Initiatives locales et paroles d'acteurs
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June 19, 9:13 AM
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Pour un projet durable

Pour un projet durable | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’Association de Soutien de la Dordogne (ASD 24) de Périgueux lutte contre les exclusions depuis 1974 en déployant une vingtaine d'activités sur le département de la Dordogne, afin d’accompagner chaque année plus d'un millier de personnes. Avec l’association 3S de Coulounieix-Chamiers, dont l’activité est l’insertion par l’activité économique, elle a déposé un dossier à l’AMI O2R, dont elle assure la coordination.

 

Anne Marie Delafontaine, vous êtes responsable du service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO), quelle était la volonté d’ASD en répondant à O2R ?

Avant O2R, nous étions lauréats du CEJ Rupture. Ce dispositif prend en quelque sorte le relais pour un public élargi au-delà des 18-25 ans. Dans notre réponse, nous avons insisté sur notre connaissance de notre territoire, et des profils en grande précarité. C’est plutôt récent dans nos pratiques professionnelles d'intégrer la dimension emploi. Pendant longtemps, dans le cadre du travail social et de l'intervention sociale, la priorité était de trouver une solution d’hébergement, l’accompagnement un peu plus stable venait après. Il nous semblait évident de répondre à cet AMI, et de nous associer avec d'autres compétences pour être complémentaires.

 

Quelle a été réflexion pour répondre à l’AMI ?

Le premier constat c'est que les personnes avec des problèmes d'hébergement n'accédaient pas à des solutions de formation ou d'emploi. Et lorsqu'elles y accèdent, elles rencontrent des difficultés pour s'y maintenir. Pour avoir un logement, il faut être solvable. C'est un peu le serpent qui se mord la queue. Avec ce public, les problématiques s'additionnent, dans le domaine de la santé, de la santé mentale, des périodes d'errance à la rue, puis en hospitalisation. Et souvent des addictions.

 

Quel est l’apport d’O2R sur le repérage ?  

Jusqu’à la mise en place du dispositif en février dernier, il n’y avait pas de repérage spécifique. A l’ASD, nous pratiquons l’aller-vers depuis longtemps, avec des maraudes pour toucher des personnes qui n'ont plus la capacité ou le désir de se diriger vers des dispositifs de droit commun. Il faut aller les chercher là où elles sont, et pour cela on s’appuie notamment sur notre dispositif de veille sociale et nos lieux d’accueil. Il y aurait quelque chose de vain à partir dans les rues, au petit bonheur la chance, pour espérer repérer des personnes éloignées de l'emploi. Il faut bien, à un moment donné, qu’il y ait un signalement par nos propres dispositifs, par les autres associations et structures du territoire, ou les institutions.

 

Vous accueillez un profil particulier de publics ?

On prend tous types de profils. L’entrée sur le dispositif est seulement conditionnée par le fait de ne pas avoir eu de suivi avec France travail. Dans les ateliers, on est là plus en posture d’animateur et régulateur que de formateur.  On rédige une charte au premier atelier, écrite par les participants, pour établir les règles de vie en collectif et définir un projet commun, comme ne pas se couper la parole, se respecter… On essaie de chercher le meilleur des compétences des uns et des autres, et ce que ça apporte au groupe. Le tout, c'est que chaque personne puisse briller pendant cinq minutes, en quelque sorte vivre leur moment de gloire.

 

Samuel Biaujaud, vous avez été recruté spécifiquement pour ce programme, quel est votre rôle ?

J’interviens sur la phase de repérage, puis celle d'accompagnement individuel. Les personnes me sont orientées et je les rencontre une ou deux fois, afin d'établir un premier diagnostic de leur situation, de recueillir leurs demandes et de vérifier si elles se sentent prêtes à s'investir dans un dispositif avec un suivi individuel régulier. C’est aussi de jauger si elles sont déjà dans une certaine dynamique, surtout pour la remobilisation, avec des ateliers collectifs plusieurs jours par semaine. L'intention de la phase de repérage, c'est d'abord de ne pas mettre les personnes en difficulté, de leur apporter au moins une solution, pas seulement de les rencontrer.

 

Notre enjeu est de ne pas effrayer la personne et de la tenir mobilisée dans le temps. Dans l’idéal, le repérage n’excède pas trois semaines, mais il peut prendre plus de temps pour des personnes qui ne maîtrisent pas le français, ou qui ont des addictions, des troubles de la santé. Nous devons essayer « d’apprivoiser » ce public qui est souvent dans l’évitement.  

 

Comment sont choisis les participants ?

Toutes les deux semaines, nous avons une commission d'admission où je présente les diagnostics, et nous décidons si une personne est prête ou non à intégrer le dispositif. Ensuite, elle s’engage à être présente à chaque entretien ou bien de prévenir en cas d’absence. C’est quelque chose de très simple, mais ça établit un cadre. Durant la phase de suivi individuel, je commence par refaire un point avec la personne sur les questions de mobilité, de logement, de santé. Avant d’entamer les ateliers collectifs, je lui laisse le temps de s’adapter si elle en a besoin. Le but du dispositif, c’est de s’adapter à son rythme. Les participants ne sont pas tous au même niveau en matière d’emploi, selon qu’ils ont eu un parcours professionnel, qu’ils aient connu un accident de vie, un parcours haché, une perte de confiance dans leur capacité à maintenir un emploi. Pour certains, la perspective de l’emploi est encore un peu trop lointaine, il faut avant tout travailler sur la confiance en soi aussi vis-à-vis de l'emploi. C’est important également dans le but de préparer les personnes à travailler en équipe avec d’autres personnes dans le cadre des ateliers collectifs.

 

Marilyn Bissat, vous êtes coordinatrice et formatrice à l’association 3S, quel est le rôle de votre structure ?

3S ne se sentait pas de répondre seule. Notre savoir-faire c’est la remobilisation, l’animation d'ateliers collectifs, mais pas le repérage qui nous demanderait trop de temps. Nous sommes une petite structure, avec onze permanents sur deux établissements, dont notre association intermédiaire qui compte une conseillère en insertion professionnelle, une chargée d'accueil et moi-même. 

 

Le parcours inclut trois mois d'accompagnement collectif, à raison d'un à trois ateliers par semaine. Le collectif fait partie intégrante de la réponse, et les candidats savent qu’ils y participeront. L'une des premières compétences qu'on va évaluer, c'est la capacité à travailler avec les autres. Grâce au groupe, on peut agir sur les compétences psychosociales. Avant cela, on va pouvoir se rendre compte s'il y a des écarts ou pas, évaluer la motivation. Ces personnes sont en partie en rupture sociale, en rupture de lien. Quand on leur parle de travailler avec d'autres, c’est à la fois angoissant pour elles, et motivant parce qu’elles sont en attente de partager leurs difficultés avec des pairs.

 

Quelle est la durée du dispositif ?

La totalité du dispositif, repérage, mobilisation et accompagnement, c’est six à neuf mois. Depuis plusieurs années, on constate que les personnes sont de plus en plus éloignées de l'emploi et même de l'insertion, des personnes qui parfois sont au RSA depuis dix ans et n’ont pas quitté leur canapé toutes ces années. Reprendre un certain rythme, ne pas oublier de se lever le matin, c’est difficile pour elles. Ou elles arrivent en retard, parce qu’elles ont oublié que trois jours de travail successifs, c’est trop dur.

 

Pour nous, il est évident que dans beaucoup de cas, même pour aller sur des dispositifs de remobilisation, il manque une petite marche pour pouvoir se préparer. En fait, c'est comme si on leur faisait faire du renforcement musculaire, c'est ça notre travail. Notre but c’est de les aider à marcher toutes seules, retrouver de l'estime et de la confiance en soi. C’est très important avant d’envisager de reprendre une activité, avant même de parler d'emploi. C’est une pédagogie des petits pas, de la pédagogie détournée. Tout peut être utilisé comme support d'apprentissage.

 

En quoi consiste la sortie du dispositif ?

L’issue du dispositif c’est une prise de relais soit par France travail, soit par Cap emploi ou la mission locale. La première chose c'est de nous assurer que les gens ne soient pas lâchés dans la nature et que tout notre travail ait été réalisé en vain. Le caractère positif de la sortie dépend des objectifs qui ont été fixés à l'entrée avec chaque participant. Ça peut être d’effectuer une immersion professionnelle pour ceux qui n'ont jamais travaillé, entrer progressivement dans une structure d'insertion ou directement dans un emploi plus classique. Mais ça peut être aussi de prendre des cours de français. Dans tous les cas, il s’agit d’amorcer un projet qui ne sera pas abandonné à la suite du dispositif.

 

Dans certains cas, ça consiste aussi à déconstruire le projet d’une personne qui pensait être prête et qui finalement se rend compte qu’il lui reste des étapes à franchir avant d'arriver à l'emploi. Tout au long du parcours, l'idée c'est de les mettre en relation avec les entreprises, de les confronter à la réalité. Et de casser certaines représentations qui viennent percuter la réalité de l'emploi. On estime avoir réussi quand on a fait en sorte de ne pas mettre la personne plus en difficulté, parce qu’on sait que de si on vit échec après échec, c'est de plus en plus difficile de se relever. Là, notre but est de retrouver de la cohérence dans un parcours, et de se dire que ça va peut-être prendre un peu plus de temps mais pour déboucher sur quelque chose de bien plus pérenne. Notre enjeu c'est véritablement de les mobiliser sur le long terme. Il y a des personnes qui bouillonnent d'idées et puis le lendemain, tout retombe. C’est pour ça que nos intervenants sont épaulés par une multitude d'autres acteurs.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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May 22, 9:11 AM
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Partenaires pour les invisibles

Partenaires pour les invisibles | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

La Maison de l'Emploi et de la Formation du Thouarsais (MEF) regroupe la mission locale, la Maison de l’Emploi et le Comité de Bassin d’Emploi. En 2024, elle a répondu à l’AMI O2R en consortium avec le CCAS, Porte Ouverte Emplois (POE) et la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS). Trois conseillers (MEF, CCAS, POE) travaillent ensemble sur le projet, dont Emmanuelle Renard pour la MEF.

 

Comment s’est faite la mise en place de votre projet ?

Sur notre territoire, il y a énormément de partenaires, beaucoup d'actions qui sont menées. L'idée c'était de pouvoir faire le lien entre ces partenaires. Le dispositif a été vraiment très bien accueilli, puisqu’il répond bien aux besoins du territoire sur le logement, la mobilité, la santé et les freins vers l'emploi. Début décembre, on a commencé par trois mois de construction d'équipe parce qu’on ne se connaissait pas, et on voulait se mettre d’accord sur notre fonctionnement. On a lu la convention pour comprendre exactement ce qu'on attendait de nous. Cette période nous a servi à travailler le partenariat, créer des groupes de travail et des ateliers de remobilisation, imaginer quels outils mettre en place. Mais aussi de rencontrer des gens, invisibles ou décrocheurs, qui pourraient être amenés à rentrer sur le dispositif.

 

Quel type de questions vous posiez-vous au départ ?

Nos plus grosses interrogations tournaient autour du profil du public. On se demandait si des jeunes de seize ans pourraient intégrer un groupe avec des personnes de quarante. Pareil au niveau de la rémunération spécifique à ce dispositif, on a encore beaucoup de questions. Également pour les personnes étrangères, à savoir est-ce qu'on allait pouvoir faire entrer des personnes qui avaient juste un récépissé ou est-ce qu'il fallait attendre qu'elles aient vraiment l'autorisation de rester sur le territoire. Sinon, est-il possible de faire entrer des personnes qui ont déjà un accompagnement ?

 

Vous êtes partis sur quelle base ?

Notre discours c’est que nous accompagnons tous publics à partir de 16 ans, très éloignés de l'emploi, qui n'ont pas d'accompagnement, ou qui sont décrocheurs de leur accompagnement. Par exemple, ils peuvent être connus de la mission locale, mais leur conseiller ne les a pas vus depuis quelques mois. On vérifie si les personnes sont prêtes à venir à trois rendez-vous par semaine, un entretien individuel et deux ateliers collectifs.

 

Sur la convention on a un objectif de trente à trente-cinq personnes sur l'année, on n'avait pas vraiment de chiffre, à part cet objectif, mais on s'est rendu compte très rapidement que très peu de gens ne sont pas du tout accompagnés. Il en existe tout de même, on fait du repérage d'invisibles, mais pas au tant qu'on aurait pu le penser. Cela dit, nous n’en sommes qu’au début.

 

A quoi ressemble votre repérage ?

Mes collègues n’ont pas assez de temps pour se rendre sur le terrain. Ils n’ont qu’une journée par semaine à consacrer au projet. Une fois par mois, j'interviens auprès d’associations caritatives comme les Restos du Cœur, le Secours populaire, la halte du cœur, le CAARUD Aides. Je vais sur le quartier prioritaire pour participer à des « cafés parents. » J’essaie de toucher un maximum de personnes. Je suis souvent avec un collègue de la mission locale qui s’occupe des jeunes, et moi des adultes. On fait aussi des permanences sur les aires des gens du voyage.

 

Comment vous vous adressez aux personnes que vous repérez ?  Nous accompagnons des personnes vers l’emploi, mais elles ne croient pas du tout en elles. Dès qu'on leur parle emploi et travail, leur regard se ferme, elles se détournent, elles disent que ce n’est pas pour elles. Je préfère leur expliquer que je suis là pour les accompagner dans leur projet de vie, leurs besoins, leurs envies, dans les domaines de la santé, de la mobilité, du logement. Dans ces moments de repérage, on cherche d’abord à créer du lien. 

 

Ceux qui sont partants pour le projet me contactent et je les reçois dans mon bureau. S’ils ne sont pas prêts à venir dans une institution, on peut se retrouver ailleurs, dans un lieu public. Lors de ce premier rendez-vous, ils me parlent de leur parcours, de ce qu'ils ont envie de faire. On se voit une deuxième fois pour que je leur réexplique O2R et ce qu'on peut faire ensemble, parce qu'en fait la première fois ils ne m’écoutent pas vraiment. On se voit une troisième fois pour la partie administrative. Chaque mois on organise un petit déjeuner qui officialise l'entrée sur le dispositif. Dans l'idéal les anciens O2R entrés le mois d'avant y participent pour un moment de partage d'échanges avec les nouveaux, pendant lequel ils peuvent reposer des questions, faire mieux connaissance avec nous, exprimer leurs attentes.

 

À quel moment vous sentez qu’une personne est prête à continuer ?

Une personne est mûre à partir du moment où elle vient aux trois rendez-vous. Si elle arrive à l’heure, c'est déjà un signe qu'elle est motivée. À tout moment, elle peut nous dire que finalement, elle n’est pas encore prête. Ce qui est bien avec O2R c'est que on peut vraiment adapter à chaque situation de vie, à chaque environnement familial.

 

Comment organisez-vous la période de mobilisation ?

La période de remobilisation dure cinq mois au plus. Pendant ce parcours, on s’efforce de faire acquérir aux participants un minimum de savoir-être. On leur propose des ateliers de jardinage, des ateliers de gestion de budget, des balades culturelles, etc. Beaucoup nous demandent aussi de travailler la mobilité et la santé. Nous avons également un atelier « bouge avec O2R » dont le principe est de montrer que dans sa vie quotidienne, lorsqu’on fait des courses ou du ménage, on se met déjà en action. Nous n’avons pas l’ambition d’être des coachs sportifs, ou des diététiciens. Le principe est d’être ensemble, d’échanger. Certaines personnes ont juste besoin de reprendre confiance en elles avant de repartir. Au cas où la personne n’est pas prête au bout des cinq mois, on imagine qu’il sera possible de continuer le parcours jusqu'à douze mois. Donc on a tout de même une petite marge.

 

Vous avez prévu de constituer des groupes ?

On va tester de les intégrer à des groupes existants, mais je ne pense pas que tout le monde soit prêt à intégrer un collectif. On sera probablement obligés de revenir à du suivi purement individuel, ou seulement des ateliers O2R. Quand on organise nos petits déjeuners, on observe comment se comportent les gens. Notre public ce sont vraiment des personnes très éloignées de l'emploi et de la vie sociale, on ne sait pas trop comment elles peuvent réagir. On pense que mixer les groupes pour des activités comme le jardin ou le sport, ça peut fonctionner. 

 

Quand parlez-vous du projet professionnel ?

J'en parle déjà lors des trois premiers rendez-vous. Souvent ce sont les gens qui abordent le sujet. Quand on parle de mobilité, de logement ou d'aller voir un médecin, de prendre soin de soi, ils finissent souvent par me dire qu’ils veulent travailler. Dès ce moment-là, je leur demande ce qu'ils veulent faire, en essayant dans un premier temps de ne pas prendre en compte leurs freins en termes de mobilité ou de garde d'enfants, etc. En fait il faut faire émerger les compétences, ça se fera par le biais de la remobilisation parce que tout est transversal. On parle du projet pendant la phase de repérage, mais c'est vrai que les premiers ateliers de remobilisation ne sont pas du tout axés emploi, seulement sur la vie quotidienne. On échange beaucoup sur l'hygiène de vie.

 

Vous avez rencontré des choses surprenantes ?

Avant j’étais commerçante. Au début ça a été un petit peu difficile, aussi bien pour eux que pour moi, parce qu’il y a beaucoup de gens que je connais. Certains étaient un peu gênés, et n’avaient pas envie qu'on sache qu’ils venaient à la banque alimentaire. Petit à petit, ils viennent vers moi, je suis mieux identifiée. J'avais imaginé rencontrer surtout des personnes en grande détresse et en grande précarité, mais je vois plutôt des personnes, certes éloignées de l'emploi, mais qui se débrouillent, sont insérées, ont un logement. On a aussi beaucoup de familles avec des enfants en situation de handicap, je ne m'y attendais pas du tout.

 

L’accompagnement va consister en quoi ?

Au bout des cinq mois de remobilisation, ils s’inscrivent à France travail qui les formera aux techniques de recherche d'emploi, à la création d’un CV, puis qui les orientera vers la structure la plus adaptée à leur accompagnement. On reste présent, on ne les lâche pas d’un coup. Cependant on ne se substitue pas à l'accompagnement. L'idée générale est de poursuivre ce suivi peut être une fois par mois ou tous les quinze jours, et ça pendant quatre mois. Nous prévoyons même, vers la fin du parcours de remobilisation, de leur proposer des visites et des stages en entreprise, des immersions, des rencontres avec des recruteurs.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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April 24, 6:01 AM
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Une solution inclusion pour tous les jeunes

Une solution inclusion pour tous les jeunes | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

En 2024, l’association OHÉ-PROMÉTHÉE Charente a répondu à l’AMI O2R afin de déployer le dispositif « Cap’inclusion » dont l’objectif est de sécuriser le parcours socio-professionnel des jeunes en situation de handicap en fin de scolarisation et/ou sans solution d’accompagnement adapté à leur situation. L’équipe de Cap’inclusion est composée principalement d’une chargée de mission inclusion (Florence Ilboudo) et d’un animateur (Wilfrid Andrieux).

 

Quel est l’historique de votre dispositif ?

Cap’inclusion vient surtout d’un partenariat de longue date entre Ohé Prométhée Charente et l’Education nationale, avec le soutien des coordonnateurs des Unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis) des lycées professionnels du département de la Charente. Certains jeunes sortaient du parcours scolaire sans solution d’accompagnement adaptée à leur situation.

 

Avec le soutien de la DDETSPP nous avons alors mis en place une mission inclusion jeunes qui nous a permis durant quatre ans d’accompagner les jeunes et leurs familles dans le travail de projet professionnel, et de les informer sur les dispositifs existant via les partenaires, mission locale, Ecole de la deuxième chance, Promo 16 18, Structures spécialisées comme les Institut Médico Professionnels (IMPro, Plateforme Emploi Accompagné…).  L’étroite collaboration avec les enseignants a mis en évidence les besoins d’intervenir précocement auprès des élèves en fin de scolarisation pour sécuriser leur parcours d’orientation socio-professionnel. C’est comme ça qu’est né Cap’inclusion, une façon de pérenniser notre mission inclusion.

 

Quel est le profil des jeunes que vous visez ?

Ce sont des jeunes très éloignés de l’emploi, avec tous types de handicaps et qui manquent d’autonomie. Beaucoup souffrent de phobies sociales, c’est surtout ça qui fait que les jeunes sont reclus chez eux. Il faut qu’ils soient sans solution d’accompagnement adapté, qu’ils aient une notification de la MDPH (RQTH, AAH…), et surtout qu’ils ne soient pas suivis dans un parcours d’insertion suivi par un organisme du réseau public de l’emploi (mission locale, France Travail, Cap emploi...). Nous leur proposons un accompagnement renforcé, parfois en les prenant par la main, comme avec les jeunes ayant des difficultés d’élocution qui ont besoin que l’on soit présent lors des entretiens avec des employeurs.

 

On pourrait penser que ce public est déjà repéré par différents acteurs ? Ce n’est pas le cas ?

En fait aujourd’hui ces jeunes sont repérés par différentes institutions, mais il n’y a aucune structure pour les accompagner dans leur projet socio-professionnel. Leurs parents sont démunis et ne savent pas du tout quoi faire. Ils peuvent toujours être scolarisés, ou être en rupture parce que leur handicap a pris le dessus, ou qu’ils subissent des freins sociaux importants. Notre objectif est de repérer ces situations-là.

 

Notre repérage consiste surtout à faire le lien avec les partenaires du territoire, l’école, le CIO, ou encore les parents. Nos partenaires nous les envoient, on a des fiches de repérage. On les reçoit pour vérifier qu’ils ne sont pas déjà accompagnés par une structure, même s’ils nous disent que non. On essaie de savoir depuis quand ils sont chez eux, ce qui a été fait dans leur parcours. Nous organisons des entretiens avec les familles pour comprendre la situation, comment ils peuvent rejoindre le dispositif et les informer sur les dispositifs existants.

 

Selon vous, quelles sont les causes du manque d’informations ?

La Charente est très rurale, il y a beaucoup de parents qui ne connaissent pas les dispositifs, ils sont souvent perdus. Ils tentent des choses mais sont démunis, et ne savent plus quoi proposer à leurs enfants. Les jeunes qu’on repère sont souvent avec un statut scolaire, donc il y a du monde autour d’eux (AESH, orthophoniste, souvent le SESSAD...) La difficulté vient quand il faut passer du milieu scolaire au monde professionnel. Pour certains, il est trop précoce d’envisager le milieu ordinaire, il faut plutôt les diriger avant vers un IMPro. Parfois il y a vraiment besoin d’une structure médicosociale pour travailler les comportements, avant d’aller vers le milieu ordinaire. Ça n’est pas toujours compris par les familles. C’est cette transition qui est la plus difficile.

 

Cap’inclusion, c’est la continuité de ce que vous faisiez avant, ou vous avez modifié votre approche ?

On a dû se réinventer, parce qu’on s’est rendu compte qu’il fallait vraiment avoir un animateur dédié pendant quatre semaines, pour prendre les jeunes en main, leur redonner confiance, les sécuriser. C’est le plus de ce dispositif. Durant les quatre dernières années, notre rôle principal auprès des jeunes, des familles et des enseignants était d’informer, d’accompagner et de réorienter vers les dispositifs existants. À présent, avec la phase de remobilisation, nouvelle pour nous, il a fallu tout construire, déterminer de quoi les jeunes ont besoin, comment les faire se lever le matin, leur donner l’envie de venir vers nous, de bouger en fait. On ne le faisait pas avant, ou plutôt par l’intermédiaire d’autres partenaires. Depuis avril 2025, nous sommes en période d’expérimentation avec un premier groupe de jeunes.

 

Comment se déroule la phase de remobilisation ?

La remobilisation dure quatre semaines. Chaque mois, nous avons un nouveau groupe d’une dizaine de jeunes. L’objectif est de les faire sortir de chez eux. Au travers d’ateliers collectifs, d’activités culturelles et sportives, on amorce le projet socioprofessionnel. Nous sommes deux à mener ce projet dans la structure, et on s’appuie sur un réseau de partenaires.

 

Qui sont les partenaires qui interviennent dans le dispositif ?

Nous avons des entreprises engagées comme TRANSDEV qui permet le déplacement des jeunes vers les évènements culturels et sportifs (comme l’action Equitation avec UPCA). La STGA (Société de transport du Grand Angoulême) vient faire de la sensibilisation à la mobilité, nous accompagner pour apprendre à faire un trajet en bus. Avec la CPAM, nous pouvons proposer des bilans santé, mais aussi des ateliers thématiques sur l’alimentation, la vie sexuelle et affective, les addictions. Le CIJ et L’ERIP sont sollicités pour travailler le projet professionnel. Pour les sorties culturelles, nous avons la médiathèque d’Angoulême (l’Alpha) et l’office de tourisme. Au démarrage nous déterminons le programme, mais par la suite, nous voulons que les jeunes choisissent ce qu’ils veulent faire.

 

L’Education nationale nous met aussi à disposition une enseignante qui assure des temps de soutien en individuel. Au besoin, on peut orienter un jeune vers les associations de lutte contre l’illettrisme. Beaucoup de nos partenaires savent que cette mission est importante. Ils ne peuvent pas nous attribuer des budgets, mais sont prêts à nous fournir des moyens humains ou matériels.

 

À quoi s’engagent les jeunes quand ils participent à Cap’Inclusion ?

Ils signent un contrat d’adhésion de six mois maximums, dans lequel ils s’engagent à participer activement à toutes les phases, à être présents aux activités et ateliers proposés par l’animateur pendant la remobilisation. Ils ont des rendez-vous individuels pour travailler leur projet et leur CV. Et puis aussi des actions en autonomie, par exemple pour la recherche de lieux de stages. Si certains jeunes ont déjà des projets en tête, on n’attendra pas quatre semaines pour les travailler avec eux. Surtout, on s’assure que ces projets soient réalistes et réalisables, on les confronte à la réalité. S’ils trouvent une formation qui les intéresse, ils peuvent partir avant le délai maximum. Le but c’est avant tout de leur remettre le pied à l’étrier.

 

En quoi consiste votre accompagnement au projet professionnel ?

Notre approche c’est la découverte des métiers, sous la forme « un jour, un métier en action », par des immersions, mais aussi le bénévolat, le service civique… l’école ne les intéresse plus ou leur fait peur. On peut aussi multiplier les mini stages dans les organismes de formation. C’est la mise en action de ces jeunes que nous recherchons, les confronter à la réalité du milieu ordinaire. Ils veulent tous travailler, mais il faut leur montrer des réalités comme se lever le matin, mettre ses EPI, passer une journée dehors à tondre le gazon, etc. C’est ce qu’on va mettre en avant dans l’accompagnement pour valider un projet.

 

Est-ce qu’il y a des métiers à éviter ? Ou plus adaptés que d’autres ?

On tient vraiment à ouvrir le champ des possibles. On s’interdit de considérer que tel profil ne peut pas, par principe, aller à tel endroit. Le mieux c’est de se confronter à la réalité, par exemple lors de visites d’entreprise. C’est souvent comme ça que le jeune voit si ça peut lui convenir. En faisant des petits pas, on arrive à définir ce qui leur correspond. C’est l’environnement de travail qui va véritablement jouer. Ils rêvent tous de travailler dans certaines entreprises, mais une visite suffit parfois à leur faire changer d’avis.

 

Il faut d’abord déterminer ce qui leur plait, ce qui leur donnera la force de se lever tous les matins. Mais on ne ferme la porte à aucune envie. Evidemment, la marche peut être plus ou moins haute en fonction de chaque situation individuelle. S’ils trouvent un emploi (CDD, contrat d’apprentissage, service civique…), on peut faire intervenir un ergonome de Cap emploi 16 pour évaluer les besoins éventuels en compensation du handicap au poste de travail (aménagement technique, organisationnels, humain…).

 

Que se passe-t-il quand ils quittent le parcours après les six mois ?

Pour certains jeunes, ils auront l’occasion d’aller vers une formation, pour d’autres d’aller vers l’emploi (contrat d’apprentissage, service civique, CDD…). Pour ceux qui auront besoin de plus de temps, un comité local de suivi avec le réseau public de l’emploi, est organisé pour évaluer l’évolution socio-professionnel du jeune afin de l’orienter vers le partenaire le plus adapté avec inscription auprès du Réseau public de l’emploi (France Travail, Cap emploi, mission locale…).

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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January 23, 8:17 AM
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Premières marches, un pas vers la formation

Premières marches, un pas vers la formation | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Olivia Costantino, chargée de projet illettrisme-illectronisme à CORAPLIS (Niort), assure la coordination du dispositif « Premières marches vers la formation », pour l’ensemble des neuf partenaires deux-sévriens et le Loudunais en Vienne. Il est financé depuis 2021 par l’appel à projets régional Illettrisme et Illectronisme.

 

Quel est le principe du projet Premières marches ?

Le projet se décline en 3 axes fondamentaux, qui sont tisser et développer les réseaux locaux, repérer et mobiliser, et accompagner vers la formation aux savoirs de base. On a désormais besoin régulièrement de personnes relais clairement identifiées pour faciliter le passage vers la formation. Au départ, nos actions d'accompagnement se faisaient plutôt sous forme de cafés numériques. Petit à petit, nous les avons diversifiées, puisque notre réseau compte des centres sociaux, des associations, des organismes de formation. Aujourd’hui nos modes d’accompagnement sont plus généraux, comme des ateliers cuisine, des actions de proximité, par exemple à l’occasion de distributions alimentaires. On s’est formés avec la Scop l’engrenage, sur les thématiques d'actions de « aller vers », qui consistent à aller chercher les publics précaires isolés, potentiellement en situation d’illettrisme et d'illectronisme.

 

A-t-il été modifié depuis son lancement en 2019 ?

 Le projet s’est étendu aux territoires du Thouarsais et du Mellois. Et dans le Loudunais dans la Vienne. CORAPLIS coordonne et mène ses propres actions sur le Niortais, mais chaque territoire a vraiment ses actions spécifiques. Les partenaires changent, en tout cas les missionnés. Ce qui est important dans notre rôle, c'est de garder le lien entre les partenaires et d'avoir un conducteur commun.

 

Dans le premier appel à projets qui s’appelait « illettrisme et illectronisme », on a proposé beaucoup de choses. Mais il y avait des travers au niveau de la réponse, certaines structures n'avaient considéré que la dimension illectronisme, et n'avaient pas ensuite orienté les publics vers la formation. A l’époque, on avait aussi répondu à un audit lancé par la Région pour connaître les freins et leviers de l'entrée des personnes en formation. Elle a affiné son approche et sorti son appel à projet « innover contre l’illettrisme » en 2021, pour lequel ils ont écarté toutes les structures qui n'avaient pas utilisé le réseau et ses accompagnements pour diriger les publics vers les savoirs de base.

 

Avez-vous pu consolider votre réseau ?

Il y a toujours des nouveaux arrivants, les réseaux changent, ils vivent aussi. Les facilitateurs coporteurs du projet Premières marches vers la formation animent ces réseaux et parfois font appel au CRIA NA pour des sessions de sensibilisation à l’illettrisme auprès des partenaires du réseau.

 

Est-ce que certaines structures sollicitées découvrent des choses ?

Oui, tout le temps. Ce ne sont pas tant les structures que les individus, les salariés. Certains sont au fait de ces questions parce qu'ils étaient intéressés par le sujet, ils avaient eu une sensibilisation, une formation. En revanche, pour certains, pas du tout, ils tombent parfois des nues. Surtout chez les conseillers numériques. Dans les structures, il y a toujours des gens qui savent et puis des gens qui ne savent pas. On ne peut pas partir avec des recettes toutes faites et des choses clé en main. Il est important de prendre en compte les spécificités des missions et des territoires.

 

Quel est le message que vous délivrez aux nouvelles structures ?

Notre message est, « Vous êtes susceptible de rencontrer des gens en situation d'illettrisme, isolées, etc. On vous propose une sensibilisation sur ces publics, comment les repérer et les aborder. Ensuite, comment les orienter vers notre permanence d'accompagnement, exemple sur le niortais, et d'orientation qui permet de répondre très vite à leurs besoins de formation. En plus de nos partenaires habituels, nous avons la volonté d'aller vers les services RH et les syndicats. L’idée est de travailler directement avec les entreprises pour repérer les personnes en situation d’illettrisme. On essaie de les convaincre de former leurs salariés concernés par petits groupes, pour que ça leur coûte moins cher, qu’il y ait moins de pertes de compétences et de temps pour l’entreprise.

 

Quelle place prend la question de l’illectronisme ?

Dans notre projet, ce sont bien des personnes en situation d'illettrisme numérique que nous visons. Certaines sont très effrayées par l'ordinateur, on évite de leur proposer de commencer par des cafés numériques. Aujourd'hui, il y a plein de leviers possibles, beaucoup basés sur la rencontre et le « faire avec », ainsi que des actions hors les murs. Le principe est de se rencontrer, de discuter de leurs centres d’intérêt, de leurs envies. Par exemple leur proposer un atelier cuisine qui sera l’occasion d’apprendre à lire, écrire et compter. Mais pour ça il faut bien se connaître, sinon les gens ne participent pas aux ateliers parce que ça les inquiète, ou ça ne fait pas sens pour eux.

 

A Niort, nous avons un collectif qui s'appelle Alpha CAN, c'est un collectif qui rassemble des structures de formation, des accompagnateurs, prescripteurs, médiateurs, des associations caritatives. Ils se retrouvent tous les deux mois pour faire l'état des lieux de la réponse de formation sur le territoire du niortais, et un peu alentour. Une permanence permet d’orienter les publics.   

 

Quelles sont les structures les plus aptes ?

Pour le repérage, je ne sais pas si certaines sont plus adaptées que d’autres. Par exemple les centres sociaux en général sont bien adaptés parce qu’ils proposent toujours un petit atelier savoirs de base. Ils ont aussi beaucoup de gens en FLE. Sur l’illettrisme on a surtout l’HSP Socle de compétences avec l’itinéraire 1 (Illettrisme). Ce qui fonctionne surtout par rapport à avant, c'est l’aller-vers. On a toujours les cafés numériques. Les gens n’y venaient plus parce qu’ils devaient à nouveau s’inscrire à quelque chose. Ça a mieux fonctionné à partir du moment où on est allés vraiment vers les gens, en répondant à leurs demandes, par exemple en tenant des permanences à la Poste, à la CAF, sur les distributions alimentaires, à l’agence Siti Interim pour le niortais située dans un des quartiers politique de la ville.

 

Existe-t-il un profil du parfait repéreur ?

A priori, n'importe qui peut être repéreur s’il rencontre du public. Quelqu’un qui travaille dans une fripe ou une épicerie solidaire peut être un bon repéreur parce que souvent les personnes en situation d’illettrisme sont aussi des personnes précaires. Mais ça n’est pas suffisant. Certains peuvent être repéreurs, mais pas prescripteurs parce que ça n’est pas leur rôle et qu’ils sont très pris par d’autres activités. Pour nous les vrais repéreurs, ce sont plus souvent les médiateurs, comme les conseillers France Travail, qui proposent des petits ateliers CV ou de remise à niveau. Mais en général ce ne sont pas des pédagogues. On a essayé beaucoup de choses depuis cinq ans, on sait aujourd’hui ce qui fonctionne ou pas. C’est pour ça qu’il est important de susciter la rencontre.

 

Quel est selon vous le chainon manquant entre le repérage et l’entrée en formation ?  

Cet entre-deux peut prendre différentes formes. En fait, ce qui fonctionne bien c’est l'accompagnement individualisé, le sur-mesure, c’est une entrée en formation rapide si la personne est prête. S’il y a trop d’attente, c’est un public que l’on peut vite perdre. Par exemple pour « la boîte à dons » à Mauzé, c'est la mairie, le centre social et le PLIE qui se sont associés pour aller à la rencontre des gens et proposer ensuite une orientation sur les ateliers de Mauzé. Aujourd’hui, dans la ruralité, il faut penser dans nos actions à pallier le problème de la mobilité pour aller en formation.  Et ça coûte de l'argent. Après le repérage, les premières marches ce sont tous les ateliers qui existent un peu partout et qui font sortir les gens de l'isolement pour faire lien, pour faire société. Ces ateliers peuvent motiver à travailler la lecture et l’écriture, parce que les gens se sentent bien dans un groupe et au centre social. Les actions d'accompagnement sont importantes aussi quand elles se fondent dans le partenariat. C’est ce que nous demande la Région, de continuer à nourrir les réseaux, à les faire travailler et monter des actions ensemble pour accompagner les personnes vers une formation de base, notamment l’HSP Socle de compétences qui est un dispositif de la Région.

 

Quelles sont les évolutions que vous observez dans votre pratique ?

On doit s'adapter au terrain, aux territoires, aux acteurs locaux. S'adapter face à la baisse des financements. Il y a eu aussi un public qui en a remplacé un autre. Historiquement, on s’est adapté aux migrations. Il faut savoir que les personnes en situation d'illettrisme sont difficiles à rencontrer, beaucoup ont besoin de travailler la langue et les savoirs de base aussi. On entend certains discours selon lesquels il n’y a pas de problèmes d’illettrisme car il y a l’école obligatoire, mais l’illettrisme est un problème qui touche les personnes de manière globale pas seulement scolaire. Le travail de lutte contre l’illettrisme et pour faire accéder les personnes aux savoirs de base est continu.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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Gironde, partenaires contre l'illettrisme

Gironde, partenaires contre l'illettrisme | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Fabrice Lantoine est directeur de l’association ADAV 33, une association départementale qui s'adresse aux Gens du Voyage de la Gironde. Elle compte une trentaine de salariés et anime deux centres sociaux, dont celui de Toulenne, qui a la particularité d’être ouvert à tous publics. Le centre coordonne depuis trois ans un collectif de lutte contre l’illettrisme sur le Sud Gironde, initialement financé par l’appel à projets régional « Innover contre l'illettrisme. »

 

Comment est né votre projet de collectif ?

Il a commencé en 2017 par une initiative née d'une rencontre d’élus, d'acteurs de la société civile, d'associations et d’organismes de formation impliqués dans les Habilitations de Service Public (HSP). Nous avons pensé qu’il serait bien de monter un collectif de lutte contre l’illettrisme, et que l’on fédère des gens autour d’actions dans le cadre de la semaine nationale de lutte contre l’illettrisme. Nous avons répondu à l’appel à projet régional pour aller plus loin et avoir une force de frappe plus conséquente. Comme le centre social Sud Gironde de Toulenne, dont j’étais directeur à l’époque, était le seul acteur qui ne faisait pas directement de la formation type HSP ou d’actions de lutte contre l’Illettrisme, nous avions une sorte de neutralité, et nous avons accepté de porter le projet. En parallèle nous menions un travail autour de la médiation par le numérique, c’est tout naturellement qu’on est passé à un collectif de lutte contre l'illettrisme et l’illectronisme en Sud Gironde.  

 

Avez-vous réalisé une étude de territoire pour recenser les besoins ?

Nous n’avons pas fait d’étude des besoins à proprement parler. Mais dans le collectif il y a un centre social et deux établissements de vie sociale qui ont l'habitude d’effectuer des diagnostics de territoire, puisque ça fait partie de leurs commandes habituelles. Et puis nous entretenons des liens suivis avec des grands acteurs sociaux comme le Département, France travail, la mission locale, etc. Donc on savait tout de même à peu près à quel type de public ça pouvait être utile.

 

Justement, à quel public vous adressez-vous ?

Le Sud Gironde fait partie de ce qu'on appelle l'arc de la pauvreté en Gironde. Il y a beaucoup de personnes de tous âges sous le seuil de pauvreté, qui exercent des métiers souvent pénibles et qui peuvent être concernés par des problématiques d'illettrisme. Nous avons essayé de fixer le moins de barrières possibles. L'idée c'est que les personnes soient repérées et orientées par les grands acteurs sociaux et par nos repéreurs, qu'ensuite elles participent à nos actions, par exemple les ateliers de territoire. On lutte contre beaucoup de fatalisme et d'absence de projection chez les personnes. La résignation est assez terrible. Notre projet c'est aussi d’essayer de favoriser la mixité, de faire en sorte que les publics, par exemple gens du voyage ne restent pas qu’entre eux.

 

Les partenaires du collectif œuvraient-t-ils déjà dans le domaine de l’illettrisme ?  

Ils étaient déjà engagés. Le fait d'être ensemble leur a permis de trouver des moyens, mais aussi une dynamique partenariale et une caisse de résonance pour mieux dérouler leurs actions. Ce qui m'intéresse le plus, c'est que le collectif de lutte contre l’illettrisme en Sud Gironde est un groupe finalement informel de gens qui se réunissent plus ou moins régulièrement pour travailler sur cette question. Nous organisons trois à quatre rencontres par an, on essaie de confronter nos pratiques et de les faire évoluer. Le projet nous a apporté des moyens suffisant pour financer nos ateliers.

 

Le collectif rassemble quatre associations qui sont des espaces de vie sociale et un organisme de formation. Chacun couvre une partie du territoire et met en place une ou plusieurs actions. Notre territoire est assez étendu, et le collectif permet de le mailler et de créer des lieux de proximité de lutte contre l’illettrisme. Ce sont des premières marches pour ensuite, pourquoi pas, permettre aux publics d’intégrer une formation type HSP. Le cœur de notre action, ce sont les fils rouges pendant la journée nationale de l'illettrisme, les rencontres de formateurs et les ateliers disséminés dans tout le sud Gironde.

 

Que sont les ateliers de territoire ? 

C'est une action qui a été imaginée par le collectif. Ils ont été déployés à Captieux, Bazas, Monségur, La Réole, Cadillac, par l'établissement de vie social La Boussole à Captieux, l'association Passerelle de Monségur, l'association Orfie de Podensac. Il nous reste une sorte de zone blanche vers Villandraut et Saint-Symphorien, où il y a sans doute des besoins, mais il faut que déjà faut qu'on trouve des lieux et une association porteuse, ce qui n’est jamais simple. On essaie de faire des ateliers d’une durée minimale de 6 mois. En gros on s'était donné comme objectif de mettre en place six ateliers de territoire, qui ont accueillis une cinquantaine de personnes. L’idée est que l’on fasse de l'action socio linguistique, c'est-à-dire que l’on travaille sur l’illettrisme à partir de supports qui peuvent être détournés, avec des thématiques qui touchent souvent à la vie sociale.

 

Et vos autres actions ?

Afin de préparer la journée nationale de lutte contre l’illettrisme on a eu l’idée de faire un fil rouge à visée culturelle. La première année par exemple on avait choisi la thématique « à quoi ça sert d'écrire ? ». On l’avait proposé à plusieurs associations, certaines ont produit des choses, par exemple un groupe de collégiens a écrit une chanson et ils sont venus l’interpréter lors de la journée nationale. Ou des personnes âgées qui ont fait des collages à partir d’un atelier d'écriture. Cette année nous avons fait intervenir une artiste plasticienne qui a mené des ateliers dans plusieurs structures et nous avons rassemblé les travaux dans un ouvrage.

 

Avez-vous eu des surprises ?

La première bonne surprise c'est que le conseil régional ait accepté de pérenniser le financement, même s’il est un peu réduit. Nous avons aussi un peu de financement du conseil départemental. Pour moi, les actions ne peuvent se construire que dans le temps. Par exemple il nous a fallu deux ans pour trouver un lieu à Cadillac, et suffisamment de personnes pour démarrer. On a bien fait de ne pas lâcher, parce qu'aujourd'hui il est en place et fonctionne bien.

 

Sinon, il y a un public qui participe à nos ateliers, auquel je ne m'attendais pas. Ce sont les adultes en situation de handicap qui viennent d'institutions Je pensais que ces personnes allaient être prises en charge au sein de leurs structures, dans les activités de soutien médico-social. Je pensais que nous aurions surtout du public allophone ou FLE qui sont toujours un peu à la frontière de l’illettrisme.

 

A contrario, avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

C'est toujours un peu compliqué de travailler avec plusieurs partenaires. Les structures, avec leur autonomie de gestion, sont liées au projet par un engagement philosophique et une convention de financement. Mais chacune garde son indépendance, je pense que c’est important. Il faut arriver à se mettre d'accord sur des objectifs, et qu’un porteur de projet coordonne l’ensemble. C’est un subtil mélange entre le travail mené ensemble, et une part d'autonomie. L’autre problème est que, lorsqu’un partenaire est fragilisé à cause de difficultés financières ou managériales, ce qui arrive régulièrement, les projets font des vagues. Je pense qu’il faut l'accepter, prendre du recul et avoir un peu de détachement.

 

Que faudrait-il améliorer selon vous ?  

Je pense que nous avons une marge de progrès, dans nos relations avec les prescripteurs qui ne nous orientent pas suffisamment de publics, parfois parce qu’ils s'interdisent de penser que les gens sont en situation d’illettrisme. Pourtant le travail de communication a été fait, et nous sommes toujours en lien avec France travail, les Maisons du Département des Solidarités, notamment pour leur proposer des formations de sensibilisation à la question de l'illettrisme avec le CRIA. Mais les prescriptions n’augmentent pas vraiment.

 

Qu’envisagez-vous pour le futur ?

Nous venons d’entamer notre troisième année. Nous allons surtout reconduire ce qui a déjà été mis en place. On essaie de monter des événements, comme une séance de ciné débat que nous avons récemment organisé. Dans le cadre de la journée nationale, nous avons présenté un spectacle de théâtre. Et avec la chaîne des savoirs, des « ambassadeurs » sont venus témoigner. Une bénévole qui les accompagnait a dit quelque chose qui m'a marqué, que ce n'est pas aux illettrés d’avoir honte, c'est à la société. Le fait que les gens témoignent, ça renverse un peu les rôles, c’est une façon de demander à la société de prendre ses responsabilités et de faire en sorte qu’on évite au maximum ces situations.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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October 17, 2024 7:39 AM
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Illettrisme, une affaire de réseau

Illettrisme, une affaire de réseau | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Christophe Clerc-Pape, est le référent de la Plateforme Linguistique et Numérique du centre social Le Roseau, situé à Biganos dans les Landes. Son action « cap sur l'autonomie linguistique et numérique », a été financée par l’appel à projets régional « innover contre l’illettrisme. »

 

Le roseau s'est positionné sur les questions d’illettrisme, pourquoi ?

L’illettrisme s'est installé dans la démarche globale du centre social Le Roseau il y a plus d'une dizaine d'années. Sachant que l’association précédente, L'encrier, agissait beaucoup dans le domaine de la pratique de la langue et de la maîtrise du français. En 2015, se sont tenus les premiers cours destinés à des personnes en situation d'illettrisme et pour les allophones. Finalement, décision a été prise de créer une plateforme au sein du Roseau, pour répondre à une demande assez importante.

 

 À la même époque, des repéreurs ont été formés sur l’ensemble du bassin d’Arcachon en lien avec le CRIA Nouvelle-Aquitaine qui s'est impliqué très rapidement. Les premiers étaient plutôt des personnes en lien direct avec des publics fragilisés, des assistantes sociales, des conseillers Pôle emploi, des CCAS, des associations caritatives comme le Secours Populaire, le Secours Catholique, etc. Aujourd’hui, la plateforme intervient sur l'ensemble du territoire que l'on appelle le pays BARVAL, pour pays du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre.

 

Quelle est la situation de l’illettrisme sur ce territoire ?

Lorsque l’on parle illettrisme, il y a toujours le risque de se confronter à des préjugés et à une certaine méconnaissance. Les maires du bassin se sont progressivement aperçus que certains de leurs habitants sont concernés, et ils apprécient de trouver la plateforme pour les accueillir, les évaluer, les orienter vers des formations adaptées. Il a fallu trois à quatre ans de rodage pour que la plateforme sache comment opérer au mieux sur le territoire. Mais le CRIA nous a bien aidés à structurer les choses. Il fallait aussi recruter des personnes compétentes. Au départ, les intervenants étaient des gens du centre social qui se sont un peu improvisés repéreurs, puis il a fallu les professionnaliser étant donné l'ampleur que ça pouvait prendre.

 

Y-avait-il déjà des intervenants spécialisés ?

Il existait des organismes de formation et des associations axées sur l'apprentissage linguistique. Le grand défi c'est que l'illettrisme est très difficile à identifier dans la mesure où les publics ont beaucoup de mal à communiquer sur ce sujet. Maintenant sur le bassin d'Arcachon, on arrive à capter beaucoup plus de personnes que dans des grandes villes où elles sont plus anonymes et peuvent plus facilement cacher leurs difficultés.

 

Quelles sont exactement les missions de la plateforme ?

La plateforme doit tout d’abord animer ce réseau de repéreurs, et donc mettre en place des partenariats avec les CCAS, les services sociaux, les associations caritatives, les services du Département qui reçoivent les personnes au RSA, etc. Elle doit les faire vivre, parce que chacun est pris par son quotidien, et s’il n’y a pas régulièrement des rencontres, des échanges entre la plateforme et les repéreurs, la dynamique peut rapidement s'émousser et tomber dans l'oubli. Par ailleurs, elle accueille des personnes repérées afin de les évaluer et leur permettre de rentrer dans un parcours de réapprentissage.

 

Notre défi pour l'année à venir, c'est de trouver, à travers les centres sociaux, les espaces de vie sociale, les associations, des possibilités d'ateliers qu'on appelle « première marche ». C'est à dire qu’on ne cherche pas à faire rentrer directement les personnes en formation, compte tenu des mauvais souvenirs qu’ils ont parfois de leur scolarité. Certains sont réticents à entrer dans une salle de classe. Alors on leur propose ces ateliers première marche en petit groupe, animés d'une façon très empathique par des bénévoles. C'est le travail que je suis en train de mener à l'heure actuelle et qui va faire partie des gros chantiers pour 2024-2025.

 

Avez-vous défini un profil « idéal » pour les repéreurs ?

Au départ, toute personne en situation d’accueillir du public, par exemple dans les mairies. Mais on s'est vite aperçu que ce n’était pas forcément très efficace, que ça demandait beaucoup d'énergie à la plateforme pour les former et les animer. On a préféré se concentrer sur des personnes comme les assistantes sociales des CCAS qui ont du temps pour identifier les difficultés dans la maîtrise du français. Même chose avec les conseillers en insertion professionnelle, ou encore les médecins et infirmières qui travaillent dans les centres médico psychologiques.

 

Ces dernières années, nous avons effectué un travail de ciblage un peu plus fin pour privilégier des repéreurs au plus près des publics. Par exemple, les structures de l'insertion par l'activité économique nous disent que 10 à 15% de leurs publics sont concernés par l’illettrisme, mais qu’ils ne sont pas forcément prêts à entrer dans un parcours de formation. Pour beaucoup, l’objectif est de travailler, ramener de l'argent à la maison, donc ils se débrouillent depuis un certain nombre d'années avec leurs difficultés.

 

Est-ce que les repéreurs ont toujours besoins d’être formés ?

Certains ont naturellement la fibre, ils n'ont pas forcément besoin de formation pour aborder les difficultés d’une personne, sans la stigmatiser.  Ce qu’apportent nos formations, c’est une vision un peu globale de l'illettrisme, des chiffres, des profils types. En pratique, c’est plutôt une sorte de sensibilisation. Aussi doués soient-ils, les futurs repéreurs peuvent passer à côté de certains cas, parce qu'ils font face à des stratégies d'évitement et de contournement qui sont parfois très subtiles. Ce que nous voulons leur apporter, c’est une boîte à outils générale, des outils simples et le moins chronophages possible, afin qu'ils mettent en place des sortes de petits process.

 

Combien le réseau compte-t-il de repéreurs ?  

Nous avons 65 repéreurs répartis sur l'ensemble du territoire. Dans l’idéal, il faudrait qu’on en ait le double parce que certains sont « muets », ils n’ont pas l'occasion de rencontrer des personnes en situation d’illettrisme, ou pas le temps. D’autres ont souhaité se sensibiliser mais ensuite ils s’aperçoivent que, sur leur poste de travail, ils n’ont que très peu l’occasion d’effectuer un repérage.

 

Quelle est l’étape qui suit le repérage ?

À partir du moment où une personne est repérée et souhaite aller plus loin, nous recevons une prescription qui contient quelques informations sur elle et ses attentes. On la contacte dans les dix jours parce que c'est un public assez volatil, et nous fixons un rendez-vous pour un accueil administratif et une évaluation de son niveau en français. Certains se pensent en illettrisme grave, alors que ça n’est pas du tout le cas. Nous les rassurons et on les oriente vers les organismes de formation pour une remise à niveau. En revanche, en présence de situations d'illettrisme sévère, nous proposons de passer par les ateliers premières marche, de façon que la personne reprenne confiance en elle. Dans tous les cas, le défi c’est l’offre de formation, parce que nous avons un gros problème de mobilité sur le territoire. Il nous faut trouver des points de formation un peu partout pour accueillir les personnes au plus près de chez elles.

 

Les repéreurs ne sont-ils pas surtout des « mobilisateurs » ?

Le repérage est finalement la partie la plus simple. Le plus gros du travail vient après, dans la sensibilisation sans stigmatisation et la manière de convaincre la personne en situation d'illettrisme de tous les avantages qu'elle tirerait à améliorer sa maîtrise du français. J’ai l'impression qu’il y a un déficit au niveau de la mobilisation, c'est-à-dire qu'il semble difficile pour les repéreurs de passer à cette phase de mobilisation pour des raisons que je n'arrive pas,  pour l'instant, à identifier. Les formations existent pour leur permettre d’acquérir tous les savoir-faire. Autre élément important, c'est que nous avons la chance d'avoir la présence d’un maillon de la Chaîne des Savoirs. Il n'y a rien de mieux que le témoignage d’un ancien illettré pour parler aux autres des problèmes qu'il a rencontrés, et de la manière dont il a vécu son réapprentissage.

 

Quelles sont vos perspectives ?

La plateforme, avec le réseau des repéreurs qu'elle anime, a permis de passer d’une douzaine de personnes repérées, à 20 ou 25 par an. Nous envisageons de changer son nom, pour faire disparaître le terme illettrisme, parce qu’il est stigmatisant d’entrée. Peut-être « passerelle des savoirs » pour insister sur les savoirs de base. Ce serait plus positif et globalisant, parce qu’on vient apprendre le français, mais aussi le calcul pour la vie de tous les jours, l’utilisation des outils numériques. Pas seulement la langue, mais aussi toutes ces choses importantes, voire indispensables à la vie quotidienne.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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September 5, 2024 4:57 AM
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La petite école sur la colline

La petite école sur la colline | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Elisabetta Pomiato est coordinatrice de l’association L'Escolinas (en béarnais, la combinaison d’école et de colline), qui porte l’école ETRE de Loubieng (Pyrénées-Atlantiques). L’Escolinas a reçu un financement régional pour l'organisation en AFEST d’actions de préqualifications au métier d’ouvrier de l'éco construction.

 

Qu’est-ce qu’une école ETRE ?

 « ETRE » est l’acronyme d’Ecole de la TRansition Ecologique. C’est un modèle qui a été inventé en 2017 à Lahage près de Toulouse. Il repose sur le constat qu’il y a, par an, à peu près 100 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans solution. En face, selon l'Ademe, plus de 300 000 nouveaux emplois dans les métiers verts et verdissants à l’horizon 2035, un million en 2050. Les écoles ETRE sont les seules à travailler en même temps sur la dimension sociale et la transition écologique de la société.

 

Les premières écoles ont été créées en Occitanie. En 2021, un réseau national s’est constitué, qui compte aujourd’hui 28 structures un peu partout en France, qui sont toutes une émanation des besoins d’un territoire. En Nouvelle-Aquitaine, il y a nous à Loubieng et celle d’Argentonnay (Deux-Sèvres). Deux autres ont été labellisées en juin, une en Gironde et une en Lot-et-Garonne.

 

Comment avez-vous procédé pour mettre en place votre projet ?

Nous avons travaillé pendant un an, tous bénévolement, en nous réunissant les soirs, les week-ends les vacances. ETRE Pyrénées-Atlantiques s'est fédérée en association en octobre 2022. Nous avons ensuite présenté un projet, retenu par le réseau, qui nous a accompagnés en incubation pendant 9 mois. Notre association est constituée par des professionnels de différents domaines, comme Fanny Ferrand, une paysanne qui fait de l'élevage et produit du fromage en écopâturage dans sa ferme « Laits Ptits Béarnais », et Phylippe Méau, l’expert terre-paille du département. Pour ma part, je viens du ministère de la Culture. Un de mes rêves c'était vraiment de construire quelque chose à la campagne.

 

Quelle est la nature de l’intervention du réseau national ?

Le réseau nous demande de respecter un cahier des charges qui inclut l’apprentissage par le faire, la mixité, la bienveillance, un encadrement solide, l’accompagnement des jeunes, leur suivi, etc. Là où les écoles ont une certaine liberté, c’est dans le choix des métiers qui font sens sur leur territoire. On décide avec qui on veut travailler et qui on embauche, on cherche nos financements, etc. Le réseau national nous donne tous les outils, il nous forme, il nous accompagne et il collecte des fonds au niveau national qui sont redistribués aux associations locales.

 

A Loubieng, quels sont les métiers que vous avez choisis ?

Globalement, ce sont des métiers manuels de la transition écologique, auxquels on peut accéder grâce à des formations assez courtes, avec des apprentissages directement sur les chantiers. Nous travaillons beaucoup dans le domaine de l'agroécologie, le respect des sols, de l'air, de l'eau, du vivant. Notre but est de redonner envie à des jeunes de réinvestir les métiers de l'agriculture qui ont souvent une image négative, parce que très durs. Nous formons aussi aux métiers de l’éco construction et du réemploi avec des matériaux biosourcés, locaux autant que possible. Il y a une vraie demande dans ce secteur, avec de plus en plus de marchés publics comportant des critères écologiques et qui demandent l'utilisation de matériaux écologiques. On est vraiment sur un secteur d’avenir.

 

En quoi consiste votre offre de formation ?

Nous proposons ce qu'on appelle des remobilisations, des stages de découverte des métiers d’une durée de deux semaines, pour donner aux jeunes l’envie de se former. On se focalise sur le savoir-être en entreprise, la ponctualité, le travail en équipe, la communication, des choses de base. Pour les métiers, on est sur la fabrication de fromage, de compost, l'éco construction en terre paille, la charpente, la fabrication des briques en terre cuite, la cuisine à base de produits de saison bio. On fait aussi découvrir les ressourceries de l’association AIMA.

 

Nous avons également une offre de préqualification en AFEST. Ce sont des sessions de 3 mois de formation au métier d’ouvrier de l'éco construction. Les stagiaires travaillent sur des vrais chantiers avec des professionnels qui leur apprennent à monter de vrais murs en terre paille, notre spécialité, ou d'autres techniques d'isolation. Selon ce qui les intéresse, nous accompagnons ensuite les jeunes vers une formation qualifiante ou directement chez un professionnel s’ils sont déjà assez bons, ou encore vers un service civique.

 

En ce moment, nous animons trois sessions de remobilisation de deux semaines et deux préqualifications de trois mois par an. La prochaine débute le premier octobre.

 

Mais pourquoi avoir choisi la modalité AFEST qui n’est pas la plus facile à mettre en place ?  

Pour nous, c'était l’occasion de véritablement structurer une formation en préqualification. Effectivement ça a été très lourd et chronophage. Nous étions tous dans l’auto-apprentissage parce qu’on ne vient pas du monde de la formation. En plus, ça demande des postures de la part des formateurs qui sont assez innaturelles, notamment la partie réflexivité. On s'y met, on essaie de tirer notre épingle du jeu, c'est-à-dire de faire en sorte que ce soit utile pour nos jeunes. En revanche, c’était facile pour nous de nous projeter dans la dimension en entreprise.

 

Quel est le profil de votre public ?

Ce sont les 16-25 ans, le public des missions locales, qui sont nos premiers partenaires en termes de prescription. La partie compliquée c'est de réussir à repérer ces jeunes, souvent ni en emploi, ni en formation, les fameux « NEET ». On essaie de travailler avec toutes les structures du territoire qui peuvent nous aider à les repérer. En moyenne, nous constituons des groupes de six à sept personnes. Avec la préqualification, nous sommes tenus par la Région d’en avoir dix dans l'année. Les stagiaires ont éventuellement une aide régionale pour la mobilité, et une rémunération s’ils sont éligibles. Pour les remobilisations, ils doivent pouvoir venir dans la journée et retourner chez eux le soir. Nous avons une navette à partir de la gare d’Orthez, donc s'ils arrivent jusque-là, on les prend en charge. Pour la préqualification en revanche, on essaie de trouver des solutions d'hébergement, un gîte partagé, un dortoir pour être proche des chantiers.

 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ? 

Le plus simple a été de réunir les compétences professionnelles. En général nous recevons un accueil assez enthousiaste quand on présente le projet aux professionnels, qui comprennent ce qu’il peut apporter. On a aussi eu une écoute vraiment attentive de la part des services de la Région. A l'échelle locale et départementale, c’est plus compliqué, ça va prendre du temps, plus que ce que j'aurais imaginé.

 

Personnellement, ça m'a demandé un grand un grand effort d’acculturation parce que je ne connaissais pas le milieu et les acteurs de la formation. En revanche, je sais monter des projets. Notre difficulté majeure, c'est plutôt de trouver le financement qui nous permettrait d’avoir des postes attirants. Pour l’instant nous avons très peu de candidatures, parce que le poste d’encadrant que nous proposons n’est pas à plein temps. De plus il est situé à Loubieng, donc ça demande aux gens de se déplacer.

 

Comment voyez-vous la suite ?

Pour augmenter le nombre de sessions, il faut grandir un peu, étoffer l'équipe et augmenter le temps de travail, parce qu’on est tous à temps partiel. Pour les remobilisations, je pense qu'on pourrait arriver à quatre sessions par an. On voudrait développer un volet agroécologie, mais pour l'instant, du point de vue de l'ingénierie de projet, on n'y est pas encore. Ce qu'on voudrait aussi, c'est de monter des chantiers un peu plus loin de chez nous, vers Pau et Bayonne. Pour ça, il faudra faire appel à des professionnels locaux, des personnes, qui à la fois maitrisent des techniques assez nouvelles et ont la fibre pédagogique.

 

Ce qu'on essaie de développer aujourd'hui c'est une communication directe, par les réseaux sociaux, que les jeunes nous identifient sans devoir nécessairement passer par les missions locales. Nous venons de recruter une chargée de partenariat et de la communication, qui fera notre promotion auprès des structures. C'est un travail qui doit être constant et répété.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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July 10, 2024 6:35 AM
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Une école pour l'environnement

Une école pour l'environnement | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Léa Ternot est directrice de L’Ecole de la Rénovation Energétique, créée à Bordeaux afin de proposer de nouveaux parcours pour accompagner et réussir la massification de la rénovation énergétique. Sa mise en place a été financée par le Fonds Régional pour l’Innovation en Formation.

 

Quelle est l’origine de votre école ?

Notre création il y a trois ans répondait à un double constat. Le premier c’est le manque de compétences opérationnelles dans la rénovation énergétique des bâtiments. Des entreprises nous faisaient part de besoins très importants qu’elles n'arrivaient pas à combler. Le second, c’est le nombre croissant de personnes qui souhaitaient se reconvertir, faire un métier qui ait du sens et un impact positif sur l’environnement, notamment depuis la crise sanitaire. A la croisée de ces deux constats, notre école a été créée pour mettre en lien les besoins des entreprises et les personnes qui cherchent à évoluer dans ce secteur.

 

Pour démarrer nous sommes allés à la rencontre des entreprises pour connaître les compétences qu’elles recherchaient. Nous avons construit les parcours, cherché des financements auprès des acteurs qui interviennent sur la formation des demandeurs d’emploi (les Régions, les Opco, France Travail). L’équipe a grandi petit à petit et est aujourd’hui constituée de six personnes, réparties sur trois sites : Bordeaux, Biarritz et Rennes.

 

Que signifie votre sigle ?

Initialement, éRE était le sigle pour Ecole de la Rénovation Energétique. Depuis nos activités se sont développées et vont au-delà de la rénovation énergétique des bâtiments, puisque nous formons de manière plus large à la stratégie bas carbone. Notre sigle représente donc aujourd’hui nos trois branches de formation : Executive, Reconversion, Evolution.

 

Quelles sont vos 3 branches ?

La reconversion est notre branche « historique. » Nous formons à la fois des chefs de projet en rénovation énergétique, destinés à piloter et accompagner l’ensemble d’un projet de rénovation dans la durée, et nous formons des « compagnons en rénovation énergétique spécialisés en enveloppe du bâtiment », c’est-à-dire des ouvriers qui interviennent sur les chantiers (isolation thermique par l’extérieur, par l’intérieur, étanchéité, menuiserie).

 

La deuxième branche, « executive », est dédiée aux décideurs dans le bâtiment et consiste à les former à la stratégie bas carbone en 8 ateliers d’une durée de 5 heures chacun. Ces ateliers permettent de maîtriser les principaux enjeux du bâtiment bas carbone, d’être acteur de cette nécessaire transition dans leur métier au quotidien, mais aussi de porter la démarche au sein de leur structure pour impulser le changement.

 

Enfin, concernant la branche « évolution », la plus récente, l’objectif est de former des salariés, des collaborateurs, qui souhaitent évoluer au sein de leur structure et pour cela acquérir de nouvelles compétences. Nous répondons ici à des besoins spécifiques des structures et construisons des parcours sur mesure pour s’adapter à leurs enjeux.

 

En synthèse, notre offre permet de former trois publics, ceux qui souhaitent retrouver un emploi dans le secteur, ceux qui souhaitent impulser une démarche au sein de leur structure, et ceux dont les métiers évoluent au regard des nouveaux enjeux du secteur et qui doivent donc acquérir de nouvelles compétences. Pour la partie reconversion, l’école a déjà formé 230 personnes, 170 chefs et 60 compagnons, sur nos trois campus. Sur les pacours « executive », nous avons formé 110 décideurs à Bordeaux, Biarritz et Rennes et déployons ce parcours en 2024 dans de nouvelles villes (Paris, Toulouse, La Rochelle). Enfin, 46 personnes ont suivi nos parcours « évolution ».

 

En quoi consiste un parcours de reconversion ?

Nos parcours reconversion durent deux mois et demi. Cette durée courte est importante car elle permet à nos stagiaires de faire le pari de la reconversion. Ce format concentré est aussi important pour les structures « employeurs » qui ont des besoins de recrutement à court terme. Nous les associons au processus de recrutement des stagiaires et elles peuvent ainsi se projeter avec un candidat dans les mois qui suivent.

 

Tous nos formateurs sont des professionnels du secteur. Cela constitue une garantie que nos contenus de formation soient toujours en adéquation avec les besoins réels en compétences des employeurs. C’est aussi une garantie de la bonne employabilité de nos stagiaires, puisque certains formateurs sont par ailleurs des recruteurs et embauchent donc certains candidats directement à l’issue de nos parcours.

 

Quel est le profil de vos stagiaires « reconversion » ?

Sur ces parcours nos stagiaires ont par définition déjà une expérience professionnelle derrière eux. S’agissant des compagnons, nous n’avons pas de prérequis scolaires, ils ont simplement une appétence et souvent une première expérience dans le secteur, mais surtout de la motivation et de l’envie de s’engager dans ce domaine. Les chefs de projet ont le Bac (ou équivalent) et au moins 5 ans d’expérience professionnelle dans le bâtiment ou en tant que pilote de projet. Ils peuvent venir de divers secteurs parfois éloignés du monde du bâtiment (commerce, marketing, santé, administration, …). Dans les promotions de chefs de projet, on parvient à avoir un équilibre femmes / hommes dans les profils, c’est plus difficile chez les compagnons. Les entreprises sont encore pour certaines largement en pénurie de recrutement, donc il y a un enjeu aujourd’hui à aller chercher de nouveaux publics et de diversifier les profils.

 

Comment procédez-vous pour vous faire connaître ?

Par nature, nous sommes dans une démarche partenariale avec les formateurs et les entreprises : les acteurs professionnels sont pour éRE des formateurs, des recruteurs, des lieux de visite, des lieux d’immersion, des membres de nos jurys, des intervenants. Nous sommes en lien constant avec eux et cela contribue à la création, à la consolidation et à l’animation de notre réseau. Par ailleurs, les entreprises que nous avons mobilisées progressivement ont embauché nos stagiaires, qui eux-mêmes sont devenus des recruteurs, etc. Ce réseau d’alumni est très riche et contribue au développement de notre activité. Nous sommes aussi en lien, évidemment, avec l’ensemble des fédérations professionnelles du secteur, et des institutionnels qui interviennent en particulier sur la formation des demandeurs d’emploi.

 

Comment vous adressez-vous à vos publics en reconversion ?

On insiste beaucoup sur la transversalité. Pour nous, c'est très important. Premièrement nous leur proposons une approche technique globale, performante et qualitative du bâtiment, des enjeux qu’il représente sur le plan énergétique, des interactions entre les différents corps de métier. Deuxièmement, au-delà des compétences techniques nous formons aussi nos stagiaires à des compétences transversales de type posture professionnelle, communication, parce que nous souhaitons qu'ils aient des profils solides pour intégrer une équipe, savoir gérer un conflit, savoir bien communiquer, savoir bien se présenter, etc.

 

Où vont vos stagiaires après leur formation « reconversion » ?

Puisque les profils en entrée sont très différents, les profils en sortie sont aussi extrêmement diversifiés. Ce qui est intéressant pour eux, c'est que cela leur ouvre une multitude de voies possibles. Les chefs de projet en particulier peuvent aller travailler à l’issue dans des structures variées, comme des entreprises de travaux, des bureaux d'études, des gestionnaires de patrimoine public ou privé, des structures dédiées à l'amélioration de l'habitat et à la précarité énergétique, des plateformes publiques dédiées à la rénovation énergétique, etc.

 

Dans quel métier évoluent les chefs de projet ensuite ?

Le poste classique, c'est le chef de projet en rénovation énergétique qui a de nombreuses appellations différentes. S’ils ont un profil orienté vers le conseil, ils seront conseillers en rénovation ou conseiller en précarité énergétique. S’ils ont une vision davantage commerciale, ils pourront devenir chargés d'affaires en rénovation énergétique ou responsable commercial. S'ils ont plus un parcours chantier, ils vont pouvoir évoluer vers le métier de coordinateur de travaux ou conducteurs de travaux. En bureau d'études, ils peuvent être chargés d'études bâtiment ou chargés d'études thermiques. 20% de nos stagiaires chefs de projet s’installent en indépendant ou fondent leur structure. Quel que soit leur situation à l’issue de la formation, nous les accompagnons jusqu’au bout, et nous restons en lien avec eux ensuite, ils savent qu’ils peuvent faire appel à nous en cas de besoin.

 

Avez-vous rencontré quelques surprises ?

Je dirais la diversité des profils qui viennent d’horizons très variés. Nous n’avions pas anticipé une telle variété, c'est plutôt un point très positif pour la dynamique de groupe. Autre aspect positif, auquel on ne s’attendait pas forcément, c’est la grande reconnaissance des stagiaires. Nous en avons beaucoup qui reviennent nous voir après leur formation, ils ont un sentiment d'appartenance assez fort.

 

Selon vous, que faudrait-il améliorer ou faire évoluer ?

Par rapport aux enjeux de massification du secteur, obtenir un financement pour se former est encore un processus assez long et complexe pour un stagiaire. Si demain une entreprise a besoin de dix personnes, on ne sait pas lui répondre rapidement. Il y a un certain décalage entre les besoins exprimés et la vitesse à laquelle on peut répondre.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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June 20, 2024 4:10 AM
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BLIK, former des techniciens à distance

BLIK, former des techniciens à distance | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Marion Delas est directrice de l’ASsociation pour la FOrmation et le perfectionnement professionnel des Pays de l’Adour (ASFO ADOUR), un organisme de formation qui comprend trois sites en Nouvelle-Aquitaine (Saint-Paul-Lès-Dax, Mont-de-Marsan, Ustaritz). L’ASFO Adour développe depuis l’année dernière une plateforme d’apprentissage aux métiers de la maintenance industrielle. Ce projet, baptisé BLIK, est co-financé par le Fonds Régional pour l’Innovation dans la Formation.

 

Que signifie BLIK ?

BLIK veut dire “Blended Learning for Industrial Knowledge.” Son principe est de proposer des modules d’apprentissage 100% à distance en maintenance industrielle. Son côté novateur, raison pour laquelle nous avons déposé le dossier dans le cadre du FRIF pour le volet innovation pédagogique, c'était d’amener du distanciel sur un métier technique.

 

Quelle est son origine ?

Il vient du constat d’un manque d'attractivité des offres d'emploi dans tout ce qui est maintenance industrielle. C’est un secteur qui a de forts besoins de recrutement, mais peu de candidats, sans doute en raison d'une image vieillotte, pas moderne, avec de fortes contraintes etc. Notre but était de redonner de l'attrait à ces métiers en qualifiant et en formant notamment des demandeurs d'emploi.

 

Nous avons mené une enquête en 2020 auprès d'une cinquantaine d'industriels en Nouvelle-Aquitaine, sur leurs attentes en matière de formation. Ils nous ont souvent répondu qu’ils trouvaient rarement des candidats formés et opérationnels intéressés par ces métiers. Le secteur est très tendu et les bons techniciens de maintenance sont démarchés directement dans les entreprises. Le constat était clair, des offres d’emploi non pourvues, des candidats peu intéressés par le domaine. Notre réponse, travailler sur l’attractivité du métier en proposant un parcours de formation attractif, en lien avec les attentes des apprenants d’aujourd’hui, sans oublier les besoins techniques des entreprises.

 

Comment avez-vous abordé ce problème ?

Nous avons cherché à imaginer une solution d'apprentissage à distance, chose qui n’existait pas du tout dans le domaine de la maintenance. Sachant que, généralement, les stagiaires apprennent en faisant, en manipulant les pupitres de commande dans nos ateliers. Notre idée était de basculer tout cela en virtuel, d’acquérir des bibliothèques d'éléments 3D spécifiques aux marques de machines utilisées. Nous avons créé une plateforme d'apprentissage à distance qui permet à l'apprenant de rentrer en formation à son rythme.

 

Nous avons également pris en compte les attentes des formateurs qui avaient du mal à partager leurs données de manière sécurisée, puisque tout était fait sur papier. Avec la plateforme, ils peuvent déposer leurs cours et leurs TP, faire leurs corrections, donner du contenu ressource, et communiquer avec les apprenants.

 

Autre dimension, c'est que nous n'avons pas acheté une formation ou un module sur étagère, selon la formule usitée dans la formation à distance. C’est un de nos formateurs expérimentés qui a construit les modules, qui a élaboré les quiz. Maintenant, il dispose de retours d’expérience utiles, il sait où les gens peuvent rencontrer des difficultés, il a construit les modules en s’appuyant sur les besoins des entreprises et les attendus techniques.

 

Quelles sont les modalités pratiques pour l’apprenant ?

Avant d’entamer un parcours, l’utilisateur passe des tests de pré-positionnement et, en fonction des résultats, entre à une étape différente du parcours. Chaque module (automatismes, pneumatique, etc.) est calibré pour un nombre d’heures donné, mais comme chacun peut apprendre à son rythme, certains la compléteront en 20 heures, d’autres en 60 heures

 

Le parcours se débloque au fur et à mesure. A chaque fin de module, il doit répondre à un quizz pour valider sa compétence afin de pouvoir passer à l’étape suivante. Tout au long de la formation, il dispose d’une petite icône d'aide qui lui permet de contacter le formateur qui répond pendant les horaires classiques de formation.

 

Quelles ont été vos premières conclusions ?

Au départ, nous avions pensé que notre dispositif serait tout en e-learning. C’est à dire d’ouvrir un accès à une personne, et la laisser tout gérer seule. Nous avons constaté que ça ne convenait pas, c’est pourquoi nous avons ajouté une classe virtuelle d’une heure, au début du parcours, pour sensibiliser l’apprenant, lui montrer comment marche l'outil, lui expliquer la progression pédagogique attendue. Une classe virtuelle au début, une assistance formateur tout au long du parcours et une classe virtuelle à la fin. C’est le principe du « blended learning ».

 

Notre idée est d’appliquer le principe d’entrée sortie permanente, parce que la classe virtuelle de départ et de fin est individualisée. On ne peut pas faire une classe virtuelle en réunissant tous les apprenants, parce qu’on a quand même besoin de savoir qui on a en face. Pour éviter les décrochages, il faut que l’on puisse évaluer à quel moment du parcours, selon nous, il pourrait y avoir blocage, ou à quel moment du parcours une personne pourrait s'ennuyer parce qu'elle trouve ça trop facile.

 

Quelle est la spécificité de la maintenance par rapport à un autre métier technique ? 

Le service maintenance, c'est un peu les pompiers de l'entreprise. Quand on fait appel à eux, c’est qu’il y a eu un arrêt de la chaîne, un plantage, un problème impactant pour toute une équipe. Toute ou partie de l'usine dépend de leur intervention. Tout l’enjeu de ces métiers, c’est de faire en sorte que le feu ne parte pas, qu’il y ait toujours quelque chose à faire, mais rien dans l’urgence.

 

Le problème, c’est que le préventif, dans une vision immédiate, coûte de l’argent sans en rapporter. Le préventif est pourtant la solution qui permet d’éviter l’arrêt. La dernière des spécificités de ce métier est la pression et le travail en équipe. Le service maintenance doit assurer la continuité de la production en s’appuyant sur le service entretien, électricité, etc.

 

On pourrait penser que les métiers sont plus valorisés que les autres métiers industriels. Qu’en-est-il ?

Dans leur ensemble, les métiers de l’industrie attirent peu, malgré de réels efforts pour les rendre visibles et attractifs (salon, forum, casques immersifs, visite d’entreprises…). La maintenance a besoin des meilleurs, c’est encore plus difficile de les trouver. Les entreprises sont parfois dans l’urgence et cherche parfois le collaborateur « idéal » pour pallier un besoin urgent. La tension est très forte, les exigences aussi.

 

Et les demandeurs d’emploi ?

Historiquement, l’ASFO Adour est plus tournée vers l'entreprise, la montée en compétences des salariés, que vers les demandeurs d'emploi. Toutefois, nos trois centres de formation en accueillent pour accompagner les reconversions, la montée en compétences et répondre aux besoins des employeurs sur les métiers en tension.  Notre grande force consiste à créer des sessions en mixant les publics, les demandeurs d’emploi sont intégrés dans des sessions avec des salariés. Les échanges sont riches, le partage d’expérience et de bons plans emploi aussi. Cette mixité est possible car nous limitons la taille de nos groupes à 6 personnes en maintenance. C’est assez atypique dans la formation.

 

Tout au long du développement du projet, nous avons travaillé en comité de pilotage avec la référente technologie et digitalisation de Pôle emploi, un expert en informatique et le délégué territorial formation emploi des Landes. Ensemble, nous avons rédigé un cahier des charges pour créer ce projet.

 

Pour être tout à fait sincère, ces modules s’adressent à des personnes qui connaissent l’industrie et qui ont déjà des bases. Un parcours à distance demande une autonomie et une aisance qu’un novice n’aura pas. Le public visé est celui d’un salarié ou d’un demandeur d’emploi qui a besoin d’un complément sur la partie pneumatique ou la partie automatisme de telle ou telle marque.

 

Quel est l’avenir de BLIK ?

Avec cette formation, nous n’avons pas l’ambition de faire des techniciens en maintenance en quelques modules, alors que pour décrocher le Titre Professionnel technicien supérieur de maintenance, un bac +2, il faut compter un parcours de 10 mois. En revanche, nous pouvons répondre à une demande de l'industriel qui a besoin d’un complément de compétence pour un candidat à l'emploi, ou à un salarié pour une remise à niveau ou une évolution professionnelle.

 

Nous sommes engagés dans une démarche de commercialisation et de promotion du produit. Nous l’avions présenté en novembre pendant le salon So pro à La Rochelle. Nous avons ouvert des parcours pour quelques entreprises, les apprenants testent le parcours et nous font des retours très précieux. Dès la rentrée, nous allons déployer cette offre grâce à une communication digitale, mais aussi sur les nombreux forums et salons. Notre souhait est que ce projet permette aux entreprises de trouver des alternatives aux formations en présentiel, de permettre aux salariés et demandeurs d’emploi de monter en compétences, à leurs rythmes, sur des thématiques ciblées.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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May 16, 2024 8:45 AM
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Promouvoir les droits culturels de chacun

Promouvoir les droits culturels de chacun | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Le pôle culture et santé en Nouvelle-Aquitaine est une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) qui accompagne depuis 13 ans le développement de projets artistiques et culturels en lien avec les milieux de santé (hôpitaux, structures médico sociales, etc.). Capucine de Decker est la responsable réseau et accompagnement de cette structure qui participe à la politique publique « culture et santé », portée en Nouvelle-Aquitaine par la DRAC, l’ARS et la Région. Son projet « Soyons Cap », financé par l’appel à projets régional « mobilisation vers la formation », en fait partie.

 

Qu’est exactement le pôle culture et santé ?

C’est une équipe de 4 personnes basée à Bordeaux, qui intervient sur toute la Nouvelle-Aquitaine. Nous avons trois grands axes d’action. Le premier est un pôle ressources. Nous proposons des rendez-vous conseils gratuits à toute personne qui veut développer un projet ou qui rencontre des difficultés à le développer. En complément, nous organisons des réunions d'informations collective sur les territoires, qu'on appelle les « déjeunettes », pour que les artistes, soignants et éducateurs par exemple se rencontrent et apprennent à se connaître. Nous avons aussi une newsletter mensuelle et une cartographie régionale des projets.

 

Notre deuxième axe, c’est la formation et l’accompagnement. Nous sommes OF et nous avons actuellement 6 formations à notre catalogue, dont 2 formations phares autour de la conception et la conduite d’un projet de coopération. Les autres sont plus thématiques, comme la place du corps dans la relation d’aide, une formation qui est portée par une artiste chorégraphe danseuse et psychomotricienne. Nous sommes de plus en plus appelés pour proposer des prestations sur mesure, par exemple pour une structure comme un Ehpad qui souhaite écrire une politique culturelle dans son projet d'établissement.

 

Notre troisième grand axe, c'est un laboratoire d'idées. Notre équipe, ou parfois des groupes de sociétaires, portent des projets de recherche et d'innovation sur la question des personnes isolées à domicile ou sur le respect des droits culturels des personnes par exemple. Dans ce cadre, il arrive qu’on réponde à des appels à manifestation d'intérêt ou appels à projets. C’est comme ça que nous avons imaginé le projet Soyons Cap, sur la place des artistes dans un parcours de remobilisation.

 

Dans quel esprit travaillez-vous ?

Nos projets s’inscrivent dans la ligne du respect des droits culturels de chacun. Nous sommes persuadés que les hôpitaux et les structures médico-sociales sont des espaces de la cité qui doivent être ouverts sur le monde. Et que chacun, qu’il soit en parcours de soin, en accompagnement, professionnel de santé ou artiste soit reconnu dans son individualité culturelle. Chacune de nos activités nourrit l'autre, c'est à dire que le laboratoire va venir soit développer quelque chose du côté de la formation, soit apporter de la ressource.

 

Pourquoi avoir choisi de fonder une SCIC ?

Nos trois partenaires publics ont décidé, il y a de ça plus de 10 ans, qu’il manquait une structure qui valorise les projets de coopération culture et santé, en formant autant les professionnels de santé que les professionnels de l'art et de la culture. C’est pour cela que la forme SCIC a été choisie, parce que c'est le format juridique le plus adapté afin de réunir autour de la même table des partenaires publics, des Epahd, des hôpitaux, des opérateurs culturels, des compagnies artistiques, etc.

 

La relation entre les domaines de la culture et de la santé n’apparaît pas comme une évidence. Qu’en est-il ?

Pendant mes 11 années en tant qu’infirmière, je n'avais jamais entendu parler de ces projets. Si on me parlait de culture à l'hôpital, je voyais des clowns, ou le joueur d'accordéon, qui passent une fois par mois dans les Ehpad. Mettre autour de la table tous ces gens, ça peut paraître étrange. Et expliquer ce qu’est notre SCIC c'est toujours complexe. On est sur deux cultures très différentes, ces deux milieux n’ont pas toujours les mêmes mots pour dire les choses. Pourtant, les mondes de la culture et de la santé peuvent se rencontrer à plein d'endroits, il y a des projets d'animation, d’éducation, et d'art thérapie et les projets de coopération. Ces projets de coopération culture et santé ont la particularité d’être co-construits entre une équipe artistique et une équipe de soins, parfois d'administration, d'une structure de santé. Mais ce n’est pas de l'art thérapie, qui est très spécifique.

 

 

Comment abordez-vous les choses ?

On ne marie personne, on ne va jamais dire à une structure de monter un projet avec untel ou untel. C’est eux qui vont décider. En revanche, on leur fait savoir que ce sont des projets qui bousculent tout le monde, donc les partenaires doivent entretenir une relation un peu solide au départ. On fait de la mise en relation entre artistes et structures de santé qui ont toutes des chargés d'actions culturelles. Notre rôle est de donner des conseils, proposer des contacts, créer les conditions de rencontre, par exemple avec les déjeunettes.

 

Comment avez-vous élaboré Soyons Cap ?  

Nous avons d'abord fait partie pendant deux ans d'un projet européen porté par Croix rouge compétence Nouvelle-Aquitaine, qui s'appelait « Change of view », dont l’idée était de créer des outils pour aider les professionnels à changer de regard sur les personnes qu’ils accompagnaient, avec tout un référentiel sur l’empowerment. Pour le dire très vite, nous avons monté une méthodologie « Clichés » autour du pouvoir d'agir. « Change of view » avait permis de développer une belle dynamique, de nombreux échanges, un vrai enrichissement pour chacun.

 

On a voulu poursuivre sur cette lancée et nous avons écrit Soyons Cap avec Croix Rouge compétence Nouvelle-Aquitaine. Nous avons dû apprendre à connaître les réseaux de l'accompagnement, les Cap emploi, missions locales, Pôle emploi, les maisons départementales des solidarités et autres associations qui œuvrent dans ces accompagnements pour prendre le temps de leur présenter notre projet. Nous n’avions pas la prétention de ramener les gens à l'emploi en deux mois. Nos objectifs étaient de permette aux personnes de reprendre confiance en eux, de sortir de chez soi, de rentrer à nouveau en contact avec d’autres personnes, d’avoir la capacité de savoir un peu plus qui je suis, qui je ne suis pas, ce que j'aime, ce que je n'aime pas.  

 

A quoi ressemble un parcours ?

Après les informations collectives et les entretiens individuels, nous formons des groupes d’une dizaine de personnes. Initialement, nous avons mis en place trois parcours, à Bègles, Angoulême et Limoges. Plus récemment en Gironde, dans le Médoc, à la Réole et Saint-André de Cubzac, qui vient de se terminer.   Aucun prérequis d’âge ou de territoire n’est demandé. Aucun prérequis artistique non plus, il n'est pas question d’en faire des artistes. On leur demande surtout de s'engager à suivre tout le parcours et à venir trois jours par semaine, ce qui n’est pas rien. Nous les accueillons toujours au même endroit, dans un lieu réconfortant, où ils vont rencontrer les artistes qui vont les aider à reprendre confiance, se recentrer sur qui ils sont pour mieux appréhender le monde de la formation et de l’emploi. Pour notre part, nous animons des journées en binôme avec Croix Rouge compétence, autour du pouvoir d’agir, sachant que nous sommes également garants du bon déroulement du parcours, de la sécurité, et du fait que tous les participants s’y sentent bien. Nous avons aussi des rencontres professionnelles, avec des réseaux locaux, des professionnels que l’on connait. C’est important pour les jeunes, ils s’imaginent souvent que pour aller vers un métier, il n’y a qu’un chemin, alors qu’en fait ils sont tous différents.

 

Quel est le bilan que vous dressez ?

Chacun a vécu cette expérience différemment. Chez une très grande partie des personnes, c'est venu bouger des choses. Certaines sont entrées en formation, d’autres se sont inscrites pour le permis de conduire, ou sont devenues bénévoles parce qu'elles avaient envie de garder cette dynamique de sortir de chez elles, etc. En deux mois, nous avons vu de vraies transformations, y compris physiques.

 

Avez-vous rencontré des surprises ?

Ce qui m’a souvent surpris, c’est la rapidité avec laquelle les participants se constituent en groupe. Nous commençons chaque parcours par une journée d’immersion pendant laquelle nous leur présentons les lieux, le planning, les horaires, on évoque des questions pratiques comme le covoiturage. On apprend à se connaître avec des jeux d’intelligence collective. On les revoit généralement une semaine après, et à chaque fois, je suis surprise de la dynamique qui s’est mise en place entre eux. Souvent ils ont monté un groupe WhatsApp, ils échangent des choses, ils s’accompagnent en voiture, etc. On sent ce besoin de rencontrer d’autres personnes, certes très différentes, mais qui vivent les mêmes difficultés. Les participants sont heureux de voir un des leurs réussir à chanter, chacun devient inspirant pour l’autre. La diversité d'âge et de parcours de vie apporte une vraie richesse, sur laquelle on s’appuie.

 

Selon vous, que faudrait-il ajuster ?

Nous n’avons pas tout fait parfaitement, mais à chaque session on s’est adapté. On a réduit la durée de 3 à 2 mois, on s’est vite rendu compte que c’était suffisant pour qu’ils lâchent prise, et que ça ne constitue pas un engagement trop long. On a multiplié les contacts avec les structures de l’insertion (ML, EMI, etc.) très en amont. Se montrer, expliquer notre action, c’est un point clé. Toujours présenter, montrer les réalisations des groupes, les témoignages d’anciens participants. Nous avons aussi abandonné notre idée initiale de leur faire créer chacun un CV revisité, qui parlerait d’eux différemment sous la forme d’un support multimédia, un jeu de plateau, une affiche… Nous avons arrêté parce que certaines personnes se retrouvaient avec une pression énorme, en stress total sur la finalisation de l’objet dont ils ne se serviraient pas forcément en entretien.

 

Finalement, la formule qu’on a trouvée, différentes approches artistiques couplées à des journées autour du pouvoir d’agir, c’est la formule la plus intéressante. Nous avons voulu la modéliser, pour que si un opérateur culturel ou plusieurs acteurs d'un territoire de l'insertion culturelle veulent porter un parcours Soyons cap, ils soient en capacité de le faire de manière autonome.

 

 

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March 28, 2024 5:10 AM
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La voie du micro

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Le Rocher de Palmer est une salle de spectacle située à Cenon. Elle est labellisée Scène de Musiques Actuelles (SMAC) et développe des actions sur la métropole Bordelaise. Parmi elles, le projet OPUS, financé par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation » et soutenu par le Fonds Social Européen. François Friquet, responsable des dispositifs d’accompagnement, est chargé de son suivi

 

En quoi consiste Opus ?

C’est d’abord le prolongement d’un dispositif existant. Voilà 10 ans que nous développons une action qui s'appelle « le forum du rocher », deux sessions par an de formations gratuites de 2 mois, avec des intervenants professionnels, sur la découverte des outils numériques, la photo, la vidéo, le graphisme, le web. Pour nous c’est un prétexte pour remettre des personnes sur des rails, leur montrer qu’autour des métiers artistiques, il y en a plein d’autres qui gravitent. Le forum s’adresse à des jeunes ou moins jeunes, prioritairement des habitants des quartiers prioritaires de la ville puisque le rocher de Palmer est situé dans un QPV.

 

Notre idée était de revenir aux fondamentaux, de partir des choses que nous savons faire, c’est-à-dire utiliser la musique, plus particulièrement le hip hop, comme outil de médiation et de rencontre de personnes qu'on ne croise pas par d'autres biais. C’est comme ça que le projet Opus est né. En parallèle de la formation, nous avons un espace de coworking ouvert aux habitants du quartier qui peuvent venir y travailler, quel que soit leur projet. Pas forcément développer une activité artistique ou culturelle, mais chercher un emploi, discuter avec d’autres gens, bénéficier gratuitement de formations courtes qu'on leur propose.

 

Dans quels termes le présentez-vous ?

Le pitch d'Opus, que nous avons voulu rendre le plus clair possible, c'est « identifier et mobiliser des jeunes par la culture hip-hop et les outils de communication numérique, dans le but de les accompagner vers l'emploi la formation et leurs projets professionnels. » Il se découpe en 5 étapes : identification, mobilisation, orientation, formation et accompagnement.

 

Comment avez-vous pensé l’action ? 

C’est surtout une action de remobilisation. Avant même la mobilisation, il y a une étape de rencontre avec les publics. Nous avons pris le parti de travailler dès le démarrage avec un artiste reconnu qui s'appelle DJ Vex. On l'implique dans toutes les dimensions du projet, le repérage, la formation, le volet insertion. Il est un peu notre porte d'entrée. Concrètement, en pied d'immeuble, c’est lui qui crée la connexion avec les jeunes, c'est vraiment un point important. On ne tient pas de discours particulier. On se présente aux jeunes, on prend contact, on les invite à venir au Rocher, on crée un lien de confiance. Dans un premier temps, on est surtout dans l'écoute. La formation, c’est l’étape d’après. L’idée n'est pas de dire aux jeunes que l’on croise qu’ils seront tous des futurs artistes. Pour nous, c'est un prétexte pour leur montrer qu’il y a plein de métiers autour du secteur culturel et artistique et pour tirer des fils, voir quelles sont leurs autres compétences, leurs autres envies.

 

Quel est le déroulement de la formation ?

Depuis maintenant deux ans, nous proposons deux sessions annuelles. Leur durée est de deux mois, à raison de cinq jours par semaine de 35 heures. Pour nous, c’est un travail constant de leur faire respecter des horaires, leur apprendre à travailler en groupe, à prendre la parole et donner leur avis en public. On leur parle aussi de l'intérêt de s'inscrire à la mission locale et à France Travail, même s’ils ne cherchent pas de boulot. En fonction de leur situation, on leur dit qu’ils peuvent faire une formation, un service civique ou un stage. On veut leur montrer le champ des possibles, qu'ils ne connaissent pas forcément. Les jeunes sortent avec un certificat de compétences, Ils ont un carnet pédagogique qui cible bien les objectifs de chaque module.

 

Vous n’êtes pas un acteur « naturel » de l’insertion, comment avez-vous procédé ?

Au démarrage il y a 10 ans, ce n’était pas évident de se connecter avec les missions locales, Pôle emploi, qui ne nous repéraient pas forcément comme un lieu ressource ou un opérateur de formation et d’accompagnement. Au bout de 4 ou 5 ans, grâce à ces prescripteurs, on touchait effectivement des personnes en décrochage issues des quartiers. Mais on n’accrochait pas celles qui ne sont pas, ou plus, dans les missions locales, voire ne sont plus dans les centres sociaux non plus, parce que ça ne colle pas pour plein de raisons.

 

 

Quel est le rôle de vos partenaires ?

Ils nous aident dans la phase d’identification, qui peut être très chronophage. Notre but ce n’est pas de faire à leur place le travail des structures de proximité, les associations, le centre social, qui sont actifs dans les quartiers. On est plutôt co-organisateur.

 

Une des autres clés, c'est le temps long. Les choses mettent du temps à se faire. De plus, il nous faut essayer d'éviter, dans la mesure du possible, de faire du quantitatif et d'être dans un temps plus individuel. On ne peut pas accompagner 40 personnes à la fois, c'est impossible. Cependant, on peut en accompagner 40 ou 50 sur l'année si on prend le temps et qu'on s’adapte au rythme de chacun.

 

Selon vous, que faudrait-il améliorer dans le rapport avec ces publics ?

Avec dix années d'expérience, on commence à être un peu plus aguerris sur ces questions d'accompagnement. Aujourd’hui, on est acteur culturel, mais aussi un acteur social et un acteur de l'insertion. Pour nous, le levier c’est de faire évoluer les compétences transverses. L’approche culturelle et artistique a toute sa place pour apporter des solutions. Notre approche, c’est de se dire comment, depuis notre place, nous pouvons contribuer à ce que des personnes soient accompagnées, aient suffisamment confiance en elles pour valoriser et développer leurs compétences. Je crois que c'est ça qui est le plus important dans notre projet, peu importe que l’on passe par la musique, le théâtre, l’insertion ou la formation.

 

*   *   *   *   *

 

Le projet Opus a essaimé à d’autres lieux en Nouvelle-Aquitaine, le caféMusic' à Mont-de-Marsan et l’Ampli à Billère, près de Pau. Le plus récent est la Sirène, L’Espace Musiques Actuelles de l’Agglomération de La Rochelle dont Sandrine Brenans est la médiatrice culturelle.

 

A la Sirène, nous avons officiellement démarré le projet opus le 1er décembre 2023, sur les 3 QPV et les zones rurales à revitaliser de l’agglomération rochelaise. Avec la même approche que celle du Rocher de Palmer, c’est-à-dire un repérage en pied d'immeuble, une phase d'identification, de mobilisation etc. L’année dernière, le plus gros travail a été de tisser un réseau. Le jour du lancement, une cinquantaine de partenaires étaient présents, des acteurs publics, culturels, sociaux. C’était l’occasion de leur dire que sans eux, nous étions incapables de monter ce projet. Je pense que ce discours leur a plu, ça se fait en belle énergie, en toute confiance, chacun restant dans son rôle. On s’est rendu compte que les acteurs locaux sont vraiment dans l'attente qu'on propose des actions, qu'on les soutienne sur le montage de projets. Sur les QPV, certains nous soutiennent et ont envie de faire des choses, peut être en essayant de croiser les 3 quartiers.

 

Avec les jeunes, nous essayons de comprendre où ils en sont, quelles sont leurs compétences, pourquoi ça a bloqué dans leur vie, dans leur parcours scolaire, dans leur vie professionnelle, puisque certains ont déjà eu quelques expériences. La question c'est vraiment comment peut-on les aider, avec de la formation ou un accompagnement ? Ceux qui veulent s'orienter dans la musique, on peut leur faire rencontrer des gens. L’idée c'est qu'ils puissent continuer à nous contacter, de disposer ici d’un lieu où ils peuvent trouver des ressources.  

 

La volonté de la direction était aussi d'accueillir des « open mics » (ou scènes ouvertes) à la Sirène pour que les jeunes prennent l'habitude de rencontrer le lieu. Puis d’en organiser dans les quartiers. On en a organisé un avec le soutien du Rocher de Palmer et de DJ Vex, qui nous font profiter de leurs retours d'expérience. Nous avons aussi des ateliers d’une semaine où une dizaine de jeunes travaillent sur un clip, de la vidéo, du traitement photo, un site web, etc. Ils rencontrent tous les midis une personne de l’organisme de formation Insup qui vient parler avec eux d'insertion et de formation. Ensuite, des stagiaires de l'équipe partent en formation numérique au rocher de Palmer pendant deux mois.  Notre projet à terme, c’est d’avoir notre propre cycle, peut-être en 2025.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

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February 29, 2024 8:46 AM
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Entreposage en mode virtuel

Entreposage en mode virtuel | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Quelle est l’innovation que vous avez expérimentée en Nouvelle-Aquitaine ?

Le projet a démarré initialement fin 2021, et son développement a pris environ 2 ans avec des équipes d'ingénierie pédagogique et des experts-métiers. Nous en sommes à la 3e phase, celle du déploiement national. En Nouvelle-Aquitaine, l’idée était d’expérimenter progressivement avec nos apprentis la création d’un environnement logistique en réalité virtuelle sur les 14 sites AFTRAL de la Région. Ce nouvel outil se destine aux formations logistiques accessibles en apprentissage mais nous avons la volonté de le déployer aussi pour nos publics en formation continue, notamment inscrits sur les parcours PRF et/ou HSP.

 

Ce projet s’inscrit dans le champ de la transformation et de l'hybridation des formations. Nous disposons déjà de simulateurs pour les métiers de la conduite (voir article…). Nous voulions ouvrir le champ de l’innovation pédagogique à destination de nos apprenants en logistique, en intégrant de la réalité virtuelle sur des modules travaillés à partir des référentiels des titres professionnels. Nos équipes ont ainsi répertorié l'ensemble des champs de compétences transversaux et plus particulièrement ceux concernant la sécurité.

 

En quoi consiste l’outil ?

Le dispositif de réalité virtuelle développé permet à plusieurs personnes, chacune avec un casque, d’interagir dans une halle logistique modélisée à partir d’un site d'une entreprise du territoire. Généralement, dans nos centres AFTRAL, ces espaces font 500 à 1000 m². Ici, nous pouvons avoir 7 à 8 000 m² de terrain de jeu, nous sommes immergés totalement dans une entreprise logistique que l’on peut visualiser. Les métiers de la logistique sont associés à environnements très contraints, par la sécurité, le matériel, parfois pour des raisons de place tout simplement. Donc il nous faut trouver des solutions et l’expérience virtuelle en fait partie. En plus cela désengorge les plateaux techniques dans nos centres.

 

C’est vraiment un outil pédagogique utilisé en présentiel qui vient compléter les outils de nos équipes de formateurs. Nous avons besoin d’être à proximité des apprentis pour ancrer les savoirs et travailler les situations qu'ils n’ont pas encore rencontrées en entreprise. Par exemple, un apprenant en bac pro logistique qui n'est pas encore allé en entreprise, cela lui permet de vraiment s'immerger dans un hall logistique avant de se confronter à la réalité.

 

Quels sont les métiers concernés ?

Le préparateur de commande, l'agent magasinier, le cariste, pour les niveaux infra bac, et le bac pro logistique. Nous sommes vraiment partis de l'identification des compétences de ces formations et nous sommes allés chercher la prise en compte de la sécurité pour l'utilisation des chariots, comment on prépare et emballe des commandes, le stockage et le déstockage, le réapprovisionnement et l’inventaire. C’est un outil techniquement accessible, et il nous permet d’aborder les premiers niveaux de compétences des référentiels concernés.

 

Comment sont abordées les compétences ?

A partir de ces compétences, l'équipe d'ingénierie a identifié dix scénarios, qui incluent la découverte de l’entreprise, les différentes opérations et les flux logistiques. Les scénarios sont déployés au fur et à mesure du parcours pour chaque typologie de compétence. Nous sommes vraiment dans un serious game, qui utilise tous les codes du gaming. Les utilisateurs se testent, se chronomètrent, s'orientent dans les espaces. Nous insistons beaucoup sur l’aspect sécurité, sur le contrôle et l’utilisation d’un chariot élévateur, les indicateurs de sécurité. Nous pouvons aussi intégrer des anomalies comme un marquage qui n'a pas été fait. L’utilisateur ne peut pas rentrer dans la halle virtuelle sans avoir mis ses équipements de sécurité, c’est vraiment une simulation.

 

L’outil apporte quoi de nouveau ?

La nouveauté sur cet outil, c'est que nous voulions aller chercher la coactivité. Aujourd’hui, sur un plateau technique logistique AFTRAL, pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons pas faire évoluer en même temps des chauffeurs, des préparateurs de commandes, des agents magasiniers et des caristes. Le dispositif permet de les faire travailler ensemble, leur montrer les répercussions que peut avoir une action sur celles des autres dans l'environnement professionnel. Avec les scénarios, les formateurs ont la possibilité de déclencher des aléas, des incidents, qu’il faut résoudre à 2 ou 3 dans le même espace virtuel.

 

Combien d’heures les apprenants passent-ils sur le simulateur ?

En fonction des organisations, c’est de l’ordre de 4 à 5 heures sur l'ensemble d’un parcours, ce qui représente environ 30 minutes par séance. L’utilisateur vit une situation avec le casque, puis va débriefer avec le formateur et le groupe. Nous l'utilisons vraiment en complément du reste de la formation. C’est un outil qui permet de prendre le temps, de revenir sur des situations professionnelles particulières, de vérifier l’acquisition des compétences, de les approfondir, ce qui n’est pas toujours possible directement sur les plateaux techniques. Mettre ses équipements de protection individuelle, se diriger dans la halle, organiser sa tournée avec son chariot. Tout cela, ce sont des gestes professionnels qui prennent du temps. Et qui prennent du temps aussi dans la réalité.

 

Quelle est selon vous la juste place de la simulation dans un processus d’apprentissage ?

Pour nous, l'immersif n'est pas un gadget. Nous vérifions à chaque fois qu’il apporte un plus à nos apprenants, quels qu'ils soient. Cela doit les aider à ancrer les savoirs parce qu’ils vont pouvoir répéter les exercices. Aujourd’hui, nous n’apprenons plus de la même manière. Les personnes qui viennent dans nos centres, ont besoin de se tester, elles ont besoin d'acquérir des gestes métiers en situation, ce que nous pouvons faire sur nos plateaux techniques de mise en situation. En plus du savoir livré par le formateur, ils viennent chercher de la pratique. Mais pour les raisons évoquées précédemment, contraintes d’espace ou de sécurité, nos plateaux ne sont pas disponibles en permanence. Grâce à la halle logistique virtuelle, les apprenants vont pouvoir mettre encore plus en pratique. Cet outil en réalité virtuelle, vient compléter nos pratiques pédagogiques et devient indispensable pour nos apprenants, à la fois pour accompagner leur montée en compétence, et augmenter leur engagement en formation. Cela fait partie des méthodes que nous essayons de déployer au maximum.

 

Quels sont les effets sur les apprenants ?

Nous avons constaté que les apprenants sont plus motivés parce qu’ils vivent une expérience avec des interactions différentes pendant leur formation. Ils partagent leurs idées, l'organisation de la session, etc. Avec ce dispositif, nous pouvons plus facilement adapter et individualiser les parcours. Un jeune qui rencontre des difficultés dans la spatialisation va pouvoir répéter un scénario. Nous pouvons aussi travailler sur les soft skills comme la gestion du temps avec les flux logistiques, la résolution de problèmes comme les retards, des produits manquants, la prise de décision immédiate, la gestion du stress…

 

Qu’en pensent les formateurs ?

Je pense qu'il y a un vrai changement qui est en train de s'opérer au niveau de l'approche pédagogique. Même si à AFTRAL, nous sommes plutôt reconnus sur la partie immersive, il y a toujours une phase d’appropriation à mener avec nos équipes pédagogiques. Certains formateurs étaient réticents au départ, notamment sur la performance de l'outil ou sa prise en main technique. Aujourd'hui, ils l’utilisent au quotidien en complément de leurs supports de cours « classiques », dans chacun de nos sites en Nouvelle-Aquitaine. Et ils en sont vraiment très satisfaits.

 

Pour le moment, je pense qu'il y a encore des disparités de pratique. C'est aujourd'hui le rôle des équipes d'ingénierie de guider les formateurs dans la prise en main de ces outils. C’était important qu’Evol’Job, un cabinet bordelais de conception d’ingénierie pédagogique, accompagne les équipes et leur explique comment elles peuvent intégrer de l’immersif dans leur formation.

 

La pédagogie immersive devient incontournable pour AFTRAL, c'est vraiment une transformation dans la construction de nos parcours pédagogiques. Cela nous donne la possibilité d’intégrer des méthodes qui permettent d'engager autrement les jeunes, de les motiver différemment et puis, au-delà, d’améliorer leur projection dans un environnement professionnel en perpétuel évolution.

 

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

 

 

onyva.studio64@gmail.com's curator insight, March 31, 2024 11:48 AM

� L'Innovation en Nouvelle-Aquitaine : la Réalité Virtuelle dans Plusieurs Secteurs

 

Nous avons récemment exploré un projet captivant en Nouvelle-Aquitaine, détaillé sur "La Place" de la DGEFP, illustrant l'adoption de la réalité virtuelle dans la formation logistique. Cette initiative, débutée fin 2021, intègre de manière innovante la technologie immersive dans les parcours pédagogiques.

 

� Notre Contribution : Visites Virtuelles dans l'Immobilier

En tant qu'acteurs dans le domaine des visites virtuelles immersives pour l'immobilier, ce projet nous inspire profondément. Nous offrons une expérience similaire dans l'immobilier, permettant une immersion complète dans les propriétés pour nos clients et professionnels, sans les contraintes spatiales et temporelles habituelles.

 

� Interconnexion des Secteurs : Logistique et Immobilier

Cette innovation transcende les barrières sectorielles, apportant des bénéfices tant en logistique qu'en immobilier. Dans l'immobilier, cela signifie des formations plus efficaces pour les agents, des visites de propriétés plus engageantes pour les clients, et une gestion du temps et des ressources optimisée.

 

� Pour en savoir plus sur le projet : La Place

 

#Innovation #RéalitéVirtuelle #NouvelleAquitaine #Logistique #Immobilier

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February 1, 2024 7:28 AM
Scoop.it!

La prévention spécialisée au service de l'insertion professionnelle

La prévention spécialisée au service de l'insertion professionnelle | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’Association Départementale pour la Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte de la Vienne (ADSEA 86) intervient dans le champ de la protection de l’enfance et dans celui de l’insertion sociale et professionnelle. Son pôle Prévention, dont Emmanuel Delestre est directeur, anime depuis 2020 une action baptisée "De l’oisiveté de la rue au travail », lauréate du PIC Repérer et Mobiliser les Publics Invisibles (RMPI).

 

Comment avez-vous créé « De l’oisiveté de la rue au travail » ?

C'est en 2019 que nous avons entamé un travail avec la mission locale de Châtellerault et de Poitiers. Nous avons commencé à monter un dossier ensemble, avant que l’Association Régionale des Missions Locales ne dépose son propre projet. De notre côté, nous avons présenté le nôtre, puisqu’il n'était pas interdit de partir seul. Et nous avons été retenus. Notre proposition était de travailler à partir des quartiers pour accrocher et remobiliser les jeunes, en renforçant la prévention spécialisée sur les territoires de Poitiers, de Châtellerault et d’Angoulême.

 

Quel est le profil de votre public ?

Dans ces villes, les éducateurs de prévention spécialisée sont implantés sur tous les quartiers prioritaires. Ils s’adressent aux 16-25 ans. Avec le PIC, le public est celui des 16-29 ans, sans formation, sans emploi, sans stage (les NEET) sortis des radars. Etant donné que nous étions déjà en lien avec des publics sur ces territoires, disposer d’un poste de plus nous permettait d'aller plus loin et de mettre un focus sur ce public en rupture.

 

Quel était votre objectif de départ ?

Notre parti pris était de nous appuyer sur notre dispositif existant. Nous ne voulions pas créer un poste spécifique PIC qui aurait rencontré l’incompréhension des jeunes et risquait de dénaturer l’action des éducateurs déjà en place. Concrètement, nous voulions éviter de faire une distinction entre ces professionnels. Les jeunes sont extrêmement prudents vis-à-vis de l'adulte et en défiance par rapport aux institutions. Je pense qu’ils n’auraient pas compris pourquoi un troisième éducateur arrivait avec une mission différente. Donc nous avons constitué une équipe de 3 éducateurs en leur demandant d’élargir leur champ d’intervention jusqu’à 29 ans.

 

Quelle est votre approche ?

Les jeunes en rupture, les décrocheurs en voie de marginalisation, les gens qui ont connu une succession d'échecs, sont dans une forme de rejet des intervenants. L'idée de monter un groupe, par exemple, c'est déjà toute une affaire. Pour arriver à les remobiliser, il faut créer un lien de confiance. Et pour ça, il faut avoir des éducateurs en poste sur ces quartiers. Le nouvel intervenant PIC a pu s’appuyer sur ce lien de confiance ce qui lui a fait gagner plusieurs mois représentant une forte plus-value. Notre action passe ensuite par des petits riens, par les centres d’intérêt des jeunes afin de les amener là où on veut. On parle de leur quotidien, de leurs difficultés, c'est vraiment un art de l'ordinaire. C'est un travail qui prend énormément de temps. Pour ça, nous disposons de quelques outils.

 

Quels sont ces outils ?

En premier lieu, nous avons les chantiers éducatifs, qui sont un très bon support de remobilisation. Dans ce cadre, on propose un travail aux jeunes, qui va d'une demi-journée à plusieurs jours. Nous travaillons en partenariat avec des associations intermédiaires, la SATE 86 à Poitiers, Action Emploi à Châtellerault ou AISD’EMPLOI à Angoulême, qui se chargent d’éditer les contrats à durée déterminée d’usage, des déclarations URSSAF et de verser le salaire aux jeunes.  L’encadrement est assuré par les éducateurs de la prévention spécialisée qui travaillant aux côtés des jeunes. C'est un dispositif que nous avons beaucoup utilisé dans le cadre du PIC. Petit à petit, en fonction de ce qu'ils nous disent de leurs difficultés, de ce qu'ils veulent faire, on les éprouve à partir du chantier éducatif qu’on peut ouvrir à partir de 16 ans.

 

Nous avons aussi eu recours à « Explore l'Europe » à Angoulême, un dispositif qui permet à des groupes de monter un projet pour faire un séjour dans un pays de l’UEE. Quand on fait des projets européens avec les jeunes, ils passent physiquement des frontières géographiques mais aussi psychologiquement par le fait de s’ouvrir sur le monde et d’autres cultures, favorisant l’altérité. Pour finir, ils bénéficient également des accompagnements des missions locales, ou d’autres structures en fonction de leurs problématiques.

 

Selon vous, quels effets ont les chantiers éducatifs ?

Avant de rejoindre un chantier, il faut que l’éducateur sente que le jeune est prêt, ne serait-ce que pour y travailler une demi-journée.  Avant ça, il faut souvent qu’il refasse ses papiers, son cv, sa carte vitale, avoir un RIB pour se faire payer, etc. Avec ces éléments, on peut voir si le jeune est déjà dans une dynamique de remobilisation. Une fois qu'il est inscrit à l'association intermédiaire, encore faut-il qu’il vienne. Pour que ça marche, il y a tout le lien de confiance à créer entre lui et l'éducateur, ça prend de nombreuses semaines. L'avantage des éducateurs qui étaient déjà sur le terrain c'est que parfois ils ont vécu des séjours ou des sorties avec ces jeunes, ce qui leur a permis d’en repérer certains en amont. Le chantier éducatif est aussi un bon outil pour ceux qui vivent des parcours extrêmement chaotiques, y compris avec de la prison.

 

Au démarrage, vous étiez-vous fixé un objectif en nombre de jeunes accompagnés ?

Un peu moins de 300 sur 4 ans. Fin 2023, on en était à environ 140 jeunes. Nous avions misé sur 110 la première année, mais comme l’action a commencé début 2020, nous ne sommes arrivés qu’à la moitié. Compte tenu de la situation sanitaire, les sorties à la journée, les activités en petits groupes, tout cela a été très compliqué. Nous avons gardé des liens avec eux pendant toute cette période.  C'est un suivi souvent sur des mois parce qu'ils partent de loin, et il y a un travail à faire sur leurs papiers, leur vie quotidienne, leur remobilisation, etc.  Tout cela est très chronophage.

 

Nous avions mal anticipé ce côté chronophage. En fait, pour travailler auprès des invisibles, 4 ans c'est court. Il faut créer un lien avec eux, il ne suffit pas de leur proposer un dispositif. Cela prend des semaines, des mois, il faut arriver à se faire accepter sur le territoire. C’est l’avantage de la prévention spécialisée, elle évite d’être trop intrusif.

 

Vous savez quand un parcours commence, mais en moyenne combien de temps dure-t-il ?

C'est un peu le système des tamis. Le premier, ce sont les maisons de quartier, l’éducation nationale, etc.  Nous sommes le deuxième tamis, avec un maillage un peu plus serré. Il y a toute une partie des jeunes que l'on connaît vers 11-12 ans, plus on intervient tôt, plus on arrive à agir sur leurs problématiques. Et puis le troisième tamis, ce sont tous les jeunes qui sont passés à travers. C'est ceux-là qui vont demander le plus de temps de mobilisation, pour les amener à faire des démarches un peu autonomes, par exemple appeler un médecin, s’inscrire pour passer leur permis de conduire, trouver les ressources pour le financer. A un moment donné les choses s'enclenchent, permis, santé, prendre plus soin de soi. Petit à petit, ces jeunes s’autonomisent et reprennent leur place dans le jeu social. Mais les parcours peuvent durer 10 ans. Certains jeunes passent par la case prison, et quand ils sortent, ils reviennent nous voir pour participer à un chantier par exemple. C'est très aléatoire. Mais il y a toute la partie où on va devoir le soutenir, le tirer, et cette dernière est très chronophage.

 

Vous semblez insister sur l’importance du temps dans le cadre de vos actions, qu’en est-il ?

On ne mesure pas assez le temps nécessaire pour accompagner ces jeunes. En matière de dispositifs tout existe aujourd’hui. Le vrai problème, ce sont les marches qu'il faut gravir pour que les jeunes se sentent suffisamment autonomes, qu’ils aient envie de progresser. C'est notre métier d’effectuer ce travail. Le principe de « l’aller vers » est un peu galvaudé en ce moment. Mais aller vers des gens n'est déjà pas simple, aller vers des jeunes en rupture, ça demande un vrai savoir-faire pour être accepté.

 

Selon moi, le métier est devenu plus difficile avec la dématérialisation, la situation des jeunes qui est plus compliquée sur le plan administratif. Et puis il y a des diminutions de moyens partout. Le métier est devenu plus dur aussi au niveau éthique et personnel, on se fatigue plus vite. Je suis content que nous arrivions à garder les éducateurs. Nous connaissons des problèmes de recrutement comme tout le secteur social et médico-social, problème d’attractivité des métiers, même si nous sommes pour le moment encore quelque peu épargnés. Le milieu ouvert attire toujours, mais nous arrivons à la limite.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

 

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June 5, 3:45 AM
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Lever les freins, briser l'isolement

Lever les freins, briser l'isolement | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Emilie Robert est coordinatrice et référente du projet E.S.C.A.L.E (Explorateurs de Solutions CIDFF64, APS, Elan Béarnais, Léo Lagrange). Ce projet est porté par l’Agence Paloise de Services (APS), en consortium avec trois autres associations paloises engagées, l’Elan Béarnais Pau Nord-Est, la Maison pour Tous Léo Lagrange et le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles 64. Ce projet est lauréat de l’AMI de repérage et de remobilisation O2R.

 

Quel est le principe du projet Escale ?

L’AMI O2R est dans le prolongement du champ initial d’activités d’APS, cheffe de file du consortium. APS met à disposition du personnel dans les métiers de l'entretien, de la restauration collective, du jardinage ou encore de la manutention. Association Intermédiaire (AI) à but non lucratif conventionnée par les services de l'Etat, APS met à disposition un salarié dans les 24h au service des collectivités, d’associations, d’entreprises et de particuliers. APS est ainsi, depuis 1988, un acteur fort de l'insertion par l'activité économique.

 

Notre engagement auprès de l’O2R consiste à repérer, remobiliser et accompagner des personnes dites « invisibles », exclusivement sur Pau et son agglomération. Nous leur proposons un parcours individualisé et sur-mesure qui débouche, soit sur une prise en charge par le réseau pour l’emploi, France Travail ou la mission locale par exemple, soit sur une formation qualifiante ou un emploi durable adapté. Mais avant cela, nous priorisons la levée de multiples freins périphériques à l'emploi, à la vie sociale et socio-professionnelle. C’est le principe d’Escale.

 

Quel est le rôle des différents membres du consortium ?

Escale est une première collaboration entre les quatre associations. Cependant, les quatre structures étaient toutes, par leur ancrage solide sur le territoire et leur lien constant avec le grand public, très sensibles à l’insertion professionnelle et à l’accompagnement des personnes en marge des dispositifs traditionnels.

 

La MPT Léo Lagrange sensibilise à l’importance d’une bonne hygiène de vie par le biais de nombreuses thématiques, l’activité physique, le sommeil, la nutrition, les addictions, l’environnement psycho-social, etc. et propose des bilans de condition physique et moral tout au long des parcours. L’Elan Béarnais, club de Basket emblématique, vise également l’insertion professionnelle par le sport en proposant des séances sportives en collectif, des ateliers psychosociaux, des coachings individuels ou encore des mises en situation professionnelle. Les juristes expérimentées du CIDFF 64 fournissent une information juridique et une aide précieuse dans les démarches relevant du droit des familles, des violences, du droit des étrangers ou encore du droit au travail. Et enfin, APS offre les compétences d’une conseillère en insertion professionnelle qui a pour missions de lever toutes les problématiques faisant obstacles à l’insertion, incluant l’accès aux droits, le logement, la santé, la mobilité, etc. Un accompagnement pluridisciplinaire est essentiel. La complémentarité des compétences au sein de notre consortium est véritablement l’essence d’Escale.

 

Comment organisez-vous le repérage ?

Chaque association membre du consortium Escale repère du public invisible. APS s’appuie sur son fort réseau de partenaires que nous développons constamment et auquel nous avons présenté Escale. Ces partenaires nous adressent des personnes que nous recevons ensuite dans nos locaux pour leur proposer, sous conditions, un accompagnement. Pour les trois autres associations, elles sont en contact direct avec le public au quotidien. Elles sont ainsi à même d’identifier des personnes, des familles, les plus vulnérables qui pourraient intégrer Escale. Nous pensons en effet que le plus important est d’être visible sur le terrain, « d’aller-vers », pour créer un lien de confiance. Nous animons également des permanences dans les écoles et différentes associations comme les Restos du cœur, les centres sociaux, la MJC, où l’on ne touche pas notre public habituel. Nous comptons également, dans une moindre mesure, sur du bouche-à-oreille et les échanges informels de pair à pair : les bénéficiaires parlent du dispositif à leur entourage, et cela crée un effet boule de neige.

 

Quel public visez-vous ?

Notre public cible est un public « invisible » qui connait des situations d’isolement et/ou de vulnérabilités diverses. Chaque situation est différente, mais leur point commun est d’être sans contact avec un opérateur de l’emploi, en rupture avec les institutions, et de rencontrer un cumul de difficultés comme la précarité financière ou dans le logement, une santé fragilisée, une famille à charge, violences, une situation de handicap ou d’illettrisme, un faible niveau de français, etc. Aussi, pour intégrer Escale, les personnes sont soumises à quelques critères d'éligibilité et doivent impérativement être en âge de travailler, habiter sur la communauté d'agglomération de Pau, et avoir l’autorisation de travailler sur le territoire français. Nous n’accompagnons pas les personnes déjà inscrites auprès de France Travail, la mission locale ou Cap emploi.

 

Que se passe-t-il quand une personne est repérée ?  

Le premier contact est vraiment décisif. Lorsque nous identifions un candidat potentiel, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre. Il faut agir rapidement pour ne pas perdre le contact, ni la confiance difficilement accordée. Quand une personne vient me voir ou qu'elle m’est orientée, je m'assure que tous les critères soient valides et qu’elle soit éligible. Ensuite, je lui propose un référent de l’une des associations du consortium qui la suivra de façon individualisée tout au long de son parcours. Il est important d’établir des entretiens physiques réguliers, surtout si elle rencontre des difficultés avec la langue française. Le référent de parcours la reçoit très vite, en quelques jours seulement, pour lui présenter Escale en détails, s’assurer de la bonne compréhension du dispositif et de la motivation de la personne. Ensuite, elle peut décider librement de s’engager ou non.

 

A quoi s’engage une personne qui intègre Escale ?

Si elle est intéressée, nous lui donnons un livret d'accueil dans lequel son référent de parcours et elle-même signent leurs engagements respectifs, un engagement de confiance, de confidentialité et de ponctualité. Ce livret rend le programme plus palpable, c'est un peu symbolique en début du programme et un support pratique par la suite. Il contient toutes les rencontres, les évolutions et les appréciations du référent de parcours pour limiter les oublis ou les confusions. Chaque mois, nous leur imprimons le planning coconstruit entre le référent de parcours, moi-même et le bénéficiaire.

 

En quoi consiste un planning ?

Le programme de chaque participant est préparé en tenant compte de ses problématiques de santé, des personnes à sa charge, de ses disponibilités et de ses envies. Le référent de parcours est chargé de lui proposer différents ateliers sur le mois, et de faire un maximum d'activités au sein des quatre associations du consortium mais aussi des associations partenaires à raison d’environ quinze heures par semaine. Nous n’imposons rien et nous adaptons beaucoup. Si une personne n’a pas fait de sport depuis vingt ans, qu’elle a des problèmes de dos, nous ne la forçons pas à pratiquer l’escalade, nous adaptons son programme en fonction de ses capacités. C’est comme cela que l’on gagne sa confiance, en l’écoutant et en y allant à son rythme.

 

Quelle est la durée d’un parcours ?   

Le parcours de mobilisation et d’accompagnement dure six mois. Une personne peut toutefois sortir du dispositif à tout moment. Il peut arriver qu’elle accède à un certain nombre de droits rapidement, l’aidant ainsi à accéder au marché du travail, ou qu’elle s’inscrive à France Travail pour bénéficier d’un autre modèle d’accompagnement. Dans ce cas, le relais est pris par France Travail. Un parcours peut durer plus longtemps, mais de manière extrêmement cadrée, et sous conditions.

 

Quel type d’ateliers organisez-vous ?

Ils sont très variés. Du sport, de l’accès aux droits, les addictions, l’illettrisme, la nutrition, l’alimentation, etc. Nous avons des ateliers pour réapprendre à cuisiner, à prendre soin de soi, apprendre à respirer, mettre en pratique la communication non violente et un peu de sophrologie également. Et surtout, de la reprise de confiance. Nous proposons aussi simplement de la marche à l'extérieur encadrée, afin de reprendre contact avec la nature. On propose des activités très concrètes comme des ateliers individuels numériques. Sans oublier la dimension ludique et culturelle. Ce sont des personnes qui n'ont absolument pas accès à tout ça, ce n’est pas dans leurs priorités. On les aide à remettre un pied dans la vie, afin de les sortir de leur cadre extrêmement fragile.

 

L’autre aspect très important, c’est le collectif. De reprendre contact avec d'autres personnes, se lever le matin pour un objectif. Ça n’est pas uniquement de résoudre les problèmes d'une personne, mais aussi de lui redonner goût à la vie en collectivité à l'aspect social, la confiance en soi, l'estime…

 

Est-ce que vous travaillez sur le projet professionnel ?  

Le projet professionnel arrive souvent plus tard dans l'accompagnement. En moins de six mois, il est extrêmement difficile d’orienter notre public vers le marché du travail traditionnel. Cependant si, à mi-parcours ou en fin de parcours, un participant nous fait part de son souhait de travailler, qu’il a levé des freins importants, par exemple, s’il vit dans un logement décent ou qu’il a obtenu une couverture maladie, on peut entièrement lui proposer de découvrir des métiers ou des formations qui pourraient l’intéresser et lui convenir. Nous avons d’ailleurs notre tout premier bénéficiaire qui a signé un contrat de travail au bout de quatre mois, et nous en sommes très fiers. Mais notre but n’est pas de nous hâter à positionner des personnes en emploi. Cela se résulterait par un échec, nous le savons.

 

Quels objectifs vous êtes-vous fixé ?

Nous faisons au mieux avec une énergie débordante. Nous avons pour objectif de repérer, remobiliser et accompagner cinquante personnes par an et de les raccrocher au réseau pour l’emploi pour la grande majorité. Plus une personne participe à des ateliers différents, plus elle se remobilise et mieux c’est. Aujourd’hui, nous sommes toujours en rodage. Nous voyons que le projet est diffusé à l’extérieur de nos structures. Escale prend peu à peu de l’ampleur, il est de plus en plus connu et reconnu par nos partenaires. Je crois beaucoup au collectif, à la force de travailler ensemble de façon constructive et à l’échange.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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En route pour la rencontre

En route pour la rencontre | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Elsa Payri-Chinanou est chargée de projets pour l’association Insertion Emploi Bearn Adour (IEBA) qui a participé de 2019 à 2021 au projet « in system. » En 2023, IEBA a répondu à un appel à projets du plan pauvreté de l'État pour s'équiper d'un fourgon aménagé en bureau d’accueil mobile, le BAM dont Mathilde Lubrano est l’animatrice. Son fonctionnement est assuré depuis décembre 2024 grâce au soutien de l’AMI O2R.

 

Que pouvez-vous nous dire sur le BAM ?  

Initialement, notre camion était dédié à nos bénéficiaires, des personnes déjà en accompagnement par la mission locale ou le PLIE. Nous allions vers nos bénéficiaires, mais pas forcément vers ceux qu'on ne connaissait pas encore. Par la suite, on a décidé de positionner le BAM sur le repérage de ces invisibles, ceux qui ne relèvent pas d'un accompagnement renforcé. O2R nous permet d’assurer la continuité de l’utilisation du camion et toute la relation partenariale que nous avons développé, notamment avec le Service Départemental des Solidarités Et de l'Insertion (SDSEI) et les assistantes sociales de notre secteur pour qu'elles puissent assurer les accompagnements de leurs participants et bénéficiaires. Notre animatrice circule tous les jours avec le véhicule, les conseillères mission locale peuvent aussi aller à la rencontre des jeunes bénéficiaires sur les territoires, les conseillères PLIE et notre service logement aussi. Par ailleurs, on prête le BAM à pas mal de partenaires, à condition qu'il soit utilisé sur notre territoire.  


Pourquoi avoir choisi cette solution ?

IEBA couvre 179 communes situées au nord de Pau et au sud du département, dans quatre communautés de communes du Béarn assez rurales. Notre siège social est à Morlaàs et nous avons douze lieux de permanence sur tout le territoire. Malgré cela, des zones blanches subsistent, qui ne sont couvertes ni par nos services, ni par les services publics en général. L’un des premiers freins à l’accès à l'emploi c'est la mobilité. Pouvoir se rendre au plus près du lieu d'habitation des bénéficiaires, ça fait partie de la réponse. Même si ça ne règle pas tout.

 

Vous vous êtes fixé un objectif quantitatif ?

Notre objectif est de toucher cinquante personnes par an. Maintenant que l’action de terrain a démarré et que nous avons les premières données, on se rend compte que certaines personnes rencontrées ne pourront pas être comptabilisées. On s’attend à avoir un nombre important de déperditions. On sait que par principe, il faut rencontrer beaucoup de potentiels bénéficiaires.


Pour vous Mathilde, à quoi ressemble une semaine type avec le BAM ?

Je fonctionne vraiment au cas par cas, selon les besoins. Je n’ai pas d'itinéraire prévu, pas de permanences dans des villages. Peut-être que ça se mettra en place plus tard. Chaque jour est différent et je m'adapte aux demandes. A mon arrivée, mon premier objectif était de faire de la prospection auprès des commerces, de la boulangerie au salon de coiffure en passant par la pharmacie. Et des collectivités qui étaient déjà informées du projet O2R grâce à notre communication. Mais je préfère toujours me présenter physiquement. Je suis aussi allée à la rencontre des associations sociales et culturelles qu’IEBA connaissaient déjà. On compte beaucoup sur ces partenaires pour repérer des personnes invisibles. On mise aussi sur le bouche-à-oreille et la rencontre spontanée, parce que je ne vais pas jusqu’au domicile des gens.


Quel est exactement le discours que vous tenez à ces repéreurs ?  

Ça a été un grand questionnement dès le début. Sachant que le dispositif O2R n’est pas simple à comprendre. Et qu’en plus, on est une structure multi multiservices, c'est compliqué aussi. Quand j'arrive dans un lieu, je me présente en tant qu’association IEBA. Je fais très simple, j’explique qu'on accompagne tous les publics dans la recherche d'emploi ou d'orientation, mais je ne rentre pas trop dans les détails. Je leur demande de revenir vers moi s’ils rencontrent ou qu'ils entendent parler de personnes qui auraient besoin d'aide.

 

Vous procédez toujours de la même manière ?

Je me déplace avec le camion pour rencontrer chaque personne de manière très réactive. Ça peut se faire du jour au lendemain. J’essaie de comprendre son parcours, son projet et savoir de quoi elle aurait besoin. Et en fonction de ça, je l'oriente rapidement vers les bons intervenants. Si elle a besoin d’être remise en confiance, je peux me déplacer à plusieurs reprises. Lors de mon recrutement, on m'a fait comprendre que je n’avais pas de limites et que je devais tout tenter. Je pense qu’il n’y a pas de petite ou de grosse victoire. Tant qu'on arrive à raccrocher une personne, c'est toujours ça de pris. Repérer les invisibles, c’est vraiment faire de la dentelle.

 

On peut mettre en place d’autres actions, par exemple être présent sur un marché un samedi matin. On saura plus tard si c’est efficace. On est toujours prêts à essayer de se greffer sur des événements existants, organisés par d'autres associations, comme des forums d'emploi, des distributions de colis alimentaire avec les Restos du Cœur. On a aussi beaucoup de prescriptions qui viennent d'élus et des secrétaires de mairie. Et puis comme IEBA est aussi mission locale, je récupère des listes de jeunes qui n'auraient pas été vus depuis plus de 6 mois. Ils rentrent aussi dans le cadre des invisibles.


A quel moment débute la phase de mobilisation ?

La période de repérage peut durer jusqu'à un mois et demi. Je rencontre chaque personne plusieurs fois, pour affiner le bilan, voir si elle adhère au dispositif. Ensuite la période de remobilisation est de quatre mois maximums. Cela dit, si un jeune va au-delà des quatre mois, on continue à l’encadrer. Mais on ne va pas jusqu’à l’accompagnement. D’ailleurs on a commencé à toucher les premières limites du projet, avec cette frontière entre remobilisation et accompagnement qui n’est pas toujours très claire.

 

En quoi consiste-t-elle ?

En remobilisation, on est vraiment en individuel plus qu’en collectif. Pour l’essentiel, c’est de la remise en confiance, du coaching, de l’écoute. Pour créer une dynamique, avec nos partenaires nous proposons tout un éventail d’activités culturelles, sportives, des événements, des visites de centres de formation, des ateliers sur l'orientation et les métiers, via l’ERIP. On a aussi un partenariat avec la CPAM pour bénéficier d'un bilan de santé gratuit. On utilise des outils comme des casques de réalité virtuelle, un simulateur de conduite pour réviser le code, des petits jeux de société qu'on utilise souvent dans les ateliers, ainsi qu’en individuel. Ce genre de choses, ça peut se faire dans l’espace clos du camion.

 

Ce qui est sûr, c'est que ce qui fonctionne en remobilisation, c'est le cas par cas. Le principe est de s’adapter à la personne et à son rythme. Il y a des jeunes qui vont avoir besoin d'être vus une fois par semaine. Alors que pour d’autres, notamment les plus désociabilisés, une fois tous les quinze jours, c’est déjà beaucoup. Souvent je constate qu’ils ne savent pas réellement ce dont ils ont besoin, donc c'est à moi de proposer des choses. Ensuite, ils adhèrent ou pas.


Quel est le premier bilan que vous tirez de cette action, et que faudrait-il pour l’améliorer ?

La première chose que nous avons remarqué, c’est que des vrais invisibles, il n’y en a pas tant que ça. Finalement, le territoire est bien maillé par les partenaires et les associations. La mission locale et le PLIE sont bien identifiés, les publics connaissent les structures. Il n’y a pas de zones totalement déconnectées, totalement perdues.


On sait qu’on ne pourra pas régler le problème de la mobilité à la fin de la remobilisation. Certains de nos ateliers ne sont organisés qu’au siège de la mission locale et ne peuvent pas être délocalisés. Ça peut être un frein. Nous avons tout de même la chance d'avoir des permanences sur le territoire. Mais la mobilité reste le problème le plus important. Pour un jeune sans permis, sans voiture, des parents non disponibles, aucun moyen de transport collectif sur le territoire, ça reste très compliqué.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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Sortir de l'illettrisme par la formation

Sortir de l'illettrisme par la formation | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Christine Chartier et Élisabeth Rattier sont respectivement directrice régionale et responsable de projets du CLAP Sud-Ouest (Comité de Liaison des Acteurs de la Promotion), dont le projet « PASS R.E.L », centré sur la lutte contre l’illettrisme, s’est déroulé de fin 2022 à fin 2023. Il a été financé par l’appel à projets régional « innover contre l’illettrisme en Nouvelle-Aquitaine ».

 

Comment avez-vous élaboré PASS R.E.L. ?

Notre projet est parti du constat de la difficulté à toucher les personnes en situation d’illettrisme et à les envoyer en formation. Ainsi que d’un décalage entre le nombre de personnes en situation d’illettrisme déclaré et celui des personnes reçues sur la plateforme, soit un peu plus de 2 000 par an sur la Gironde. Avec le groupement des organismes de formation de Bordeaux proposant l’HSP Socle – parcours 1 (illettrisme), nous avons convenu qu'il valait mieux unir nos forces pour répondre à cet appel à projets. Le CLAP, porteur du projet, a répondu sur l’axe réseau et sensibilisations, les organismes de formation pour la mise en place d’actions Premières marches.

 

Le principe était de couvrir toutes les étapes amenant le public en situation d'illettrisme vers les organismes de formation ou d’autres structures. Cela implique de sensibiliser les acteurs du territoire, leur donner des outils de repérage et de faire en sorte de faciliter le parcours des personnes. En agissant en amont, en aval, pendant et jusqu'à l'arrivée des publics sur les dispositifs de formation.

 

Par quel biais les publics arrivent-ils à votre plateforme ?

Par les prescripteurs traditionnels, mais aussi toutes les structures de proximité. En fait, tout partenaire peut nous envoyer du public. Il y a aussi des personnes qui viennent directement prendre rendez-vous. Le public en difficulté avec la langue française va vite exprimer son besoin, spontanément. C’est plus difficile pour une personne en situation d'illettrisme, qui a souvent un sentiment de honte, de déni, et qui met en place des stratégies de contournement. C'est un public qui souhaite se former pour gagner en autonomie, il faut le rassurer dans sa capacité de réapprentissage.

 

Quel a été l’apport du projet PASS R.E.L ?  

Nous avons pu sensibiliser plus de 300 professionnels dans une centaine de structures. Ainsi que le grand public avec deux soirées événementielles organisées dans le cadre des JNAI. Une soirée ciné débat, et une soirée théâtre avec une troupe composée de personnes en situation d'illettrisme qui ont pu échanger avec le public. Ces actions ont permis de créer un réseau d’une dizaine de référents illettrisme au sein des structures, ainsi que d’élaborer une charte du référent illettrisme et un kit communication, avec notamment une fiche d'accueil et de repérage.

 

Tout ce travail a perduré après PASS R.E.L., sous forme de partenariat renforcé entre la plateforme et les organismes de formation. On a mis en place de nouvelles modalités d'accueil du public et un suivi renforcé, notamment dans le cadre des HSP. Au besoin, on accompagne les personnes dans les structures de formation, qui sont parfois situées au sein d’établissements scolaires. C’est une situation qui peut être angoissante pour elles.

 

Le rapport négatif à la formation qu’ont ces publics est souvent évoqué, est-ce qu’il est systématique ?

Non, pas toujours. Il y a plusieurs facteurs qui se combinent, le parcours scolaire en fait partie. Ce n'est pas forcément lié à la scolarité en soi, ça peut être dû à l'environnement familial et social qui fait que la scolarité est segmentée.  Ça peut aussi être une question de santé. En tout cas, certaines personnes n'ont pas bénéficié de conditions familiales, personnelles, sociales, très favorables à leur apprentissage.

 

Constatez-vous une différence dans les situations d'illettrisme entre milieu urbain et milieu rural ?

En fait on retrouve exactement le même type de profil, même si en ruralité ses posent des questions particulières comme celle de la mobilité. Nous avons l'impression que l’approche des partenaires et des prescripteurs est la même dans ces deux types de territoires. Cela dit, il nous semble que c'est plus difficile en milieu urbain parce que les réseaux sont complexes, il y a plus d’anonymat. Le travail partenarial est plus simple en secteur rural, parce qu'on arrive mieux à mobiliser tous les intervenants afin d’avoir un plan d'action partagé. En ville, le nombre de partenaires est plus important, c’est délicat d'entraîner tout le monde dans la danse de l'illettrisme, sachant que leurs priorités se portent plutôt sur les besoins en FLE. De plus, les publics en milieu rural ont moins de référents, un ou deux, alors que sur la métropole ils en ont plusieurs, et c’est parfois compliqué de s'y retrouver.

 

Qu’en est-il des décideurs locaux ?  

Nous rayonnons sur la Nouvelle-Aquitaine, on est confrontés à différents environnements. Chez les élus, c’est un peu comme sur la question du handicap. Certains, pour des raisons de parcours personnel ou selon leur territoire, s’emparent vraiment du sujet. D’autres ont moins cette prise de conscience, ils font partie des acteurs que nous devons sensibiliser. Comme les agents des collectivités territoriales qui sont en première ligne sur toutes les démarches d’état civil. Ils voient surtout des personnes venant d'autres pays, qui parlent mal le français. Mais le public en situation d'illettrisme reste la grande inconnue.

 

Quelles conclusions tirez-vous de la mise en place de ce projet ?

Notre difficulté, c'est qu’il était tout de même particulièrement ambitieux, entre les sensibilisations, la création du réseau, la coordination avec neuf organismes de formation.  Plus il y a du monde, moins c'est simple, et c’est beaucoup d’énergie. Nous avons été agréablement surpris par l'implication des partenaires et l'intérêt suscité par cette problématique de l'illettrisme.

 

Ce qui est positif aussi, c'est que certaines actions perdurent, la dynamique partenariale est maintenue avec les organismes qui continuent à nous envoyer des personnes avant l'entrée en formation, notamment grâce au réseau de référents constitué d'un noyau dur. On peut citer la mission locale Hauts de Garonne, avec laquelle on entretient un partenariat renforcé et de qualité. Nous y tenons une permanence. Et une professionnelle de l’équipe est plus particulièrement référente du sujet auprès de ses collègues.

 

Il arrive aussi qu’une fois que nous avons sensibilisé des conseillers, au niveau des structures, ça ne suit pas. Ce n’est pas dû à un manque d'intérêt, mais ils sont souvent happés par d'autres priorités. C'est pour ça qu'on milite pour avoir des référents illettrisme qui soient un vrai relais et poussent leurs collègues à rester vigilants. Donc, il nous faut continuer à porter cette cause pour qu'elle devienne un vrai sujet partout. Nous pensons qu'il y a une carte à jouer au niveau des entreprises. Aujourd'hui, nous n’y allons peut-être pas assez.

 

Quelle est la situation dans les entreprises ?  

On retrouve plus particulièrement ces publics dans certains secteurs professionnels ou bien souvent s’ajoute la pénibilité. Le risque est qu’ils peuvent se trouver en incapacité d'exercer leur activité, et que leur reclassement peut s’avérer très complexe. À partir du moment où une personne a été stabilisée sur un poste, elle arrive à le maîtriser par différentes mécaniques, des stratégies de contournement ou des systèmes aménagés par l'entreprise. Le problème, c'est lorsqu’un changement de process intervient, une difficulté de santé, voire une proposition de promotion ou de formation en interne. Dans ces situations, la personne se retrouve en difficulté, et c'est là que l'illettrisme se voit le mieux. Mais de la même manière dans la vie quotidienne, dans la vie sociale, à chaque fois qu’elle est dépendante de quelqu’un d’autre. 

 

Tout cela relève de la responsabilité sociale de l'entreprise. Aujourd’hui, beaucoup de secteurs se trouvent en difficulté de main-d'œuvre, donc ils ont aussi intérêt à faire en sorte que ces personnes ne partent pas. Au niveau des entreprises, nous avons un vrai chantier, notamment celui de leur faire mesurer ce que « coûte » une personne en situation d'illettrisme en termes de risques ou de rentabilité. Ne serait-ce que parce qu’une chaîne de production peut très bien s’arrêter brutalement en raison du dysfonctionnement d'une seule personne.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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Illettrisme, l'enjeu du repérage

Illettrisme, l'enjeu du repérage | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Angélique Feniou est coordinatrice et formatrice au sein de l’association CASSIOPEE de Ruffec (Charente). La structure compte trois pôles. Un pôle accompagnement pour les allocataires du RSA, un atelier chantier d'insertion dont le support de production est un pressing blanchisserie « Couleur lavande », et un pôle formation. En 2022 ce dernier a reçu un financement de l’appel à projets régional « innover contre l'illettrisme" pour mettre en place son action « accrocher, repérer, avancer. »

 

Comment a commencé votre projet ?

En échangeant avec nos association partenaires, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup d'invisibles qu'on n'arrivait pas à capter. Et qu’il était difficile de leur parler de formation, parce que ça leur faisait peur. On ne visait pas un public particulier, on voulait capter les jeunes, les adultes vulnérables, fragiles. Toute personne en situation d’illettrisme, quels que soient son âge, son genre ou sa situation. Parmi ceux-là, on sait, par le biais de nos partenaires qui reçoivent la communauté des gens du voyage, que c’est un public très en besoin, mais difficile à capter.  

 

Quand vous avez décidé de présenter votre dossier, c’était pour répondre à des besoins exprimés ?

Au moment de notre réponse, on avait l'habilitation de service public (HSP) socle de compétences. Ils se trouve que pour être bénéficiaire de ce dispositif, il faut un certain statut et avoir un projet professionnel. Du coup un retraité en situation d’illettrisme ne peut pas aller sur HSP. Mais comme notre projet associatif c’est d’ouvrir la porte à toute personne qui a besoin de formation en lecture, écriture, calcul, on leur propose de participer à une autre de nos actions qui s’appelle « le français pour chacun. »

 

En quoi consiste « accrocher, repérer, avancer. » ?

Notre premier axe consistait surtout à renforcer le partenariat existant et l’étendre à d’autres associations et structures, pour leur donner quelques clés de repérage. On a proposé des sensibilisations à l’illettrisme à des travailleurs sociaux, des secrétaires de mairie, des associations loisirs, des encadrants techniques d'ateliers et de chantiers d'insertion. Et puis des bibliothécaires qui repèrent des difficultés chez leurs usagers lorsqu'ils remplissent le document de prêt. C’est toujours délicat pour eux d’aborder le sujet avec les personnes. On a également rencontré le Secours populaire qui nous a parlé de la fiche d'entrée qu’ils font remplir à l’accueil et qui révèle parfois des besoins de formation. Notre deuxième axe, c’est de déployer des actions pour amener progressivement le public vers les formations aux savoirs de base.

 

Vous rencontrez directement le public ?

Ça nous arrive, par exemple lors des distributions des Restos du cœur. On échange avec les gens tout simplement. On aborde un sujet commun sans leur parler directement de formation, sinon on les perd. C’est avant tout un travail d'échange et d'écoute. Je me suis aussi rendue disponible pour recevoir des personnes individuellement, les rassurer, parce qu’elles ont souvent eu des traumas scolaires. Je leur explique que nous faisons de la formation pour adultes, que ça n’est pas l’école. Je les invite à visiter les locaux, voir par eux-mêmes comment ça se passe sur une séance de formation.

 

Nous avons aussi organisé des sorties hors les murs avec les personnes qu'on avait réussi à capter, afin de créer une cohésion et les sortir du papier crayon. On a notamment fait la visite d’une médiathèque de Ruffec pour leur montrer que ça n’est pas réservé aux élites, qu’on peut y trouver des CD, de la musique, des expos, des ressources jeunesse. Pour travailler sur le repérage spatio-temporel, nous avons proposé tout simplement de prendre le train de Ruffec à Angoulême. Ça commence par se demander « comment on fait ? » Il faut lire un itinéraire, trouver le bon quai, la bonne direction. Faire ça en groupe, c’est une façon de leur montrer qu’elles ne sont pas isolées, que d’autres sont dans la même situation. Et qu’elles peuvent trouver de l’entraide et de la solidarité, qu’il ne faut pas rester seul chez soi en se disant « ce n’est pas pour moi, je n’ose pas ». Alors que des solutions existent.

 

Est-ce que ce financement vous a permis de développer des choses innovantes ou différentes ?

Ça nous a surtout permis de développer des approches que nous avions avant, mais qu'on avait laissé un peu en sommeil, parce qu'on n’avait plus le temps ou la possibilité de nous en occuper. Avec ce budget, on pouvait décider d’y aller. Nous avions déjà un réseau de partenaires assez important, et ça nous a donné l’occasion de le renforcer, de contacter par exemple les communautés de communes pour leur proposer notre intervention. Malheureusement, nous aurions envie de faire pleins de choses, mais ce n’est pas toujours facile de justifier d’y passer le temps nécessaire.

 

Quelle est la nature de votre intervention ?

Certains bénévoles des structures ne sont pas à l’aise pour parler d’illettrisme tout de suite aux gens. Parce que les personnes sont en détresse, que c’est déjà compliqué de venir chercher à manger, et ça n’est pas leur priorité de régler leurs problèmes de lecture et d’écriture. Nous, on est organisme de formation, on peut leur parler, on peut rencontrer la personne avant de prendre des décisions. Celle qui a des difficultés à passer le code de la route parce que le vocabulaire est trop compliqué par exemple. On peut se présenter tout simplement, chercher à savoir pourquoi elle n’y arrive pas, discuter avec elle sans parler de la formation.

 

Qu’est-ce que vous entendez par « accrocher » ?

Chronologiquement notre démarche c'est repérer, accrocher, avancer. L’accrochage, ce sont les échanges après le repérage. On s’emploie à créer un climat de confiance et on incite les gens à oser pousser la porte de l'organisme de formation. C’est à ce moment-là qu’on crée chez eux l’envie de venir voir comment ça se passe chez nous.

 

Vous avez rencontré des difficultés particulières ou au contraire des bonnes surprises ?

La bonne surprise c’est le bouche-à-oreille qui fonctionne bien, entre amis ou connaissances, ou par l’intermédiaire des centres sociaux. Ce qui est plus compliqué, c’est quand nous avons des personnes avec des problématiques personnelles ou de santé, qui font qu’elles peuvent venir pendant deux ou trois mois et que, sans prévenir, brutalement, on n’a plus de nouvelles. Mais tant que la personne est avec nous, elle avance petit à petit.  

 

Ce projet vous a-t-il poussé à modifier vos pratiques ?

Pas vraiment de changements, mais plutôt des rapprochements, des échanges plus réguliers avec nos partenaires, qui n’osaient pas forcément nous solliciter quand ils avaient un doute ou une personne qui avait besoin d’être rassurée, par exemple en échangeant directement avec la formatrice ou la coordinatrice. Notre idée de départ c'était vraiment que les structures ou les partenaires sachent ce qu'on fait et qu’ils aient le réflexe de nous contacter. Pour cela, il faut régulièrement faire des piqûres de rappel, répéter les actions, parce que les équipes changent, qu’il y a toujours de nouvelles personnes à sensibiliser.

 

Donc on va essayer d'être plus présents auprès d'eux pour mieux expliquer, pas forcément pour faire la promotion de nos services. On n’a pas spécialement des outils à leur proposer, mais plutôt des conseils. Par exemple, comment ils peuvent se créer un support comme une petite fiche d'identité pour aider au repérage. Ou sans aller trop loin, faire un petit jeu de société avec les personnes pour évaluer leur niveau. Mais pas avec un groupe trop nombreux parce que ça les mettrait en difficulté.

 

Quels ont-été vos résultats ?  

De fin octobre 2022 à fin décembre 2023, soit environ quatorze mois, nous avons repéré dix personnes. Sur notre territoire, ça n’est pas rien. Pendant les six premiers mois, on s’est focalisé sur l’axe un, le repérage, le développement des partenariats. Ensuite, on a pu agir sur l’entrée en formation, que ce soit sur HSP ou sur d'autres actions comme « le français pour chacun. » Aujourd’hui, on poursuit les échanges avec les partenaires en leur disant de ne pas hésiter à nous appeler, à prendre contact avec nous, parce qu'il y a forcément des personnes qui passent entre les mailles du filet.

 

 

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Pédagogie à l'heure espagnole

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Laurent Verdeau est responsable du pôle pédagogie CMA Formation de Saint-Germain-de-Lusignan (Charente-Maritime). Il a accompagné une équipe pédagogique qui mène depuis deux ans une expérimentation basée sur le modèle espagnol « Ethazi », dont le développement a été financé par le Fonds Régional pour l’Innovation dans la Formation (FRIF).

 

Quelle est l’origine de votre projet ?

Il y a sept ans nous avons participé à un voyage d'études en Espagne, organisé par une collègue de la direction régionale de la formation (DRF), un service qui gère toute la formation de notre réseau. Nous nous sommes rendus au centre Tknika, un organisme situé près de Saint-Sébastien, pour découvrir le modèle Ethazi, dont il est à l’origine. Sa mise en place au Pays basque espagnol relevait à la fois d’un choix politique et d’un choix pédagogique, sachant que la formation professionnelle en Espagne s'adresse principalement à des jeunes en échec scolaire. Nous avons continué à nous documenter et à nous former à travers plusieurs échanges avec des centres de formation du Pays basque et de Navarre. Nous avons décidé de déposer un dossier auprès de la Région sur l’idée que l'on pouvait promouvoir une formation différente basée sur une pédagogie active et les défis.

 

En quoi consiste la pédagogie Ethazi ?

Elle repose sur trois piliers. Le premier, c'est qu'il n’est pas question uniquement d'enseignement académique ou d'enseignement professionnel. On intègre aussi les compétences comportementales. Le deuxième pilier c'est qu'on casse totalement le modèle de formation. C'est une réponse à ce public qui est souvent en conflit avec son passé éducatif. On lui propose une approche plus transverse, c'est à dire que certains enseignements vont se faire en coanimation, par exemple un professeur de français avec un professeur de vente qui vont travailler l'expression orale et l'expression écrite en support du travail pédagogique sur une compétence professionnelle. Enfin le troisième, c'est d’impliquer les jeunes en leur demandant de relever des défis.

 

Et en quoi consiste les défis ?

On a défini trois types de défis.  Des petits défis à la séance, qui ont pour objectif de travailler les compétences comportementales. Un deuxième niveau qui consiste à préparer le travail, comme dans une pédagogie inversée, où les jeunes doivent s’informer, traiter une information pour pouvoir suivre ce qui va arriver après. Et puis un troisième qui met en œuvre un ensemble de compétences à acquérir, par exemple maîtriser la description iconographique en anglais, maîtriser les conversions en mathématiques pour travailler sur une fiche de prix, etc. La première promotion devait créer une entreprise virtuelle en quelques mois, en élaborant un cahier des charges, en identifiant un produit phare avant de le commercialiser, faire une analyse des bénéfices et pourquoi pas dans un deuxième temps créer l’entreprise de manière officielle. Bien évidemment ils sont encadrés par les enseignants qui sont dans une posture de formateur, plus d’accompagnement que de transmission descendante.

 

Comment avez-vous procédé pour la mise en place du modèle ?

Il y a deux ans, nous avons choisi un groupe de CAP équipiers polyvalents du commerce, parce que nous avions une difficulté avec ces jeunes, dont le choix d'orientation est souvent par défaut. De plus, on constate que le référentiel du diplôme ne correspond pas aux compétences attendues par les entreprises. Ce qu’elles souhaitent, c’est que l’on forme leurs apprentis à des compétences transverses, du dynamisme, une certaine capacité d'adaptation, etc. On s'est appuyé sur ce modèle Ethazi qui intègre les compétences comportementales, pour proposer une réponse pédagogique bien spécifique à ce groupe cible.

 

Avez-vous des critères de sélection des participants ?

On avait envisagé de faire des entretiens, mais ils n’ont pas pu être réalisés. Donc on s'est retrouvé à la rentrée avec des jeunes qui étaient déjà positionnés, de manière aléatoire. Ce groupe de douze avait la particularité d’être extrêmement hétérogène, avec des jeunes pour lesquels la vente était un vrai projet professionnel, d'autres qui étaient là vraiment par hasard. Certains avaient des acquis du secondaire déjà consolidés, d'autres étaient en total décrochage scolaire, quelques-uns avec des problématiques sociales, deux jeunes avec une RQTH. Il a fallu composer avec tout ça, ce qui n’a pas été simple pour s'assurer d'une certaine cohésion et que tout le groupe avance ensemble.

 

Comment a réagi le public ?

Nous avons des jeunes qui adhèrent complètement au projet parce qu’ils ont été un peu dégoûtés d'une pédagogie traditionnelle, et qu’ils ne souhaitent pas revivre ce qu'ils ont subi au collège. Cette pédagogie de projet repose sur un travail collaboratif, et tous ne trouvent pas forcément leur place dans un travail d’équipe. Mais une fois qu'ils l'ont trouvée, ils l’adoptent, au point que ce sont souvent les familles qui viennent nous dire qu’ils ne reconnaissent plus leur jeune.

 

Est-ce que vous expliquez aux participants ce qu’est la pédagogie Ethazi ?

Pour eux, nous avons mis en place une semaine d'intégration avec des activités de cohésion de groupe. Par exemple un escape game qui nous a permis d'identifier assez rapidement les profils d'apprentissage, la manière dont chacun évoluait au sein du groupe. Nous leur avons présenté longuement les objectifs pédagogiques, la manière de travailler et ce qui allait se passer pendant les deux ans du parcours. Cela nous a permis également de montrer nos outils spécifiques, qui ne sont pas du tout ceux qu'on utilise habituellement, comme un livret d'apprentissage qui intègre tous les soft skills et des grilles d'évaluation des compétences comportementales.

 

Quel est le rôle des entreprises dans ce modèle ?

Á priori les entreprises ne sont pas forcément directement concernées par la pédagogie utilisée. Mais il me parait important de les intégrer, au moins dans la logique, notamment en les invitant à participer à la semaine d’intégration. Nous sommes dans une logique de pédagogie inversée, c’est-à-dire qu’on prépare en entreprise ce qui va être réalisé ensuite au centre. Certaines entreprises jouent bien le jeu, elles s'intéressent de près à ce que font leurs apprentis, et demandent aux jeunes transposer chez elles ce qu’ils apprennent au centre. Pour nous, cela implique des visites un peu plus fréquentes et surtout ça nous oblige à un lien fonctionnel, qu'il soit téléphonique ou au travers de nos outils de l'alternance beaucoup plus importants qu'avec les groupes classiques. Aujourd’hui, certaines des entreprises qui avaient des apprentis lors de la première expérimentation ont demandé que les suivants soient spécifiquement dans ce groupe.

 

Quel est le message que vous avez tenu aux formateurs pour les convaincre ?

Avec la direction du CFA, nous avons travaillé au choix d’une équipe pédagogique, des collègues qui avaient peut-être besoin d'un nouveau souffle, mais aussi dont nous étions certains de la capacité à s’approprier le projet et la démarche pédagogique. Pour les convaincre, bien souvent il faut les emmener sur le terrain. Nous avons visité plusieurs centres d’information de Navarre, nous avons pu observer dans les classes comment travaillaient concrètement les formateurs. Ils nous ont expliqué les avantages du modèle, comment ils avaient dû s'y adapter. Ces rencontres ont été le déclic qui m'a permis de gagner l'équipe et de la rallier à ma cause. J’espère tout du moins qu’ils le sont. En tout cas, je les remercie infiniment pour le travail réalisé. Si ce modèle porte ses fruits, le mérite leur en revient. Parce que ça les a amenés aussi à s'interroger sur leur propre pratique. Je pense qu'aujourd'hui ils envisagent leur travail d'une autre manière et ils en parlent de manière très convaincue. De toute façon, notre métier est un métier de remise en question perpétuelle.

 

Pour un formateur quels changements de pratiques cela implique ?

D’abord on décortique le référentiel pour identifier toutes les compétences nécessaires à l'obtention du diplôme, et pour trouver des points de convergence entre l'enseignement professionnel et l'enseignement général. L’autre chose qui change fondamentalement, c'est que les formateurs doivent travailler en équipe. Il a fallu vraiment les sortir de leur zone de confort et qu'ils acceptent l'idée que leur travail allait être confronté à la vision d'un collègue, qu'il allait falloir retravailler ses propres progressions en tenant compte des objectifs définis par un autre. Et puis le rapport à nos apprenants n’est plus le même. Ils ne sont pas de simples élèves mais deviennent acteurs de leur formation. On est vraiment sur une pédagogie de projet. Eux aussi doivent travailler en équipe, on n’est plus sur une logique d’acquisition individuelle. Je pense qu'il y a des enseignants qui peuvent se reconnaître dans ce modèle qui leur permet de travailler sur la motivation des jeunes. Et d'autres ne s'y retrouveront pas et ne souhaiteront jamais intégrer une pédagogie de projet qui implique de travailler en équipe.

 

Comment envisagez-vous la suite ?  

Une nouvelle promotion de deux ans vient de démarrer. Et l'an prochain, nous déployons le modèle sur un deuxième site, à Saint-Germain de Lusignan. A terme, nous aurons deux groupes en simultané, un en ponctuel et l'autre en contrôle en cours de formation (CCF). Toujours dans le domaine du commerce et sur le même diplôme, de manière à capitaliser sur le travail qui a été réalisé. Des collègues d'autres filières professionnelles, notamment la mécanique, nous ont dit qu’ils étaient intéressés. Avant cela, je veux qu'on aille jusqu'au bout de l'expérimentation pour en tirer tous les enseignements.  

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

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October 3, 2024 9:23 AM
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Prépa projet professionnel

Prépa projet professionnel | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Depuis fin 2019, la Chambre de Métiers Nouvelle-Aquitaine des Deux-Sèvres anime une Prépa apprentissage sur l’ensemble du département. David Thouvenin, coordonnateur des dispositifs en alternance au niveau régional, participe à sa mise en œuvre dans le département jusqu’à la fin de l’année.

 

Comment s’est déroulée la mise en place de votre Prépa ?

Nous avons commencé avec des petits groupes de huit à quinze jeunes, le temps que les habitudes se mettent en place avec les prescripteurs. En 2020, le covid nous a inquiété, mais finalement nous a moyennement impacté. Nous avions mis en place un système à distance qui permettait de faire des visios et des vidéos avec les jeunes, de mener des entretiens réguliers avec la formatrice sur l'accompagnement au projet. Les stages ont été mis en pause bien sûr, mais on a travaillé les fondamentaux à distance. Malgré le stress chez les jeunes et les inquiétudes sur leurs contrats avec les entreprises, notre accompagnement de proximité leur a permis de trouver des solutions.

 

Avant la Prépa vous aviez un DIMA (Dispositif d'Initiation aux Métiers en Alternance), quelle est la différence ?

Le DIMA c’est l’ancêtre de la Prépa ou des 3e « prépa-métier ». Son principal avantage était de disposer des jeunes pour une année scolaire entière, dont la moitié en stage. La Prépa apprentissage est différente, parce qu’on n’est pas sur une scolarité, mais sur un dispositif d'accompagnement. Le but était de reprendre les éléments qui fonctionnaient en DIMA, en s'adaptant à un public prescrit à 90% par les missions locales. Les 10% qui restent viennent des CIO.

 

Notre Prépa apprentissage est en entrée sortie permanente. Un jeune peut à tout moment l’intégrer ou en sortir. Les jeunes sont stagiaires de la formation professionnelle. On essaie de s’adapter au maximum aux freins de chaque jeune : par exemple, je sais que, pour certains, venir deux jours par semaine, c'est beaucoup. Donc je valorise le fait qu’ils soient présents régulièrement. C'est un public que je trouve assez mûr, pas tellement à cause de l'âge, mais parce qu’ils sont sortis du scolaire, ils commencent à avoir un pied dans le milieu professionnel.

 

Avez-vous une spécificité par rapport à une autre Prépa ?

Dans notre réponse à l’appel à projets, nous avons choisi de présenter des « sas », des périodes de trois mois renouvelables deux fois.  Pour les jeunes, il est plus facile de se projeter sur trois mois, puis à nouveau 3 mois, que directement sur neuf mois. Tous les jeunes n'ont pas les mêmes besoins, ou n’ont pas les mêmes attentes pour accéder à l'apprentissage. Le plus souvent, il y a d’abord un gros travail à faire sur la situation personnelle et le projet professionnel avant d'envisager un contrat d'apprentissage. C’est pour cela que nous proposons des parcours évolutifs personnels.

 

Comment se déroule un sas ?

Un sas, c’est treize semaines, dont huit en CFA et cinq d'immersion en entreprise. Dans une semaine type au CFA, ils ont deux jours de recherche de stages ou d’immersion sur nos plateaux techniques. Le reste du temps, il y a du FLE pour ceux qui en ont besoin, de l'accompagnement au projet, de la remédiation sur les savoirs de base, des sports innovants pour que cela reste dynamique. Au début, il faut compter deux à trois semaines pour bien travailler le projet, le CV, la lettre de motivation, la recherche de stage. On leur propose aussi de mener un projet collectif. Les deux groupes, d’une dizaine de jeunes chacun, travaillent ensemble sur un projet commun. A Parthenay par exemple, ils ont fait un clip de rap qui parlait de la Prépa, d’autres ont fait une marque de tee-shirt. Cela nous permet de travailler des notions un peu transverses, le travail en équipe, un peu de maths, etc.

 

Quel est votre public ?

Des jeunes de 16 à 23 ans, en majorité des 16 18 qui nous sont orientés par les conseillers de mission locale et de CIO. Un parcours de mobilisation en amont peut être recommandé par le prescripteur pour les mettre en confiance. Nous recevons aussi un public MNA, qui est dans une forme d’urgence. On les accompagne sur le FLE, ainsi que sur l’attitude et les codes en entreprise bien différents de ceux de leur pays d’origine. Mais ils sont souvent pressés de trouver un contrat pour faciliter leur intégration. Leur implication est à souligner, ils ont juste besoin que l’on croie en eux. Quand ils signent un contrat, les employeurs mettent en avant leur sérieux. C'est le public qui trouve le plus de contrats, c'est impressionnant. 

 

Avez-vous des critères pour intégrer un jeune ?

Les prescripteurs ont l’habitude de nous envoyer des jeunes qui ont un minimum de motivation et dont le projet est un peu avancé, mais il peut y avoir des erreurs d'orientation. Dès la réunion d’information collective, je m’assure qu’un jeune ne vienne pas à reculons, parce que la Prépa ne peut pas convenir à tout le monde. Et surtout, il faut que le jeune adhère s’il veut que la Prépa ait du sens et du résultat. Nous sommes des « outils » à disposition du jeune mais 90% du « travail » c’est lui qui va le faire avec nos conseils, etc. Si un stagiaire veut arrêter, on cherche à savoir pourquoi. S’il a du mal à évoluer avec un collectif, dans ce cas on peut faire un peu plus d’individuel. Certains ne sont pas du tout prêts à entrer dans la vie active, ils préfèrent ne pas venir. En cas de refus de poursuivre, je prends contact avec le conseiller pour qu’il reprenne les choses avec lui afin qu’il ne reste pas sans solution.

 

Comment menez-vous les entretiens ?

Une fois que le jeune est retenu, je lui fais passer un entretien sans son conseiller ni ses parents, pour que la parole soit libre. J’ai envie d'entendre son souhait, son projet de devenir coiffeur ou pâtissier. C’est son projet, pas celui de la famille. J’ai eu des jeunes qui commençaient l’entretien en m’indiquant qu’ils voulaient être maçon car dans leur famille, ils sont maçons de père et fils, mais ce n’était pas son projet.

 

Quelles sont les raisons pour lesquelles un jeune participe à plusieurs sas de suite ?

Il y a plein de cas différents. Parfois c'est parce que le secteur d'activité est bouché. Je prends l'exemple de la mécanique, secteur dans lequel les places en apprentissage sont difficiles à trouver sur un premier niveau de qualification. D’autres fois, le jeune ne sait pas vraiment ce qu’il veut faire. On lui conseille, pendant le premier sas, de suivre des stages dans un maximum de domaines qui l'intéressent, pour affiner son projet au fur et à mesure. Il arrive également que des jeunes ne fassent même pas un sas entier, car ils trouvent très vite un contrat. Mais nous sommes vigilants parce que le projet n’est pas forcément validé. Pour certains jeunes migrants c'est le français qui bloque, et on sait que le FLE sur un sas n’est pas suffisant pour lever ce frein, permettre à une entreprise de se sentir en sécurité si elle l’intègre.

 

Nous tenons vraiment à faire de l'orientation choisie. Nous accompagnons les jeunes quel que soient leurs projets. Cependant, ce sont d’autres organismes qui prendront le relais sur la formation. Mais 90% des contrats signés sont dans des formations que nos centres proposent, parce que nous disposons de beaucoup de plateaux techniques pour leur faire découvrir le métier. Ne proposer que du face à face, je pense que cela ne répond pas à leurs attentes. Ils ont besoin de concret et l’avantage des CMA formation de Niort et de Parthenay c'est qu'on couvre près de 30 métiers dans 11 filières, ce qui n’est pas le cas d’autres CFA. Cela nous a permis aussi de mettre en place d'autres choses comme un CAP d'intégration, un CAP en 3 ans pour les jeunes MNA. La première année de contrat, ils sont dans un groupe spécifique où ils font du renforcement en français. Cela rassure les entreprises.

 

Pour vous, une sortie positive, c’est forcément décrocher un contrat d’apprentissage ?

En majorité, les jeunes visent l’apprentissage. Mais ils viennent aussi pour travailler leur projet, découvrir des métiers. Je dis souvent que la Prépa apprentissage, c'est un dispositif d'accompagnement vers l'apprentissage… ou pas. Nous avons des jeunes qui s’aperçoivent que l’alternance n’est pas pour eux, qui repartent sur un cursus scolaire, sur des petites formations, des titres, un service civique, etc. Souvent avant de venir, ils ne connaissent pas les contraintes de l’apprentissage, ils ne sont pas prêts pour le monde du travail. Pour autant, on ne les renvoie pas à la mission locale. On continue à travailler leur projet, ce qui peut déboucher sur un service civique ou le retour dans une scolarité.

 

Quel rôle jouent les entreprises ?

Notre avantage est d’avoir un réseau d'entreprises privilégiées prêtes à faire le pari d’accueillir un jeune afin de découvrir tel ou tel métier, même s’il rencontre des difficultés à être ponctuel par exemple. Par ailleurs, nous avons des entreprises qui prennent des stagiaires, mais les salariés ne sont pas forcément formés à les accompagner. Tous les profils existent. L’important c’est qu’ils puissent découvrir, expérimenter et appréhender le métier.

 

Selon vous, quels sont les freins et difficultés les plus importants pour les jeunes ?

Si un jeune est dans une situation instable, il ne peut pas faire avancer son projet professionnel. Cela reviendrait à poser un pansement sur une hémorragie. Finalement, la plus grosse difficulté, qu’on n’arrive pas toujours à résoudre, c’est la mobilité. Cette problématique peut même remettre en cause un contrat mais des entreprises réfléchissent à des solutions. Dans tous les cas, ce qui fonctionne le mieux, c’est quand le jeune sait où il veut aller et que son projet est validé.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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July 18, 2024 9:24 AM
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Aborder l'illettrisme en milieu rural

Aborder l'illettrisme en milieu rural | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Bruno Marolleau est délégué départemental Charente-Maritime de la fédération des foyers ruraux. En 2022, elle a élaboré le projet « Vivre ensemble et faire ensemble », une action de lutte contre l’illettrisme en milieu rural. Le dossier a été financé par l’appel à projets régional « innover contre l’illettrisme. »

 

Que représente la fédération des foyers ruraux ?

En Charente-Maritime, nous comptons 70 associations. Certains de nos foyers ont 60 ans d'existence. Notre fédération porte des valeurs d’éducation populaire autour de l'émancipation, de la formation du citoyen, du maintien du lien social en milieu rural. Plus généralement, nous œuvrons dans l'animation et le développement des territoires ruraux.

 

Quelle est différence fondamentale entre un centre social et un foyer rural ?

Nous sommes surtout présents dans des petites communes. Nos structures ne comprennent que très peu de professionnels, elles reposent à 99% sur du bénévolat. Notre point commun avec les centres sociaux c'est que nous avons 4 structures en Charente-Maritime qui sont labellisées « espace de vie sociale. » Sous ce label, nous travaillons avec les partenaires locaux pour définir les manques de la population, depuis la petite enfance jusqu'à la grande vieillesse. Tous les 4 ans, nous élaborons ensemble un projet qui est soumis pour validation aux administrateurs de la CAF.

 

Comment avez-vous imaginé votre projet « Vivre ensemble et faire ensemble » ?

Juste avant la crise sanitaire, le CIAS des Vals de Saintonge, un territoire situé complètement en ZRR, a mené une enquête autour de l'illettrisme. Les résultats n’étaient pas catastrophiques, on était proches des moyennes départementales et nationales, sauf peut-être pour les 25-35 ans. Cette étude nous a appris que nous avions un certain nombre d'invisibles en milieu rural. La question était, comment les repérer ? Et comment les informer pour qu'on puisse déclencher un rendez-vous avec eux ? Après restitution de l’étude auprès des acteurs, le constat était partagé, mais aucune action particulière n‘était prévue. C’est à ce moment-là que nous avons proposé de travailler sur le sujet, puisque le CIAS Vals de Saintonge cherchait quelqu'un pour répondre à l'appel à projet régional.

 

Quelle était la nature de votre proposition ?

Dans un premier temps, nous avons lancé l'idée, avec CORAPLIS, la COordination Régionale des Actions de Proximité de Lutte contre l'Illettrisme et d'accès aux Savoirs, d’organiser trois soirées ciné-débat autour de l'illettrisme et de l’illectronisme, dans des communes comme Matha, Aulnay, Saint Savinien. Ces soirées étaient gratuites, ouvertes à tous publics, surtout des personnes sensibles à la thématique. Nous avons projeté le film « illettré » avant d’avoir des échanges avec la salle, qui se sont révélés très riches. On a eu beaucoup de participants, dont des élus, des chefs d’entreprise et des enseignants qui ont témoigné des situations d’illettrisme qu’ils ont rencontrées. L'idée, c'était aussi d'expliquer notre démarche, de trouver notre place parmi les acteurs locaux. Et puis surtout de faire un appel à bénévolat et de repérer des forces vives.

 

Qu’avez-vous proposé aux bénévoles ?

Toujours avec CORAPLIS, nous avons mis en place des formations de deux jours, sur « les trucs et astuces » pour détecter les situations d’illettrisme, lorsqu’on suspecte des difficultés sur l'écriture et la lecture chez une personne rencontrée à la banque alimentaire, aux Restos du cœur, à la mairie, etc. Et comment, avec des outils bienveillants, confirmer son premier diagnostic. Le but c’est de rendre les bénévoles aptes à « aller vers » sans crainte de faire des bêtises.

 

Tout l’enjeu, c'est de trouver le centre d’intérêt qui va servir de base de départ, la petite étincelle qui va faire que la personne va se sentir assez en confiance pour accepter d’être accompagnée. Par exemple, une de nos bénévoles fait partie d’une chorale. Elle a constaté qu’une personne faisait semblent de lire les partitions, qu’en fait elle ne savait pas lire, mais qu’elle compensait en connaissant les textes par cœur. Leur thème de travail commun, pour apprendre à lire et à écrire, c'est la chanson.

  

Quel était le contenu de votre projet déposé à l’AAP régional ?

Quand l’appel à projets régional a été lancé, notre idée c’était d’agir sur trois axes. D’abord étendre notre réseau de repéreurs facilitateurs au territoire des Vals de Saintonge, ensuite faire du lien avec les conseillers numériques, plutôt sur la dimension illectronisme, enfin, faire en sorte que nous soyons identifiés comme première marche. Notre volonté n’a jamais été de nous substituer aux intervenants spécialisés, mais de proposer une écoute individuelle de proximité, et donc de créer cette première marche pour que les gens se sentent plus à l'aise. Nous voulions aussi travailler autour de l'estime de soi par une approche culturelle, avec l’aide d’artistes.

 

Avant ce projet, vous abordiez la question de l'illettrisme ?

C’était en bruit de fond dans nos activités. Mais en milieu rural, l’illettrisme reste un peu tabou, les gens ont du mal à reconnaître qu’ils ne savent pas écrire. Il y a tout ce phénomène de jugement, de honte, qu'il faut prendre en compte, essayer d'amoindrir au maximum. Mais c’était naturel pour nous d’intervenir sur ce sujet, puisque l'être humain est au cœur de nos projets et que nous travaillons sur tout ce qui est développement des compétences psychosociales.

 

Nous avons appris à prendre en compte que le facteur temps était important, qu’il ne fallait pas non plus bousculer les choses, parce que chacun va à son rythme. Les bénévoles montent en compétence grâce à la formation avec CORAPLIS, et l’utilisation de la méthode Griso qui est très terre à terre (notre article de 2022 https://sco.lt/89WAT2), et dans laquelle ils se sont bien reconnus. Pour eux, ça a été une bonne approche.

 

Au vu de votre expérience, que faudrait-il selon vous pour toucher tous les publics ? 

Il faudrait plus de partage avec les collectivités, avoir l’occasion de présenter notre action aux maires du territoire et aux secrétaires de mairie pour relayer l'information au niveau de toutes les associations locales. Malheureusement, l’illettrisme ne fait pas partie de leurs priorités. Aujourd’hui, nous sommes surtout présents à Saint-Savinien, Aulnay et un peu Matha. Récemment, la mairie de Saint Jean d’Angély nous a mis des locaux à disposition à la médiathèque. Nous avons des contacts avec d’autres communes comme Tonnay-Boutonne et Saint-Hilaire-de-Villefranche.

 

Nous avons une base de travail intéressante, qui fait qu'aujourd'hui le nombre de demandeurs d'emploi baisse. Et c'est vraiment parce qu’on travaille tous ensemble. C’est un véritable enjeu en milieu rural. Je suis convaincu que nous y arriverons si les efforts sont conjoints, que chacun ne reste pas dans son coin à mener ses propres actions. En plus, le collectif permet d’avoir plus d’ambitions.

 

Certaines choses sont en train d'évoluer. La politique de guichet, c’est terminé. Maintenant il faut développer le « allers vers ». Le Conseil départemental a la volonté de travailler sur cette thématique avec les acteurs locaux de Charente-Maritime. Nous allons les rencontrer avec les bénévoles, parce qu’il me paraît important de reconnaître leur investissement et de les faire exister dans ces projets de territoire. Tout récemment, nous venons de signer une convention de coopération avec France Travail à Saint-Jean-d'Angély pour un accompagnement bienveillant des futurs apprenants.

 

Depuis que vous avez lancé la démarche combien de personnes avez-vous accompagnées ?

Nous avons accompagné une vingtaine d’apprenants, certains en FLE, d’autres sur l'illectronisme, mais qui est aussi une manière d'avancer sur l'illettrisme. Ce que nous disent les bénévoles, c’est qu’il y a une petite phase « d'apprivoisement », d’instauration de la confiance entre les personnes. Pour certains, ça va très vite. Pour d'autres le processus est plus long. Il faut respecter cette notion de temps nécessaire.

 

 

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June 27, 2024 7:30 AM
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Prépa santé

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Véronique Bales est directrice du centre régional de formation professionnelle de Croix-Rouge Compétence Nouvelle-Aquitaine. Depuis 2020, Croix rouge Compétence a mis en place à Bègles et à Limoges une prépa apprentissage pour les métiers du secteur médical et médico-social.

 

Pouvez-vous nous présenter Croix-Rouge Compétence ?

Croix-Rouge Compétence est la filière formation de la Croix-Rouge française. Elle gère 157 instituts de formation répartis sur 60 sites. Elle représente le seul réseau intégré d’organismes de formation sanitaire et sociale en France présent sur l’ensemble du territoire national.

 

Elle est spécialisée dans les domaines du sanitaire, du social, de la santé et sécurité au travail. Elle prépare à 30 métiers et accompagne les professionnels dans leur montée en compétences. Elle propose également des programmes de pré-qualification pour accompagner les personnes éloignées de l’emploi dans l’acquisition des savoirs et compétences de base. Notre expertise dans le champ de la formation sanitaire et sociale nous permet d’accompagner les professionnels du secteur dans leur montée en compétence, notamment dans le champ de la prévention. Nous accompagnons les entreprises à répondre aux exigences qui sont les leurs.


Globalement, notre ambition est de garantir l’insertion professionnelle, le maintien dans l’emploi et le développement de carrière par des formations d’excellence adressées aux jeunes, aux salariés, aux demandeurs d’emploi et à toute personne éligible à la formation professionnelle, tout au long de leur vie.

 

Comment êtes -vous organisés en Nouvelle-Aquitaine ?

Nous avons une organisation en régions, avec des filières « apprendre un métier », un CFA, et le segment « montée en compétences. »  Nous proposons ainsi une offre de formations dans les métiers du secteur sanitaire, médical et médico-social qui permet de se former tout au long de la vie. En Nouvelle-Aquitaine nous avons une filière avec des formations de secrétaire médical, médico-social, d'aide-soignante, d’auxiliaire de puériculture, d'ambulancier, de brancardier, d’auxiliaire ambulancier, d’infirmier, de coordonnateur de parcours et de soin et de masseur kinésithérapeute, de santé et sécurité au travail et des formations continues.

 

Nous avons également une filière pré-qualifiante, avec une offre de formation relevant du dispositif 100% inclusion avec le PIC, et des préparations opérationnelles à l'emploi (POEC). Notre CFA Croix-Rouge est présent en Nouvelle-Aquitaine sur les territoires de Bègles, Cognac, Angoulême, Brive, Limoges, Poitiers et Pau. Pour répondre aux besoins du territoire, nous menons des études en lien avec les employeurs et les opérateurs de l'emploi. Cela nous permet de travailler le maillage territorial et de répondre aux attentes.

 

Comment avez-vous mis en place une prépa apprentissage ?

Notre première action, c’était sur un PIC auquel avait répondu le CFA de l'hospitalisation privée. Ils nous ont délégué la partie pédagogique que nous avons déployée pendant 4 ans sur le territoire de Bègles, pour préparer les jeunes à entrer dans leur formation de secrétaire médical et médico-social. Ensuite, nous avons répondu à un deuxième appel à projet avec notre propre CFA Croix-Rouge Compétence à Limoges, une prépa apprentissage pour les métiers du secteur médical et médico-social. C’était un tronc commun qui permettait aux jeunes de rentrer dans des cursus d'aide-soignant, d'accompagnant éducatif et social, de secrétaire-médical, et même d’auxiliaire de puériculture.

 

Combien d’apprenants avez-vous accueillis ?

Pour la prépa apprentissage secrétaire médical, les deux premières années, nous avons eu des groupes de 30 personnes. Les deux dernières années, ce nombre a progressivement baissé, jusqu’à une quinzaine d’apprenants. Les pré-requis ont été modifiés lors du renouvellement de l’AAP. Initialement, ils étaient de 80% de niveau 4 et 20% de niveau infra bac, mais par la suite la proportion s’est inversée avec 80% d’infra bac et 20% de niveau Bac.

 

Pour la prépa apprentissage de Limoges, en 2022 et 2023, nous avons accompagné un groupe de 15 personnes. Les apprenants bénéficiaient de 260 heures de cours en institut et un stage de 140 heures, alors que pour celle préparant aux métiers du secteur médical et médico-social, les apprenants suivaient 210 heures de cours en institut et 70 h de stage.

 

Pourquoi vous positionner sur un tel dispositif ?

Un des objectifs de Croix-Rouge Compétence est d'accompagner les personnes les plus éloignées de l'emploi. C'est dans notre ADN. Le deuxième objectif est de répondre aux besoins des recrutements du secteur médical et médico-social. Les actions d’insertion et pré qualification répondent à ces objectifs, tout en proposant des formations du secteur médical et médico-social en apprentissage.

 

Ces parcours permettent alors de sécuriser le projet professionnel des apprenants et participent à limiter le taux d’abandon. Ces dispositifs de préapprentissage permettent à la fois de travailler les compétences socle, les savoir-être, la découverte des métiers et de valider le projet professionnel du jeune.

 

Quels ont été les apports de ce dispositif ?

Ce dispositif a permis de répondre aux problématiques de posture professionnelle et de difficultés en expression écrite et en bureautique. La prépa apprentissage a ouvert la possibilité de travailler sur les savoirs de base, les codes professionnels, le respect des consignes, les caractéristiques de l’environnement professionnel. Des animateurs en théâtre ont accompagné les apprenants dans l’acquisition de la posture professionnelle, la gestion du stress, la confiance en soi et la dynamique d’équipe.

 

Quelle est la place consacrée aux stages ?

Nos équipes accompagnaient l’apprenant dans ses démarches de recherche de stage, de mise en relation avec les employeurs et de validation du projet professionnel. Elles ont tout mis en œuvre pour s’adapter aux besoins des apprenants et aux contraintes des structures. Le stage a permis aux apprenants de participer, sous la supervision d’un tuteur, à de véritables activités. Par exemple, pour la prépa apprentissage aux métiers du secteur médical et médico-social, aux activités de soins et de confort, à la prise de repas, à la découverte du travail en équipe et à la transmission des consignes.

 

A quel moment considérez-vous qu’un jeune soit prêt à entrer en contrat d'apprentissage ?

Tout au long de la prépa apprentissage, les conseillères en formation en appui des équipes pédagogiques accompagnent les apprenants jusqu’à la signature du contrat en alternance. Nous travaillons avec eux leur projet et la levée des freins périphériques si nécessaire. Notre offre de sécurisation de parcours (cellule écoute et soutien, référence handicap, réussite aux apprentissage) a permis de répondre à la levée de ces freins.

 

Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors de la mise en place ?

Nos équipes ont surtout dû s’adapter, pour chaque groupe déployé, aux besoins des apprenants et au contexte du territoire.  

 

 

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June 6, 2024 5:58 AM
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Du FLE à l'illettrisme 

Du FLE à l'illettrisme  | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

A Limoges, l'Association Loisirs et Intégration Sociale (ALIS) intervient entre autres dans le domaine social et du français langue étrangère. Plus récemment, elle a engagé des actions de lutte contre l'illettrisme, sous la forme d'un espace collectif de traitement des difficultés, financé l'AAP régional Innover contre l'illettrisme. Mame Codou Fall, coordinatrice du Pôle Inclusion et Insertion du Centre Social Entre Deux est chargée de son suivi. 

 

Pouvez-vous nous présenter votre association ?

Notre association ALIS, pour Association Loisirs et Intégration Sociale, existe depuis 1996. Elle chapeaute trois établissements, le Centre Social Entre Deux, dans le quartier prioritaire des Coutures, et le centre social Aristide Briand dans le quartier du même nom, qui inclut un foyer de vie en accueil de jour pour des adultes porteurs de handicap. Nous avons également un Etablissement d'Accueil Non Médicalisé (EANM).

 

Pourquoi avez-vous décidé de mettre en place une action sur l’illettrisme ?

L'action sur les difficultés liées à l'illettrisme est prise en charge dans le Centre Social Entre Deux, qui a son agrément depuis 2017. Sa particularité par rapport aux autres établissements, c'est qu'il comprend un secteur intégration insertion qui est très axé sur l'accompagnement social des personnes précaires, dans la recherche d'emploi, dans l'apprentissage du français pour les primo-arrivants, dans la mise en œuvre d'un parcours d'intégration au travers d’espaces collectifs.

 

Depuis des années, nous avons constaté que beaucoup de personnes sollicitaient nos agents d’accueil pour les aider à lire un courrier, remplir un document ou un chèque. Le même constat a été fait dans les espaces collectifs (jardin, projet journal de quartier, Espace Familles). Notre projet est venu aussi des constatations des professionnels dans ces différents espaces.

 

C’était un nouveau domaine pour vous ?  

Avant, nous n’intervenions pas dans le domaine de l'illettrisme. En revanche, voilà plusieurs années que l'on travaille sur le français langue étrangère avec une pédagogie de type Montessori qui s'appelle la pédagogie Gattegno. C’est une méthode phonétique basée sur des couleurs, chaque carré de couleur représente un son en français et l’accès à la langue passe d’abord par l’oral. Les participants apprennent les sons en français à travers ces couleurs. Ensuite, elles sont traduites dans un nouveau tableau qui met en place les graphies, on l’appelle le FIDEL. Ça marche très bien pour le français langue étrangère. On s'est dit pourquoi ne pas utiliser cette pédagogie pour le traitement de l’illettrisme ?

 

Nous avons testé les outils la première fois en 2018 dans notre foyer d'accueil, avec des personnes porteuses de handicap, des adultes qui ne sont pas allés à l'école.  Quand on a vu l'appel à projets régional, on s'est dit que c’était le moment de répondre aux besoins qui ont été identifiés au sein de l’association. Nous avons constitué nos premiers groupes fin 2022.

 

Avez-vous eu besoin de nouvelles compétences ?

Nous avons suivi des formations pour la prise en charge des personnes en situation d'illettrisme. On avait déjà la pédagogie Gattegno, mais on ne s’est pas arrêtés là. En 2023 et cette année, on a profité de l'accompagnement du CRIA avec des offres de formation sur comment repérer les personnes, comment utiliser les outils disponibles.

 

Depuis que notre projet a été retenu, on a aussi reçu des demandes de bénévolat, notamment d'anciennes institutrices qui veulent participer et donner du temps sur l'illettrisme, parce que c'est beaucoup plus facile à appréhender que le public non francophone. On est en train de traiter ces propositions, mais nous n’avons pas encore de bénévoles parce que c'est toute une gestion, il faut les former, prendre le temps de faire les choses comme il faut.

 

Vous connaissiez un peu ce public particulier ?

Nous savions que c’est un public qui n'est pas facile à repérer et à mobiliser. Les personnes utilisent beaucoup de mécanismes d'évitement, elles sont réticentes à montrer qu’elles ne savent ni lire ni écrire. On ne peut pas les aborder de la même manière que le public FLE qui, lui, est en demande d’aide. Les structures spécialisées dans l’illettrisme sont confrontées aussi à ce problème de repérage, elles disent que le meilleur moyen de les repérer c'est de sensibiliser les gens qui rencontrent ces publics de manière quotidienne.

 

Quelle a été votre approche ?  

On est partis des espaces inclusifs du centre social et des professionnels en qui les personnes ont confiance, qu’elles voient régulièrement. Dans le cadre de ce projet nous avons voulu profiter de cette confiance pour en quelque sorte s'immiscer tout doucement dans la vie des personnes, essayer de les amener à participer à des ateliers. Nous avons aussi sollicité les associations qui sont sur les différents quartiers pour trouver des personnes ressource, qui pourraient nous signaler des publics, nous inviter à participer à des événements comme les fêtes de quartier, afin de nous faire connaître.   Notre ligne de conduite c'est de se déplacer, d’aller vers les personnes, de ne pas trop bousculer leur emploi du temps. On essaie de faire en sorte de s'insérer pour ne pas trop multiplier les freins et de partir de leurs centres d’intérêt.

 

Votre projet consistait à créer un espace collectif ?

Notre idée était celle d’un espace de traitement des difficultés liées à l'illettrisme, en trois temps. En premier lieu, le repérage via les espaces inclusifs dans les centres sociaux, et par le biais d’événements. Deuxième étape, c'était de mettre en place une phase de confiance avec les publics. Et la troisième étape, passer au diagnostic à 360 degrés, qui ne se limite pas au niveau de français, mais qui aborde aussi les conditions de vie de la personne, ses motivations pour apprendre à lire et à écrire, son emploi du temps.  C’est de voir comment, au travers de sa situation sociale, on peut l'aider au mieux.

 

On parle de traitement collectif mais on sait que pour les publics en situation d'illettrisme, il n’en faut pas trop. Nous avons constitué des groupes de trois personnes au maximum qui partagent les mêmes centres d'intérêt. Ça peut être des actifs, des personnes en insertion qui travaillent, mais qui ont des lacunes au niveau de l'écrit, des personnes âgées qui voudraient apprendre à lire et à écrire pour correspondre avec leurs proches. Ou encore des groupes d’adolescents à la limite du décrochage, des personnes porteuses de handicap. Nos groupes peuvent être mixtes en termes d’âge et de genre.

 

Comment avez-vous procédé en pratique ?

Dès le départ nous avons évalué que ce projet pouvait accueillir 50 bénéficiaires sur une année, par groupes de de trois. On commence par des entretiens de diagnostic, puis on établit des créneaux pour commencer l'accompagnement. Tout le sens de la pédagogie que nous utilisons consiste à se caler sur le rythme de l'apprenant, et en fonction de ses disponibilités. Donc il n’y a pas de programme type. On va vraiment s'atteler déjà à mettre en place les apprentissages, voir comment le groupe fonctionne. Tant que les personnes ont besoin d'accompagnement, on continue avec elles.

 

On essaie de faire minimum deux séances par semaine, jusqu'à trois fois. Chaque séance peut durer jusqu'à trois heures. Mais pour que les participants repartent avec quelque chose, il ne faut pas qu’elles durent trop longtemps. On est vraiment dans le ludique, dans la manipulation, les jeux de rôle, les cartes, l’utilisation de logiciels. On n’est pas du tout dans un cahier un stylo, la méthode classique d'apprentissage. Il faut que la personne garde sa concentration et qu'elle trouve toujours plaisir à le faire. Il faut surtout éviter de les mettre dans une ambiance d’école, qui les plonge directement dans leurs souvenirs d'échec scolaire

 

Quels résultats avez-vous relevé ?

Nous avons constaté que le tableau des sons est très efficace avec les personnes en situation d'illettrisme. C'est beaucoup plus facile pour elles parce qu’elles connaissent les sons en français, et elles passent tout de suite au lien entre le son et la couleur. On peut assez vite aborder la graphie. La méthode est adaptée à ce public, parce qu’elle est ludique et que les outils sont pensés pour que les utilisateurs expérimentent, qu'ils soient acteurs de leur apprentissage.

 

Ce qui a été plus difficile pour moi en tant que formatrice FLE, c’est la mobilisation du public. Je savais que ça allait être difficile. Même avec des gens qui étaient en demande, parfois j’ai dû annuler cinq ou six fois des rendez-vous. J’ai vite compris que je devais être arrangeante au niveau de l'emploi du temps, enlever les freins, beaucoup anticiper.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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April 10, 2024 12:12 PM
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Redonner le pouvoir d'oser

Redonner le pouvoir d'oser | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’APEJ-APP Cognac Ouest Charente et Saintes propose, entre autres, des accompagnements à l’orientation, à la reprise d’activité des demandeurs d’emploi et à la reconversion professionnelle. Son projet « Inter’actions » s’adresse à un public souhaitant reprendre confiance en lui pour se projeter dans un avenir positif. Après une mise en place à Saintes en 2023, il doit débuter courant avril sur le territoire de Cognac.  "Inter’actions" est financé par l'appel à projets régional "mobilisation vers la formation" et à venir par le FSE régional ainsi qu’un co-financement conseil départemental de la Charente.

 

D’où vient l’idée d’Inter’actions ?

Inter’actions vient de notre envie de changer notre manière traditionnelle d’accompagner les publics, sortir des standards, ne plus mener des actions cadrées, avec une date de début, une date de fin, le même programme pour tout le monde. Cette approche fonctionne de moins en moins, les publics en difficulté ont écumé nombre de dispositifs avec toujours le même process. Ils n’ont plus envie ou plus confiance. Même si on peut noter quelques bons résultats, les publics sont de plus en plus de réfractaires à ces accompagnements stéréotypés. Donc il fallait imaginer une autre approche.

 

Quel était l’état de vos réflexions ?

Depuis plusieurs mois déjà, nous rencontrons de moins en moins les usagers dans un bureau en face à face ou dans une salle où tout le monde fait la même chose. Depuis le dispositif individualisé de positionnement à l'emploi (DIPE), nous avions déjà réfléchi avec les acteurs locaux, à une approche plus contextualisée et autant que possible hors les murs pour se rapprocher du terrain. Les mises en situation des bénéficiaires permettent qu’ils deviennent acteurs de leur parcours.

 

Lorsque l'appel à projet est sorti, forcément ça nous a parlé. Nous étions déjà dans une dynamique de déploiement et d’innovation avec les acteurs du territoire. Nous avions pleins d'idées pour développer des projets qui permettaient de travailler hors les murs, de permettre aux bénéficiaires de se remettre en action et de pouvoir leur faire conscientiser leurs capacités et compétences. Nous avons débuté sur Saintes, parce que nous étions déjà sur l'accompagnement des jeunes en rupture. Notre partenariat local fonctionnait bien, on s'est appuyé dessus pour rédiger notre dossier.

 

Est-ce que vous aviez déterminé un public particulier ?

À l’origine, nous voulions cibler tous les publics éloignés de l'emploi. Mais on avait une idée derrière la tête, essayer de capter des personnes non-inscrites, qui ne bénéficient plus d’aucun accompagnement. Un public tellement éloigné de l'emploi qu’il n’y pense même plus. Je crois que, pour l’essentiel, nous avons réussi à capter ces personnes. Nous avons aussi eu des publics de Pôle emploi mais plutôt ceux qui étaient au chômage depuis un grand nombre d’années.

 

Quelle approche avez-vous choisie ?

Nous avons repris les grands principes du DIPE et du Cléa, qui consistent à mettre les gens en situation professionnelle et reconnaître leurs compétences. Nous avons poussé plus loin ces constats pour travailler à faire reconnaitre aux personnes leurs capacités et compétences et avons permis, par l’obtention de badges, de valoriser ces atouts. Nous avons proposé cette démarche au service des projets et actions formation en intégrant de la pratique réflexive. Nous avons levé les cadres, les obligations et les calendriers figés (un rendez-vous par semaine) par les commandes des financeurs (trois mois d’accompagnement). Nous nous sommes appuyés sur le relais des ateliers partenariaux. Ainsi, nous levons toutes les barrières en redonnant aux usagers le pouvoir d’oser. Notre idée était de démontrer que nos repères ne sont pas leurs repères, que nos envies ne sont pas les leurs et que nos idées ne leur correspondent pas. Nous avons fait le pari de les écouter et de prendre en considération leur attentes et envies dans le respect de leurs capacités.

 

 

Qu’entendez-vous par travailler autrement ?

Travailler autrement, ça veut dire par exemple ne pas parler emploi, ne pas parler formation, ne pas parler d’obligations, parce qu'il y a des publics à qui cela fait peur. Ça veut dire essayer de capter des publics qui ne croient plus en rien et qui ne sont plus dans le système France Travail, mission locale ou autre. Nous avons un rôle à jouer pour leur permettre de retrouver confiance en eux, d’oser et de se reconnaitre des compétences. Nous avons enclenché une nouvelle dynamique pour leur permettre de se projeter dans un futur où ils auront une place. C’est la genèse de notre réflexion. D’un côté il y a plein d'entreprises qui cherchent du personnel, de l’autre des gens qui n'ont plus confiance et qui ne veulent plus y aller. On s'est dit qu’on allait leur faire confiance et construire avec eux leurs parcours en respectant le rythme et les besoins des uns et des autres.

 

Comment s’est faite la mise en œuvre de votre action ?

Nous avons effectué un travail de repérage avec les associations locales. Nous sommes allés sur leur terrain, rencontrer les usagers au jardin public ou à la collecte des Restos du cœur. Certains n’avaient pas envie de venir nous voir, mais petit à petit, nous avons pu, avec le concours des acteurs des associations, les convaincre de nous faire confiance. Notre approche sans obligation nous a permis de partir de leurs envies, de leurs centres d’intérêt, mais également, en écoutant leurs craintes et leurs inquiétudes, de les mobiliser pour nous rencontrer et pour participer à des projets et activités en interne, ou dans les ateliers de nos partenaires associatifs.

 

Cet accompagnement hors les murs et sans contrainte, basé sur le volontariat a permis de leur redonner envie et de prendre conscience de toutes les compétences qu’ils pouvaient déployer dans leurs actions au quotidien, activités quotidiennes qu’ils n’identifient pas spontanément comme intéressantes comme cuisiner, s’occuper de leurs enfants, bricoler, aider leurs voisins. Par exemple, ils ont mis en place des petits ateliers comme la cuisine placard, ils ont pu fabriquer un nichoir, un cadre, … Ils sont progressivement devenus acteurs, ont repris confiance. Avec cette reprise de confiance, ils se sont organisés en petits groupes et ont émis le souhait de pouvoir aider les autres, être utiles.

 

Cela consistait en quoi ?

Ils ont alors réfléchi à un projet qui faisait sens pour l’ensemble des bénéficiaires du groupe. Ils ont choisi de s’occuper de la collecte des jouets pour Noël. Ils ont alors contacté les structures et les partenaires locaux, ils sont allés à leur rencontre pour collecter des jouets puis les nettoyer, les trier. Sans s'en rendre compte, ils ont monté une vraie entreprise. Ils ont fait un véritable travail, dans lequel ils se sont totalement investis.

 

Par la pratique réflexive, ils ont pris conscience qu’ils avaient développé des compétences transposables dans la vie professionnelle. Ils ont compris qu’ils avaient déployé des capacités et que celles-ci pouvaient être transférées vers des activités professionnelles, avec pour certains des besoins de formations complémentaires. C’est alors que tous se sont projetés dans un avenir professionnel, alors que certains cumulaient dix ans d'inactivité.

 

À quel moment une personne est-elle prête à passer à une étape suivante ?

C’est au moment où la personne prend conscience qu’elle a des compétences, qu'elle a la capacité d’aller plus loin et qu’elle retrouve du sens à agir, qu’elle se projette dans un emploi ou une formation. Nous avons accompagné ces temps collectifs par des temps individuels permettant de lever les freins pour lui permettre de sauter le pas vers un emploi ou une formation. Une fois que la personne a retrouvé sa place dans la société, elle est en capacité de réaliser ses démarches et retrouver de l’autonomie. Les résultats parlent, entre les retours en formation continue, les entrées en SIAE et dispositifs de droits communs comme Amorce de parcours, et la validation de la certification CLEA et de badges numériques, les bénéficiaires ont retrouvé l’envie d’aller de l’avant.

 

En complément de nos actions, nous avons également visité l’AFPA et des CFA, demandé l’intervention de l’Espace Régional d'Information de Proximité (ERIP) et de professionnels pour ouvrir les horizons. Tout cela est facile quand les personnes sont prêtes. En même temps, nous faisons attention à ce qu’elles ne se sentent pas tellement bien chez nous, qu’elles seraient tentées de s’installer. Notre volonté est toujours que nous soyons juste un tremplin au service de leur avenir.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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March 14, 2024 5:21 AM
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De l'insertion dans les métiers des services à la personne

De l'insertion dans les métiers des services à la personne | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Form’Aqui est un centre de formation basé à Bruges depuis 2017, dont Julien Castang est le directeur. Il intervient dans le champ des métiers des services à la personne. Il a été financé par le Fonds Régional d’Innovation dans la Formation (FRIF) pour son projet baptisé « valoriser et pérenniser les actions pour l'emploi dans le service à la personne par le maintien de la dynamique partenariale ». 

 

D’où vient votre projet ?

Depuis plusieurs années, nous faisons partie d’un groupe de travail sur les métiers des services à la personne et de l'aide à domicile, notamment composé des prescripteurs et de quelques employeurs, sur un territoire qui inclut les communes du nord de Bordeaux jusqu'à Mérignac. Dans ce cadre, nous avons été sollicités pour monter des chantiers formation insertion (CFI), qu’on a baptisé « trouver sa voie dans un métier local et solidaire », pour les publics éloignés de ces emplois et/ou bénéficiaires du RSA.

 

Les deux premiers ont été concluants, et pour le 3e, nous avions un objectif un peu plus ambitieux, faire pareil en moins de temps. Nous voulions aussi intégrer beaucoup plus de numérique. Il fallait qu'on change un peu les habitudes, que l’on prépare un nouveau planning, un nouveau déroulé, en impliquant les prescripteurs en amont et les employeurs pendant, et après, l'action de formation. C’est à ce moment-là que la Région Nouvelle-Aquitaine nous a parlé du FRIF.

 

Vos actions concernaient des métiers en particulier ? 

Les chantiers portaient sur le titre professionnel d'assistant de vie aux familles (ADVF), avec un programme adapté à un public très éloigné de l'emploi, confronté à des freins périphériques. C’était un ADVF classique avec une très forte proximité et un accompagnement socioprofessionnel en tripartite, avec le référent et le financeur. Ce qui avait plu à notre groupe de travail c'est que mon équipe issue du terrain est en CDI, donc stable. Ce qui fait qu’un stagiaire a le même responsable, le même référent, le même accompagnant du début à la fin. Pour nous, en termes de gestion et de communication c’est aussi bien plus facile d’être dans une équipe stable.

 

Sur la 3e action, on est parti sur un temps plus court, 470 heures au lieu de 760. L'idée c'était de diminuer la partie technique pour y rajouter beaucoup de mobilité, de théâtre, toutes ces actions qui permettent de reprendre confiance en soi. Puisque les stagiaires ne faisaient pas l’ensemble du titre, les employeurs étaient inquiets de leur niveau de compétence sur le terrain. De leur côté, les prescripteurs ne comprenaient pas s’il s’agissait d’une action de remobilisation, ou de pré qualification. On a eu besoin de recréer une dynamique, de leur présenter le projet et de les convaincre. C’est ce que le FRIF a permis.

 

Vous avez fixé des prérequis pour les stagiaires ?

Pas de prérequis sauf un casier vierge, la capacité de travailler, etc. Il faut juste que la personne ait envie. On lui présente les modalités, et si elle accepte, on lui fait confiance. Ensuite c'est à elle de montrer qu’on ne s’est pas trompé. Si elle ne maîtrise pas le français à l'écrit ou à l'oral, je la fais évaluer par mon collègue du FLE qui me signale ce dont elle aurait besoin.

 

Ce n’est pas au public d’avoir la capacité de faire une formation, c'est à l’organisme de lui rendre accessible. La seule chose que le public doit faire, c'est de suivre la formation et passer l'examen. Pour le reste c'est à nous de lui faciliter la vie, de le préparer à réussir l’entrée en emploi. Le titre pro est facile à travailler, il est bien cloisonné, on peut décider de ne viser qu’un CCP, ou la moitié d'un. Donc on est sur ce besoin qui va au-delà du titre. L'idée c'est de mobiliser le public par des actions de remobilisation. Et là, ça fonctionne.

 

Comment avez-vous commencé l’action ?  

On a débuté en janvier 2023 avec 6 stagiaires, l’objectif étant d’en accueillir 15 en tout. Nous avons découpé le contenu en modules, avec des fils rouges qui peuvent être, par exemple, le théâtre ou une action spécifique sur la mobilité. Sur ce titre pro, j’ai 7 entrées possibles. C’était un pari financier en ce sens qu’il ne faut pas craindre de mobiliser beaucoup au début, les formateurs, les salles, même quand on n’a pas le compte de stagiaires. Qu’il y en ait 5 ou 15, c’est finalement presque le même coût. Même s’ils ne sont que 5 au début, ils ont droit à leur entrée et à la même qualité que s’ils sont 15. Nous sommes en entrées sorties permanentes, un formateur supplémentaire assure la rentrée pendant que les autres sont en cours. Puis on crée le lien entre les nouveaux et les anciens, en utilisant le théâtre par exemple. Les sorties c'est pareil, il suffit juste d'accompagner et de suivre sachant que nous visons soit l'emploi, soit la poursuite de parcours.

 

Quelle organisation avez-vous choisie pour ce public ?  

C’est la partie la plus facile. On s’adapte. S’ils ne peuvent pas être là à 09h00, on commence à 09h30. S’ils doivent aller chercher leurs enfants à l’école à 16h30, on termine à 16h00. Nous ne faisons pas cours le mercredi. Sur les CFI on faisait 09h30-16h30 par exemple. En plus la journée commence avec un petit déjeuner, un moment sympathique. Le plus difficile c'est vraiment l'employeur derrière, parce que lui va avoir besoin de les faire travailler en soirée, avant 9 h, le week-end, etc. La vraie plus-value de nos actions de formation sur ces publics n'est pas de les faire venir, ça on sait faire. C'est vraiment de les accompagner à l'emploi. Pendant le temps de formation, on travaille avec la personne pour qu'elle puisse s'organiser, parce que se libérer du temps est souvent une question d'organisation.

 

Comment abordez-vous la question des freins périphériques ?

Pour la mobilité, nous avons créé notre auto-école sociale et solidaire « Mobincub », en partie financée par nos actions de formation, avec 2 moniteurs sensibilisés au public demandeur d’emploi, FLE, etc. Nous avons des taux de réussite excellents. Le stagiaire ne paye parfois rien du tout car Mobincub possède la certification Qualiopi, donc il peut utiliser son CPF quand il en a.  Il y a aussi le problème de la garde d'enfant, pour lequel nous sommes en train de mettre en place une solution avec un de nos partenaires. Le centre participera financièrement pour permettre aux stagiaires de venir en formation ou d’aller travailler.

 

Autre frein, celui des repas. Depuis 4 ans maintenant nous offrons le petit déjeuner, et on constate que certains n’ont pas de quoi déjeuner. Nous sommes trop petits pour avoir une cantine, donc nous venons de créer une autre entreprise, de livraison de plats. Ainsi nous pouvons proposer des repas sains et équilibrés à 12€, avec 3€ à la charge du stagiaire.

 

Enfin, nous avons une accompagnatrice socioprofessionnelle à temps plein à Form’aqui permettant de suivre les personnes, en lien avec les prescripteurs, dont le besoin est identifié en amont ou durant la formation. C’est un vrai plus, Delphine Kra est notre ASP dédiée à cette mission.

 

Quel est le rôle des employeurs ? 

Tous les employeurs avec qui nous travaillons ont signé une charte avec Form’Aqui, dans laquelle ils s’engagent à accueillir des personnes même s’ils ne peuvent peut-être pas travailler le weekend ou le soir. Pour que ça marche, il faut les accompagner et les former. Mais aussi leur ouvrir le centre et leur donner la possibilité d’utiliser l’outil RH que nous sommes finalement. Chaque semaine, j'ai 2 ou 3 employeurs qui viennent ici parce qu’ils ont besoin de rencontrer le groupe. Il faut recréer ce lien là avec le public, avec leur manager…

 

Nous, les employeurs et moi-même, regrettons qu’ailleurs la plupart du temps sur ces actions là les employeurs ne soient pas suffisamment associés. C’est quand même eux qui signent le contrat de travail à la fin. Notre réseau compte un peu plus de 110 structures employeurs. C’est ce qui fait notre force, nous sommes connectés à l'emploi, je ne pense pas qu'on puisse avoir faux.

 

Vous leur demandez de s’engager sur quoi ?

Nous attendons d’eux qu’ils s’engagent pour de bon, pas de faire des promesses. Les formatrices et formateurs sont préparés à diagnostiquer le bon employeur pour le bon stagiaire, et à créer entre eux un lien de confiance dès la formation. C’est par exemple important qu’il y ait un véritable tutorat. Je leur demande aussi qu’ils s'engagent à rencontrer le groupe pendant les cours, parce qu'en fait nous constatons que les stagiaires ont une représentation un peu déformée, idéalisée, des employeurs. C’est important de pouvoir démystifier ça, par la présence, par l'accompagnement. Parce qu’au bout, il y a tout de même un être humain qui s’engage dans une nouvelle aventure, ce n’est pas anodin.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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February 15, 2024 8:14 AM
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A l'écoute des situations d'illettrisme

A l'écoute des situations d'illettrisme | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Le centre social « Lo Solan » de Mourenx propose depuis des années des modules de formation de base à destination des publics Français Langue Etrangère (FLE) ou en situation d’illettrisme. Après s’être doté d’un « bus numérique » pour porter son offre de services sur l’ensemble de son territoire (voir notre article https://sco.lt/7eJR1U), « Lo Solan » a mis en place l’action « Tendre l’O.RE.ILLE », financée par l'appel à projets régional « innover contre l'illettrisme ».

 

En quoi consiste « Tendre l’O.RE.ILLE »?

Avec « Tendre l’O.RE.ILLE », notre but était surtout de capter et de mieux accompagner les publics en situation d'illettrisme, souvent invisibles, de les rendre plus autonomes. Il fait suite à un premier projet «#inclusion numérique mobilisation et programme Lo Solan» de 2021, avec notre bus numérique qui existe toujours. À l’époque nous avions pu compter sur l'implication et la forte mobilisation de nos partenaires, auxquels nous avions notamment proposé des journées de sensibilisation au repérage des personnes en situation d’illettrisme.

 

Quel bilan avez-vous tiré de votre première action ?

Lors du premier appel à projets, en tant qu’organisme de formation, nous avons accueilli des personnes sur le parcours 1 de l’HSP (Habilitation de Service Public) sur l’illettrisme et l’illectronisme. Et on s'est rendu compte que certains partenaires pouvaient faire des amalgames entre le FLE et l’illettrisme et par conséquent avaient besoin d’être formés pour mieux repérer les publics en situation d’illettrisme. Nous avions une dizaine de personnes sur l'année, ce qui était très peu alors qu’on se doute bien que sur notre territoire, il y a de nombreuses personnes en situation d’illettrisme qui passent au travers des mailles du filet.

 

Qui sont vos partenaires ?

Le centre social de la Pépinière à Pau a répondu aux mêmes appels à projet. Nous avons mis en évidence des actions communes, notamment autour de la formation des acteurs, puisqu'on a proposé des formations similaires auprès des professionnels, des partenaires, conseillers en insertion professionnelle, sous forme d’actions de sensibilisation et des échanges de pratiques. Cela nous a permis d'intervenir sur un territoire élargi et de façon concertée entre les deux territoires. On a également mis en place des séances destinées aux bénévoles, parce qu'il y en a beaucoup qui interviennent auprès des publics en proposant de l'accompagnement individualisé.

 

« Tendre l’O.RE.ILLE » est un projet de formation ou un projet d'accompagnement ?

C’est surtout un projet d'animation du réseau auprès de tous les acteurs, de formation et de sensibilisation des partenaires, ainsi que de repérage et d’accompagnement des publics en situation d’illettrisme. Le but est de maintenir une dynamique partenariale et une animation de réseau pour que la thématique de l’illettrisme reste toujours attrayante. C'est pour ça que, pour ce projet, nous avons voulu partir de la base constituée avec les acteurs socioprofessionnels, Pôle emploi, le PLIE, la mission locale, le Département des Pyrénées-Atlantiques avec le SDSEI « Pays des Gaves », les acteurs du monde associatif et du social, tout le réseau France services, les conseillers numériques avec la Fibre 64, ainsi que la fédération départementale des centres sociaux. Bien entendu, il y a également un accompagnement individuel de réapprentissage qui se réalise avec des bénévoles, le repérage des publics et la mise en place d'actions innovantes en matière de formation (accès aux droits, renforcement des compétences professionnelles en lien avec le numérique…).

 

Quel type de parcours suit une personne avec « Tendre l’O.RE.ILLE » ?

Les actions de formation première marche nécessite de travailler en amont avec les structures partenaires et les publics repérés. Concernant la personne, on la prévient, on travaille avec elle sur le fait qu’elle peut être accompagnée. Pour cela, nous avons mis en place un groupe de bénévoles qui a été formé et sensibilisé à l'illettrisme, en partenariat avec le Centre Ressources Illettrisme Analphabétisme Nouvelle-Aquitaine (CRIA-NA). C’est le CRIA-NA qui a assuré cette sensibilisation en lien avec nous, qui dispense la formation et opère les échanges de pratiques avec les partenaires. Ainsi les personnes sont accueillies et accompagnées en individuel ; tout leur parcours s’établit au contact des bénévoles qui apportent une écoute différente et proche des situations vécues. Donc, dès le départ, on met en place ce principe, on voit comment ça fonctionne et ça évolue vraiment avec la personne et son accompagnateur. Et finalement on leur propose d’entrer dans un groupe, mais pour cela, il faut nécessairement du temps.  

 

Quel rôle jouent exactement ces bénévoles ?

La particularité des personnes en situation d’illettrisme, c'est qu'elles ont quasi toutes été en situation d'échec scolaire et ont eu un rapport douloureux avec l’école. Repartir dans un dispositif classique, avec un tableau où suivre des cours est souvent impossible pour elles. Donc on leur propose de commencer par rencontrer un(e) bénévole avec qui elles peuvent parler des sujets qui les intéressent. Le fait d’installer une relation de confiance permet d’engager un travail avec elles. C’est un préalable nécessaire.  Progressivement, il y a un lien affectif qui se crée. On fait plusieurs mois d’accompagnement en individuel, et on peut leur proposer ensuite, pour les valoriser, de les associer à une autre personne pour lui expliquer comment elles ont démarré, leur donner des astuces, etc.

 

Sur l’aspect repérage avez-vous mis en place des actions particulières ?

Les personnes en situation d'illettrisme, c'est un public particulier qui a été scolarisé en France jusqu'à l'âge de 16 ans. Il n’est pas évident pour des professionnels, qui ne sont pas formés à l'illettrisme, de se dire qu'une personne qui a été scolarisée, qui peut même avoir un CAP BEP, qui a souvent son permis de conduire, a des difficultés avec la lecture et l'écriture. Surtout que les personnes en situation d'illettrisme développent beaucoup d'autres compétences à côté et savent masquer leurs difficultés.  

 

Donc l'idée c'est de les aborder par des biais indirects, des thèmes comme la santé, l'accès aux droits, des voies de contournement pour essayer de recréer une relation. La culture numérique est un très bon support, c'est moins compliqué de dire qu’on a du mal à se servir de l’informatique que d’avouer qu’on ne sait pas lire. Donc on se sert beaucoup du numérique pour repérer et accompagner les publics.

 

On sait aussi qu’il y a un travail à effectuer pour optimiser des passerelles entre nos structures, SIAE, organismes de formation, centres sociaux. Nous pouvons nous appuyer sur les outils du CRIA et nous construisons aussi des outils spécifiques. Par exemple, nos collègues conseillers France services disposent de petits indicateurs autour des pièces administratives qui leur permettent de détecter les situations d’illettrisme dans les différents publics qu’elles accueillent au quotidien.

 

Que considérez-vous comme une sortie positive ?

À partir du moment où l’on a répondu à la demande d’une personne, à son projet de départ, par exemple d'arriver à être plus à l'aise avec l'écriture, d'arriver à lire le journal, de trouver un emploi, c’est pour nous très positif… Sur l’HSP socle de compétences, nous avons des objectifs et il faut un nombre minimum de stagiaires pour engager des sessions. Mais sur le projet illettrisme, ça ne fonctionne pas comme ça, même si nous devons renseigner des données quantitatives et qualitatives.

 

Pour donner un ordre d'idée, la première année où nous avons répondu sur le parcours 1, on a reçu 7 personnes sur l’année. 3 ans après, et le déploiement de « Tendre l’O.RE.ILLE », nous en sommes à 24 personnes, dont 18 qui sur l’HSP et 4 qui sont suivies par des bénévoles. Pour avoir ces résultats, c'est un travail de longue haleine.

 

Selon vous, que faudrait-il améliorer ?

Nous pensons qu’aujourd’hui, les professionnels font bien mieux la différence entre une personne en situation d'illettrisme et une personne FLE même si certains partenaires sont encore dans la confusion des publics. Les prescripteurs orientent mieux, connaissent mieux les caractéristiques de ce public, son isolement, et la honte que certaines personnes ressentent par rapport à leur situation, ainsi que leurs stratégies de contournement.

 

Cela dit, il est important de poursuivre la formation des acteurs et des bénévoles, ça reste un travail qui s’établit sur du long terme. Si l’on veut continuer à agir de façon efficace pour ce public, il faut poursuivre notre effort de sensibilisation et de formation des acteurs. Et puis trouver les moyens de répercuter cette dynamique sur les zones blanches du département. Dans nos perspectives de travail, il y a également le développement de notre réseau. La lutte contre l’illettrisme ne peut pas rester le souci de spécialistes, cela doit être l'affaire de tous. L’offre de dispositifs et de formations adaptés est conséquente et nécessaire, mais ce que l'on constate sur l'ensemble des territoires, c’est que toutes les personnes concernées ne s'en saisissent pas forcément. L’enjeu reste la mise en adéquation entre l'offre et les besoins.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

 

 

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