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Dans ce texte incarné, Nathalie Wolff rappelle l'origine et le rôle de la laïcité, montre ses avantages et ses limites, et se penche sur l'adéquation entre féministe et religion.
Idées | Éducation positive, GPA, RN… La philosophe, qui publie "Messieurs, encore un effort…", s’inquiète de la chute de la natalité qui pourrait entraîner un retour de bâton conservateur et religieux contre les femmes.
Tribune | Ce texte, signé par Laurence Rossignol, Rachid Temal, Emma Rafowicz, Michaël Delafosse et 140 autres, exhorte le féminisme à défendre toutes les victimes… Israéliennes et Iraniennes comprises !
ENQUÊTE | Ce contre-mouvement au féminisme s’appuie sur le mythe d’une « crise de la masculinité » pour défendre le modèle inégalitaire des rapports entre les femmes et les hommes.
C’est un mouvement diffus, mais têtu. Une réalité dérangeante six ans après les débuts de la révolution #metoo. Alors que les jeunes femmes adhèrent de plus en plus aux valeurs progressistes, les hommes du même âge ont tendance à se tourner vers des idées conservatrices. À partir de données de plus d’une vingtaine de pays, un article du Financial Times a mis en évidence la progression, depuis six ans, d’un « fossé idéologique » de 30 points environ entre les filles et les garçons de la génération Z, notamment sur les questions d’égalité.
Pour les femmes, l’Afghanistan est, plus que jamais, un enfer.
Le chef suprême des Talibans, le mollah Hibatullah Akhundzada, a adressé aux Afghans un message vocal ce week-end via la télévision d’État (je n’ose pas dire aux Afghans et aux Afghanes). Il annonce le retour à des lapidations à mort et en public pour les femmes adultères. Les Afghanes étaient déjà privées d’éducation, de sortie, de travail, d’argent et de toute liberté, voilà que les hommes ont droit de vie et de mort sur elles. Sommaire 1. Le message des Talibans est politique, 2. Des réactions de la communauté internationale ? 3. Et les féministes françaises ? 4. Pourquoi c’est si compliqué ?
Qu’il faisait beau et doux ce 8 mars, place Vendôme. Nous étions pour une fois réunis. Et le ministre de la Justice tourna d’une main tremblante la machine commandée par Napoléon, pour sceller le droit de recourir à l’IVG dans notre Constitution. Tout ce temps, j’ai pensé aux Américaines, aux Hongroises, aux Polonaises, aux combats qu’il a fallu mener contre les intégristes, à la peur de voir un jour l’extrême droite déchirer ce sceau, et j’ai savouré ce bref instant. Un moment suspendu, de trêve politique, où un président sourit aux côtés des représentantes de l’opposition, sous des éclats de joie et des applaudissements crépitants. À la fin, un vibrant « Debout, femmes esclaves, et brisons nos entraves… », ce chant des partisanes connu des militantes, est monté au ciel. Sur l’esplanade, réellement émue par ce moment de grâce en République agitée, parfois bordélisée, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, s’est approchée de Mathilde Panot pour l’embrasser, comme une sœur. Oui, à cet instant, la sororité régnait place Vendôme. Et la concorde aussi.
Tristane Banon dénonce les dérives du néo-féminisme, qui en vient notamment à tolérer le patriarcat musulman. La romancière et essayiste défend sans relâche le féminisme universaliste.
Mehrangiz Kar, qui vit en exil aux États-Unis, est une des voix internationalement reconnues de la cause des Iraniennes. Elle analyse ici comment, par pragmatisme révolutionnaire, des femmes ont consenti à porter le voile après 1979. Pour aujourd’hui refuser « ce piètre morceau de tissu ».
UNE LAÏCITÉ ÉMANCIPATRICE La laïcité, parce qu'elle est le fruit d'un consensus historique portant en elle à la fois la liberté de conscience et la séparation stricte des institutions publiques et donc politiques des religions, est un chemin d'émancipation de l'humanité et des femmes en particulier. C'est pourquoi, nous déplorons qu'une partie de la gauche se soit perdue en complaisance et arrangements opportunistes face à certains intégrismes religieux. Aujourd'hui, nous le payons cher. En délaissant sciemment cet ADN de fervents défenseurs de la laïcité, nous avons perdu du terrain dans la bataille idéologique que nous menons contre les obscurantismes.
"Femme, réveille-toi" ! Proposant une réécriture de la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen" en y intégrant les droits naturels de la femme, Olympe de Gouges, pionnière du féminisme, a osé dénoncer le mépris des femmes dans la Constitution de 1791 qui ne leur reconnaissait aucun droit.
Les jeunes femmes musulmanes se sont emparées du féminisme, assure la sociologue Malika Hamidi. Jusqu’à faire du voile islamique un lieu d’affirmation et de combat pour leur émancipation.
À l'occasion de la journée internationale contre les mutilations génitales féminines (MGF), nous avons rencontré Halimata Fofana qui, à l'âge de 5 ans, a subi la pire des mutilations féminines, une excision. Née à Longjumeau en Essonne, l'autrice franco-sénégalaise raconte l'indicible dans un roman inspiré de son histoire, "À l'ombre de la cité Rimbaud".
Il y a quelques mois, j'ai donné naissance à un bébé par césarienne faite en urgence. La simple idée que mon corps soit découpé dans une salle d'opération me terrifiait. Lors d'une césarienne, sept couches distinctes de l'abdomen d'une femme sont découpées. (...) Le mois dernier, j’étais censée présenter un exposé sur le féminisme, et j’ai été exaspérée de penser que les questions défendues par les féministes semblent dénuées de sens lorsqu’elles ne traitent pas ou ne considèrent pas toutes les femmes comme des égales. Pourquoi les vraies questions existentielles sont-elles absentes de leur discours ? Le génocide brutal en cours à Gaza, qui dure depuis plus de cent jours (précédé par 75 ans de « génocide lent »), met en lumière le silence des féministes, y compris celles des départements d’ « études de genre » et les militantes autoproclamées des droits de la femme. l est scandaleux qu’elles restent silencieuses face à de telles atrocités. Cependant, il est décourageant de constater que de nombreuses soi-disant féministes font du bruit sur des questions telles que le « foulard », mais restent silencieuses lorsqu’il s’agit de l’oppression coloniale israélienne infligée aux Palestiniens. (...) Où sont les féministes multiculturelles, postcoloniales et du tiers-monde ? Combien de souffrance et d’humiliation les femmes palestiniennes de Gaza devront-elles endurer avant que les soi-disant « féministes » ne se réveillent et ne remettent en question l’occupation coloniale ?
Il y avait deux façons de contester l’appropriation de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes par les féministes intersectionnelles de #NousToutes. Face à celles qui voudraient oublier les filles et les femmes victimes de la violence islamiste, il n’y avait que deux choix, le bon ou le mauvais, résister ou déserter.
Se sentant isolées, voire stigmatisées depuis les massacres du 7 octobre, la journaliste Noémie Toledano et l’autrice Lisa Serero, rejointes par l’actrice Agnès Jaoui, lancent, dans une tribune au « Monde », un cri de ralliement contre l’antisémitisme et toutes les discriminations.
L’ex-Black Panther, devenue soutien des Indigènes de la République, s’est enfermée dans un militantisme identitaire sans nuances. Refusant de qualifier de « terroristes » les actes du Hamas, elle voit en Israël et les États-Unis d’éternels oppresseurs. (...) En 2015, conviée aux dix ans du Parti des Indigènes de la République (PIR), Angela Davis termine son discours par un vibrant appel à la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Un terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) condamné à perpétuité en 1987, pour complicité d’assassinat de deux diplomates, américain et israélien, à Paris. L’Américaine ne va pas aussi loin dans l’antisémitisme décomplexé que ses amis du PIR. Mais elle se reconnaît dans leur obsession palestinienne, qui va jusqu’à admirer le cheikh Yassine et le Hamas. Voilà des années que la militante afroféministe tisse des liens amicaux avec ce mouvement, au nom de la lutte des races, ou la défense des femmes voilées, victimes bien entendu de l’abominable laïcité française et d’un « racisme systémique ». Elle a même accepté d’être la marraine de la Marche de la Dignité et contre le racisme, violemment anti-Charlie et aux relents anti-Blancs, organisée en France le 31 octobre 2015, avec le PIR à la manœuvre.
Il ne manquait à l’époque qu’une querelle féministe sur le dos d’un pogrom ! Dans une tribune largement relayée et publiée par Libération, les défenseurs universalistes de la cause des femmes dénoncent, en creux, le silence assourdissant du féminisme intersectionnel. On les comprend. Capable d’insurrection quand il s’agit de condamner le moindre Blanc cisgenre accusé d’agression sexiste, leur « On te croit » semble muet.
Contrairement à ce que le mot laisse entendre, le masculinisme n’est pas l’inverse du féminisme mais bien son opposé. Il prétend le combattre. Ce mouvement essentiellement visible jusqu’à il y a peu aux États-Unis, se développe à grands pas en France, surtout depuis la crise du Covid, puis en 2022 dans le sillage du procès Johnny Deep contre Amber Heard. Dans son livre Formés à la haine des femmes (JC Lattès), la journaliste Pauline Ferrari explique comment ses promoteurs parviennent à toucher la jeunesse via internet et les réseaux sociaux. Des sites de jeux vidéo, de musculation, de développement personnel ou de coaching en séduction relaient des messages promouvant une image dégradante de la femme, allant jusqu’à appeler parfois au viol. Les masculinistes, souvent aussi appelés “incels” (pour célibataires involontaires) rendent les femmes responsables de leur difficulté de se mettre en couple ou de fonder une famille. Face à une décadence qu’encouragerait, selon leur vision, le féminisme et l’homosexualité, ils font la promotion du mâle alpha qu’incarnent à leurs yeux les figures de Sylvester Stallone ou de Cillian Murphy dans la série Peaky Blinders. L’autrice raconte encore comment aux États-Unis, cette pensée a déjà provoqué des tueries de masse. Selon elle, il y aurait là un angle mort des services de renseignement. Seule la Suisse considère aujourd’hui le masculinisme comme une potentielle menace terroriste.
l y a pire, pour un dictateur, qu’un peuple en colère, il y a cette colère que le monde entier entend. Colère partagée. En remettant la semaine dernière le prix Nobel de la paix à la militante iranienne des droits humains Narges Mohammadi, le comité norvégien s’est fait le porte-voix des Iraniens. Il a ainsi signifié au théocrate ayatollah Khamenei que, dans le combat qui opposait son régime des mollahs au peuple révolutionnaire, c’est du côté des révoltés qu’il avait choisi d’être.
L'humoriste, chroniqueuse et militante Sophia Aram revient sur le combat des femmes iraniennes, et de toutes les femmes victimes de la charia, pour faire entendre leur voix en Occident. Ici, la critique du voile comme instrument patriarcal de domination et rouage fondamental des théocraties est assimilée… à de l'islamophobie. Une honte, dans cette partie du monde qui se revendique « libre ». Ma conviction est que la solitude de toutes celles qui ne nous demandaient rien d’autre que de les écouter est liée à la manière dont l’islam politique et le misérabilisme – principalement de gauche – ont étouffé toute forme de solidarité envers les victimes de la charia. Et pour le mesurer, il suffit de rappeler le parcours de Masih Alinejad et des appels à l’aide qui ont précédé « Femme, vie, liberté » et que nous avons sciemment ignorés. En 2014, depuis son exil londonien, Masih Alinejad appelle les femmes Iraniennes à sortir dans la rue sans voile sous le slogan « My Stealthy Freedom » (Ma Liberté furtive). Puis en 2017, toujours contre l’obligation de porter le voile, elle lance le hashtag #WhiteWednesdays. En décembre de la même année, elle lance une campagne sur Instagram pour demander qui est la jeune femme debout sur un transformateur électrique agitant son hijab au bout d’un bâton. À l’époque le nom de Vida Movahed n’était pas encore connu. À sa grande surprise, de nombreuses Iraniennes et Iraniens lui répondent en postant une photo d’eux portant un hijab au bout d’un bâton, accompagnés de cette réponse : « Cette jeune fille, c’est moi ». En 2018, détournant une invitation au Parlement européen pour venir défendre « la liberté de porter le voile », Masih s’en prend vivement aux femmes politiques européennes qui, comme Ségolène Royal, contribuent à légitimer le voile obligatoire en le portant lors de visites en Iran quand d’autres, comme Angela Merkel, Michelle Obama, et Hillary Clinton avaient refusé de se soumettre par simple liberté ou en solidarité avec toutes celles qui en Iran ou ailleurs meurent pour refuser de le porter. Toutes ces actions ont eu un écho très important en Iran et les messages de ces résistants étaient visibles sur tous les réseaux sociaux et continuent de l’être. (...) Force est de reconnaître que nous avons raté ces occasions de mesurer ce que ressent une femme accusée d’islamophobie en Occident pour avoir osé nous raconter ce qu’elle a vécu sous le régime des mollahs. Un peu comme ce jour où Alexandria Ocasio-Cortez et Ilhan Omar ont répondu à l’appel à solidarité de Masih Alinejad en lui reprochant d’être à la solde de l’État américain ! (...) À l’heure ou Rokhaya Diallo diffusait sur France Télévision le narratif de la « modest fashion » et de ces filles en hijab qui « refusent l’hypersexualisation des femmes en Occident tout en portant le voile de manière hyper fashion », nous refusions d’entendre Masih Alinejad et Golshifteh Farahani nous expliquer que le hijab n’a rien d’un accessoire de mode et tout du « mur de Berlin derrière lequel s’abrite le pouvoir des religieux » ou « du pilier central qui tient le chapiteau de la théocratie ». Voilà, précisément, ce que ces femmes avaient à nous dire depuis des années et voilà précisément ce que nous n’avons pas voulu entendre. La solitude de ces résistantes est due au misérabilisme de gauche à l’égard de l’islam en général et la peur des autres d’être accusé d’islamophobie. Et entendons-nous bien, le problème, ce n’est pas que quelques pétasses en leggins célèbrent le Hijabday dans les couloirs de Sciences Po Paris. Non, le problème, comme le disait Charb, c’est « le silence des laïcs qui se taisent ».
Dans une lettre rendue publique, plusieurs figures du féminisme international s’associent à des militantes afghanes pour réclamer la criminalisation de « l’apartheid fondé sur le genre ».
ENQUÊTECréée en 2012 par la Britannique Miranda Gray, la communauté des Moon Mothers propose aux femmes des séances payantes pour se réconcilier avec leur utérus. Cette pratique s’inscrit dans la mouvance du féminin sacré, épinglée par les observateurs des dérives sectaires.
Comparer la théocratie islamique d’Iran à la République française… Comment ont-ils pu ? Ils sont des dizaines à avoir signé la tribune (odieuse) parue sur Mediapart : « Le combat des Iranien.nes est celui des féministes et des corps en lutte du monde entier ». Une tribune pour dire, la plume exaltée, qu’au-delà d’être une révolte contre le régime islamique, la révolution féministe d’Iran serait un mouvement « anticapitaliste ». Ainsi donc Annie Ernaux, Adèle Haenel, Assa Traoré, Céline Sciamma ou Alice Diop calquent-elles leur dégoût antisystème sur les Iraniennes et les Iraniens, refusant de soutenir une soif de laïcité qui les dérange. Le texte raconte des discours « religieux ou laïcs » (sic) mis sur le même plan, « un projet similaire », dit-il, oubliant que l’un tue quand l’autre pas. Il faut savoir lire sans ciller « après avoir traversé en France comme en Iran une année de lutte sociale » et entendre nos pays reliés « par des préoccupations féministes anticapitalistes ». Gênant.
Certaines tentent de s’en sortir en mettant sur le même plan le droit (acquis) de porter le voile, et le droit (mortel) de le retirer. Comme si c’était le même combat. Comme si le sort des lycéennes en abaya ou des femmes en burqa était comparable à celui des femmes qui, en ce moment, sont emprisonnées et torturées parce qu’elles ont osé montrer leurs cheveux. Affirmer qu’il est aussi odieux de vouloir imposer le hijab de force, que de vouloir l’enlever de force, c’est dire que la laïcité est non seulement une contrainte, mais une contrainte comparable au régime de violence et d’écrasement auquel les Iraniennes sont soumises. Comparer l’islamiste aux yeux de qui la loi de Dieu passe avant les lois de la République, et la femme qui retire son voile avec le sentiment de faire tomber le mur de Berlin, comme si c’étaient deux aspects d’une même lutte, c’est avoir les idées si larges qu’elles en deviennent très étroites.
Un collectif, composé notamment de l'ancien champion du monde de boxe Mahyar Monshipour et de la Prix Nobel de la paix iranienne Shirin Ebadi, a écrit au Comité international olympique (CIO) pour demander l'exclusion de l'Iran des JO de Paris pour violation du principe de non-discrimination dans le sport. Frédéric Thiriez, membre du collectif et avocat, explique les motivations de leur combat à RFI. Sommaire 1. RFI : Maître Thiriez, pouvez-vous nous expliquer sur quoi porte votre action qui vise l’exclusion de l’Iran des JO pour discrimination ? 2. De quels genres de discriminations dans le sport parlez-vous ? 3. Une de vos premières actions, c'est d'avoir envoyé une lettre au Comité international olympique. Quelle a été sa réaction ? 4. Vos actions coïncident un peu avec l'anniversaire de la mort de Mahsa Amini. C’est aussi symbolique… 5. Mahyar Monshipour vous a présenté comme un humaniste. Est-ce un engagement humaniste de votre part, ou avez-vous un lien particulier avec l'Iran ? "Je n'ai pas de lien particulier avec l'Iran, sauf une immense admiration pour cette civilisation. Mon rêve est d'y aller. Je mène surtout un combat depuis longtemps pour les droits des femmes. Je suis une sorte de compagnon de route de la Ligue du droit des femmes et je mène aussi un combat pour la laïcité. C'est ce qui m'a amené notamment à m'engager contre le port du hidjab dans le football et de toutes sortes de combats de cette nature. Et c'est des combats personnels que je mène, non pas en tant qu'avocat, mais à titre personnel et, bien sûr, bénévole."
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