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Le spectateur de Belleville
September 6, 2015 6:15 PM
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Jean-Louis Trintignant a accepté d'évoquer sa vie devant une caméra, celle de son ami cinéaste Serge Korber. Souvenirs de cinquante années passées dans le cinéma et sur les planches, autobiographie à plusieurs voix d'un homme de 80 ans qui s'avance ici à visage découvert. Avec les témoignages de Marin Karmitz, Costa Gavras, Jacques Perrin, Michael Haneke et Claude Lelouch. Documentaire visible en ligne jusqu'au 13 septembre avec arte+7 : http://www.arte.tv/guide/fr/045628-000/jean-louis-trintignant
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Le spectateur de Belleville
July 9, 2015 12:40 PM
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Ruth Olaizola est la plus ancienne de la bande d’acteurs de Joël Pommerat, qu’il ne veut surtout pas appeler une troupe. Avec Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon et Marie Piemontese, qui les ont rejoints peu après, il y a une vingtaine d’années, elle forme le « noyau dur » de l’équipe. Elle a commencé le théâtre très jeune, au Pays basque espagnol, d’où elle vient, près de la ville d’Hernani – cela ne s’invente pas. Et depuis vingt ans, elle marque le théâtre de Joël Pommerat de son empreinte à la fois douce, terrienne et étrange. Désormais, on la reconnaît et on l’arrête dans la rue, ce qui ne laisse pas de l’étonner, elle qui ne s’est jamais vécue comme une diva. Rencontre avec une actrice qui parle si bien le langage de son metteur en scène-auteur que ces deux-là n’ont plus vraiment besoin de se parler pour se comprendre. Comment avez-vous commencé à travailler avec Joël Pommerat ? En 1993, j’étais dans un cours de théâtre qui n’existe plus, l’école Nicole Mérouze, quand Joël Pommerat, qui travaillait alors au Théâtre de la Main d’or, a fait passer une annonce pour engager de jeunes comédiens pour sa prochaine pièce, Les Evénements. Je n’ai pas été prise pour le spectacle, mais pour le stage de recherche préparatoire : Joël Pommerat écrivait déjà à partir des acteurs. Ensuite, je suis allée voir Les Evénements, j’ai adoré la pièce, et Joël m’a proposé de travailler sur le spectacle suivant. Qu’est-ce qui vous a d’emblée plu dans son théâtre ? J’ai su immédiatement que c’était ce que j’avais envie de faire. J’ai eu l’impression d’être face à une sorte d’ovni, quelque chose qui m’a complètement bouleversée. Je trouvais que c’était bizarrement écrit, un peu comme une série télévisée, et en même temps, je voyais qu’il travaillait à trouver un langage, à dire la vie autrement que dans la vie, mais pas comme dans le théâtre, et surtout sans tricher… Y avait-il déjà une manière de jouer particulière ? Oui. Il y avait déjà cette intimité, cette idée de parler comme on se parle, vous et moi, avec en même temps une dimension poétique très forte, mais qui arrive mine de rien. Nous étions, nous les comédiens, très neufs, nous n’avions pas fait de grandes écoles, nous n’avions pas été formatés – je ne dis pas que les institutions formatent forcément, mais elles impriment quand même une esthétique, un phrasé. Joël nous disait : je veux que vous soyez une page blanche. Avec lui, le théâtre est toujours en train de se faire, une création n’est jamais terminée. Comment avez-vous travaillé ensemble cette qualité de présence au plateau qui est la grande force des comédiens de Joël Pommerat ? Je pense qu’elle vient en grande partie de la méthode, du fait de tout créer au plateau, qui induit une façon d’être entièrement, complètement, ici et maintenant. Comme on invente tout ensemble, on est dans une grande vérité qui fait que forcément, on existe pleinement avec notre corps, même sans rien faire. Joël Pommerat vous proposait-il des références théâtrales, pendant ces premières années ? Très peu. Ses références venaient beaucoup plus du cinéma et de la littérature : Ingmar Bergman, David Lynch, Fernando Pessoa… Il y a quand même, chez lui, une grande admiration pour Claude Régy et Ariane Mnouchkine, mais sans désir d’imitation : il admire plutôt la manière dont ils ont su mener leur trajectoire. Le travail sur cette nouvelle création est-il emblématique de la démarche de la compagnie ? Oui et non. Oui, parce que Joël nous demande d’être au même endroit de recherche, de concret et de vérité que de coutume. Et puis parce que sur les autres pièces, on s’était toujours nourri de documents, de films, de documentaires… Ce qui change évidemment, ici, c’est que la matière de départ est une matière historique. Vous travaillez toujours à partir de documents ? Quasiment toujours, oui. Pour Les Marchands [une pièce sur le travail créée en 2006], on en a bien sûr énormément consulté. La première fois que l’on a travaillé sur le répertoire, avec Joël, c’était pour Au monde, en 2004. Mais cela ne changeait pas pour autant sa méthode de travail. Il avait trouvé, pour les personnages qu’il voulait écrire, des cousinages avec Shakespeare, Sarah Kane, Les Trois Sœurs de Tchekhov ou Phèdre de Racine, et on devait s’en inspirer, lui faire des propositions. Pour « Cet enfant », créé en 2006, vous avez travaillé directement à partir d’histoires réelles ? Oui. Cet enfant est un spectacle assez particulier, issu d’une commande de la Caisse d’allocations familiales du Calvados. Les cadres de cet organisme se rendaient compte que les personnes en difficulté avaient du mal à s’exprimer. Il leur fallait une forme de médiation pour libérer la parole, et ils sont venus nous demander de les aider. On a travaillé avec un groupe de femmes, et là, on s’est servi du répertoire. On leur montrait et on leur faisait jouer des scènes de pièces qui nous paraissaient très dures, comme celles d’Edward Bond, par exemple, et elles nous disaient : « Mais c’est n’importe quoi, ça, c’est du pipi de chat, ce n’est pas la réalité. » Et là, elles ont commencé à raconter leurs histoires, à partir desquelles Pommerat est parti vers la fiction. Mais dans le jeu, le fonds et l’émotion de ce qu’on avait vécu avec elles nous ont évidemment beaucoup nourris. Comment est-il, Joël Pommerat, en dehors du travail ? On ne le voit pas en dehors du travail, sauf quand on se réunit et qu’il nous fait à manger (rires). Mais sinon, on ne va pas à la plage avec lui… D’ailleurs, Joël ne va pas beaucoup à la plage (rires). Nous sommes des amis de travail, et je crois que c’est très bien ainsi. Fabienne Darge Journaliste au Monde
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Le spectateur de Belleville
July 1, 2015 4:45 AM
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Publié par Brigitte Salino dans Le Monde : Imaginez la scène. Un soir, Lars Eidinger joue le rôle-titre d’Hamlet, à la Schaubühne de Berlin, dans la mise en scène de Thomas Ostermeier. Au cours de la représentation, trois jeunes filles se lèvent. Lars Eidinger les voit, il s’arrête de jouer et leur demande pourquoi elles s’en vont. « Weil’s scheisse ist ! » (« Parce que c’est de la merde ! »), répond l’une d’elles en partant. Lars Eidinger quitte le plateau en courant, et il suit les jeunes filles dans le foyer. Il veut leur parler, comprendre ce qui ne leur plaît pas. Pendant ce temps, les spectateurs attendent. Privés d’Hamlet. Quand il revient, Lars Eidinger leur raconte ce qui s’est passé. Et il reprend son rôle.
Si vous ne connaissez pas cet acteur, vous êtes en droit de vous demander ce qui lui passe par la tête. Si vous l’avez vu sur scène, vous n’êtes pas surpris, parce que vous le savez capable de tout : c’est l’Homo ludens par excellence, l’homme qui joue. Il en donne la preuve, de manière phénoménale, dans Richard III, une autre pièce de Shakespeare mise en scène par Thomas Ostermeier, qui vient à Avignon après sa création à Berlin, et risque bien de couronner Lars Eidinger roi des acteurs du Festival.
Le voilà tel qu’en lui-même, un soir de juin, à Berlin. 1,90 mètre, regard bleu, dialogue franc. Nous sommes dans son bel appartement du quartier de Charlottenburg, non loin de la Schaubühne. Il est tard. Lars Eidinger rentre d’une journée de tournage, la dernière avec Adèle Haenel, avec qui il vit une histoire d’amour dans le film de Chris Kraus, Die Blumen von Gestern (Les Fleurs d’antan). Tous les deux sont des chercheurs qui travaillent sur la Shoah. Le grand-père de l’un était nazi, la grand-mère de l’autre juive. Leurs biographies se croisent, entre hier et aujourd’hui. Cette année, Lars Eidinger tourne aussi avec le réalisateur russe Alexeï Outchitel. Il joue Nicolas II, le dernier des Romanov, pris dans une histoire d’amour avec la ballerine Mathilde Kschessinska. Dès qu’il aura fini d’être Richard III à Avignon, l’acteur partira pour Moscou et, de roi, deviendra tsar. (...) Richard III, de Shakespeare. Mise en scène Thomas Ostermeier. Opéra Grand Avignon, du 6 au 18 (relâche les 10 et 15), à 18 heures. Durée : 2h20. En allemand surtitré. Brigitte Salino (Berlin, envoyée spéciale) Journaliste au Monde Lire l'article entier sur http://www.lemonde.fr/festival-d-avignon/article/2015/06/30/lars-eidinger-l-homme-qui-joue_4664759_4406278.html#bQD7mLdcFFzXBmqW.99
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Le spectateur de Belleville
April 23, 2015 3:37 PM
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Le spectateur de Belleville
February 15, 2015 2:42 PM
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Publié dans Libération : François Morel. Ni bête ni méchant (Photo Yann Rabanier pour Libération.) PORTRAIT Copain de Cabu et Charb, cet acteur comique sensible, ancien Deschiens, sait attaquer sans cynisme. Nous sommes lundi. Si vous pouvez lire cette page, c’est que la fin du monde n’a pas eu lieu. Ce petit galopin de Morel nous aurait-il empapaouté ? Dans son spectacle, qu’il joue ce mois-ci à Paris, il annonce «la fin du monde pour dimanche». Ne pas prendre trop au sérieux ce garçon. Lui-même l’évite autant que possible. Ses phrases démarrent sérieusement et, d’un coup, ça s’envole comme une bulle de savon. Quelqu’un qui a incarné Rantanplan, le chien le plus stupide de l’Ouest, dans la série animée du même nom, a forcément un peu de distance sur lui-même. Morel, homme flou de 56 ans au sourcil circonflexe et œil qui plisse, est un peu comédien, un peu humoriste, un peu chroniqueur radio, un peu chanteur, un peu écrivain. Il a publié à l’automne un livre au titre anti-Goncourt au possible, Meuh ! L’histoire d’un ado qui se transforme en vache. Puisqu’il est souvent chez lui question d’animaux, il nous pardonnera ce portrait bestiaire.
L’huître.
A un moment, dans son spectacle, il campe un homme qui tombe raide dingue d’une fine de claire. C’est le grand amour. A la longue, il se lasse. Rupture. «Je ne sais plus si c’est elle ou moi qui a pris la décision.» Du pur Morel. Du poético-absurde moins fait pour plier en deux que pour toucher au cœur. Morel, c’est l’humour gentil. Ça l’agace qu’on dise ça, alors il prétend être une «peau de vache». Pas du tout. Morel rit avec, plutôt que contre, c’est l’anti-Gaspard Proust, zéro cynisme, c’est hors temps, un peu désuet, ça repose et ça rassure. Il est de l’école d’un Devos, d’un Dubillard, d’un Vialatte, sans être aucun des trois. Parfois c’est drôle, parfois pas. Il n’a pas l’obsession de faire rire. «Si je peux faire en sorte que le spectateur se sente plus léger en repartant qu’en arrivant, c’est déjà pas mal. J’essaie d’entraîner le public dans une émotion, une histoire, un imaginaire.» Un soir, un spectateur est venu lui dire que cette histoire d’huître, c’était exactement ce qu’il avait vécu avec sa femme.
Les lions. Début octobre, Charb et Cabu étaient montés avec lui sur scène, à Châlons-en-Champagne (Marne). Morel chantait les titres de son spectacle le Soir, des lions… les deux de Charlie caricaturaient en direct. Une soirée «formidable, farceuse et chaleureuse». Trois mois plus tard, la nuit est tombée sur le 7 janvier, les lions étaient morts. Ou bien était-ce les agneaux. «Quelle gueule de bois ! Pendant des jours, je n’ai pas réussi pas à me dire autre chose que : "Ils ont tué Cabu." Lui qui était tellement le contraire de la guerre.» Et puis, il a vu revenir le rire par petites touches et il a soufflé dessus pour raviver la braise. Il en a fait un texte pour le Monde : «Le rire pour ne pas mourir.» «Pour ne pas baisser les bras. Pour se battre contre l’obscurantisme, la bigoterie, la connerie.» Pour une fois, il était sérieux. Son ami et ex-Deschiens, Olivier Broche : «Ce n’était pas non plus un appel au rire pour le rire. Il ne cautionne pas la dérision systématique, le deuxième degré télé. Pour lui, le rire doit dire des choses.»
Les vaches. Celles de sa Normandie. Le pur beurre, les clochers, les nappes à carreaux et boules à neige qu’on retourne. La Normandie de Bourvil, avec qui Morel a en commun d’être un faux naïf au physique de guichetier des PTT. François Morel a grandi dans une bourgade au doux nom de Saint-Georges-des-Groseillers, 3 000 habitants, dans l’Orne. Un père employé SNCF et militant CGT, une mère dactylo, un grand frère, une grande sœur, bienvenue chez le Petit Nicolas. Ou chez Sempé, qu’il adore. Comme lui, c’est un pudique qui éclaire ceux qu’on appelle les petites gens. Pas pour se moquer, «ça m’embêterait de me moquer tous les soirs», mais parce qu’«au fond, on a tous une petite vie, on va tous mourir, non ? Il y a toujours en nous quelque chose d’un peu minable, même chez ceux qui font les prétentieux».
A Saint-Georges, on s’ennuie un peu, surtout quand on est envoyé au collège chez les curés, expérience compensée par l’écoute intensive de Brassens. Le petit Morel, timide mais potache, veut être comédien. Après une fac de lettres à Caen et l’école de théâtre de la rue Blanche, à Paris, il frappe à la porte de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. Plus de dix ans de collaboration foutraque. François Morel devient monsieur Morel de la fromagerie Morel. Pulls orange et robes à fleurs, les sales gosses Deschiens imposent la France d’en bas sur Canal.
Le chat, le chien. Le chat, c’est celui du rabbin, bien plus malin que Rantanplan. Morel en a été la voix dans l’adaptation ciné de la bande dessinée de Joann Sfar. Le chien, celui des Deschiens, dont l’ombre lui colle encore aux basques. «Pendant longtemps, on m’a pris pour un garçon rural qui fait des fautes de français.» Alors qu’il a joué Molière et qu’il prépare un spectacle sur Paul Léautaud. Dans la vraie vie, il n’a plus ni chat ni chien. Il habite avec sa femme, artiste, une maison du Val-d’Oise. Il y écrit, chante, lit : Modiano, Jules Renard, mais aussi Foenkinos. «Il se fout complètement de la célébrité ou de l’argent. Ce n’est pas un poseur, c’est un vrai gars, dit son amie la chanteuse Juliette. Il tient à sa part d’enfance, d’où son humour de gamin crétin. C’est un déconneur, mais il n’impose pas.»
La taupe. Un lundi matin, sur France Inter, Stéphane Guillon, depuis débarqué, avait aligné le ministre d’alors Eric Besson en «taupe du Front national» aux «yeux de fouine». Le vendredi suivant, à la même heure, Morel avait joué les pompiers pyromanes avec un plaidoyer pour la réhabilitation de la taupe, de la fouine et du putois, tant qu’on y est. Les morélophiles applaudissent. Moins frontal, mois mordant, plus fantaisiste que Guillon, qu’il admire. Moins politique, quoique tout aussi à gauche. A force d’avoir l’air de ne pas y toucher, quand il frappe, ça frappe fort. Comme quand il s’interroge : «Pourquoi souriez-vous, Anne Sinclair ?» Uppercut sur l’arrogance des nantis. Ou quand il observe l’animal Nicolus Sarkozus dans son milieu naturel, «grand mâle dominant, mais de courte taille, qui a du mal à se terrer pendant ses périodes d’hibernation».
La tortue. Pour son côté diesel. Morel le modeste a toujours su que le succès, si succès il y avait, viendrait tard. «Ce n’est pas comme si j’avais été joli garçon. Je savais que je n’aurais pas une carrière fulgurante, que je pouvais prendre mon temps. Mes références, c’était plutôt Jean Rochefort ou Michel Serrault.» Il a longtemps été un discret et prolifique second rôle. Aujourd’hui que Télérama et les Inrocks lui demandent son avis, ce qui l’étonne encore, il ne joue plus que ce qu’il veut. «Je ne me vis pas comme une vedette, mais comme un type qui a préparé un spectacle et qui s’autorise à le jouer sur scène.» La reconnaissance, il en convient d’une litote que n’aurait pas reniée Jules Renard, «quand même, c’est mieux». Cordélia Bonal pour Libération du 16 février
EN 5 DATES 1959 Naissance à Flers, dans l’Orne. 1989 Débuts chez Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff avec Lapin chasseur.1993 Les Deschiens arrivent sur Canal +. 2009 Premières chroniques sur France Inter. Février 2015 Reprise de La fin du monde est pour dimanche, au Rond-Point.
Photo Yann Rabanier
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Le spectateur de Belleville
January 18, 2015 4:31 AM
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Portrait publié par Libération : Paris, jour de l’an, les cafés sont pleins, les rues sont vides, les immeubles du VIe arrondissement éteints. On marche vite dans le froid, on n’a pas le souvenir de lui avoir demandé son âge, et elle lance, un peu abrupte, joyeusement : «Je suis née le 6 janvier 1962, j’ai 53 ans dans une semaine, et je suis très contente de vieillir !» «Quelle chance», pense-t-on très fort. Un air interrogatif perce le silence car elle poursuit : «Oui, contente ! Je trouve que je progresse. Le pire, c’est lorsqu’on vous demande de refaire sans cesse quelque chose qui a marché précédemment.» Paris, jour de torpeur et de relâche. La semaine, entre 19 heures et 21 h 10, Nathalie Richard est seule sur scène dans une adaptation de Sommeil de Haruki Murakami, au théâtre de l’Œuvre. Un monologue où elle incarne une jolie madame mariée à un dentiste qui, brutalement, est privée de sommeil. Des insomnies ? Non. Plutôt un genre de double vie, qui permet à l’épouse modèle de s’échapper de son quotidien sans que rien de son exaltation nocturne ne modifie la routine. Le verbe «incarner» convient au sens propre à l’actrice qui rosit et change de peau sous nos yeux, au fur et à mesure que son personnage découvre d’autres états, de plus en plus terrifiants, car comment être certain que l’on ne dort pas, lorsqu’on échoue à fermer les yeux ? L’actrice est experte dans l’art de la mue et ses énigmes.
Pour l’heure, elle a les cheveux ébouriffés, le visage complètement dénué de maquillage, les yeux très clairs, la peau fine, une longue doudoune dans les gris, une absence d’afféterie, tel un tableau ouvert à tous les possibles. Comme toutes les personnes timides, elle intimide. On ne pense pas lui avoir demandé combien elle gagne, mais elle répond : «Depuis mes débuts, je suis payée pareil. Je n’ai jamais augmenté mes tarifs. C’est étrange, non ?»
Nathalie Richard est une interprète discrète, qui travaille tout le temps, plutôt au théâtre, toujours dans des spectacles exigeants, et qui fut remarquée dès ses premiers films, notamment dans le magnifique la Bande des quatre, de Jacques Rivette, puis une minute dans un film de Jean-Luc Godard, restée, on ne sait pourquoi, gravée dans la mémoire. Avec de telles premières fois, le bal était ouvert. Mais tout se passe comme si l’actrice s’était détourné des rails linéaires de la célébrité et avait dissocié le dur désir de durer, de l’exposition. Elle a un moment de recul, comme si elle venait tout juste de remarquer la tension entre son goût du retrait et son art, qui exige tout de même d’apparaître. «Débutante, je n’ai jamais réfléchi à quelle serait ma place. N’ai pas été stratège. Mon parcours s’est plutôt construit sous la forme d’un mobile que comme les marches d’un escalier.» Le mobile a d’abord eu comme pièce mouvante le patinage artistique, auquel elle s’adonnait enfant, levée à 4 heures, pour se rendre aux concours sur glace. De ces premiers glissements, il lui reste une discipline et la fluidité des déplacements. Puis, la danse et la musique, la première l’emmenant à New York, pendant un an, dans la troupe de Karole Armitage. Quand elle revient en France, que faire ? Le Conservatoire d’art dramatique lui permet de renouer avec les mots. D’où vient-elle ? Nathalie Richard est aussi vague lorsqu’elle évoque par exemple le métier de son père, «un industriel», qu’elle est précise sur son travail. Elle parle de sa fille de 30 ans, «aussi brune que je suis blonde», et dit qu’elle vit plutôt seule tout en ayant longtemps vécu en couple avec le père de sa fille, le musicien et chanteur Ghédalia Tazartès.
A quoi pense-t-elle, lorsqu’elle est sur la scène ? «Les mots entraînent des couleurs, je suis à la fois dedans, et légèrement en surplomb. J’évalue la distance entre le public et moi. Je pense au temps que je laisse entre les phrases. Je suis critique sur mon jeu. Tout d’un coup, je me surprends à porter un jugement.»
Elle n’a jamais le trac, c’est «toujours un soulagement de jouer». Mais a connu l’oubli ponctuel alors même que, par définition, le monologue ne permet pas le secours d’un partenaire. Qu’a-t-elle fait ? «En temps habituel, un blanc est plutôt bon signe. Il indique qu’on s’est laissé happer par ce qu’on joue, sans s’y installer. Seule, c’est plus compliqué d’en sortir. Je me suis sentie me décomposer. J’ai attendu. Quand je me suis rappelé que mon personnage était rattrapé par une chose qu’elle ne sait pas nommer, un mot est apparu. Je l’ai saisi et avec lui le reste du texte.» Un temps de réflexion : «Je crois que le blanc a surgi parce que j’essayais d’être en avance sur ce que je jouais. Dans une pièce de Shakespeare, il est possible de se donner des objectifs en parcourant mentalement les actes. Pas avec le monologue de Murakami.» Le soir, elle ne s’attarde pas au théâtre. «Le spectacle [la] laisse dans une drôle de temporalité. Pas assez loin dans la nuit.»
Nathalie Richard provoque spontanément des commentaires enthousiastes. «Quelque chose de Delphine Seyrig !» dit Arnaud des Pallières, qui lui confia une longue et étonnante scène d’amour dans Parc, où «elle se jeta vaillamment». Olivier Assayas évoque son «extrême singularité», tandis que Stéphane Batut, directeur de casting, dit que «rien ne lui est impossible». Pourtant, les financiers du cinéma ne misent pas sur son nom. De sa bouche, une foule de cinéastes dont on a peu ou pas du tout vu les films surgissent de l’obscurité, tapis on ne sait où, qui laissent penser que l’underground est loin d’être mort en France, mais ne se fraye pas d’existence en salles. Ainsi, note-t-on Notre-Dame des Hormones, de Bertrand Mandico, ou A bas bruit, de Judith Abitbol, où elle joue tous les rôles. Nathalie Richard : «On pense de plus en plus à la place du public, on présuppose ses attentes. Les films qui ont besoin de temps pour s’installer disparaissent immédiatement. La pratique artistique est morcelée.»
Son seul luxe est le temps. Par exemple, celui de se rendormir «exprès» le matin, «pour rêver». Elle lance, comme si c’était banal : «J’ai fait, pour la première fois, une recherche sur Google en 2014.» Elle a tout de même réussi à envoyer un mail l’année dernière ! Pour la joindre, elle conseille le bottin. Lit du papier, et renoncera à la presse quand celle-ci sera uniquement sur écran. Peut-être est-ce dû à sa formation de danseuse. Quand on a pris le pli de penser en bougeant, on sait très bien que la fantaisie, donc la pensée, n’est pas dissociable du corps en mouvement.
Paris, 7 janvier, sur scène, jour de l’attentat à Charlie Hebdo. «Si la mort n’est pas un état de repos, quel salut espérer dans cette vie imparfaite et éreintante ?» «J’étais bien obligée de jouer. Je pensais aux morts, et aux blessés, à Philippe Lançon [journaliste à Libération, ndlr] qui était venu voir le spectacle. Je me suis demandé s’il fallait que j’adresse le texte autrement. De fait, non.» Depuis, chaque soir, l’écoute les charge d’une autre résonance.
EN 5 DATES 6 janvier 1962 Naissance à Paris. 1988 La Bande des quatre (Jacques Rivette). 1996 Irma Vep (Olivier Assayas). 2002 Met en scène le Traitement, de Martin Crimp. Jusqu’au 24 janvier 2015 Nuits blanches, d’après Haruki Murakami.
Par Anne Diatkine Photo Frédéric Stucin
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Le spectateur de Belleville
December 29, 2014 5:59 PM
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Publié par Le Monde : C’est comme un jeu de piste. André Dussollier a d’abord donné rendez-vous dans un hôtel qui ressemblait tellement à un cottage anglais filmé par Alain Resnais que l’on s’est demandé si c’était là un effet de son humour et de sa fantaisie, ou juste un goût décidément bien ancré pour les univers cosy et légèrement décalés. Puis il a changé. Ce fut L’Hôtel, tout court, rue des Beaux-Arts. Numéro 13. Oscar Wilde y est mort, en 1900. Jorge Luis Borges y séjournait régulièrement. On dirait un de ces jeux surréalistes comme les aime Jacques Rivette, autre cinéaste fétiche de l’acteur.
Mais si l’on est là, à L’Hôtel, donc, c’est pour parler théâtre. André Dussollier y revient, encore et toujours. Il joue, dans la grande salle du Rond-Point, à Paris, Novecento, la belle histoire imaginée par Alessandro Baricco, qui conte la vie d’un pianiste né en 1900 sur un paquebot, et qui jamais ne posera pied à terre. Toute une vie sur la mer, les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d’un piano, et toutes les variations possibles que l’on peut imaginer à partir de là. Seul en scène avec les musiciens, André Dussollier est à la fois le conteur et les personnages qu’il fait naître, avec une virtuosité tranquille, et le spectacle glisse comme un de ces grands bateaux dans la nuit, et vous emporte.
Dans la rencontre, André Dussollier est tel qu’on se l’imagine : charme, understatement, sobriété, simplicité et passion pour son métier qu’il ose à peine appeler son art. Il est heureux d’être au théâtre, comme il a été heureux, un jour de ses 10 ans, dans les années 1950, d’être dans une salle où se jouait Poil de carotte, de Jules Renard, et de découvrir « un monde où il y avait beaucoup plus de liberté et d’intensité que dans la vraie vie ».
Leçons de désobéissance La vraie vie, pour le jeune Dussollier, c’était une bourgade entre vallée et montagne, entre Annecy et Genève, et des parents « fonctionnaires des impôts ». On comprend entre les lignes que ce n’était pas folichon-folichon, pas rigolo-rigolo. Alors le théâtre… Dussollier ne l’a plus quitté. Il est monté sur les planches au collège, au lycée. Il a suivi des études « sérieuses », de lettres et de linguistique, à la fac de Grenoble. Et puis, quand on lui a proposé « un poste d’assistant en philologie à l’université d’Oran », il a fait son choix.
Il est « monté à Paris », comme on disait alors. « J’avais 23 ans, je ne connaissais personne. Mais j’ai senti en commençant les cours de théâtre que ça pouvait fonctionner. Tout s’est enchaîné de manière assez classique. » Classique, oui : le Conservatoire, puis la Comédie-Française, où il entre en 1972 et où il reste… à peine un an, s’enfuyant comme Isabelle Adjani à la même époque. Il a le temps d’y croiser le prince de la profession, Robert Hirsch, qui lui donne des leçons de désobéissance face au metteur en scène, en l’occurrence Jean-Louis Barrault.
« Les règles étaient très strictes à l’époque au Français, quasi napoléoniennes… J’ai commencé à être demandé au cinéma, Roger Planchon, que j’admirais depuis toujours, m’a proposé de venir jouer dans Par-dessus bord, de Michel Vinaver, qu’il créait au TNP de Villeurbanne… Alors j’ai quitté la Maison de Molière, sans regrets. » Il aurait pu continuer avec Planchon, mais le cinéma l’a rattrapé : Truffaut l’engage pour Une belle fille comme moi, et, faisant de lui un étudiant à lunettes face à la tornade Bernadette Lafont, imprime cette image sage qui, depuis, lui colle à la peau et dont il n’a de cesse de se débarrasser.
Il avait le profil idéal pour s’inscrire dans le grand mouvement du théâtre public à la française, mais ça s’est passé autrement : le cinéma, et les hasards de la vie qui n’en sont jamais tout à fait. « A cette époque, j’ai rencontré Ariane Mnouchkine, mais entrer au Soleil était vraiment un sacerdoce. J’ai croisé Patrice Chéreau… mais rien ne s’est passé. » Il jouera tout de même, à la fin des années 1980, avec Luc Bondy dans Le Chemin solitaire, d’Arthur Schnitzler – un titre qui lui va bien.
« J’aime bien la folie » Mais, comme Laurent Terzieff, comme Michel Bouquet, André Dussollier a préféré mener sa carrière plutôt dans le théâtre privé, et, comme eux, sans doute pour garder son indépendance d’acteur face à ce qui peut être vécu comme un trop grand primat des metteurs en scène. « Le privé m’a permis d’aller vers des auteurs contemporains et des rôles qui m’intéressaient. » Vers des univers, aussi, cultivant l’absurde et le dérapage : Le Bain de vapeur, de Roland Dubillard, Love, de Murray Schisgal, les Trahisons, d’Harold Pinter, La Chèvre, d’Edward Albee… et Pour un oui ou pour un non, de Sarraute, qu’il joue devant la caméra de Jacques Doillon.
« J’aime bien la folie, la vraie folie, dit-il avec soudain l’œil allumé et l’air de celui qui pourrait dérailler. Mais j’aime qu’elle arrive quand on ne s’y attend pas, qu’elle surprenne. Dans la vie on n’est jamais dans une couleur unique, il y a toujours un glissement. J’aime la maîtrise, mais parce qu’elle me permet de faire déborder le vase et d’aller vers des zones inattendues. Je viens de la montagne, d’un univers strict et renfermé, mais où l’on sentait qu’était tapi derrière un masque très fin un grain de folie susceptible d’exploser à tout moment… »
Et puis il y a eu l’aventure avec Alain Resnais, qui était une façon de continuer le théâtre par d’autres moyens. « Ce que j’ai énormément aimé avec lui, c’est sa façon d’inventer une forme moderne à partir de dramaturges qui étaient considérés comme infréquentables ou ringards par le “grand” théâtre, comme Henry Bernstein, Alan Ayckbourn ou Jean Anouilh. Le théâtre était vraiment la nourriture de Resnais, et le vivier dans lequel il allait chercher ses acteurs », constate le comédien.
Il a, en interview, la même belle voix grave et profonde que sur scène, cette voix que Denis Podalydès, dans son livre Voix off, dit lui avoir beaucoup envié, avec sa manière de s’« installer dans le médium, de soigner les finales, en les laissant ployer et retomber comme les franges d’une cape ». André Dussollier affirme ne l’avoir jamais travaillée. « Comme je suis moi-même très sensible à certaines voix – celles de Jean-Louis Trintignant, de Michael Lonsdale, de Delphine Seyrig… –, je suis un jour allé voir une orthophoniste, pour comprendre comment ça marche. Elle m’a répondu qu’une belle voix, c’est une voix sincère, et ça m’a bien plu. La voix n’est pas ce qui est premier au théâtre : elle n’est que l’émanation de la sensation, de l’émotion qu’on ressent… »
Il a continué à être un spectateur de théâtre assidu, passionné, aujourd’hui, par le travail de Joël Pommerat et de Thomas Ostermeier, avec qui il rêverait de travailler. En attendant, il vogue avec élégance sur ce Novecento qui lui permet de faire ce qu’il aime, de déployer toute une palette de jeu et de tenir en haleine le public du Théâtre du Rond-Point. Novecento, ou la métaphore de l’acteur Dussollier : quatre-vingt-huit touches noires et blanches, et une infinité de variations possibles. Fabienne Darge pour Le Monde Novecento, d’Alessandro Baricco (éd. Gallimard, « Folio »). Par André Dussollier. Avec Elio Di Tanna (piano), Sylvain Gontard (trompette), Michel Bocchi (batterie et percussions), Olivier Andrès (contrebasse). Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin-Roosevelt, Paris 8e. Mo Champs-Elysées-Clemenceau. Tél. : 01-44-95-98-21. Du mardi au samedi à 21 heures, dimanche à 18 h 30, jusqu’au 10 janvier, et le 31 décembre à 18 h 30. De 15 € à 36 €. Durée : 1 h 30. 2014-2015.theatredurondpoint.fr
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/scenes/article/2014/12/22/andre-dussollier-88-nuances-d-acteur_4544694_1654999.html#kBemTVVjYdI4sj4Z.99
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Le spectateur de Belleville
December 4, 2014 1:40 PM
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Publié par Le Monde : Avez-vous déjà respiré le parfum d’une lettre ? D’une missive à l’ancienne – comme au XXe siècle – écrite sur du papier et reçue par la poste ? Nous ne parlons pas de sa tonalité affective ni des sentiments qu’elle exprime, mais bien des senteurs qui s’en dégagent – l’odeur des mots. Page 171 du Tabac Tresniek, le jeune héros, Franz, replie une lettre qu’il vient de recevoir de sa mère et y plonge les narines. « Elle sentait les planches de ponton putrides et les roseaux secs de l’été, les petits morceaux d’écorce calcinés, le beurre clarifié en train de fondre et le tablier maternel saupoudré de farine. » Des descriptions à faire pâlir les nez d’Hermès ou de Guerlain, on en trouve à foison chez Robert Seethaler. « C’est que je suis venu au monde avec un grave défaut de la vision… », explique, comme pour s’excuser, l’écrivain autrichien. Nous sommes à la Literaturhaus, dans le quartier de Charlottenburg, à Berlin. Autour de nous, les clients ont tout de suite repéré Robert Seethaler. Pas seulement à cause de sa taille – ce géant blond mesure plus de 2 mètres. Mais surtout parce que son cinquième roman, Ein ganzes Leben –, Une vie entière, récemment publié par Hanser et en cours de traduction aux éditions Sabine Wespieser – a fait de lui la coqueluche des médias et la star des librairies allemandes. Hambourg, Düsseldorf, Dresde, Munich, Cologne… : Seethaler est attendu partout. C’est presque un miracle de pouvoir l’attraper ici, à Berlin, où il vit depuis qu’il a quitté l’Autriche, au milieu des années 1990.
Mais revenons au défaut oculaire. « Quand j’étais enfant, à Vienne, j’allais à l’école pour les malvoyants, se souvient Seethaler. J’ai découvert la lecture par la voix de ma mère. Le monde extérieur m’effrayait. L’imaginaire m’offrait une consolation, un refuge peuplé d’émotions et d’images en mouvement… » Seethaler anticipe ma question. « Là, par exemple, tandis que je vous parle, je vous distingue, car je porte des lentilles et ai subi plusieurs opérations. Mais si je ferme les yeux, ne vous offusquez pas. Ce n’est pas de l’impolitesse. C’est une manière, au contraire, de me rapprocher de vous… »
Comme s’il faisait plus clair dans l’obscurité. Comme s’il était plus facile d’approcher les choses quand on ne les voit pas. C’est ce qui frappe chez Robert Seethaler : le visible n’est pas tout. Pour un peu, on conseillerait de lire ses livres dans le noir, les yeux fermés…. Plus tard, l’écrivain expliquera qu’il est doué de synesthésie. C’est-à-dire qu’il associe naturellement – comme Rimbaud dans ses Voyelles – des lettres et des couleurs ou des chiffres et des sons. « Depuis toujours. Je suis né comme ça… » Cette particularité de son cerveau a-t-elle une influence sur sa manière d’écrire ? « Ces images flottent, dit-il, elles sont sans cesse là, comme un décor, en arrière-plan. L’important pour moi, c’est de transmettre une expérience sensuelle derrière les apparences. »
De l’invisible, la conversation glisse vers l’inconscient. « Freud m’a toujours passionné, confie-t-il, comme médecin mais aussi comme “littérateur”. » A 16 ans, à Vienne, Seethaler dévore L’Interprétation des rêves puis se lance dans des études de psychologie. C’est l’âge auquel il est en conflit avec lui-même. A cause de cette « histoire d’yeux », comme il l’appelle. « Je vivais replié. Il fallait que je sorte de mon coin sombre. Que je me dépasse. J’ai décidé d’aller vers la lumière. Je suis devenu acteur… »
On imagine le tour de force. Diplômé de la Schauspielschule, l’académie d’art dramatique de Vienne, Seethaler joue dans nombre de longs-métrages, séries télévisées et pièces de théâtre. Cette année, le réalisateur italien Paolo Sorrentino lui a demandé de tenir un rôle dans La Giovinezza (« La jeunesse », sur les écrans en 2015), aux côtés de Michael Caine et Rachel Weisz. « J’ai dit cinq fois “non”, et puis j’ai fini par accepter, dit-il. En principe, le film sera montré à Cannes au printemps. Je n’ai pas un très grand rôle mais, grand ou petit, c’est la dernière fois que je joue. A 48 ans, je me rends compte que le métier d’acteur n’est pas fait pour moi. Je me sens nu dans la lumière. Etre vu suscite chez moi de la honte. Il n’y a rien de plus effrayant que d’être regardé. »
Disponibilité bienveillante Ecrire des romans, des scénarios : désormais, Robert Seethaler ne veut plus faire que ça. On lui demande de quoi parlent ses autres livres, ceux qui n’ont pas (encore) été traduits en français. « Leur point commun, dit-il, c’est qu’ils mettent en scène un “outsider” à qui la marginalité confère une force. Dans le premier – vous allez sourire parce que vous y verrez, comme souvent dans les premiers romans, une dimension autobiographique, et vous n’aurez pas tort –, dans le premier donc, mon personnage principal est une jeune fille de 16 ans avec… de très grosses lunettes. C’est quelqu’un de timide, qui parle à peine, mais qui, un jour, trouve le courage d’empoigner sa vie. Un peu comme Franz dans Le Tabac Tresniek, cette fille porte un regard naïf sur le monde. Mais quand je dis “naïf”, attention : c’est un mot que j’entends de manière extrêmement positive. Un mot qui veut dire “étonné”, “ouvert”, “frais”… »
Cette disponibilité bienveillante, on la retrouve chez Andreas, le héros de Ein ganzes Leben. « Comme tout bon petit Autrichien, j’ai eu une enfance où la montagne, la neige, le ski ont joué un grand rôle, raconte Seethaler, dont le père était plombier et la mère secrétaire. Un jour, sur une remontée mécanique, j’ai été envahi par un calme particulier. La forêt, le bruissement des sapins, le crissement de la neige : il y avait là quelque chose de magnifique et d’angoissant. C’est cet étrange alliage – une boule de silence, de beauté et d’angoisse – qui est devenu le noyau dur de mon histoire. »
Selon les mots de son auteur, Ein ganzes Leben raconte la vie d’Andreas, un vieil homme vivant seul dans une vallée perdue au milieu des montagnes. Et qui raconte sa vie, toute sa vie. « Vous voyez à quel point c’est simple, dit Seethaler. Ce qui m’intéressait, ce n’était pas seulement l’irruption de la modernité dans cet endroit reculé. C’était que, comme souvent chez les vieillards, Andreas, quand il revoit son existence, place sur le même plan les événements banals et les épisodes dramatiques. La mort du frère, un bidon de lait renversé par le chien. Sans jugement ni morale. Son récit, c’est l’observation stricte de ce qui a été. L’observation et l’acceptation. »
Seethaler marque une pause. Puis corrige : « Ou plutôt non. Andreas n’accepte pas la vie. Il la prend dans ses mains. Nehmen und hinnehmen. Prendre et accepter. En allemand, les deux verbes ne signifient pas la même chose… » On pourrait observer qu’en français non plus, mais cela nous éloignerait du sujet. On a juste envie de dire à Seethaler que l’on « prend » un énorme plaisir à le lire, et que ce plaisir, on « l’accepte » sans difficulté. Plus délicat est d’analyser vraiment de quoi il est fait. Ses ingrédients. Comme on dirait « bois, roseau sec, écorce calcinée », on pourrait dire authenticité, simplicité et naïveté, au sens seethalien du terme. Mais il y a plus. Un charme opaque. Une manière mystérieuse de poser sur le monde ce « non-regard » étonné d’écrivain malvoyant. Qui nous apprend à le relire, ce monde, juste un peu différemment.
Parcours 1966 Robert Seethaler naît à Vienne (Autriche).
Années 1980 Il étudie à la Schauspielschule pour devenir acteur.
1994 Après avoir joué dans de nombreux films et au théâtre, il s’illustre dans la série allemande « Une équipe de choc » (« Ein Starkes Team »).
Années 2000 Il écrit 5 romans et 3 scénarios (non traduits).
2015 Best-seller en Allemagne, Ein ganzes Leben (Une vie entière) paraîtra chez Sabine Wespieser.
Florence Noiville (Berlin) Journaliste au Monde
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Le spectateur de Belleville
October 25, 2014 6:41 PM
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La tête légèrement penchée, elle se tient le visage avec ses mains enroulées autour de ses joues. Isabelle Adjani sourit à l’évocation de son passé théâtral, s’enthousiasme à l’idée d’être un jour, peut-être, dirigée par Luc Bondy à l’Odéon et s’inquiète de ne pas trouver les bons mots pour expliquer le présent. Isabelle Adjani répète Kinship, au Théâtre de Paris, aux côtés de Vittoria Scognamiglio et Niels Schneider. Elle renoue avec la scène huit ans après La Dernière Nuit pour Marie Stuart ; pas de costumes d’époque, mais à nouveau un rôle de grande amoureuse sacrifiée. Lire aussi : « Kinship », une genèse tumultueuse : http://sco.lt/6MiAgz C’est la première fois que vous jouez dans une pièce contemporaine et que vous incarnez une femme de notre temps. Pourquoi Kinship ? J’aimais l’idée d’une pièce qui soit une création, qui n’ait jamais été jouée, même en Angleterre ou aux Etats-Unis. C’est assez rare. Cette pièce est totalement vierge ; de toute projection, de toute comparaison, de tout souvenir. C‘est à la fois un champ ultra-libre et tellement vaste que c’est périlleux ; car, quand tout est ouvert, il n’y a pas de limites, le plan de bataille est incertain… Ce qui m’a convaincu dans Kinship, ce n’est pas le texte en lui-même – qui a une quotidienneté qui ne fascine pas – mais les intentions qu’il révèle. Qui est « Elle », votre personnage ? Comment la définiriez-vous ? Comme une femme prise, peut-être pour la première fois de son existence, dans la complexité de son féminin. Elle dirige un journal local dans une ville des Etats-Unis. Elle a son petit pouvoir, une vie cadrée, un mari, deux garçons. Tout d’un coup, sa petite vie est traversée par un grand choc : un jeune reporter l’intrigue, elle n’arrive pas à le cerner. Il a une forme d’emprise sur elle qui la détraque émotionnellement et sexuellement. Elle devient l’héroïne, un peu malgré elle, d’un moment tragique dans sa vie, qui se déroule un peu comme dans un film. Dans la vie d’une femme, il y a toujours au moins un moment tragique sur le plan amoureux. Mon personnage se fait prendre au piège d’un sentiment, d’une situation qu’il pensait dominer. Ce qui m’intéresse, c’est le dérapage, cette perte de contrôle. Le théâtre, c’est d’abord votre jeunesse et votre vocation initiale. Que gardez-vous de vos premiers pas sur scène ? Un souvenir incroyablement heureux ; l’impression d’être absolument chez moi, d’être absolument moi. C’était ça ma vie. Je vivais tout avec bonheur et insouciance. J’avais l’impression que ce travail de troupe que j’affectionnais aurait toujours la même légèreté, que ce serait passionnant – comme avec Jean-Paul Roussillon – ou emmerdant – comme avec un vieux de la vieille, Jean Meyer, qui était d’une psychorigidité redoutable ! Tout m’amusait, même ce qui m’agaçait. J’étais aux anges. A 17 ans, vous faites sensation dans L’Ecole des femmes. Cette pièce va bouleverser votre carrière. Le mesuriez-vous à l’époque ? J’avais décidé fougueusement de passer le concours du Conservatoire. J’avais répété une scène de L’Annonce faite à Marie. Ce matin-là, il y avait une grève de métro. Je me suis retrouvée devant un jury très impatient, très en retard, et la clochette a sonné très vite ! J’avais 16 ans, ils ont dû aussi penser que j’étais trop jeune. Pour arriver jusqu’au lieu sacré de la Comédie-Française, ce fut sans passer par son antichambre. C’est la sociétaire Annie Ducaux, avec qui je jouais dans La Maison de Bernarda Alba à Reims, mise en scène par Robert Hossein, qui a parlé de moi au Français. Jean-Paul Roussillon cherchait une Agnès qu’il prétendait ne pas trouver au Conservatoire. J’ai eu un rendez-vous avec lui, dans un café à côté du Français. J’étais en socquettes blanches, avec mon classique Larousse de L’Ecole des femmes. Il m’a juste demandé de lire. Très vite, j’ai appris qu’il souhaitait m’engager, et ma mère a dû venir signer le contrat à la Comédie-Française. Tout se passait comme par enchantement et, n’ayant aucune expérience, je me disais que ma vie serait toujours guidée par ma bonne étoile. Qui a le plus participé à votre apprentissage ? Jean-Paul Roussillon, définitivement. J’adorais sa direction d’acteur, je comprenais tout. Le travail des autres me paraissait très fade à côté du sien. Il n’a jamais monté de Racine. Il se confinait à Molière. Pourtant, il était racinien dans sa façon de me diriger, de m’apprendre les interruptions, les respirations, l’insistance, les accents toniques. Lorsque ensuite j’ai répétéOndine, je n’étais pas très obéissante avec Raymond Rouleau ! Je continuais insolemment à chercher à la manière de mon mentor. Vous avez dit que vous auriez pu passer votre vie sur scène. Pourquoi si peu de pièces dans votre carrière ? Je n’ai pas de réponse, je ne sais pas. C’est la vie. Si ma vie n’avait pas été elle-même une adaptation contemporaine des Atrides, il est probable que je ne me serais jamais éloignée du théâtre. J’ai eu une vie, à mon insu, si romanesque, les événements ont pris de tels accents dramatiques ou tragiques, que cela m’a accaparée tout entière. C’est comme si je n’avais plus eu le temps d’être ailleurs, d’être au théâtre. Je me suis obligée à des rendez-vous ardus dans ma vie parce que je les considérais comme des devoirs, des impératifs, des priorités ; cela m’a évidemment privée de beaucoup de belles aventures cinématographiques ou théâtrales. Je suis allée, dernièrement, à la Comédie-Française voir Lucrèce Borgia, que j’ai adoré. J’ai dit à Eric Ruf et à Guillaume Gallienne : vous faites ce que je devrais être en train de faire tous les jours. Et j’en pleurais. Pourquoi est-ce par le théâtre que vous choisissez de revenir ? Je reviens sûrement à ce qui est le plus proche de qui je suis. Le théâtre fut un surgissement dans ma vie, et le cinéma, une superbe intrusion. Cela s’est imposé… tel un sort irrésistible. Le cinéma, c’est bien ce chant des sirènes. L’île où j’habite, que j’ai quittée pour faire ce grand voyage et à laquelle je reviens pareille à une sœur d’Ulysse, c’est le théâtre. Le désir de jouer, d’interpréter passe avant tout par lui. La scène dite d’agonie dans La Dame aux camélias est un moment de théâtre et en même temps un moment de communion. J’ai reçu des courriers qui souvent parlaient de ce passage-là. Les gens avaient le sentiment d’une reconnaissance de la légitimité de leur douleur. Ce qui m’intéresse, c’est de donner, à certains spectateurs, des formes d’absolu, que ce soit dans l’extrême douleur ou l’extrême bonheur de leur vie. Patrice Chéreau est mort il y a un an. Vous avez dit que vous ne vous consoleriez jamais de ne pas avoir travaillé au théâtre avec lui. Encore une fois, c’est la vie. Je suis peut-être l’actrice la moins carriériste, la moins accro à l’ambition que je connaisse. Comme dans une rencontre amoureuse, il faut que ce soit au bon endroit, au bon moment pour que ça marche. Il suffit de quelques minutes pour manquer une rencontre de toute éternité. Mais je pense que les projets décident parfois eux-mêmes… LaPhèdre de Patrice Chéreau est absolument magnifique sans moi. Il n’y a pas de regrets. Mes regrets ne sont pas des plaies ; je les accepte. Quels sont les rôles que vous rêveriez d’interpréter sur scène ? Le rêve d’un rôle est à concevoir avec un metteur en scène que vous aimez vraiment. J’ai une adoration pour Luc Bondy. Dans mes prochains projets, il y en a plusieurs possibles avec lui. J’ai adoré ses Fausses confidences et son Tartuffe. Avec Patrice Chéreau, c’est l’un de ceux que j’admire. J’aimerais jouer, peut-être, l’âme russe, Tourgueniev ou Dostoïevski. Nous sommes en train d’y réfléchir. Je compte beaucoup sur Luc pour me remettre sous emprise théâtrale. Départ de Carmen Maura, changement de metteur en scène... Pourquoi la distribution de Kinship a-t-elle changé ? C’est la vie d’un processus artistique et créatif. Les choses ne se déroulent pas toujours comme on les a imaginées. L’important, c’est l’aboutissement. Certaines pièces décident : oui avec toi, non pas avec toi. Ces changements n’intéresseraient personne si je n’étais pas à l’affiche de la pièce. Les journalistes en sont encore à inventer des choses qui n’existent pas à mon sujet. Avant, cela me faisait pleurer, maintenant, cela me fait rigoler. Comment vivez-vous, en tant que personne publique, notre époque ? Je le vis très mal, comme un abus, une manipulation. Si j’avais su, je n’aurais jamais mis un pied dans cette foire aux vanités. Le droit à l’oubli qui n’est pas accordé aux gens célèbres, c’est juste dégueulasse. Cette politique de la « rançon de la gloire » est devenue immonde. Le luxe, la liberté aujourd’hui, c’est l’anonymat. Combien gagne-t-il ? Mérite-t-il ce qu’il gagne, etc. Je n’aime pas la forme moralisatrice de ces condamnations d’un genre qui fait fureur. En France, tout ce qui marque une différence, que ce soit de classement social ou personnelle, vous est reproché avec vice et fracas. Franchement, vous ne trouvez pas que nous sommes dans une période de société malade ? Propos recueillis par Sandrine Blanchard pour Le Monde du 26 octobre
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August 28, 2014 5:42 PM
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RENTRÉE THÉÂTRALE 3/8 - La comédienne est à l'affiche des Combats d'une reine, d'après les écrits de Grisélidis Réal à la Manufacture des Abbesses. Chez elle, au coeur du VIème arrondissement, entre Odéon et Luxembourg, il y a toujours une pile de manuscrits sur le piano. Judith Magre est une comédienne très demandée et jeunes réalisateurs comme metteurs en scène expérimentés, la sollicitent souvent. Judith Magre adore les aventures nouvelles. Elle s'enflamme, elle s'embarque. Elle n'aime pas l'inactivité. Elle aime jouer, partager. Le public ne s'y trompe pas, qui lui fait des triomphes et l'aime. En ce début de saison 2014-2015, Judith Magre est à l'affiche d'une pièce qui s'intitule Les Combats d'une reine. Il s'agit d'un montage de textes choisis par Françoise Courvoisier, qui signe également la mise en scène du spectacle, textes extraits d'écrits d'une femme pas comme les autres, Grisélidis Réal. Armelle Héliot pour Le Figaro CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE
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July 9, 2014 10:17 AM
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La pièce « 30/40 Livingstone » présentée dans le « off » d'Avignon est résolument surprenante, délicieusement absurde. Chaque édition du « off » d'Avignon recèle des pépites. Gageons que 30/40 Livingstone deviendra l'un des spectacles les plus courus cette année. Derrière ce titre en apparence énigmatique se cache la performance de Sergi Lopez et de son compère Jorge Pico. L'acteur catalan préféré du cinéma français (Harry, un ami qui vous veut du bien, Une liaison pornographique…) et le comédien et metteur en scène valencien livrent un réjouissant face-à-face entre un homme mal dans sa peau parce qu'en mal d'aventure (Sergi Lopez) et une créature à tête de cerf, muette, craintive et joueuse de tennis (Jorge Pico). Surprenant ? Résolument. Absurde ? Délicieusement. Ecrite, mise en scène et interprétée par les deux artistes et amis espagnols, cette pièce drolatique a des allures de fable anthropologique et humaniste. Dans sa quête d'émancipation et d'exploration, Sergi Lopez, avec son accent chaleureux et familier, se donne sans compter. Il danse comme un gamin, s'amuse de son ventre grassouillet (« le corps, c'est juste une carcasse, un outil »), se déshabille, se rhabille, geint, s'emballe et se moque, dans une scène inoubliable, du village VIP des tournois tennistiques. Il s'éclate, et son plaisir est communicatif. JORGE PICO, BOIS DRESSÉS SUR LA TÊTE L'homme est un drôle d'animal, à la fois insatisfait et sûr de lui, en quête de liberté mais sans cesse rattrapé par ses habitudes et son éducation ; qui tue le père avant de finir par lui ressembler. Sergi Lopez confronte chacun d'entre nous à notre capacité bien fragile de résistance. Jorge Pico, bois dressés sur la tête, n'a pas besoin de mots pour mettre cet explorateur à la petite semaine face à ses contradictions terriblement humaines. Ses gestes et ses regards disent tout. Le plus civilisé des deux n'est pas celui qu'on croit. 30/40 Livingstone fait partie des cinq spectacles soutenus par l'Institut public catalan Ramon-Llull dans le cadre de la troisième édition d'« Avignon à la catalane ». Après 80 représentations en Espagne et quelques dates sur les scènes de Montbéliard (Doubs) et de Perpignan, ce pas de deux devrait connaître un bel avenir. 30/40 Livingstone, Théâtre La Luna, 1, rue Séverine. Jusqu'au 27 juillet, tous les jours à 19 h 25. Réservations : 04-90-86-96-28 Sandrine Blanchard Journaliste au Monde
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January 18, 2014 12:26 PM
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INTERVIEW - Elle est Araminte dans Les Fausses Confidences de Marivaux, à l'Odéon, mis en scène par Luc Bondy. Étrange, mais vous n'avez pratiquement jamais joué Marivaux? Isabelle HUPPERT. - J'ai tourné La Fausse Suivante sous la direction de Benoît Jacquot, ce qui est une manière de plonger dans Marivaux. Mais il est vrai qu'au Conservatoire, je ne l'ai pas abordé. J'ai un vague souvenir d'avoir travaillé Les Serments indiscrets, un titre que j'adore. Mais tous ses titres font rêver… À mon époque, Marivaux était le berceau des emplois: la jeune première, la soubrette, etc. Et moi je ne voulais pas être enfermée dans une case! Vous voici Araminte dans Les Fausses Confidences. Qu'est-ce qui vous frappe en Marivaux? La langue, la langue bien sûr. Cette écriture ciselée, raffinée, intelligente qui traduit des sentiments tellement complexes! Un alliage très subtil et très naturel et, à part quelques expressions du XVIIIe, une manière très directe de dire les choses. De plus, c'est souvent drôle, très drôle. Il ne faut pas aller contre cette matière, cette manière. Marivaux lui-même indique souvent dans ses didascalies cet humour, cette ironie. Je n'oublie pas qu'il écrivait pour les comédiens italiens, pour Silvia et ses camarades, et il y a quelque chose de l'allégresse italienne dans l'expression, ce qui n'étouffe en rien la complexité des sentiments, l'ambivalence, la cruauté… C'est sa dernière pièce, et il me semble que nous devons être attentif à cela… Entretien réalisé par Armelle Héliot pour le Figaro CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE «Les Fausses Confidences», au Théâtre de l'Odéon, Paris VIe, jusqu' au 23 mars, Tél.: 01 44 85 40 40.
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October 11, 2013 7:14 AM
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Il est actuellement à l'affiche du Triomphe de l'amour au Théâtre Gérard Philipe où il illumine la mise en scène de Galin Stoev de sa présence singulière. Nicolas Maury est un comédien à part. Marie Plantin pour Première CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE
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August 15, 2015 6:58 PM
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Invité du 15-08 : Loïc Corbery, sociétaire de la Comédie-Française : entretien radiophonique avec Olivier Barrot (59 mn) Ecouter l'émission : http://www.franceculture.fr/player/emission-comedie-francaise-ecoles-d-acteurs-loic-corbery-2015-08-15# Qu’est-ce que le travail de l’acteur ? Qu’est-ce qui compose son art et constitue sa pratique, son métier, son entraînement ? "Quel plus beau sujet, et quel lieu plus adéquat pour l’aborder que la Maison de Molière ?" demande Olivier Barrot. L’écrivain et journaliste recevra sur le plateau un comédien de la troupe, interrogera avec lui ses années d’apprentissage, les rouages de son art. Olivier Barrot est un journaliste, écrivain, producteur et animateur de télévision français. En partenariat avec la Comédie-Française
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July 6, 2015 7:03 PM
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La comédienne Dominique Blanc a gardé la fraîcheur lumineuse d'une jeune fille et c'est "avec le trac" qu'elle fait son entrée, à 59 ans, à la Comédie-Française pour y incarner au printemps prochain Agrippine, un rôle tragique, comme celui de Perséphone, qu'elle joue ces jours-ci à Aix-en-Provence. Dominique Blanc a gardé son chemisier clair, malgré la chaleur étouffante d'Aix-en-Provence où elle reprend, du 5 au 19 juillet, le rôle de Perséphone, la fille de Zeus, enlevée par Pluton pour devenir reine des Enfers. "La tragédie grecque devient mon identité, mon asile, je m'y sens chez moi!", confie-t-elle, toute souriante. L'opéra "Perséphone" est repris dans la mise en scène de Peter Sellars créée en 2012 à Madrid.
A 59 ans, Dominique Blanc entre à la Comédie-Française
Mais Dominique Blanc ne sera plus de la partie pour la prochaine étape à Lyon : elle aura intégré, à partir du 19 mars, la Comédie-Française pour y préparer "Britannicus", sous la direction de Stéphane Braunschweig. Un "accomplissement", dit-elle. "J'ai le trac ! J'ai envie d'être acceptée et j'ai envie qu'on m'aime évidemment". La comédienne a pourtant une impressionnante carrière derrière elle.
Dominique Blanc a été la Phèdre de Patrice Chéreau (2003) avec Eric Ruf, actuel patron de la Comédie-Française, qui vient de l'embaucher. "Il a été mon Hippolyte", dit-elle, "cela nous lie à jamais". De Chéreau, elle dit qu'il lui "manquera jusqu'au bout". Trente-trois ans de cheminement commun ne s'effacent pas facilement, de "Peer Gynt" en 1981 à cette "Elektra" de légende, la dernière production de Chéreau qu'elle était venue voir spécialement ici, à Aix, juste avant son décès en octobre 2013. Chéreau comme mentor
"J'ai joué six fois avec lui, j'ai eu beaucoup de chance, la chance de le rencontrer à mes débuts, parce que dès le départ, ça vous introduit dans ce milieu et ça vous donne une exigence artistique incroyable", dit-elle doucement, émue. Le 12 juillet, elle lira des textes de Patrice Chéreau au Musée Calvet au festival d'Avignon, à l'invitation de France Culture.
Quatre Césars et deux Molières ont couronné le talent de la comédienne. Ce n'était pourtant pas gagné dès le départ : elle rappelle en souriant avoir raté "le concours du Conservatoire plusieurs fois, et la rue Blanche aussi (une des trois écoles nationales de théâtre en France, ndlr) ! Ça a été terrible, j'ai sangloté des jours entiers dans ma chambre de bonne et je ne me suis pas rendue dans le quartier du Conservatoire pendant des années !"
C'est François Florent qui la "sauve" en la persuadant d'intégrer la fameuse classe libre du Cours Florent, pépinière de comédiens d'exception. Il lui prédit : "Toi, Blanc, après trente ans tu n'arrêteras plus". Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle va le démentir : avant "Britannicus", elle sera la marquise de Merteuil des "Liaisons dangereuses" mises en scène par Christine Letailleur, au Théâtre National de Bretagne (TNB), à Rennes, puis en tournée jusqu'en mars au Théâtre de la Ville. Une perspective qui l'enchante : "Je vais me régaler, une vraie méchante, quel bonheur !"
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June 5, 2015 3:56 PM
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Publié par Brigitte Salino dans Le Monde C’était un matin ensoleillé, à Vienne, deux jours après la première des Frères Karamazov mise en scène par Frank Castorf, le directeur de la Volksbühne de Berlin. Régulièrement invité aux WienerFestwochen, un des grands festivals européens, qui se déroule jusqu’au 21 juin, Castorf a livré, le 29 mai, une adaptation fleuve du roman de Dostoïevski : 6 h 30, une folie théâtrale dans laquelle les comédiens, filmés en direct comme dans un soap opera, restituent d’une manière démente un monde tiraillé entre la pression du capitalisme et la tentation du mysticisme religieux.
Dans cette adaptation radicale de Dostoïevski, Jeanne Balibar joue plusieurs rôles. En allemand. Depuis quelques années, la comédienne travaille régulièrement à Berlin. Elle explique pourquoi, et comment.
D’où vous vient cet intérêt pour l’allemand ?
Mon grand-père Balibar est quasiment le seul survivant de sa famille, des juifs d’Ukraine venus en France au début du XXe siècle. Après la seconde guerre mondiale, il a voulu connaître ce qu’il y avait eu d’autre que le nazisme, en Allemagne, pendant la seconde guerre mondiale. Ses enfants, dont mon père, ont tous très bien appris l’allemand.
J’ai suivi la tradition familiale, d’une certaine manière, en commençant à apprendre l’allemand vers 13-14 ans. J’allais l’été à Düsseldorf, dans la famille d’une correspondante que j’aimais beaucoup : ils venaient de l’Est, ils étaient très à droite, mais adorables. Vers 17 ans, je me suis véritablement passionnée pour la langue allemande et sa littérature, et je suis devenue presque bilingue. Pourquoi ? Il y a sûrement d’autres raisons que familiales, mais je ne cherche pas à les connaître.
Vous avez poursuivi, ensuite ?
Non. Ce lien avec l’Allemagne s’est interrompu quand je suis entrée à l’Ecole normale supérieure. J’ai eu une bourse pour commencer une thèse d’histoire, en Angleterre, où j’ai vécu trois ans. Quand je suis revenue en France, je me suis dit qu’il fallait que j’aille dans un cours de théâtre, pour voir, parce que sinon je le regretterais toute ma vie. J’avais fait beaucoup de danse, mais jamais de théâtre. Je suis rentrée au Conservatoire, puis à la Comédie-Française. Et j’ai continué. En 2005, j’ai appris qu’Arte cherchait une comédienne parlant allemand pour Solaris, un spectacle mis en scène par Martin Wuttke d’après le roman de Stanislas Lem et coproduit par la chaîne de télévision. A l’époque, il n’y avait que deux comédiennes françaises parlant allemand, Sylvie Testud et moi. J’étais libre, j’y suis allée. Et là, j’ai réappris l’allemand.
Vraiment ?
Le séjour en Angleterre avait détruit mon allemand. Il est revenu peu à peu, mais c’était super dur. En plus, on jouait dans un aéroport désaffecté, où l’acoustique était très mauvaise. Après, j’ai tourné un film que j’aime beaucoup, Im Alter vonEllen (L’Age d’Hélène), de Pia Marais. C’est comme ça que j’ai réappris l’allemand.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait de travailler en Allemagne ?
Le côté « aventurier » : faire des choses que je n’ai jamais faites, découvrir un nouveau monde et des gens qui sont à tous points de vue très différents de ceux que je connais en France.
Vous travaillez essentiellement avec Frank Castorf. La première fois, c’était à Paris, en 2012, pour « La Dame aux camélias », en français. Puis vous avez joué en allemand « Kaputt », d’après Malaparte, « La Cousine Bette », d’après Balzac, puis « Les Frères Karamazov ». Que vous apporte le travail avec lui ?
Une très grande physicalité du jeu, combinée avec l’expression d’une pensée, d’un théâtre des idées. Cela, je l’ai pratiqué avec d’autres metteurs en scène, en France, mais jamais à ce point. Frank Castorf cherche comment trouver, encore et toujours, des nouvelles formes avec ce que j’appelle des corps qui parlent, c’est-à-dire pas seulement des corps qui se baladent et composent une image. C’est une pratique qui est au cœur de ce que j’aime dans le métier d’actrice et à laquelle je ne veux pas renoncer, même si je ne renie pas l’autre façon, plus classique, de travailler.
Qu’est-ce qui différencie un acteur allemand d’un français ?
La manière de jouer n’a rien à voir, en Allemagne, avec celle que l’on connaît en France. Dans les écoles de théâtre allemandes, on dit à un étudiant : demain, tu vas jouer LesBrigands, et quand l’étudiant arrive, le lendemain, il doit proposer une forme. En France, on ne commence jamais par la forme. On explore une intériorité, des significations, et partant de là on construit une forme.
Sinon, qu’est-ce qui change fondamentalement entre théâtre allemand et français ?
Les premières fois que j’ai travaillé en Allemagne, je sortais du Soulier de satin, de Claudel, que j’avais joué sous la direction d’Olivier Py. J’ai eu l’impression que le ciel s’ouvrait au-dessus de ma tête : je travaillais avec des gens qui se posaient sérieusement les questions qui m’intéressent, mais sans que cela prenne la forme d’un mysticisme.
Cette question va bien au-delà d’Olivier Py ou de Stanislas Nordey, avec qui j’ai joué Par les villages, de Peter Handke. Elle concerne tout le théâtre d’art français, qui s’est construit sur un mysticisme laïque. Et, au-delà encore, ce mysticisme laïque imprègne toute la société française. On le voit bien avec les problèmes qui se posent aujourd’hui.
Les Frères Karamazov, mise en scène par Frank Castorf, reprise en novembre 2015 à la Volksbühne de Berlin. Tél. : 00-49-30-240-655.
Brigitte Salino (Vienne, envoyée spéciale) Journaliste au Monde
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Le spectateur de Belleville
March 21, 2015 7:23 AM
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Publié par Brigitte Salino dans Le Monde : Le comédien, à l’affiche actuellement à l’Odéon pour « Une île flottante », est l’acteur de prédilection du metteur en scène suisse qu’il accompagne depuis dix ans. Aussi incroyable que cela paraisse, c’est la vérité : Marc Bodnar n’était jamais allé au théâtre avant de monter sur une scène, pour jouer. Il avait 16 ans, il vivait dans la Sarthe, c’était un terrien que les hasards de la vie ont mené à devenir acteur. Aujourd’hui, il a tout juste 50 ans, et voyage sur les plus grandes scène d’Europe avec les spectacles de Christoph Marthaler. Dans Das Weisse vom Ei (Une Ile flottante), présenté à l’Odéon-Théâtre de l’Europe jusqu’au 29 mars (Le Monde du 17 mars), il endosse le costume de Malingear, le bourgeois de La Poudre aux yeux de Labiche, qui inspire le spectacle, un irrésistible portrait de groupe sur fond de veulerie sociale. Marc Bodnar est chez lui dans cet univers orchestré par Christoph Marthaler, dont il est devenu, depuis dix ans, un des acteurs de prédilection. Le seul Français que le Suisse appelle régulièrement pour travailler avec lui, le seul qu’il ait emmené jusqu’au bout du monde, à Nuuk, capitale du Groënland, pour la création de +-0. Lire aussi : La délicieuse « île flottante » de Marthaler submerge l’Odéon Là-haut, dans le Grand Nord, Marc Bodnar a eu peur quand il a vu les premières aurores boréales. Puis il a aimé ce monde blanc, si loin des champs verts de son enfance, à laquelle il revient souvent, quand il parle de lui. Ce fut une enfance heureuse, dans un village et une famille où il faisait rire en imitant les cousins et voisins. Avec l’adolescence vient le désir d’ailleurs, l’ennui de se sentir isolé, les soirs d’été sans personne dans les rues. C’est alors que sa mère lui dit : « Pourquoi tu ne fais pas du théâtre ? » Pour lui, c’est exclu. Il ne connaît que les pièces de « Au théâtre ce soir », à la télévision, et il dit « pouah » chaque fois qu’il en voit une. Mais il cède, et se retrouve au Mans, où des cours sont donnés par l’équipe du Théâtre du Radeau. Une fausse naïveté à la Bourvil François Tanguy vient de rejoindre la troupe, dont il va faire l’une des plus remarquables de France. Marc Bodnar a suivi quatre cours quand le metteur en scène lui propose de jouer dans son premier spectacle. « Je suis pas acteur, moi, je sais pas jouer », lui dit-il. Mais François Tanguy sait. Il lui confie le rôle de Pierrot, dans Dom Juan, de Molière. L’adolescent se retrouve sur une scène, tenant une fauche, perché sur un escabeau. « Je m’en souviendrai toute la ma vie. Je jouais, je regardais le public, et je pensais : qu’est-ce qu’ils peuvent trouver d’intéressant à ça ? Je ne comprenais pas, je n’avais jamais été spectateur. J’étais interloqué par le fait que des gens restent assis, sans bouger. C’était une expérience très forte. » Ainsi s’ouvre une période qui va durer huit ans. Marc Bodnar intègre la troupe, il vit au rythme de la Fonderie, un lieu où l’on prend son temps, et où il apprend tout. Ces années sont celles de Jeu de Faust et de Fragments forains, des spectacles inoubliables. Tout en travaillant avec le Radeau, Marc Bodnar suit l’école du Théâtre national de Chaillot, dont le directeur, Antoine Vitez, lui proposera d’entrer à la Comédie-Française, quand il en sera nommé administrateur général, en 1988. Mais Marc Bodnar ne se sent pas taillé pour la Maison de Molière. Il aime les expériences, il travaille plusieurs fois avec Claude Régy, puis avec Stanislas Nordey. Il pourrait en tirer une gloire, il reste tranquille : terrien, comme dans l’enfance, avec une fausse naïveté à la Bourvil. Lire l'article entier sur le site du Monde : http://www.lemonde.fr/scenes/article/2015/03/21/marc-bodnar-a-l-heure-marthaler_4598486_1654999.html Das Weisse vom Ei (Une île flottante), d’après Labiche. Mise en scène de Christoph Marthaler. A l’Odéon-Théâtre de l’Europe, place de l’Odéon, Paris 6e. Tél. : 01-44-85-40-40.
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Le spectateur de Belleville
January 23, 2015 5:19 PM
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Si certains acteurs ont d'abord une voix, Micha Lescot a indubitablement un corps: 1m92 et des jambes interminables avec lesquelles il "pourrait faire des noeuds". Après Tartuffe l'an dernier, il incarne Ivanov à partir du 29 janvier, toujours sous la direction de Luc Bondy à l'Odéon. Presque un contre-emploi pour ce tempérament "plutôt hyperactif", dit-il. Ivanov, archétype du héros tchékhovien, est un dépressif, quelqu'un "qui va très mal, qui ne s'aime pas. Aujourd'hui, on dirait qu'il est +dark+, il a un côté dandy aussi, nonchalant". "Il faut trouver une lourdeur, quelque chose dans les épaules, une fatigue, quelque chose qui est peut-être moins spectaculaire que dans Tartuffe, dont j'avais fait une sorte de serpent, une anguille", explique-t-il. "Je ne peux pas dissocier le travail sur le corps du travail sur le texte", convient-il. Ce corps, tout en "segments très longs", s'est imposé à lui dès le Conservatoire d'art dramatique. Il a seulement 19 ans. "Je ne savais pas maîtriser ça, c'était maladroit, ça partait un peu dans tous les sens", se souvient-il. Les acteurs qui le font rêver s'appellent alors "Cary Grant, Jerry Lewis, Jim Carrey, des gens qui savent magnifiquement bouger, et aussi Gene Kelly, Fred Astaire..." Le jeune cancre réfractaire aux études est vite repéré au conservatoire, notamment par Marcel Bozonnet, aujourd'hui son partenaire dans "Ivanov". "Marcel, qui était mon directeur à l'époque, insistait pour qu'on prenne des cours de danse. Il nous apprenait à bouger, à apprivoiser ce corps". Roger Planchon, premier metteur en scène avec lequel travaille le jeune Micha à sa sortie du conservatoire en 1996, le surnomme "grand machin". Un physique qui n'a pas que des avantages: "ça peut empêcher certains metteurs en scène de m'imaginer dans un rôle parce qu'il pensent que je vais bouger de la même manière, mais mon but, c'est justement de bouger à chaque fois de manière différente". - Premier Tchekhov - Luc Bondy, qu'il rencontre en 2008 et qui le dirige pour la cinquième fois, sait comme personne bousculer les acteurs dans leurs habitudes: "Il vous déplace, vous décale et vous dépouille des tics qu'on aurait. Parfois, il me dit qu'il voudrait me couper les jambes!", dit Micha Lescot en riant. Leur collaboration débute avec Marivaux ("La seconde poursuite de l'amour"), se prolonge avec "Les chaises" de Ionesco, pièce pour laquelle il obtient le prix du Syndicat de la critique, "Le Retour" de Pinter en 2013 et "Tartuffe", grand succès l'an dernier. La petite troupe d'acteurs constituée pour Tartuffe se retrouve dans Ivanov: Fred Ulysse, Yannick Landrein, Laurent Grévill, Victoire Du Bois, rejoints notamment par Marina Hands et Christiane Cohendy. Micha Lescot conserve à 40 ans une allure juvénile mais sa tignasse noire se teinte de poivre et sel et un collier de barbe lui confère pour la pièce une allure très russe. C'est la première fois qu'il joue Tchekhov: "ça m'intimidait tellement que j'en avais refusé plusieurs avant, mais avec Luc Bondy, j'ai un rapport tel que quoi qu'il me propose j'ai envie d'y aller". Luc Bondy "m'a vu grandir, je suis devenu père ... on change!", sourit-il. Le talent naturel de ses deux filles, 2 ans et 5 ans, lorsqu'elles "jouent à la marchande" l'enchante. "Quand je jouais le vieillard dans +Les Chaises+, ma fille qui était toute petite à l'époque m'inspirait énormément pour jouer le vieil homme, qui est très proche de l'état d'un bébé, très dépendant". Le cinéma, où il jouait récemment dans "Saint Laurent" de Bertrand Bonello et "Maestro" de Léa Fazer, ne lui a pas encore donné de grand rôle, contrairement au théâtre. "C'est vrai qu'au théâtre, on me propose des rôles plus conséquents et plus fous". Marie-Pierre FEREY AFP - Paru dans lepoint.fr
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Le spectateur de Belleville
January 4, 2015 2:42 PM
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Par Edouard Launet pour Libération : Entre Rimbaud, Guevara et Vaneigem, ce jeune acteur belge gifle avec ironie la résignation de l’époque.
Nous avons perdu. L’espoir d’un monde plus juste, plus beau, s’effiloche jour après jour dans la résignation au thatchérien «There Is No Alternative». Nous avons perdu mais nous allons gagner : c’est ce que vient nous signifier, chaque soir sur la scène du Théâtre du Rond-Point et jusqu’à la fin du mois, le jeune acteur belge David Murgia. Ce type plein d’énergie et de charme, étoile montante d’un pays en morceaux, y assène un Discours à la nation comme on donne une gifle. Et nous tendons l’autre joue parce que nous l’avons bien mérité, que le spectacle est drôle, que nous voulons y croire avec lui. Murgia se glisse avec une telle aisance dans le texte décapant écrit par l’Italien Ascanio Celestini que l’on finit par se demander : dans cette harangue ironique et violente d’un dominant accablant les dominés, quelle part de lui-même y met-il ? Ce garçon de 26 ans est-il à la ville comme à la scène ? Tiendrions-nous avec lui l’icône rimbaldo-cheguevarienne de la lutte contre le néolibéralisme ? Réponse : oui, mais non. Nous le rencontrons dans un troquet de la Grand-Place de Tournai (Belgique). Il est en train d’avaler un plat de pâtes tout en nourrissant, via son Mac portable, le site web du mouvement Tout autre chose, initiative citoyenne qu’il a contribué à lancer avec le mot d’ordre : «Refusons le discours de nos gouvernants affirmant qu’il n’y a pas d’alternative à l’austérité». Attaquons-nous aux mots, déconstruisons le discours des dominants, éveillons-nous de ce mauvais rêve. Murgia est entré en résistance. Mais, c’est d’abord par son activité artistique qu’il veut exprimer son engagement, semblant craindre que, dans son image publique, le Che ne vienne nuire à Rimbaud. Commençons donc par le poète. David Murgia est né à lui-même au Conservatoire de Liège. Avec des amis, il y fonde le Raoul Collectif (en hommage au situ belge Raoul Vaneigem), groupe d’acteurs qui enquête, écrit ses sujets, s’en va marcher dans les Cévennes pour y réfléchir, les met en scène. Ce théâtre ancré dans la vie quotidienne et ses parcours singuliers s’est taillé ces derniers mois un succès d’estime avec un premier spectacle, le Signal du promeneur. Une pièce placée sous cet exergue de Fritz Zorn : «Une société dont les enfants meurent d’incarner parfaitement le modèle de cette société n’en a plus pour longtemps.» Cela pourrait être, sinon leur devise, du moins leur raison de se battre. Rien ne le prédisposait à entrer dans la vie de cette manière-là. Rien, sauf son grand frère metteur en scène (Fabrice), sa rencontre à 17 ans avec Ascanio Celestini, spécialiste du théâtre-récit teinté de sociologie et une autre avec Lars Norén, dramaturge suédois qui appuie là où ça fait vraiment mal. Car, sinon, Murgia a vécu une enfance heureuse sous le double soleil de l’Espagne, dont son grand-père maternel est originaire, et de la Sardaigne, d’où a débarqué son grand-père paternel. Son père est plafonneur (au chômage), sa mère a été coiffeuse. Tout cela a gentiment fermenté dans la région de Liège pour donner un garçon aimable, malin, ayant soif de vie, s’exprimant avec enthousiasme tout en veillant à faire, simultanément, la critique de cet enthousiasme. Il sait que les mots sont minés, surtout ceux du XXe siècle : communisme, utopie, Shoah, réforme, social. Et, tout en lui semble dire : voilà ce que le monde a fait de nous, des enfants auxquels on a interdit de rêver, auxquels on a volé jusqu’aux mots, auxquels aucune alternative n’est permise. De ce naufrage, il tire une énergie paradoxale, au théâtre comme au cinéma. Il est apparu ces derniers mois dans les films des nouveaux cinéastes belges, Bernard Bellefroid (la Régate), Michaël R. Roskam (Bullhead), Amélie van Elmbt (la Tête la première), Frédéric Fonteyne (Tango libre), Riton Liebman (Je suis supporter du Standard), et d’autres. Il est là où ça bouge. A la fin du Discours à la nation, des spectateurs lui demandent parfois : «Que faire ?» Il n’a pas la réponse, mais il est content de ressusciter la question de Lénine. C’est son métier. Il le fait bien. Evidemment, il peut aussi entonner les grands airs : la dictature des marchés financiers, la résignation du peuple, la montée des inégalités et d’un nouveau fascisme. Mais il préfère les phrases plus simples : «Nous roulons dans la mauvaise direction.» Il n’a pas lu les grands auteurs, parcourt aujourd’hui Gramsci, les situs, les bouquins de sociologie. Sa compagne est d’ailleurs sociologue, travaillant sur la désindustrialisation du bassin de Liège, la revitalisation urbaine. Avec elle, il s’est installé à Seraing, opportun poste d’observation dans la banlieue de la ville wallonne. Il aime son pays, et son pays l’inquiète. En ce moment, il passe le plus clair de son temps dans les trains, jouant ce soir à Tournai, demain à Marseille, retournant le surlendemain à Bruxelles pour participer à la mobilisation du mouvement Tout autre chose. Le nouveau Premier ministre belge, Charles Michel, semblant devoir porter l’austérité à de nouveaux sommets. Les trains, il vient d’y écrire sa première pièce, l’Ame des cafards, une forme courte où il est question de la classe ouvrière, de notre aveuglement, de l’illusion dans laquelle nous sommes plongés par les incantations qui tombent d’en haut. Un texte qui progresse par répétitions et coq-à-l’âne, un peu comme chez Tarkos. Il dit avoir su très tôt, en cherchant un sens à sa vie, qu’il s’engagerait sur le front de la justice sociale, mais à sa manière, en racontant des histoires. Lesquelles, dans ce registre, ne sont pas les plus simples à faire vivre. Il y faut du punch, du talent, de l’humour. De l’espoir. Tout cela ne sera peut-être, finalement, que le creuset d’une carrière classique, d’un succès décroché en saignant sur les barreaux du bas. Ou bien ce sera le ferment d’un engagement plus radical. Le théâtre et le cinéma ont-ils gagné un acteur sensible et effervescent ? Ou le mouvement citoyen s’est-il trouvé un meneur atypique ? Ou les deux ? Le personnage qu’il incarne dans Discours… est d’un cynisme absolu. Il résume son propos : «C’est la guerre aujourd’hui et c’est nous, les dominants, qui la menons contre les plus faibles.» Pour lutter contre le fatalisme et la résignation, il faut commencer par mieux faire entendre la parole de l’ennemi, quitte à la caricaturer. Puis, il sera nécessaire de s’organiser, en marge des syndicats et des partis. Le mouvement Tout autre chose a reçu le soutien d’économistes (Paul Jorion), de sociologues (Isabelle Stengers), d’artistes (Bernard Foccroulle). C’est-à-dire de personnes qui, elles, ne sont plus exactement dans l’effervescence naïve de leurs 20 ans. Ensemble, ils clament : «Nos gouvernants nous imposent la politique du fort qui écrase les faibles. Cette politique est injuste, ne fonctionne pas et nous entraîne dans une société de la violence.» Si la guerre est déclarée, l’alternative reste à construire. Murgia ne dit rien d’autre, mais nul autre ne le dit aussi bien. EN 4 DATES 1988 Naissance à Verviers (Belgique). 2009 Co-créateur du Raoul Collectif.Décembre 2014 Création du mouvement Tout autre chose. 6 Janvier-1er févrierDiscours à la nation Théâtre du Rond-Point. Par Edouard Launet pour Libération
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December 6, 2014 8:15 AM
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Une série de 12 vidéos publiées par Ventscontraires.net, la revue collaborative du Rond-Point : Daniel Pennac, Nicolas Bouchaud, Scali Delpeyrat, Laurence Vielle, Jean-Claude Leguay, Arthur H, Pierre Notte, Ged Marlon, Pierre Vial, Jean-Paul Muel, Jacques Bonnaffé, Jean-Pierre Verheggen Extension du domaine theatredurondpoint.fr
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November 10, 2014 4:09 AM
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"Publié sur le site de France-Culture : Il est long le chemin qui mène à soi-même. Par exemple : se savoir artiste et pouvoir l’affirmer à la face du monde. Etre artiste de la tête au pied et piétiner rageusement devant l’indifférence de ceux qui ne vous entendent pas encore. Rejoindre l’artiste qu’on porte en soi en bravant le silence qu’inflige l’invisibilité. Au théâtre de la Vieille Grille, à Paris, une fois par mois depuis septembre et jusqu’en février, la chanteuse Claire Zalamansky défie les lois cruelles du spectacle vivant qui font que vous n’existez que si vous êtes connus. Mais si personne ne parle jamais de vous, alors, qui pourra vous connaître ? Elle chante pourtant, et plutôt bien, Claire Zalamansky qui offre chaque mois à la Vieille Grille, son concert judéo-espagnol, Ay Petenera. Elle ne manque pas d’aplomb, elle ne manque pas d’emphase. Cette emphase que l’artiste ne peut oser que lorsqu’il se sait arrivé au point juste, au juste endroit, au bon endroit. Qu’est-ce qui, en la femme ou en l’homme, accouche de l’artiste ? Qui est ce personnage fabriqué de toutes pièces qui, un soir, sur la scène d’un théâtre, va proclamer avec aplomb, avec emphase, sa légitimité à être là devant son public ? Comment trouver l’audace de dire à ce public : me voilà face à vous, moi, ma robe moulante, mes seins en forme d’obus, ma bouche fardée et mes talons hauts ? Joëlle Gayot, pour le site de son émission "Changement de décor" sur France Culture. Changement de décor, avec l’acteur metteur en scène et chanteur Michel Fau", à l'occasion de la sortie le 4 novembre, du DVD de son spectacle Le récital emphatique, spectacle atypique, créé en 2011 et qui triomphe à chacune de ses reprises sur scène. - Récital emphatique, DVD, édité par la "Compagnie des artistes" - captation produite par"Monbo Prod", en accord avec la Scène Indépendante Contemporaine - Réalisation Dominique Guillo. (DVD, durée 1 h 20). DVD disponible depuis le 4 novembre sur www.copat.fr. CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR ÉCOUTER L'ÉMISSION DE JOELLE GAYOT, "CHANGEMENT DE DÉCOR" AVEC MICHEL FAU (28mn)
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September 30, 2014 6:57 PM
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Doyenne française des comédiennes, Gisèle Casadesus qui a eu 100 ans en juin, a été élevée lundi soir par ses pairs au rang de «servante du théâtre», en référence à la veilleuse sentinelle qui reste allumée la nuit sur les scènes des théâtres. A l’initiative du metteur en scène Bernard Murat, le «tout théâtre», de Niels Arestrup à Édouard Bear, en passant par René de Obadia et Judith Magre, s’est retrouvé pour une soirée en l’honneur de la comédienne, doyenne des sociétaires honoraires de la Comédie-Française, et en présence de sa famille dont le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus. «Vous êtes pour nous la lumière qui ne s’éteint jamais, la +servante+ du siècle du théâtre et pour encore de longues années», a dit Bernard Murat qui a passé en revue l’incroyable carrière de Gisèle Casadesus, 400e sociétaire de Molière, engagée à la Comédie-Française à vingt ans, en 1934. «J’ai toujours voulu faire du théâtre. On m’avait dit que je jouerai de grandes coquettes. J’ai été engagée à la Comédie-Française comme ingénue par mon maître, George Leroy», a-t-elle raconté. Lundi soir, avec Bernard Murat, Gisèle Casadesus a rejoué une scène de «Arlequin poli par l’amour» de Marivaux qui lui a ouvert les portes de la maison de Molière. Plusieurs pensionnaires dont Jacques Sereys, mais aussi les enfants, petits enfants et arrières-petits enfants de Gisèle Casadesus lui ont rendu hommage sur scène, à ses côtés. «La vie passe comme un jour pour ceux qui ont l’art comme vous de la vivre sans tapages, sans vanité mais avec grâce. Vous avez vécu cent vies. Vous êtes une éternelle ingénue qui n’a pas fini de jouer sa vie», a dit Line Renaud. «Vous êtes élégante dans l’âme et fidèle à vos engagements (...) Paix, justice et fraternité ne sont pas pour vous de vains mots», a-t-elle ajouté. «Vous êtes notre source d’inspiration». «Je vous aime, vous, le public, le théâtre», a confié très émue, Gisèle Casadesus avant de découvrir son gâteau d’anniversaire sur la scène du théâtre Édouard VII. Marie-Christine Barrault, Anny Duperey, Françoise Fabian, Roland Giraud, Robert Hossein, Jean-Pierre Kalfon, Jean-Luc Moreau et Laurent Spielvogel ont assisté aussi à ce tendre hommage artistique pour celle qui a tourné avec Raimu, Gabin, Fresnay et Jouvet. Jusqu’à 4 octobre, Gisèle Casadesus remonte sur les planches à 100 ans pour 10 soirées exceptionnelles au Théâtre Antoine dans «Le Jubilé d’Agathe», une lecture interprétée de la pièce de Pascal Lainé qui décrit la fin de tournée d’un orchestre, sur fond de tango et de mélancolie des «dernières». L’ancienne sociétaire de la Comédie-Française, bon pied bon oeil en dépit de son âge, le verbe clair et l’esprit malicieux, a déserté le théâtre ces dernières années pour le cinéma, moins exigeant physiquement. AFP Paru dans Libération le 30 septembre
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July 26, 2014 7:39 AM
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Qu'est-ce que la "présence" d'un acteur ? Le documentaire s'intéresse à la "cuisine" d'un métier, à "l'arrière-cour" et aux "petits secrets" qui permettent à l'acteur d'habiter la scène et de la rendre vivante. Et ainsi, de donner au spectateur le sentiment d'une intensité parfois jamais égalée. Le mot "présence" désigne en définitive un lien accru au vivant et à la vie. Publié sur le site de theatre-contmporain.net, à voir sur : www.theatre-video.net/Acteurs-de-cristal-rencontre-avec-Valerie-Dreville-extrait-1?autostart
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April 2, 2014 5:04 AM
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Silhouette longiligne et lunaire, Yves-Noël Genod est un électron libre sur le territoire de la création scénique qu’il ponctue de spectacles informels et incandescents, tout de grâce vêtus et dévêtus. Le metteur en scène investit le plus beau théâtre de la capitale, les Bouffes du Nord, avec la recréation d’une proposition intitulée 1er avril, date qui l’a vue naître pour la première fois à Bruxelles et qui la voit renaître demain à Paris. L’occasion de parler de cet homme habité.
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October 12, 2013 4:21 AM
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Dans "Les Garçons et Guillaume, à table !", son premier film, adapté de son spectacle autobiographique, le comédien interprète sa propre mère. Une catharsis pour cette star de la Comédie-Française. Il est d'une courtoisie sans ostentation, et pourtant, Guillaume Gallienne intimide. Peut-être parce qu'il a gardé le meilleur de la grande bourgeoisie dont il est issu : une tenue et une retenue. A 41 ans, ce sociétaire de la Comédie-Française depuis 2005 - il est entré comme pensionnaire en 1998 - ne compte pas ses rôles, pas plus qu'il ne rêve de telle ou telle pièce mythique : "Jouer Phèdre et mourir ? Je n'ai pas ce genre de désir. C'est la route qui m'intéresse." La sienne est sinueuse. Avec Denis Podalydès et quelques autres, il fait partie de ceux qui, tout en étant fidèles à la troupe - "C'est l'emploi du temps du Français qui prime"- ont d'autres activités. Outre une trentaine de rôles au cinéma, on l'a vu pendant deux saisons, à partir de 2008, au "Grand journal" de Canal +, dans "Les Bonus de Guillaume", une parodie des bonus de DVD. Chaque samedi, depuis 2009, on peut l'entendre sur France Inter dans "Ça peut pas faire de mal", une passionnante émission de lecture. "Je choisis les textes, mais je ne les relis pas avant." Là, comme dans les nombreux livres audio qu'il a enregistrés, son talent singulier tient à son désir "d'incarner et non d'interpréter". Mais la danse étant l'art qui le "transporte le plus"et qu'il aurait aimé choisir, il a aussi participé, en 2005, à l'écriture de l'argument du ballet Caligula que son ami Nicolas Le Riche montait à l'Opéra de Paris. Josyane Savigneau pour Le Monde CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE
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