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L’activité physique, vecteur d’insertion

L’activité physique, vecteur d’insertion | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’Union Nationale Sportive Léo Lagrange est composée de six unions régionales aux spécificités territoriales bien particulières. L’un des programmes nationaux, le dispositif Léo Sport Job, est financé en Nouvelle-Aquitaine par l’AMI O2R. Céline Greffier, cheffe de projet, et Cédric Buzos, coordinateur territorial sportif, sont chargés de son déploiement.

 

Comment mettez-vous en œuvre le programme Léo Sport Job ?

L’union régionale sportive Léo Lagrange en Nouvelle-Aquitaine (URSLL) est assez récente puisqu'elle existe que depuis fin 2022. À cette époque, un financement de la DREETS et du FSE nous avait permis de lancer nos premières actions sur le territoire. Avec O2R, on est plus dans une phase de consolidation et d'essaimage. Le cahier des charges national se veut souple et réglable parce que le public nous y oblige. C'est nous qui devons nous adapter à la temporalité de vie des jeunes, à leurs difficultés, aux freins périphériques qu’ils peuvent rencontrer, aux spécificités du territoire. On arrive avec des objectifs, une pédagogie, des typologies d'action, une manière de fonctionner mais on tient d’abord compte du profil des publics et des compétences des équipes qui le mettent en place sur le territoire.

 

Le public visé, ce sont les jeunes vulnérables. Que faut-il comprendre ?  

Nos publics sont considérés comme vulnérables sur les plans financier, économique, social, familial, sociétal. Leurs freins sont très variés. On est principalement axés sur la santé globale. En Nouvelle-Aquitaine ils viennent de mission locale, de France travail, mais aussi de la PJJ, ce sont parfois des mineurs non accompagnés. Chacune de nos cohortes est différente. Selon qu’elle se situe en zone rurale ou en QPV rive droite, les difficultés varient. Ça nous oblige à trouver des partenaires complémentaires pour les aider à résoudre leurs freins.

 

Comment vous avez déterminé les territoires sur lesquels vous alliez intervenir ?

On est présents sur trois territoires, à Saint-Seurin-de-Cursac, où nous avons un centre de loisirs Léo Lagrange qui sert de lieu d'accueil pour notre groupe. En 2023, à Saint-Médard-en-Jalles nous avons travaillé avec une structure affiliée à notre fédération, Drop de Béton, et pour le Grand parc, avec un club sportif en consortium avec nous, le boxing club Alamele. Actuellement la troisième cohorte est sur Artigues, pour les jeunes provenant de toute la rive droite, on la met en place en propre avec les salariés de l’URSLL NA. Nous intervenons sur ces territoires parce qu’il y a un réel besoin d’accompagnement des jeunes selon la DREETS, ainsi que pour les communes limitrophes comme Lormont. L’autre intérêt, c’est que nous y avons des bureaux qui servent de lieu d’accueil pour nos cohortes d’une douzaine de jeunes. Nous avons différents partenariats, comme la mission locale et les associations sportives affiliées à notre fédération. On a aussi un partenariat avec les Compagnons du tour de France, et le club d'entreprise d'Artigues qui est notre relais sur le champ professionnel. Tout cela nous permet de mieux répondre aux besoins spécifiques des jeunes accompagnés.

 

En quoi consiste votre action ?

Léo Sport Job, c'est un accompagnement à l’insertion professionnelle et sociale par la pratique sportive, qui est notre outil de prédilection en tant que fédération sportive. Mais c'est un accompagnement multi filières. On n’oriente pas que vers les métiers du sport et de l'animation. On essaie d'ouvrir le champ des possibles. Comme le disait Léo Lagrange « aux jeunes, ne traçons pas un seul chemin, ouvrons-leur toutes les routes. » Nous utilisons le prétexte des outils sportifs pour aller découvrir des domaines métiers, des formations qui leur sont accessibles, auxquels ils ne penseraient pas forcément. Par le biais des activités physiques nous avons aussi un objectif de sensibilisation à la santé globale, qui fait partie des freins périphériques à l'emploi. On reste sur l'identification de ces freins, nous sommes éducateurs sportifs, on ne peut pas résoudre tous les problèmes. Nous voulons également œuvrer à la conscientisation des compétences des jeunes. Ils possèdent tous des compétences acquises au long de leur propre parcours, le but est de valoriser leurs talents, leurs atouts, avec une alternance entre temps collectifs et temps individuels.

 

Quelle est votre spécificité par rapport à d’autres intervenants ?

Nous ne proposons pas de faire du sport pour faire du sport. Notre but c’est l’insertion professionnelle, donc il faut que nos ateliers aillent dans ce sens, en travaillant sur les compétences psycho sociales, en échangeant avec les jeunes pour savoir comment ils vivent les activités, quelle est leur place dans le groupe, etc. La deuxième partie concerne l’ouverture du champ des possibles. On se déplace avec eux dans différents environnements, par exemple dans un centre équestre pour découvrir tous les métiers, du palefrenier au cuisinier, ou dans l’aéronautique, en partenariat par exemple avec la fédération française de vol en planeur. On s’appuie sur les témoignages de professionnels qui présentent le quotidien de leur métier de manière ludique.

 

Comment attirez-vous des jeunes en rupture qui peuvent aussi être très éloignés du sport ?

Nous parlons d'activité physique plutôt que de sport. On veut d’abord les sensibiliser au bien-être physique et psychologique. Toutes nos séances pédagogiques sont écrites, réfléchies et préparées en amont pour s’adresser à des publics de différents niveaux. Notre objectif est de tendre au développement du pouvoir d'agir. L’activité physique nous sert de prétexte pour créer un schéma de confiance parce que lorsqu’on participe tous à la même activité, il n’y a plus de hiérarchie entre l'adulte et le bénéficiaire de l'accompagnement. Et puis ça permet de délier les langues, de parler de ses soucis, de sortir du déni. Une fois que ce contexte de confiance est mis en place, on leur propose de se poser des défis comme marcher 3 000 pas dans la journée, fumer moins de cigarettes que la semaine précédente, manger plus de légumes.

 

Les jeunes que l’on accompagne ne sont pas forcément en phobie scolaire mais ne gardent pas un bon souvenir de l’école. On ne peut pas se permettre de les mettre derrière un bureau avec une feuille et un stylo, ça ne fonctionne pas. Si on les replonge dans les mêmes conditions on les perd. C’est pour ça que notre approche se veut ludique, on les fait sortir, on leur propose de découvrir de nouvelles personnes, de s’acculturer à de nouvelles disciplines.

 

Est-ce que vous distinguez les trois phases de repérage, mobilisation et accompagnement ?

À la sortie de la phase de repérage nous avons un sas d'entrée de deux ou trois jours, qui permet aux jeunes de tester notre pédagogie, notre manière de fonctionner et de lever l’appréhension que certains auraient vis-à-vis des activités sportives. On veut qu’ils se rendent compte par eux-mêmes si notre accompagnement peut leur convenir, s’ils sont prêts à travailler la question de l'insertion professionnelle ou si on les réoriente vers un autre intervenant. Notre deuxième phase est à la fois de la mobilisation et de l’accompagnement, en trois étapes : déclencher le changement, réaliser le changement et s'accomplir. Toujours avec cette idée de développement du pouvoir d'agir.

 

Quelle est la durée d’un parcours complet ?

Cette année nous sommes en expérimentation. Notre parcours type va de juillet à décembre, avec quatre mois de remobilisation. L’année prochaine, ça devrait de changer pour un accompagnement global de huit mois, dont six après la période de SAS d'entrée. Les jeunes sont présents deux jours par semaine par territoire, sachant que nous leur donnons une feuille de route, des objectifs à réaliser entre les temps de présence. En fin d'accompagnement on a deux jours de séjours sportifs aussi, ce sont les jeunes qui choisissent les activités qu'ils veulent mettre en place, toujours dans l’idée du développement du pouvoir d'agir.

 

Quelle est la plus-value de l'approche sportive ?

Avec l'activité physique et sportive on est sur les notions de collectif et de défi, qu’on ne retrouve pas forcément sur des activités culturelles. On cherche à apprendre aux jeunes à faire face à certaines problématiques grâce à l'engagement, la cohésion et l'esprit d'équipe. Grâce à la programmation neurolinguistique, on sait que la mise en fonctionnement des neurones passe par le fait de se mettre en mouvement corporellement. Les personnes qui sortent du RSA ou les décrocheurs scolaires, souvent sédentaires, ont une capacité de réflexion diminuée. Si on veut pouvoir les amener à être plus actif cérébralement, la mise en mouvement est la première étape. On ne cherche pas à créer des athlètes mais on veut améliorer leur santé avec des routines matinales, de façon qu’ils soient mieux dans leur vie, dans leur corps et leur tête. En complément des entretiens individuels nous avons une collègue, en partie thérapeute, qui travaille sur la gestion du stress et des émotions. Le but c’est d’outiller les jeunes avec tous les éléments susceptibles de rendre possible leur épanouissement après avoir quitté l'accompagnement, sur le plan du bien-être mental et physique. Et de les préparer à rencontrer des employeurs.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://pro.cap-metiers.fr/politiques-publiques/la-place-nouvelle-aquitaine/

 

 

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Apporter du REVES

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L’APEJ nait à Cognac en1986. Elle a déployé ses actions sur Cognac et l’ouest Charente jusqu’en 2008, date à laquelle la DDTEFP de Charente Maritime lui demande d’intervenir en tant qu’Atelier de Pédagogie Personnalisé (APP) sur le territoire de Saintes. En 2024, l’association répond à l’AMI O2R avec son projet « REVES », pour « Remobilisation Vers l'Emploi et la Socialisation. Enrico Malloci, adjoint de direction, supervise le consortium constitué à cette occasion.

 

D’où vient votre projet REVES ?

Avant O2R, nous avions créé une action expérimentale « Inter’actions » (voir notre article du 10 avril 2024). En 2024, on a accompagné à peu près 50 personnes sur Saintes, repérées avec les acteurs du SPE mais aussi tous les partenaires du territoire, l'épicerie sociale, les élus, etc. on a mis dans la boucle tout le monde et on a réussi à capter des personnes vraiment isolées qui aujourd'hui, grâce à cet engagement progressif basé sur leurs centres d'intérêt, ont construit des projets. Nous avons eu des résultats spectaculaires de retour à l'emploi, d’entrée en formation, de retour à la vie normale. Le cahier des charges de l’appel à manifestation O2R portait sur des axes que nous avions mis en place dans Inter’Actions, et forts des résultats de ce dernier, nous avons pensé à la mise en œuvre d’un dispositif similaire tout en tenant compte des spécificités d’O2R. 

 

Quelle est la nature de votre proposition ?

Avec l'appel à manifestation O2R, l'Etat souhaitait mettre en œuvre un dispositif qui réponde parfaitement aux contraintes et aux exigences des publics très éloignés de l’insertion sociale et professionnelle. L’APEJ, ainsi que toutes les structures du consortium, chacune avec ses spécificités, ont dans leurs missions de toujours accompagner les publics très fragiles, notamment les bénéficiaires du RSA. Nous connaissons bien leurs problématiques d'isolement, leurs freins multiples, leurs difficultés à se projeter et à aller de l'avant. On s'est positionné tout naturellement sur la Charente pour aller plus loin, pour aller chercher des invisibles, des personnes vraiment isolées qui ne sont pas forcément connues des acteurs institutionnels. Sur la Charente-Maritime, nous étions engagés sur le dispositif CEJ-JR jusqu’à la fin de l'année 2024. Pour nous c’était assez naturel de répondre à O2R, on a historiquement assuré les missions préconisées, c'est-à-dire le repérage, l'engagement progressif des personnes à partir de leurs centres d'intérêt, l’accompagnement individualisé de chaque bénéficiaire, tenant compte des spécificités de chacun.

 

Comment abordez-vous le repérage ?

Le repérage est l’étape essentielle pour le fonctionnement du dispositif O2R. Pour que le repérage soit efficace, il est essentiel que les structures soient fortement ancrées sur chaque territoire. Il est important de bien connaître son territoire d’action, ses atouts, ses problématiques, ses acteurs. Ainsi que de vivre son territoire, sa ville, d’interagir en complémentarité avec les autres acteurs. Ces éléments sont à la base d’une action de repérage réussie. Nous devons aller à la rencontre des publics les plus fragiles. C’est d’ailleurs une des spécificités de ce dispositif qui fonctionne en coopération du SPE, mais qui ne s’appuie que de manière sporadique sur la prescription directe. À cette étape le hors les murs est fondamental. Nous allons à la recherche, à la rencontre des personnes dans les lieux qui sont les leurs. On ne va pas forcément leur proposer un rendez-vous dans nos locaux. Certaines personnes isolées, loin de l’insertion, n'ont pas toujours confiance dans les institutions. Même faire un pas vers un organisme de formation, rentrer dans un bureau, peut être très compliqué. On peut ainsi leur proposer une rencontre au centre social, à la maison France service, au PMU du coin, au café solidaire, etc. L'idée est tout d’abord d’établir une vraie relation de confiance avec le futur bénéficiaire, faire en sorte que la personne se sente tout d’abord écoutée, qu’elle ne se sente pas piégée. Cela peut prendre quelques mois. Une fois cette relation de confiance est établie, bien souvent la personne va s'engager progressivement. Elle va commencer par exemple par une demi-journée par semaine, puis deux, et au bout de trois mois, elle viendra peut-être tous les jours. Les bénéficiaires apprécient d’avoir cette souplesse dans l’accompagnement. Nous essayons de leur proposer une prestation qui leur convienne, on cherche véritablement à ce que RE.V.E.S. leur apporte du rêve.

 

Quel est le rôle des partenaires de votre consortium ?

L’APEJ a comme valeur historique de travailler en complémentarité des autres acteurs du territoire dans la formation et dans l’accompagnement des publics. Il faut préciser que les publics ne nous appartiennent pas. Ils se trouvent sur des territoires où agissent différents organismes, chacun avec leurs compétences et leurs actions propres. Nous sommes là pour travailler en complémentarité, sans quoi rien ne peut se faire. L’ADN de l’APEJ n’est pas de travailler seule, mais avec des acteurs fiables, qui s'impliquent dans d’autres domaines et qui portent aussi des actions différentes et complémentaires des nôtres. La formation et l'accompagnement à l'insertion sociale et professionnelle sont nos principales missions. La remobilisation et l’accompagnement à l’insertion des publics sont parmi nos activités principales. Du fait de notre ancrage, nous sommes identifiés sur le territoire ce qui nous permet de capter des publics en difficulté et isolés. Pour le repérage nous nous appuyons également sur notre réseau, nous sollicitons les partenaires pour aller à la rencontre des publics qui ne sont pas connus.

 

L’APEJ porte le consortium O2R pour RE.V.E.S. Ce consortium compte plusieurs partenaires : l’organisme de formation Hommes et Savoirs, la fondation des Diaconesses de Reuilly, le centre social de Marne-Yeuse, l’association Saint Fiacre. Ainsi que Tremplin 17 qui assure le volet repérage. Les autres opérateurs interviennent sur les volets remobilisation et accompagnement à la levée des freins dans un premier temps et vers l’insertion sociale et professionnelle par la suite.

 

A quel moment faites-vous entrer une personne dans la remobilisation ?

Dans la phase où la personne n'a pas encore signé de contrat avec nous, elle peut déjà participer à des ateliers de remobilisation. Ce qui peut contribuer à son engagement durable. En quelque sorte, on est en même temps sur la phase repérage et sur la phase de remobilisation. Au début, le plus important est qu’elle trouve des objectifs pour sortir de chez elle, qu’elle ose passer la porte pour rencontrer d’autres personnes, qu’elle participe à un atelier, en informatique par exemple. Participer à un atelier collectif peut ne pas être simple. Formaliser ses difficultés, se mesurer au regard de l’autre, peuvent être sources d’appréhension.  Mais finalement, en participant à un atelier la personne pourra se rendre compte qu’elle n’est pas seule à rencontrer des difficultés, que l’animateur ne juge pas, qu’il est dans une posture d’écoute et de bienveillance. On commence à identifier ses propres compétences, à les valoriser. Depuis 2019, nous avons aussi développé des badges numériques. Grâce à des ateliers de pratique réflexive où l’on analyse les activités que les personnes réalisent dans le cadre des ateliers de remobilisation, on travaille à l’identification des compétences. Le but est d’emmener la personne à prendre du recul, à se « regarder pédaler » à observer toutes les compétences qu’elle mobilise. À travers la constitution de dossiers de preuves, selon la forme qu’elle préfère, (écrits, photos, vidéos, un poème, etc.) la personne valide un badge, qui certifie les compétences de plus en plus complexes qu’elle a mobilisées. L’estime et la confiance sont boostées et la personne s’engage alors progressivement sur des parcours plus intenses et longs et commence à se projeter sur son avenir.

 

Faut-il comprendre que vous ne cherchez pas forcément à distinguer les différentes phases ?

Il faut qu'on soit souple, on sait qu’on va devoir s'adapter. Un groupe est fait d'individus totalement différents. La dynamique collective peut être très bonne à un moment, et redescendre à un autre. On doit avoir un plan B, même un plan Z. Deux personnes ne font pas le même parcours, n'ont pas les mêmes problématiques, les mêmes objectifs, les mêmes centres d'intérêt, le même engagement de départ. Chacune a ses spécificités, on ne va pas leur proposer de suivre le même programme.

 

Quels sont vos outils de remobilisation ?

Nous avons des ateliers collectifs de diverses sortes. Ceux qui existent déjà sur le territoire, ceux qu’on propose en interne. On peut aussi créer des projets ad hoc parce que on s'appuie sur la volonté et sur les centres d'intérêts des personnes. Certains publics en grande difficulté, n'ont souvent jamais passé le seuil d'un cinéma, d’un concert ou d'un théâtre, de peur de ne pas se sentir légitimes, ils se disent que ça n’est pas pour eux. Je pense qu’il faut agir sur ces leviers-là, pour que les personnes s'épanouissent et qu’elles vivent leur existence.

 

La seule solution est-ce de faire du cas par cas ?

Dans la remobilisation, il y a une partie d’entretien individuel. Mais on ne s'est jamais passé de la dimension collective, c'est le principe même de l’APP. On sait que participer à un collectif peut être angoissant. Cette inquiétude ne passe jamais pour certains, et n’est qu’une phase initiale pour d'autres, malgré leurs freins. Il ne faut pas forcer les étapes, l'engagement est progressif. Il faut prendre le temps de présenter la démarche, créer des liens de confiance et attendre que la personne soit prête à entrer dans un parcours complet. Lors des entretiens, on peut voir des signes. Par exemple, quand une personne, au bout de quelques rendez-vous, prend soin de sa tenue vestimentaire, de sa coiffure, ce sont des signes déterminants, autant que les mots qu’elle peut nous confier. C’est le signe d’une reprise de l’estime de soi. C'est se valoriser, dire j'existe, je suis là.

 

Vous avez une sorte de programme commun entre structures ?

On peut retrouver certains ateliers dans différents territoires du consortium. Mais nous n’avons pas de programmation commune. Cela dit, elle pourrait être envisageable. Par exemple, un atelier proposé par l’APEJ sur un territoire pourrait être mutualisé sur un autre territoire. Chacun effectue également son accompagnement en fonction de son expérience, de ses compétences, de son approche. L’accompagnement individualisé est notre base commune.

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://pro.cap-metiers.fr/politiques-publiques/la-place-nouvelle-aquitaine/

 

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Stabiliser les situations

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Le réseau creusois des structures d'insertion par l'activité économique (RCSIAE) est né en 2009 de la volonté de créer du lien entre les chantiers d'insertion du territoire. Il regroupe 22 structures, majoritairement des ateliers et chantiers d'insertion. L’association RCSIAE porte elle-même quatre chantiers. Le réseau a été retenu par l’AMI O2R pour développer une action sur l’ensemble du département.

 

Hélène Guillou vous êtes chargée de mission au RCSIAE. Pourquoi avoir répondu à O2R ?

La question des publics invisibles n’est pas nouvelle pour nous, parce que nous les voyons arriver ponctuellement sur les chantiers d'insertion, sans repérage particulier. De plus, nous avons au sein de nos directions des collègues qui travaillent dans le milieu d'insertion depuis un grand nombre d'années, qui sont en contact de ces publics, ou qui ont l'occasion de les croiser dans des cadres autres que professionnels. Il s’agit de personnes sans ressources, hors de tout radar, pas du tout à jour administrativement parlant, suivies ni par France Travail, ni par le conseil départemental. O2R était l'occasion de travailler sur leur accompagnement et les amener vers un emploi en chantier d'insertion.

 

Mais pour intégrer une SIAE, les personnes ne doivent-elles pas être employables immédiatement ?

Toutes les structures d'insertion doivent assurer leur seuil de productivité, il leur faut un minimum de salariés en capacité de travailler. Là, on a affaire à des personnes qui ont tellement de freins que même une entrée en chantier d'insertion est compliquée. Au fur et à mesure des années, nous constatons que les publics deviennent de plus en plus précaires. A la fois des plus jeunes et des plus âgés, aux deux extrémités. Du point de vue des conseillers, cela devient compliqué de travailler sur le projet professionnel, parce qu'il y a beaucoup de difficultés d'ordre social à régler en amont. En Creuse nous faisons partie des territoires qui expérimentent le RSA sous condition depuis deux ans, certaines personnes isolées ont pu entrer dans une certaine forme d'accompagnement.

 

Que vous a permis O2R ?

Grâce à O2R, nous avons pu allouer des moyens supplémentaires, recruter une nouvelle conseillère, mettre en place des actions et aller à la rencontre de ces publics. L'accompagnement que nous avons envisagé n'est pas complètement révolutionnaire, il fonctionne sur le même principe que pour nos chantiers d'insertion, à cela près que notre conseillère se déplace tout le territoire et qu'elle a plus de temps pour accompagner chaque personne. Notre idée à la base était de privilégier la ruralité, ne pas axer sur les villes parce qu’il y a déjà des structures qui effectuent ce travail.  Il y a aussi cette phase de repérage qu'on n'avait pas sur les chantiers d'insertion.

 

Comment avez-vous mis en place votre projet ?

Pour la phase de repérage, on a mené un travail de communication à base d’affiches et de dépliants. On a pris contact avec les partenaires du territoire pour leur présenter l’action. Nous avons fait des interventions devant des conseils communautaires pour que les élus relaient l’information auprès de la population et qu’ils identifient des personnes en situation compliquée. Nous avons également rencontré des acteurs de la santé, les prescripteurs classiques, les assistantes sociales du conseil départemental, les tiers lieux, différentes associations, les centres d'hébergement d'urgence, etc. Nous n’avons pas mis en place de porte-à-porte, qui est impossible géographiquement parlant parce que notre choix était d'accompagner des personnes sur toute la Creuse. On ne va pas jusqu'au domicile mais on essaie de s’approcher au plus près, par exemple en se faisant prêter un bureau ou une salle par la mairie du village.

 

Quelle a été la réaction des partenaires ou relais ?

Nous avons fait notre tour des partenaires au premier trimestre. Ceux qui nous ont répondu étaient plutôt intéressés, comme les associations caritatives. Le projet leur parlait et ils nous ont dit pouvoir nous diriger des gens. Ceux qui n’ont pas répondu, c’est sans doute parce qu’ils ne voyaient pas forcément quel rôle jouer. Ceux dont l’accompagnement n’est pas la vocation première, comme les tiers lieux. Ils voient passer du monde, mais pour autant ils ne se disent pas forcément qu'ils ont vocation à réorienter ou à s'immiscer dans la vie de ces personnes. On a eu les deux réactions, ceux qui pensent qu’il y a un besoin sur le territoire et ceux qui se demandent s’il n’y a pas une redondance dans les propositions d'accompagnement. Notre intérêt c'est justement d’éviter cet effet, on veut agir en complémentarité.

 

Rebecca Biro, vous êtes la conseillère en insertion professionnelle en charge de l’action. Comment abordez-vous ce public ?

En général, ce sont les bénéficiaires qui nous contactent eux-mêmes. C’est une donnée vraiment importante puisqu’elle révèle une attitude volontaire chez ces personnes. En quelque sorte, elles sont déjà d’emblée dans la remobilisation. Elles ont surtout besoin de trouver quelqu'un qui va leur consacrer plus de temps, les écouter, leur accorder plus de considération que dans les structures existantes. Le fait pour moi d'avoir plus de temps, plus de moyens pour me déplacer au plus près des gens, ça compte vraiment. Si c'est le bénéficiaire qui appelle, la démarche est plus facile pour lui comme pour moi. Pour l’instant, je n’ai pas eu affaire à de vrais invisibles, plutôt des gens déjà accompagnés, mais souvent peu suivis à cause de la distance géographique ou du manque de temps des conseillers.  

 

Comment menez-vous le repérage ?

En général je sens bien au premier entretien si la personne a envie de s'engager dans l'accompagnement. Le premier rendez-vous permet d’établir un état des lieux des recherches, de dresser la liste des choses à faire. Je reprends contact à partir du moment où j'ai quelque chose pour avancer sur le dossier. Pour moi ça s'enclenche assez rapidement. Si en plus la personne m'a contacté par elle-même, qu’elle a la volonté d'avancer, tout s'enchaîne assez vite finalement on se revoit dans les deux semaines qui suivent le premier rendez-vous, pour leur décrire en quoi consiste l'accompagnement. Le suivi se fait aussi par téléphone ou par courriel.

 

Avez-vous rencontré des situations où vous pensiez que tout accompagnement serait impossible ?

Je suis de nature optimiste et pour moi on peut toujours aller vers une solution. On a des durées d'accompagnement de six ou neuf mois, et quand j'arriverai au terme de cette durée, la question pourra se poser. Est-ce que je peux être encore utile à la personne ou pas ? Á mon avis il faut quand même persévérer parce que on est confronté à des personnes qui se sentent un peu abandonnées et sont tentées de baisser les bras. Mon rôle est de les remotiver, leur redonner confiance en eux. Pour l'instant je n’ai pas eu de cas extrême qui aurait nécessité de renoncer à l'accompagnement.

 

Que proposez-vous pour la remobilisation ?

La remobilisation a été pensée de manière transversale, c'est-à-dire qu'elle commence dès la phase de repérage. Et elle reste en arrière-plan en permanence. Cette phase consiste déjà à faire le point avec la personne sur ses projets, vérifier s’ils sont en adéquation avec ses compétences, son profil, etc. C’est de la veille sur les offres d'emploi les formations proposées, les financements, etc. On se repose sur tous les acteurs du réseau en Creuse et on fait le lien entre les personnes qu'on accompagne et toutes les informations dont on dispose grâce aux autres structures. On ne crée pas d'actions spécifiques, mais on a la connaissance de tous les ateliers existants sur le territoire. Ensuite on oriente la personne en fonction de son besoin.

 

En quoi consiste votre accompagnement ?  

En Creuse y a déjà beaucoup de structures qui proposent des animations, l’ERIP, France Travail, le réseau MAP pour la mobilité, certains tiers lieux, les maisons France service, etc. Connaître les besoins en recrutement des chantiers d'insertion est aussi très utile, sachant que les personnes que j'accompagne ont plus de chances de tenir le rythme d’une structure d’insertion que celui d’une entreprise, parce qu’elles sont peu qualifiées, n’ont pas travaillé depuis plusieurs années ou ont connu des parcours professionnels hachés. Le public O2R est encore plus en difficulté. Nous devons déjà résoudre certaines urgences comme le logement et les ressources. En plus, dans une structure d’insertion, elles pourront bénéficier d’une continuité de l'accompagnement pendant vingt-quatre mois, autant sur l'aspect professionnel que social. C’est un filet de sécurité.

 

Considérez-vous que l'entrée dans un chantier d'insertion soit une sortie positive ?

Pour nous c'est une sortie positive dans le sens où, enfin, la personne retrouve un emploi et une rémunération tous les mois. Elle n’est plus en situation de précarité. La case chantier c'est une possibilité, mais pas une fin en soi. On est ouvert à tout ce qui est possible et qui correspond au projet de la personne, formation ou travail. Mais notre objectif est de stabiliser sa situation, pas de la pousser à tout prix vers l’emploi, parce que tout le monde ne peut pas aller en entreprise classique et ne peut pas travailler trente-cinq heures par semaine.

 

Depuis le lancement de votre dispositif, qu’avez-vous constaté ?

Au début on était parti sur des personnes non inscrites au niveau du SPE. Mais pour l’instant, quasiment toutes les personnes qui ont intégré le dispositif étaient inscrites à France travail. Mais elles peu ou pas suivies parce qu’elles ne peuvent pas se déplacer. Donc on a choisi de les accompagner, parce que certaines n’avaient pas eu de contact avec leurs conseillers depuis un an.

 

On a remarqué qu'il n’y avait aucune femme qui s'orientent vers nous dans le cadre O2R. Je constate aussi beaucoup de problèmes de logement, des gens en hébergement temporaire ou d'urgence, qui peuvent se retrouver à la rue. Ça c'est une problématique que je n’avais pas forcément imaginée. Et aussi des profils des personnes qui sortent de prison, dont la sortie n'a pas été anticipée. Ces personnes n'arrivent pas à se présenter face aux employeurs. Il faut envisager des préparations aux entretiens d'embauche, un travail sur l'image que la personne a d'elle-même et qu'elle va renvoyer aux autres. Cela dit, mon accompagnement reste globalement le même pour tout le monde, même si je l’adapte à chaque profil, je fais vraiment du cas par cas.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://pro.cap-metiers.fr/politiques-publiques/la-place-nouvelle-aquitaine/

 

 

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En route pour la rencontre

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Elsa Payri-Chinanou est chargée de projets pour l’association Insertion Emploi Bearn Adour (IEBA) qui a participé de 2019 à 2021 au projet « in system. » En 2023, IEBA a répondu à un appel à projets du plan pauvreté de l'État pour s'équiper d'un fourgon aménagé en bureau d’accueil mobile, le BAM dont Mathilde Lubrano est l’animatrice. Son fonctionnement est assuré depuis décembre 2024 grâce au soutien de l’AMI O2R.

 

Que pouvez-vous nous dire sur le BAM ?  

Initialement, notre camion était dédié à nos bénéficiaires, des personnes déjà en accompagnement par la mission locale ou le PLIE. Nous allions vers nos bénéficiaires, mais pas forcément vers ceux qu'on ne connaissait pas encore. Par la suite, on a décidé de positionner le BAM sur le repérage de ces invisibles, ceux qui ne relèvent pas d'un accompagnement renforcé. O2R nous permet d’assurer la continuité de l’utilisation du camion et toute la relation partenariale que nous avons développé, notamment avec le Service Départemental des Solidarités Et de l'Insertion (SDSEI) et les assistantes sociales de notre secteur pour qu'elles puissent assurer les accompagnements de leurs participants et bénéficiaires. Notre animatrice circule tous les jours avec le véhicule, les conseillères mission locale peuvent aussi aller à la rencontre des jeunes bénéficiaires sur les territoires, les conseillères PLIE et notre service logement aussi. Par ailleurs, on prête le BAM à pas mal de partenaires, à condition qu'il soit utilisé sur notre territoire.  


Pourquoi avoir choisi cette solution ?

IEBA couvre 179 communes situées au nord de Pau et au sud du département, dans quatre communautés de communes du Béarn assez rurales. Notre siège social est à Morlaàs et nous avons douze lieux de permanence sur tout le territoire. Malgré cela, des zones blanches subsistent, qui ne sont couvertes ni par nos services, ni par les services publics en général. L’un des premiers freins à l’accès à l'emploi c'est la mobilité. Pouvoir se rendre au plus près du lieu d'habitation des bénéficiaires, ça fait partie de la réponse. Même si ça ne règle pas tout.

 

Vous vous êtes fixé un objectif quantitatif ?

Notre objectif est de toucher cinquante personnes par an. Maintenant que l’action de terrain a démarré et que nous avons les premières données, on se rend compte que certaines personnes rencontrées ne pourront pas être comptabilisées. On s’attend à avoir un nombre important de déperditions. On sait que par principe, il faut rencontrer beaucoup de potentiels bénéficiaires.


Pour vous Mathilde, à quoi ressemble une semaine type avec le BAM ?

Je fonctionne vraiment au cas par cas, selon les besoins. Je n’ai pas d'itinéraire prévu, pas de permanences dans des villages. Peut-être que ça se mettra en place plus tard. Chaque jour est différent et je m'adapte aux demandes. A mon arrivée, mon premier objectif était de faire de la prospection auprès des commerces, de la boulangerie au salon de coiffure en passant par la pharmacie. Et des collectivités qui étaient déjà informées du projet O2R grâce à notre communication. Mais je préfère toujours me présenter physiquement. Je suis aussi allée à la rencontre des associations sociales et culturelles qu’IEBA connaissaient déjà. On compte beaucoup sur ces partenaires pour repérer des personnes invisibles. On mise aussi sur le bouche-à-oreille et la rencontre spontanée, parce que je ne vais pas jusqu’au domicile des gens.


Quel est exactement le discours que vous tenez à ces repéreurs ?  

Ça a été un grand questionnement dès le début. Sachant que le dispositif O2R n’est pas simple à comprendre. Et qu’en plus, on est une structure multi multiservices, c'est compliqué aussi. Quand j'arrive dans un lieu, je me présente en tant qu’association IEBA. Je fais très simple, j’explique qu'on accompagne tous les publics dans la recherche d'emploi ou d'orientation, mais je ne rentre pas trop dans les détails. Je leur demande de revenir vers moi s’ils rencontrent ou qu'ils entendent parler de personnes qui auraient besoin d'aide.

 

Vous procédez toujours de la même manière ?

Je me déplace avec le camion pour rencontrer chaque personne de manière très réactive. Ça peut se faire du jour au lendemain. J’essaie de comprendre son parcours, son projet et savoir de quoi elle aurait besoin. Et en fonction de ça, je l'oriente rapidement vers les bons intervenants. Si elle a besoin d’être remise en confiance, je peux me déplacer à plusieurs reprises. Lors de mon recrutement, on m'a fait comprendre que je n’avais pas de limites et que je devais tout tenter. Je pense qu’il n’y a pas de petite ou de grosse victoire. Tant qu'on arrive à raccrocher une personne, c'est toujours ça de pris. Repérer les invisibles, c’est vraiment faire de la dentelle.

 

On peut mettre en place d’autres actions, par exemple être présent sur un marché un samedi matin. On saura plus tard si c’est efficace. On est toujours prêts à essayer de se greffer sur des événements existants, organisés par d'autres associations, comme des forums d'emploi, des distributions de colis alimentaire avec les Restos du Cœur. On a aussi beaucoup de prescriptions qui viennent d'élus et des secrétaires de mairie. Et puis comme IEBA est aussi mission locale, je récupère des listes de jeunes qui n'auraient pas été vus depuis plus de 6 mois. Ils rentrent aussi dans le cadre des invisibles.


A quel moment débute la phase de mobilisation ?

La période de repérage peut durer jusqu'à un mois et demi. Je rencontre chaque personne plusieurs fois, pour affiner le bilan, voir si elle adhère au dispositif. Ensuite la période de remobilisation est de quatre mois maximums. Cela dit, si un jeune va au-delà des quatre mois, on continue à l’encadrer. Mais on ne va pas jusqu’à l’accompagnement. D’ailleurs on a commencé à toucher les premières limites du projet, avec cette frontière entre remobilisation et accompagnement qui n’est pas toujours très claire.

 

En quoi consiste-t-elle ?

En remobilisation, on est vraiment en individuel plus qu’en collectif. Pour l’essentiel, c’est de la remise en confiance, du coaching, de l’écoute. Pour créer une dynamique, avec nos partenaires nous proposons tout un éventail d’activités culturelles, sportives, des événements, des visites de centres de formation, des ateliers sur l'orientation et les métiers, via l’ERIP. On a aussi un partenariat avec la CPAM pour bénéficier d'un bilan de santé gratuit. On utilise des outils comme des casques de réalité virtuelle, un simulateur de conduite pour réviser le code, des petits jeux de société qu'on utilise souvent dans les ateliers, ainsi qu’en individuel. Ce genre de choses, ça peut se faire dans l’espace clos du camion.

 

Ce qui est sûr, c'est que ce qui fonctionne en remobilisation, c'est le cas par cas. Le principe est de s’adapter à la personne et à son rythme. Il y a des jeunes qui vont avoir besoin d'être vus une fois par semaine. Alors que pour d’autres, notamment les plus désociabilisés, une fois tous les quinze jours, c’est déjà beaucoup. Souvent je constate qu’ils ne savent pas réellement ce dont ils ont besoin, donc c'est à moi de proposer des choses. Ensuite, ils adhèrent ou pas.


Quel est le premier bilan que vous tirez de cette action, et que faudrait-il pour l’améliorer ?

La première chose que nous avons remarqué, c’est que des vrais invisibles, il n’y en a pas tant que ça. Finalement, le territoire est bien maillé par les partenaires et les associations. La mission locale et le PLIE sont bien identifiés, les publics connaissent les structures. Il n’y a pas de zones totalement déconnectées, totalement perdues.


On sait qu’on ne pourra pas régler le problème de la mobilité à la fin de la remobilisation. Certains de nos ateliers ne sont organisés qu’au siège de la mission locale et ne peuvent pas être délocalisés. Ça peut être un frein. Nous avons tout de même la chance d'avoir des permanences sur le territoire. Mais la mobilité reste le problème le plus important. Pour un jeune sans permis, sans voiture, des parents non disponibles, aucun moyen de transport collectif sur le territoire, ça reste très compliqué.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://pro.cap-metiers.fr/politiques-publiques/la-place-nouvelle-aquitaine/

 

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Premières marches, un pas vers la formation

Premières marches, un pas vers la formation | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Olivia Costantino, chargée de projet illettrisme-illectronisme à CORAPLIS (Niort), assure la coordination du dispositif « Premières marches vers la formation », pour l’ensemble des neuf partenaires deux-sévriens et le Loudunais en Vienne. Il est financé depuis 2021 par l’appel à projets régional Illettrisme et Illectronisme.

 

Quel est le principe du projet Premières marches ?

Le projet se décline en 3 axes fondamentaux, qui sont tisser et développer les réseaux locaux, repérer et mobiliser, et accompagner vers la formation aux savoirs de base. On a désormais besoin régulièrement de personnes relais clairement identifiées pour faciliter le passage vers la formation. Au départ, nos actions d'accompagnement se faisaient plutôt sous forme de cafés numériques. Petit à petit, nous les avons diversifiées, puisque notre réseau compte des centres sociaux, des associations, des organismes de formation. Aujourd’hui nos modes d’accompagnement sont plus généraux, comme des ateliers cuisine, des actions de proximité, par exemple à l’occasion de distributions alimentaires. On s’est formés avec la Scop l’engrenage, sur les thématiques d'actions de « aller vers », qui consistent à aller chercher les publics précaires isolés, potentiellement en situation d’illettrisme et d'illectronisme.

 

A-t-il été modifié depuis son lancement en 2019 ?

 Le projet s’est étendu aux territoires du Thouarsais et du Mellois. Et dans le Loudunais dans la Vienne. CORAPLIS coordonne et mène ses propres actions sur le Niortais, mais chaque territoire a vraiment ses actions spécifiques. Les partenaires changent, en tout cas les missionnés. Ce qui est important dans notre rôle, c'est de garder le lien entre les partenaires et d'avoir un conducteur commun.

 

Dans le premier appel à projets qui s’appelait « illettrisme et illectronisme », on a proposé beaucoup de choses. Mais il y avait des travers au niveau de la réponse, certaines structures n'avaient considéré que la dimension illectronisme, et n'avaient pas ensuite orienté les publics vers la formation. A l’époque, on avait aussi répondu à un audit lancé par la Région pour connaître les freins et leviers de l'entrée des personnes en formation. Elle a affiné son approche et sorti son appel à projet « innover contre l’illettrisme » en 2021, pour lequel ils ont écarté toutes les structures qui n'avaient pas utilisé le réseau et ses accompagnements pour diriger les publics vers les savoirs de base.

 

Avez-vous pu consolider votre réseau ?

Il y a toujours des nouveaux arrivants, les réseaux changent, ils vivent aussi. Les facilitateurs coporteurs du projet Premières marches vers la formation animent ces réseaux et parfois font appel au CRIA NA pour des sessions de sensibilisation à l’illettrisme auprès des partenaires du réseau.

 

Est-ce que certaines structures sollicitées découvrent des choses ?

Oui, tout le temps. Ce ne sont pas tant les structures que les individus, les salariés. Certains sont au fait de ces questions parce qu'ils étaient intéressés par le sujet, ils avaient eu une sensibilisation, une formation. En revanche, pour certains, pas du tout, ils tombent parfois des nues. Surtout chez les conseillers numériques. Dans les structures, il y a toujours des gens qui savent et puis des gens qui ne savent pas. On ne peut pas partir avec des recettes toutes faites et des choses clé en main. Il est important de prendre en compte les spécificités des missions et des territoires.

 

Quel est le message que vous délivrez aux nouvelles structures ?

Notre message est, « Vous êtes susceptible de rencontrer des gens en situation d'illettrisme, isolées, etc. On vous propose une sensibilisation sur ces publics, comment les repérer et les aborder. Ensuite, comment les orienter vers notre permanence d'accompagnement, exemple sur le niortais, et d'orientation qui permet de répondre très vite à leurs besoins de formation. En plus de nos partenaires habituels, nous avons la volonté d'aller vers les services RH et les syndicats. L’idée est de travailler directement avec les entreprises pour repérer les personnes en situation d’illettrisme. On essaie de les convaincre de former leurs salariés concernés par petits groupes, pour que ça leur coûte moins cher, qu’il y ait moins de pertes de compétences et de temps pour l’entreprise.

 

Quelle place prend la question de l’illectronisme ?

Dans notre projet, ce sont bien des personnes en situation d'illettrisme numérique que nous visons. Certaines sont très effrayées par l'ordinateur, on évite de leur proposer de commencer par des cafés numériques. Aujourd'hui, il y a plein de leviers possibles, beaucoup basés sur la rencontre et le « faire avec », ainsi que des actions hors les murs. Le principe est de se rencontrer, de discuter de leurs centres d’intérêt, de leurs envies. Par exemple leur proposer un atelier cuisine qui sera l’occasion d’apprendre à lire, écrire et compter. Mais pour ça il faut bien se connaître, sinon les gens ne participent pas aux ateliers parce que ça les inquiète, ou ça ne fait pas sens pour eux.

 

A Niort, nous avons un collectif qui s'appelle Alpha CAN, c'est un collectif qui rassemble des structures de formation, des accompagnateurs, prescripteurs, médiateurs, des associations caritatives. Ils se retrouvent tous les deux mois pour faire l'état des lieux de la réponse de formation sur le territoire du niortais, et un peu alentour. Une permanence permet d’orienter les publics.   

 

Quelles sont les structures les plus aptes ?

Pour le repérage, je ne sais pas si certaines sont plus adaptées que d’autres. Par exemple les centres sociaux en général sont bien adaptés parce qu’ils proposent toujours un petit atelier savoirs de base. Ils ont aussi beaucoup de gens en FLE. Sur l’illettrisme on a surtout l’HSP Socle de compétences avec l’itinéraire 1 (Illettrisme). Ce qui fonctionne surtout par rapport à avant, c'est l’aller-vers. On a toujours les cafés numériques. Les gens n’y venaient plus parce qu’ils devaient à nouveau s’inscrire à quelque chose. Ça a mieux fonctionné à partir du moment où on est allés vraiment vers les gens, en répondant à leurs demandes, par exemple en tenant des permanences à la Poste, à la CAF, sur les distributions alimentaires, à l’agence Siti Interim pour le niortais située dans un des quartiers politique de la ville.

 

Existe-t-il un profil du parfait repéreur ?

A priori, n'importe qui peut être repéreur s’il rencontre du public. Quelqu’un qui travaille dans une fripe ou une épicerie solidaire peut être un bon repéreur parce que souvent les personnes en situation d’illettrisme sont aussi des personnes précaires. Mais ça n’est pas suffisant. Certains peuvent être repéreurs, mais pas prescripteurs parce que ça n’est pas leur rôle et qu’ils sont très pris par d’autres activités. Pour nous les vrais repéreurs, ce sont plus souvent les médiateurs, comme les conseillers France Travail, qui proposent des petits ateliers CV ou de remise à niveau. Mais en général ce ne sont pas des pédagogues. On a essayé beaucoup de choses depuis cinq ans, on sait aujourd’hui ce qui fonctionne ou pas. C’est pour ça qu’il est important de susciter la rencontre.

 

Quel est selon vous le chainon manquant entre le repérage et l’entrée en formation ?  

Cet entre-deux peut prendre différentes formes. En fait, ce qui fonctionne bien c’est l'accompagnement individualisé, le sur-mesure, c’est une entrée en formation rapide si la personne est prête. S’il y a trop d’attente, c’est un public que l’on peut vite perdre. Par exemple pour « la boîte à dons » à Mauzé, c'est la mairie, le centre social et le PLIE qui se sont associés pour aller à la rencontre des gens et proposer ensuite une orientation sur les ateliers de Mauzé. Aujourd’hui, dans la ruralité, il faut penser dans nos actions à pallier le problème de la mobilité pour aller en formation.  Et ça coûte de l'argent. Après le repérage, les premières marches ce sont tous les ateliers qui existent un peu partout et qui font sortir les gens de l'isolement pour faire lien, pour faire société. Ces ateliers peuvent motiver à travailler la lecture et l’écriture, parce que les gens se sentent bien dans un groupe et au centre social. Les actions d'accompagnement sont importantes aussi quand elles se fondent dans le partenariat. C’est ce que nous demande la Région, de continuer à nourrir les réseaux, à les faire travailler et monter des actions ensemble pour accompagner les personnes vers une formation de base, notamment l’HSP Socle de compétences qui est un dispositif de la Région.

 

Quelles sont les évolutions que vous observez dans votre pratique ?

On doit s'adapter au terrain, aux territoires, aux acteurs locaux. S'adapter face à la baisse des financements. Il y a eu aussi un public qui en a remplacé un autre. Historiquement, on s’est adapté aux migrations. Il faut savoir que les personnes en situation d'illettrisme sont difficiles à rencontrer, beaucoup ont besoin de travailler la langue et les savoirs de base aussi. On entend certains discours selon lesquels il n’y a pas de problèmes d’illettrisme car il y a l’école obligatoire, mais l’illettrisme est un problème qui touche les personnes de manière globale pas seulement scolaire. Le travail de lutte contre l’illettrisme et pour faire accéder les personnes aux savoirs de base est continu.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://pro.cap-metiers.fr/politiques-publiques/la-place-nouvelle-aquitaine/

 

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Redonner le pouvoir d'oser

Redonner le pouvoir d'oser | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’APEJ-APP Cognac Ouest Charente et Saintes propose, entre autres, des accompagnements à l’orientation, à la reprise d’activité des demandeurs d’emploi et à la reconversion professionnelle. Son projet « Inter’actions » s’adresse à un public souhaitant reprendre confiance en lui pour se projeter dans un avenir positif. Après une mise en place à Saintes en 2023, il doit débuter courant avril sur le territoire de Cognac.  "Inter’actions" est financé par l'appel à projets régional "mobilisation vers la formation" et à venir par le FSE régional ainsi qu’un co-financement conseil départemental de la Charente.

 

D’où vient l’idée d’Inter’actions ?

Inter’actions vient de notre envie de changer notre manière traditionnelle d’accompagner les publics, sortir des standards, ne plus mener des actions cadrées, avec une date de début, une date de fin, le même programme pour tout le monde. Cette approche fonctionne de moins en moins, les publics en difficulté ont écumé nombre de dispositifs avec toujours le même process. Ils n’ont plus envie ou plus confiance. Même si on peut noter quelques bons résultats, les publics sont de plus en plus de réfractaires à ces accompagnements stéréotypés. Donc il fallait imaginer une autre approche.

 

Quel était l’état de vos réflexions ?

Depuis plusieurs mois déjà, nous rencontrons de moins en moins les usagers dans un bureau en face à face ou dans une salle où tout le monde fait la même chose. Depuis le dispositif individualisé de positionnement à l'emploi (DIPE), nous avions déjà réfléchi avec les acteurs locaux, à une approche plus contextualisée et autant que possible hors les murs pour se rapprocher du terrain. Les mises en situation des bénéficiaires permettent qu’ils deviennent acteurs de leur parcours.

 

Lorsque l'appel à projet est sorti, forcément ça nous a parlé. Nous étions déjà dans une dynamique de déploiement et d’innovation avec les acteurs du territoire. Nous avions pleins d'idées pour développer des projets qui permettaient de travailler hors les murs, de permettre aux bénéficiaires de se remettre en action et de pouvoir leur faire conscientiser leurs capacités et compétences. Nous avons débuté sur Saintes, parce que nous étions déjà sur l'accompagnement des jeunes en rupture. Notre partenariat local fonctionnait bien, on s'est appuyé dessus pour rédiger notre dossier.

 

Est-ce que vous aviez déterminé un public particulier ?

À l’origine, nous voulions cibler tous les publics éloignés de l'emploi. Mais on avait une idée derrière la tête, essayer de capter des personnes non-inscrites, qui ne bénéficient plus d’aucun accompagnement. Un public tellement éloigné de l'emploi qu’il n’y pense même plus. Je crois que, pour l’essentiel, nous avons réussi à capter ces personnes. Nous avons aussi eu des publics de Pôle emploi mais plutôt ceux qui étaient au chômage depuis un grand nombre d’années.

 

Quelle approche avez-vous choisie ?

Nous avons repris les grands principes du DIPE et du Cléa, qui consistent à mettre les gens en situation professionnelle et reconnaître leurs compétences. Nous avons poussé plus loin ces constats pour travailler à faire reconnaitre aux personnes leurs capacités et compétences et avons permis, par l’obtention de badges, de valoriser ces atouts. Nous avons proposé cette démarche au service des projets et actions formation en intégrant de la pratique réflexive. Nous avons levé les cadres, les obligations et les calendriers figés (un rendez-vous par semaine) par les commandes des financeurs (trois mois d’accompagnement). Nous nous sommes appuyés sur le relais des ateliers partenariaux. Ainsi, nous levons toutes les barrières en redonnant aux usagers le pouvoir d’oser. Notre idée était de démontrer que nos repères ne sont pas leurs repères, que nos envies ne sont pas les leurs et que nos idées ne leur correspondent pas. Nous avons fait le pari de les écouter et de prendre en considération leur attentes et envies dans le respect de leurs capacités.

 

 

Qu’entendez-vous par travailler autrement ?

Travailler autrement, ça veut dire par exemple ne pas parler emploi, ne pas parler formation, ne pas parler d’obligations, parce qu'il y a des publics à qui cela fait peur. Ça veut dire essayer de capter des publics qui ne croient plus en rien et qui ne sont plus dans le système France Travail, mission locale ou autre. Nous avons un rôle à jouer pour leur permettre de retrouver confiance en eux, d’oser et de se reconnaitre des compétences. Nous avons enclenché une nouvelle dynamique pour leur permettre de se projeter dans un futur où ils auront une place. C’est la genèse de notre réflexion. D’un côté il y a plein d'entreprises qui cherchent du personnel, de l’autre des gens qui n'ont plus confiance et qui ne veulent plus y aller. On s'est dit qu’on allait leur faire confiance et construire avec eux leurs parcours en respectant le rythme et les besoins des uns et des autres.

 

Comment s’est faite la mise en œuvre de votre action ?

Nous avons effectué un travail de repérage avec les associations locales. Nous sommes allés sur leur terrain, rencontrer les usagers au jardin public ou à la collecte des Restos du cœur. Certains n’avaient pas envie de venir nous voir, mais petit à petit, nous avons pu, avec le concours des acteurs des associations, les convaincre de nous faire confiance. Notre approche sans obligation nous a permis de partir de leurs envies, de leurs centres d’intérêt, mais également, en écoutant leurs craintes et leurs inquiétudes, de les mobiliser pour nous rencontrer et pour participer à des projets et activités en interne, ou dans les ateliers de nos partenaires associatifs.

 

Cet accompagnement hors les murs et sans contrainte, basé sur le volontariat a permis de leur redonner envie et de prendre conscience de toutes les compétences qu’ils pouvaient déployer dans leurs actions au quotidien, activités quotidiennes qu’ils n’identifient pas spontanément comme intéressantes comme cuisiner, s’occuper de leurs enfants, bricoler, aider leurs voisins. Par exemple, ils ont mis en place des petits ateliers comme la cuisine placard, ils ont pu fabriquer un nichoir, un cadre, … Ils sont progressivement devenus acteurs, ont repris confiance. Avec cette reprise de confiance, ils se sont organisés en petits groupes et ont émis le souhait de pouvoir aider les autres, être utiles.

 

Cela consistait en quoi ?

Ils ont alors réfléchi à un projet qui faisait sens pour l’ensemble des bénéficiaires du groupe. Ils ont choisi de s’occuper de la collecte des jouets pour Noël. Ils ont alors contacté les structures et les partenaires locaux, ils sont allés à leur rencontre pour collecter des jouets puis les nettoyer, les trier. Sans s'en rendre compte, ils ont monté une vraie entreprise. Ils ont fait un véritable travail, dans lequel ils se sont totalement investis.

 

Par la pratique réflexive, ils ont pris conscience qu’ils avaient développé des compétences transposables dans la vie professionnelle. Ils ont compris qu’ils avaient déployé des capacités et que celles-ci pouvaient être transférées vers des activités professionnelles, avec pour certains des besoins de formations complémentaires. C’est alors que tous se sont projetés dans un avenir professionnel, alors que certains cumulaient dix ans d'inactivité.

 

À quel moment une personne est-elle prête à passer à une étape suivante ?

C’est au moment où la personne prend conscience qu’elle a des compétences, qu'elle a la capacité d’aller plus loin et qu’elle retrouve du sens à agir, qu’elle se projette dans un emploi ou une formation. Nous avons accompagné ces temps collectifs par des temps individuels permettant de lever les freins pour lui permettre de sauter le pas vers un emploi ou une formation. Une fois que la personne a retrouvé sa place dans la société, elle est en capacité de réaliser ses démarches et retrouver de l’autonomie. Les résultats parlent, entre les retours en formation continue, les entrées en SIAE et dispositifs de droits communs comme Amorce de parcours, et la validation de la certification CLEA et de badges numériques, les bénéficiaires ont retrouvé l’envie d’aller de l’avant.

 

En complément de nos actions, nous avons également visité l’AFPA et des CFA, demandé l’intervention de l’Espace Régional d'Information de Proximité (ERIP) et de professionnels pour ouvrir les horizons. Tout cela est facile quand les personnes sont prêtes. En même temps, nous faisons attention à ce qu’elles ne se sentent pas tellement bien chez nous, qu’elles seraient tentées de s’installer. Notre volonté est toujours que nous soyons juste un tremplin au service de leur avenir.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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Des envies aux projets

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Le CPA Lathus est un Centre de Plein Air et de formations situé à Lathus-Saint-Rémy (Sud Vienne). Parmi ses nombreuses activités, il propose le dispositif « Osez, lancez-vous », dont Alice Polo est la coordinatrice. « Osez, lancez-vous » a été retenu fin 2022 par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation. »

 

Pouvez-vous nous présenter votre action ?

« Osez, lancez-vous » est le prolongement de l’action « dynamisons les résignés ruraux » (voir notre article du 25 novembre 2021 https://sco.lt/7eJR1U), qui était déjà une aide pour sortir de l'isolement et aller vers l'emploi, destinée à des personnes qui ont besoin d'un accompagnement spécifique avant d'intégrer un emploi. On a souhaité garder le même cap en faisant des améliorations sur certains axes, notamment la mobilité et la santé, pour que ça corresponde au mieux au public espéré. Nous avons aussi souhaité faire plus d’accompagnements individuels. Pour Osez lancez-vous, on est sur une logique progressive. Comme les personnes avaient du mal à reprendre un rythme très important dès le début de l’action, on est parti sur le principe de 5 semaines à 2 jours de présence, puis 5 semaines à 3 jours, enfin 5 semaines à 4 jours.

 

Quel est son objet ?

Pendant environ 3 mois, l’idée est d'appréhender et d’explorer les acteurs du territoire, dans les domaines de la santé, de la mobilité, du travail. C’est aussi créer des projets comme intégrer une association (par exemple un club de couture, de sport…), ou se lancer dans une formation, voire rejoindre un chantier d'insertion pour ceux qui sont prêts à reprendre petit à petit une activité. Le tout est fait de manière très progressive, pour avoir le temps de réaliser ces projets. Et surtout l’équipe vise l’individualisation de chaque parcours.

 

Quel est votre public ?

Le public très large, de 16 à 67 ans. Ce sont des personnes très isolées et très éloignées de l'emploi et de la formation, notamment à cause du Covid. On a aussi un public qui a connu des traumatismes importants (violences conjugales, harcèlement, etc.) ou qui souffrent de certaines phobies sociales, la peur de foule, des troubles psychologiques, et qui n'arrivent pas à vivre en collectif.

 

Avec les réformes des retraites, des personnes ont besoin d’échanger ou de travailler encore quelques semestres, ne serait-ce que pour toucher une retraite convenable. À partir de 16 ans, on touche des décrocheurs qui ne peuvent pas, ou ne veulent absolument pas, retourner dans le système scolaire. Nous essayons de leur redonner l'envie de se réinsérer professionnellement et socialement. Géographiquement, ce sont des personnes de la Communauté de Communes Vienne et Gartempe (CCVG).

 

Comment trouvez-vous vos participants ?

Des personnes candidatent sur notre chantier d’insertion pour travailler, mais lors du premier entretien nous constatons qu’elles ne sont pas encore prêtes, donc nous leur proposons ce dispositif. Nous avons également nos partenaires (la mission locale Centre et Sud Vienne, Pôle Emploi de Montmorillon, Le Centre d’Information et d’Orientation), qui nous orientent des personnes pour les positionner sur l’action. Et le bouche-à-oreille fonctionne bien. Mais la plupart du temps c’est notre service qui trouve les personnes, par la pratique de ces différentes activités, des ateliers sur les savoirs de base par exemple.

 

Comment vous leur présentez l’action ?

La première question c'est, de quoi avez-vous envie ? Puis quels sont vos besoins ? Le plus souvent la réponse est la suivante : je veux retrouver une vie sociale, une vie professionnelle. Je leur décris le dispositif, leur explique que tout sera basé sur leurs besoins. Ça donne une projection positive de la suite. Mais je n’utilise pas de discours type. Tenir le même discours pour toutes les personnes ça aurait moins d'effet parce que les traumatismes, les causes d'isolement, les vécus ne sont pas les mêmes. En tout cas j’écoute, et après j’adapte mon discours.

 

Comment sont vos groupes ?   

On aurait aimé accueillir 16 personnes sur nos deux sessions, on est un peu en deçà de ce qu'on avait visé. On a une grande mixité en âge. Ça favorise énormément les échanges et les partages d’expériences. Du coup, les savoir-faire et les expériences de chacun sont valorisés. C’est très important qu'ils s'écoutent sans se juger. Les plus âgés sont poussés à apporter leur expérience aux plus jeunes, et inversement on attend d’un jeune de 18 ans qu’il aide les plus âgés à utiliser les réseaux sociaux par exemple.

 

Quelle est globalement votre approche ?

On met un point d’honneur à ce que ça ne soit pas scolaire, parce que c’est souvent ça qui fait peur. On essaie de ne pas rester enfermés dans une salle. Nous proposons des activités variées, motivantes et enrichissantes. Les bénéficiaires pratiquent des activités sportives comme l’escalade (pour vaincre des peurs et apporter de l’aide à l’autre) ou d’aller visiter un musée. En fait, sans s’en rendre compte, les personnes reprennent confiance en eux et travaillent sur leur employabilité. Elles vont s’apercevoir qu’elles sont capables de réaliser telle ou telle chose, d’échanger avec la personne qui leur a organisé la visite, de poser des questions, de s’intéresser.

 

Le premier module de 5 semaines est basée sur la découverte du groupe, sur les prémices des différents projets individuels et collectifs et sur la confiance en soi principalement. Pour le deuxième, on va plutôt être sur des activités d'expression c'est-à-dire oser parler et écrire, et sur les visites nécessaires, (par exemple à l’AFPA ou dans d’autres organismes de formation). Le dernier module est consacré aux immersions parce que les personnes sont un peu plus capables d'appeler ou de démarcher elles-mêmes. On organise différentes visites, à la CCVG, à la Maison Départementale des Solidarités, au CCAS, au tribunal, dans des associations socio-culturelles comme les MJC… Tout simplement pour leur faire découvrir ce qui les entoure.

 

À quel moment commencez-vous à parler de projet professionnel ?

On n'a aucun tabou, on en parle dès le début. Mais le mot professionnel fait peur, c'est certain. On est très transparent en leur disant que l'objectif de ce dispositif c'est d’abord de faire naître un projet, qu'il soit professionnel ou pas. L’idée c'est de dédramatiser, d'expliquer qu’on peut avoir plusieurs projets professionnels dans une vie, qu’on peut en changer. On l’aborde sous l’angle des appétences, des goûts de chaque personne. Est-ce que j'aime les animaux ? Est-ce que j'aime travailler avec mes mains ? Faire de la peinture ou plutôt du bois ? En fait, on cherche à dégager un projet par le biais des envies des gens, sans qu’ils s’en rendent vraiment compte.

 

Que se passe-t-il à la fin des 4 mois ?

Notre objectif, c'est que la personne sorte en emploi, en formation ou qu’elle ait réalisé un des objectifs qu’elle s’était fixée. On ne veut pas se focaliser sur l’emploi ou la formation, parce qu'une personne peut simplement avoir comme but de reprendre une vie sociale, ça c’est aussi une sortie positive. Parfois, on a des sorties négatives, avec aucun objectif réalisé et des abandons. Dans ce cas, on essaye de maintenir quand même un contact assez régulier par téléphone, on réoriente vers un autre partenaire. On essaie en tout cas de ne pas les laisser seuls dans la nature. C’est la personne qui est actrice de sa vie.

 

Pour la suite, que faudrait-il améliorer selon vous ?

Nous rencontrons des difficultés à mobiliser des personnes qui auraient pourtant besoin de cet accompagnement. Il faudrait arriver à mettre tous les acteurs locaux ensemble pour aller les chercher, donc je dirais une mobilisation territoriale plus importante. On s’est amélioré, je pense qu'une fois qu'on aura réalisé les deux sessions (la dernière se termine en mars), on pourra faire un bilan un peu plus précis de ce qui a marché ou pas en fonction des types de personnalités et des activités proposées.

 

Pour nous, la thématique principale reste la reprise de confiance. C'est vraiment notre ligne de conduite et ce qu'on a envie de produire sur le territoire, tout en sachant qu'on a déjà au sein du CPA Lathus des actions très thématiques, notamment nos formations en animation. Avec « Osez, lancez-vous », on avait envie de cette ouverture qui laisse place à plein de possibilités. On y met ce qui nous semble pertinent pour les individus, c'est un choix de notre association d’éducation populaire.

 

 

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Parcool, le « journal fait par vous et pour vous »

Parcool, le « journal fait par vous et pour vous » | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Marilyn Bissat est coordinatrice et formatrice à l’association 3s (Périgueux). Elle est à l’origine de l’action Parcool, financée par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation ».

 

D’où vient votre action Parcool ?

En tant que structure d'insertion par l'activité économique nous constatons que, avant l'emploi, l’étape formation est souvent manquante. On s’est demandé comment donner de l’appétence pour l'apprentissage. Nous avons imaginé Parcool, comme « parcours-cool », sous la forme d’ateliers dont le but est de créer un journal.  Cette idée du journal, je l'avais déjà eue par ailleurs, je me suis dit qu’on pourrait la transposer. Tout s’est fait en équipe, je ne pouvais pas mener cette action toute seule. Notre idée, c’était aussi d’évaluer les compétences au niveau du français, sur la présentation quand on va interviewer les personnes, la mobilité. En fait toutes les problématiques auxquelles des personnes éloignées de l'emploi sont confrontées.

 

Pourquoi avoir choisi la forme papier pour ce support ?

Je voulais qu’il y ait un travail de réflexion effectué en salle, qu’il y ait comme une corrélation avec la formation. Ecrire, ça veut dire qu’on se réunit, on se regroupe autour d’une table, on échange, on s’entraide. En fait, tout ce qui se pratique en formation. Et pour nous, il était important de pouvoir toucher un objet, posséder quelque chose de tangible. Un blog c'est très bien, mais on ne l'a pas entre les mains. Et puis l'idée, c'était aussi d'aller à la rencontre des gens pour le distribuer dans la boîte aux lettres. Le premier exemplaire a été tiré à 1500 exemplaires, puis distribué aux partenaires et sur les QPV de Périgueux.

 

Comment se déroulent vos ateliers ?

Le rythme c’est tous les mardis après-midi, pendant environ 3 mois. Entre 12 et 14 séances pour aboutir à un produit prêt à partir en impression. Pour les articles, nous avons 4 thématiques :  emploi, société, « bon pour la planète » et sports-loisirs-culture. Dans un groupe de 8, ça fait un binôme par rubrique. A la fin de chaque atelier, mes deux consœurs et moi, on les félicite sur tout ce qu’ils ont mis en œuvre. Nous faisons en sorte qu’à chaque fois ils pensent être à 100% à l’origine de tout. On surjoue un peu la valorisation des compétences. Mais l’important, c’est le regard des autres participants. La prise de confiance, elle se fait au sein du groupe, en fonction de la façon dont ils se positionnent les uns par rapport aux autres. Finalement, chacun a réussi à trouver une place importante à chaque fois. Ils ont donné autant qu'ils ont reçu.

 

Combien de participants par groupe ? 

Dans l’idéal, ce sont des groupes entre 8 et 10 personnes. Même si notre premier groupe ne comptait que deux participants. Entre la première information et le début de l’action, on essaie d'aller vite, parce qu’avec les personnes susceptibles de rentrer sur le dispositif, c'est à l'instant T. Sinon on les perd. Elles viennent vers nous parce qu’elles ont entendu parler de l’action, après avoir vu nos affiches ou notre site internet. Notre but est de vérifier si on peut aller chercher des gens sans forcément qu’ils soient orientés. Pour l’instant, nous avons eu des profils très différents, de 24 à 52 ans, une majorité de femmes.

 

Avez-vous établi des prérequis ?

Aucun prérequis. Il faut juste qu’on arrive à se comprendre un minimum, même si c’est en anglais. Après il peut y avoir des traducteurs. Par exemple, un jeune homme a écrit un texte en arabe, qu’il a fait traduire en anglais par un ami, que nous avons repassé ensuite en français. On se rend bien compte qu’il peut y avoir de l’appréhension, parce que les gens ne sont pas forcément à l’aise avec la rédaction, avec le français, certains ont beaucoup de difficultés à s’exprimer. Ils arrivent à compenser, à trouver des subterfuges plus qu’ingénieux. Pour le premier numéro, nous n’avions que deux participants avec un faible niveau scolaire.  A la fin du dispositif, l’un est parti en remise à niveau en français, l’autre en cours de FLE. Plusieurs autres veulent aller se former sur le numérique, la mise en pages, etc. Donc on a la preuve que ça a marché.

 

Quel rôle jouez-vous dans les ateliers ?

Notre rôle c’est d’essayer de les faire réfléchir. Plus ils sont nombreux, plus c’est simple, c’est l'intelligence collective qui fait le travail. Sur le deuxième numéro, ça s'est fait assez naturellement par rapport à leur personnalité et à leurs goûts. Le journal ressemble à ce qu’ils veulent en faire. Les participants du premier numéro ont rajouté un sous-titre : « le journal fait par vous et pour vous ». Ils choisissent le format, dépliant 3 volets ou un 8 pages en A5. Tout ça, ils l’ont réfléchi ensemble. Nous sommes des facilitateurs de réflexion. On organise des votes aussi, pour choisir la mise en pages, la présentation, les couleurs, de manière que tout le monde valide le projet.

 

Quels sont vos objectifs ? 

La participation aux ateliers permet de créer du lien social, de redonner aux participants un peu de confiance en eux. Souvent c’est ça qui leur manque. Et sans confiance on ne va nulle part. Les compétences, ils en ont énormément, mais ils ne s'en rendent pas compte. Leur objectif personnel, c'est d'aller au bout de leur article. Et si possible jusqu’à la distribution, qui est l’aboutissement de la démarche. J’étais présente à la distribution dans les QPV, les participants ont étaient très fiers de montrer le journal aux habitants, expliquer la démarche. On a même pu évaluer leurs capacités relationnelles, au point qu’une personne s’est découvert un intérêt pour le contact, et elle va entrer en formation d'accueil et secrétariat.

 

Quand on présente le dispositif à de nouvelles personnes, on leur rappelle le cadre, en précisant qu’il n’y a pas d’obligation pour elles de partir en formation à l’issue. Lors des ateliers, on évalue leurs compétences, on parle de leurs   difficultés, et on leur fait passer le message qu’elles pourraient les combler par une formation ou par d'autres moyens. On le fait vraiment de manière progressive, et on commence toujours par les qualités, ce qu’ils sont capables de faire. Parfois c’est juste le fait d’avoir été assidu, d’être venu à chaque atelier.

 

Avez-vous rencontré des difficultés, des surprises ?

Dans nos premiers ateliers, on s'est rendu compte que les gens ne s'écoutaient pas les uns les autres. Donc pour la suite, mon objectif est de proposer des petits ateliers sur la communication et l’écoute active, sous forme de séances de 30 à 45 minutes. Sinon, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi chronophage. On a beau être trois animatrices, ça revient vite, il faut prendre le temps de se concerter. Autre chose que je n’avais pas mesuré, c'est la richesse des échanges entre personnes qui viennent d'horizons très différents, qui arrivent à s'entendre, à s'écouter, à se comprendre, et finalement à faire un groupe. Certains participants du numéro 2 veulent continuer sur le 3e numéro. Ils disent que ça leur apporte beaucoup. Un autre a créé le blog de Parcool, ça fait aussi partie des choses surprenantes.

 

Est-ce que vous allez transférer certaines choses dans vos pratiques habituelles ?

Avec ces ateliers, on se rend bien compte que l'accompagnement dans un bureau, en face à face, c'est complètement dépassé. Il y a deux mois, on a commencé à essayer le collectif dans le cadre de l’accompagnement. On va continuer l'année prochaine, parce que les échanges entre les salariés, c’est extraordinaire. On aimerait garder ce principe de petit journal pour l’association, même si on ne fait qu’un semestriel, parce que l’effet sur l'estime et la confiance que les personnes prennent en elles c'est spectaculaire. Si c'était à refaire, je le referais avec grand plaisir, même en sachant les difficultés auxquelles on a été confrontés.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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July 13, 2023 4:52 AM
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Prévenir le décrochage, raccrocher les décrocheurs

Prévenir le décrochage, raccrocher les décrocheurs | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’Union Pour l’Enfance est une association qui possède deux organismes sur les Deux-Sèvres, en charge de la protection de l’enfance. L’Union pour l’Enfance 79, constituée de plusieurs structures d'hébergement et de prise en charge de jeunes confiés soit par le juge, soit par les parents. Les « Ateliers Agapè », qui comprennent un plateau technique grâce auquel les jeunes sont accompagnés dans le cadre de l’action RAIDS, le réseau d'accrochage et d'insertion des Deux-Sèvres, financé par l’appel à projets régional « Appui aux parcours d’orientation. »

 

Ces ateliers existent depuis 1994. Ils ont été créés pour permettre à des jeunes issus de la protection de l'enfance, décrocheurs, de bénéficier de formations au sein d'ateliers professionnels. Initialement, seule l’activité « espaces verts » était présente. « Notre volonté était de proposer une prise en charge globale de jeunes qui nécessitaient une remobilisation sociale, scolaire, voire professionnelle, » précise Nadège Coillier, directrice des Ateliers Agapè. « Sachant que ces jeunes présentaient plusieurs problématiques, familiale, de posture d'élève, souvent d'addiction et de délinquance. Au début, c’étaient plutôt les départements autour des Deux-Sèvres qui nous les orientaient, afin de les éloigner de leur territoire d'origine. »

 

Après 2009, les ateliers ont pris de l’ampleur. Installés dans de nouveaux locaux, un ancien garage complètement transformé pour accueillir un restaurant et l’atelier professionnel espaces verts. Aujourd’hui, seul ce dernier subsiste. Deux moniteurs qualifiés encadrent des jeunes de 14 ans et plus pour, dans un premier temps, leur faire découvrir ce secteur professionnel au rythme de trois matinées par semaine, sans objectif de production. Ceux qui montrent un intérêt particulier sont accompagnés le temps de leur trouver un lycée professionnel, un CFA ou une Maison Familiale et Rurale (MFR) pouvant les accueillir. Dans cette attente, ils continuent à perfectionner leur formation de base, avec une montée progressive en compétences.

 

Priorité remobilisation

 

« Les publics sont très volatils. Il suffit qu'un jeune retrouve un sens à sa journée au quotidien, c'est-à-dire se lever, sortir de chez lui. Pour certains c'est déjà énorme. Puis, il va pouvoir côtoyer ses pairs, bénéficier d'acquisitions. Cela améliore le climat familial, qui reste parfois fluctuant, mais qui est nettement moins tendu et dégradé que lorsqu’il arrive. Dans le cadre de leur accompagnement éducatif, on est sur la mobilisation de savoir-être, de savoir-faire, de savoirs tout court. Lorsque la base est acquise, l'objectif est de leur permettre d'effectuer des stages en entreprises et de les orienter sur toute structure de droit commun, scolaire ou de formation, telle que les missions locales, les CFA, les MFR. »

 

Les Ateliers Agapè comprennent également un atelier sportif et un atelier de remobilisation scolaire et d'aide à la scolarité. Pour l’atelier cuisine, il ne s’agit pas de professionnalisation, mais de permettre à certains jeunes de découvrir ce domaine professionnel. Et pour les autres, accueillis au sein des structures d'hébergement, d'acquérir une certaine autonomie dans la gestion de leur repas, comment faire leurs achats, ce qu’on peut faire avec ce qui reste dans les placards, une sorte de pédagogie de la gestion quotidienne.

 

Dans le cadre de RAIDS, les jeunes sont orientés par l'éducation nationale, plus précisément par les chefs d'établissement.  Il n'y a pas de différence de prise en charge entre ce public et celui de l’Aide Sociale à l’Enfance. Ils se côtoient, sont mélangés dans les animations, et ils passent systématiquement les 15 premiers jours sur tous les ateliers. « A l’issue, on fait un bilan avec eux. On leur donne la parole pour nous expliquer comment ils ont vécu la période d'intégration, quels sont les ateliers dans lesquels se ont sentis les plus à l'aise, ceux qui les attirent le moins. Avec la remobilisation scolaire et l'aide à la scolarité, on est vraiment dans le fait de redonner envie, de leur redonner du sens, d’expérimenter pour repartir sur un centre de formation ou à l'école. Ça peut aider des jeunes qui fréquentent les ateliers à temps plein, c'est-à-dire du lundi au vendredi, mais aussi qui viennent sur des temps plus ponctuels, sur des demi-journées parce qu’il y a un maintien partiel de la scolarité. » 

 

Des profils parfois compliqués

 

Les participants au RAIDS présentent de multiples problématiques d'acquisition scolaire, parfois de handicap, de soins physiques et psychologiques. Certains sont en situation de déscolarisation depuis plusieurs années, depuis le CM2 ou la 6e. Ils peuvent être toujours affectés à un établissement mais ne le fréquentent plus, ou de façon très ponctuelle.  « C’est vraiment quelque chose qui m'a particulièrement interpellée. J’ai souvent vu des parents qui étaient désemparés face à leurs enfants en décrochage, sans aucun dispositif pour les accueillir, qui restaient à temps plein à domicile. Le climat familial s’en ressent forcément, et il y a des effets sur les autres enfants de la maison. »

 

Les chefs d'établissement se disent démunis face à certains profils qu'ils n'arrivent pas à raccrocher, qui présentent parfois des troubles du comportement, qui ne sont pas traités ou dont la prise en charge est insuffisante pour permettre de les maintenir au sein des établissements. Ces jeunes devraient bénéficier d'une scolarité adaptée, mais les places sont très limitées.

 

Entre fin 2002 et aujourd’hui, une quinzaine de jeunes issus d’établissements de Parthenay et Thouars ont été pris en charge, plus que le nombre prévu dans la convention avec la Région. « Ça a été vraiment une volonté de ma part de n’évincer aucun jeune. 6 filles, 8 garçons, 3 jeunes également pris en charge dans le cadre des dispositifs relais du Département. Donc avec un co portage, voire un triple portage pour certains, quand il y avait le dispositif relais, le collège et nous qui étions en accompagnement. »

 

« L’appel à projet régional vise les plus de 16 ans. Mais nous n’avons absolument pas accroché ce public, parce qu’il existe déjà beaucoup de dispositifs pour lui, que ce soit à l'intérieur des établissements scolaires ou à la mission locale avec la promo 16-18 et le CEJ.  Ces dispositifs s’adressent à des jeunes qui savent se mobiliser et ont envie de le faire. Le gros souci, ce sont les jeunes en déscolarisation, quel que soit leur âge, qui n'arrivent pas à se mobiliser. La moyenne d’âge des jeunes accueillis est de 13 ans et demi, allant de 11 à 15 ans. »

 

L’objectif de l’association est de ramener les jeunes dans le droit commun. Notamment, pendant le dernier mois de leur accompagnement, en travaillant à leur réintégration au collège. Notre lien avec l’établissement d’affectation est quotidien. C’est là que les Ateliers Agapè montrent leur utilité, en permettant le maintien de la scolarité à temps partiel, tout en travaillant sur plusieurs axes, à commencer par les savoir-être, particulièrement importants avec ce public.

 

« On est vraiment perçus comme une bulle, un passage où les jeunes vivent des expériences positives. Nous entretenons un dialogue permanent avec eux. Dans le domaine de la protection de l'enfance, l'accompagnement a énormément évolué. Quand j'ai commencé à exercer, on était dans une configuration où on imposait un cadre et un parcours aux jeunes, ça n’est plus le cas maintenant. Même si ce n’est pas le jeune qui décide en dernier recours, nous essayons vraiment de le considérer en tant qu'acteur à part entière. »

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April 20, 2023 9:01 AM
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Le cheval, ce formateur singulier

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Situé à Virson (Charente-Maritime), l’organisme de formation Amazines présente une caractéristique bien particulière, celle de proposer des formations de coaching et de développement personnel par la médiation équine. Sa fondatrice, Joëlle Guasch, a créé cette structure après 35 ans d’expérience professionnelle en tant que cadre au sein de diverses entreprises et de conseillère en chambre consulaire. Elle propose, entre autres, une formation intitulée « retrouver son estime de soi pour mieux propulser sa vie personnelle et professionnelle », financée par l’appel à projets régional « mobilisation vers la formation » (PACTE).

 

En quoi consiste la médiation équine ?

On connaît davantage l’équithérapie pour les personnes en situation de handicap par exemple. Dans la médiation équine, on rajoute à ces pratiques de base tout ce qui est coaching et accompagnement au changement. Dans le principe, on met la personne au contact du cheval, on travaille beaucoup par métaphore pour bien intégrer la vraie vie, ses situations personnelles ou professionnelles. La personne comprend ce qui se passe, acquiert des outils d'autogestion pour se sentir mieux et nous l’accompagnons dans son changement. En fait, la médiation équine s'adapte à tout public de 7 à 77 ans. On va toucher des thèmes comme la confiance en soi, la communication, le management, le travail en équipe, le leadership, la créativité, etc.

 

En quoi consiste votre approche ?

La particularité d'Amazines, c'est de proposer des formations dont la pédagogie passe par la mise en situation avec l’animal. Un apprentissage par l’expérience sensorielle et émotionnelle, pour être en phase avec soi-même et avec les autres. Le cheval est un animal grégaire qui a besoin du groupe pour évoluer en sécurité. Comme il n’a ni crocs, ni griffe, ni venin, son système sensoriel lui permet de fuir en cas de danger. Il est tellement sensible qu'il est capable de ressentir une variation du rythme cardiaque, par exemple chez l'humain. Cela oblige la personne à être totalement authentique à son contact pour que ça fonctionne. Et comme c'est un animal sans jugement, ça ouvre le champ des possibles pour se réaliser.

 

Face à l'animal on peut apprendre le bon comportement, pour le dupliquer ensuite avec l'humain. C’est pour ça que je suis allée chercher le cheval et que je l'ai intégré dans la pédagogie, qui comprend la PNL, l'approche neurocognitive, et les approches classiques de formation avec évaluations, mesures, indicateurs etc. Nous avons deux axes de formation, les relations interpersonnelles et la santé au travail. Dans le domaine de la santé au travail, on aborde  la gestion du stress et des émotions.

 

Dans l’éventail de vos actions, vous proposez une action de mobilisation ?

Dans le cadre de cette action, nous intervenons auprès de personnes en rupture sociale, très éloignées de l'emploi, de 20 ans à 50 ans. On leur explique rapidement que nos formations se déroulent en pleine nature, pas sur des bancs d’école, qui est souvent un mauvais souvenir pour elles. L’objectif est de leur permettre de reprendre confiance et développer l'estime de soi, pour qu'elles se sentent capable d'engager une formation et favoriser leur retour à l'emploi. La mise en œuvre se fait en partenariat avec les structures d'insertion, les missions locales, Pôle emploi, etc. On fait régulièrement des points pour voir ce qui a fonctionné, et ce qui est à améliorer, en présence du bénéficiaire.

 

Nous effectuons des évaluations de départ, et nous utilisons des indicateurs de mesure en cours de route. Le principe, c’est de mettre la personne en situation, on débriefe sur ce qu'elle a vécu, et on transforme l'expérience en pédagogie avant de la formaliser. Autre chose importante, c’est que les participants font de la formation sans le savoir.

 

En pratique, cette formation se déroule comment ?

Nous avons des groupes de 6 personnes encadrées par 2 intervenants, on est vraiment dans une formation individualisée, même s'il y a du collectif.  Le parcours comprend 11 journées réparties sur un peu plus d’un mois et demi. On affine la pédagogie au fur et à mesure, puisqu’elle est étroitement liée à l'évolution des bénéficiaires. Avec tout de même un fil rouge. Par exemple, on intègre de la nutrition parce qu'on s'est rendu compte qu’ils mangeaient très mal, et que ça avait des effets sur leur santé et sur leur situation financière. Donc on observe ce que mange le cheval, dans le but de leur faire prendre conscience en quoi l'alimentation est importante.

  

Que comprend votre pédagogie ?

On part de ce qui se passe dans la vraie vie pour conceptualiser. On amène les gens à comprendre ce dont ils ont besoin dans leur vie personnelle et professionnelle, et comment ils peuvent prendre leur place dans le groupe. Ils se rendent compte qu’ils peuvent être eux-mêmes libres et force de proposition. C'est la base du management des organisations transversales, sortir du pyramidal pour entrer dans du transversal et de l'intelligence collective. Prendre conscience qu'il existe différentes formes d'intelligence, et que chacun a sa place, ça change le regard sur soi.

 

Quand le cheval a décidé de brouter et que l'objectif pour la personne est de l'emmener dans le manège, elle est obligée de s'affirmer pour lui imposer de se déplacer. Mais elle ne se rend pas compte qu'elle est en train de s'affirmer quand elle le fait, son objectif c'est déplacer le cheval.

 

Autre exemple, au lieu de faire des mathématiques derrière un bureau, on leur fait calculer des rations de nourriture pour le cheval, des distances à parcourir. En fait tout est ludique, tout est pédagogie, tout passe par le jeu, l'expérience et la transformation.


Comment se déroule une séance ?

En séance, on commence par observer le troupeau. On explique les règles de sécurité, ainsi que les règles déontologiques de respect, de bienveillance, de non-jugement etc. Selon la capacité des gens, on entre dans le troupeau ou on reste à l‘extérieur. Et on observe ce qui se passe. S’ils en ont peur, c’est normal, ils peuvent rester à distance voire très loin du cheval, ça fonctionne quand même. 

 

Là déjà on travaille sur les hiérarchies dans le groupe, les interrelations, les rapports de force. Qu’est-ce qu’un dominant ? Quel est son rôle dans le groupe ? Qu'est-ce qu'un leader ? On travaille par métaphore, on compare les organisations familiales, les organisations professionnelles et les organisations grégaires du cheval. Assez vite les participants se rendent compte que les chevaux fonctionnent comme nous, selon une organisation hiérarchique, avec des besoins essentiels.

 

Une fois qu'on a abordé le rôle du cheval dans le groupe, on s’approche de lui pour travailler le sensoriel par le pansage. On aborde les sens, à quoi ils servent, le lien entre le sensoriel et l'émotionnel. C’est important pour tous ceux qui sont coupés de leurs émotions. On ajoute des outils d'autogestion basés sur la sophrologie, l’auto-hypnose, la relaxation, pour que la personne puisse se gérer elle-même, lorsqu’elle se trouve dans une situation inconfortable.

 

Que se passe-t-il après la formation ?

A l'issue des 11 jours, les apprenants ont la possibilité de passer le CLEA équin, une première reconnaissance accessible à ceux qui le désirent. On leur propose aussi les open badges de notre partenaire Diagonales, la régie de quartiers de La Rochelle. Avec les open badges, ils se reconnaissent aussi dans leur savoir être, c'est important pour l'estime de soi.

 

Mais l'objectif de l’action, c'est de leur permettre d'engager une formation en rapport avec les compétences nécessaires à leur projet professionnel. Le travail sur le projet professionnel se fait graduellement. Il est variable d'une personne à l’autre, il n’y a pas de règles. Pour moi, le changement s’opère dès le début de la formation. S’il ne s'opère pas de suite, c'est que quelque chose ne fonctionne pas. Il faut que ce soit court, efficace et opérationnel.

 

L’organisme de formation est certifié Qualiopi et fait partie du réseau international EAHAE dont la particularité est l’éthique dans les pratiques d’équicoaching. Les formations sont éligibles auprès des Organismes Collecteurs de financement dont certaines au CPF.

 

Amazines.fr

Contact : Joëlle GUASCH - 0624649610

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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February 2, 2023 12:09 PM
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Du quartier au clavier

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Valentin Nicolas est Référent Pédagogique & Entreprises de la Régie de Quartiers DIAGONALES à la Rochelle. Avec l’organisme de formation WebForce3, la Régie de Quartiers DIAGONALES a créé une « École Numérique de Territoire » qui propose notamment la prépa apprentissage « #FabrikTonParcours ».

 

D’où vient l’idée de #FabrikTonParcours ?

Aujourd'hui pour les populations jeunes ou en rupture de parcours, on a une vraie difficulté de lisibilité et d’accessibilité concernant les formations numériques. Les métiers sont émergents, souvent récents dans les entreprises, et dont le besoin est de plus en plus important. En fait, l’idée de #FabrikTonParcours c'est de proposer chaque année à 15 participants de réaliser une « prépa formation » pour découvrir les différentes filières et métiers du numérique. On leur propose aussi une partie remobilisation pour les mettre dans un rythme actif d'apprentissage. Au terme des 3 mois, nous voulons qu’ils aient développé leur posture professionnelle, une vision plus précise de ce qu'est le numérique et qu’ils puissent se positionner sur une formation en connaissance de cause.

 

Pour cette action, la Régie de Quartiers DIAGONALES s’est associée à l’organisme de formation « WebForce3 » ?

Oui, c’est une belle histoire parce que notre « École Numérique de Territoire » est issue de la rencontre entre la Régie de Quartiers DIAGONALES et le réseau d’écoles numériques WebForce3. En constatant de nombreuses valeurs communes telles que l’inclusion ou l’égalité des chances, nous avons eu envie de créer une école en partenariat qui s’appuie à la fois sur l’expérience de l’accompagnement social par Diagonales au sein des quartiers depuis 30 ans, ce qui a tissé une relation privilégiée avec les habitants, et sur l’expertise pédagogique de WebForce3, qui à travers ses 50 écoles en France et à l’étranger est un acteur incontournable côté innovation comme par la pertinence des parcours proposés aux apprenants.

 

Quelle est la plus-value de cette école ?

On a très vite compris que notre partenariat allait offrir des parcours plus sécurisés côté apprenants et des recrutements plus sûrs côté entreprise. Avec nos deux structures et leurs savoirs faire en un seul lieu, on a la capacité de concrétiser des rêves de carrière dans le numérique avec des formations qu’on peut suivre en étant mieux accompagné, en étant plus compétent techniquement à la sortie que sur des formations plus générales, avec au final des recrutements plus pérennes pour les entreprises locales. Tout cela qu’on soit issu des quartiers prioritaires, perdu dans son orientation, ou en situation de handicap. Parce que le dispositif a aussi pour objectif de sortir un peu des parcours « élitistes » et de ne plus passer à côté de talents qui ne se seraient pas révélés par voie de formation habituelle. Aujourd’hui, quand on veut travailler dans le numérique, il faut minimum avoir le bac, voire un bac +2. Un jeune qui veut devenir Développeur Web et qui n’a pas le bac ne trouvera pas de formation pour ce métier s’il se présente dans un organisme de formation classique.

 

Notre école propose de la formation inclusive, qui n’exige aucun prérequis de diplôme à l’entrée. On cherche plus à cultiver le talent, l’implication et les savoir-être, en construisant sur les bases que le candidat a pu construire seul avant de nous rencontrer. Donc une personne qui souhaite se réorienter ou entamer un parcours à nos côtés, même sans le bac, va passer un test de positionnement pour vérifier qu’il choisit la formation adaptée à son projet. 

 

En quoi consiste ce test ?

Pour nous, c’est une aide à la décision. En fonction des réponses du candidat, on détermine quelle est l’orientation la plus judicieuse. Soit on l'oriente vers une formation (parfois avec une phase de remise à niveau), soit sur « #FabrikTonParcours ». On peut également le positionner sur une formation que nous ne proposons pas à La Rochelle, mais qui est proposée en distanciel ou dans un autre organisme de formation du réseau WebForce3. Dans ce cas, on peut les accompagner à la mobilité, et dans la réalisation de leur projet.

 

Quand avez-vous commencé ?

L'école a démarré à l'été 2021 par une première édition « #FabrikTonParcours » que nous avons animé dans une salle de la gare SNCF de La Rochelle. Ensuite, nous avons eu la chance de pouvoir nous implanter à côté de l’aquarium et nous avons ouvert l’école et ses salles de formations au printemps 2022. Aussitôt, nous avons ouvert la formation diplômante Technicien Supérieur Systèmes et Réseaux (TSSR) en partenariat avec Pôle emploi, qui a été suivie d’une deuxième session de #FabrikTonParcours. Maintenant, la planification se fait à mesure, toujours en fonction des besoins des entreprises locales et des potentiels participants, parce que notre but n’est pas d’ouvrir à tout prix en fonction d’un catalogue de formation mais d’apporter une solution en mettant en relation ceux qui emploient et ceux qui souhaitent se former.

 

Quel est le profil type des participants ?

Nous n’avons pas forcément de profil type. Nous avons des décrocheurs scolaires, des personnes éloignées de l'emploi, d’autres en réorientation professionnelle. Ça peut être un jeune qui était en contrat d'apprentissage et qui n’a pas été embauché par son entreprise comme d’autres qui n’ont pas trouvé leur place dans les parcours de formation dits « classiques ».

 

On a beaucoup de jeunes en début de vie qui sont déjà en réorientation professionnelle. Certains ont fait un BP, par exemple en électricité, et d’autres des études plus générales sans arriver à s’orienter par la suite. Au terme de leur formation, ils réalisent qu’ils ont pris la mauvaise voie. Ils vont jusqu’à la validation de leur diplôme mais cherchent à faire autre chose. Il faut dire qu’ils connaissent souvent mal le monde de l'entreprise, qu’ils ont fait peu de stages, mais l’informatique les intéresse et ils jouent aux jeux vidéo. Alors quand ils arrivent, on leur dit que les métiers du numérique, ça va bien plus loin que ça. Notre objectif c'est de leur montrer les coulisses, de leur expliquer comment ça fonctionne pour qu’ils puissent au final avoir un regard plus précis sur les différents métiers qui existent.

 

Qu’est-ce que leur apporte « #FabrikTonParcours » ?

Pour nous, « #FabrikTonParcours » est une prépa remobilisation plus qu’une prépa apprentissage. Ce terme est important parce que dans le référentiel de l’action, la première phase, et celle à laquelle on accorde beaucoup de temps, c'est la phase de remobilisation. On travaille sur la confiance et l’estime de soi, sur le savoir-être, mais aussi sur la communication écrite et orale, toutes ces choses qui vont aussi leur permettre de modifier leur posture professionnelle.

 

La découverte des métiers repose sur le principe du « Learning by Doing », l’apprentissage par la pratique. On est à chaque fois sur une pédagogie en mode projets. Les intervenants ne sont pas forcément des formateurs, ce sont aussi des salariés ou des chefs d'entreprises dans le domaine du numérique qui peuvent répondre à toutes les questions techniques. Certains viennent une demi-journée pour apporter leur témoignage. Nous faisons en sorte que ce ne soit que des intervenants locaux, qui connaissent bien le bassin Rochelais. Ils arrivent chacun avec un projet pour le travailler avec les participants. Même si les jeunes n’ont aucune connaissance dans le projet qui leur est proposé, ils vont apprendre en le menant du début à la fin. Par exemple, la construction d’un jukebox numérique, avec tout ce que ça implique, la configuration, les raccordements, l’installation d’un système d’exploitation, etc.

 

Comment se déroule la partie remobilisation ?

La remobilisation se fait tout au long de la période de 3 mois. Si on faisait toute la remobilisation au début, et qu’on obligeait les jeunes à passer leurs 3 premières semaines à travailler uniquement la communication, cela pourrait provoquer des ruptures de parcours. Donc dans une semaine type, on fait un peu de tout, des demi-journées projets, des demi-journées sur la remobilisation, ainsi qu’une demi-journée d'activités physiques et sportives avec un coach. Nous voulons sortir les stagiaires de l’école, les emmener en extérieur. Quand on dit activité physique et sportive, on ne cherche pas la performance mais simplement à s’aérer, apprendre à perdre et gagner en équipe, et éviter de rester sur son ordinateur toute la journée. Ça peut aller du géocaching (course au trésor avec GPS) à l’Ultimate (frisbee en équipes), en passant par une sortie vélo pour favoriser et encourager la mobilité responsable, ou encore par une initiation à la boxe pour gérer ses émotions en osant être combatif. C’est très agréable parce qu’on observe de vrais changements à mesure du parcours et les premiers surpris sont souvent les participants que ça rend d’autant plus enthousiastes.

 

Les activités annexes nous permettent aussi de renforcer la cohésion d'équipe, parce qu’il est important de cultiver un vrai esprit de groupe. C’est ce qui permet aussi de limiter les abandons en milieu de parcours. Il arrive que certains jeunes se rendent compte très rapidement qu'ils veulent devenir développeur web alors quand la journée est dédiée au marketing digital, nous pourrions craindre un désintérêt et par conséquent une démotivation. C’est là que cette cohésion au sein du groupe est précieuse parce qu’ils se soutiennent et se donnent envie de poursuivre ce dispositif, d’autant plus s’ils sont entre copains. #FabrikTonParcours, au-delà d'une aventure professionnelle dans le cadre d'une formation, c'est aussi une aventure humaine.

 

Vous arrivez à toucher un public féminin ?  

Les femmes sont trop peu représentées dans les métiers du numérique. Nous n’atteignons pas encore notre objectif de parité dans les participants de #FabrikTonParcours malgré le fait que nous portions fort le message de l’appétence des entreprises à accueillir plus de femmes dans leurs équipes numériques. Cependant, notre discours semble porter ses fruits puisqu’il y a quelques jours, dans le cadre de la semaine des métiers du numérique à laquelle nous avons pris part avec Pôle emploi, nous avons eu le plaisir de constater que sur 39 demandeurs d’emploi venus découvrir les formations et filières du numérique à travers des ateliers que nous animions à l’école, 17 femmes étaient présentes. C’est très encourageant et nous allons continuer de communiquer afin qu’on cesse de croire que seuls les hommes ont leur place dans ces filières. C’est tout à fait faux, et il y a de beaux parcours à réaliser pour les femmes ayant de l’intérêt pour le numérique.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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January 12, 2023 8:57 AM
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Bouger pour s'insérer

Bouger pour s'insérer | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Dans le cadre de ses missions, l’Ufolep aborde des problématiques de société comme la santé, la prévention des conduites addictives, la parentalité, le maintien de l'autonomie des seniors, etc. Son support principal, celui des activités physiques. Plus récemment, l’Ufolep 64 a décidé de s’occuper d’insertion professionnelle des jeunes, en déployant son projet « bouger pour son avenir » en territoire prioritaire à Bayonne, avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine et son appel à projets « Expérimentations en matière d'orientation".

 

A l’origine du projet, un certain nombre d’actions qui étaient déjà menées dans ce même QPV, en lien avec le GIP DSU de l’agglomération bayonnaise, avec des jeunes en difficulté ou qui pouvaient être amenés à se questionner sur leurs projets ou leur orientation. A l’occasion des activités sportives, des séances collectives ponctuelles, les animateurs percevaient différentes problématiques relatives à l’insertion ou à la mobilité, qui constituaient autant de freins à l’épanouissement de ces jeunes. A l’époque, l’Ufolep réfléchissait à la mise en place d’un parcours coordonné, avec un accompagnement régulier sur la durée.

 

« Nous n’avions pas de parcours complet mais des bouts de parcours », précise Bertrand Bedin, agent de développement sport et société à l’Ufolep 64. « Nous sommes agréés pour la formation premiers secours, on forme aussi aux métiers du sport, et nous avons pensé qu’un accompagnement des jeunes pouvait être intéressant au regard de leurs questionnements, sur une tranche d’âge qui est difficile à capter pour les structures du territoire. Surtout dans une période où les perspectives ne sont pas très positives, qui vient se rajouter pour certains à des difficultés familiales ou de perte de repères. » Par ses dispositifs ludiques et activités existants, l’association ambitionnait notamment de toucher des publics de 16 à 25 ans orientés par Pôle emploi et la mission locale, mais également de s’adresser à ceux totalement sortis du circuit d'accompagnement.

 

Education, sport et insertion

 

« Bouger pour son avenir » repose sur le triptyque éducation, sport et insertion-emploi. La dimension sportive s’appuie sur des activités physiques attractives, susceptibles de créer du lien avec des jeunes en difficulté, voire en rupture. En matière d’éducation, l'idée était de partir des objectifs éducatifs de l'éducation populaire. La partie insertion emploi consiste, à la suite des temps collectifs, de faire un point de situation individuellement.

 

En résumé, le projet comporte plusieurs phases, une phase de mobilisation, une phase d'accompagnement collectif pendant laquelle tous les jeunes pratiquent ensemble différentes activités, ce qui permet de repérer ceux qui ont besoin d'être épaulés, par rapport à leurs projets ou leurs problématiques. Puis en phase d’accompagnement individuel, l’association identifie les points de blocage et trouve une manière de les lever à terme, par exemple l'accès au permis. Les jeunes sont également informés des dispositifs de droit commun dont ils n’ont pas forcément connaissance.

 

Les participants s’engagent à être présents régulièrement pendant au moins 6 mois. Aucune obligation contractuelle, cet engagement est volontaire. « Au-delà c'est un peu plus compliqué, parce que leur parcours évolue rapidement. Ils sont à un âge où leur situation bouge beaucoup. Et si on leur propose un accompagnement trop long, on prend le risque de les perdre. L’idée c'est qu’ils utilisent ce laps de temps avec nous pour construire leur projet, même s‘ils peuvent partir à tout moment. Sur une année, on fait 2 groupes d’une douzaine de jeunes, un par semestre.

 

Sur la deuxième période, on ne lâche pas totalement le premier groupe, puisque nous avons amorcé quelque chose, nous voulons préserver ce lien. La charnière se fait pendant l'été parce que, pendant cette période, beaucoup de jeunes se positionnent sur des offres d'emploi. À partir de la fin août, c'est important de réenclencher une dynamique, que l'on puisse les mobiliser plutôt par semestre. Fin 2022 nous avons eu notre quatrième « promotion ». »

 

Répondre aux besoins des jeunes

 

Lors de la première rencontre, les animateurs essaient de déterminer les projets de chacun, s’ils en ont un, et dans ce cas, ce qu'ils aimeraient faire comme activité. C’est là qu’ils évaluent les besoins de chaque jeune et que, en fonction de leur situation et des freins éventuels, ils envisagent un accompagnement complémentaire. Dans l’idéal, le rythme des temps collectif est mensuel. En individuel, des contacts réguliers pour savoir comment leur situation évolue, s’ils ont des besoins particuliers et pour leur proposer d'autres initiatives.

 

Par temps collectifs, il faut comprendre une activité sportive, karting, pirogue hawaïenne, randonnée, vélo ou autre, à laquelle sont conviées des entreprises, une auto-école, un organisme de formation, etc. Le but étant de créer la rencontre avec différents acteurs, faire circuler son CV. La découverte de milieux professionnels fait aussi partie du programme, au besoin en scindant le groupe pour proposer un choix, autant dans la nature de l’activité que dans le secteur considéré (BTP, services à la personne…) afin que chacun s’y retrouve. Sachant que les effectifs comptent environ 40% de filles.

 

La crise Covid a plus que jamais mis en lumière l’importance de la notion de lien chez les jeunes. L’association savait qu’il existait des disparités importantes dans ce public, mais peut-être pas au point de rencontrer quelques jeunes complètement perdus. Elle a dû intégrer le fait que, pour certains jeunes en perte de repères, des activités à priori simples comme se rendre à un rendez-vous peuvent représenter une difficulté ou un effort. D’autres savent au contraire très bien ce qu’ils veulent, et ce qu’ils ne veulent pas en termes d’horaires et de conditions de travail. Selon les profils, la démarche d’accompagnement est dès lors très différente.  

 

« Les jeunes qui ne connaissent pas de difficultés particulières, qui ont un projet, sont importants pour nous au sein de l’action. Parce que même si l'accompagnement ne va pas être, pour eux, directement lié à l'emploi, ils sont très utiles en termes de mobilisation et de dynamique pour les autres jeunes. Leur participation peut créer des effets d'entraînement. Pour des jeunes qui sont isolés et en galère, c'est très important. »

 

« Au départ, nous pensions nous concentrer sur la partie insertion professionnelle, mais on a constaté que c’est l'accompagnement global qui est un déclencheur pour tout le reste. On l’avait peut-être un peu sous-estimé. Dans la période, même s'il y a des secteurs qui connaissent des difficultés et de la précarité chez les jeunes, le milieu de l'emploi n’est pas totalement bouché. Le taux de chômage est relativement bas et il y a des propositions. Dans ce contexte, le plus important c'est d'amorcer une démarche active, et de multiplier les apports de positivité. Pour ça, l'activité physique est un bon support. »

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November 9, 2022 9:51 AM
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A Royan, le repérage à la plage

A Royan, le repérage à la plage | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Yoni Pitcho est conseiller à la mission locale de l’agglomération Royan Atlantique. Le projet “In Real Life”, mené conjointement avec la mission locale de Rochefort-Marennes-Oléron, est lauréat du PIC RMPI.

 

C’est quoi In Real Life ?

Il s’inscrit dans la continuité d’un autre projet qui a duré 2 ans, appelé « In system », dont l’objectif était déjà le repérage des invisibles. Au début de cette année, nous avons enchainé sur « In Real Life », qui est globalement le même projet, parce que nous avons trouvé la démarche intéressante et utile. L’idée principale, c'est de repérer les invisibles en menant des actions atypiques, hors de nos murs. Pour certaines actions, nous travaillons avec la mission locale de Rochefort. Chacun garde aussi ses projets spécifiques. Notre objectif est de repérer une centaine de jeunes par an et par structure.

 

Quelles sont les actions communes ?

La mission locale de Rochefort a une webradio qui s’appelle « On’R ». Cet été ils ont délocalisé leur studio pour faire des émissions en direct, liées ou pas à un évènement, afin de proposer à des jeunes de prendre la parole à l’antenne, éventuellement faire des chroniques.

 

En quoi consistent vos actions de repérage ?

Le principe c’est de sortir de nos locaux, parfois sur des horaires décalés, le samedi ou en soirée. On fait aussi ce qu'on appelle des « pieds d'immeuble ». On va dans les différents quartiers de Royan, avec les centres sociaux. Pour organiser des animations ludiques, sportives ou culturelles. Pour l'instant, on y va plutôt sur le temps des vacances. Autour d’un café ou d’un thé, on se fait faire connaître des habitants du quartier.

 

Même si on ne s’adresse pas qu’à des jeunes de 16 à 25 ans, on rencontre les familles, les cousins, les grands-mères, les copains, qui peuvent transmettre notre message. C'est du repérage indirect. Le centre social possède un camping-car aménagé dans lequel on peut recevoir. Si quelqu'un veut faire un entretien tout de suite, parler de sa situation au calme. C’est en quelque sorte notre bureau mobile.

 

Comment procédez-vous ?

Nous ne faisons pas la même chose l'hiver et l'été. Notre équipe de prévention tourne sur toutes les villes autour de Royan. Pas tous les jours, mais une fois par semaine ou tous les quinze jours, pour qu’il y ait une récurrence. On ne peut pas se rendre partout, on se concentre sur les points de rassemblement potentiels où on sait que les jeunes se rassemblent, ou ceux qui nous sont signalés. Avec l'expérience, on arrive à mieux cibler les endroits intéressants, les plages et les parcs où les jeunes se trouvent.

 

En hiver, nous tenons des permanences au centre social, on organise à la mission locale des ateliers cuisine, des forums emploi ou apprentissage, des découvertes métiers dans les entreprises… Ce sont des événements ouverts à tout public. Un jeune peut y participer, même s’il n’est pas encore inscrit chez nous.

 

Quel est le rythme de vos sorties ?

On a constaté qu’un rythme d’une fois par semaine n'était pas suffisant. Et qu'en été, avant 22 ou 23 heures, les jeunes ne sont pas là. Donc on a aussi adapté nos horaires. Particulièrement dès le début des vacances, avec des sorties quasiment tous les soirs, parce qu’il y a plus de fêtes. L’équipe de prévention, plutôt que de travailler la journée, va tourner le soir et un peu au début de la nuit.

 

Comment abordez-vous les jeunes ? 

Avec l'expérience on s'est rendu compte que venir les mains dans les poches et se présenter comme conseiller de la mission locale, ça ne marche pas. Alors pour faciliter la prise de contact, entamer la discussion, on leur propose des petits cendriers de plage, des casquettes, des lunettes ou des briquets. Si on dit bonjour à un jeune, ça ne suffira pas à le faire venir tout de suite à la mission locale. Il faut prendre le temps de créer un climat de confiance, apprendre à se connaître avant qu’il nous rende visite.

 

Et puis les discussions ne s'axent pas toujours autour du projet professionnel ou de ce qu’ils font dans la vie. On va les aborder en parlant d’une musique qu’ils écoutent, d’un jeu de cartes qu’ils sont en train de faire. C’est comme ça qu’on essaie de leur laisser quelques infos. On ne les aborde pas frontalement en leur posant des questions sur leur situation. Nous avons très rarement des réactions négatives.

 

Pour être mieux identifiés, que ça ait un effet, on sait qu’il faut être présent souvent mais pas forcément longtemps. Sinon les jeunes oublient notre message. On multiplie les opérations un peu spécifiques, un tournoi de foot, un événement culturel. En été, on va aussi participer aux soirées, organiser le bal de promo du lycée, participer à la nuit du bac. On est dans une petite ville, l’idée c’est de semer des petites graines. A force, on croise régulièrement les mêmes têtes, et ça fait son effet puisqu’ils se confient. 

 

Ensuite, ce sont les jeunes qui prennent contact avec vous ?

Nous avons toujours des cartes de visite sur nous. S’ils sont d’accord, on prend leur numéro et on essaie de rester en contact. Pour ça, le SMS fonctionne pas mal. L’idéal, c'est qu’ils nous rappellent dès le lendemain pour prendre rendez-vous, mais ça ne marche pas à tous les coups.

 

Selon vous, qu’est-ce qui peut les inciter à venir fréquenter la mission locale ?

En fait il y a 2 types de jeunes. Ceux que nous n’avons jamais vus, qui ne savent pas trop ce qu'on fait. Leur connaissance de la mission locale est très limitée. S’ils n’ont pas un copain ou quelqu'un de la famille qui a déjà eu affaire à nous, ils ne nous connaissent pas. Et il y a ceux qu'on n’a pas vu depuis très longtemps et qu'on redécouvre. Ils ne savent pas forcément qu'on peut aussi les aider sur le logement, l'apprentissage, la santé, la mobilité… 

 

Une fois qu'on a « accroché » un jeune, il entre en relation avec une personne, un conseiller, plutôt qu'avec la structure. Quand ce climat de confiance est installé, on essaie de leur montrer qu’on a des solutions pour lui. A commencer par nos actions de remobilisation, comme Jump ou « Reste deter ».

 

Vous arrivez à évaluer votre taux de réussite ?

Le taux de réussite n'est pas toujours évident à calculer parce que certains jeunes vont réagir tout de suite. D’autres, à qui on va délivrer notre message, ne vont venir que plusieurs semaines plus tard, par exemple en septembre quand ils se rendent compte qu'ils n’ont rien pour la rentrée. On sait que c'est un travail un peu long. Mais c'est la caractéristique de ce public qui n’est pas facile à récupérer. Les jeunes ne viennent pas pour nous faire plaisir, mais quand ils ont besoin.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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October 8, 8:45 AM
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Trouve ta voie vers la formation ou l'emploi

Trouve ta voie vers la formation ou l'emploi | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

La Croix-Rouge comprend trois entités distinctes. Le groupe Croix-Rouge, Croix-Rouge Compétences, en charge des formations, et Croix-Rouge Insertion, créée en 2012, qui s’occupe d'accompagnement professionnel. Croix-Rouge insertion a été retenue par l’AMI O2R pour son projet « Trouve ta voie ». Nacéra Ouriachi, chargée de projet et Gonzague Amyotdinville, directeur, expliquent le principe de cette action déployée depuis mars sur le territoire de l’agglomération de Pau et plus récemment sur le Pays basque intérieur.

 

Pourquoi avoir répondu à O2R ?

Notre structure principale est un atelier chantier d'insertion, nous sommes sur l'insertion par l'activité économique. Initialement, Croix-Rouge Insertion a été créée pour permettre une logique de parcours entre les personnes accueillies dans les épiceries sociales, les « vestiboutiques », pour du soutien scolaire, et qui se rendaient utiles en faisant du bénévolat. Les personnes acquéraient des compétences pendant ces activités, mais elles n'arrivaient pas suffisamment à les valoriser pour les faire figurer dans un CV ou les mentionner lors d’un entretien avec un recruteur. C’est pourquoi la Croix-Rouge a créé cette passerelle, une étape professionnalisante pour accéder à un emploi durable ou une formation qualifiante pour les personnes en grande exclusion

 

Aujourd’hui, dans le cadre O2R, on est en lien avec les unités locales de la Croix-Rouge qui sont au plus près du terrain. Ce sont elles qui font des maraudes, des accueils de jour, qui gèrent les épiceries sociales, etc. Par l'intermédiaire des bénévoles, elles repèrent des personnes susceptibles d’intégrer « Trouve ta voie. » Donc le repérage se fait via les actions de solidarité portées par la Croix-Rouge ou par d'autres acteurs de solidarité quand elle n'est pas présente, comme les Restos du cœur ou le Secours Catholique.

 

Trouve ta voie, est-ce une nouveauté pour vous ?

Avant O2R, nous avions le dispositif « Action avenir », dans le cadre du PIC 100% inclusion, qui présentait quelques similitudes avec « Trouve ta voie », mais avec un sourcing des personnes moins présentes dans des actions d’aller vers. Donc nous avions déjà expérimenté une action avec laquelle nous avons remobilisé et accompagné plus de 100 personnes en 2 ans. « Trouve ta voie » s’inscrit dans la continuité, en consortium avec l’AFPA, et en lien avec les unités locales de la Croix-Rouge.  Un des mots-clés aujourd'hui du projet associatif national de Croix-Rouge c'est « relever », et donc ça participe pleinement à ce souhait d'aider à relever des personnes par un soutien de la Croix-Rouge.

 

Pour déployer le dispositif, il a fallu d’abord le faire connaître, il y a eu toute une phase d'apprivoisement. Certains intervenants l’ont très bien accueilli, d’autres un peu moins parce qu’ils sont déjà présents sur le territoire et nous considèrent un peu nous rajoutant à des actions existantes. Il faut du temps. Maintenant nous voyons des acteurs revenir vers nous alors qu’ils ne s’étaient pas montrés intéressés au début. Notre message c’est d’expliquer au contraire que nous sommes complémentaires, que nous apportons un accompagnement renforcé.

 

Est-ce que vous visez un public particulier ?

Aujourd’hui on est sur des publics « de rue », d'où les maraudes, les accueils de jour, etc. Tous les âges sont représentés, toutes les catégories sociales, c’est un public assez large

 

Pour effectuer le repérage, avez-vous mis en place des choses particulières ? 

Nous utilisons les ressources internes à la Croix-Rouge, les bénévoles qui nous orientent des personnes. A nous de vérifier, en lien avec France Travail, si elles ont le profil pour entrer dans le dispositif. Nous avons également fait des présentations auprès de divers organismes. Et comme nous sommes mieux connus maintenant, nous faisons moins de repérage qu’au début. On reçoit aussi des personnes qui nous ont découvert avec notre flyer ou nos cartes de visite. Sur le Pays basque intérieur, on s'appuie sur les secrétariats de mairie et les élus. En zone rurale, les maires ont une connaissance assez fine de leurs administrés et de leurs besoins. Ils nous mettent des locaux à disposition pour faire nos entretiens. Nous sommes également en contact avec le Secours Catholique et son « fraternibus », un camping-car aménagé pour recevoir du public. On essaie d’aller au plus proche des gens, mais on ne va pas jusqu’au domicile, on trouve ça trop intrusif. Le repérage se fait aussi, et de plus en plus, par le bouche-à-oreille.

 

En quoi consiste la remobilisation ?

La remobilisation repose sur quatre piliers. Le premier est un partenariat avec l’AFPA qui propose des modules pour travailler sur l’estime de soi. Ensuite, nous avons voulu utiliser notre marque Croix-Rouge afin de proposer aux personnes repérées de participer à une formation aux premiers secours. Le troisième axe, c'est le bénévolat, l'engagement solidaire. Nous partons du principe que si les personnes « accrochent » avec nous, elles vont s'intéresser à ce qu'on fait et intégrer nos équipes de bénévoles. 

 

Enfin quatrième axe, c'est la dimension artistique. On pense que toutes ces personnes qui se sentent exclues, ont des talents artistiques. C'est un moyen d'expression qui est peut-être plus accessible pour eux, que ce soit par la pratique d’un instrument, de la photographie, du chant, etc. On s’est inspiré de l’unité locale de Bayonne, et du Secours Catholique qui mettent à disposition un atelier d'art aux personnes à la rue, pour qu’elles viennent s’exprimer. Tous les ans, ils organisent une exposition avec les œuvres produites

 

Comment se déroulent vos parcours ?

Notre objectif est de ramener les bénéficiaires dans le droit commun en cinq mois. À partir du repérage, puis la remobilisation et l’accompagnement, nos parcours vont de trois à six mois, en entrées sortie permanentes. Nous devons avant tout les sécuriser sur le plan administratif, avant de passer à la phase de remobilisation et d’accompagnement.  Il nous arrive de faire les deux à la fois, mais c’est toujours au cas par cas, chaque personne est différente, avance à son propre rythme. Quelqu'un qui a connu la rue pendant des années, on ne le remobilise pas en un coup de baguette magique. Il faut du temps, cinq mois c'est très court, même si c’est toujours ça de gagné pour rebondir. En revanche, on n’aura pas la possibilité de faire des parcours d’un an et plus. Au bout de six mois, on échange avec France Travail pour savoir si on maintient ou pas une partie de notre accompagnement. Si on ne va pas au bout, il y a le risque de revenir à la case départ.

 

À quel moment parlez-vous projet professionnel ?

Le premier jour quand on les reçoit, on leur présente le dispositif et on leur demande s’ils ont un projet professionnel. Mais surtout, on commence par leur demander ce qu'ils ont fait par le passé. Et on arrive petit à petit au projet professionnel. Il faut rester dans la souplesse, ne pas heurter, accompagner la personne jusqu'à ce qu'elle trouve sa posture et ce qu'elle veut réellement faire. Sans pour autant l’influencer en lui faisant des propositions. On lui laisse le temps de prendre ses marques.

 

Quelles sont les perspectives d’un tel projet ?

Il est très enthousiasmant de chercher à raccrocher des personnes qui en expriment le besoin. Pour autant, il peut y avoir quelques points de vigilance dans l’action. Le premier, c'est qu’il nous semble que des dispositifs similaires ont été portés ou restent portés par d’autres associations, et ça peut créer de la confusion sur le territoire et chez les personnes. Ensuite, chercher des “invisibles” en milieu rural est très complexe. Le troisième point, c'est un besoin de renforcer la communication avec France Travail, pour vérifier l'éligibilité des publics et la transmission des situations en fin de parcours O2R. Il y a un risque de doublon qui peut avoir comme incidence de perdre les personnes remobilisées.

 

Selon vous, que faudrait-il améliorer dans le dispositif ?

Vraisemblablement avoir davantage de souplesse dans la durée du parcours et la relation avec les institutions de droit commun qui prennent le relais. Pour certaines personnes, ça peut aller très vite, pour d’autres beaucoup moins, quand ils ont des grosses problématiques, des faibles moyens financiers, ou une mauvaise maîtrise du français… Avec les bénévoles, on a mis en place beaucoup de choses pour accélérer le rythme, mais ça n’est jamais suffisant. Il faudrait pouvoir mettre en place des parcours plus longs

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://pro.cap-metiers.fr/politiques-publiques/la-place-nouvelle-aquitaine/

 

 

 

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July 17, 2:31 AM
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Aux racines de l'insertion

Aux racines de l'insertion | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

L’Association Lieux Accueil Insertion Jardins Environnement (Alaije) est située à Brantôme en Périgord (Dordogne), dont Fabrice Suau est le directeur. Elle compte notamment le « jardin botanique d’insertion », un atelier chantier d’insertion (ACI). En 2024, elle a présenté un dossier à l’AMI O2R, pour le compte d’un consortium regroupant d’autres structures d’insertion du département. Annabelle Bravin est accompagnatrice socio-professionnelle et référente du dispositif baptisé « Mobilis'actions. »

 

Quelle est l’origine de Mobilis’actions ?

Nous faisons partie du Collectif Relais Insertion Dordogne (CO.R.I.DOR). On a l’habitude de se rencontrer régulièrement pour mettre en place des projets communs. L’ami O2R a été évoqué lors d’une de ces réunions, et plusieurs structures du collectif se sont montrées intéressées, puisque cela correspondait à des missions connexes à nos métiers. Nous avions des compétences et des savoir-faire, comme l’AFAC 24 qui menait déjà un projet similaire auprès des jeunes. On trouvait pertinent de nous engager dans ce projet pour aller toucher ces publics profil O2R, pour lesquels nous n’avions pas de solutions parce qu’ils n’étaient pas disponibles immédiatement pour un contrat d’insertion. On ne disposait pas d’une sorte de sas pour les accompagner.

 

Vous voulez dire que vous avez dû vous adapter à de nouveaux profils ?

Notre réponse se base sur des publics dont la particularité est qu’ils ne sont pas inscrits à France Travail, ni bénéficiaires du RSA. Donc d’ores et déjà, ils ne peuvent pas, en principe, être orientés chez nous. On voulait pouvoir intégrer ces personnes en fonction de leur projet. À la marge, certaines pourraient correspondre à nos profils d’ACI, mais globalement la majorité des gens que nous visons ne sont pas prêts à intégrer une structure d’insertion. Ils ont besoin d’une phase de remobilisation et de levée des freins, avant de signer un contrat.

 

Comment avez-vous abordé le repérage ?

Nous ne faisions pas du tout de repérage au sein de notre atelier chantier d’insertion. On n’allait pas chercher les salariés, puisqu’ils nous étaient orientés. Quelques candidatures spontanées nous étaient adressées, des profils non-inscrits, que l’on redirigeait vers le service public de l’emploi. Avec O2R, pour mener notre repérage, nous avons commencé par créer des supports de communication communs au consortium, pour expliquer ce qu’on proposait en matière de remobilisation et d’accompagnement. Nous avons présenté le dispositif à des partenaires qui pouvaient avoir ce type de public dans leurs effectifs, que ce soient des assistantes sociales, des communes, des associations caritatives, des centres sociaux, des accueils jeunes, des missions locales, etc.

 

Quelle est votre approche ?

Notre stratégie est plutôt basée sur les partenaires. Nous partons du principe que la relation existe déjà entre eux et leurs usagers, nous ne voulons pas nécessairement interférer. Notre souhait, c’est que le partenaire comprenne bien l’enjeu du dispositif, transmette l’information et, si possible, travaille l’adhésion de l’usager. Nous intervenons ensuite pour proposer une rencontre dans un lieu adapté, le site d’une association, un centre social, etc. Nous pensons que ça a beaucoup plus de sens de passer par la relation en cours. Dans le principe, nous préférons que ce soit la personne qui vienne vers nous, et nous nous rendons disponible pour elle. 

 

Où se déroulent vos entretiens ?

Dans un lieu neutre, une association, mais ça peut aussi être dans nos locaux. Si nécessaire, on peut aller chercher les gens chez eux. Chaque structure effectue son propre repérage. On est répartis géographiquement, sur l’ensemble de la Dordogne, on est assez éloignés les uns des autres et donc on repère sur nos territoires respectifs. Chacun gère toutes les actions sur son territoire. On partage des outils, on a des échanges, mais après chaque pro a son approche, sa méthode et gère toutes ses actions sur son territoire. Il faut surtout que ça ait du sens pour les bénéficiaires, qu’ils soient reçus par un intervenant de proximité.

 

Avez-vous des limites en matière de durée du repérage ?

Au bout de six mois de déploiement, nous n’avons pas assez de recul. Pour certains nous savons que ça peut prendre du temps, mais que potentiellement ils nous recontacteront. C’est à eux de prendre la décision. Si nous n’avons pas de nouvelles, nous les relancerons sans doute. Le plus important est de poursuivre la mise en confiance, rassurer la personne, se voir sur un autre lieu, susciter son adhésion. Il faut lui laisser le temps de maturer, on essaie d’apprécier ça en fonction de la personne.

 

Comment se fait l’accueil dans le dispositif ?

Une personne est dans le dispositif à partir du moment où il y a eu contractualisation officielle. Au début on a tâtonné parce qu’on devait composer avec des problématiques administratives O2R. Maintenant on essaie de signer avec la personne aussi rapidement que possible, après deux ou trois rendez-vous. On lui demande de se rendre disponible sur des temps réguliers, c’est la première étape. Et de se contraindre à participer à des temps collectifs coconstruits, sur la base de leurs centres d’intérêt. On essaie de faire le lien avec nos supports. S’il n’y en a pas, on propose des activités entièrement différentes.

 

Vous organisez des temps collectifs ?

Certaines structures du consortium organisent déjà des ateliers de remobilisation, elles possèdent ce savoir-faire. Ce n’est pas quelque chose qui nous est inconnu. Pour l’instant, on n’a pas eu besoin de solliciter de partenaires extérieurs. Nous proposons des temps d’ateliers communs en regroupant plusieurs bénéficiaires, sans leur imposer. Il nous paraît difficile de réfléchir à un fonctionnement de groupe sur la durée du parcours, on ne cherche pas à créer une dynamique de promo. Et compte tenu du rythme des entrées sorties, on ne peut pas juger du nombre de personnes que nous aurons à un moment donné. Le principe d’un suivi individuel, avec ponctuellement des temps collectifs, pour l’instant c’est la formule la plus adaptée.

 

Ces temps ne pourraient-ils pas être organisés au niveau du consortium ?

Avec les acteurs du territoire, on s’est questionné sur la mise en commun des ateliers de remobilisation, en fonction de ce que chacun sait faire, des besoins des gens. Mais en pratique les temps collectifs communs sont difficiles à imaginer, notamment à cause des distances. Entre Bergerac et nous, c’est un heure quinze de route. À terme, ce sont des choses qui vont peut-être émerger, nous pourrons nous appuyer sur des compétences très spécifiques de certaines structures, comme la médiation équine chez APES 24. On pourra peut-être constituer des groupes à l’échelle du département.

 

Qu’en est-il de la remobilisation ?

Pour nous, tout est remobilisation. À partir du moment où la personne vient aux premiers entretiens, elle est déjà dans la remobilisation et l’accompagnement. Même si on se rencontre pour parler d’un problème administratif. Dans notre méthodologie, on travaille tout à la fois, la levée des freins, les difficultés de santé, administratives, de logement, de mobilité. Et, en parallèle, on fait des activités ensemble. Si on voit que parler d’emploi trop vite risque de faire perdre la relation, on va un peu décaler. Si on peut réduire la durée globale d’accompagnement, ça nous permettra de recevoir plus de personnes.

 

Est-ce que vous cherchez à faire passer les bénéficiaires par vos structures d’insertion ?

Ça dépendra des cas. Pour certains, il nous semble nécessaire de profiter de cette continuité d’accompagnement que propose un chantier ou une entreprise d’insertion. Cela peut être un moyen de poursuivre la levée des freins si elle n’a pas été complétée. Et aussi de s’assurer que les personnes peuvent être à l’heure, respectent des consignes, admettent l’autorité, en travaillant ces aspects en interne pour que la personne soit la plus employable possible à l’avenir. Pour ces publics, passer d’une inactivité longue à un rythme à 35 heures, c’est compliqué. Donc le passage en SIAE permet de temporiser, et sécuriser le parcours. Mais ça ne sera pas le cas pour tout le monde.

 

Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?

Pour Alaije, on vise des volumes d’accompagnement modestes, un objectif de quatre accompagnements par an. Pour l’ensemble du consortium, on est pour l’instant sur une dizaine d’accompagnements. La remobilisation et l’accompagnement se font étape par étape, en visant la levée d’un frein en particulier, en sollicitant un partenaire hors consortium qui peut nous aider à le faire, un centre social ou autre. C’est un peu la culture que nous avons déjà avec l’ACI. On traite tout ce qui entre dans nos compétences, et dès que c’est plus de notre ressort, on oriente vers des partenaires. Ce qui nous guide dans tous les cas, c’est l’intérêt de la personne.

 

Depuis le démarrage du dispositif, avez-vous eu des surprises ?

La plupart des retours des partenaires sont positifs. C’était un peu un pari, on se demandait si on allait pouvoir repérer et capter des profils. Et si on allait pouvoir les faire adhérer à la démarche. Mais les retours sont bons, parce que ça répond à un vrai besoin.  La dimension rémunération ajoute beaucoup à la balance aussi. Sur les personnes rencontrées, au moins la moitié ont des pathologies, des difficultés cognitives, des troubles du neuro développement, ou des psycho pathologies, on ne s’y attendait pas spécialement. C’est un vrai handicap pour l’accès à l’emploi, parce que ce sont des gens très perturbés. Mais notre constat reste parcellaire, compte tenu du nombre limité de gens repérés et de ceux qui sont entrés en accompagnement.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

https://pro.cap-metiers.fr/politiques-publiques/la-place-nouvelle-aquitaine/

 

 

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Partenaires pour les invisibles

Partenaires pour les invisibles | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

La Maison de l'Emploi et de la Formation du Thouarsais (MEF) regroupe la mission locale, la Maison de l’Emploi et le Comité de Bassin d’Emploi. En 2024, elle a répondu à l’AMI O2R en consortium avec le CCAS, Porte Ouverte Emplois (POE) et la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS). Trois conseillers (MEF, CCAS, POE) travaillent ensemble sur le projet, dont Emmanuelle Renard pour la MEF.

 

Comment s’est faite la mise en place de votre projet ?

Sur notre territoire, il y a énormément de partenaires, beaucoup d'actions qui sont menées. L'idée c'était de pouvoir faire le lien entre ces partenaires. Le dispositif a été vraiment très bien accueilli, puisqu’il répond bien aux besoins du territoire sur le logement, la mobilité, la santé et les freins vers l'emploi. Début décembre, on a commencé par trois mois de construction d'équipe parce qu’on ne se connaissait pas, et on voulait se mettre d’accord sur notre fonctionnement. On a lu la convention pour comprendre exactement ce qu'on attendait de nous. Cette période nous a servi à travailler le partenariat, créer des groupes de travail et des ateliers de remobilisation, imaginer quels outils mettre en place. Mais aussi de rencontrer des gens, invisibles ou décrocheurs, qui pourraient être amenés à rentrer sur le dispositif.

 

Quel type de questions vous posiez-vous au départ ?

Nos plus grosses interrogations tournaient autour du profil du public. On se demandait si des jeunes de seize ans pourraient intégrer un groupe avec des personnes de quarante. Pareil au niveau de la rémunération spécifique à ce dispositif, on a encore beaucoup de questions. Également pour les personnes étrangères, à savoir est-ce qu'on allait pouvoir faire entrer des personnes qui avaient juste un récépissé ou est-ce qu'il fallait attendre qu'elles aient vraiment l'autorisation de rester sur le territoire. Sinon, est-il possible de faire entrer des personnes qui ont déjà un accompagnement ?

 

Vous êtes partis sur quelle base ?

Notre discours c’est que nous accompagnons tous publics à partir de 16 ans, très éloignés de l'emploi, qui n'ont pas d'accompagnement, ou qui sont décrocheurs de leur accompagnement. Par exemple, ils peuvent être connus de la mission locale, mais leur conseiller ne les a pas vus depuis quelques mois. On vérifie si les personnes sont prêtes à venir à trois rendez-vous par semaine, un entretien individuel et deux ateliers collectifs.

 

Sur la convention on a un objectif de trente à trente-cinq personnes sur l'année, on n'avait pas vraiment de chiffre, à part cet objectif, mais on s'est rendu compte très rapidement que très peu de gens ne sont pas du tout accompagnés. Il en existe tout de même, on fait du repérage d'invisibles, mais pas au tant qu'on aurait pu le penser. Cela dit, nous n’en sommes qu’au début.

 

A quoi ressemble votre repérage ?

Mes collègues n’ont pas assez de temps pour se rendre sur le terrain. Ils n’ont qu’une journée par semaine à consacrer au projet. Une fois par mois, j'interviens auprès d’associations caritatives comme les Restos du Cœur, le Secours populaire, la halte du cœur, le CAARUD Aides. Je vais sur le quartier prioritaire pour participer à des « cafés parents. » J’essaie de toucher un maximum de personnes. Je suis souvent avec un collègue de la mission locale qui s’occupe des jeunes, et moi des adultes. On fait aussi des permanences sur les aires des gens du voyage.

 

Comment vous vous adressez aux personnes que vous repérez ?  Nous accompagnons des personnes vers l’emploi, mais elles ne croient pas du tout en elles. Dès qu'on leur parle emploi et travail, leur regard se ferme, elles se détournent, elles disent que ce n’est pas pour elles. Je préfère leur expliquer que je suis là pour les accompagner dans leur projet de vie, leurs besoins, leurs envies, dans les domaines de la santé, de la mobilité, du logement. Dans ces moments de repérage, on cherche d’abord à créer du lien. 

 

Ceux qui sont partants pour le projet me contactent et je les reçois dans mon bureau. S’ils ne sont pas prêts à venir dans une institution, on peut se retrouver ailleurs, dans un lieu public. Lors de ce premier rendez-vous, ils me parlent de leur parcours, de ce qu'ils ont envie de faire. On se voit une deuxième fois pour que je leur réexplique O2R et ce qu'on peut faire ensemble, parce qu'en fait la première fois ils ne m’écoutent pas vraiment. On se voit une troisième fois pour la partie administrative. Chaque mois on organise un petit déjeuner qui officialise l'entrée sur le dispositif. Dans l'idéal les anciens O2R entrés le mois d'avant y participent pour un moment de partage d'échanges avec les nouveaux, pendant lequel ils peuvent reposer des questions, faire mieux connaissance avec nous, exprimer leurs attentes.

 

À quel moment vous sentez qu’une personne est prête à continuer ?

Une personne est mûre à partir du moment où elle vient aux trois rendez-vous. Si elle arrive à l’heure, c'est déjà un signe qu'elle est motivée. À tout moment, elle peut nous dire que finalement, elle n’est pas encore prête. Ce qui est bien avec O2R c'est que on peut vraiment adapter à chaque situation de vie, à chaque environnement familial.

 

Comment organisez-vous la période de mobilisation ?

La période de remobilisation dure cinq mois au plus. Pendant ce parcours, on s’efforce de faire acquérir aux participants un minimum de savoir-être. On leur propose des ateliers de jardinage, des ateliers de gestion de budget, des balades culturelles, etc. Beaucoup nous demandent aussi de travailler la mobilité et la santé. Nous avons également un atelier « bouge avec O2R » dont le principe est de montrer que dans sa vie quotidienne, lorsqu’on fait des courses ou du ménage, on se met déjà en action. Nous n’avons pas l’ambition d’être des coachs sportifs, ou des diététiciens. Le principe est d’être ensemble, d’échanger. Certaines personnes ont juste besoin de reprendre confiance en elles avant de repartir. Au cas où la personne n’est pas prête au bout des cinq mois, on imagine qu’il sera possible de continuer le parcours jusqu'à douze mois. Donc on a tout de même une petite marge.

 

Vous avez prévu de constituer des groupes ?

On va tester de les intégrer à des groupes existants, mais je ne pense pas que tout le monde soit prêt à intégrer un collectif. On sera probablement obligés de revenir à du suivi purement individuel, ou seulement des ateliers O2R. Quand on organise nos petits déjeuners, on observe comment se comportent les gens. Notre public ce sont vraiment des personnes très éloignées de l'emploi et de la vie sociale, on ne sait pas trop comment elles peuvent réagir. On pense que mixer les groupes pour des activités comme le jardin ou le sport, ça peut fonctionner. 

 

Quand parlez-vous du projet professionnel ?

J'en parle déjà lors des trois premiers rendez-vous. Souvent ce sont les gens qui abordent le sujet. Quand on parle de mobilité, de logement ou d'aller voir un médecin, de prendre soin de soi, ils finissent souvent par me dire qu’ils veulent travailler. Dès ce moment-là, je leur demande ce qu'ils veulent faire, en essayant dans un premier temps de ne pas prendre en compte leurs freins en termes de mobilité ou de garde d'enfants, etc. En fait il faut faire émerger les compétences, ça se fera par le biais de la remobilisation parce que tout est transversal. On parle du projet pendant la phase de repérage, mais c'est vrai que les premiers ateliers de remobilisation ne sont pas du tout axés emploi, seulement sur la vie quotidienne. On échange beaucoup sur l'hygiène de vie.

 

Vous avez rencontré des choses surprenantes ?

Avant j’étais commerçante. Au début ça a été un petit peu difficile, aussi bien pour eux que pour moi, parce qu’il y a beaucoup de gens que je connais. Certains étaient un peu gênés, et n’avaient pas envie qu'on sache qu’ils venaient à la banque alimentaire. Petit à petit, ils viennent vers moi, je suis mieux identifiée. J'avais imaginé rencontrer surtout des personnes en grande détresse et en grande précarité, mais je vois plutôt des personnes, certes éloignées de l'emploi, mais qui se débrouillent, sont insérées, ont un logement. On a aussi beaucoup de familles avec des enfants en situation de handicap, je ne m'y attendais pas du tout.

 

L’accompagnement va consister en quoi ?

Au bout des cinq mois de remobilisation, ils s’inscrivent à France travail qui les formera aux techniques de recherche d'emploi, à la création d’un CV, puis qui les orientera vers la structure la plus adaptée à leur accompagnement. On reste présent, on ne les lâche pas d’un coup. Cependant on ne se substitue pas à l'accompagnement. L'idée générale est de poursuivre ce suivi peut être une fois par mois ou tous les quinze jours, et ça pendant quatre mois. Nous prévoyons même, vers la fin du parcours de remobilisation, de leur proposer des visites et des stages en entreprise, des immersions, des rencontres avec des recruteurs.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs de l'AMI O2R et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine :

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February 13, 4:27 AM
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La surface de remobilisation

La surface de remobilisation | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Remise en jeu est, à l’origine, une histoire bretonne. Créée à Lorient en 2012, puis étendue un peu partout en Bretagne, l’objet de cette association est d’utiliser le sport pour remobiliser les jeunes en difficulté et leur redonner l’envie de se construire un avenir. Son fondateur Robert Salaün, a mené une longue carrière de professeur d’EPS et de footballeur, ainsi que d’éducateur sportif au sein d’un IME à Poitiers, auprès d’un public connaissant des difficultés à la fois psychologiques et mentales. Cette expérience de plusieurs années l’a convaincu que malgré leur handicap, ces jeunes avaient du potentiel et que ceux qui réussissaient en sport collectif s’en sortaient mieux dans la vie professionnelle.

 

« Quand vous faites du sport collectif tous les jours, il y a plein de choses que vous arrivez à gérer. Déjà, physiquement, vous êtes mieux. Un match de foot, c'est un travail psychomoteur qui agit au niveau de l’équilibre, de la coordination, de l'orientation dans l'espace et dans le temps. Tous ces éléments, vous les travaillez en permanence. De plus, quand vous voulez faire du sport collectif, vous devez savoir gérer vos émotions et votre frustration, parce que ça ne se passe jamais comme vous avez envie. »

 

C‘est après son départ à la retraite que Robert Salaün a décidé de passer de la théorie à la pratique en créant Remise en jeu. Son principe, partir de l'intérêt du jeune pour le football afin de le mobiliser et lui faire travailler tous les éléments nécessaires à une entrée dans la vie professionnelle. Alors qu’il n’a a priori que peu de motivation pour le monde du travail.

 

Le football comme matière principale

 

Toute la partie physique est basée sur le football, mais également les cours de français (les articles de l’Equipe et de France football), de mathématiques (les classements, la durée des matches), de géographie (où se trouvent les clubs français et européens ?). Il existe une corrélation entre ce qui se passe sur un terrain et ce qui se passe en cours. « Un gamin qui a un ballon dans les pieds et qui veut faire une passe a le même problème, sur le plan mental et psychomoteur, que celui qui tient un crayon et qui veut tracer des lettres. La trajectoire de la passe ou la lettre est déjà dans sa tête, avant qu’il réalise l’action ».

 

La formation dure huit mois, elle est suivie par des groupes d’une quinzaine de jeunes de 16 à 25 ans, et débute généralement en octobre-novembre, pour se terminer en mai.  Le parcours compte deux grandes périodes distinctes. Les quatre premiers mois consistent en une immersion complète, avec une discipline de vie assez stricte pour des jeunes plus habitués à se coucher à trois heures du matin qu’à être présents sur un terrain à neuf heures. La journée est consacrée à la remise à niveau scolaire et à un premier travail sur le projet professionnel.

 

À partir du quatrième mois est abordée plus en profondeur la dimension professionnelle, avec des visites et des stages en entreprise. « La grande majorité des jeunes qui sortent de chez nous sont envoyés vers les métiers du bâtiment ou de la vente. On en a aussi beaucoup qui s’orientent vers les métiers du sport, à qui on fait passer ou un CQP sport, ou un BPJES en alternance. En Bretagne, quelques-uns de nos éducateurs ont suivi toute la filière chez nous. Ils ont été stagiaires, ont fait un CQP sport en alternance puis un BPJEPS, avant d’être embauchés par l’association. »

 

Aucun profil type, les participants vont du MNA originaire d’Afghanistan ou d’Ukraine, au jeune de Guéret ou de Limoges qui a échoué à la faculté de sport et vient préparer un BPJEPS. Tous les parcours sont individualisés, le seul critère d'entrée est d’être un jeune en grande difficulté. Sur le plan sportif, pas de prérequis non plus, aucune obligation de savoir jouer au football ou même de pratiquer un sport régulièrement. Chaque plateforme constitue une équipe, dans laquelle il peut y avoir des footballeurs de très bon niveau et des jeunes qui n’ont jamais tapé dans un ballon. Le but est de créer un groupe où chacun trouve sa place.

 

« Dans ma carrière d'éducateur j'ai rencontré pas mal de gamins, et je n’en ai jamais vu deux pareils. Quand on a débuté, l'âge moyen des participants chez nous était autour de 21-22 ans. Aujourd’hui c'est plutôt de 17-18 ans. C’est peut-être dû au fait que les dispositifs d’accompagnement, par exemple à la mission locale, ont moins de problèmes à placer les publics avec une certaine maturité. Dans ce cas, ils ont moins besoin de nous, mais davantage pour les plus jeunes. C’est aussi le reflet de ce qui se passe ailleurs, y compris dans les lycées. »

 

Les filles représentent entre 10 et 15% des effectifs, à peu près la proportion des licenciées à la fédération de football. Si elles ne sont pas plus présentes, c’est en partie en raison d’obstacles culturels. Dans certaines cités à dominante étrangère, il leur est difficile de fréquenter des structures où se trouvent une majorité de garçons. L’association a tenté de trouver une solution, en mixant le football et l’équitation, pratique à dominante féminine. Mais sans succès. Cela dit, ses actions restent ouvertes aux filles, qui y réussissent très bien.

 

Quand l’association envisage de s’implanter sur un territoire, elle commence par contacter tous les clubs sportifs et leurs dirigeants, pas forcément que dans le domaine du football. Ensuite, elle contacte les CCAS, les éducateurs de rue, surtout dans les grandes villes, où il existe une proportion assez importante de jeunes suivis par les services judiciaires, SPIP et PJJ.  

 

Remettre les jeunes sur de bons rails

 

Le repérage effectué par ces partenaires permet de toucher les publics qui ne sont pas déjà suivis par d’autres opérateurs. Sur l'ensemble des plateformes Remise en jeu, un peu plus de 60% des participants sont inconnus des dispositifs d'insertion. Initialement, les missions locales, qui sont toujours associées, envoyaient des jeunes à Remise en jeu. Aujourd’hui, le circuit est en quelque sorte inversé, puisque les jeunes qui ne sont pas retenus par l’association sont redirigés vers une mission locale.

 

« Pour monter un groupe nous avons procédé de diverses façons. À une époque, on annonçait notre arrivée, on tenait des informations collectives, puis on recevait une trentaine de jeunes en entretiens individuels. Quand il fallait en choisir une quinzaine, nous n’avions pas de critères d'entrée. Maintenant, nous annonçons notre arrivée et nous prenons les quinze premiers inscrits. » Ce processus est plutôt efficace, puisque la présence en formation dépasse les 90%. Lorsqu’il y a abandon, c’est au tout début du parcours, parce que le jeune s'aperçoit que ce n’est pas un club de vacances, mais qu’on lui demande de travailler son endurance, sa vitesse, sa technique. Et ça n’est pas de tout repos, le rythme est parfois trop soutenu.

 

En Nouvelle-Aquitaine, Remise en jeu se déploie depuis 2023. Elle est présente à La Rochelle, Niort, Poitiers, Angoulême, Limoges et Guéret. Chaque structure compte au moins deux salariés, des encadrants titulaires d’un brevet d'état, pour accueillir une quinzaine de jeunes par promotion. De plus, un coordinateur est attaché à des trios de structures, il passe une journée par semaine sur chaque site. Il se charge du suivi individuel des jeunes, de leur évolution, des problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Il effectue également la recherche des stages. Tous sont des permanents de l'association, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de salariés.

 

L’association compte poursuivre son développement, en fonction des sollicitations. « Nous sommes en train de chercher d'autres approches. Par exemple, certains clubs importants de la Région nous ont contacté pour monter une structure en interne. Ils mettraient à disposition les deux éducateurs, et nous fournirions le contenu et la pédagogie. Et puis financièrement nous pourrions trouver un arrangement. Nous aurions très bien pu aller en Normandie ou en PACA, nous avons eu des demandes un peu partout. Mais nous restons une petite association, et pour aller plus loin, il faudrait qu’un opérateur plus important prenne la main. »

 

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May 23, 2024 9:36 AM
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Les compétences avant le handicap

Les compétences avant le handicap | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

En 2021, APF France handicap Gironde (anciennement Association des Paralysés de France) constatait que certaines personnes en situation de handicap, même formées, n'avaient pas accès à l'emploi. Et surtout avaient renoncé à une vie professionnelle du fait de la difficulté rencontrée à trouver des postes adaptés à leur situation. Face à cette forme d'injustice, l’association a imaginé « Boostons les talents », un programme d’un mois à destination de publics avec tous types de handicap. Financé à l’origine par AG2R La Mondiale, il a été porté sur fonds propres par l’association pendant un an, puis par le FSE.

 

Autre observation, aucun des acteurs intervenant dans le champ du handicap ne proposait alors d’actions collectives adaptées à son public. Cap emploi ou l’AGEFIPH animaient des ateliers autour des techniques de recherche d'emploi, comment faire un CV, comment utiliser les sites en ligne. Des apports très techniques.  « Mais notre intervention ne se situe pas là, » explique Laurie Lebran, conseillère en insertion. « Nous sommes persuadés que c'est le collectif qui fait la force de notre dispositif, au-delà des handicaps, au-delà des projets professionnels et des générations. Ce qui est important, c'est que tous les participants soient en recherche d'emploi. C'est ça qui les réunit, c'est le point d'ancrage. »

 

Dans ses grandes lignes, « Boostons les talents » agit sur la confiance en soi, pousse les personnes à reprendre confiance dans leurs compétences. L’idée n'est pas d'en acquérir de nouvelles, mais plutôt de retrouver celles qu'on pensait avoir perdu. Le dispositif est venu en quelques sorte combler un trou dans la raquette, puisque les autres acteurs ne proposaient pas d'action collective autour de la confiance en soi, adaptée au handicap.

 

La volonté comme prérequis

 

Du côté des publics, deux prérequis. Avoir une RQTH ou un justificatif de handicap comme une carte mobilité inclusion ou une affection de longue durée. Et être en recherche d'emploi, ou plutôt avoir la volonté d'intégrer le marché du travail ou de la formation, de retrouver une certaine dynamique. « C’est aussi de se remettre dans un parcours puisque le public est composé de personnes qui sont en fracture de parcours. Il faut qu’il y ait une volonté à trouver, à aller vers. »

 

Aujourd'hui, le dispositif accueille des personnes entre 18 et 55 ans, potentiellement plus. Deux groupes principaux se distinguent. D’abord les 18 à 25 ans, sans expérience professionnelle, qui ont quitté l'école prématurément, généralement peu diplômés, ou qui le sont mais rencontrent des difficultés à trouver un emploi du fait de leur handicap. Ensuite, les plus de 45 ans, eux aussi peu diplômés, ou qui ont « acquis » un handicap au cours de leur vie et doivent entamer une reconversion professionnelle. Quel que soit leur niveau de formation, ils ne peuvent pas passer facilement d'un emploi à un autre. Les groupes accueillent une majorité de femmes, peut-être parce qu’elles ont moins de réticences à aborder la question de la confiance en soi.

 

Initialement, le public comportait surtout des jeunes porteurs d’un handicap moteur. Mais ce n’est plus le cas. « Nos sessions collectives accueillent entre 8 et 12 personnes, en moyenne seules deux d’entre elles ont des problématiques moteurs, des personnes en fauteuil comme hémiplégiques par exemple. En revanche, nous avons maintenant une forte proportion de personnes en situation de handicap psychique, avec ou sans troubles cognitifs associés. Le Covid a pu jouer un rôle, mais ce sont les environnements familiaux compliqués, le rapport à l’école, à l’emploi, qui expliquent plus les ruptures de parcours et les rechutes. La crise sanitaire n’a pas été la cause des troubles puisque le handicap était déjà présent. »

 

Les participants arrivent quasiment exclusivement sur prescription du service public de l’emploi, principalement les missions locales. Les autres viennent par le milieu associatif, d'autres structures du handicap qui généralement ont un volet accompagnement vers l'emploi mais pas de volet collectif, comme la fédération APAJH, l’ADAPEI ou Clubhouse France. « Nous sommes en lien avec l'ensemble des référents handicap des missions locales, qui diffusent bien l’information, y compris en interne. Chaque conseiller peut s'en saisir comme il le souhaite. Nous faisons aussi des informations collectives directement auprès des jeunes. Paradoxalement, on travaille plutôt à la marge avec France Travail et Cap emploi. La raison c'est qu'ils sont difficiles d'accès pour nous, étant donné que nous avons un petit dispositif qui accueille très peu de personnes. »

 

Les candidats sont reçus en entretien individuel pour s’assurer de leur adhésion au projet. Et vérifier que leur profil corresponde, afin de ne pas créer de déception, car certains peuvent croire qu’il s’agit d’un dispositif d’orientation professionnelle. On leur explique qu’il s’agit bien de remobilisation. « C'est important qu'il n’y ait pas de confusion. Il est arrivé que nous ayons des personnes qui n'avaient pas de projet professionnel défini et qui étaient très perdues. Elles se sont retrouvées en difficulté sur l'exercice du CV parce que, comment faire un CV si on n'a aucune idée de ce pourquoi on le fait ? Globalement, les termes que nous utilisons pour notre promotion résonnent beaucoup chez les publics qui nous sont adressés. Donc parfois le travail est déjà fait avant l’entretien. Je leur parle motivation, mobilisation et généralement la personne adhère parce que c’est la réalité qu’elle vit. »

 

Le programme s’étale sur 3 semaines, avec des dates définies par avance afin que les intervenants extérieurs calent leur venue en fonction du calendrier. C’est également plus simple pour les participants, qui peuvent ainsi se rendre disponibles. Le déroulement de chaque période est toujours le même, elle commence par un atelier de lancement et se termine par un atelier bilan. Lors de ces 3 semaines, les intervenants se succèdent sur quatre champs différents.

 

Tout d'abord des ateliers théâtre, pour travailler la prise de parole en public, le regard de l'autre sur soi, plus généralement l'expression orale. Ensuite des ateliers de socio-esthétique avec l'institut bordelais Princ’ESS, une structure de l'IAE, sur la posture professionnelle, la présentation, ainsi que la colorimétrie, qui consiste à trouver la couleur dans laquelle la personne se sent en confiance pour se présenter devant l'autre. Avec l'association Activ’Action sont abordées la capacité des personnes à rebondir à la suite d’un échec, et la valorisation des compétences. Enfin, la « Cravate Solidaire » anime des ateliers « pitch », un atelier CV et le parcours « coup de pouce », qui concerne les aspects un peu plus techniques du retour à l’emploi.

 

Recruter une compétence, pas un handicap

 

« Notre idée, c'est également d’informer les participants sur leurs droits, sur le fait qu’ils ne sont pas obligés de mentionner leur handicap sur leur CV, qu’ils ont le droit de ne pas en parler lors d’un entretien d'embauche. On leur apprend à parler de leur handicap, sachant que les personnes ont souvent tendance à tenir un long discours sur leur situation, mais pas du tout sur leurs compétences. Ce qui pose problème, puisqu'on ne recrute pas un handicap, mais justement des compétences. D’autant que nous savons qu’il peut y avoir de l’appréhension du côté des recruteurs. C’est important d’apprendre à utiliser les bons mots, ne pas trop en dire, sans pour autant tout cacher. C’est tout l'enjeu de cet atelier. »

 

Avec trois sessions par an, « Boostons les talents » a accompagné une douzaine de groupes depuis son lancement. Le dispositif a connu quelques modifications, par exemple en mettant plus l’accent sur les techniques de recherche d’emploi, à la demande des participants lors des ateliers bilans. La sophrologie, qui faisait initialement partie du programme, a été abandonnée après qu’une personne a connu un épisode de compensation, heureusement sans gravité.

 

« La bonne surprise que nous avons eue, ce sont les séances photo. Aujourd’hui elles sont intégrées au parcours Coup de pouce de la Cravate Solidaire. Cette activité fait beaucoup de bien aux participants, notamment quand on les met en scène dans des mises en situation professionnelle, par exemple en tenue de peintre entouré de ses pinceaux et pots de peinture. Se voir de cette façon leur apporte beaucoup. Cela peut sembler anodin, mais c’est le genre de petites choses qui participent à transformer l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Et ça résume bien notre objectif. »

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March 7, 2024 9:50 AM
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L’E2C Limousin ouvre ses portes

L’E2C Limousin ouvre ses portes | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Depuis une quinzaine d'années, en plus de ses activités de formation classiques, le CFPPA Les Vaseix-Bellac développe une filière insertion et cordonne des actions sur l'accompagnement au projet professionnel et à la remise à niveau. Dans le cadre d'une analyse des dispositifs existants, le centre avait constaté qu'il n'existait pas d’Ecole de la 2e Chance (E2C) en Limousin. Alors que, pour Annie Demay, responsable développement, le concept correspondait exactement aux valeurs du centre. « Nous avons l’expérience de dispositifs comme Socle de Compétences, Amorce de parcours, PAIR (Intégration Professionnelle des Réfugiés)… et on a créé une formation appelée Equilibre, qui aide les personnes à reprendre confiance en elles, en utilisant des pédagogies innovantes comme l'équimédiation, une conseillère en image, une sophrologue, une psychologue, etc. »

 

L’E2C est donc apparue comme une suite logique du travail engagé en réponse aux besoins du territoire, de disposer d’un service de proximité pour accompagner les demandeurs d'emploi vers la formation qualifiante ou l’emploi. La réflexion initiale s’est poursuivie avec le réseau national des E2C, des visites de plusieurs autres écoles en (Châtellerault, Nevers) pour échanger et s’inspirer de leurs expériences.

 

Ce travail préparatoire s’est concrétisé à l’occasion d’un appel à manifestation d'intérêt lancé au printemps 2023*, donnant lieu à la création de la nouvelle école. Il s’agit d’une entité juridique à part, qui bénéficiera de l'ensemble des supports et des centres techniques du CFPPA. Deux sites sont prévus, un en Haute-Vienne au Vaseix, l’autre en Creuse à La Souterraine où l’école sera située dans les locaux de la maison de l'emploi de la formation, qui accueille déjà tous les acteurs locaux.

 

 « Nous avons une roseraie, un atelier maraîchage, une forêt domaniale dans laquelle les jeunes vont pouvoir faire du sport, un centre équestre pour faire de l'équimédiation, un pôle économie sociale et familial pour travailler, par exemple, sur des notions mathématiques par le biais de recettes de cuisine. Avec notre théâtre de verdure nous pourrons non seulement faire du théâtre, mais aussi des cours de français en extérieur. On est vraiment dans un cadre verdoyant aux portes de Limoges, une bulle à part dans laquelle on va permettre aux jeunes de se reconstruire. Nous avons beaucoup réfléchi aux façons de leur proposer quelque chose de différent du système scolaire dans lequel ils ont vécu. »

 

Des conditions idéales pour tous

 

« Nous avons l'expérience de l’insertion, de l’apprentissage, de la formation pour adultes. Nous connaissons bien les publics, notamment les différentes formes de handicaps, les troubles dys (dyslexie, dyspraxie, les difficultés de concentration, etc. » Le centre a aménagé chaque lieu pour qu'il ne ressemble pas à une salle de cours, en allant jusqu’à faire réaliser, par un chantier d'insertion, des meubles à l’allure « domestique », afin de mettre à l’aise les apprenants. Ils sont complétés par un matériel propre à faciliter la concentration.

 

Pour lancer l’activité, les premières entrées se sont faites en groupe début mars. Les intégrations suivantes s’effectueront petit à petit en entrées sorties permanentes, pour un objectif d’une centaine de jeunes en 2024. Le parcours moyen dure 7 à 8 mois, 4 mois pour les plus courts. Mais certains jeunes pourront être accompagnés jusqu’à 18 mois. La première étape est un mois d’intégration, suivi par le parcours de formation proprement dit. Lors de cette intégration, les jeunes découvrent une diversité d'ateliers, et sont positionnés en fonction de leurs envies et de leur projet professionnel, aidés en cela par une conseillère en insertion sociale et professionnelle, à temps complet sur le dispositif. Ils pourront ainsi bénéficier d’un parcours à la carte.

 

Le programme prévoit 30 heures par semaine, à l’exception du mardi après-midi consacré aux démarches administratives, et du vendredi matin afin que les prescripteurs viennent rencontrer les jeunes et faire un suivi avec eux. Pour mettre à jour leur dossiers, ils sont en autonomie, mais le centre leur donne des consignes de travail sur leur recherche de stage, les bilans de santé, les démarches CAF et France travail, etc. « Avec notre équipe pédagogique nous avons construit et planifié un ensemble d'ateliers, par exemple de remise à niveau en français, en mathématiques, de travail en collectif, des objectifs personnels. »

 

Les stages en entreprise représentent 40% de l’ensemble. La pédagogie repose beaucoup sur les expériences et les compétences acquises lors de ces périodes. La Ligue de l'enseignement s’occupera du sport et de la partie laïcité, et des intervenants extérieurs viendront animer des ateliers dans différents domaines : des chefs d'entreprise pour la création d'entreprise, une conseillère en image, un kinésiologue, des bilans de santé avec le CRESLI (Centre Régional d'Examens de Santé du Limousin), un atelier graphe pour aborder la dimension culturelle mais aussi scientifique (recherches, application de la peinture, etc.). Rien n’est figé, en fonction des besoins, de nouveaux ateliers peuvent être créés et leur contenu modifié à tout moment.

 

Reprendre confiance en soi

 

L’E2C du Vaseix s’adresse aux publics des quartiers prioritaires, des jeunes de 16 à 25 ans (jusqu'à 30 ans pour les bénéficiaires du RSA ou RQTH), qui ont totalement perdu confiance en eux, soit en raison de problèmes scolaires, de problèmes relationnels ou familiaux. La majorité d’entre eux ne devraient pas connaître de problèmes de mobilité, puisque le centre est à proximité du réseau de transport en commun de Limoges. Le site de La Souterraine, en centre-ville est lui aussi facilement accessible. « On aimerait pouvoir rendre le service disponible à tous les jeunes qui habitent en territoire rural, mais pour l'instant ça ne sera pas le cas. »

 

« Nous organisons des informations collectives, ou on se déplace dans les quartiers pour présenter le dispositif. C’est à ce moment que l’on vérifie si les jeunes adhèrent ou pas. En général, leur conseiller leur en a déjà parlé, mais ils peuvent avoir besoin d’informations complémentaires. Ensuite, on fait un entretien individuel avec un responsable de formation et une secrétaire administrative pour passer en revue leur situation, lister les premiers freins à l'intégration en formation.  C'est un public très volatil, si on ne les intègre pas dans les 72 heures, ils sont perdus. »

 

Pour l’instant, les garçons sont majoritaires. Mais le centre ambitionne d’atteindre la parité. « On sait que les filles ont les mêmes besoins, mais ont tendance à les cacher. Elles intègrent moins les dispositifs, elles essaient de se débrouiller seules. Il va falloir faire attention à communiquer spécifiquement pour le public féminin. Il faut aller vers elles, plus que vers les garçons, dans les associations sportives et culturelles qu’elles fréquentent, utiliser les réseaux sociaux, et sensibiliser les prescripteurs. »

 

« Ce que nous voulons pour l'école c'est travailler main dans la main avec nos partenaires, que le jeune ne soit pas baladé d'un dispositif ou d'une structure à l'autre. Nous proposons le fil rouge et le prescripteur peut l'accompagner tout au long de de la formation. Notre objectif, c'est d'être un maximum sur l'individualisation. Nous ferons des projets collectifs mais il n’y aura pas d'entrée date à date. »

 

L’E2C des Vaseix n’est pas encore labellisée. Pour obtenir cette reconnaissance, elle doit d’abord faire ses preuves, notamment en accueillant une cinquantaine d’apprenants. Un audit de labellisation interviendra en avril, à l’issue duquel elle disposera d’un logo personnalisé et pourra afficher officiellement son appartenance au réseau national.

 

 

* Etat, Région Nouvelle-Aquitaine, FSE, Département de la Creuse, Communauté Urbaine de Limoges Métropole, Communauté de Communes du Pays Sostranien, Communauté d’agglomération du Grand Guéret.

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December 14, 2023 3:53 AM
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Découvrir l’entreprise micro à la main

Découvrir l’entreprise micro à la main | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Proposer à des jeunes de « désacraliser » la rencontre avec des employeurs en les transformant un temps en petits reporters, c’est la proposition de « réalise ton parcours », une action menée en 2021 par le pôle vie sociale et engagement de la mission locale de la Creuse. Public concerné, les jeunes de 16 à 25 ans, résidents de QPV, sans autre prérequis particulier.

 

Le principe de cette action est notamment de leur apprendre à mener une interview et à s'intéresser aux entreprises du territoire, puis de prendre contact avec les elles, de convenir d'un rendez-vous et de réaliser une interview filmée. Interviennent ensuite les étapes de montage vidéo, de diffusion et de communication. « Tout au long du projet nous nous sommes appuyés sur 2 partenaires médias et culturels, » précise Rébecca Rolland, responsable du pôle vie sociale et engagement. « L’association Radio Pays de Guéret, qui est intervenue sur la partie initiation à l’interview, la recherche d’information sur Internet. Et l’association Télé Guéret Vision (TGV) qui a formé nos jeunes sur la partie technique audiovisuelle, la captation, le son, les réglages lumière, le montage. »

 

À partir d’un panel d’une dizaine de portraits de recruteurs, les jeunes ont procédé à une sélection de 3 entreprises, sur la base de leur appétence et de leurs affinités. Ils ont été accompagnés dans les entreprises pour réaliser les interviews, à chaque fois consacrées à un métier en particulier. Les interviews sont programmées en fonction de la disponibilité des entreprises, ainsi que des intervenants numériques associatifs et des jeunes. Les questions sont communiquées à l’avance aux professionnels. Ils rejoignaient ensuite les locaux de la mission locale pour s’occuper de la partie montage, toujours avec l'appui de TGV, afin d’aboutir à des vidéos type reportage de 4 à 5 minutes.

 

Acte 2

 

Devant la mobilisation et l’implication des participants, la mission locale a décidé de poursuivre l’action pour un acte 2. « En lien avec la déléguée à la préfecture de la Creuse sur les questions politiques de la ville, nous nous sommes dit que nous touchions du doigt quelque chose. La vidéo fonctionne bien avec ce public-là. Nous avons alors proposé à la Région sur le volet politique de la ville et à l'Etat en local, de reconduire l'action sous sa forme « réalise ton parcours -acte 2 » ».

 

Dans ce cas, il était question de se tourner vers des entreprises signataires du pacte du contrat de ville, et de réduire la durée de la deuxième version de l’action de 4 mois à 3 semaines, en raison de la volatilité du public pour lequel l'urgence absolue est la formation et l'emploi. À l’occasion d’une réunion d’information collective, le projet a été présenté dans ses grandes lignes. Il se voulait ouvert aux suggestions des jeunes, ajusté le cas échéant aux besoins qu’ils expriment, afin que les jeunes en soient pleinement parties prenantes. L’information collective permet de lister les candidats potentiellement intéressés, de lever certaines réticences et doutes, mais surtout d’aborder les questions d’organisation, ou comment se rendre disponible pendant 3 semaines, comment se déplacer, etc.

 

« Au pôle vie sociale, nous avons vraiment à cœur de confirmer qu’aucun détail logistique ne vienne entraver les rendez-vous et ateliers programmés. Par SMS, réseaux sociaux, disponibilité jusque très tard en soirée, on recadre vraiment tout en proposant des solutions alternatives, du covoiturage, etc. Ce sont des heures de travail mais c'est ce qui fait qu'entre un nombre d’inscrits à un projet et un nombre de jeunes présents, nous avons très peu d'écart. Nous faisons du cousu main, du cas par cas, ce qui implique aussi qu'on n’adresse pas seulement un message générique aux jeunes, sinon ça ne fonctionnerait pas. »

 

L’acte 2 a été mis place début 2023, avec un groupe d’une dizaine de jeunes identifiés par les conseillers de la mission locale ou d’autres partenaires. Les jeunes étaient encadrés pendant des journées entières, ce qui nécessitait de recourir à des techniques d'animation particulières pour les garder concentrés sur des choses assez techniques.

 

« Les entreprises signataires du pacte ne sont pas si nombreuses que cela en Creuse. Nous avons bien affiné le nombre de celles vers lesquelles on se tournerait. Notre mission principale était de faire découvrir le territoire, le bassin économique et son tissu d'entreprises, pour que les jeunes fassent le lien avec leur recherche d'emploi en cours ou à venir. Ensuite, ils ont fait leur choix en fonction de leur projets professionnel et personnel. »  Les entreprises retenues étaient accessibles sans formation, proposaient des contrats d'intérim qui pouvaient éventuellement être des portes d'entrée vers l’emploi. Une située en centre-ville de Guéret, une en bordure de la commune limitrophe, la dernière à une quinzaine de kilomètres. À l’issue de l’action, l’objectif n’était pas une sortie immédiate vers l’emploi pour tous les jeunes. Mais plutôt qu’ils retiennent l’idée que les entreprises visitées pourraient les accueillir dès que leur projet professionnel est plus avancé.

 

La nécessaire implication des jeunes

 

La mission locale a pris également soin de se tourner vers des recruteurs bienveillants, qui feraient bon accueil aux candidats. Pour le reste, l’acte 2 s’est déroulé sur le même schéma que l’acte 1, avec les mêmes partenaires : initiation à la réalisation d’interviews, prise de contact avec les entreprises, tournages, montage et diffusion. « Sur les deux sessions, nous avons eu pas mal de jeunes bénéficiant d'un contrat d'intégration républicaine. Et beaucoup de femmes. La féminisation des groupes était une de nos volontés, mais je pensais qu'il serait plus difficile que ça de les attirer. Il s’avère qu’elles sont très craintives s’il s’agit d’être devant la caméra, mais très volontaires pour être derrière. »

 

Plus généralement, les actions proposées par le pôle vie sociale nécessitent une forte adhésion de la part des jeunes. Ses outils principaux sont l'accès à la culture, au sport, aux chantiers participatifs ou encore la mobilité européenne, sous forme de séjours individuels ou collectifs. En majorité, ils viennent par curiosité, parce qu’ils ont confiance dans le fait qu'ils vont apprendre quelque chose. Il est parfois la meilleure porte d'entrée pour ceux qui ne sont pas sortis de leur domicile depuis des mois. C’est un bon moyen de les accrocher avec « l'institution ». Pour assurer le succès de « réalise ton parcours », il est également nécessaire d’entretenir une très bonne communication interne auprès des conseillers qui sont les principaux prescripteurs. C'est leur expertise qui prime dans le choix des participants.

 

C’est pourquoi la première présentation du projet s’adresse aux conseillers de la mission locale. « Les actions de remobilisation ne suffisent pas toujours pour entrer en formation ou en emploi. Nos collègues s'appuient sur nous pour que nous trouvions le moyen de faire sortir un jeune de chez lui. Ils nous signalent le cas échéant les points de vigilance sur lesquels nous devons faire porter notre attention. »

 

« Pour la suite, nous tenons à conserver l'intervention de professionnels. Nous souhaitons que les jeunes travaillent à leurs côtés. Donc nous sommes toujours en recherche de financement, ne serait-ce que pour payer les factures correspondantes. Cette année nous sommes plutôt sur un projet au long cours, autour d’un club photo, toujours avec différents intervenants extérieurs. Le thème de cet hiver ne sera pas la vidéo mais la photo. »

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October 5, 2023 5:25 AM
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Reprendre confiance pour se remettre en mouvement

Reprendre confiance pour se remettre en mouvement | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Sandrine Toudic, Valérie Jourdan et Séverine Ménard sont conseillères en insertion professionnelle à l’Espace Mosaïque, le centre socio-culturel de Courçon (Charente-Maritime). Elles animent le dispositif Mobilis’action, un parcours de remobilisation destiné à tous les publics qui ont besoin de reprendre confiance en eux. Mobilis’action est financé par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation ».

 

D’où vient Mobilis’action ?

Nous avions une action précédente qui s’appelait ODAS (voir notre article ), et nous avons souhaité reprendre une partie de son contenu en y apportant certaines modifications. C'est comme ça qu'est né Mobilis’action. L'idée principale est qu’il fallait proposer un parcours d'ateliers, plutôt que de faire tous les ateliers en même temps et au même moment, de les mobiliser progressivement.

 

Quel est son principe ?

Pendant le premier mois, on s'appuie sur des ateliers pour enclencher des changements. On fait appel à des supports comme les jeux de rôle, l'activité physique, la gestion des émotions et du stress. Et puis de l'art thérapie, qui consiste à créer une sorte de carnet de bord à base de collages, de textes, un support de développement personnel. Dans une deuxième phase, on est sur « j'expérimente », avec des ateliers autour de l'image de soi, le numérique et puis toujours l'art thérapie et le sport. Et la dernière phase, c’est plutôt « j'ose aller vers » avec de la création musicale, des visites d'entreprises et de plateaux de formation, des immersions, du bénévolat.

 

Les trois phases sont réparties sur 4 mois, à raison d'environ 2 jours et demi par semaine. Nous intervenons pour introduire de la réflexion sur le projet professionnel, sur les compétences, sur la valorisation de parcours, la connaissance de soi, les différents domaines d’activité, etc. Au démarrage, nous proposons aux participants de réfléchir ensemble sur des règles de vie du groupe : prévenir en cas d’absence, respecter la parole des autres, oser parler sans être jugé. Les règles sont coconstruites, elles ne sont pas imposées. Le but est de former un collectif qui prenne en compte l'individualité de chacun.

 

Quel est votre public ?

Notre public présente des vulnérabilités en matière de santé, d'isolement, de confiance en soi. C’est pour ça que l’objectif du projet est vraiment de restaurer l'estime de soi. Dans le premier groupe, constitué en début d'année, nous avons eu 8 personnes de 26 à plus de 50 ans, sur une quinzaine orientées par nos partenaires, qui ont assisté à notre réunion d’information collective.

 

8 personnes, c’est le bon format pour qu'il y ait de l’écoute, des échanges et la mise en confiance nécessaires. Puisqu’on travaille sur l'estime de soi, les émotions, ça nécessite qu'on puisse être assez disponibles et que l’effectif soit assez réduit pour permettre de se livrer plus facilement. Nous avons constitué un deuxième groupe en septembre.

 

En matière de public, vous constatez des spécificités sur votre territoire ? 

Depuis quelques années, nous avons un public qui a subi de l'épuisement professionnel et qui se retrouve complètement démuni dans sa recherche d'emploi, de formation ou de réorientation. L'isolement et le manque de mobilité ajoutent à sa détresse professionnelle. Nous sommes en secteur rural, et les principaux bassins d'emploi sont à plus d'une demi-heure de route. Après 20 ans d’activité de notre association, on découvre toujours des profils différents, des nouvelles personnes qui n'avaient jamais franchi la porte du centre social.

 

Quel est le travail que vous effectuez sur le projet professionnel ?

Nous avons des ateliers autour de la recherche de projets, l'emploi, dès le début du parcours. On aborde la question sous l’angle des centres d'intérêt, des valeurs de la personne, leurs compétences et leurs qualités. Dans le groupe, nous avons des questionnements du genre « qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? », « je n’ai plus forcément confiance à l'entreprise, car j’y ai vécu des expériences et des moments très difficiles, allant jusqu’à un burn-out », ou « je n’ai pas d'expérience du tout. » Le sujet central est toujours « qu'est-ce que je peux faire de ma vie professionnelle ? ». C’est un problème que se posent même les diplômés que nous avons, qui interrogent le sens et l’utilité de leur formation.

 

Nous travaillons autour de la connaissance de soi, du territoire, de leur bassin de vie. Petit à petit, on aborde des notions d'emploi, de formation et de compétences. Le jeu de rôle, par exemple, consiste à se créer un personnage fictif avec lequel ils font des choses qu’ils n’arrivent pas forcément encore à réaliser dans la vie.

 

Quel est l’objectif à l’issue des 4 mois ?

L’objectif final, c’est déjà se sentir mieux, de lever leurs peurs et leurs freins face aux réalités de l’emploi et de la formation. C’est important d’être dans l'accueil et la bienveillance. Même si on parle tout de suite de projets professionnels, on ne leur met pas de pression pour ne pas engendrer de peurs supplémentaires. La pression, ils se la mettent suffisamment tout seuls. Pour eux, c’est déjà difficile de faire ce pas, de venir régulièrement, de respecter des horaires, de jouer le jeu et de faire confiance. Mais ils ont un objectif et face au groupe, ils sentent qu’ils se doivent d'être présents.

 

Pour nous, ce qui est positif c'est aussi de voir leur transformation ne serait-ce que physique, c’est-à-dire s’apprêter, prendre soin de soi et faire attention à son image, oser prendre la parole en groupe, sortir de son domicile, se socialiser.

 

Qu’avez-vous constaté que vous n’aviez pas anticipé ?

Beaucoup de personnes nous disent que grâce à cette action, elles ont repris confiance, elles ont pu oser faire des choses. C’est toujours étonnant qu’un projet comme celui-ci puisse avoir autant d'impact psychologique chez les gens. Et des résultats sur leur socialisation. Il y a vraiment une émulation dès le départ, une solidarité au quotidien, et c'est ce qui les a maintenus tout le long, parce qu’en dehors ils continuent à vivre leurs difficultés propres.

 

Les participants ne se seraient probablement pas rencontrés dans d'autres contextes. Ils ont vraiment créé quelque chose de l'ordre d'un soutien collectif. En passant par Mobilis’action, les publics sont prêts à se poser des questions sur leur avenir professionnel, tenter de nouvelles expériences en allant faire des enquêtes métier, des immersions dans des secteurs d'activité auxquels ils n’auraient pas pensé. Avant, ils ne le faisaient pas, peut-être par méconnaissance.

 

Pensez-vous qu’il faudrait apporter des améliorations à votre dispositif, et si oui lesquelles ?

Il faudrait peut-être, après l’action, organiser un atelier avec le groupe tous les mois, peut-être pendant 6 mois, pour continuer à animer leur temps collectif. C’est une source d'angoisse pour eux, surtout les plus fragiles, parce que tant qu’ils sont dans le dispositif, ils suivent un certain rythme, ils sont redynamisés, ils ont envie d'aller de l'avant, et la dynamique retombe brutalement. Ils seraient partants pour que nous organisions des temps réguliers après l’action, pour que sa fin soit moins brusque.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

 

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June 29, 2023 6:42 AM
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L’art comme révélateur de compétences

L’art comme révélateur de compétences | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

Yoann Roch est médiateur emploi et culture à la Régie de Territoire du Bassin de Brive. Il coordonne le projet Arts et Compétences, mené en partenariat avec deux autres associations, l’ASEAC 19, structure de protection de l'enfance, et « À tout venant Ressourcerie » de Brive-la-Gaillarde et Naves. Arts et Compétences est financé par l’appel à projets régional « Mobilisation vers la formation ».  

 

Pourquoi et pour quel public avez-vous lancé Arts et Compétences ?

Avec ce projet, nous voulions essayer de voir, en passant par l’activité culturelle, si on pouvait révéler des compétences qu'on ne voit pas au quotidien. C’est un projet qui nous permet d'évoluer dans nos accompagnements, et qui est totalement neuf pour nous. Le premier public visé, ce sont nos salariés en transition professionnelle, et les salariés en insertion de la ressourcerie. Ils viennent de partout sur la communauté d'agglomération, qui compte 48 communes. Pour l’instant nous en sommes à la première session, qui a duré 4 mois à raison d’une demi-journée par semaine. Son but était de réaliser un film documentaire. Nous en organiserons une autre plus tard, qui sera plus tournée sur les jeunes. Je ne sais pas encore sous quelle forme.

 

Combien de participants ?  

Le groupe était constitué de 9 de nos salariés en transition. J’ai une place un peu particulière, puisque je suis médiateur et que, en tant que tel, je fais l'étude et l'analyse des compétences qui peuvent être révélées et acquises pendant les activités proposées. Et en même temps, j’étais partie intégrante du projet. Ce qui fait que nous avions un petit groupe composé de gens qui ne se connaissaient pas, qui se sont rencontrés à cette occasion.

 

Comment avez-vous fait la sélection ?  

Nous avons réuni tous les salariés de toutes les structures, lors d’une réunion où on a proposé le projet et présenté une trame. Après, c'est sur du volontariat que les gens se sont inscrits à cet événement. On a choisi une limite de 12 à 15 personnes pour qu’on puisse les accueillir sur les ateliers. Au cas où certaines se désistaient, nous voulions être sûr de disposer d’une dizaine de participants pour qu'on ait quelque chose d'intéressant.

 

Quelle était la finalité du projet ?

Le 21 juin, nous avons fait une projection dans un cinéma, en présence de tous les salariés, y compris ceux qui n’avaient pas participé. L’intérêt était de les inciter aussi à plus s’intéresser à la culture, de casser certaines idées reçues. Surtout en ce qui concerne le théâtre. Je pense que les gens restent sur une image classique comme Molière, alors qu'au final ça a énormément évolué. Il y a beaucoup de pièces contemporaines, de concerts, de spectacles vivants. Donc c'était intéressant de leur montrer qu’ils pouvaient y avoir accès et y aller en famille.

 

*      *      *

 

Nicolas, vous êtes salarié de la régie, que vous a apporté le projet Arts et Compétences ?

Au niveau du travail, ça fait une grosse coupure. Ça nous a permis de rencontrer de nouvelles personnes. On a travaillé sur nos compétences et la confiance en soi. J’avais déjà eu une expérience dans le cadre du retour progressif à l'emploi, le dispositif expérimental qui a lieu à Brive depuis 2021, avec des sociologues qui nous ont fait faire le « théâtre des opprimés. »

 

Dans Arts et compétences, on a été accompagnés par une chorégraphe qui nous a appris à nous exprimer avec notre corps, comment faire passer les sentiments, l'envie, le non, le oui. C'était très intéressant de travailler là-dessus, sur notre expression, sur le rapport aux autres. C’était une première étape. La deuxième étape c'était de filmer et réaliser un documentaire. On était à la fois devant et derrière la caméra, on a appris la technique et on s’est aussi filmé. C’est pour ça que c'était important d'avoir travaillé avant sur l'estime de soi, sur le rapprochement corporel avec les autres.

 

Tom, vous travaillez à la « Ressourcerie Gaillarde », pourquoi avez-vous décidé de participer ?

J’ai voulu participer à l’expérience pace qu’elle sort un peu de l'ordinaire. Pouvoir être accompagné pendant 4 mois par une chorégraphe, un réalisateur, ce n’est pas tous les jours qu'on vous le propose. Et ça m'a motivé. En participant aux ateliers, on a pu voir ce que ça nous apportait, comme se rendre compte qu'on peut créer avec son corps, bouger dans l’espace, avec des gens qu'on ne connaissait pas avant. Ça peut surprendre parce qu'au début on se dit, je ne vais pas être capable, je ne vais pas y arriver, et finalement ça se fait tout seul. Et puis après, il y a eu le documentaire. Ce n’est pas simplement prendre une caméra, la poser et tourner. Il y a toute une réflexion, qu'est-ce qu'on fait ? Comment on le fait ? Pourquoi ? Comment on s'organise ? A l'étape deux, on a mis en pratique tout ce qu’on a appris au niveau de notre corps dans l'espace, de comment gérer la machine pour filmer.

 

Pour moi cette action est essentiellement basée sur l'estime de soi, la confiance en soi, la valorisation de soi. J’imagine que c'est déjà en nous. On a tous un parcours, une histoire qui fait que peut-être on l'a un peu oubliée, ou on s’est fait un peu marcher sur cette confiance en nous. Du coup, ça a permis de remettre ce sentiment à flots. On s'en rend compte tous les jours, que ce soit au boulot ou dans la vie quotidienne. Je me sens plus affirmé dans le rapport à l'autre, à mes chefs. Ça m'a aidé par rapport à la relation que je peux avoir avec l'autre, peu importe qui c'est. Comme j’ai pris confiance en moi, je peux plus facilement exprimer ce que je ressens ou ce que je veux exprimer.

 

Florence, vous venez aussi d’une ressourcerie, celle du Carnyx à Naves. Que retenez-vous de cette expérience ?

Faire des exercices avec la chorégraphe nous a permis de prendre confiance en nous et de faire confiance aux autres. On a tous des parcours plus ou moins différents. On ne s’était jamais rencontré parce qu’on travaille dans trois structures séparées. Mais on s'est mis dans le bain direct parce que nous avions le même but. Et la chorégraphe nous a tout de suite mis à l’aise. En peu de temps, ça nous a permis d'avoir une cohésion de groupe.

 

Pour le documentaire « De vous à nous », le réalisateur a gardé tout le long une part de mystère. Il n’y a pas eu de scénario imposé, il s'écrivait au fur et à mesure des ateliers, en fonction de ce qui venait de chaque participant. Ça s’est fait aussi par rapport à ce que le réalisateur a pu ressentir de chacun de nous. Nous n’avons participé qu’un petit peu au montage, parce que c’est la partie professionnelle, très technique. Il nous a montré quelques images, pour vérifier si ça nous convenait ou pas. Mais nous n’avons découvert le résultat qu’au moment de la projection. Jusque-là, nous étions un peu dans le flou.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences et du PACTE de la Région Nouvelle-Aquitaine : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

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March 9, 2023 4:09 AM
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Les multiples dimensions de la mobilisation

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Parcours Expérience 3D est une action nationale de remobilisation du réseau des Maisons Familiales et Rurales. Elle est menée, entre autres, depuis fin 2020, par le Centre de Formation et Promotion (CFP) de Champcevinel, près de Périgueux. Maelle Périot, conseillère en insertion professionnelle et chargée de vie sociale, en est la coordinatrice. Parcours Expérience 3D est lauréate du PIC 100% Inclusion.

 

En quoi consiste Parcours Expérience 3D ?

C’est une action de remobilisation qui mixe des temps collectifs et des temps individuels. On ne voulait pas proposer que du collectif, parce que ça ne correspond pas forcément à tout le monde. 3D, c’est parce qu’on prend en compte les personnes dans toutes leurs dimensions. Sa durée est de 15 mois maximum, ce qui est très appréciable, on a assez de temps pour s'adapter au rythme de chacun. On n'a pas cette pression qui peut exister dans d'autres actions.

 

La première étape de Parcours 3D consiste à prendre le temps de bien identifier les besoins et les freins de la personne. En fonction de ça, on lui propose des temps collectifs, pas forcément les mêmes pour tous (ateliers confiance en soi, cuisine, etc.). Notre souhait, c'était vraiment d'individualiser, de cibler au maximum ce qui va correspondre à chaque participant, de ne pas les mettre en difficulté parce qu’on sait que la perspective de travailler en groupe peut en faire fuir certains.

 

Quelles différences avec une autre action du même type ?

La différence c’est que nous n’avons pas d’ateliers pérennes, réguliers, qui suivent un rythme fixe. Là ce n’est pas le cas. On met en place les ateliers en fonction des besoins des personnes. C’est là que réside la nouveauté, et en même temps ça représente une vraie complexité d’organisation. Je fais des ateliers individualisés pour travailler sur la recherche d'emploi ou sur l'orientation avec des outils comme Pass’Avenir.

 

Comment arrivent les candidats ?

Les publics peuvent être repérés par les prescripteurs, mais aussi par les assistantes sociales, ou par les associations pour ceux qui sont en attente de titres de séjour. Normalement, une personne arrive chez nous après un entretien tripartite. Ou seule si son référent estime que c’est possible. Selon les cas, je commence par lui présenter le cadre de l’action ou j’essaie d’en savoir plus sur sa situation, de connaitre ses questionnements, ses attentes. Et si elle est d’accord pour participer. On se revoit la semaine d'après pour reparler des objectifs. Je ne fais jamais signer l'accord de participation les premières fois, parce que je vois assez rapidement quelles sont les personnes qui ne vont pas adhérer, par exemple si elles ne viennent pas au deuxième rendez-vous.

 

Qu’entendez-vous par entretien tripartite ?

Un entretien tripartite ça veut dire qu’on fait un entretien à trois, avec la personne, son référent et moi. On définit ensemble les objectifs de l'accompagnement. Toujours dans le but d'être au plus proche de ses besoins et de sa situation. Et puis, surtout, pour lui montrer qu’on travaille en partenariat. Je tiens beaucoup à ces temps tripartites, parce que je trouve que ça rassure les gens et que ça les sécurise. Parfois, le temps ne permet pas de faire ce rendez-vous en présentiel, mais il y a toujours au moins un échange téléphonique avec son référent, en présence de la personne.

 

Quel est le public concerné ?

C'est un public plus éloigné de l'emploi que celui qui suit nos formations. Même pour la formation du premier niveau, assistante de vie aux familles, il faut à minima que les personnes aient la capacité de reprendre une formation, d'aller à l'emploi, de tenir sur la durée, de passer des évaluations, etc. Pour avoir été CIP pendant plusieurs années, et avoir travaillé sur des ateliers de remobilisation, c'est un public que je connais bien. Mais je constate que nous avons beaucoup de mal à l’accrocher maintenant. Nous recevons plus des femmes, plutôt des femmes isolées. Et environ pour moitié d'origine étrangère, avec les difficultés en français qui font que l’intégration à l’action n’est pas possible. Pour certaines, on est à la limite, elles cherchent surtout un soutien administratif.

 

Comment abordez-vous les participants ?

Je pars du principe que s’ils sont là, c'est qu'ils ont envie. Et que s’ils sont là, c'est bien parce qu'il y a des difficultés et des freins. Je ne vais pas attendre d'eux qu'ils respectent une régularité parfaite. Je sais que les premiers mois, ils vont manquer des rendez-vous, qu’ils ne feront pas toujours les démarches convenues, même si c'est quelque chose d'anodin. Le plus important, c'est de ne jamais couper le lien. S’ils sont absents, je les appelle, je dédramatise et je fixe un nouveau rendez-vous. Si on ne faisait que du collectif, on attendrait des participants une certaine rigueur, ne serait-ce que vis-à-vis du groupe. De toute façon, au fur et à mesure de l'avancée du parcours, la régularité s'installe. Après je m’adapte au rythme de chacun. La difficulté, c'est que les temps collectifs sont extrêmement importants, et si le nombre de participants est trop faible, ils n'ont plus lieu d'être.

 

A certains moments, si on constate des blocages par exemple, nous faisons de points de situation, si besoin avec les référents. Il arrive qu’on arrête un parcours, mais c'est rare. Même si on est obligé de l’interrompre, étant donné que les attentes sont vastes, la personne arrive toujours à avancer. Peut-être pas selon nos critères à nous mais pour elle, c’est toujours un progrès.

 

Quel est votre positionnement ?

Je suis un peu multi casquettes et je dois faire attention à ne pas me laisser déborder, on pourrait vite dériver vers le rôle de confidente. Je peux entendre toutes les situations, mais je ne peux pas tout traiter, alors je dois rapidement orienter vers d’autres intervenants. Il faut aussi dire que j’ai le beau rôle, je n’ai pas la charge de problèmes comme le RSA, j'ai beaucoup plus de temps à leur consacrer. Du coup je peux agir dans l'urgence. Si quelqu’un a besoin de me voir, je peux m'arranger pour le recevoir dans la journée. Ça c'est quelque chose d'important pour moi. Un conseiller pôle emploi ou une assistante sociale ne peut pas le faire. Quand c'est un public vraiment très en difficulté, très désocialisé, on sait que pour le tenir il faut être proche de lui. Il n’est pas autonome, il va avoir peur, il y a des tas de choses qui peuvent engendrer des ratés.

 

Combien avez-vous réalisé d’accompagnements ?

Pour l’instant, j'ai accompagné 15 personnes et j'en ai reçu 19 autres qui n'ont pas intégré l’action. On a eu beaucoup de personnes avec des difficultés de maîtrise de la langue française, pour lesquelles c'était un peu prématuré en termes d'accompagnement. J’ai eu aussi plusieurs personnes qui avaient été orientées sur nos formations, mais qui n’avaient pas les prérequis, donc elles ont été redirigées vers moi, mais n'ont pas voulu adhérer à Parcours 3D.

 

Et qu’avez-vous eu comme résultats ?  

Quatre personnes sont allées en formation et une personne est partie en emploi. J’ai aussi eu des personnes pour qui l'accompagnement se termine de façon prématurée, essentiellement à cause de problèmes de santé. Ça n’est pas forcément négatif non plus, parce que dans tous les cas il y a des choses qui ont avancé. Le pire c'est vraiment une personne que je perds ou qui n'a pas adhéré parce que ça ne correspondait pas à ses attentes, elle n’en voyait pas le sens, elle n’était pas prête. Mais tout le reste est positif parce que forcément il s'est passé des choses pour elle, une prise de conscience. La temporalité est différente pour chacun, mais c'est de toute façon toujours positif.

 

Quels sont selon vous les améliorations qu’il faudrait apporter à l’action ?  

Nous sommes partis à la rencontre de chaque partenaire, Pôle emploi, Cap emploi, le conseil départemental, la mission locale. On est allés leur expliquer quel était le but et le principe de cet accompagnement, ce qu'on pouvait proposer, comment on souhaitait que ça se passe et pour quel public. Malgré ça, la difficulté que nous rencontrons depuis le départ c'est le manque de prescriptions. Seul le conseil départemental nous a envoyé des personnes. C'est un superbe outil, mais dont les partenaires ont eu du mal à se à se saisir.

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

RésoDoc''s curator insight, March 13, 2023 4:42 AM
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January 26, 2023 9:18 AM
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Une passerelle numérique vers l'emploi

Une passerelle numérique vers l'emploi | Initiatives locales et paroles d'acteurs | Scoop.it

« C’est le numérique qui nous a interpellés au départ parce que c'est une source importante de notre offre de formation, sur tous les parcours que nous proposons ». Kelly Guillemain, chargée de communication et de développement au sein de « Hommes et Savoirs » (H&S), explique ainsi la volonté de cet organisme de formation royannais, de porter l’action Numériqu’elles sur son territoire, après qu’elle a été déployée à Saintes par l’APEJ, partenaire et mandataire de l’opération.

 

Cette action, dont l’objectif  initial est de faire découvrir les métiers du numérique aux femmes, s’adresse à un public exclusivement féminin. Mais pourquoi pas à un public mixte ? « A l'heure de la parité au sein des organismes de formation, nous nous sommes interrogés sur la valeur ajoutée d’une action qui ne porte qu'un groupe de femmes. Mais à la réflexion, le premier principe de Numériqu’elles, c’est la remise en confiance. Et il se trouve qu’au sein des formations, les femmes échangent, se font des confidences, créent du lien et du réseau entre elles. Ce ne serait pas forcément la même chose dans un groupe mixte. »

 

Numériqu’elles mêle numérique, insertion et retour en entreprise. H&S se retrouve entièrement dans cette approche, puisque ses actions traditionnelles sont tournées vers la réinsertion professionnelle et les compétences transversales. L’organisme entend outiller les personnes de façon qu'elles soient en capacité de retourner en emploi avec des valeurs ajoutées. Ainsi que des compétences qu'elles maîtrisent, mais dont elles n'ont pas toujours conscience.

 

Numériqu’elles est avant tout une action de remobilisation et d'insertion professionnelle. La volonté est vraiment le retour à l’emploi, dans l’idéal en CDI. Le numérique est pour l’essentiel un élément attractif pour un public qui n’est pas toujours à l’aise avec l'informatique, et qui voudrait en apprendre les bases. Dans ce domaine, aucun prérequis n’est imposé. Chacun arrive avec ce qu'il sait faire, avec ou sans équipement. Des ordinateurs sont mis à disposition pour mettre en place des ateliers en sous-groupes de niveaux : traitement de texte, création de CV, découverte de différents moyens de communication, utilisation de sites comme Pôle emploi ou Emploi Store…

 

Un rythme adapté

 

En pratique, l’action se déroule sur 3 mois à raison de 30 heures par semaine, pour une douzaine de personnes entre 25 et 50 ans. Le mercredi est libre afin de tenir compte des contraintes de certaines stagiaires. Quatre semaines de stage en entreprise sont incluses dans le programme. Les intervenantes, volontairement toutes des femmes, se répartissent les différentes séances hebdomadaires. Une formatrice de l’APEJ s’occupe des compétences transversales et des Open badges. Les deux autres, formatrices d’H&S, abordent respectivement les techniques de recherche d’emploi, et la dimension numérique.  

 

Elles partagent un outil en ligne dans lequel elles inscrivent chaque jour ce qu'elles font avec le groupe. Ainsi les stagiaires n'ont pas à répéter ce qui a déjà été vu avec l'une ou l'autre des formatrices. Une socio-esthéticienne et une coiffeuse apportent un complément destiné à créer une dynamique positive avant les présentations aux entreprises. A l’issue de la formation, les stagiaires sortent avec une attestation de réalisation, les open badges qu'elles auront validé sur un espace personnel, et le verdict de la certification Cléa numérique.

 

« L'avantage de cette action, c’est qu’on ne cherche pas à faire de course à la certification. On propose le Cléa numérique mais il n'y a pas de de pression là-dessus. Du coup, nous n’avons pas eu de personnes qui se sont senties contraintes parce qu’elles n’avaient pas le choix. Elles sont venues vraiment pour trouver du sens, parce qu’elles ne savaient pas quoi faire, et qu’elles pensaient que notre accompagnement pouvait leur apporter quelque chose. »

 

L’ensemble du groupe suit le même programme, mais les formatrices constituent des « îlots » le cas échéant puisque les stagiaires n’ont pas toutes le même niveau au départ. « Cette manière de fonctionner est une première pour nous. Nous n’avons pas l’habitude de faire intervenir, tout au long d’une action, des formateurs partenaires de manière aussi lissée. Que ce soit de façon ponctuelle, oui. Mais là, sur toute la durée de l’action, on ne l'avait pour ainsi dire jamais fait. »

 

Attirer tous les profils

 

Le public concerné par Numériqu’elles sont des femmes demandeuses d'emploi avec un besoin de remise à niveau en numérique et une réelle volonté de retrouver une activité. A l’origine, la prescription posait des critères assez précis. Mais ils ont rapidement été assouplis afin d’accueillir une plus grande variété de profils. Beaucoup de personnes en reconversion, ou qui sont arrivées dans la région récemment, qui n'ont pas de réseau, voire qui n'ont jamais travaillé.

 

Pour mobiliser les participantes, l’organisme a travaillé en partenariat avec des conseillers entreprises de l’agence Pôle emploi de Royan. « Ils n'ont pas tout à fait le même prisme que les conseillers qui rencontrent des demandeurs d'emploi toute la journée. Ils ont également joué un grand rôle dans la sécurisation des parcours en termes financiers. C'était essentiel puisque dans ce public, il y a des femmes isolées, avec des enfants ou des situations délicates. Pôle emploi a notamment, de manière dérogatoire, accepté une prise en charge de chaque repas tout le long de la formation. »

 

Les entreprises qui accueillent les stagiaires sont connues de l’organisme ou identifiées par les conseillers entreprises de Pôle emploi. Les conseillers ont pris en compte les branches dans lesquelles les participantes avaient déjà travaillé, mais ça n’a pas été un critère pour le choix du stage. L’Opco EP (entreprises de proximité), partenaire de l’action, n’a pas non plus cherché à influencer les choix. Tout en faisant passer le message que leurs adhérents, qui ont besoin de main d’œuvre, ouvrent leurs portes à tous les candidats, sans considération de certifications.

 

L’action a débuté en novembre 2022. Elle se termine en février. Si des besoins sont constatés, elle pourra être renouvelée à Royan ou sur des territoires proches, à un rythme qui reste à déterminer.  « Cette expérimentation nous sort de notre principale action sur des habilitations de service public, sur des formations certifiantes. Nous avons cassé tous nos codes. On explore là d’autres publics, d'autres financements.

 

« Ce genre d’action courte, valorisée à l’emploi, nous permet de travailler avec d'autres profils que ceux que nous avons l’habitude de voir. C’'est vraiment dynamisant pour les équipes de formateurs, ainsi que pour les stagiaires. C’est un parcours qui vise à éviter le retour à Pôle emploi pour 2 ans. Si ça fonctionne, nous aurons forcément envie d'y retourner. »

 

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January 5, 2023 7:51 AM
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Partenaires pour les jeunes

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Emilie Guérin Grazide est chargée de projet et conseillère en insertion à la mission locale du Libournais. La structure a mis en place le projet R’accord, lauréat du PIC RMPI (Repérer et Mobiliser les Publics Invisibles) dans la continuité du PIC « IN système »*.

 

Comment avez-vous élaboré le projet R’accord ?

Après l‘expérimentation « IN système », nous avions vraiment pris conscience que le repérage des jeunes demande énormément de temps et de présence sur le terrain, et que nous n’aurions pas, à nous seuls, cette capacité à se déployer sur tout notre territoire. Donc on s'est appuyés sur les structures et on a construit R’accord en partenariat.

 

Nous avons aussi réfléchi aux besoins des jeunes et aux solutions pour introduire de la fluidité et du suivi entre les différents acteurs qui gravitent autour de ce public. L’important, c’est de se tenir régulièrement informés entre nous. C'est déjà ce qu'on fait plus ou moins, mais là, nous y avons porté une attention particulière parce que ce sont des jeunes plus fragiles qui peuvent facilement décrocher.

 

Quels types de partenaires ?

Nous avons formé un consortium avec l’association Alter Ego pour la mobilité, « Le lien » pour le logement, « Les Cygnes de vie » à Castillon la bataille. Et deux partenaires qui ne sont pas membres du consortium, LEPI (Libournais Equipe Prévention Insertion), association de prévention, et Habitat Jeunes en Pays Libournais. Au fur et à mesure, se sont agrégés des partenaires auxquels on n’avait pas pensé dans un premier temps. Ainsi, nous travaillons depuis un an avec l’ADAV 33, l'association des gens du voyage. Notre démarche est très opportuniste, on est aussi en lien avec toutes les collectivités locales, et dès qu’un partenaire organise un événement ou des actions qui mobilisent potentiellement des jeunes, on essaie d'être présent, de proposer une animation, de se rendre visible.

 

Que comporte le projet ?

Opérationnellement, nous avons plusieurs axes de travail. Le premier consiste à conforter et renforcer le partenariat. Concrètement nous organisons des rencontres régulières avec nos partenaires et nous maintenons la proximité avec eux, de personne à personne, de professionnel à professionnel. Sinon, en pratique, environ une fois par mois, nous participons aux maraudes que font déjà les intervenants sur différents territoires. L'idée, c'est de pouvoir entrer en relation directe avec des jeunes, leur parler de la mission locale.

 

Quels sont les deux autres axes ?

Le deuxième axe de travail, c’est la mise en place de nouvelles modalités de repérage en allant au plus proche des lieux de vie des jeunes. Pour ça, nous avons créé des temps forts, par exemple une journée autour des questions de mobilité ou autour des jeux vidéo. Nous proposons des animations de présentation des métiers avec des casques de réalité virtuelle, on utilise des simulateurs de conduite pour donner envie aux jeunes de venir nous rencontrer. Notre objectif est de créer des événements pour nous rendre visibles, en utilisant des supports attractifs.

 

Notre troisième axe de travail vise à permettre aux jeunes de se remobiliser. Nous avons choisi la mobilité comme support. On leur propose, par exemple, de passer le code de la route, un prétexte pour leur donner envie d'entrer dans une dynamique d'insertion. Notre but caché, sans leur dire, c'est de travailler leur projet professionnel et de leur proposer ensuite d'aller sur un accompagnement. Avoir le permis, c’est un vrai facteur d’insertion professionnelle. Chez nous, la plupart des jeunes n'accèdent pas à la formation ou à l'emploi, principalement à cause des problèmes de mobilité.

 

Comment faire adhérer un jeune au principe d’un accompagnement ?

Il faut d’abord lever les difficultés qui relèvent de sa subsistance. Si sa première préoccupation est de savoir où il va dormir, ce qu’il va pouvoir manger, c'est sûr qu'il ne sera pas en capacité de s'engager dans l'accompagnement. Nous devons très rapidement mobiliser des aides financières en s’appuyant sur les dispositifs de droit commun, sur les associations caritatives pour l'aide alimentaire, et trouver des solutions de mobilité quand elles existent. R’accord a permis de financer des places sur un dispositif d'hébergement d'urgence, des colocations avec l’association Le lien, qui peut les accueillir pour une période de 3 à 6 mois, jusqu'à ce qu'ils trouvent une solution plus pérenne.

 

Quel est le public que vous visez ?

Notre cible, c'était les jeunes 16-25 ans qui ne nous connaissent pas, ou qui ne veulent plus venir à la mission locale. Mais on avait aussi envie de cibler les jeunes parents au RSA qui ont un peu de mal à se projeter dans des projets d'insertion professionnelle.

 

Au départ, nous avions pour objectif de toucher 100 jeunes. Par toucher, il ne faut pas forcément comprendre accompagnement. Un rendez-vous à la mission locale est déjà une réussite. Pour l’instant nous en sommes à une cinquantaine, mais nous avons une obligation de moyens, pas de résultats. Sur une de mes journées, si je reviens avec deux jeunes à suivre, c'est déjà énorme. On savait déjà que c’est un travail de fourmi qui demande beaucoup d'énergie pour des résultats très modestes. En plus, on se rend compte que plupart des jeunes de notre territoire connaissent la mission locale, sont déjà suivis par elle ou d’autres partenaires, ou ont été suivis par le passé. En fait, les vrais invisibles, il y en a très peu.

 

A la mission locale, qui participe à R’accord ?

R’accord est un projet d’équipe, même si nous avons un animateur recruté pour ce projet. Tous les conseillers sont partie prenante. Dans la mesure du possible, ils participent aux actions de maraude, parce que nous voulons rassurer au maximum le jeune et qu’il n’ait pas à raconter quinze fois son histoire.  Le principe est aussi de faire en sorte que son premier interlocuteur soit la personne qui va assurer son accompagnement.

 

Quel bilan tirez-vous de l’action?

L’intérêt et la plus-value qu'on voit dans ce projet ce sont les partenariats, ça nous incite vraiment à travailler en complémentarité. Cela nous oblige aussi à sortir de nos bureaux, à réfléchir à des manières d’évoluer pour mieux répondre aux attentes de la jeunesse, comment nous rendre attractifs. R’accord nous a poussés à rentrer dans cette réflexion et à sortir d'une logique institutionnelle, purement administrative. Pour les conseillers c’est un exercice qui s’apprend, ça nous demande de construire une nouvelle approche des jeunes. Pour la mission locale, l’enjeu de visibilité marche dans les deux sens.

 

 

* IN Système est le projet de 37 Missions Locales, porté en consortium par l’Association Régionale des Missions Locales de Nouvelle-Aquitaine, en 2020 et 2021. Il visait l’accompagnement vers le droit commun de jeunes particulièrement éloignés de l’insertion socioprofessionnelle 

 

 

Cet article est publié pour le compte de "La Place", la plateforme collaborative créée par la DGEFP, dédiée aux acteurs du Plan d’Investissement dans les Compétences : https://www.cap-metiers.pro/pages/552/Place.aspx

 

 

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