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August 14, 2018 2:31 AM
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Siège de la Gestapo, lieu hanté… Ces villas et châteaux qui racontent une histoire à Toulouse

Siège de la Gestapo, lieu hanté… Ces villas et châteaux qui racontent une histoire à Toulouse | Toulouse La Ville Rose | Scoop.it

Siège de la Gestapo, lieu hanté, château squatté... plusieurs lieux à Toulouse racontent une histoire parfois douloureuse. Cette liste ne se veut pas exhaustive. Florilège.

 

1. Le « petit château de l’horreur »

Cette bâtisse située entre la rue des Martyrs de la Libération et les allées Frédéric Mistral abritait l’ancien siège de la Gestapo. (©Google Images)

C’est le surnom que lui donnent encore les gens du quartier. Cette belle bâtisse située au Busca, à l’angle de la rue des Martyrs de la Libération et des allées Frédéric Mistral, abritait l’ancien siège de la Gestapo, la police secrète allemande. L’endroit fut le théâtre d’atrocités pendant la Seconde Guerre Mondiale. C’est ici que le résistant François Verdier fut torturé avant d’être exécuté dans la forêt de Bouconne

Quelques mois après la Libération, une partie de la maison va accueillir un foyer pour les enfants juifs orphelins qui étaient cachés pendant la guerre. Cette grande maison bourgeoise en brique est aujourd’hui divisée en plusieurs appartements.

2. Une maison hantée

Cette belle bâtisse se situe allées Paul Feuga. (©Google Images)

Derrière sa brique pourtant si rose, se cache un endroit bien noir. Cette maison bâtie d’un style néo-gothique sur les allées Paul Feuga, aujourd’hui divisée en appartements, a été construite au 19e siècle par le peintre Henri Rachou (1856-1944) auteur de « La Belle Paule », tableau décorant la Salle des Illustres du Capitole.

La rumeur dit que ce peintre fameux assassina dans cette maison l’un de ses modèles, une jeune femme qui hanterait, depuis, les lieux. Plusieurs générations de Toulousains ont raconté que, la nuit tombée, on pouvait apercevoir des lueurs étranges aux fenêtres et entendre des bruits tout aussi étrange surgir de cette maison, tandis qu’elle était inoccupée…

LIRE AUSSI : Toulouse, aussi, a sa maison hantée !

De nouveau habitée depuis les années 1980, la maison n’a jamais perturbé ses différents locataires. En tout les cas, ils ne s’en sont jamais plaints !

3. Un château squatté

Le château des Verrières, avant les travaux de rénovation. (©Photo Jérôme Kerambloch)

Le château des Verrières, dans le quartier des Chalets, fut édifié à la fin du 19e siècle par le peintre-verrier Louis-Victor Gesta. Ce dernier mourut en 1894. Le château fut vendu et connu de nombreux propriétaires.

Bien que classée Monument historique en 1991, cette bâtisse de type néo-gothique qui s’élève sur quatre niveaux est longtemps restée dans un état de délabrement et fut squattée.

En 2014, l’édifice fait l’objet d’une campagne de restauration afin de retrouver son lustre d’antan.

4. Un château à la Reynerie

Cet édifice est aujourd’hui niché au cœur d’un quartier populaire. (©Creative Commons)

C’était autrefois le lieu de résidence secondaire pour de riches habitants… Inspiré des palais d’été de la Renaissance italienne, le château de la Reynerie est aujourd’hui propriété de la Ville de Toulouse. Il fut construit entre  1781 et 1783.

LIRE AUSSI : Le château de Reynerie à Toulouse, folie du mari de la fameuse comtesse du Barry…

L’initiateur de ce bijou est le comte Guillaume du Barry. En contrebas de la demeure, du Barry fait dessiner un parc à la française où la perspective est coupée d’un bassin rond. Après la mort du comte en 1811, le domaine est remanié par les différents propriétaires.

En 1961, le projet du Mirail provoque le classement du château et du parc. Malgré la protection, le domaine est amputé de ses parcelles (45 hectares sur 50) et donne lieu à l’édification d’immeubles et parkings.

En 2008, la municipalité rachète aux enchères pour 966 000 euros le château et son orangeraie à la famille Ricard, propriétaire depuis 1898.

5. Un palais pour le général

L’édifice abrite le siège du général commandant de la 11e Brigade Parachutiste de l’Armée de Terre. (©Wikimedia Commons)

L’édifice a été érigé entre 1863 et 1868 à l’intention du maréchal Adolphe Niel, brillant stratège militaire et aide de camp de Napoléon III lors de la Guerre de Crimée (1853-1856) et de la Campagne d’Italie (1859).  

 

Le Palais combine un style éclectique propre au Second Empire. La toiture mansardée est recouverte d’ardoises et la façade, rigoureusement sobre et harmonieuse, est construite en pierre et en brique claire. Le portail d’entrée avec son arc en plein centre est encadré de colonnes à chapiteaux doriques.

LIRE AUSSI : Le Palais Niel, le plus prestigieux bâti à Toulouse au XIXe  siècle

Situé dans le quartier Saint-Etienne, le Palais Niel abrite le siège du général commandant de la 11e Brigade Parachutiste de l’Armée de Terre.

6. La Maison Giscard, toute une histoire

La maison Giscard est située au 27 rue de la Colonne. (©Ville de Toulouse)

La mairie va investir un million d’euros pour rénover ce monument du patrimoine. Il s’agit d’une ancienne fabrique, rue de la Colonne. Elle avait été acquise par la Ville après un legs de Joseph Giscard en 2005.

LIRE AUSSI : La mairie va investir un million d’euros pour rénover un monument du patrimoine de Toulouse

Cette propriété familiale construite en 1855 comprend notamment la maison d’habitation et les ateliers du sculpteur. L’immeuble est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Joseph Giscard était connu à Toulouse. La fabrique alimentait le mobilier des édifices religieux, les hôtels particuliers et maisons « Toulousaines ». Il s’agissait d’ornements d’architecture et des sculptures religieuses en terre cuite.

7. Un hôtel particulier dans un lycée

Ce bâtiment est situé dans l’enceinte du lycée Saint-Sernin. (©Google Images)

Propriété de la ville, l’hôtel Du Barry est situé dans l’enceinte du lycée Saint-Sernin, face à la basilique Saint-Sernin. L’hôtel fut à l’origine la demeure de Jean-Baptiste Dubarry, guillotiné en 1794. Les Bénédictines rachètent l’hôtel en 1817 pour en faire une maison d’éducation pour jeunes filles.

Devenu lycée en 1884, l’hôtel Dubarry a beaucoup perdu de sa splendeur. Des travaux de rénovations ont été demandés par l’administration du lycée, mais les financements manquent.

8. Un château réquisitionné 

Le château de Lespinet est l’ancienne demeure de l’industriel Pierre-Georges Latécoère. (©Flickr)

Le château de Lespinet est aujourd’hui la propriété du CREPS de Toulouse. Jusqu’à la fin des années 1930, le château était occupé par la famille Latécoère (constructeur d’avions).

En 1940, le bien est réquisitionné par l’Etat pour y installer l’Ecole des Cadres des Chantiers de Jeunesse de la région Pyrénées Gascogne. Pour l’anecdote, l’armée allemande occupera la propriété pendant quelques mois. L’armée française fera de même à la Libération.

En 1944, la direction de l’Education Populaire du Ministère de l’Education Nationale y installe le Centre d’Education Populaire où les associations organiseront les stages de formation de leurs animateurs et de leurs adhérents.

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April 17, 2018 7:54 AM
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Nouvelle nuit de violences dans le quartier de la Reynerie à Toulouse : 18 interpellations - 16/04/2018

Nouvelle nuit de violences dans le quartier de la Reynerie à Toulouse : 18 interpellations - 16/04/2018 | Toulouse La Ville Rose | Scoop.it

Plusieurs véhicules ont été incendiés dans le quartier du Mirail à Toulouse./ Photo DDM, Lionel Laparade

 

Les hostilités ont repris à Toulouse, ce lundi soir, entre émeutiers et forces de l’ordre à la Reynerie mais aussi à Bellefontaine, dans le quartier du Mirail, et dans les quartiers de la Faourette et Bagatelle de l'autre côté du périphérique.

 

Les premiers feux de containers à ordures ont été signalés vers 19h15. La situation est restée tendue une partie de la nuit avec une vingtaine de véhicules qui ont été incendiés, selon le syndicat de policiers Unité SGP-FO. L'intervention des pompiers ne s'est achevée que vers 4 heures du matin.

Pendant plusieurs heures, le face-à-face entre jeunes et policiers s’est traduit par un jeu « du chat et de la souris » dans le quartier. Ces derniers ont été pris pour cible dans la rue mais aussi depuis des appartements à l'aide divers projectiles et de tirs de mortier d'artifice. Les policiers ont riposté à l'aide de flash-balls et de grenades lacrymogènes. Selon le syndicat Alliance, "les émeutiers étaient organisés en groupes de 30 à 40 personnes chacun".

 

 

18 personnes interpellées

Un important dispositif avait été mis en place par la police, avec l’appui d’une compagnie de CRS et de l’hélicoptère de la gendarmerie. La situation était qualifiée de « tendue » par les intervenants. Ce mardi matin, aucun blessé n'était à déplorer mais de très nombreux véhicules ont brûlé. En tout, 18 personnes ont été interpellées pour des faits de violences, de destruction de bien par incendie et d'outrage.

Ces violences urbaines avaient été « annoncées » un peu plus tôt dans la journée sur les réseaux sociaux où certaines personnes appelaient à des violences contre les policiers. Les autorités avaient donc prévu un "dispositif conséquent" pour la soirée.

 

Le préfet de la région et de la Haute-Garonne, Pascal Mailhos, a condamné, ce mardi matin, "avec la plus grande fermeté ces faits de violence qui conduisent à la destruction des biens privés et mettent en danger des vies humaines". Il salue par ailleurs l'action des forces de police "qui a permis de contenir les incidents et de rétablir le calme dans le quartier malgré des actions hostiles et violentes" et appelle au retour au calme "pour que cessent ces actions violentes".

Dans un tweet, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, exprime sa reconnaissance aux forces de l’ordre et aux pompiers pour leur mobilisation et les 18 interpellations. "Le dialogue que nous tiendrons au côté de l’Etat doit apaiser la situation et combattre rumeurs et instrumentalisations", a ajouté le maire de la Ville rose.

Grand #Mirail : Après une 2è nuit de violences & de voitures brûlées, reconnaissance aux forces de l’ordre & pompiers pr leur mobilisation & les 18 interpellations. Le dialogue que ns tiendrons au côté de l’Etat doit apaiser la situation & combattre rumeurs & instrumentalisations

— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) 17 avril 2018

 

Dans un communiqué, le syndicat Unité SGP-FO demande, lui, "la plus grande fermeté à l’encontre des auteurs de ces inacceptables agissements et salue la détermination et la maîtrise des effectifs engagés dans cette configuration de maintien de l’ordre, aussi atypique que dangereuse."

 

Deuxième soirée de violences

Déjà, dans la nuit de dimanche à lundi, les forces de l'ordre avaient vécu des scènes "d'une grande violence" dans le grand quartier du Mirail. 200 policiers, gendarmes et CRS avaient été mobilisés. Une quinzaine de voitures avaient été incendiées. 

Suite à cette première soirée de violences, la préfecture de Haute-Garonne avait décidé d'interdire la vente d'essence en jerrican entre lundi après-midi et mercredi soir.

Les quartiers de la Reynerie et de Bellefontaine, à Toulouse, sont classés en zone de sécurité prioritaire (ZSP). Le quartier du Grand Mirail, connu pour ses trafics  de drogue et ses règlements de comptes, a été retenu par le gouvernement pour l'expérimentation de la police de sécurité du quotidien (PSQ).

 

 

 

CLAIRE LAGADIC

 

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April 29, 2018 4:49 AM
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Les violences à Toulouse posent à nouveau la question des «zones de non-droit» 18 04 2018

Les violences à Toulouse posent à nouveau la question des «zones de non-droit» 18 04 2018 | Toulouse La Ville Rose | Scoop.it

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Plusieurs quartiers de Toulouse sont en proie depuis dimanche soir à des émeutes urbaines. Pour Guillaume Jeanson, ces violences révèlent que les politiques de sécurité n'ont toujours pas restauré l'ordre républicain dans ces «territoires perdus».

 

 

Guillaume Jeanson est avocat au Barreau de Paris et porte-parole de l'Institut pour la Justice.

RAPPEL DES FAITS. À Toulouse, depuis dimanche soir, les quartiers «chauds» de la ville sont le théâtre de violences d'une rare intensité. Chaque nuit des véhicules sont incendiés par dizaines par de jeunes émeutiers qui tendent aux forces de l'ordre des guets-apens: ils prennent ensuite la police ou les pompiers à partie, allant jusqu'à leur jeter des projectiles ou leur tirer dessus au mortier. Le commissariat du quartier du Mirail a également été la cible d'un caillassage.

 

» LIRE AUSSI - Violences urbaines à Toulouse: «On se croirait en guerre»

 

FIGAROVOX.- Les violences urbaines qui ont lieu à Toulouse depuis dimanche soir ressemblent à un «jeu du chat et de la souris» avec les policiers. Que cherchent les jeunes émeutiers?

Guillaume JEANSON.- La face immédiatement visible des violences urbaines survenues trois soirs de suite à Toulouse depuis dimanche est celle qui oppose des policiers aux jeunes émeutiers. Suivant une grille de lecture bien connue, certains ne manqueront pas d'analyser ces émeutes comme les derniers remous d'une inimitié profonde opposant ces jeunes «stigmatisés» à une police dont ils exècrent légitimement les bavures réelles ou supposées. Suivant un tel prisme, ces actions s'inscriraient dans une logique de «résistance» face à une «oppression» de l'État.

L'enjeu ici est de soustraire certaines zones aux lois de la République pour les soumettre à d'autres lois.

Sans nier le fait que bon nombre des jeunes émeutiers vivent probablement leur combat ainsi, il est essentiel de ne pas occulter une autre réalité. Une réalité déjà bien connue des criminologues et des acteurs de terrain, que l'on retrouve systématiquement à l'œuvre dans la dynamique conduisant à ce qu'il est désormais convenu d'appeler «zones de non-droit». L'enjeu ici est le contrôle d'un territoire. L'enjeu ici est de soustraire certaines zones aux lois de la République pour les soumettre à d'autres lois. Les jeunes émeutiers cherchent donc surtout, par des méthodes proches parfois de la guérilla urbaine, à chasser toute émanation de l'État. C'est ce qui explique pourquoi, au-delà des policiers, dans les «territoires perdus de la République», des pompiers, des postiers et des médecins sont aussi pris pour cible. La population, elle, se retrouve prise en otage. Pourquoi un tel contrôle est-il recherché? Mon confrère Thibault de Montbrial l'a récemment écrit dans vos colonnes: «pour deux raisons: continuer de faire prospérer (les) trafics, et maintenir une logique communautaire dictée par un islam radical.»

 

Certaines sources citent comme cause du déclenchement des violences le contrôle d'une femme en niqab, qui aurait dégénéré. Ce vêtement n'est-il pas interdit par la loi? Est-il encore beaucoup porté?

D'autres sources citent également comme cause de ce déclenchement la rumeur suivant laquelle des surveillants pénitentiaires seraient à l'origine de la mort ce week-end d'un jeune détenu toulousain. Malgré la confirmation du parquet du suicide par pendaison de ce dernier au quartier disciplinaire, de nombreux incidents sont survenus. Avant-hier, 200 détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules, hier encore 90 d'entre eux opéraient un blocage. Les ERIS, les équipes régionales d'intervention et de sécurité, ont même dû intervenir dans la prison. Compte tenu des proportions qu'a pris ce drame, il est vraisemblable qu'il ait également eu un fort retentissement au Mirail.

Pour revenir au niqab sur lequel vous m'interrogez, rappelons qu'il s'agit d'un voile intégral qui couvre le visage à l'exception des yeux - point qui le différencie d'ailleurs de la burqa. Il apparaît ainsi pour beaucoup comme le double signe d'un islam radical et de la soumission de la femme. Ces dernières années, de nombreux pays l'ont interdit. L'année dernière, le Maroc en a par exemple interdit la fabrication et la vente, alors que l'Allemagne en a interdit partiellement le port. En France, il faut remonter à 2010: une résolution a d'abord été adoptée par l'Assemblée nationale le 11 mai pour considérer «que les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l'égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d'un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République». Une loi a ensuite été promulguée le 11 octobre suivant, pour interdire la dissimulation du visage dans l'espace public. Cette loi a été abondamment critiquée et son application n'a donc été que sporadique. Tout le monde garde en mémoire les «coups d'éclat» médiatiques de Rachid Nekkaz, cet homme d'affaires algérien qui payait ostensiblement les amendes auxquelles étaient condamnées les femmes violant cette nouvelle loi.

 

Pourquoi le port du voile intégral cristallise-t-il encore autant de tensions?

En France, le port du niqab dans l'espace public exacerbe les tensions car il est un exemple visible de l'opposition frontale entre certaines obligations religieuses - défendues par une conception particulièrement rigoriste de l'islam - et un interdit républicain. Il est donc d'un côté perçu comme un mépris de l'autorité de l'État, signe d'un repli communautaire inquiétant, et de l'autre, comme un prétexte de stigmatisation et de harcèlement islamophobe.

Lorsque les policiers font respecter la loi, cela peut constituer une agression aux yeux de la population.

En janvier 2017, France 2 diffusait un reportage de François Chilowicz sur le quartier du Mirail intitulé «quartier impopulaire». Après avoir expliqué posément et face caméra pourquoi «il n'était pas Charlie», l'un des habitants interrogés poursuivait en ces termes: «Moi je trouve qu'ils nous bloquent, ils nous bloquent en parlant du voile, oui faut pas faire ci, faut pas mettre ça, non c'est mal vu ci, les barbes et les barbus, cela devient stigmatisant…» La voix off reprenait: «Autant s'y habituer, toute discussion dans le quartier finit souvent par une référence à l'islam, ça marche comme ça ici, la religion vient remplir les vides et soulager l'existence». Un peu plus loin, au sujet d'un rappeur avertissant que «sans l'islam, Reynerie serait Chicago (…) car il y a l'islam et il y a quand même des armes qui circulent…», la voix off explicitait: il «est le premier qui m'a fait sentir combien les habitants du Mirail dressaient l'islam autour d'eux comme une barrière de sécurité, une faille sensible qui les touche en plein cœur et qu'il ne faut pas agresser.» «L'agression» semble avoir pris ici la forme du contrôle de cette femme en niqab. Si tel devait être le cas, il serait alors extrêmement préoccupant d'observer que désormais le seul fait pour la police de faire respecter les lois de la République sur l'ensemble du territoire pourrait constituer, en lui-même, une «agression» aux yeux d'une partie de la population.

 

Le quartier du Mirail, à Toulouse, a été classé «ZSP», zone de sécurité prioritaire, par François Hollande. La paix n'y semble toujours pas revenue… Est-ce une exception, ou est-ce à l'image de nombreux autres quartiers?

Les ZSP sont un dispositif créé en 2012-2013 par le gouvernement Ayrault. Il s'est déroulé en trois vagues successives, délimitant d'abord quinze, puis quarante-neuf et enfin seize zones, toutes considérées par les pouvoirs publics comme «souffr(ant) plus que d'autres d'une insécurité quotidienne et d'une délinquance enracinée» ou «connai(ssant) depuis quelques années une dégradation importante de ses conditions de sécurité».

Pour le dire rapidement, l'idée était de doter ces zones d'un nombre plus important de policiers et de gendarmes. Les ZSP sont donc nombreuses et émaillent l'ensemble du territoire national. En ce sens on peut dire que le Mirail n'est pas une exception.

Est-ce que ces ZSP sont une réussite? Hélas non, comme les événements du Mirail nous le démontrent et comme l'illustrent également d'autres exemples. La toute première ZSP, celle de Barbès-Château-Rouge à Paris, qui comprend notamment en son sein le quartier de la rue Dejean, a par exemple été un lieu d'âpre résistance de la part des riverains, premières victimes de cette délinquance installée. Mobilisés en association, «la vie Dejean», ces riverains n'ont cessé, devant l'inertie des autorités et l'inefficacité des actions menées par la police, de mener avec courage toutes sortes de mobilisations, allant même jusqu'à saisir la justice. En 2016, le tribunal administratif de Paris a ainsi reconnu la faute de la préfecture et de la mairie pour l'insécurité et l'insalubrité du quartier. L'année suivante, la Cour administrative d'appel de Paris a confirmé cette décision. Et, plutôt que d'y apporter de vraies réponses sur le terrain, les autorités ont préféré poursuivre cette procédure en saisissant le Conseil d'État.

Le défi que posent ces quartiers est à la fois politique, juridique et culturel.

Comment se fait-il que l'État soit impuissant à y maintenir l'ordre républicain?

Les ZSP ont été, on le voit, une réponse largement insuffisante face à l'ampleur du problème. Nous ne pouvons qu'espérer de la part de la nouvelle police de sécurité du quotidien une plus grande efficacité face à ce fléau. Mais le défi est grand. Il est aussi juridique et politique que culturel. Interrogé récemment par l'Institut pour la Justice au sujet de cette nouvelle police, Patrice Ribeiro, commandant de police et secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers, le questionnait: «Comment des policiers peuvent-ils être crédibles et incarner l'autorité quand, à leur simple vue, les caïds du quartier, forts de leur sentiment d'impunité, les insultent et les agressent physiquement tout en revenant pérorer et bomber le torse le lendemain? Ce sont eux l'incarnation de l'autorité dans les cités. Nous le redeviendrons uniquement si toute la chaîne pénale fonctionne et que les magistrats cessent de simplement «dire le droit» sans s'imprégner des réalités locales. Il suffit souvent d'emprisonner les éléments les plus violents pour apaiser un quartier. C'est une dimension qui échappe trop souvent lors d'un jugement.»

 

 
Paul Sugy

 

 
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