule blindé de transport de troupes « Wolfhound » de la British Army. C’est ce qu’a annoncé le MoD, le 22 juillet.

« Pour la première fois, des ingénieurs ont testé avec succès une arme laser de haute puissance depuis un véhicule de combat de l’armée britannique », a-t-il indiqué, via un communiqué. « Cet essai révolutionnaire, mené au champ de tir du Dstl à Porton Down, a vu l’arme laser neutraliser des cibles à des distances supérieures à 1 km », a-t-il ajouté.

« L’arme laser de haute puissance montée sur un véhicule blindé Wolfhound de la British Army représente une avancée majeure dans le programme de démonstration d’arme à énergie dirigée, […] offrant un avantage opérationnel accru sur le champ de bataille », a conclu le MoD.

L’arme laser en question n’est pas une version du DragonFire destinée aux forces terrestres britanniques : il s’agit du système d’arme laser à haute énergie [HELWS], développé par Raytheon UK, filiale du groupe américain RTX.

« Le HELWS, léger et portable, est la première arme laser intégrée à un véhicule terrestre à être utilisée au Royaume-Uni. […] Il a été conçu pour abattre les drones de classe 1 tout en étant compatible avec les systèmes de défense aérienne existants, y compris les radars, les systèmes de commandement et de contrôle et d’autres plates-formes », a expliqué Raytheon UK.

« Nous avons prouvé que le système d’arme laser à haute énergie de Raytheon peut suivre et attaquer des cibles tout en étant monté sur un véhicule », s’est d’ailleurs félicité James Gray, le PDG de Raytheon UK. « La rapidité avec laquelle cette capacité a été mise en œuvre n’a été possible que grâce au travail acharné de nos partenaires industriels britanniques [à savoir Frazer-Nash, NP Aerospace, LumOptica, Blighter Surveillance Systems et Cambridge Pixel, ndlr] et à la technologie développée par Raytheon, qui a été éprouvée sur le plan opérationnel », a-t-il ajouté.

Selon les informations données par le MoD, cette arme laser n’a besoin que de deux personnes pour être mise en œuvre. En outre, son utilisation est facile car il suffirait d’une formation de seulement deux semaines pour la faire fonctionner. « La prochaine phase de tests impliquera le personnel de la British Army. Il s’agira d’évaluer plus en détail les capacités et les avantages de ce système dans des scénarios réels », a-t-il précisé.

Cela étant, l’US Army a récemment livré un retour d’expérience mitigé au sujet de ses blindés Stryker DE M-SHORAD, dotés d’un système laser fourni par Raytheon et Kord Technologies.

« Ce que nous constatons, c’est qu’il y a des défis avec les armes à énergie dirigée selon leurs niveaux de puissance. La puissance de 50 kilowatts s’avère difficile à intégrer dans un véhicule qui doit se déplacer constamment, à cause de la dissipation thermique, de la quantité d’électronique nécessaire et de l’usure dans un environnement tactique par rapport à un site fixe », a ainsi expliqué Doug Bush, le responsable des acquisitions de l’US Army, lors d’une audition parlementaire, en mai dernier.

Phot : Ministère britannique de la Défense

Raytheon UK, in collaboration with the Defense Science and Technology Laboratory (Dstl) and Defence Equipment and Support (DE&S), has successfully tested the High-Energy Laser Weapon System (HELWS) integrated onto a British Army Wolfhound armored vehicle. This test, conducted at Dstl’s range in Porton Down, represents the first of its kind in the UK. The HELWS,

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