Régionales 2015. Iborra (PS): «Vu le spectacle que nous donnons, je crains pour les chances de Carole Delga » | Toulouse La Ville Rose | Scoop.it

Le comportement de son camp durant les premiers mois de la campagne des élections régionales désespère la députée socialiste de Haute-Garonne qui décide de hausser le ton.

  


Côté Toulouse: Loin de la traditionnelle discipline légitimiste du Parti socialiste, vous haussez fréquemment et publiquement le ton sur la méthode déployée par le PS dans cette campagne des élections régionales (6 et 13 décembre). Pourquoi ?

Monique Iborra: Dès le début de la réflexion du PS sur les élections régionales, j’ai souvent dénoncé ce qui ne me semblait pas normal et qui ne correspondait pas à ce pourquoi je suis engagée au Parti socialiste depuis de très nombreuses années. Un exemple: celui du non cumul des mandats pour lequel le PS s’est fortement engagée, pour lequel les Français nous approuvent et en faveur duquel les parlementaires ont légiféré.

 

Malgré ce principe, notre candidate Carole Delga a clairement dit qu’elle cumulerait son mandat de parlementaire (elle est redevenu députée en juillet 2015 après sa démission du gouvernement, ndlr) avec la présidence de région si elle devait être élue en décembre. Cela, je ne l’accepte pas !

 

De façon plus générale, je suis gênée par le spectacle que nous donnons dans un contexte difficile et nouveau pour les citoyens, celui de la fusion inédite des régions. Malgré cette période difficile, on manque d’être clair. Et dans un contexte de défiance à l’égard de la politique, on se trompe d’époque.

  

CT: L’accord scellé entre le PS et le PRG, lundi 27 juillet 2015, appartient-il à une autre époque ?

MI:  Cet accord, c’est la cerise sur le gâteau. Imaginez-vous que l’on va inventer une présidence déléguée, je dis bien inventer une fonction qui n’existe pas aujourd’hui. Je ne sais pas comment d’ailleurs. Un texte sera-t-il proposé au Parlement ? Si ce devait être le cas, je ne le voterai pas. Au-delà de la forme, c’est également le fond que je conteste sur ce point. Cette présidence déléguée, promise à Damien Alary, n’aura d’autre effet que de conserver le principe de deux présidences de régions distinctes: Carole en Midi-Pyrénées et Damien en Languedoc-Roussillon. Voilà qui ne correspond ni à la loi, ni à l’esprit de la loi qui veut fusionner deux régions en une seule.

 

Enfin, comment peut-on encore envisager des accords d’appareils politiques distribuant les postes, avant que les électeurs, qui réprouvent ces méthodes et nous le disent à chaque élection, se soient prononcés ? Comment peut-on n’invoquer que des postes et n’évoquer même pas une ligne de contenu, de projet ? C’est choquant et mes valeurs démocratiques ne peuvent l’accepter.

 

 

CT: Pourquoi, selon-vous, le PS a-t-il agi de la sorte ?

MI: Je me pose la question. Je ne comprends pas. Je ne peux l’expliquer que par une forte volonté du PS de conserver son dernier allié, tant dans la région qu’au parlement, où le PRG participe concrètement à la majorité. Mais cette méthode va totalement à l’encontre du désir de rénovation que partagent à la fois les militants socialistes et l’ensemble des Français. Aujourd’hui, parlons plutôt d’anti-rénovation.

  

CT: Craignez-vous pour les chances de Carole Delga (PS) dans cette campagne ?

MI: Absolument, les conditions me paraissent difficiles. Il faut voir le choses en face: il y a une multiplication des listes, EELV s’entend avec le Front de gauche… J’appelle à un sursaut, à une clarification rapide. Carole Delga doit reprendre les choses en main.

 

Carole Delga n’aurait jamais du accepter cet accord avec le PRG. Elle se trouve décrédibilisée et elle va se dissoudre dans cette alliance où il est désormais question, après avoir parlé de binôme, d’un quatuor de tête avec Damien Alary, Sylvia Pinel et Didier Codorniou. La tête de liste doit rester la tête de liste, elle doit décider, elle doit proposer.

 

Vu le spectacle que nous donnons je crains pour les chances de Carole Delga. Je me demande bien comment nous pouvons espérer inciter les électeurs à voter. Je me demande également quel va être le comportement de nos militants. Légitimistes de nature, ils ne s’expriment pas publiquement mais ils peuvent réagir autrement: en ne participant pas à la campagne, en ne votant pas.

  

CT: De façon plus personnelle, pourquoi montez-vous ainsi au créneau ? Imaginez-vous vous placer en dissidence de votre parti ?

MI: Je ne suis pas engagé au PS pour accepter tout et n’importe quoi et je me réserve le droit de dire ce que je pense. Je verrai comment le PS réagira à ce que je peux exprimer mais il est clair que je ne reviendrai pas sur mes propos. 


Pascal Pallas

Rédacteur en chef