Alors que les collectivités locales votent tour à tour en faveur du futur pacte d'actionnaires, Wiseed joue encore les trublions. Il annonce renoncer à son opération de crowdfunding pour prendre des parts dans l'aéroport de Toulouse Blagnac. Et ce n'est pas pour une question d'argent.
Tout comme le conseil régional de Midi-Pyrénées, Toulouse Métropole ne s’opposera pas au futur pacte d’actionnaires de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, suite à l’acquisition par le consortium sino-canadien Symbiose de 49,9% des parts jusqu’alors détenues par l’État. La collectivité, actionnaire à 5% comme la Région et le Département, était en effet appelée à débattre du sujet ce jeudi 9 avril. Et s’est donc opposée à un recours en justice.
Parallèlement, la plateforme de financement participatif toulousaine Wiseed a annoncé qu’elle renonçait à son projet d’acquérir les 16% du capital que devrait rétrocéder Symbiose. Ces parts « ne permettront pas de faire basculer la majorité réelle vers les collectivités », justifie son dirigeant-fondateur, Thierry Merquiol. « En effet, l’acquéreur de ces 16% devra rester dans le consortium et n’aura donc pas une liberté de vote (au moins durant trois ans). »
Le poids des collectivités, « un leurre » selon Wiseed
« Pendant ce temps-là, l’acte de cession de l’État au consortium Symbiose n’est toujours pas signé. Quoiqu’en disent les élus régionaux ou métropolitains et malgré un discours renouvelé du ministre de l’Économie en mars dernier, le projet de pacte entre l’État et le repreneur confie les pleins pouvoirs au consortium », affirme Thierry Merquiol, qui poursuit : « Publié par Médiapart, et reçu directement, j’ai lu ce document qui est tout à fait légal mais aussi édifiant ! C’est un leurre de croire que les collectivités pourront peser sur les décisions stratégiques avec un tel pacte ». Le fondateur de Wiseed estime néanmoins que « la notion de privatisation citoyenne est née » et donne « rendez-vous sur la piste d’un autre aéroport ».
Pour rappel, le conseil général de la Haute-Garonne s’était prononcé contre la privatisation du terminal toulousain en assemblée plénière. Une prise de position qui n’a cependant débouché sur aucune procédure pour l’instant, en raison des élections départementales notamment.
Mais, à plusieurs reprises, les opposants à la cession se sont dits prêts à mettre en œuvre une « action en substitution des collectivités locales » si ces dernières n’engageaient pas elles-mêmes un recours afin de contester l’opération. Le tribunal administratif de Toulouse pourrait ainsi être saisi « la semaine prochaine », a précisé à ToulÉco Me Christophe Lèguevaques, conseil du collectif. En attendant, une question prioritaire de constitutionnalité a déjà été déposée auprès du Conseil constitutionnel.