Cela fait maintenant longtemps que les forces françaises réclament des hélicoptères de transport lourd [HTL], dont la plupart de leurs homologues européennes sont pourtant équipées, alors qu’elles ne connaissent pas le même degré d’engagement opérationnel. Et si l’hypothèse de s’en procurer a été avancée lors de l’élaboration de l’actuelle Loi de programmation militaire [LPM], il n’en a finalement rien été. Ce qui visiblement contrarié le général Jean-Pierre Bosser, l’ex-chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT]…
Pourtant, le besoin est avéré, comme le démontre quotidiennement l’engagement de trois CH-47D Chinook de la Royal Air Force [RAF] depuis Gao [Mali], au profit de la force française Barkhane.
Depuis leur arrivée au Sahel, en juillet 2018, ces trois appareils ont en effet effectué 1.600 heures de vol pour transporter 800 tonnes de fret et 11.000 militaires. Outre ces missions de transport, les CH-47D Chinook britanniques apportent plus de flexibilité dans les opérations menées par Barkhane, comme par exemple avec la procédure dite du « Kangourou ». Pouvant emporter jusqu’à 2.000 litres de caburtant grâce à des bacs souples, ces machines permettent le ravitaillement d’autres hélicoptères sans qu’il y ait besoin de déployer un plot logistique par voie terrestre.
« Cette capacité nous permet de nous consacrer à des missions d’aérocombat pendant que nos camarades britanniques assurent logistique, ravitaillement et transport de troupes », a fait valoir le commandant Groupement tactique désert aérocombat [GTD-A] de Barkhane, auprès de l’AFP. Sans les moyens de la RAF, « nous serions obligés d’attribuer d’autres hélicoptères ou de revenir à des convois routiers plus lents, forcément plus risqués. » Et d’ajouter : « Pour nous, ce serait un réel plus si cette capacité restait au-delà de l’été 2020 ».
L’officier de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] s’exprimait à l’occasion d’un déplacement à Gao des généraux Philippe Lavigne et Mike Wigston, respectivement chefs d’état-major de l’armée de l’Air et de la Royal Air Force.
Or, en juillet dernier, Londres a déjà a annoncé la prolongation, pour au moins six mois, de l’engagement de ses trois CH-47D Chinook au Sahel. Et rien ne dit, pour le moment, que cette mission sera à nouveau prolongée, comme le souhaitent les forces françaises.
« Le Royaume-Uni reconnaît que le Sahel est actuellement la ligne de front de l’instabilité. Notre présence vise à sécuriser le Sahel mais aussi à protéger l’Europe », a commenté le général Wigston. « Nous faisons une vraie différence ici et je suis heureux d’entendre à quel point cet apport est vital pour Barkhane. Je transmettrai le message aux autorités à Londres », a-t-il ajouté.
Reste que le Royaume-Uni a déjà annoncé le déploiement, en 2020, de 250 militaires au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA]. Aussi, d’après l’AFP, on s’interroge à Londres pour savoir s’il sera possible de maintenir en même temps l’engagement des trois hélicoptères de la RAF auprès de Barkhane. En clair, la décision sera politique, à l’heure où la France et le Royaume-Uni célébreront, l’an prochain, le 10e anniversaire des accords de Lancaster House, qui ont renforcé leur coopération militaire.
Par ailleurs, les deux hélicoptères de transport lourd AgustaWestland AW101 promis par le Danemark à la force Barkhane sont arrivés à Gao. Ils devraient être opérationnels d’ici janvier.
Quoi qu’il en soit, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, le général Philippe Lavigne avait souligné « tout le bénéfice des hélicoptères de transport lourd [HTL] dans le cadre de l’opération Barkhane. » Et d’ajouter : « En liaison avec des partenaires comme l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, nous examinons la possibilité de former des pilotes et réfléchissons en parallèle à la location de ce type de capacité. »
Le déploiement dans les pays baltes étant désormais réduit au minimum, le Sahel deviendra le principal théâtre d’OPEX de la Composante Terre belge en 2020. Une vingtaine de missions y seront théoriquement accomplies l’an prochain, selon le cadre opérationnel de défense présenté en novembre aux députés belges.
À quelques exception près, la Défense belge assurera la continuité des opérations aujourd’hui en cours en Europe, en Asie et en Afrique. Les différents dossiers doivent progressivement être approuvés en Conseil des ministres d’ici la fin de l’année afin de garantir le statut des militaires déployés dans les opérations concernées. Dans sa globalité, le plan des opérations coûtera 72,3M € nets, dont 5,5M € alloués à l’externalisation de capacités médicales en soutien des détachements présents au Sahel.
Parmi les évolutions annoncées, la Composante Terre réduira drastiquement sa présence dans les pays baltes. Le dernier détachement déployé dans le cadre de l’enhanced Forward Presence (eFP) de l’OTAN, 260 militaires principalement issus du bataillon Libération-5e de Ligne de Bourg-Léopold (Limbourg), est rentré la semaine dernière de Lituanie et ne sera pas relevé. La Composante Terre ne conservera donc que quatre militaires sur le flanc oriental de l’Alliance atlantique, répartis entre les dispositifs eFP et Defence Capability Building. A contrario, la présence militaire belge au Sahel sera maintenue, voire ponctuellement renforcée, afin de répondre à la détérioration des conditions sécuritaires dans la région.
Tous pays et toutes périodes confondus, la Composante Terre est susceptible de déployer plus de 330 militaires au Sahel en 2020, sans compter les quelques dizaines de soldats détachés pour la protection des postes diplomatiques et des ressortissants belges. « Le déploiement dans ces zones résulte de l’évaluation de diverses demandes formulées explicitement par les Nations unies (Minusma), l’Union européenne (EUTM) et des partenaires bilatéraux, comme la France ou des pays de cette région (…), » précisaient le capitaine de frégate Kristof Van Belleghem, directeur Opérations Militaires auprès du ministre de la Défense, et le général-major Peter Devogelaere, chef de cabinet du ministre de la Défense, devant les députés belges.
« Ces opérations s’appuient souvent sur des opportunités modestes, le but final étant de renforcer la résilience et l’autonomie de ces pays. Plusieurs nouvelles missions de petite envergure ont ainsi été mises en place à partir de ce type d’opportunités, » ajoutaient alors les deux officiers. En toute logique, ce théâtre captera pratiquement la moitié de l’enveloppe prévue (32M €) dans le prochain budget de la Défense. Du Mali au Burkina Faso, rapide tour d’horizon des missions inscrites dans le calendrier 2020 de la Composante Terre.
Mali
MINUSMA : La Belgique maintiendra approximativement 120 militaires en contribution à cette opération de maintien de la paix lancée en 2013 par l’ONU. Cinq officiers du renseignement seront affectés au quartier général de Bamako tandis qu’un peloton mutlisenseurs du bataillon ISTAR, soit 65 militaires, seront intégrés à l’unité ISR allemande basée à Gao. Deux Mobile Training Teams d’une dizaine de militaires seront également mises à disposition de la MINUSMA pour former et entraîner les contingents africains participants. Le soutien sera assuré par une quarantaine de logisticiens.
EUTM Mali : Une quinzaine de militaires belges continueront de soutenir cette mission de formation amorcée en 2013 sous l’égide de l’Union européenne. De plus, un soutien ad hoc pourra également être apporté au développement de la Force Conjointe du G5 Sahel (FCG5S).
CSOJTF Takuba : C’est l’un des quelques dispositifs dans lesquels la Défense belge s’engagera pour la première fois l’an prochain. Trois militaires seront déployés durant toute l’année au quartier général de la future Task Force française à Gao, « afin de mieux comprendre la situation dans la région du Sahel mais aussi de stimuler et de compléter l’échange d’informations au profit des détachements belges déployés dans la région, » précise-t-on du côté du cabinet ministériel. Une posture limitée qui n’aura pas manquer d’étonner côté français au vu de l’expérience et des moyens dont disposent la Belgique. Cet effort est néanmoins susceptible d’évoluer par la suite. Ainsi, sur base des RETEX recueillis, la Défense pourra par la suite « mieux analyser les options pour un éventuel futur déploiement dans les années à venir. .
Niger
Approuvée à la mi-octobre par le Conseil des ministres, la prolongation et la consolidation de la mission belge d’entraînement et de formation permettra à la Défense « d’élargir son réseau et d’avoir une meilleure connaissance interdépartementale de la situation dans le Sahel et au Niger, » déclarait alors le gouvernement belge. La présence militaire belge pourrait atteindre jusqu’à 150 militaires dans sa globalité, en fonction des besoins en terme de formation. La continuité de la coopération avec l’état-major de la Défense nigérienne et les autres pays partenaires sera assurée par une Special Operations Forward Liaison Team. Dans les environs de Niamey, la Composante Terre continuera par ailleurs de fournir des formations tactiques aux unités de l’armée, de la gendarmerie et des gardes-frontières nigériens. À Maradi, le Special Operation Regiment (SORegt) assurera à nouveau une formation en faveur des unités d’interventions nigériennes. Inscrite dans le cadre plus large de l’opération New Nero, la Mobile Education & Training Team (METT) Maradi requiert le déploiement d’une quarantaine de paracommandos issus soit du 2e bataillon de commandos de Flawinne, soit du 3e bataillon de parachutistes de Tielen. La Belgique envisage également de collaborer à des projets concrets à définir avec d’autres acteurs, telle que l’Agence belge de développement (ENABEL), et de soutenir le développement d’un centre d’entraînement des forces spéciales à Tilia, dirigé par l’Allemagne.
Mauritanie
La Belgique y enverra 25 militaires à l’occasion de l’exercice multinational Flintlock 2020, organisé sur le sol mauritanien par le commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM). Les activités préparatoires se déroulent pour l’instant au Niger. Flintlock est aujourd’hui le plus vaste exercice annuel dédié aux forces spéciales mené sur le sol africain. L’édition 2019, organisée en février au Burkina Faso, aura rassemblé 33 nations dont 16 africaines.
Burkina Faso
À l’instar du Niger, la Défense prévoit d’accroître la capacité opérationnelle des forces armées burkinabè en progressant dans la réhabilitation d’un centre de formation situé à Pô afin que celui-ci puisse évoluer vers un centre de perfectionnement régional. L’aide apportée par la Belgique avait déjà permis la réouverture, en octobre dernier, du Centre d’entraînement commando et de formation aux opérations spéciales (CEC-FOS) de Pô.
ENVR
En étroite collaboration avec la France, l’armée belge engagera trois instructeurs au profit des Écoles nationales à vocation régionale (ENVR) de Mauritanie, du Burkina Faso, du Niger, du Mali, du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Congo Brazzaville. Il existe 17 ENVR réparties dans 12 pays africains. Ces écoles thématiques visent à l’appropriation de savoir-faire et connaissances par le pays partenaire afin que ce dernier puisse ensuite entretenir ces nouvelles capacités par lui-même sur le long terme. Les formations dispensées s’étendent du maintien de la paix à la sécurité maritime, en passant par la lutte contre le terrorisme et la cybersécurité.
En acronyme militaire, ce déplacement s'appelle une ITH, pour "inspection de théâtre". En trois jours, du 11 au 13 décembre, le Chef d'état-major des armées (CEMA) a alterné briefings opérationnels et visites diplomatiques au Niger et au Mali. L'avion du général François Lecointre s'est d'abord posé sur la base aérienne de Niamey, par où transite l'essentiel des hommes, du matériel, et de la logistique nécessaires aux 4 500 femmes et hommes de l'opération Barkhane.
Il n'y aura pas de grand soir, de grande bataille définitive avec défilé triomphal sur les Champs-Elysées. Nous sommes là pour endiguer la crise.Le général François Lecointreà franceinfo
Dans la soirée - et il fera de même le lendemain à Gao - le plus haut gradé français s'adresse à une quarantaine d'officiers. Le coeur de son discours : rappeler le sens de la mission. "Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent", assure t-il, "car si nous laissons le chaos s'installer, les États sahéliens vont s'effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l'Etat islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l'Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera".
Survolant la région de Ménaka, au Mali, à bord d’un hélicoptère Chinook, le général François Lecointre lors d’un déplacement dans la Bande Sahélo-Saharienne, le vendredi 13 décembre 2019 Survolant la région de Ménaka, au Mali, à bord d’un hélicoptère Chinook, le général François Lecointre lors d’un déplacement dans la Bande Sahélo-Saharienne, le vendredi 13 décembre 2019 (FRANCK COGNARD / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
A Gao, dans la plus grande base de l'armée française au Mali, le CEMA est accueilli à son arrivée, sur le tarmac, par des pilotes et des équipages d'hélicoptères. L'instant comporte une part de recueillement, ce n'est pas une simple revue des troupes. Le 25 novembre dernier, lors d'une mission de combat, deux hélicoptères se sont percutés, faisant 13 morts. Ceux qui discutent avec le général ont perdu des "frères d'armes" cette nuit là. Mais dans leurs mots, aucune nuance de doute, aucune remise en question de leur mission : "On pense à eux, c'est en tête, c'est latent, mais quand on remonte dans la machine, quand le rotor se met à tourner, on est pleinement concentré. Même si nous avons été marqués par ce que nous avons vu, car nous avons volé la nuit du crash", disent le capitaine Julien et le lieutenant Adrien, chef de bord et pilote d'un Tigre.
Nous avons une dette envers ces pays. Combien d'Africains sont venus se faire tuer en France et en Europe pendant les deux guerres mondiales ?le général Lecointreà franceinfo
Le CEMA se dit plus tard "frappé par le fait que ceux qui perdent leurs camarades au combat sont encore plus déterminés". Pour lui, si un soldat doute, c'est que son chef n'a pas su lui faire comprendre le sens de la mission, ou n'a pas parié sur son intelligence en ne jugeant pas bon de le faire. Or, poursuit François Lecointre, "il faut toujours expliquer les raisons pour lesquelles nous nous battons, pour lesquelles nous sommes prêts sur ordre à donner la mort au risque d'y perdre la vie". Augmentation des attaques jihadistes
Quand l'hélicoptère du général décolle le lendemain de Gao, c'est pour rejoindre Ménaka, la ville carrefour du Lipatko-Gourma, la région des trois frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Il y a deux ans, l'armée française avait réussi à y faire baisser la pression des groupes armés terroristes. Un gouverneur s'était même réinstallé à Ménaka. Mais avec la fin de la saison des pluies, les raids jihadistes se sont mulitipliés ces dernières semaines. Les armées malienne et nigérienne y ont perdu des dizaines d'hommes chacune. Ménaka, au croisement des routes et des chemins de trafic, est stratégique et les jihadistes cherchent à en terroriser la population.
Le Chef d’état major des armées, le général François Lecointre (à droite), lors d’un déplacement à Gao, au Mali, le 12 décembre 2019 Le Chef d’état major des armées, le général François Lecointre (à droite), lors d’un déplacement à Gao, au Mali, le 12 décembre 2019 (Etat-major des Armées)
C'est ce qu'est également venu mesurer dans la région le général Lecointre : la possibilité d'appuyer plus encore des Forces armées maliennes, découragées par les revers. Sans elles, sans l'appui de la communauté internationale, rien ne pourra se faire. Les jihadistes ne s'y trompent pas : plutôt que d'attaquer les soldats français, ils attaquent les Maliens, "valeureux mais vacillants", dit le CEMA. Il conteste l'enlisement de l'opération lancée le 1er août 2014, et la fatalité qui voudrait que l'armée malienne ne sera jamais à la hauteur.
L'armée malienne n'existait plus en 2012. Elle apprend à se reconstruire, tout en faisant la guerre. C'est comme réparer une voiture en roulant !un officier malienà franceinfo
Les problèmes de l'armée malienne paraissent presque incroyables : des officiers ignorent le nombre, même à la dizaine près, des hommes qu'ils commandent, un soldat n'a pas toujours une arme, les camps sont parfois laissés sans surveillance, pendant la prière ou la sieste, quand les jihadistes attaquent. Pourtant, le général Lecointre voit des motifs d'espoir : de jeunes officiers bien formés, des guerriers vaillants quand ils sont bien encadrés, une communauté internationale, principalement européenne, consciente des efforts qu'il faut partager. "Mais c'est maintenant, dans l'année qui vient, que se joue l'avenir du Sahel", affirme t-il, "c'est pour ça que nous nous engageons en avant-garde, et que nous allons passer à la vitesse supérieure. Si nous loupons ce moment charnière, je suis assez pessimiste".
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Le partenariat militaire opérationnel (PMO) constitue un des piliers de l’action de Barkhane au Sahel. Dans ce cadre, les militaires français délivrent des instructions à leurs homologues maliens pour les accompagner dans leur lutte contre les groupes armés terroristes.
Courant novembre, Barkhane a ainsi formé trois groupes de combat FAMa, pendant trois semaines, en alternant des séquences d’instruction et de restitution sur le terrain. Les déplacements, les postures, le cadre d’ordre et le combat tactique constituent l’essentiel des savoir-faire qui sont travaillés et perfectionnés.
L’adjudant Tony dispense dans le cadre de ce PMO des instructions au profit des forces armées maliennes. Pour lui, « il s’agit d’aider nos partenaires maliens dans leur lutte contre les groupes armés terroristes. L’instruction est menée tous les jours. Il faut garder le rythme pour que les compétences acquises deviennent des actes réflexes. En travaillant avec nos procédés, les militaires maliens gagnent en assurance, en fluidité et rapidité sur le terrain lorsque nous manœuvrons ensemble. Nous sommes alors beaucoup plus efficaces ».
Le 24 novembre, Barkhane a accompagné ces groupes de combat dans la sécurisation du marché aux bestiaux à Gossi, le plus grand de la région. En plus des vendeurs et des acheteurs potentiels cohabitent près d’un millier de dromadaires, d’ânes, de chèvres, de zébus, de vaches, de moutons et de volailles. Mener dans ce contexte une opération de sécurisation est très compliquée. A cette occasion, l’adjudant Tony a supervisé une patrouille mixte de sécurisation qui a d’abord évolué sur la périphérie avant de rejoindre le cœur du marché. L’instruction dispensée auparavant a permis de répondre à toutes les attentes, le groupe de combat s’étant déployé efficacement.
Pour le lieutenant Diala des forces armées maliennes : « Le partenariat militaire opérationnel avec nos frères d’armes de Barkhane renforce notre capacité opérationnelle. Elle permet à mes hommes d’acquérir des compétences et des savoir-faire nouveaux qui les rendent plus aguerris et plus efficaces ».
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Au cours d’une séance parlementaire, en novembre, le ministre malien de la Défense, le général Ibrahim Dahirou Dembele, aurait annoncé « l’arrivée dans les prochaines semaines de militaires russes au Mali pour soutenir techniquement » les forces armées locales, et notamment pour assurer la maintenance des deux hélicoptères Mi-35 livrés par Moscou en octobre 2017 et prendre part à l’entraînement de leurs pilotes. Du moins, c’est ce qu’avait rapporté plusieurs médias maliens.
Mais, a priori, cette assistance ne serait pas fournie par les forces russes… mais par la société militaire privée [SMP] Wagner, dont il a été beaucoup question en Centrafrique et dont il est dit qu’elle est aussi présente en Libye, au Soudan, à Madagascar et, plus récemment, dans le nord du Mozambique.
Pour rappel, la SMP Wagner, fondée par Dmitri Outkine, un ancien du GRU [renseignement militaire russe, ndlr], compterait parmi ses principaux actionnaires l’homme d’affaires Evguéni Prigojine, un proche du Kremlin qui est par ailleurs accusé d’être à l’origine de l’Internet Research Agency [IRA], c’est à dire la fameuse « usine à trolls » qui, basée à Saint-Pétersbourg, fabrique les « infox » à la chaîne.
Ainsi, selon deux sources sécuritaires distinctes en Afrique de l’Ouest sollicitée par l’AFP, une petite équipe de la SMP Wagner aurait séjourné à Bamako il y a quelques semaines. L’un d’elle a dit : « Ils vont arriver, ça y est, la décision d’implanter une unité Wagner au Mali ayant été entérinée lors du sommet Russie-Afrique », organisé à Sotchi, en octobre.
D’où, probablement, l’annonce faite il y a un peu plus de deux semaines par le ministre malien de la Défense.
Durant la Guerre Froide, l’Union soviétique et le Mali avaient cultivé d’étroites relations, Bamako ayant orienté son économie vers un modèle de type « socialiste collectiviste » après avoir obtenu son indépendance. Et Moscou dispose actuellement dans le pays de quelques relais d’influence, à l’image de l’organisation « Patriotes du Mali » qui ne cache pas son hostilité à la France tout en relayant des fausses informations sur la force Barkhane.
Cela étant, le ministère des Armées pouvait s’y attendre : un rapport conjoint du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie [CAPS] et de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire [IRSEM] avait prévenu que l’Afrique allait devenir une « terrain de la guerre informationnelle russe. » À ce sujet, la Centrafrique en a donné un aperçu : la désinformation anti-française s’était amplifiée à mesure qu’arrivaient à Bangui les « instructeurs militaires civils » [pour reprendre les mots de la diplomatie russe, ndlr] de la SMP Wagner.
En sera-t-il de même au Mali? « Nous soupçonnons les Russes d’encourager le sentiment anti-français » dans la bande sahélo-saharienne [BSS], a confié un responsable militaire à l’AFP. Toutefois, a estimé un diplomate occidental en poste à Bamako auprès de la même source, « on n’est pas du tout sur l’ampleur de l’implantation russe dans d’autres pays comme la Centrafrique. »
Alors que les attaques terroristes se multiplient au Sahel, malgré une importante présence militaire, les dirigeants africains demandent des interventions plus musclées de la part des Nations unies.
Lors du 4e congrès du mouvement indépendantiste MNLA, le chef du bureau de la mission de l’ONU à Kidal a qualifié le représentant de l’Etat de « délégation venue du Mali », ce qui sous-entend que Kidal n’est pas une localité malienne. Vive émoi et condamnations au sein de la classe politique et des institutions se multiplient depuis.
« Ce sont des propos qui portent une atteinte grave à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Mali », souligne le communiqué de l’Assemblée nationale. Au sein de la classe politique malienne, on condamne également les propos du diplomate onusien qui pourrait laisser penser que Kidal n’est pas une ville malienne.
Le FSD, un regroupement de partis politiques, estime que le chef du bureau de la mission de l’ONU à Kidal a outrepassé largement sa mission de facilitateur dans la crise malienne. La Cour constitutionnelle a également donné de la voix, dans un communiqué lu à la télévision nationale.
« Elle s’associe pleinement avec la représentation nationale pour condamner avec la dernière vigueur ces propos séditieux. La Cour constitutionnelle du Mali invite le gouvernement du Mali à en tirer toutes les conséquences de droit. »
Pour apaiser la situation, le représentant de la Minusma au Mali Mahamat Saleh Annadif a multiplié les contacts - il s’est notamment rendu au ministère malien des Affaires étrangères - et publié un communiqué dans lequel il rappelle que l’ONU respecte bien l’unité du Mali et son intégrité.
Après la mort de 13 militaires français dans la collision de deux hélicoptères au cours d’une action de combat, la force Barkhane reste « déterminée à œuvrer pour le retour de la stabilité au Sahel, aux côtés des forces partenaires », a assuré l’État-major des armées [EMA], dans son dernier point de situation sur les opérations en cours.
Ainsi, le 30 novembre, une colonne de motos d’un groupe jihadiste a été repérée par des moyens ISR [Intelligence, Surveillance, Reconnaissance], non précisés par l’EMA, dans la région de Douentza, située entre Mopti et Gao, dans le Gourma.
Au regard du mode opératoire des groupes armés terroristes [GAT], cette concentration de motos laissait présager une attaque « complexe » contre les Forces armées maliennes [FAMa], à l’imgage de celles, récentes, de Boulikessi et d’In Delimane. D’où une action immédiatement entreprise pour la neutraliser.
Selon l’EMA, des Mirage 2000D, puis des hélicoptères d’attaque Tigre et Gazelle, ont été envoyés dans le secteur. Les frappes menées ont ainsi permis « de détruire plusieurs motos et de mettre hors de combat une dizaine de terroristes. »
Le cercle de Douentza, située dans la région de Mopti, abrite les montagnes du Hombori ainsi que la forêt de Serma, où Barkhane a mené plusieurs opérations contre une katiba jihadiste proche du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans [GSIM]. Ce dernier a d’ailleurs revendiqué une attaque commise le 30 septembre contre les FAMa à Mondoro, l’une des localités de ce secteur.
La presse malienne a évoqué un raid aérien de Barkhane, effectué dans la même région, précisément à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Douenza. Mais il aurait eu lieu le 2 décembre [et non le 30 novembre, comme l’indique l’EMA]. « La colonne de jihadistes avait été aperçue dans l’une des forêts du Gourma, dans la zone dite des trois frontières, alors que les assaillants qui avaient quitté le Mali devaient rallier le Burkina Faso ou le Niger », avance le quotidien L’Indépendant.
Par ailleurs, les Forces armées maliennes ont annoncé, le 5 décembre, avoir « détruit » une base terroriste près de Mandoli, dans la région de Mopti. Le bilan est de 5 terroristes neutralisés [dont 3 faits prisonniers] et d’une vingtaine de motos brûlées.
Au vu des saisies effectuées ces dernières semaines, il semble que les GAT utilisent de plus en plus les motos pour se déplacer et lancer leurs attaques. Selon une étude de Small Arms Survey concernant le Niger [.pdf], 20% des attaques jihadistes recensées au 1er janvier 2018 avaient impliqué des deux-roues. Généralement, les jihadistes circulent à deux sur de tels engins : l’un pour piloter, l’autre pour tenir l’arme.
Dans le cadre du projet d’équipement des forces armées maliennes, la force Barkhane a reçu 60 motos, 120 pneus, 60 casques, 60 cadenas, 2 compresseurs et de l’outillage qui seront transmis dans les prochains jours à l’armée malienne.
L’Etat-major général des Armées et la force Barkhane travaillent de concert depuis plusieurs mois à ce projet d’équipement d’unités maliennes spécifiques, projet qui a fait l’objet d’une validation formelle le 7 octobre dernier entre le chef d’Etat-major des Armées maliennes et le représentant de Barkhane au Mali.
Dans ce cadre, la France finance un certain nombre d’équipements, en particulier des motos, destinées à équiper les forces armées maliennes. Barkhane assure le transport aérien de ces équipements depuis Bamako vers les théâtres d’opérations : ainsi, le 2 décembre, les premières motos ont été embarquées à l’aéroport Modibo Keita.
Les 60 motos ainsi que l’équipement associé se trouvent désormais à Gao et seront prochainement donnés aux forces armées maliennes. Ces motos permettront aux FAMa de gagner en mobilité et de renforcer leur lutte contre les groupes armés terroristes. D’autres moyens seront donnés aux forces armées maliennes dans les prochains mois pour persévérer dans ce sens.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Le 30 novembre, en fin d’après-midi, une cérémonie d’hommage militaire aux treize soldats morts pour la France lors de la collision de deux hélicoptères durant une opération de combat au Mali, s’est tenue sur la base opérationnelle de Gao sous l’autorité du général Facon, commandant de la force Barkhane.
Durant cette cérémonie intime d’au-revoir à leurs frères d’armes, les militaires présents sur la base de Gao se sont rassemblés pour rendre un dernier hommage à leurs camarades tombés au combat dans l’accomplissement de leur mission. La communauté militaire s’est ainsi inclinée devant leur mémoire, dans un recueillement solennel empreint de cette grande émotion qui traverse actuellement la France.
Le général Facon a salué ces soldats d’élite qui « avaient choisi les chemins les plus étroits et les conditions de vol les plus rudes en conscience. Ils savaient qu’ils évoluaient dans deux milieux des plus exigeants : les cieux et la montagne. ( …) Notre peine est immense, à la mesure de la fierté qui est la nôtre pour ce que vous avez accompli. ». Il a conclu en soulignant la résilience des soldats de la force Barkhane, qui vont « reprendre avec confiance, sérénité et détermination notre action ».
Dans un dernier hommage, les militaires ont honoré la mémoire de leurs camarades, allés au bout de leur engagement. Les treize cercueils ont ensuite rejoint l’avion : « Au coucher du soleil d’Afrique, vous nous quittez. Vos parents et votre Nation vous attendent. »
Une cérémonie d’hommage national s’est tenue le 2 décembre à 15h00 aux Invalides, sous la présidence de M. Emmanuel Macron, président de la République.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Emmanuel Macron a prononcé un éloge funèbre depuis la cour des Invalides, avant de remettre la Légion d’honneur aux soldats, à titre posthume.
Le Monde avec AFP Publié hier à 11h27, mis à jour hier à 18h05 Treize cercueils drapés de bleu-blanc-rouge : la France a fait face, lundi 2 décembre, à une funeste image de son engagement au Sahel, à l’occasion d’un hommage national rendu aux soldats morts il y a une semaine, jour pour jour, au Mali.
Emmanuel Macron a présidé cette cérémonie d’hommage. « Ils sont morts en opération, pour la France, pour la protection des peuples du Sahel, pour la sécurité de leurs compatriotes et pour la liberté du monde, pour nous tous qui sommes là », a déclaré le chef de l’Etat face aux treize cercueils dans la cour d’honneur de l’hôtel des Invalides, qui accueille depuis le XVIIe siècle vétérans et blessés de guerre.
« Leur engagement profond, modeste et discret n’est rendu public que par le sacrifice ultime, loin du fracas des mots inutiles », a-t-il dit en rendant hommage aux soldats tués dans la collision de deux hélicoptères lors d’une opération de combat, dans le nord-est du Mali et dont les corps ont été rapatriés dimanche.
« La liberté a souvent, hélas, le goût du sang versé », a clamé le président de la République. « Au nom de la nation, je m’incline devant leur sacrifice, je m’incline devant la douleur des familles », a-t-il poursuivi avant de décrire en quelques mots la carrière de chaque soldat.
« Soldats, nous ferons bloc pour cette vie de peuple libre conquise grâce à nos armées, grâce à vous », a salué le président à la fin de sa prise de parole, avant de porter les treize soldats « morts pour la France » au grade de chevalier de la Légion d’honneur, devant quelque 2 500 personnes, dignitaires comme anonymes. Questions autour de l’engagement au Sahel
Ce lourd bilan humain a fait l’effet d’un électrochoc en France, dont l’armée n’avait pas subi de telles pertes depuis l’attentat contre le quartier général français Drakkar, à Beyrouth, en 1983, qui avait fait cinquante-huit morts.
Leur mort a également relancé les questions autour de l’engagement français au Sahel, où la situation sécuritaire ne cesse de s’aggraver, même si seul le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) réclame ouvertement le retour des troupes.
Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, assistera aux côtés du gouvernement français et des familles des soldats à cet hommage organisé dans la cour d’honneur de l’hôtel des Invalides, à Paris, qui accueille depuis le XVIIe siècle vétérans et blessés de guerre et abrite le tombeau de Napoléon.
Les deux hélicoptères transportant les treize militaires sont entrés en collision alors qu’ils appuyaient des commandos parachutistes qui avaient repéré des pick-up suspects dans la zone frontalière avec le Niger et le Burkina Faso, une région servant de repaire à des groupes djihadistes affiliés à l’organisation Etat islamique (EI) ou Al-Qaida. Aucun des occupants n’a survécu. 4 500 hommes pour « Barkhane »
Les treize soldats tués, tous officiers et sous-officiers, servaient au 5e régiment d’hélicoptères de combat (5e RHC), au 4e régiment de chasseurs (4e RCH), au 93e régiment d’artillerie de montagne (93e RAM) et à la Légion étrangère.
L’opération française « Barkhane » mobilise 4 500 hommes dans la bande sahélo-saharienne, une étendue vaste comme l’Europe, pour lutter contre les groupes armés. Mais, après six ans de présence ininterrompue, et 41 morts côté français, l’horizon est de plus en plus plombé. Les violences djihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu’au Burkina et au Niger voisins. Les pertes sont de plus en plus lourdes pour les armées locales, débordées.
Emmanuel Macron a annoncé, jeudi, vouloir réexaminer la stratégie des forces antidjihadistes françaises au Sahel, dans un contexte sécuritaire explosif, et a appelé les Européens à s’engager plus à leur côté. « Le contexte que nous sommes en train de vivre au Sahel nous conduit aujourd’hui à regarder toutes les options stratégiques », a lancé le chef de l’Etat.
Le combat de la France au Sahel « relève du temps long », a fait valoir dimanche la ministre des armées, Florence Parly, dans un entretien au Journal du dimanche. Mais responsables et experts conviennent qu’il n’y aura pas d’issue au conflit du Sahel par la seule force des armes et sans action politique, alors que se propagent le djihadisme et les violences qui ont déjà fait des milliers de morts.
De son côté, le président malien a appelé samedi ses compatriotes à ne pas « mordre la main » de ceux qui leur viennent en aide, dont la France, face aux expressions d’hostilité à la présence de forces étrangères dans le pays en guerre. Polémique après des caricatures de « Charlie Hebdo » Préparatifs pour l’hommage solennel aux treize soldats français morts au Mali, dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris, le 2 décembre. Préparatifs pour l’hommage solennel aux treize soldats français morts au Mali, dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris, le 2 décembre. Jean-Claude Coutausse pour "Le Monde"
A la veille de l’hommage aux treize militaires, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, et son secrétaire d’Etat, Laurent Nunez, ont salué « trois héros du quotidien qui ont donné leur vie pour protéger les Français », dans un communiqué.
En France, une polémique a, par ailleurs, éclaté autour des militaires morts au Mali, après la publication par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo de dessins parodiques sur leur mort. Les croquis ont suscité la « profonde indignation » du chef d’état-major de l’armée de terre française, Thierry Burkhard. Le directeur de Charlie Hebdo, Riss, lui-même blessé en janvier 2015 lors de l’attentat contre son journal, a défendu dimanche l’« esprit satirique » de l’hebdomadaire tout en reconnaissant l’« importance du travail [des] soldats français pour lutter contre le terrorisme ».
L'avenir du Sahel se joue "dans l'année qui vient", a estimé le chef d'état-major français, le général François Lecointre, dans un entretien à France Info.
"C'est maintenant, dans l'année qui vient, que se joue l'avenir du Sahel", a-t-il prévenu lors d'un déplacement, il y a quelques jours dans cette région. "C'est pour ça que nous nous engageons en avant-garde et que nous allons passer à la vitesse supérieure", a-t-il affirmé sans fournir de détails.
"Si nous loupons ce moment charnière, je suis assez pessimiste".
Le chef d'état-major français a toutefois rejeté toute idée d'échec de la mission Barkhane: "Ce qu'on demande à un soldat, c'est de permettre que le niveau de violences soit le plus bas possible, de façon à ce que des solutions politiques puissent être mises en oeuvre sans que l'on ne sombre définitivement dans des situations de guerre civile", a-t-il relevé. "Nous évitons que le pire ne se produise et ça doit être porté à notre crédit".
Mais si le travail de Barkhane "n'est pas complété par une action politique (...) en partenariat entre les gouvernements des pays que nous venons aider et l'ensemble de la communauté internationale (...), notre action ne servira à rien", a-t-il assuré.
Par ailleurs, "si nous laissons le chaos s'installer, les États sahéliens vont s'effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l'Etat islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l'Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera", a-t-il averti, reprenant ainsi le discours tenu récemment par Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères.
Sharing the cockpit of a helicopter on sizzling tarmac, French and British air force chiefs vowed to pursue the joint fight against jihadists in the heart of the Sahel even as the shadow of Brexit looms over their countries.
"We've got a long, fabulous history of working alongside each other, and I don't expect anything to change anytime soon," Royal Air Force (RAF) Chief of Air Staff Mike Wigston told AFP on a visit to the central Malian city of Gao with French counterpart Philippe Lavigne.
"If anything, we are going to work stronger together," he said.
Backed by 100 British personnel in Gao, France has a 4,500-strong force supporting Sahel countries struggling with a seven-year-old jihadist revolt.
Thousands of civilians have been killed, and hundreds of thousands have fled their homes.
The two generals this weekend visited Mali, Niger and Chad, which with Burkina Faso and Mauritania form the so-called G5 Sahel, an anti-terror force.
Wigston said Mali and its neighbours were "the front line of instability."
The priority of the Sahel deployment "is to stamp out the violent extremism which is making people's lives a misery," he said.
"But there is a wider security issue here which affects Europe and the potential for this instability and the conflict in this region to spill into Europe... so we are also here to protect Europe."
- What next? -
Britain is set to leave the European Union by January 31 following a general election that gave the pro-Brexit Conservative party a large majority.
France sent troops into Mali in 2013 to help drive back Islamist insurgents who had seized the north of the country.
But attacks have continued since then, and the conflict has since spread to the country's centre as well as to neighbouring Burkina Faso and Niger.
France's Operation Barkhane remains in place to train and support poorly equipped local forces, but at a hefty cost that France's EU allies have only partially eased.
Britain and France signed a defence cooperation pact in London in 2010 -- and both sides have repeatedly said it will not be affected by Brexit.
Since July 2018, London has contributed three heavy-lift Chinook helicopters to France's Sahel fight. They have clocked up some 1,600 hours of flying time to date, transporting about 11,000 personnel and 800 tonnes of freight.
The twin-rotor helicopters can haul nearly four tonnes of supplies and more than 30 troops at a time -- a vital contribution in a region where road access to frontline troops is long and dangerous, with a high risk of mines and militia attacks.
The helicopter support "allows us to devote ourselves to air combat missions while our British comrades provide logistics, refuelling and troop transport," said Loic, who heads France's Barkhane air combat group in Mali.
In line with French military security protocol, the colonel can be identified only by his first name.
Without the British help, he said, "we would be forced to assign other helicopters or resort to slower, riskier, road convoys."
- 'With or without Brexit' -
Fighters on the ground say the Chinooks have been invaluable.
They were deployed to help out last month when two French army helicopters crashed in Mali, killing all 13 on board and bringing to 41 the number of French troops killed in the Sahel region since 2013.
"For us, it would be a real plus if this (Chinook) capacity remained beyond the summer of 2020," the current deadline for the British deployment, Colonel Loic said.
For his part, Wigston said: "I absolutely understand how vital this asset is to Barkhane, I will transmit (the message) to the political authorities in London."
Aside from Barkhane, London has announced the deployment of 250 troops to the Sahel for three years from 2020 as part of the United Nations' MINUSMA peacekeeping force in Mali.
Lavigne insisted that broader military cooperation would continue "with or without Brexit".
"Our air forces are quite similar, they have the same operating capacities and expertise, and tomorrow we will continue to work together to bring security," he said.
La base de Gao compte deux détachements travaux, actuellement armés par le 25e Régiment du génie de l’air (RGA) et le 19e Régiment du génie (RG) Tandis que les hommes du 25e RGA se concentrent sur le maintien en conditions opérationnelles des pistes, dont celle prévue pour les avions, ceux du 19e RG travaillent sur des chantiers de sécurisation de la base, d’amélioration des voies de circulation ou encore la création de pistes.
Récemment, le 19e RG a ainsi terminé le chantier d’un nouvel espace pour le service des essences des armées (SEA). Ce travail, réalisé en six semaines dans des conditions climatiques rudes, a mobilisé l’ensemble des personnels du 19e RG, qui a dû utilisé toute la palette de ses savoir-faire. L’appui du 25ème RGA a par ailleurs permis un échange efficace d’engins, comme les niveleuses, les arroseuses ou les compacteurs.
Dans les semaines à venir, les détachement travaux s’attèleront à l’amélioration du système d’évacuation des eaux pluviales, à la réfection d’une partie de la chaussée dans la zone technique, à la réalisation d’une plateforme au profit du sous groupement de maintenance adapté au théâtre (SGMAT) associée à la création d’une zone lagunaire. Parmi ses missions figure également le renforcement de la plateforme SEA par la mise en place d’un mur de protection.
Ce travail de sécurisation des emprises fait partie des missions prioritaires des détachements travaux du génie avec notamment le réaménagement de l’entrée principale de la base de Gao et de ses postes de combat. Par ailleurs, ces techniques profitent également aux forces armées partenaires, comme l’a montré le réaménagement récent du camp de Boulikessi de la force conjointe G5 Sahel par des unités génie de la force Barkhane.
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad. Elle regroupe environ 4 500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
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Serge Michailof estime que la situation est grave, qu'il faut changer d'approche, reconstruire rapidement les armées burkinabè et malienne et laisser Barkhane en seconde ligne pour éviter un enlisement des soldats français au Sahel.
Parcourant l'Afrique depuis 50 ans, ancien directeur des opérations de l'Agence française de Développement (AFD) et de la Banque mondiale, actuellement à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), Serge Michailof nous livre son inquiétude sur la situation au Sahel, à quelques jours du sommet qui doit réunir à Pau les présidents Emmanuel Macron et les chefs d'état du G5-Sahel.
Franceinfo Afrique : l'armée française peut-elle quitter le Mali ? Pourra-t-elle tenir encore quinze ans comme le demandent certains généraux ?
Serge Michailof : je pense sincèrement que si demain l’armée française quitte le Mali, le pays se transformera en Somalie, qu’il en sera de même du Burkina et que les pays côtiers, comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo, rencontreront de grandes difficultés au plan sécuritaire. En revanche, je ne la vois pas tenir quinze ans ni même trois ans sans changer radicalement de posture.
En premier, je crains que la France n'ait perdu la bataille de la communication sans l’avoir livrée. Habilement travaillées, les opinions publiques urbaines au Mali et au Burkina sont désormais très hostiles à la présence militaire de la France. C'est devenu un vrai problème. Des foules avaient acclamé les soldats de Serval, mais les véhicules de l’armée française sont désormais régulièrement caillassés au Mali. Le chanteur malien Sélif Keita a diffusé sur Youtube une délirante diatribe antifrançaise qui a été vue des millions de fois. Nous sommes confrontés au syndrome du US go home que nous avons connu en France dans les années 50. Quant à l'opinion rurale, l’échec de l’éducation publique et les financements, depuis quarante ans par l'Arabie saoudite, de milliers de mosquées et d’écoles coraniques ont réussi à convertir au salafisme une population qui pratiquait jusque-là un islam soufi modéré.
La position de l’armée de l’ancien colonisateur risque dans ce contexte de devenir politiquement très difficile. De toute manière, il lui faut engager une bataille de communication en se rappelant que seules des voix africaines seront entendues.
L'armée française doit-elle se mettre en retrait ?
Elle doit se mettre en deuxième ligne, en soutien des forces africaines. D’abord, parce qu’il est impossible d’imaginer au XXIe siècle qu’une force occidentale puisse stabiliser un pays africain en proie à une guerre civile. Car c'est une guerre qui se livre au Sahel. Le terme terroriste est absurde. Nous avons affaire à des ennemis qui ont un projet politique pour le Sahel et qui font preuve d’une grande intelligence pour tenter de le mettre en œuvre. Les armées africaines de la région doivent être en première ligne. Ce sont elles qui vont devoir reconquérir leur pays dont une bonne part est maintenant contrôlée par un ennemi. Evidemment, pour cela, elles doivent être équipées des mêmes standards que nos propres troupes et commandées par des officiers choisis sur la base du mérite. Il n’y a pas d’alternative.
Pour se mettre en retrait, il faut d'abord former les armées du Sahel ?
Le problème se pose essentiellement au Mali, où l’armée a depuis longtemps eu la réputation d’être une pétaudière, et au Burkina où les bérets rouges, garants du régime et force plus solide que l’armée, ont été licenciés après l’éviction du président Compaoré. Sans réintroduire dans leurs armées, comme c’est le cas au Sénégal, une gestion moderne des ressources humaines fondée sur une sélection au mérite et non sur les seuls liens familiaux, ethniques ou politiques, il est inutile d’espérer reconstruire ces armées.
Est-il possible de remettre de l’ordre dans l’armée malienne ?
C'est essentiellement un problème de volonté politique. Si ce n’est pas possible, nous avons perdu la guerre au Sahel. Dans l’immédiat, le problème est la démoralisation de l’armée malienne tant par suite de sa désorganisation que par ses défaites et ses pertes. Elle a perdu plus de 150 hommes en deux mois. A Indelimane, 49 de ses soldats ont été tués et le reste de la compagnie a été blessé ou a disparu dans un combat en plein jour. Ces soldats maliens mal armés et mal commandés affrontent de jeunes jihadistes très bien armés, galvanisés par la religion et encadrés par des combattants aguerris. Le risque est une débandade de cette armée.
Une première urgence est que les armées malienne et burkinabè cessent leurs exactions contre les populations civiles, et en particulier les Peuls. Ces exactions jettent les jeunes dans les bras des jihadistes. Les Peuls, c’est une population de 60 millions de personnes réparties sur une dizaine de pays. Veut-on partir en guerre contre ce peuple ?
Cela passe par une solution politique, mais laquelle ? La bonne gouvernance ne se décrète pas...
Au Burkina comme au Mali, le problème principal est l’absence de leadership, de rigueur et de sérieux à la tête de ces pays. C’est, je pense, un problème de génération. La difficulté est que la dégradation de la situation au Mali et au Burkina est si rapide qu’elle ne permet pas d’attendre quatre ou cinq ans une éventuelle relève politique. Le président malien vient d’être réélu et le président burkinabè Kaboré a toutes chances d’être réelu en 2020. Il reste à espérer qu’ils laissent une large délégation de pouvoir à des Premiers ministres de qualité. Mais le président malien IBK (Ibrahim Boubacar Keïta, NDLR) en a usé quatre lors de son premier mandat…
Et qu'en est il de la corruption ?
Dans ces pays qui, comme le Burkina et le Mali, ont longtemps été des enfants chéris des donateurs internationaux, ces derniers financent et surveillent la plupart des secteurs, qu’il s’agisse des secteurs sociaux ou économiques. Contrairement aux idées reçues, les possibilités de corruption sont assez limitées dans ces domaines car, lorsque les bailleurs sont sérieux, les marchés sont verrouillés.
Le secteur qui reste le plus intéressant, c’est le domaine de la sécurité où personne de l’extérieur n’ose venir mettre son nez. Le résultat est que les acquisitions de matériel sont souvent décidées en fonction du volume de certains "dessous de table", sans souci de la cohérence des acquisitions avec les besoins. Dans certains cas particulièrement visibles, comme l’achat, sur le budget de la défense malien peu après l’invasion jihadiste de 2013, d’un avion présidentiel, accompagné de la disparition d’un pourcentage du règlement, le FMI proteste. Dans les cas les plus graves, les soldats ne sont plus payés, car les officiers prélèvent directement l’argent de la paye dans le sac de billets qui parvient vide au bout de la chaîne de commandement.
En France, après l’hommage national, la vague médiatique est retombée. Mais sur le camp, forteresse ensablée du nord du Mali, depuis la mort des treize soldats, un vide s’est installé.
Dans le ciel poussiéreux, le ballet des hélicoptères et des avions de transport militaire bat la mesure. Au sol, le fourmillement des hommes en treillis leur répond. On charge, on décharge, on ravitaille. Les opérations continuent de rythmer la vie sur la base française de Gao. Même si là, sur ces terres arides de la région du Liptako, au Mali, treize hommes manquent désormais à l’appel.
D’eux, il reste des noms, gravés sur des chaînes en titane, ces plaques d’identité militaires portées par les soldats autour du cou en opération extérieure. Elles étaient éparpillées non loin d’un tas de cendres noires et de pièces métalliques carbonisées. Avec quelques vêtements, une gourde, un carnet… Ce sont les dernières traces des treize frères d’armes, tués dans la collision de deux hélicoptères pendant une opération contre des djihadistes, le 25 novembre, au Mali.
Le chef du bureau de la Minusma à Kidal a été démis de ses fonctions et déclaré persona non grata par Bamako, suite à des propos polémiques sur la ville de Kidal début décembre.
Christophe Sivillon, de nationalité française, avait déjà été relevé de ses fonctions de chef du bureau de la Minusma à Kidal par sa hiérarchie avant la décision du Mali de le déclarer persona non grata.
Le diplomate onusien a désormais 24h pour quitter le territoire national. Il était, ce mardi 10 décembre, dans un avion en partance de Kidal vers Bamako lorsque le ministre malien des Affaires étrangères a fait sa déclaration officielle.
« Le Premier ministre et le gouvernement ont décidé de déclarer persona non grata le chef du bureau régional de la Minusma à Kidal pour les propos qu'il a tenus la semaine dernière », a déclaré Tiébilé Dramé devant la presse. Un autre fonctionnaire de l’ONU à Kidal a été nommé pour assurer l’intérim du poste.
Dans un communiqué, la Minusma prend acte de la déclaration du gouvernement Malien. Mais regrette l’interprétation faite des propos de son chef de bureau à Kidal. La Minusma précise qu’aucun doute ne doit subsister sur l’engagement ferme de la mission onusienne à respecter et préserver l’unité du Mali. Et son intégrité territoriale.
« Des délégations venues du Mali »
Lors de l'ouverture du congrès du mouvement armé indépendantiste MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), qui s’est tenu à Kidal – ville malienne sous contrôle de l’ex-rébellion – celui qui était alors encore le numéro 1 local de la Minusma avait souhaité la bienvenue aux « invités et membres des délégations venues du Mali et de l’étranger ».
Des propos aussitôt condamnés avec fermeté par la société civile et le gouvernement malien, estimant que cette déclaration pouvait laisser penser que Kidal ne relevait pas de la souveraineté malienne. Dès lors, le sort de Christophe Sivillon était scellé.
L’ONU voulait, semble-t-il, un départ sans fracas. Bamako, très remonté, était visiblement partisan de la manière forte. Selon un observateur - cette phrase qui a circulé sur les réseaux sociaux et provoqué une levée de bouclier - a été sortie de son contexte et tronqué.
Consultants russes de Wagner vus à Bamako, vente d'hélicoptères: à petits pas, la Russie réinvestit dans sa relation ancienne avec le Mali au nom de la lutte antiterroriste, en pleine dégradation sécuritaire régionale malgré la présence de 4.500 militaires français au Sahel.
En juin 2019, le ministre malien de la Défense, le général Ibrahim Dahirou Dembélé, a signé un accord de coopération militaire avec son homologue russe Sergueï Choïgou, dont le pays, entravé par cinq années de sanctions économiques occidentales, a engagé une opération de charme tous azimuts en Afrique pour conquérir des marchés et s'approvisionner en ressources naturelles.
Sur le papier, l'accord récemment conclu reste très modeste: Moscou, qui a déjà fait don au pays de deux hélicoptères d'attaque MI-35 en 2017, compte vendre deux autres appareils à Bamako et lui fournir une assistance technique.
Mais la présence russe se concrétise. Il y a quelques semaines, une petite équipe du sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner, accusé de mercenariat et suspecté d'appartenir à un homme d'affaires proche du Kremlin, a séjourné à Bamako, a appris l'AFP auprès de deux sources sécuritaires distinctes en Afrique de l'Ouest.
Et, selon l'une de ces sources basée au Sahel, "ils vont arriver, ça y est", la décision d'implanter une unité Wagner au Mali ayant, d'après elle, été entérinée lors du premier sommet Russie-Afrique à Sotchi, en octobre dernier.
Ce groupe, avec qui Moscou dément tout lien, fournit des services de maintenance d'équipements militaires, entre autres activités. Ils ont été aperçus ailleurs en Afrique: en Libye, on les dit alliés au maréchal Haftar. Dans le nord du Mozambique, ils combattraient avec l'armée une rébellion jihadiste et des médias occidentaux ont fait état d'une présence à Madagascar et au Soudan.
"Bientôt il y aura des Russes qui vont venir travailler avec nous (...), nous assister techniquement dans certains domaines", a affirmé fin novembre devant les députés maliens le général Dembélé, sans plus de détail. "Lorsque les Russes seront là, au lieu d'envoyer les appareils chaque fois en Russie, ils seront là pour nous aider à les réparer et perfectionner nos pilotes".
"On ne va pas mettre tout le Mali dans un seul sac et croiser les bras", a-t-il fait valoir pour justifier la conclusion de partenariats d'assistance militaire à la fois avec Paris et Moscou.
Au delà de la sphère sécuritaire, l'agence russe d'information Sputnik a proposé un partenariat aux organisateurs du Forum de Bamako, rassemblement international de décideurs en février, selon deux sources.
- Méfiance -
La Russie n'arrive pas en terre inconnue: à l'époque de la Guerre Froide, l'Union soviétique entretenait des liens étroits avec Bamako. Dès son indépendance en 1961, l'ancienne colonie française se tourne vers le socialisme et conclut des accords de coopération avec l'URSS, qui équipe alors les forces armées maliennes.
Moscou, qui a également signé un accord de coopération avec le Burkina voisin en août 2018 et doit lui livrer deux hélicoptères, met ainsi un petit pied dans la porte en Afrique de l'Ouest francophone, dont il était quasi-absent jusqu'ici.
Côté français, on met en garde contre une surinterprétation des liens ténus retissés entre Bamako et Moscou, qui relèveraient plutôt de l'affichage.
Au Mali, "on n'est pas du tout sur l'ampleur de l'implantation russe dans d'autres pays comme la RCA", abonde une source diplomatique occidentale à Bamako. Début 2018, l'arrivée d'armes et de dizaines de "conseillers militaires" russes en Centrafrique avait permis à la Russie de faire un spectaculaire retour sur le théâtre africain, agrémenté d'une violente campagne de désinformation anti-française.
Cela n'empêche pas une forme de méfiance, au moment même où le sentiment anti-français se fait de plus en plus sonore dans les rues de Bamako.
"Nous soupçonnons les Russes d'encourager le sentiment anti-français" dans la bande sahélo-saharienne où sont déployés les militaires français, glisse un haut gradé.
Sur la scène politique interne, certains groupes d'opposition maliens militent depuis longtemps contre la présence de l'ancienne puissance coloniale et en faveur d'un rapprochement avec Moscou. Ce militantisme pro-russe est notamment porté par le "groupe des patriotes du Mali", une organisation de la société civile dont la page Facebook est sertie d'une photo de Vladimir Poutine.
Questionnée début novembre à Bamako sur la coopération russo-malienne, la ministre française des Armées Florence Parly a prudemment salué l'engagement de Moscou tout en s'interrogeant à demi-mot sur ses motivations profondes.
"La France est prête à collaborer avec tous ceux qui souhaitent continuer à l'émergence de la paix et de la sécurité. Évidemment il faut que ce soit un engagement de bonne foi, mais je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus", a-t-elle déclaré.
Dans un jeu d'influence, Moscou se réserve-t-il la possibilité de souffler sur les braises pour porter atteinte aux intérêts français? Un tel comportement n'est pas à exclure, préviennent certains observateurs.
"Il faut tenir compte de ce facteur: même avec des moyens limités, les Russes peuvent exercer un vrai pouvoir de nuisance si on les embête", analyse un expert.
Un véhicule blindé a sauté sur un engin explosif ce samedi matin, dans le sud-est du Mali. L’un des occupants, sérieusement touché, va être évacué par avion vers la métropole. Écouter
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Un véhicule blindé d’un convoi de la force Barkhane a sauté sur une mine artisanale en début de matinée ce samedi 7 décembre. L’incident a eu lieu à Infigaren, à l’est d’Ansongo, entre Gao et Menaka, au Mali.
Un des soldats de ce blindé a été gravement blessé selon l’EMA-Com qui a confirmé à Ouest-France une information de RFI .
Ce soldat français, gravement blessé, devrait être évacué vers la France dans les toutes prochaines heures, selon le porte-parole de l’état-major français qui a précisé que le véhicule participait à une opération dans le Liptako où les activités des groupes armées terroristes ont gagné en intensité au cours des derniers mois.
L’état-major des armées n’a pas souhaité préciser si d’autres soldats avaient été blessés plus légèrement et les circonstances précises de l’incident.
Emmanuel Macron a conditionné, mercredi, le maintien de l'opération Barkhane à une clarification des pays du G5 Sahel, concernant la présence militaire de la France dans la région, sur fond de "mouvements anti-français".
Trois jours après l'hommage national rendu à 13 soldats français tués au Mali, le président Emmanuel Macron a voulu répondre aux polémiques sur la présence française dans la bande sahélo-saharienne.
Interrogé lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet de l’Otan, à Watford, près de Londres, le chef d'État a conditionné mercredi 4 décembre, le maintien de l'opération française Barkhane à une clarification des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) concernant la présence militaire de la France dans la région sur fond de "mouvements anti-français".
"J'attends d'eux qu'ils clarifient et formalisent leurs demandes à l'égard de la France et de la communauté internationale", a-t-il déclaré. "Souhaitent-ils notre présence et ont-ils besoin de nous? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions."
"Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit à l'heure même que l'ambiguïté persiste à l'égard de mouvements anti-français, parfois portée par des responsables politiques", a-t-il ajouté, une semaine après le décès des 13 militaires au Mali.
Emmanuel Macron a donc invité à Pau le 16 décembre les présidents des cinq pays du Sahel "pour pouvoir apporter des réponses précises sur ces points, leurs réponses sont aujourd'hui une condition nécessaire à notre maintien".
Deux soldats maliens ont été tués et sept autres blessés lundi par un engin explosif à Diougani, dans le centre du pays, non loin de la frontière du Burkina Faso.
Le déclenchement d’un engin explosif improvisé a tué deux soldats maliens lundi 2 décembre et blessé sept autres militaires dans le centre du pays en guerre, non loin de la frontière du Burkina Faso, a annoncé l'armée malienne dans la nuit de lundi à mardi.
L'explosion s'est produite en milieu de journée à Diougani, dans la région de Mopti, a indiqué l'armée sur les réseaux sociaux, sans donner davantage de précisions.
Dégradation sanitaire
Le Mali, et en particulier les confins du Burkina et du Niger, sont en proie à une dégradation sécuritaire et une propagation du jihadisme qui alarme la communauté internationale, malgré la présence de forces françaises, onusiennes et africaines. Le conflit au Sahel a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
En dehors des attaques contre les forces armées ou les populations civiles, la pose de mines artisanales le long des principaux axes de communication par les jihadistes provoque des dizaines d'explosions chaque année.
Depuis novembre 2019, au moins quatre soldats maliens, deux soldats burkinabé et un soldat français ont été tués par des mines artisanales. Les civils ne sont pas épargnés.
En publiant une série de cinq dessins satiriques sur la campagne de recrutement de l’armée de Terre en l’associant à la mort de 13 militaires français de l’opération Barkhane, au Mali, l’hebdomadaire Charlie Hebdo s’est attiré les critiques indignées du général Thierry Burkhard, lequel a adressé une lettre ouverte à Riss, son directeur.
« Le temps du deuil de ces familles a été sali par des caricatures terriblement outrageantes dont votre journal a assuré la diffusion », a ainsi affirmé le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], avant d’inviter, « avec sincérité et humilité », Riss à se joindre à l’hommage national qui sera rendu ce 2 décembre à ces 13 militaires, aux Invalides.
« Qu’avons-nous donc fait, soldats de l’armée de Terre, pour mériter un tel mépris? Qu’ai-je manqué moi-même, chef d’état-major de l’armée de Terre, dans l’explication du sens profond de notre engagement, pour qu’avec une telle désinvolture soient raillés ceux qui ont donné leur vie afin que soient justement défendues nos libertés fondamentales? », a également demandé le général Burkhard dans sa lettre ouverte adressée à Charlie Hebdo.
Le directeur de Charlie Hebdo a répondu au général Burkhard, via une lettre ouverte envoyée à l’AFP, dans laquelle il « exprime [ses] condoléances aux familles et aux proches endeuillés » et remercie le CEMAT pour son invitation à la cérémonie aux Invalides, « à laquelle [il] ne pourra cependant pas assister ».
« Nous savons que [la] mission [des soldats français] est difficile et qu’ils font face à des ennemis sans pitié. Ces dessins n’avaient pas pour but de douter de leur courage et de leur détermination », s’est ensuite justifié Riss, blessé lors de l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo par les frères Kouachi, le 7 janvier 2015.
Mais, a-t-il poursuivi, « notre journal se doit de rester fidèle à son esprit satirique, parfois provocateur », ce qui « ne signifie nullement qu’il mésestime le dévouement de ceux qui se battent pour défendre des valeurs au service de tous. » Et d’ajouter : « Nous tenions à vous le dire ainsi qu’aux familles des victimes. »
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