À partir du 15 octobre, le distributeur d’électricité Enedis pourra couper l’alimentation électrique des ballons d’eau chaude entre 12 et 14 heures, en cas de pic de consommation. Sont concernés 4,3 millions de clients avec un abonnement « heures pleines/heures creuses méridiennes ». L’objectif de la mesure : faire des économies d’énergie et éviter les coupures d’électricité cet hiver. Une économie d’au moins 2,5 gigawatts pourrait être réalisée jusqu’à 13 heures, soit l’équivalent de la consommation de Paris.
Mais les consommateurs pourront-ils continuer d’avoir de l’eau chaude toute la journée ?
Pas d’inquiétude sur ce point, rassure le réseau de transport d’électricité (RTE), à l’initiative de la mesure dans le cadre du plan sobriété.
Dans un récent tweet, RTE explique que « les chauffe-eaux seront actionnés au moins 6 heures par jour, principalement la nuit », ce qui devrait permettre de compenser la coupure entre 12 et 14 heures. Il ne devrait pas non plus y avoir d’incidence sur les tarifs de l’électricité ni sur le fonctionnement des autres appareils comme le frigo ou la télévision.
L'astrophysicien Aurélien Barrau aux grands patrons du Medef: « Tant que vous nommerez “croissance” le fait de raser un espace gorgé de vie pour le remplacer par un espace commercial, nous n’aurons pas commencé à réfléchir sérieusement ». pic.twitter.com/st53ot9jLE
Le 13 juillet, Jean Jouzel, président d’honneur de l’association Agir pour le climat, co-signait, avec 16 autres personnalités (politiques, scientifiques, secteur bancaire), une tribune publiée dans les Echos. Les signataires appellent de leurs vœux un grand plan national de rénovation énergétique des logements pour faire face aux crises climatique et énergétique, mais également pour reconnecter élus et citoyens. Explications ci-dessous.
Les résultats de l’élection présidentielle, puis des élections législatives, ont mis en lumière de profonds clivages entre les Françaises et Français. Paradoxalement, tous partagent la volonté de vivre mieux et de désigner les représentants à même de défendre ces intérêts. Le contexte actuel appelle une coopération forte et durable entre les différentes forces politiques pour faire avancer notre pays et éviter les blocages, dans la défense de l’intérêt général. Des sujets peuvent réunir les citoyens.
À ce titre, la question du logement est centrale pour engager une reconnexion entre élus et citoyens. La rénovation énergétique est un sujet important de notre vie quotidienne. Ses enjeux économiques, sociaux et de santé publique ne font que se renforcer au regard du dérèglement climatique.
La rénovation des logements énergivores grève le budget de nombreux ménages et doit figurer parmi les premières préoccupations des élus afin de protéger leur pouvoir d’achat et leur qualité de vie. En matière de santé, les dégâts sont conséquents pour ceux qui se chauffent moins et vivent dans des logements insalubres. Ces problématiques ont été mises en avant par les crises récentes : la crise sanitaire qui a démontré la nécessité absolue de logements sains et dignes, puis la crise ukrainienne avec la montée des prix de l’énergie et ses impacts géopolitiques questionnant la dépendance énergétique de la France.
Plus du quart des émissions de gaz à effet de serre émane du résidentiel. La rénovation énergétique des logements apporte des solutions à la problématique toujours plus centrale du dérèglement climatique. Pour exemple, 200 000 logements individuels rénovés permettraient de réduire ces émissions à hauteur d’un million de tonnes par an.
Dans la suite des plans déjà déployés, un plan massif de rénovation permettrait de répondre efficacement à ces problématiques, en concertation avec les élus nationaux comme locaux, ainsi que l’écosystème économique afférent. Un tel plan permettrait de garantir le développement de filières locales de matériaux, d’accompagner les entreprises du bâtiment et artisans locaux ainsi que de mettre en place des formations spécialisées pour accompagner la reconversion des entreprises et des salariés. Ce plan représente aussi une opportunité économique pour les secteurs et métiers en souffrance.
Un des freins à la rénovation énergétique reste son coût. La mise en œuvre de financements innovants complémentaires a donc vocation à répondre à la question de l’accessibilité et de la massification des rénovations. Le parcours de rénovation énergétique performante (PREP), avec sa méthodologie éprouvée et basée sur la confiance, est une référence et montre l’importance de l’engagement des acteurs économiques, sociaux et politiques locaux. Sa généralisation à l’échelle nationale permettrait de garantir un véritable impact environnemental porté par l’action des territoires avec le concours du gouvernement.
Faire de la rénovation des logements une priorité, c’est réconcilier les citoyens avec leurs élus. C’est donner à l’échelon local les moyens de ses ambitions pour répondre à nos besoins quotidiens, intégrant la santé et l’accompagnement du vieillissement. C’est contribuer aux enjeux de décarbonation. Garantir à toutes les Françaises et les Français de vivre mieux doit être la première étape pour reconstruire le lien entre eux et leurs représentants nationaux et locaux, un lien qui s’érode un peu plus à chaque échéance électorale. Or, la période actuelle nécessite plus que jamais un lien de confiance fort entre tous les acteurs.
C’est grâce à de tels projets de rassemblement que nous devons nous engager pour garantir à toutes et tous des conditions de vie saines et dignes, dans l’intérêt général.
Pascal Canfin, Président de la commission Environnement du Parlement Européen Daniel Cueff, Vice-Président de la Région Bretagne Jean-Philippe Dugoin-Clément, Vice-Président de la Région Île-de-France André Flajolet, Président du Comité du Bassin Artois Picardie Cécile Gallien, Vice-Présidente de l’AMF en charge des communes rurales Bernard Horenbeek, Président du Directoire de la Nef Jean Jouzel, Climatologue Président d’Honneur Agir pour le Climat Philippe Laurent, Maire de Sceaux et Vice-Président de l’AMF Xavier Lemoine, Maire de Montfermeil et Président du territoire Grand Paris Grand Est Corinne Lepage, Ancienne Ministre avocate Éric Mestrallet, Pilote stratégique du PREP Nathalie Nieson, Maire de Bourg-de-Péages, Présidente de Territoire d’énergie Drôme – SDED Patrick Ollier, Président de la Métropole du Grand Paris Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Durable Florence Presson, Adjointe au maire de Sceaux, Coordinatrice du PREP Jean-Luc Sadorge, Directeur Général du Pôle de Compétitivité Fibres-Energivie Catherine Vautrin, Présidente de la Communauté urbaine du Grand Reims
L’un a ainsi affirmé qu’il était « urgent d’accepter de renoncer à notre petit confort, un confort certes rassurant, mais délétère ». Un autre a estimé « qu’en tant que personne exerçant à un poste de haut niveau, mon potentiel de nuisance environnementale sera probablement bien plus élevé que la moyenne ».
Enfin, un troisième propose de « s’ouvrir davantage à des savoir-faire dont notre génération est la première à ne pas avoir hérité du tout : maraîchage, mécanique, construction, soin aux autres, artisanat, toutes ces choses qui salissent les mains en réparant et construisant plutôt qu’en détruisant et aliénant ».
Découvrez leurs déclarations dans cette vidéo de notre partenaire Brut.
Corinne Lepage a été ministre de l’Environnement de 1995 à 1997.
Corinne Lepage, Dominique Voynet et Philippe Martin ont été ministres de l’Environnement dans les gouvernements Juppé, Jospin ou Ayrault. Ils racontent les difficultés à faire valoir l'écologie, mais aussi leurs arbitrages remportés. Tous plaident pour une transversalité de ces questions.
«Pour moi, c’est un avantage que Matignon tranche»
Corinne Lepage, ministre de l’Environnement (1995–1997) dans le gouvernement Alain Juppé
«Lorsque j’étais ministre, mes principaux problèmes n’étaient pas avec Bercy mais avec ce qu’on appelait à l’époque le ministère de l’Equipement, qui avait notamment en charge les transports et la construction ; il avait à sa tête Bernard Pons, qui était un homme avec beaucoup de qualités mais qui n’avait pas de fibre écologiste très poussée. Il était en opposition sur tous les sujets. Lorsque j’ai fait voter la loi sur l’air en décembre 1996, il m’a fait la guerre et a essayé de la vider de sa substance. J’ai eu aussi quelques soucis avec le ministère de l’Industrie. On était totalement en opposition sur le nucléaire et, dans ce dossier, la question des arbitrages était très délicate.
«A l’époque, tous les arbitrages étaient faits par le Premier ministre ; j’en perdais mais j’en gagnais aussi. Aujourd’hui, ils se font au sein même du ministère de la Transition écologique, qui possède une direction générale pour l’environnement, pour l’aviation civile, pour les routes… Pour moi, c’est un avantage que Matignon tranche. Ça nous a permis de gagner plusieurs dossiers : l’abandon des couloirs de lignes à très haute tension dans le Val Louron [dans les Hautes-Pyrénées, ndlr], l’abandon des OGM…
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«Sous Emmanuel Macron, reste à savoir de quel Premier ministre il s’agira mais aussi la composition de son cabinet et son organisation. S’il ne s’agit que de technocrates, ça ne changera rien. Il faut savoir aussi ce qu’on veut mettre dans cette planification écologique. Selon moi, il faudrait que dans chaque ministère, il y ait un contrôleur de l’écologie sur le même modèle que le contrôleur de Bercy. Sans son aval, pas de dépenses. Cette personne serait directement déléguée par Matignon et sous le contrôle du Premier ministre ; elle vérifierait que les décisions prises soient cohérentes par rapport à la stratégie d’ensemble et que ça ne porte pas préjudice à l’écologie. Dès aujourd’hui, il faut mettre la priorité sur le pouvoir d’achat et la transition écologique, mais aussi sur l’énergie avec les énergies renouvelables, et particulièrement le solaire, pour lequel il faut supprimer toute une série de freins à sa rentabilité. Autre dossier urgent : l’agriculture. Il faut sortir de ce cercle vicieux des pesticides en modifiant les conditions de revenus des agriculteurs avec l’agrivoltaïsme et en favorisant le “carbon farming”, c’est-à-dire des pratiques visant à améliorer la capacité des sols à stocker le carbone.» (Aurore Coulaud)
«Il est nécessaire que chaque département ministériel prenne sa part»
Dominique Voynet en mars 2022 au meeting de Yannick Jadot, candidat écolo à la présidentielle, à Paris. (Stepahen Sakutin/AFP)
Dominique Voynet, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement (1997-2001) dans le gouvernement Lionel Jospin
«Il vaut mieux planifier la transition écologique que faire des choses au coup par coup en fonction des cahots de l’actualité, de l’opinion et des hasards du calendrier politique. Et planifier de façon cohérente, avec un Premier ministre ou un ministre d’Etat délégué à la Transition assez haut placé dans l’appareil gouvernemental.
«Mais plus que de savoir s’il faut planifier ou pas, l’important est le contenu de la planification écologique. Par exemple, le gouvernement qui sortira des législatives, s’il correspond à une majorité pour Emmanuel Macron, risque de considérer que la transition énergétique, c’est essentiellement du nucléaire. Or ce serait une fuite en avant dans une industrie qui a prouvé ses coûts extravagants, son insoutenabilité sur le plan environnemental et sa dangerosité dans un monde troublé où la menace nucléaire militaire n’a pas été éliminée. Deuxième exemple, l’agriculture. La transition n’a pas eu lieu, les gouvernements de la période qui vient de s’écouler ont été incapables de planifier le sevrage en glyphosate des agriculteurs. Et avec la guerre en Ukraine revient la tentation d’une production intensive au mépris de l’environnement. Ce n’est pas seulement la planification écologique qui compte, c’est aussi l’arbitrage avec d’autres enjeux.
«Par ailleurs, planifier c’est bien, mais enfin passer à l’action, c’est mieux. On risque de perdre beaucoup de temps à faire des diagnostics et à construire des plans alors qu’on sait ce qu’il faut faire. Ce qui me paraît important, c’est surtout de prendre en compte l’incroyable patrimoine de recherches, d’expérimentations, de travail concret qui a été conduit au fil du temps, souvent dans l’indifférence des gouvernements. En 1997, on avait engagé le remplacement des chaudières au fioul dans l’habitat par des moyens de chauffage plus économes. Or, un quart de siècle plus tard, le travail n’a pas été mené à son terme. Donc il faut aussi de la continuité, de la ténacité, ce qui suppose une forme de consensus national. On ne peut pas repartir de la case départ à chaque fois qu’on change de majorité parlementaire.
«De la ténacité, il en faut pour faire avancer l’écologie. J’étais écologiste dans un gouvernement qui ne l’était pas. Je me sentais extraordinairement seule. Quand vous avez Dominique Strauss-Kahn, le ministre de l’Economie, qui supervise le secteur de l’industrie, et que vous portez des options de réduction de la place du nucléaire, cela demande de se préparer et de se battre. Ce que j’ai gagné a été le résultat d’intenses batailles, par exemple la décision de ne pas faire d’EPR à l’époque ou celle de confirmer la fermeture de Superphénix[réacteur nucléaire isérois définitivement arrêté en 1997].
«Depuis, le monde a un peu changé. Mais il est nécessaire que chaque département ministériel prenne sa part, avec son administration centrale et son administration de terrain. Et de décliner ces politiques au niveau territorial avec le soutien actif et l’engagement des collectivités. La mobilisation doit être générale, l’ensemble des acteurs publics et privés, y compris les entreprises et citoyens, doivent en être partie prenante. Et il faut mettre en place des outils, c’est-à-dire avoir de la cohérence sur notre fiscalité, qui permettent de rendre les comportements vertueux moins douloureux que les comportements irresponsables. In fine, un Premier ministre en charge de la planification écologique, pourquoi pas. Mais il faut quelqu’un qui soit convaincu. Convaincu que la transition écologique est une route incontournable et qu’elle nécessite des réponses structurelles.» (Coralie Schaub)
«Le nombre de fois où Arnaud Montebourg m’a dit que je le saoulais avec ma défense de la barge à queue noire ou du triton crêté…»
Philippe Martin à l'Assemblée nationale en février 2021. (Lionel Bonaventure/AFP)
Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie (2013-2014) dans le gouvernement Jean-Marc Ayrault
«La planification pourrait permettre de mener une politique écologique sur du long terme, ce qui est très important. J’ai pu constater combien il était difficile de le faire en l’absence d’une véritable feuille de route établie sur plusieurs années, face à une politique soumise aux aléas de la conjoncture. Le problème pour les responsables politiques, en matière d’écologie, c’est qu’ils doivent prendre des décisions dont les résultats interviendront quand ils ne seront plus en fonction.
«Plus le responsable de la planification écologique au nom de l’Etat a un grade élevé dans la hiérarchie du gouvernement, mieux c’est. Pour imposer la transition, il faut peser. Ce que je n’ai pas pu faire moi, car je n’avais pas assez de poids politique. Moins en tout cas que Ségolène Royal, qui m’a succédé au “ministère de l’impossible” [comme Robert Poujade avait qualifié le premier ministère de l’Environnement, qu’il avait dirigé de 1971 à 1974]. En neuf mois, il m’est arrivé à plusieurs reprises de constater que le ministre de l’Ecologie était considéré comme mineur. Le nombre de fois où Arnaud Montebourg [alors ministre du Redressement productif], qui à l’époque était moins écolo que maintenant, m’a dit que je le saoulais avec ma défense de la barge à queue noire ou du triton crêté qui allaient faire prendre des retards terribles sur tel projet économique…
«Le ministre de l’impossible était celui qui donnait le sentiment de freiner le court terme. Quand on discutait de savoir si on devait libéraliser les barrages hydroélectriques, j’étais face au président de la République, avec à mes côtés le trio de Bercy, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg et Jérôme Cahuzac. J’étais le seul à aller dans un sens et j’ai été battu en arbitrage. Le sommet de l’arbitrage interministériel, c’est le Premier ministre. Donc si c’est lui qui a en charge l’écologie, il ne doit plus arbitrer entre les ministres mais dire ce qu’il va faire, lui. En cela, un Premier ministre directement en charge de ce sujet, c’est une bonne chose. A condition qu’il ne le délègue pas à des ministres délégués ou des secrétaires d’Etat. Et qu’il ait les coudées franches. Comme on est dans un régime présidentiel, je préférerais presque que ce soit le président de la République qui soit chargé de la planification écologique.
«Il existe déjà des plans, sur l’énergie ou la biodiversité [la “stratégie nationale bas carbone” (SNBC), la “programmation pluriannuelle de l’énergie” (PPE) et la “stratégie nationale pour la biodiversité” (SNB)]. Mais là, l’idée serait d’avoir une vision non pas séquencée mais globale, cohérente, de ce qu’est une planification visant à conduire une transition écologique et énergétique. De ne plus séparer les choses, avec ceux qui s’occupent de la biodiversité, ceux qui s’occupent de l’énergie, du climat, d’autres encore de l’alimentation, etc. Car en réalité, tout est lié. Pour moi, la planification doit viser à embrasser la totalité des politiques ayant trait à une transition écologique, énergétique, préservant nos ressources, garantissant un réchauffement climatique maîtrisé et freinant l’extinction des espèces.
«Dès la première année, il faudrait faire un plan quinquennal, qui pourrait d’ailleurs se servir des travaux de la Convention citoyenne sur le climat. Et le Premier ministre devrait rendre des comptes annuellement sur l’état d’avancement de la planification. Devant le Parlement et devant les citoyens, par exemple devant le Conseil économique social et environnemental [Cese]. Il faudrait vraiment des “années écologiques”, comme il y a des “années budgétaires”, qui soient sanctionnées par un débat et par un vote.» (C. S.)
Philippe Martin a été condamné le 4 janvier à deux ans de prison avec sursis pour «détournement de fonds publics» après avoir rémunéré son ex-épouse pour un emploi fictif d’assistante parlementaire entre 2002 et 2013.
L’image finale de l’animation, en regardant les spirales depuis une autre perspective.
Parfois, quelques images valent mieux que des données. Cette animation est très efficace pour montrer le rythme du changement climatique. Un rythme très rapide, surtout depuis les dernières décennies.
Face au changement climatique, causé par les activités humaines, il faut agir maintenant. Pas en 2025, ou en 2030, non : maintenant. C’est ce que concluait le 6e rapport du GIEC encore récemment. Le besoin d’une action rapide est connecté à l’évolution rapide du changement climatique lui-même, mais aussi à un décalage dans le temps : ce que l’on observe aujourd’hui est le résultat des émissions d’hier.
Le réchauffement de la planète peut s’expliquer en chiffres ou à travers des exemples très concrets tels que la montée des eaux. Mais parfois, une bonne animation visuelle fonctionne tout aussi bien pour prendre conscience de l’ampleur d’un phénomène.
En utilisant les données issues de la Nasa, le climatologue Ed Hawkins a produit une animation vidéo qui retrace l’évolution du réchauffement planétaire de 1880 (début de l’ère industrielle) jusqu’à 2021. Elle a été diffusée via le Scientific Visualization Studio, début mars 2022.
Source : Ed Hawkins
Ce que montre l’animation
L’animation est si simple qu’elle est très efficace : on voit, grâce à des cercles de couleur représentant chaque année qui passe, comment les températures augmentent peu à peu. Puis, à la fin, en changeant de perspective, on découvre l’ampleur de l’augmentation résumée en une seule image.
Des années 1880 aux années 2020… // Source : Ed Hawkins L’image finale de l’animation, en regardant les spirales depuis une autre perspective. // Source : Ed Hawkins
Cette dernière image montre combien l’augmentation reste relativement circonscrite pendant un siècle, avant de s’accélérer soudainement : c’est seulement sur la partie haute de la modélisation, vers l’année 1980, que les lignes se font plus grandes. Cela montre combien le phénomène accélère.
C’est également sur cette rapidité qu’insistent les scientifiques du GIEC, montrant, via les observations scientifiques, que le rythme du changement climatique est inédit depuis, « au moins », 2 000 ans. La montée des eaux se fait quant à elle aussi à des taux jamais vus depuis 3 000 ans. Le niveau de concentration en CO2 dans l’atmosphère est à son plus haut depuis 2 millions d’années.
Pour le protéger, il faut comprendre l'Environnement
Éviter ou retarder certains cas de démences serait possible en agissant sur des facteurs modifiables tels que la pollution de l'air. Des chercheurs ont voulu aller plus loin et étudié l'impact de trois polluants liés au trafic routier sur les performances cognitives afin d'obtenir des données précises sur ce facteur de risque qu'est l'altération de la qualité de l'air.
Les effets nocifs des polluants atmosphériques sur la santé, même à de faibles niveaux d'exposition sont bien documentés. De récentes recherches ont notamment suggéré qu'en plus d'accroître le risque de développer des maladies cardiovasculaires et pulmonaires, la pollution de l'air pourrait accélérer le déclin cognitif, un des symptômes annonciateurs d'une pathologie neurodégénérative comme la maladie d'Alzheimer et d'autres démences.
Depuis quelques années, la pollution de l’air est ainsi reconnue comme un facteur de risque « modifiable » de la démence, c'est-à-dire sur lequel il est possible d'agir via des changements dans la réglementation qui encadre les niveaux de pollution tolérés. 40 % des cas de démences pourraient être ainsi évités ou retardés. Cependant, aucune étude ne s'est jusqu'alors intéressée simultanément à plusieurs types de polluants et à leurs potentiels effets respectifs sur les différents domaines de la cognition.
Des chercheurs de l'Inserm, de l'université de Rennes 1 et de l'École des hautes études en santé publique (EHESP) à l'Irset ont étudié comment le niveau d'exposition aux polluants atmosphériques impacte les performances cognitives. Les résultats de l'étude suggèrent un lien entre une exposition à de plus fortes concentrations de polluants et un niveau plus faible des performances cognitives, lien qui diffère selon les polluants. Ils font l'objet d'une publication dans The Lancet Planetary Health.
Les résultats de tests cognitifs d’un large échantillon de personnes révèlent que différents polluants liés au trafic routier altèrent les performances cognitives.
Dresser des cartes d'exposition
Une étude ayant révélé qu'une baisse des performances cognitives pouvait survenir dès l'âge de 45 ans appuyée sur les données de plus de 61.000 participants de la cohorte épidémiologique Constances, âgés de 45 ans et plus.
Tous ont participé à une série de tests mesurant leurs performances cognitives dans trois grands domaines de la cognition : la mémoire, la fluidité d'expression orale (ou fluence verbale) et la capacité à prendre des décisions. Les chercheurs ont établi un score des performances cognitives pour chacun des tests, en tenant compte du sexe, de l'âge et du niveau d'étude de chaque participant.
Le saviez-vous ?
La cognition gouverne aussi les fonctions exécutives, c'est-à-dire l'ensemble de processus cognitifs : raisonnement, planification, résolution de problèmes etc. qui nous permettent de nous adapter au contexte, aux situations nouvelles.
Pour mesurer l'exposition de chaque participant à la pollution, l'équipe de recherche a utilisé des cartes dites « d'exposition » qui estiment la concentration de polluants à l'adresse du domicile. Ces cartes prennent en compte plusieurs variables comme la densité du trafic routier ou encore la proximité du domicile aux routes. Trois polluants liés au trafic routier ont été considérés dans le cadre de l'étude : les particules fines de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5), le dioxyde d'azote (NO2) et le carbone suie.
La pollution de l'air affecte les performances cognitives
En croisant les résultats des tests cognitifs avec le niveau d'exposition aux trois polluants atmosphériques, l'étude indique que l'exposition à de plus grandes concentrations de ces polluants serait associée significativement à un plus bas niveau de performances dans les trois domaines cognitifs étudiés. Pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont constaté une différence allant de 1 à près de 5 % du score des performances cognitives par rapport aux participants moins exposés.
« Les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives, précise Bénédicte Jacquemin, la chercheuse Inserm qui a dirigé ces travaux. Le dioxyde d'azote et les particules PM2,5 impactent d'avantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives. »
Elle conclut : « La prochaine étape de nos recherches consiste à observer l'évolution dans le temps des fonctions cognitives de ces adultes, afin de voir si l'exposition à la pollution est aussi associée à une baisse du fonctionnement cognitif avec le temps, baisse qui peut refléter les premiers signes de démences, tant de la maladie d’Alzheimer que d'autres formes de démences du sujet âgé. »
Il ne reste plus que cent secondes à l'humanité avant la fin du monde, selon l'Horloge de l'Apocalypse, qui vient d'être réactualisée. Celle-ci a été créée il y a 75 ans pour alerter sur les crises mondiales qui mettent en péril l'humanité. Changement climatique, armes nucléaires, pandémie et désinformation sont les principaux risques identifiés. Depuis trois ans, nous n'avons jamais été si proche de minuit, qui marque symboliquement l'apocalypse.
L’Horloge de l’Apocalypse marque cette année encore 23h58min20sec. @The Bulletin of the Atomic Scientists
Le monde reste toujours très proche de l’"apocalypse", à en croire la Doomsday Clock, l’Horloge de l’Apocalypse, lancée en 1947 pour marquer symboliquement le temps qu’il reste avant la fin du monde, minuit étant l’heure fatidique. Actualisée chaque année depuis 75 ans par le Bulletin of the Atomic Scientists, elle marque cette année encore minuit moins cent secondes, soit 23h58min20sec. Cela fait trois ans que l’humanité est si proche de la fin.
"Le monde reste coincé dans un moment extrêmement dangereux" se justifient les scientifiques. "L'horloge de la fin du monde continue de planer dangereusement au-dessus de nos têtes, nous rappelant tout le travail qui reste à faire pour assurer une planète plus sûre et plus saine. Nous devons continuer à éloigner les aiguilles de l'Horloge de minuit" a insisté Rachel Bronson, la présidente du Bulletin of the Atomic Scientists, spécialiste de la géopolitique de l’énergie.
La désinformation aggrave la situation
Les risques auxquels l’humanité doit faire face sont toujours la prolifération nucléaire, le changement climatique et la pandémie, exacerbés par "un écosystème de l’information dysfonctionnel qui sape la prise de décision rationnelle", note l’organisation. Davantage que les années précédentes, la question de l’information est vue comme cruciale par l’ONG. Herb Lin, expert en sécurité numérique, s’inquiète ainsi qu’aucun "argument rationnel" ne suffise désormais à persuader des personnes aux croyances bien ancrées, conduisant à des "fractures dans notre compréhension commune de ce qui est vrai".
"L’année dernière […] nous avons eu le dôme de chaleur au-dessus de l’Amérique du nord, des incendies dans le monde entier, des sécheresses et des inondations, mais ce n’est qu’un échantillon de ce qui nous attend si nous ne ramenons pas les émissions de CO2 à zéro", a déclaré Raymond Pierrehumbert, Professeur de physique à l’université d’Oxford. "L'expérience d'une crise qui s'aggrave a animé des manifestations et autres expressions d'alarme de la société civile cette année. Mais la question de savoir si elles transformeront les politiques, les investissements et les comportements reste l'une des plus importantes auxquelles la société mondiale est confrontée" a-t-il ajouté.
L’horloge de l’apocalypse indiquait à sa création minuit moins sept
Parmi les pistes d’actions proposées, il y a par exemple une meilleure coopération américaine-russe sur les armes nucléaires, la réduction des risques biologiques et une plus grande capacité hospitalière, la décarbonation de l’économie, la réorientation des fonds des projets de combustibles fossiles vers des investissements respectueux du climat, un soutien financier accru et une meilleure coopération technologique des pays les plus riches aux pays en développement pour entreprendre une action climatique forte.
Le Bulletin of the Atomic Scientists a été créé en 1947 par des scientifiques qui avaient aidé à développer les premières armes atomiques. Ils avaient alors estimé qu'ils "ne pouvaient pas rester à l'écart des conséquences de leur travail" et ont travaillé pour informer le public et les décideurs des menaces d'origine humaine pour l'existence humaine. Le Bulletin a été fondé sur la conviction que parce que les humains avaient créé ces problèmes, ils avaient l'obligation et la possibilité de les résoudre.
L’horloge de l’apocalypse indiquait à sa création minuit moins sept. En 1991, à la fin de la Guerre froide, elle avait reculé jusqu’à 17 minutes avant minuit. En 1953, ainsi qu’en 2018 et 2019, elle affichait minuit moins 2 minutes en raison du changement climatique.
Dans le Colorado, à l'ouest des États-Unis, des incendies ont détruit des milliers de maisons en un clin d’œil, avant que la neige, tombée elle aussi brutalement, ne vienne éteindre les flammes.
Des températures extrêmement douces pour un hiver, suivies d'épisodes neigeux brusques et intenses, des précipitations ininterrompues, des milliers de déplacés, l'année 2022 démarre de façon apocalyptique. Aux quatre coins du monde, il ne fait plus de doute que le changement climatique est bel et bien là.
Après des fêtes de fin d'année marquées par des températures particulièrement douces, la neige et le froid prennent désormais le relais. Dans le Colorado, à l'ouest des États-Unis, frappé depuis plusieurs années par une sécheresse exceptionnelle, des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leurs maisons en fin d'année, chassées par des flammes qui ont tout détruit en un temps record. Le lendemain, c'est la neige, tombée brutalement, qui a stoppé la catastrophe. "Des familles n’ont eu que quelques minutes pour mettre tout ce qu’elles pouvaient - leurs animaux, leurs enfants - dans la voiture et partir", a déclaré le gouverneur de l’État Jared Polis lors d’une conférence de presse. Cela s’est produit "en un clin d’œil".
Après un record de chaleur, l’Alaska fait face à un "Icemageddon"
Même scénario en Alaska, où un record de température a été enregistré pour décembre à 19,4°C. Quelques heures après, des pluies torrentielles se sont déversées dans l’intérieur des terres, un phénomène qui ne s’était pas produit depuis 1937. La température de l’air a ensuite chuté, provoquant la formation massive de glace, aussi dure que le ciment. Une situation apocalyptique surnommée "Icemageddon2021" par les autorités sur Twitter.
D’ordinaire, décembre est un mois sec et froid pour l’Alaska. "Ce type d’événements, une forte humidité et de l’air très chaud, est exactement [l’effet] attendu du réchauffement climatique", pointe Rick Thoman, spécialiste du climat à l’université de l’Alaska. Dans l’Est américain, la capitale Washington s’est elle aussi réveillée sous un épais manteau neigeux en début de semaine entraînant coupures d’électricité, report de vote au Sénat, fermeture des écoles et des centres de dépistage du Covid-19 et bloquant le Air Force One sur le tarmac.
Une anomalie cohérente avec le changement climatique
En France, la dernière semaine de l’année, du 24 au 31 décembre, a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1947, selon Météo France. Une anomalie cohérente avec le changement climatique. "Les températures ont été pendant huit jours 5°C plus chaud que la normale, avec un indicateur thermique national (température moyenne à partir de 30 stations représentatives) de 10,7 °C entre le 24 et le 31 décembre. Cette fin d'année 2021 se place ainsi sur la première marche du podium, devant 2002 (10,5°C) et 2015 (9,8°C)", précise l'établissement public.
Des records ont été battus à Nîmes avec 20,9°C enregistrés le 29 décembre, à Marseille avec 20,7°C relevés le 30 décembre ainsi que des nuits très douces comme à Perpignan avec 16,9 °C le 29 décembre. "Ces vagues de douceur en hiver sont le marqueur du changement climatique, c'est cohérent avec la raréfaction des vagues de froid, la dernière en France remontant à février 2012", précise la climatologue Christine Berne. "On se sent comme dans le film Don’t Look Up (actuellement sur Netflix), frustrés de répéter sans être écoutés par les dirigeants mondiaux", réagit le climatologue américain Peter Kalmus, dans une tribune au Guardian.
Ailleurs dans le monde, le Brésil a fait face à de fortes précipitations qui ont fait 63 000 personnes déplacées. En Malaisie, des milliers de personnes ont dû fuir face à l’aggravation des inondations provoquées par des pluies diluviennes alors que plus de 125 000 personnes ont déjà dû être déplacées depuis la mi-décembre. Une cinquantaine de personnes ont perdu la vie. Le pays subit chaque année des inondations pendant la saison des pluies, mais les autorités ont été surprises par les pluies ininterrompues qui ont commencé le 17 décembre, entraînant des crues et inondant les villes.
Avocate emblématique, ex-ministre de l’Environnement dans les gouvernements d’Alain Juppé, députée européenne puis candidate à l’élection présidentielle, Corinne Lepage a œuvré tout au long de sa carrière à la construction de la notion de « justice climatique ». Interview d’une pionnière.
S'il fallait donner une définition de la notion de justice climatique, laquelle serait-elle ?
C'est une notion désormais assez généralement répandue qui recouvre tous les procès dans le monde qui sont intentés autour du thème du climat. Ces procès peuvent avoir des objets divers. Cela peut être de reprocher à un état de ne pas en faire assez, de reprocher à un état de ne pas avoir pris de mesures de prévention suffisantes en cas de catastrophe climatique, de ne pas avoir mis en place de mesure d'adaptation des règlements climatiques. Ce sont également des procès qui peuvent toucher des entreprises parce qu'elles sont responsables, pour une part, du dérèglement climatique, le tout en s'appuyant sur des rapports. Je songe spécialement à un récent rapport américain qui a calculé ce que les cent premiers pollueurs représentaient. La notion de justice climatique s'étend également à un cas comme le procès Shell, aux Pays Bas, dans lequel on a demandé à l'entreprise en question de baisser carrément ses émissions de gaz à effet de serre. C'est cet ensemble-là. Vous y ajoutez les recours contre des projets qui vont être émetteurs de gaz à effet de serre. C'est par exemple le cas pour l'extension de la piste de l'aéroport Heathrow, en Angleterre. Et vous avez la panoplie de procédures qui sont aujourd'hui considérées comme appartenant à la catégorie " justice climatique ".
Le droit de l'environnement, avant votre action et celle de votre mari Christian Huglo avec qui vous avez co-écrit votre dernier ouvrage
Nos batailles pour l'environnement, 50 procès, 50 ans de combat aux éditions Actes Sud, cela n'existait pas ou peu. Comment avez-vous fait concrètement pour faire émerger cette notion-là ?
Dans notre livre, nous distinguons trois époques permettant d'aboutir à la situation que l'on vient de décrire, celle de la justice climatique. Or, dans les premiers temps, il n'y avait rien de prévu à cet effet. C'était essentiellement le droit commun - c'est-à-dire le droit de tous - que l'on appliquait à des situations pour lesquelles celui-ci n'avait pas véritablement été pensé. C'est comme cela que l'on a, très concrètement, commencé. à cette époque, il fallait juste un peu d'imagination. Mais ça, vous savez, c'est le travail de l'avocat ! (rires)
Vous avez été ministre de l'Environnement, candidate à l'élection présidentielle. Et malgré tout, on a le sentiment que c'est par votre métier d'avocate que votre action a été déterminante...
J'ai vraiment fait de la politique durant quinze années de ma vie. J'en fais toujours mais à un autre degré. En la matière, j'ai toujours eu conscience de mes limites. Cela ne signifie pas pour autant que le bilan politique soit limité. J'ai fait des choses en tant que ministre, pour la qualité de l'air, contre les OGM. Mais avec des affaires comme l'Erika et l'Amoco Cadiz, j'ai fait beaucoup plus avancer les choses que je ne l'aurais fait en politique, c'est certain. Je vais vous dire : le droit est une force ! Et la justice climatique, c'est une forme de droit international par degré. Comme un escalier. Chaque décision de justice apporte quelque chose dont les autres décisions pourront se servir par la suite. La matière est donc en perpétuelle extension. Quand on écrit avec Christian que le droit est une force, je le crois profondément. Le droit se renforce, à tel point, d'ailleurs, que le pouvoir politique se sent menacé et songe à en diminuer son influence car tout cela l'inquiète.
J'ai l'impression que les affaires judiciaires qui furent les vôtres s'assimilent à des combats. Des combats au niveau de la légalité, mais également des combats psychologiques. Qu'en dites-vous ?
Forcément, quand les procédures durent 10, 12, voire 15 ans, vous êtes en face de gens qui ne tiennent plus en place, qui s'impatientent. C'est tout à fait normal, c'est même très humain. Et puis, soi-même, on est fait de chair et de sang. Chez Christian Huglo comme chez moi, parfois, il y a ce réflexe de dire : " Mais va-t-on un jour en sortir de ces interminables procédures ? ".
Dans ce processus-là, il y a également de l'intimidation de la partie adverse, mais on finit par avoir le cuir plus dur avec l'expérience, je dirais. Prenons le cas de l'Amoco Cadiz, qui est un dossier qui est arrivé sur le bureau de Christian Huglo quand j'étais toute jeune avocate, j'avais 25 ans. Ma carrière débutait à peine, je venais de terminer mon stage. Et on s'est quand même pris deux plaintes du bâtonnier. Parce que l'état ne voulait pas de cette procédure. C'est une forme de pression. évidemment, il n'y a eu aucune sanction au bout car nous n'avions rien fait de mal. Mais quand vous êtes un avocat qui n'a que trois ans de barreau, tout cela est quand même très impressionnant.
Expliquez-moi ce paradoxe. La conscience environnementale est à un niveau jamais atteint jusque-là. Les nouvelles générations y sont sensibles. L'écologie est partout. Pourtant, sur RFI, je vous entendais dire que la situation était souvent plus complexe aujourd'hui dans les tribunaux. Que vous vous retrouviez face à des armées d'excellents confrères dans des combats parfois plus ardus qu'avant...
Les procès qui touchent à l'environnement incluent un volet presque toujours scientifique. Il est donc clair que la complexité de ces sujets aujourd'hui, les débats scientifiques qu'il peut y avoir les concernant ont des répercussions sur le plan juridique. Et puis, il faut reconnaître que les sujets sont plus complexes, plus pointus que par le passé. Cela nécessite d'avoir les bonnes informations et les compétences nécessaires pour bien appréhender le fond des affaires. Souvent, cela implique de pouvoir disposer d'expertises privées, qui ont un coût, et qui posent donc problème pour les particuliers et les associations qui ont du mal à se les offrir. Aussi, il faut être en capacité de maîtriser parfaitement les sujets. Or moi je suis juriste, pas scientifique ! Tout cela demande donc une certaine préparation. Ce qui était simple, il y a trente ans, ne l'est plus. Quelques exemples : par le passé, on donnait la preuve qu'il y avait du perchloréthylène dans un fleuve ? Quand nous réussissions à le prouver, l'usage était prohibé. Désormais, quand vous êtes amené à plaider sur la dangerosité du glyphosate ou du Roundup, on touche à des domaines infiniment plus délicats.
On parle beaucoup de collapsologie (approche à la fois théorique et scientifique expliquant que l'on se rapprocherait d'un grand effondrement de notre civilisation du fait de notre inaction en matière environnementale, ndlr). Qu'en pensez-vous ? Appartenez-vous à ce camp-là ?
Je ne suis pas collapsologue, non ! Même si l'effondrement de la civilisation industrielle telle qu'on la connaît aujourd'hui n'est pas une hypothèse totalement absurde, très franchement, je suis pragmatique. Et ce que je voudrais surtout, c'est que l'on évite la catastrophe ! Catastrophe humaine et sociale qui irait d'ailleurs de pair avec la catastrophe environnementale. Cela implique plusieurs choses : une transformation profonde de notre manière de vivre, faire nôtres des thématiques comme celle de l'adaptation et de la résilience, être également beaucoup plus sobres dans notre vie de tous les jours. C'est absolument essentiel. Et c'est un changement qui est déjà en train de se produire. Vous savez, les comportements changent. Les citoyens ont pris conscience de notre extrême fragilité et de notre dépendance à l'égard de la nature. On s'adapte. On s'adapte d'ailleurs mieux qu'on ne le pense : la preuve avec la crise de la Covid-19 qui nous a forcés, rapidement, collectivement, à tout revoir. Nous nous sommes arrêtés, nous avons modifié nos modes de vies, nos codes sociaux, notre propension au déplacement et aux interactions jusqu'à nous confiner plusieurs fois. On l'a fait parce qu'il fallait le faire. Il faut désormais en tirer les conséquences pour d'autres sujets : le climat, la défense de la biodiversité et la santé environnementale. Tout ça forme un tout. Et ça ne signifie en rien un coup d'arrêt à l'économie, à l'emploi. Simplement une manière différente d'aborder, de front, ces sujets.
Justement... Le 26 mai 2021 est une date à marquer d'une pierre blanche. On a assisté à la fois à la fronde des actionnaires d'ExxonMobil et à la condamnation de Shell aux Pays Bas. Racontez-nous...
On sait que les deux leviers que sont la justice climatique d'une part et la pression financière d'autre part sont, actuellement, les plus efficaces pour réorienter le modèle économique. Voilà en effet plusieurs années que les ONG ont ciblé les majors du pétrole, premiers pollueurs de la planète, pour essayer de changer leur stratégie. En particulier l'ONG Carbon Tracker, spécialisée dans la dépréciation des actifs liés au dérèglement climatique, est parvenue à faire prendre en compte celui-ci parmi les risques financiers majeurs. C'est dans ce contexte que la décision hollandaise prend toute son importance. La deuxième digue qui a sauté est effectivement celle du droit, avec l'arrêt historique rendu par le tribunal de district de La Haye ce 26 mai 2021. C'est la toute première fois qu'une action prospère au point d'obtenir directement une décision de justice, ordonnant la réduction des émissions de gaz à effet de serre d'une entreprise, conçue comme une obligation de résultat. La demande portait sur la reconnaissance que le volume annuel global des émissions de CO2 dans l'atmosphère, dues aux activités commerciales des produits énergétiques vendus par Royal Dutch Shell (RDS) et les sociétés entités juridiques formant le groupe Shell constitue un acte illicite envers l'association. Elle demandait également que la société réduise le volume de ses émissions directement et indirectement d'au moins 45 % par rapport au niveau de 2019 au plus tard pour la fin de l'année 2030, ou a minima à 35 %.
Voilà un discours qui porte. Pourtant, vous avez progressivement délaissé vos ambitions présidentielles pour revenir pleinement au droit ainsi qu'au secteur associatif. Pourquoi ce choix ?
Moi, j'ai fait un choix de vie. Je suis toujours impliquée dans la politique. Je travaille ardemment à la constitution d'un pôle écologique différent de celui d'EELV. Mais pour autant, ma vie aujourd'hui c'est le droit. C'est plus exactement de changer les choses par le droit ! Cela se concrétise par un certain nombre d'associations dont je m'occupe : j'en préside quand même quatre, c'est pas mal, non ? Je vais vous dire, le travail, il est à faire dans la société civile...
Cela vous semble donc plus efficace d'oeuvrer dans la société civile, dans le privé, plutôt qu'en politique ?
Il faut choisir ses combats ! Le mien, c'est de faire changer les choses par le droit. On peut le contester mais cela me semble être aujourd'hui la manière la plus efficace d'agir. Cela ne m'empêche pas d'essayer de faire un certain nombre de choses sur le plan politique. Mais différemment. Je n'ai plus la capacité ni l'énergie de me lancer en politique pour être candidate à une élection présidentielle. Il en faut beaucoup ! Mais surtout : ça gâcherait ce que je fais par ailleurs. Et ce serait incompatible avec mes engagements associatifs.
La politique telle qu'on l'envisage aujourd'hui serait-elle devenue moins séduisante ?
Peut-être... Je ne veux plus en être personnellement. Du combat présidentiel, j'entends... Et puis, je trouve que le renouvellement du personnel politique, c'est pas mal aussi ! C'est un choix que j'ai fait. Vu ce qu'il se passe, je ne le regrette pas : je trouve que la difficulté des sujets mérite vraiment autre chose que la manière dont on est en train de les traiter. J'ai soutenu Emmanuel Macron au départ mais je m'en suis très vite séparée. Dès la fin 2017, j'ai signé ce livre au titre prémonitoire : à bout de confiance (éditions Autrement). On est dans une situation extrêmement grave sur le plan social, économique et culturel. Certains voudraient voir notre modèle français s'effondrer. Et puis la frontière entre le réel et le virtuel est de plus en plus ténue. ça, c'est extrêmement grave. La politique a changé : à force de dire ce que l'on ne fait pas et faire ce que l'on ne dit pas, on ne sait plus où l'on en est. On se perd complètement.
Jacques Le Bris's insight:
(Cet article est issu de T La Revue de La Tribune - N°6 Octobre 2021)
- PLANETE MON AMOUR - Réparons les dégâts ! Octobre 2021 - Découvrez la version papier
Webinaire HLA et Journal spécial des sociétés du 17 novembre 2021 -
Le cabinet Huglo Lepage Avocats et le Journal spécial des sociétés ont organisé le 17 novembre 2021 un webinaire portant sur le climat à l'occasion de la sortie du dernier numéro du JSS intitulé Le climat dans tous ses états.
Les intervenants étaient : - Corinne LEPAGE, Avocate associée fondatrice du cabinet Huglo Lepage Avocats et ancienne ministre de l'environnement - Christian HUGLO, Avocat associé fondateur du cabinet Huglo Lepage Avocats.
Le Liban, c'est loin, et on se soucie rarement de savoir ce qu'il s'y passe, à moins d'une bonne guerre ou d'une explosion hollywoodienne dans le port de Beyrouth.
Le pays du Cèdre " allons-y pour les clichés " est actuellement frappé par une pénurie de carburant, et les actualités nous montrent les automobilistes libanais au bord de la guerre civile, après deux jours sans une goutte d'essence à verser dans leurs grosses voitures. On pourrait se délecter de voir dans un tel pétrin un pays autrefois surnommé la Suisse du Moyen-Orient, patrie de Carlos Ghosn et du Hezbollah. Ce serait assez bas, et surtout pas très malin, car le Liban, c'est l'avenir. Notre avenir à tous sur cette planète. Regardez bien ces automobilistes de Beyrouth qui hurlent contre les pompistes des stations-service, regardez bien les soldats déployés autour des files d'attente pour éviter que ne coule le sang.
Demain, c'est vous, c'est nous qui nous retrouverons dans ce beau merdier.
En France, la crainte du gouvernement de voir le mouvement des "gilets jaunes" reprendre vie à cause de l'augmentation du carburant a été étouffée " pour le moment " grâce à une aide de 100 euros allouée à ceux qui gagnent moins de 2 000 euros net par mois. Cent euros pour empêcher le pays de sombrer dans les manifs et le chaos. C'est à la fois pas très cher et pas très rassurant, car on se demande pendant combien de temps encore l'état aura les moyens de se payer des rustines à 100 euros pour éviter la guerre civile.
Demain, c'est nous qui nous retrouverons dans ce beau merdier
Car les choses ne font que commencer. Il y a aussi l'aluminium, dont la production mondiale a chuté, en raison des hausses du prix de l'électricité, car la fabrication de ce métal à partir de la bauxite est vorace en kilowattheures. Pour le bois, ce n'est pas mieux, car la pâte à papier est devenue rare, et la Chine achète à prix d'or des tonnes de chêne et de hêtre à travers le monde, ce qui fait monter les cours de tous les papiers, y compris celui pour imprimer le journal que vous avez entre les mains. Les éditeurs ne sont même pas sûrs d'avoir suffisamment de stocks pour fabriquer tous les livres qu'ils aimeraient mettre en librairie à la fin de l'année. Et les quantités de papier recyclé sont trop faibles pour satisfaire tous les besoins, comme les emballages de vos colis commandés sur Amazon.
Ajoutez à cela l'épidémie de dépressions provoquées par l'"éco-anxiété" (c'est comme ça qu'on dit), et le décor est planté pour que la France devienne le Liban de demain. Ce qui fait peur, c'est l'étape suivante, celle qui, après que chacun aura épuisé toutes ses réserves d'amabilité, verra dégringoler des êtres humains civilisés dans un monde digne de Mad Max, où les gens s'entre-tueront pour des bidons d'essence, pour une planche de bois, quelques cartons ou deux, trois casseroles en aluminium !
La COP26, qui s'ouvre le 1er novembre, est censée nous sauver de ce désastre annoncé. En ce moment passe sur les écrans une publicité pour une bagnole italienne que Leonardo DiCaprio recharge à une borne électrique, en nous disant droit dans les yeux qu'il faut "changer les choses, mais pas y renoncer".
La publicité est dotée d'un pouvoir de persuasion qui semble indifférent à tout ce qui lui est extérieur. Elle est surtout d'une arrogance sans limites qui parviendrait presque à nous faire croire qu'il existe quelque part, on ne sait pas très bien où d'ailleurs, une autre voie, une issue vers laquelle l'humanité trouvera le salut.
La mémoire des hommes se rappellera-t-elle un jour tous les mensonges que la publicité aura diffusés pendant des années pour nous faire croire que jamais on ne devrait renoncer à nos existences d'animaux consommateurs ?
On sait déjà que les décisions de la COP26 pour obliger les gouvernements du monde à prendre des mesures afin de réduire les effets du réchauffement climatique ne seront pas respectées. Car personne, aucun Premier ministre, aucun président démocratiquement élu, pas même un dictateur autoproclamé, n'a jamais osé contredire ce qu'affirme la publicité.
Dans leur malheur, les Libanais ont de la chance : ils ont une longueur d'avance sur nous.
Désabusés face au chaos politique qui prévaut depuis des mois, les Haïtiens sont, depuis le début de la semaine, confrontés à une dégradation effrénée de leurs conditions de vie à cause des gangs qui contrôlent les accès aux terminaux pétroliers.
"On est en mode rationnement de l'eau chez moi", témoigne paniquée Daphné Bourgoin, 42 ans. "Et pour mes enfants qui ont leurs cours en ligne, jusqu'à quand l'internet va tenir ?", s'interroge la cheffe d'une entreprise textile contrainte à la fermeture depuis lundi.
Le pays de la Caraïbe n'a jamais produit suffisamment de courant électrique pour répondre aux besoins de l'ensemble de sa population et, dans les quartiers les mieux lotis de la capitale Port-au-Prince, la compagnie publique Électricité d'Haïti n'assure une fourniture au maximum que quelques heures par jour.
Ceux qui le peuvent se sont dotés en générateurs: des équipements coûteux aujourd'hui inutiles face à la grave pénurie de carburant provoquée par les bandes armées.
Manque d'électricité et d'eau
Le manque de diesel empêche également les entreprises privées d'assurer la livraison d'eau par camion.
Car, comme pour l'électricité, les habitants se sont construits à domicile des systèmes autonomes, le réseau public de canalisations ne couvrant pas l'ensemble de l'aire métropolitaine.
Ne bénéficiant d'aucun ravitaillement privilégié, les structures hospitalières sont contraintes de réduire drastiquement leurs activités.
"Il n'y a pas de courant dans l'hôpital pour faire fonctionner les appareils, il n'y a pas de carburant, il n'y a rien", témoigne en créole sur internet Rachilde Joseph, étudiante en médecine à Port-au-Prince.
La femme de 26 ans, qui s'était fait connaître en publiant des vidéos humoristiques sur les réseaux sociaux, n'a aujourd'hui plus le coeur à rire.
"On aimerait rester dans le pays pour offrir des soins, surtout aux gens en province qui en ont tant besoin, mais le pays ne nous donne pas cette chance", déplore-t-elle, ajoutant qu'Haïti "allait malheureusement finir par perdre tous ses jeunes".
Confrontés à un chômage massif, des milliers de jeunes haïtiens avaient déjà émigré vers l'Amérique latine à partir de 2014.
Des dizaines de milliers d'entre eux ont espéré s'installer aux États-Unis croyant, à tort, pouvoir bénéficier d'une politique migratoire plus clémente de l'administration Biden et ont donc traversé le continent durant l'été 2021.
Réunis début septembre sous un pont à la frontière entre le Mexique et le Texas, plus de 7.500 ont finalement été expulsés vers Haïti par les services migratoires américains.
Cette vague de renvoi massif avait suscité l'inquiétude des organisations humanitaires alors que le pays était déjà plongé dans une grande incertitude à la suite de l'assassinat du président Jovenel Moïse, par un commando armé, le 7 juillet.
"Etat failli"
Ariel Henry, nommé deux jours avant ce meurtre, dirige aujourd'hui par intérim le pays mais oppose un silence radio total à la montée en puissance des gangs sur Port-au-Prince, qui paralyse toute activité en empêchant l'approvisionnement sécurisé en carburant.
"Le gouvernement, qui n'existe que par nom, ne contrôle rien du tout, même pas le périmètre de ses locaux", réagit auprès de l'AFP l'économiste haïtien Etzer Emile pour qui "la crise du carburant est le dernier exemple d'un État failli".
"Comme si l'inflation galopante, la hausse continue du dollar (sur la gourde, monnaie locale), l'insécurité alimentaire, la fuite des cerveaux, le kidnapping n'étaient pas assez, il nous fallait une grave pénurie de carburant et un gouvernement fantôme chargé de comédiens et d'insouciants", assène-t-il.
Les gangs ont commis plus de 782 enlèvements contre rançon depuis le début de l'année, selon le Centre d'analyse et de recherches en droits humains, basé à Port-au-Prince.
Une des bandes armées les plus puissantes du pays réclame 17 millions de dollars de rançon pour libérer un groupe de missionnaires et de membres de leurs familles -- 16 citoyens américains et un citoyen canadien -- enlevés le 16 octobre à l'est de Port-au-Prince.
"Les maîtres de notre destin et les décideurs de nos vie, ne sont plus au Palais national comme ce fut le cas sous la dictature Duvalier : ce sont désormais les gangs armés", résume Etzer Emile, qui s'inquiète de ce qu'il appelle "la somalisation à l'haïtienne", en référence au pays africain en proie aux milices armées.
Aurélien Barrau : "Le message ne passe pas, chaque année est pire que la précédente. Aujourd'hui on se dit on est en transition écologique, mais c'est faux. La prise de conscience, en l'occurrence, est intéressante si elle est suivie des faits." pic.twitter.com/ZNhFyevtlj
Nous faisons aujourd’hui face à l’un des plus grands défis que l’humanité n’a jamais affronté : l’urgence écologique. Et alors que nous devons mettre toute notre énergie pour éviter l’ingérable et gérer l’inévitable, on en parle si peu et si mal !
Face au déni climatique, à l’inaction politique, il est difficile de ne pas se sentir impuissants. Et pourtant, c’est maintenant ou jamais. Cette vidéo vous propose donc un tour d’horizon des actions à entreprendre pour agir face à l’urgence écologique et accompagner la bascule de notre société… Mais sans oublier que les actions individuelles ne peuvent pas tout ! Et que c’est un changement systémique que réclament les scientifiques.
Journaliste : Paloma Moritz Montage : Estelle Fromentin Images : Arthur Frainet Son : Marius Pruvot Graphisme : Adrien Colrat Diffusion : Maxime Hector Production : Thomas Bornot Direction des programmes : Mathias Enthoven Rédaction en chef : Soumaya Benaissa
Une autoroute bondée au Caire (Egypte), l'une des villes les plus densément peuplées du monde.
La population mondiale devrait décliner dès la deuxième moitié du siècle pour atteindre 8,8 milliards en 2100, soit 2 milliards de moins que les projections de l'ONU, selon une étude inédite qui prédit des bouleversements dans l'équilibre mondial et au sein des sociétés.
Le chiffre a fait grand bruit lors de la sortie de l'étude dans The Lancet, dans la nuit de mardi à mercredi : alors que l'ONU tablait jusque ici sur une croissance continue de la population mondiale au XXIe siècle, de 7,7 milliards actuellement à 9,7 milliards en 2050, puis 10,9 milliards en 2100, des scientifiques américains annoncent de leur côté une inversion imminente de la courbe. Ces chercheurs de l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), organisme financé par la fondation Bill et Melinda Gates qui fait référence pour ses études mondiales en santé publique, prédisent en effet un pic dès 2064, à 9,7 milliards de personnes, avant un déclin jusqu'à 8,8 milliards en 2100.
C'est «une bonne nouvelle pour l'environnement (moins de pression sur les systèmes de production alimentaire et moins d'émission de CO2)», indique Christopher Murray, directeur de l'institut. Mais «l'inversion de la pyramide des âges aura des conséquences profondes et négatives sur l'économie et l'organisation des familles, des communautés et des sociétés», tempère-t-il. Même si ces projections ne sont pas «gravées dans le marbre» et que des changements de politiques pourraient modifier les trajectoires des différents pays.
Chine, Japon, Espagne, Italie... Ces populations qui vont être divisées par deux
Ce déclin sera lié en grande partie au développement de l'éducation des filles et de l'accès à la contraception qui va faire baisser le taux de fécondité à 1,66 enfant par femme en 2100 contre 2,37 aujourd'hui, selon l'étude. Une chute de la fécondité beaucoup plus rapide que ce que prévoit l'ONU. Dans 183 pays sur les 195 étudiés, ce taux tomberait d'ici 2100 sous les 2,1 enfants par femme permettant de maintenir la population sans apport migratoire.
Mais l'évolution démographique, intégrant aussi la mortalité et les migrations, variera selon les régions et les pays, selon les chercheurs. Ils anticipent une possible redistribution des cartes économiques et géopolitiques, même si la puissance d'un Etat ne se réduit pas nécessairement à la seule taille de sa population.
Ainsi, la Chine pourrait perdre près de la moitié de ses habitants (1,4 milliard aujourd'hui, 730 millions en 2100), avec un déclin du nombre de personnes en âge de travailler qui va "entraver" sa croissance économique.
Les Etats-Unis, appelés à perdre prochainement leur place de première économie mondiale, pourraient ainsi repasser devant la Chine d'ici la fin du siècle, si l'immigration continue à pallier la fécondité en baisse, selon l'étude.
L'Asie et l'Europe devraient perdre des habitants. Elles abritent une grande partie des 23 pays qui devraient voir leur population réduite au moins de moitié: Japon (128 à 60 millions), Thaïlande (71 à 35), Espagne (46 à 23), Italie (61 à 31), Portugal (11 à 4,5), Corée du Sud (53 à 27). Même si quelques pays comme la France y échappent (65 à 67 millions).
Un nouveau monde
A l'opposé, l'Afrique sub-saharienne pourrait voir tripler sa population (1 à 3 milliards), tirée notamment par le Nigeria (206 à 790 millions d'habitants), qui deviendrait en 2100 le deuxième pays le plus peuplé au monde derrière l'Inde mais devant la Chine.
«Ce sera véritablement un nouveau monde, un monde auquel nous devrions nous préparer dès aujourd'hui», a commenté le rédacteur en chef du Lancet Richard Horton.
Dans ce monde où la population en âge de travailler aurait diminué mais où les plus de 80 ans seraient six fois plus nombreux (141 à 866 millions), il faudrait "réévaluer la structure actuelle des systèmes d'aides sociales et des services de santé", insiste Christopher Murray.
«La réponse à ce déclin des populations risque de devenir une des préoccupations politiques majeures dans de nombreux pays», poursuit dans un communiqué son collègue Stein Emil Vollset. «Mais cela ne doit pas compromettre les efforts pour améliorer la santé reproductive des femmes ou le progrès des droits des femmes», insiste-t-il.
Pour modifier la trajectoire démographique, ils évoquent à l'inverse des «politiques sociales» pour aider les femmes à travailler tout en ayant le nombre d'enfants qu'elles souhaitent.
Mais aussi des «politiques d'immigration libérales». «Nous estimons que plus tard dans le siècle, les pays qui ont besoin de travailleurs migrants devront rivaliser pour attirer ces migrants», qui devraient venir principalement d'Afrique sub-saharienne et du monde arabe, indique Christophe Murray.
Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui un bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron et de sa majorité présidentielle sur le climat et la transition énergétique. Un quinquennat marqué par une dualité importante sur les enjeux du changement climatique.
D’un côté Emmanuel Macron a multiplié les déclarations affichant une ambition forte pour le climat, résumées dans le fameux “Make our planet great again”. De l’autre, la justice a pris des décisions historiques soulignant l’insuffisance des actions du Gouvernement pour respecter ses objectifs sur le climat et l’obligeant à agir. Qu’en est-il réellement de l’efficacité de l’action menée sur le climat par la majorité présidentielle depuis 2017 ?
Le Réseau Action Climat a fait le bilan des objectifs, des actions et des résultats dans 8 domaines : les transports, l’industrie, l’alimentation et l’agriculture, le bâtiment, l’énergie, l’Europe, l’international et les finances publiques.
Parmi les constats communs :
Après de premiers discours engageants sur l’importance de la lutte contre le changement climatique et le rôle clé de la France, le quinquennat a été marqué par des mesures symboliques telles l’arbre cachant la forêt des reculs
Si le quinquennat a débuté avec des espaces de dialogue avec la société civile (États généraux de l’alimentation, Assises de la mobilité, etc.) et s’est poursuivi avec des concertations directes avec les citoyens (grand débat national, convention citoyenne pour le climat), le Gouvernement et sa majorité parlementaire ont eux-mêmes revu à la baisse les exigences de la société, ce qui est une première. Pire, la parole présidentielle a perdu sa crédibilité en passant du “sans filtre” promis aux conventionnels aux cent filtres
La justice sociale a été largement oubliée, particulièrement en début de quinquennat, créant des situations de détresse et de blocage alors que les Français sont prêts à faire des efforts pour le climat à la condition qu’ils soient équitablement répartis. Ceci est notamment l’une des causes de la contestation des Gilets Jaunes
Malgré un ministre d’Etat, donc haut placé dans la hiérarchie du Gouvernement, en charge de la transition écologique et solidaire en début de mandat, le climat est resté une variable d’ajustement dans les arbitrages. Le respect des budgets carbone n’a pas été l’un des caps essentiels de la politique du Gouvernement ni de la majorité présidentielle
Si la crise sanitaire a engendré une baisse temporaire des émissions de gaz à effet de serre, elle aurait pu être une occasion de reconstruire de manière plus durable. Mais la relance a surtout favorisé la reprise du monde d’avant.
A l’issue de ce quinquennat, la plupart des indicateurs sont donc dans le rouge : les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas baissé au rythme attendu, la France est le seul pays européen à ne pas avoir atteint son objectif d’énergies renouvelables en 2020 et l’objectif pour 2018 d’économies d’énergie a été décalé de 5 ans. Le Haut conseil pour le climat a rappelé ainsi la nécessité de baisser deux fois plus vite les émissions pour atteindre les objectifs climatiques. La justice dans le cadre de l’Affaire du Siècle et de l’affaire Grande-Synthe a reconnu elle aussi, l’insuffisance des actions du Gouvernement l’obligeant à agir dès 2022.
Contacts presse
Mathilde Lebourgeois – Responsable communication – Réseau Action Climat
En Australie, le record absolu de température mesurée dans l'hémisphère sud est à nouveau égalé avec 50.7 °C. Pendant ce temps en France on relance les centrales à charbon à plein régime plutôt que de réfléchir à notre sobriété énergétique.
En Australie, le record absolu de température mesurée dans l'hémisphère sud est à nouveau égalé avec 50.7 °C. Pendant ce temps en France on relance les centrales à charbon à plein régime plutôt que de réfléchir à notre sobriété énergétique.
Avec le réchauffement climatique et la fonte du pergélisol, des villages entiers pourraient être engloutis en Alaska
C’est sur l’île de Kodiak, située au sud de l'Alaska, que ce record a été établi. A cause du réchauffement climatique, les scientifiques craignent une augmentation des précipitations extrêmes et des conséquences dramatiques pour les autochtones.
CLIMAT- Des températures printanières en Alaska. 19,4 degrés, c’est du jamais vu pour la communauté insulaire de Kodiak habituée aux paysages enneigés. C’est même la température la plus élevée enregistrée en Alaska au mois de décembre, a déclaré le scientifique Rick Thoman du Centre d’évaluation et de politique climatique de l’Alaska.
Ce nouveau record s’inscrit parmi une série de températures extrêmes en décembre, a détaillé le chercheur. Un record a été battu dans la communauté de Cold Bay, avec 16,6°C. Dans la ville d’Unalaska, la température a dépassé les 10°C au moins huit jours ce mois-ci, avec un Noël sous 13.3°C. Le plus chaud jamais enregistré en Alaska.
Des précipitations extrêmes
D’habitude, décembre est un mois sec et froid pour l’Alaska. L’air est si glacial qu’il ne retient pas beaucoup l’humidité. Mais cette année, avec la douceur des températures, des torrents de pluie tombent du ciel. La région de Fairbanks a été frappée par la tempête la plus violente depuis 1937, a déclaré Rick Thoman.
Mais le pire, c’est la glace. Le temps doux fait fondre la neige qui devient liquide. Une eau rapidement transformée en glace sur les routes. “Les routes étaient à des températures inférieures à zéro, ce qui a fait que la glace s’est liée à la surface”, a expliqué le ministère des Transports sur Twitter. Une glace extrêmement solide “semblable à du ciment”, a comparé le ministère.
Ces événements climatiques anormaux du milieu de l’hiver sont devenus plus fréquents en Alaska au cours des deux dernières décennies que les années précédentes. Un signe du changement climatique, “c’est exactement ce à quoi nous nous attendons dans un monde qui se réchauffe”, a alerté le chercheur Thoman.
L’Alaska se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne du globe
Une étude publiée le mois dernier dans la revue Nature Communications prévoit même un climat arctique où les pluies hivernales seront plus nombreuses que les chutes de neige à partir de 2060 ou 2070.
Selon les scientifiques, l’Alaska subit un réchauffement deux fois plus rapide que la moyenne du globe. De “1901 à 2016, les températures moyennes aux Etats-Unis ont augmenté d’un degré Celsius, tandis qu’en Alaska elles ont gagné 2,6 degrés”, a relevé Rick Thoman en avril 2019.
Les conséquences de ce réchauffement climatique sont le dégel du pergélisol, connu aussi sous son nom anglais de “permafrost”. C’est une surface de sol gelée qui recouvre plus de 80% de l’Alaska. Sa fonte augmente les risques d’inondation et provoque l’affaissement des terres qui soutiennent les habitations.
La dégel du pergélisol pourrait aussi engloutir des villages entiers. Encerclé par les eaux, la communauté indigène de Newtok est la première de l’Alaska à quitter sa terre natale en 2021. Avec la fonte du sol gelé couplée à l’érosion qui grignote les terres d’Alaska, les déplacés environnementaux seront de plus en nombreux dans les années à venir.
Corinne Lepage, ancienne ministre et avocate, revient sur l'affaire Hulot et sur l'impact que celle-ci pourrait avoir sur le combat pour l'écologie.
La tribune : "Le tsunami de l'affaire Hulot n'a pas fini ses ravages et l'instrumentalisation politique dont elle fait l'objet ne doit pas se transformer en remise en cause du caractère vital de la cause écologique et de l'impératif qu'il y a à sortir de la communication pour entrer dans l'action. La déflagration est à la hauteur de l'amour que les Français portaient à ce présentateur vedette, longtemps personnalité politique préférée. Cette place privilégiée n'était pas le résultat d'une action politique éclatante, mais d'une présence médiatique pérenne et utilisée avec talent. Lécher, lâcher, lyncher. Ce poncif du comportement des médias se vérifie une fois de plus.
La lâcheté et une forme de connivence du monde politique, à commencer par celle de la macronie qui a couvert et défendu Nicolas Hulot en 2018 lors des accusations d'Ebdo, apparaît une fois de plus au grand jour. Qui savait quoi? La libération de la parole des femmes est essentielle et tout d'abord pour elles-mêmes. C'est une évidence. Aider à cette libération de la parole lorsque l'on sait est indispensable mais cela passe par la volonté des victimes d'accepter de s'exprimer, faute de quoi la loi exclut la dénonciation. Au-delà, et à l'évidence, lorsqu'un comportement toxique est connu de tout un entourage, cet entourage a une responsabilité pour faire cesser le risque que fait courir le violeur potentiel en faisant tout pour l'empêcher de nuire et en l'excluant de la sphère politique à laquelle il appartient lorsque c'est le cas. En revanche, la dénonciation publique n'est pas toujours possible et dépend de la capacité des victimes à oser s'exprimer.
Les lanceurs d'alerte sont conspués et oser s'exprimer, lorsqu'on appartient à la sphère politique, se paie au prix fort
Le comportement de prédateur, que l'on trouve dans tant de sphères du pouvoir, pose une question éthique fondamentale. Le sentiment d'être au-dessus des lois, de pouvoir tout se permettre apparaît ici dans le domaine du rapport aux femmes mais se retrouve dans bien d'autres domaines, à commencer par celui de l'argent ; les affaires Fillon ou Cahuzac en sont une parfaite illustration. Et si l'on en croit Madame Filippetti s'agissant du deuxième, les deux cases pourraient être cochées. D'où l'importance de l'éthique en politique. Or, dans ce domaine plus que dans d'autres, les lanceurs d'alerte sont conspués et oser s'exprimer, lorsqu'on appartient à la sphère politique, se paie au prix fort. Plusieurs fois, j'en ai fait l'amère expérience. En tout cas, en 2007, lorsque j'avais publié dans Libération une tribune qui commençait par : "L'éthique s'oppose à ce que Nicolas Hulot soit candidat des écologistes", pointant ses liens avec le lobby nucléaire et, de manière plus générale, avec les grands intérêts industriels en opposition avec ses prises de position orales, je me suis retrouvée toute seule. Le dégoût de la politique qu'expriment nos concitoyens, le manque de légitimité des acteurs politiques, le manque de confiance dans leurs paroles vient aussi et peut-être avant tout de ces comportements qui n'appartiennent à aucun courant politique en particulier.
La volonté de prendre le pouvoir au sein de EELV émanant des courants wokistes et intersectionnalistes est un secret de polichinelle
Certes, la sphère EELV commence à compter un certain nombre de personnalités encombrantes. Et les règlements de comptes internes paraissent jouer un rôle croissant dans les événements actuels. L'éco féminisme poussé à son extrême et la véritable chasse à l'Homme lancée par certaines ont des visées purement politiciennes, très éloignées du combat écologiste. La volonté de prendre le pouvoir au sein de EELV émanant des courants wokistes et intersectionnalistes est un secret de polichinelle et l'affaire Hulot est pour eux une bénédiction. Qu'ils se battent entre eux mais qu'ils ne détruisent pas l'écologie. Et surtout que les courants ultra minoritaires dans la société française, que les wokistes représentent, n'annihilent pas définitivement toute chance d'une écologie rigoureuse mais pragmatique de triompher.
De grâce, ayez pitié de l'écologie. Ce combat vital pour le vivant humain et non humain, cette formidable possibilité qui nous est donnée de transformer notre monde pour assurer la pérennité des espèces vivantes, ne peut pas s'arrêter à ces misérables affaires humaines. L'écologie, c'est l'humanisme du 21e siècle, c'est une dynamique qui pourrait permettre à une génération de réparer les dégâts causés par un siècle et demi de destruction des ressources, c'est un espoir qu'il convient de partager avec nos jeunes pour sortir de l'éco anxiété et rendre possible les transformations rapides que nous avons à accomplir. De plus en plus de nos concitoyens s'engagent. Nous avons tous une responsabilité à leur égard.
A l'heure où l'extrême droite ne semble plus connaître de limites en France, où la communication et parfois la manipulation servent de politique, il est plus que jamais indispensable que tous ceux qui pensent que la solution est dans le mariage entre l'écologie et l'universalisme républicain se retrouvent."
Le boulevard Rajpath, dans le centre de New Delhi, vendredi 12 novembre.
L'Inde envisage de confiner sa capitale, plongée dans un épais et toxique nuage de pollution.
Cette fois, le Covid n’y est pour rien. Et en pleines tractations de dernière minute à la COP26, les annonces font froid dans le dos. New Delhi a ordonné samedi la fermeture des écoles pour une semaine et envisage d’instaurer un confinement pour protéger la population d’un nuage de pollution. «Les écoles seront fermées pour que les enfants n’aient pas à respirer de l’air pollué», a déclaré à la presse le ministre en chef de la capitale indienne, Arvind Kejriwal.
Peuplée de 20 millions d’habitants, la capitale indienne est la plus polluée au monde selon un rapport de l’organisation suisse IQAir publié en 2020, en raison de ses usines, de son trafic et des feux agricoles allumés chaque hiver.
Samedi, la Cour suprême a suggéré d’imposer un confinement à Delhi pour lutter contre la détérioration de la qualité de l’air. «Sinon comment allons-nous pouvoir vivre ?», a déclaré le juge en chef N.V. Ramana.
M. Kejriwal a déclaré que son gouvernement examinerait cette proposition après avoir consulté les parties prenantes. «Un confinement pour cause de pollution n’a jamais eu lieu auparavant. Ce sera une mesure extrême», a-t-il déclaré.
Les travaux de construction seront à l’arrêt durant quatre jours, à partir de dimanche, pour cesser les émissions polluantes depuis des sites en plein air, a-t-il annoncé. Les fonctionnaires doivent télétravailler, et les entreprises privées ont été invitées à le faire autant que possible.
Le métro aérien de New Delhi plongé dans les fumées. (Navesh Chitrakar/REUTERS)
Purificateur géant
Le Bureau central de contrôle de la pollution a demandé vendredi aux habitants de «limiter les activités de plein air» et a conseillé aux autorités gouvernementales de se préparer «à la mise en œuvre de mesures d’urgence»». Il a ajouté que la mauvaise qualité de l’air serait probablement maintenue au moins jusqu’au 18 novembre à cause de «vents faibles et de conditions calmes pendant la nuit».
Samedi, les niveaux de particules PM 2,5 - les plus petites et les plus nocives, qui peuvent pénétrer dans la circulation sanguine - ont dépassé 300 sur l’indice de qualité de l’air. C’est 20 fois la limite maximale quotidienne recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les hôpitaux ont signalé une forte augmentation du nombre de patients se plaignant de difficultés respiratoires, a rapporté le quotidien Times of India. «Nous recevons 12 à 14 patients par jour aux urgences, principalement la nuit, lorsque les symptômes provoquent des troubles du sommeil et de la panique», a déclaré au journal le docteur Suranjit Chatterjee des hôpitaux Apollo.
Le gouvernement de New Delhi s’est engagé depuis des années à assainir l’air de la ville. L’incinération des déchets agricoles dans les États voisins de New Delhi s’est poursuivie malgré une interdiction de la Cour suprême.
Des dizaines de milliers d’agriculteurs autour de la capitale brûlent leurs chaumes - ou résidus de culture - au début de chaque hiver, en nettoyant les champs des rizières récemment récoltées pour faire place au blé. Selon les données du gouvernement, le nombre d’incendies agricoles de cette saison a été le plus élevé de ces quatre dernières années.
Au début de cette année, le gouvernement de New Delhi a inauguré son premier purificateur d’air géant contenant 40 ventilateurs qui pompent 1 000 mètres cubes d’air par seconde à travers des filtres. Cette installation, d’une valeur de 2 millions de dollars, réduit de moitié la quantité de particules nocives dans l’air, mais uniquement dans un rayon d’un kilomètre carré, selon les ingénieurs.
Un invité de la Cop21 contemple une projection du globe terrestre, le 30 novembre 2015
La première COP a eu lieu en 1995 à Berlin. Depuis, chaque année, des délégations du monde entier, de plus en plus nombreuses avec le temps, se réunissent pour tenter de lutter contre le réchauffement climatique. Mais pour quoi faire précisément?
Ils seront des dizaines de milliers, réunis pour réfléchir à l'avenir de la planète. La très attendue COP26, reportée d'un an en raison de la pandémie de Covid-19, s'ouvre ce dimanche à Glasgow (Écosse), jusqu'au 12 novembre. C'est, comme son l'indique, la 26ème de ces "conferences of the parties", organisées chaque année depuis 1995, dans le but de lutter contre le dérèglement climatique.
La rencontre se tient quelques mois après une nouvelle "alerte rouge" du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat): les scientifiques ont annoncé une hausse "sans précédent" des événements météorologiques extrêmes dus à la crise climatique, pointant la responsabilité "sans équivoque" de l'humain dans ces phénomènes.
Malgré ces rendez-vous internationaux annuels, malgré les mesures dégagées par les Accords de Paris lors de la COP21, la situation continue de se dégrader, et les pires scénarios des climatologues sont en train de se réaliser, ce qui peut interroger sur l'efficacité - et donc l'utilité - des COP.
"L'enjeu, c'est de dépasser les frontières"
"Sur le climat, les premières alertes sont données dans les années 1970 et un premier rapport du GIEC en 1990" évoque déjà sur l'impact de l'activité humaine sur le climat, rappelle à BFMTV.com le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du GIEC, et auteur de Climat: Parlons vrai.
Dans ce rapport, on peut déjà lire que "les émissions résultant des activités humaines augmentent considérablement les concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre" sur la planète.
Ce rapport entraîne la mise en place de la CCNUCC (convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) à Rio de Janeiro (Brésil), en 1992. Elle a pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre "à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique (due à l'activité humaine, NDLR) dangereuse du système climatique", précise l'ONU. Les signataires de la CCNUCC sont les fameuses "parties" présentes aux COP. Elles sont actuellement 197 - 196 États et l’Union européenne.
"Le but ultime des COP, c'est de réussir à éviter le dérèglement climatique", résume pour BFMTV.com Estelle Forget, consultante climat, qui a travaillé au secrétariat général de la COP21.
"L'enjeu, c'est de dépasser les frontières", ajoute Frédéric Amiel, coordinateur général des Amis de la Terre en France, une fédération internationale de protection de l'homme et de l'environnement. "C'est seulement à un échelon mondial que l'on peut faire avancer les choses, on ne pourra pas régler le changement climatique au niveau d'un pays."
Kyoto, Copenhague, Paris... 3 COP majeures
"Toutes les COP n'ont pas eu la même importance", note Jean Jouzel. Ainsi, s'il on compte 26 COP depuis 1995 trois sont particulièrement notables. Il y a d'abord la COP3, au Japon, qui a entériné les accords historiques de Kyoto en 1997.
Par ce traité, "38 pays industrialisés s’engagent à une réduction moyenne de 5,2% de leurs émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2012" par rapport à celles de 1990, rappelle le site du gouvernement français. Il s'agit du "premier traité international juridiquement contraignant contre le réchauffement climatique".
Mais parmi les signataires, on ne retrouve ni les États-Unis, ni la Chine, ni la Russie, qui refusent cet engagement, alors qu'ils font partie des pays les plus pollueurs en terme de CO2.
L'autre COP qui marque l'histoire, c'est la COP15 de Copenhague (Danemark) en 2009. Mais contrairement à Kyoto, "c'est un échec", déclare à BFMTV.com Gilles Ramstein, directeur de recherches au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement: "Elle devait décider de ce qui devait se passer après Kyoto, mais les pays présents n'ont pas réussi à se mettre d'accord." Les discussions n'ont pas été totalement vaines, car à Copenhague "et lors des COP qui ont suivi, elles ont permis de convaincre pour les Accords de Paris, lors de la COP21".
Ratifiés par 191 parties, les Accords de Paris de 2015 confirment notamment l’objectif de maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C et appellent à poursuivre les efforts pour limiter la température en deçà de 1,5°C. Il prévoit également la neutralité des émissions carbone pour 2050, sauf pour la Chine qui vise 2060.
"La COP21 est un succès par son universalité, tout le monde a mis des engagements, tout le monde a signé, a ratifié", déclare Jean Jouzel.
Les autres COP ont contribué, petit à petit, à préparer ces grands accords, en refaisant à chaque fois le point sur la situation. Elles sont aussi l'occasion d'avancer sur des dossiers techniques particuliers. La COP16 de Cancun (Mexique) a par exemple permis la concrétisation du Fonds vert pour le climat, qui vise à transférer des moyens financiers des pays les mieux dotés vers les pays les plus vulnérables pour mettre en place des projets contre le réchauffement climatique.
"Faire converger des intérêts divergents"
S'il a fallu tant d'années pour que près de 200 parties signent un accord commun, c'est parce que chaque État a un fonctionnement énergétique particulier et des enjeux qui lui sont propres. "En France la part du nucléaire est forte alors qu'en Pologne c'est le charbon", note par exemple Gilles Ramstein.
Sans compter les changements de gouvernance, qui peuvent venir bouleverser les engagements. Le président américain Donald Trump avait ainsi quitté les Accords de Paris lors de son mandat, refusant de mettre en œuvre les promesses de son prédécesseur Barack Obama.
"Depuis leur création, la difficulté des COP, c'est de faire converger des intérêts divergents", souligne Estelle Forget. "Se mettre d'accord sur un programme commun est très difficile et prend du temps".
En plus des délégations de chaque pays, qui peuvent déjà être en désaccord, les COP rassemblent des membres de la société civile, des associations, des ONG, des entreprises ou encore différents lobbies présents comme observateurs, mais qui peuvent parfois intervenir. Un réseau complexe de dizaine de milliers de personnes aux intérêts discordants, et c'est de ce nœud que doivent sortir des accords.
Les COP sont "un vrai forum de négociations. Et comme cela dure 15 jours, il est vraiment possible de réussir à faire évoluer les avis de certains acteurs dans un sens ou dans un autre", assure Frédéric Amiel. Même si le plus souvent, reconnaît-il, "c'est à la marge que cela se joue, sur un paragraphe, on négocie sur des virgules".
Des promesses tenues?
S'il y a de l'ambition dans les promesses signées en 2015, encore faut-il les réaliser.
Si dès Kyoto, "tout le monde avait signé et respecté ces accords, peut-être n'en serions-nous pas là aujourd'hui", déclare Jean Jouzel. Le climatologue rappelle que des années 1970 à la fin des années 2010, "les émissions de gaz à effet de serre ont doublé".
En ce qui concerne les Accords de Paris, "l'Europe a tenu ses engagements pour 2020 de diminuer de 20% ses émissions de gaz à effet de serre", souligne le climatologue, mais "son empreinte carbone a nettement augmenté dans le même temps". Il "espère" que l'UE respectera les prochains: une réduction nette des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990.
"Il faudrait que les émissions mondiales baissent de 40% d'ici 2030, alors qu'elles augmentent actuellement", note également Jean Jouzel.
Pour vraiment avoir un impact sur le changement climatique, "cela implique de tout changer, de revoir le système énergétique, mais aussi celui des transports publics, de l'isolement des bâtiments", souligne Gilles Ramstein. Or, le spécialiste ne voit pas pour le moment de "plan à long terme qui permettrait d'arriver à cela".
Les COP "participent à faire avancer le débat"
Les experts ne remettent pas pour autant en cause l'intérêt de ces rendez-vous. "Cela entraîne des engagements, des réflexions qui ne se mettraient pas en place si on n'en parlait pas tant" déclare Jean Jouzel. Avec les COP, "il y a une vraie interaction entre ce que font les scientifiques dans le cadre du GIEC et la réalité, elles ont permis de faire prendre la mesure de ce qui allait arriver", abonde Gilles Ramstein.
"Les engagements pris lors des COP sont des référentiels importants sur lesquels peuvent appuyer les contre-pouvoirs", déclare Frédéric Amiel des Amis de la Terre. "Même si aujourd'hui les résultats des COP ne sont pas forcément visibles, elles participent à faire avancer le débat sur le changement climatique."
La COP26 qui s'ouvre ce dimanche pourrait faire partie des rendez-vous qui comptent, car les pays doivent y "annoncer leurs nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre", explique le ministère de la Transition écologique. Mais la pandémie de Covid-19, qui a bouleversé les instances mondiales, et surtout ses conséquences économiques promettent d'influencer les prochaines discussions. Et donc l'ambition de l'accord qui pourrait en découler.
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