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L’émergence et la propagation de maladies infectieuses à potentiel pandémique se sont produites régulièrement au cours de l ' histoire. Nombre de ces maladies sont causées par des agents pathogènes zoonotiques qui sont transmis à l'homme en raison de l'augmentation des contacts avec les animaux dans le cadre de l'élevage, de la chasse et des activités commerciales mondiales. La compréhension des mécanismes de transmission des agents pathogènes à l'homme a permis d’établir des méthodes de prévention et de contrôle des infections. De nouvelles technologies pour les tests de diagnostic rapide, la recherche des cas contacts, la réadaptation des médicaments, les biomarqueurs de la gravité des maladies ainsi que de nouvelles plateformes pour le développement et la production de vaccins sont nécessaires pour une réponse efficace en cas de pandémie.
Jusqu’ au milieu du XVIIIe siècle, l ’ espérance de vie était de 25 ans dans les pays d’Europe, proche alors de celle de la préhistoire. À cette époque, les européens succombaient, pour la plupart, à une infection bactérienne ou virale, quand la mort n’était pas le résultat d’un épisode critique, comme la guerre ou la famine. Un seul microbe suffisait à terrasser de nombreuses victimes. L’épidémie de SARS- CoV2 est là pour nous rappeler que ce risque est désormais à nouveau d’actualité. Si son origine zoonotique par la chauve- souris est probable, la contamination interhumaine montre son adaptation rapide à l ’ homme et permet d’évoquer ainsi la transmission des épidémies, qu’elle soit ou non liée à des vecteurs, ces derniers pouvant représenter dans d’autres occasions un des maillons de la chaîne.
En 1955 , l ' Assemblée mondiale de la santé a voté le lancement d' un programme mondial d'éradication du paludisme. Ce programme a duré quatorze ans. Bien qu' i l ait été couronné de succès dans un certain nombre de pays, l ' éradication a échoué dans la plupart des pays à revenus l imités. Les études qui ont examiné l ' échec de l ' éradication du paludisme se sont concentrées sur les divers problèmes techniques, organisationnels et financiers qui ont entravé le programme. Si ces analyses sont justifiées, elles perdent de vue le contexte politique, économique et culturel plus large dans lequel la stratégie d’ éradication a été conçue et exécutée : l ' éradication du paludisme était avant tout le produit d' une vision d' après- guerre du développement économique et social.
Entretien avec Anne- Marie Moulin, médecin, historienne et philosophe des épidémies. Comment les épidémies récentes nous amènent- elles à interroger à nouveau celles du passé ? Comment Ebola ou la grippe aviaire permettent- elles de mieux comprendre la peste noire ou les épidémies de choléra du XIXe siècle ?
Pour beaucoup, et notamment pour Allan Brandt, l ' épidémie de sida a jeté les bases d' une révolution qui a bouleversé les approches traditionnelles de la " santé internationale" pour les remplacer par des approches mondiales novatrices. L’ épidémie de VIH et les réponses qu' elle a suscitées auraient inventé ce qu’ on appelle aujourd’ hui la " santé mondiale".
Projet de Coalition Plus, ce l ivre est le fruit d’ une réflexion et d’ une analyse de 40 ans de lutte contre le sida par les acteurs communautaires, partout dans le monde : « On est tous plus ou moins au courant des grands succès de la lutte contre le sida des années 1990 et 2000 qui ont permis de sauver des millions de personnes touchées dans le monde par ce virus, et qui perdurent en gardant les personnes sous traitement dans des conditions souvent complexes. En revanche, on est beaucoup moins au courant de la démarche de mobilisation communautaire qui a porté ces succès ».
L’école de médecine tropicale de Liverpool a été créée à l apogée de l'Empire colonial, lorsque des flots de médecins allaient d' Angleterre vers l ' empire colonial pour pratiquer la médecine clinique et pour s' occuper des problèmes « indigènes » de santé publique. A l'époque de la création de l'école, l'empire britannique avait besoin d' un grand nombre de médecins qualifiés dans les disciplines spécifiques des « tropiques », mais il n' avait pas prévu d' installations centrales pour les former.
Guillaume Lachenal, historien des sciences et professeur des universités à Sciences- Po, s’ est attaché à étudier comment s’ est construite, à la fois concrète et mythique la mémoire de Louis Pasteur. Comme i l advient toujours, cette biographie nous parle, au- delà d’ elle- même, telle qu’elle s’ est figée, de l équilibre, parmi les sensibilités collectives, des pouvoirs, des aspirations, des frustrations et des rêves.
La santé globale est devenue un mot clé dans le domaine de la santé et même si elle s' est structurée, notamment dans le monde anglo- saxon, dans l ' espace académique avec ses instituts, ses départements universitaires, ses postes et ses enseignements, aucun consensus réel ne s' est établi sur sa définition. Plusieurs caractéristiques émergent néanmoins dont sa portée " transnationale “, sa prétention à répondre aux nouvelles menaces sanitaires et, plus généralement, son inscription dans un projet sécuritaire ou encore sa participation explicite aux politiques néolibérales de développement, qu' elle est capable d' étendre et de renouveler.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la santé mondiale n’ est pas réellement un concept nouveau, et cet article, publié dans Asia- Pacific Journal of Public Health en 1991 , publié montre qu’ i l a même plus de quarante ans.
« Global Health for All » porte un regard critique sur la santé mondiale pour partager les histoires que les pratiques et les logiques de la santé mondiale racontent sur les configurations de la science et du pouvoir aux XXe et XXIe siècles. Ethnographie à plusieurs échelles, l ' ouvrage collectif dirigé par Jean- Paul Gaudillière se concentre sur les principales pratiques épistémiques et thérapeutiques de la santé mondiale, telles que la localisation, la mesure, le triage, les marchés, la technologie, les soins et la réglementation.
« L' intérêt vital de l ' Amérique pour la santé mondiale : Protéger notre population, renforcer notre économie et faire progresser nos intérêts internationaux » Dès 1997 , le “ Board on International Health de l ' Institute of Medicine” américain soutient que l ' Amérique a « un intérêt vital et direct dans la santé des populations du monde entier », et que cet intérêt découle à la fois de la « longue et durable tradition américaine de préoccupation humanitaire » mais aussi « de raisons impérieuses d' intérêt personnel éclairé ».
L' expression " santé mondiale" tend à remplacer ce qu’ on appelait hier la " santé internationale". Quel a été le rôle de l ' Organisation mondiale de la santé dans cette transition d’ un terme à l ’ autre ? Les auteurs de cet article suggèrent que le terme " santé mondiale" est apparu dans le cadre de processus politiques et historiques plus larges, dans lesquels l ' OMS a vu son rôle dominant remis en question et a commencé à se repositionner dans un ensemble changeant d' alliances de pouvoir.
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La découverte récente d’un cas de polio aux États- Unis et de traces du virus dans les eaux usées au Royaume- Uni et en Israël fait craindre une résurgence de cette maladie déclarée comme éradiquée sur une grande partie de la planète. L’éradication totale de la poliomyélite est- elle un but raisonnable ? Claire Magone décompte les effets pervers d’une campagne qui n’a plus d’autre fin qu’elle- même et risque de porter préjudice à d’autres enjeux de santé mondiale. : « Se fixer comme objectif la disparition définitive d’une maladie ou d’un virus de la surface de la planète, c’est programmer de garder le contrôle total sur le comportement des agents pathogènes et des êtres humains, ambition dont le caractère déraisonnable apparaît dans le dernier mile ». Comment abandonner l’éradication comme objectif de santé publique sans renoncer à la formidable mobilisation politique, scientifique et financière que son horizon permet? Sans doute en tentant de convaincre les bailleurs de fonds que l’argent qu’ils dépensent dans la prise en charge des malades et le contrôle des maladies n’est jamais un investissement à fonds perdus pour ceux qui en bénéficient.
« C’est l’histoire d’une expérience visant à éradiquer la trypanosomiase humaine africaine, la maladie du sommeil. L’histoire de campagnes de vaccination de masse au cours desquelles, du milieu des années 1940 aux indépendances, plus de 10 millions d’injections préventives de pentamidine (commercialisée en France sous le nom de Lomidine) furent pratiquées. Dans « Le médicament qui devait sauver l ’ Afrique », Guillaume Lachenal raconte les « accidents », les morts causées par ce geste médical qui se révéla, en fin de compte, aussi inefficace que dangereux. C’est non seulement d’un médicament, mais aussi d’une technique de gouvernement, d’une marchandise, d’un objet d’expertise, de croyances, de défis et de controverses qu’il est question ici ». « Le médicament qui devait sauver l ’ Afrique » est une enquête de Guillaume Lachenal sur l ’ émergence d’ un dispositif technique, médical et gouvernemental doté d’ une mission bien particulière : soigner une population coloniale.
L' émergence d' Ebola comme menace pour la sécurité sanitaire mondiale : Des " leçons apprises" à la coordination des efforts multilatéraux. Signalé pour la première fois dans des villages africains dans les années 1970, on pensait à l ' origine que le virus Ebola était transmis à l ' homme par des animaux sauvages. L' Ebolavirus ( EBOV) provoque chez l'homme un syndrome hémorragique grave, souvent mortel. Pendant longtemps, cette maladie était considérée comme un mal tragique confiné essentiellement aux régions isolées du continent africain, ce n' est aujourd’ hui plus le cas. La fréquence des épidémies a augmenté depuis les années 1970 . L' épidémie d' Ebola de 2014 en Afrique occidentale a été la plus grave de l ' histoire et a été déclarée « urgence de santé publique » par l ' OMS. Compte tenu de l ' utilisation généralisée des transports modernes et des voyages à l ' échelle mondiale, l ' EBOV représente désormais un risque pour l'ensemble du village planétaire.
Vingt-sept mois de confinement, quatre ans pour rouvrir complètement la cité, la moitié de la population disparue : voilà ce qu’a subi Marseille, frappée par la peste en 1720. Comment la ville et ses habitants ont-ils fait face ?
Alors qu’il existait depuis la fin des années 90, le concept de « Santé mondiale » fait aujourd’ hui partie du langage courant des experts de la santé publique internationale, mais comment caractériser cette approche et dans quelles mesures les épidémies de sida et de Covid- 19 , chacune à sa façon, en sont- elles de bonnes i l lustrations ? Cet article de Stéphanie Tchiombiano montre de quelle manière la lutte contre le sida a été, d’ une certaine façon, un laboratoire de la santé mondiale. En provoquant, avec d’ autres, la réorganisation de l'architecture internationale de l’aide en santé, en stimulant l’émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale, en contribuant à l’éclatement des frontières et des disciplines, le sida a certainement été un accélérateur de cette nouvelle façon de penser les questions de santé. La crise de la Covid- 19 transforme l’essai et oblige la communauté internationale à prendre conscience de ce nouvel impératif : nous n’avons pas d’autres choix que la santé mondiale, la coopération et la solidarité à l’échelle de la planète.
L' épidémie actuelle d’ hépatite C en Afrique centrale révèle que la médecine coloniale, parfois présentée comme un " effet positif" du colonialisme, a été, de par ses méthodes et son ambition même, une occasion de transmission iatrogène. Des recherches menées au Cameroun et en République centrafricaine ont montré que le VHC a été transmis en masse aux populations par des injections non stériles lors de campagnes médicales menées à l'époque coloniale, donnant un nouveau sens à la relation entre histoire et santé publique - littéralement, une épidémie porte ici l'empreinte du passé.
L’ expression « santé tropicale » semble déplacée dans la nomenclature médicale : la médecine est habituellement classée en divisions alignées sur le corps malade : partie du corps concernée, âge du patient ou processus pathologique. Avec l ’ expression « médecine tropicale », il s’ agit au contraire de créer une association avec une géographie, un l ieu, un emplacement sur la surface de la terre. Cet article de réfence d’ Andrew Gibson revient notamment sur le parcours de l ’ anglais Sir patrick Manson, surnommé le « père de la médecine tropicale » et sur le concept d’ « anticontagionisme » qui a pris de l ’ importance au 18 eme siècle.
Pour le chercheur américain Jeffrey Koplan, le concept de « santé mondiale » est à la mode, entrainant la création/restructuration de plusieurs programmes universitaires. La santé mondiale est soutenue par les gouvernements en tant que composante essentielle de la politique étrangère et elle est devenue une cible philanthropique majeure. La santé mondiale est dérivée de la santé publique et de la santé internationale, qui, à leur tour, ont évolué à partir de la médecine tropicale. Cependant, bien qu’elle soit souvent mentionnée, la santé mondiale est rarement définie. Lorsqu' elle l ' est, la définition varie considérablement et n' est souvent guère plus qu' une reformulation d' une définition commune de la santé publique ou une mise à jour politiquement correcte de la santé internationale. Dès lors, comment définir la santé mondiale ? Cet article de Jeffrey Koplan est certainement le plus cité lorsqu’il s’agit de définir la santé mondiale.
Le terme « global » est aujourd' hui omniprésent dans les milieux qui s' occupent de la santé publique, tant au niveau national qu' international et il est utilisé par une variété d' acteurs incluant l ' Organisation mondiale de la santé ( OMS), la Banque mondiale, la Fondation Bill and Melinda Gates, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, etc. Le terme indique une manière spécifique de lutter contre les maladies, en privilégiant un gouvernement de la santé qui passe par la mise en place et le soutien financier à des projets d' accès aux chimiothérapies dont les opérateurs sont des partenariats public- privé et dont la gestion doit faire l ' objet d' une évaluation régulière impliquant le choix de cibles quantitatives claires.
Le dernier numéro de Politique africaine sur la santé datait de décembre 1987 . Ce dossier dédié à la santé mondiale vise à combler ce vide de plus de 30 ans et à rendre compte des changements considérables intervenus récemment dans l ’ univers de la santé publique en Afrique. Chacun des cinq articles de ce volume coordonné par Carine Baxerres et Fred Eboko i l lustre les ruptures opérées par la globalisation des politiques de santé, à partir de l ’ étude d’ une question spécifique : la couverture santé universelle à travers le numérique, le « financement basé sur les résultats », la prise en charge du diabète, l ’ accès universel aux traitements antirétroviraux et l ’ approvisionnement en médicaments antipaludiques. Entre césure et continuité, logiques et contradictions, la Global Health est soumise à l ’ épreuve des faits
Partant des grandes évolutions de la coopération sanitaire au cours des vingt dernières années, Dominique Kerouedan s’ intéresse à la façon dont les transformations de la gouvernance mondiale dans le domaine de la santé permettent de répondre aux réalités locales. En recourant à l ’ histoire, à la sociologie des relations internationales et à la philosophie de la mondialisation, elle montre dans cette séance inaugurale au collège de France ( chaire « savoirs contre pauvreté ») que la santé mondiale est aussi un enjeu géopolitique important.
La coopération internationale en santé publique a formellement commencé dans la deuxième moitié du 19 e siècle, par une succession de conférences sanitaires internationales ( la première a été organisée en 1851 ), par la rédaction des toutes premières conventions sanitaires internationales, et par la création de plusieurs institutions internationales de santé publique, à partir de 1838 . Cette coopération naissante est en grande partie liée à la propagation rapide de maladies épidémiques ( choléra, peste, fièvre jaune), et à l’ essor des échanges commerciaux suite au développement de moyens de transport et de communication modernes. Les premières mesures portent sur la mise en place de dispositifs de quarantaine, pour les bateaux étrangers afin de protéger les populations européennes de maladies venues d’ ailleurs.
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