Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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February 25, 2016 7:13 PM
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Thomas Ostermeier entonne Tchekhov à Vidy

Thomas Ostermeier entonne Tchekhov à Vidy | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Gérald Cordonier pour 24heures.ch


Le grand metteur en scène allemand crée, dès vendredi à Lausanne, «La Mouette» et se frotte pour la première fois au dramaturge russe, en français du moins. Un événement.

Image: Jean-Louis Fernandez

 


Découvrir l’un des plus grands metteurs en scène du moment s’attaquer pour la première fois (en français du moins) à une pièce d’Anton Tchekhov, un plaisir qui ne se boude pas! Depuis plusieurs semaines, les spectateurs ont pris d’assaut la billetterie du Théâtre de Vidy. Car La mouette vue par Thomas Ostermeier (1968) est l’événement théâtral de ce début d’année, avant une tournée internationale prévue jusqu’à l’automne 2016.

L’enfant chéri et terrible du théâtre européen, directeur de la Schaubühne à Berlin, est depuis longtemps un habitué des scènes romandes. Jeune créateur, il est passé par le Théâtre du Grütli à Genève ou encore le Festival de la Cité à Lausanne. De John Gabriel Borkman à Un ennemi du peuple, en passant par Hamlet, Mesure pour mesure ou Les démons, sa troupe (germanique), aujourd’hui consacrée, tourne sur les cinq continents. Elle est régulièrement venue au Théâtre Kléber-Méleau et à Vidy. Où le brillant directeur d’acteurs a d’ailleurs créé en 2013 Les revenants, d’Ibsen, avec une équipe de comédiens francophones. Dès vendredi, c’est avec une distribution quasi identique – parmi laquelle Valérie Dréville, Jean-Pierre Gos, François Loriquet, Mélodie Richard ou encore Matthieu Sampeur – qu’il revisitera La mouette. Et prolonge ainsi des recherches scénographiques et dramaturgiques entamées en 2013: au Holland Festival, Thomas Ostermeier s’était déjà frotté au classique de Tchekhov, avec cette fois-là les comédiens néerlandais du célèbre Toneelgroep Amsterdam.

Génération après génération, le chef-d’œuvre du dramaturge russe, créé en 1896 à Saint-Pétersbourg et joué pour la toute première fois dans la langue de Molière à Genève le 3 octobre 1921 par le couple Pitoëff, a inspiré les artistes. Philippe Mentha en avait fait l’une de ses pièces fétiches entre Renens et Carouge. A Vidy, c’est avec une nouvelle traduction signée Olivier Cadiot que cette (triste) comédie de mœurs prendra forme. Autour de la constellation de personnages – parmi lesquels Nina, l’aspirante comédienne aimée par le jeune Konstantin, écrivain en mal de reconnaissance, son amant Trigorin, un auteur à la mode, ou encore Irina, actrice réputée –, il sera question d’art.

Mais Thomas Ostermeier promet surtout une lecture autour de l’amour contrarié. Car dans La mouette, tout le monde aspire à la reconnaissance. «Cette pièce est un condensé de la vie, rappelait le créateur lors de sa masterclass donnée en janvier à Vidy face à une salle pleine. Chaque personnage est malheureux car il aime la mauvaise personne. Cette pièce me parle car elle traite de deux sujets qui sont les plus importants pour moi: l’amour et le théâtre. Tchekhov a dit lui-même qu’il y a, dans cette pièce, 78 kg d’amour. C’était son poids. Il y a donc mis toute sa personne, tout son amour mais aussi tous ses questionnements autour de la possibilité de l’amour.»

Le besoin d’un nouveau réalisme

Féru de nouvelles écritures mais aussi d’auteurs classiques, Thomas Ostermeier a inscrit à son répertoire des textes d’Ibsen, de Brecht, de Kane ou encore de Ravenhill. En 2015, il a dynamité le Festival d’Avignon avec un symphonique Richard III, son cinquième Shakespeare. Comme toujours chez lui, sa Mouette promet une scénographie ambitieuse, du rythme et de la folie. «J’essaie toujours de retrouver la contemporanéité d’un texte classique.» Pour questionner. Pour débusquer «les mensonges de la vie, les contradictions entre ce que l’on essaie d’être et les possibilités de ce que l’on peut devenir».

Révéler l’indicible ou l’incompréhensible du réel, avec la volonté de défendre un «nouveau réalisme» qu’il oppose au naturalisme. Voici la quête que l’Allemand mène spectacle après spectacle. Le théâtre «ne doit pas se contenter de montrer l’image des choses mais réussir à révéler l’invisible qui circule entre les êtres», défend-il.

Car Ostermeier est obsédé par son souhait d’amener la vraie vie sur scène. Une ambition qui guide avant tout le travail effectué en répétition. «Au cours de cette phase, il s’agit de réussir à trouver quelque chose que ni moi, ni les acteurs n’auraient pu imaginer à la maison.» Le plateau devient alors laboratoire. Et la distribution essentielle à la création. «Tout art est quelque chose qui doit partir de nos expériences de la vie.» Des expériences de vie qui doivent amener, sur scène, le souffle de l’auteur, celui des acteurs, celui de l’époque. A Vidy, dès vendredi, ces souffles seront, entre autres, soutenus par une plasticienne. Chaque soir, en direct, elle réalisera une peinture. Une touche d’abstraction pour nourrir la poursuite du réel. Et le dialogue ouvert par Thomas Ostermeier, par-delà le XXe siècle. (24 heures)

(Créé: 24.02.2016, 10h17)

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August 11, 2015 6:11 PM
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Thomas Ostermeier : "Je suis à chaque fois bouleversé par l'accueil du public français"

Il est adulé du public français et a séduit Avignon avec son "Richard III. Thomas Ostermeier revient sur sa dernière pièce et sur son rapport avec le succès. Rencontre au festival d'Avignon.
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July 7, 2015 5:39 PM
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Avignon: Lars Eidinger, acteur bestial du « Richard III » de Thomas Ostermeier

Avignon: Lars Eidinger, acteur bestial du « Richard III » de Thomas Ostermeier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Jean-Pierre Thibaudat sur son blog :

 

Comment un type laid comme un pou, sans scrupules, comment cet homme prêt à tuer tous ceux qui encombrent sa route pour accéder au pouvoir, peut  être séduisant, désirable ? C’est tout l’enjeu du  « Richard III » de Shakespeare mis en scène par Thomas Ostermeier, traduit en allemand la Marius von Mayenburg  et mené de main de maître par Lars Eidinger dans le rôle-titre.

Un micro pour mon royaume

Bossu vouté,  les bras ballants et la démarche souple et mole d’un grand singe, ainsi nous apparaît  Richard, le duc de Gloucester, le crâne enserré dans un  casque de cuir, mi- coiffe, mi- camisole, ainsi surgit l’acteur Lars Eidinger. Rarement l’expression « bête de scène »  n’aura parue aussi juste. Il apparaît comme un enfant attardé, un adolescent mal aimé et solitaire prêt à commettre les pires méfaits (viols, meurtres en série) pour exister. Lui le délaissé, le déclassé, devenir le maitre du monde. Sa force, son arme la plus redoutable, c’est sa parole. Le jeune Shakespeare y déploie son génie encore fougueux.

Thomas Ostermeier qui a coupé la pièce tant et plus, la concentre autour de ce personnage hors norme et de son acteur hors pair. Les autres personnes, membres de sa famille ou gens de cour, sont tous habillés de noir, ils ne sont pas des figurants, mais presque, ils tournent autour de Richard comme des guêpes et se font prendre à l’étranger ballet de son corps et au babil mielleux de ses mots ensorcelants. Magnifique et puissante invention scénique, ces mots sont le plus souvent distillés dans un micro à l’ancienne qui pend au bout d’une corde rehaussé d’un point de lumière qui éclaire le seul visage de Richard lorsque ce dernier s’en saisit pour nous dire ses mots venimeux qui paralysent l‘interlocuteur et nous avec. Car il en va de même pour le public vers lequel l’acteur jette des regards complices, nous entraînant dans sa boulimie de séduction, de ruses, convoquant en nous notre part maudite : qui n’a pas eu un jour une envie de vengeance sanglante, de meurtre ? Il ose tout. Séduire une femme dont il a tué le père et le mari, tuer des enfants innocents qui risquent de lui barrer la route du pouvoir ou de le contester. Cette ordure, ce salaud, il nous met de son côté, il nous fait rire.

 Lire l'article entier : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-thibaudat/070715/avignon-lars-eidinger-acteur-bestial-du-richard-iii-de-thomas-ostermeier  ;

Festival d’Avignon, « Ricard III » à l’Opéra du grand Avignon, 18h, jusqu’au 18 juillet (sauf les 10 et 15)  



« Ostermeier backstage », dialogue avec Gerhard Jörder, l’Arche, 144p, 22€

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July 1, 2015 4:45 AM
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Avignon : Lars Eidinger, l’homme qui joue

Avignon : Lars Eidinger, l’homme qui joue | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Brigitte Salino dans Le Monde :

 

 

Imaginez la scène. Un soir, Lars Eidinger joue le rôle-titre d’Hamlet, à la Schaubühne de Berlin, dans la mise en scène de Thomas Ostermeier. Au cours de la représentation, trois jeunes filles se lèvent. Lars Eidinger les voit, il s’arrête de jouer et leur demande pourquoi elles s’en vont. « Weil’s scheisse ist ! » (« Parce que c’est de la merde ! »), répond l’une d’elles en partant. Lars Eidinger quitte le plateau en courant, et il suit les jeunes filles dans le foyer. Il veut leur parler, comprendre ce qui ne leur plaît pas. Pendant ce temps, les spectateurs attendent. Privés d’Hamlet. Quand il revient, Lars Eidinger leur raconte ce qui s’est passé. Et il reprend son rôle.

Si vous ne connaissez pas cet acteur, vous êtes en droit de vous demander ce qui lui passe par la tête. Si vous l’avez vu sur scène, vous n’êtes pas surpris, parce que vous le savez capable de tout : c’est l’Homo ludens par excellence, l’homme qui joue. Il en donne la preuve, de manière phénoménale, dans Richard III, une autre pièce de Shakespeare mise en scène par Thomas Ostermeier, qui vient à Avignon après sa création à Berlin, et risque bien de couronner Lars Eidinger roi des acteurs du Festival.

Le voilà tel qu’en lui-même, un soir de juin, à Berlin. 1,90 mètre, regard bleu, dialogue franc. Nous sommes dans son bel appartement du quartier de Charlottenburg, non loin de la Schaubühne. Il est tard. Lars Eidinger rentre d’une journée de tournage, la dernière avec Adèle Haenel, avec qui il vit une histoire d’amour dans le film de Chris Kraus, Die Blumen von Gestern (Les Fleurs d’antan). Tous les deux sont des chercheurs qui travaillent sur la Shoah. Le grand-père de l’un était nazi, la grand-mère de l’autre juive. Leurs biographies se croisent, entre hier et aujourd’hui. Cette année, Lars Eidinger tourne aussi avec le réalisateur russe Alexeï Outchitel. Il joue Nicolas II, le dernier des Romanov, pris dans une histoire d’amour avec la ballerine Mathilde Kschessinska. Dès qu’il aura fini d’être Richard III à Avignon, l’acteur partira pour Moscou et, de roi, deviendra tsar. (...)

 

 

 

Richard III, de Shakespeare. Mise en scène Thomas Ostermeier. Opéra Grand Avignon, du 6 au 18 (relâche les 10 et 15), à 18 heures. Durée : 2h20. En allemand surtitré.

 

 

Brigitte Salino (Berlin, envoyée spéciale) 
Journaliste au Monde


Lire l'article entier  sur http://www.lemonde.fr/festival-d-avignon/article/2015/06/30/lars-eidinger-l-homme-qui-joue_4664759_4406278.html#bQD7mLdcFFzXBmqW.99

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May 18, 2015 4:21 PM
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"Bella Figura" de Yasmina Reza, mise en scène Thomas Ostermeier

"Bella Figura" de Yasmina Reza, mise en scène Thomas Ostermeier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Frédéric Lemaître pour Le Monde :

 

Le théâtre de Shakespeare a peu de points communs avec celui de Yasmina Reza. Cela n’a pourtant pas empêché Thomas Ostermeier, le directeur artistique de la Schaubühne à Berlin, de mettre en scène Richard III, puis, trois mois plus tard, Bella Figura, la dernière pièce de Yasmina Reza, présentée en création mondiale à Berlin le 16 mai.

 

 

 Sur scène, cinq personnages. Andrea et son amant Boris retrouvent, accidentellement, sur le parking d’un restaurant, Françoise et Eric accompagnés d’Yvonne, la mère d’Eric qui fête son anniversaire. Françoise étant une amie d’enfance de la femme de Boris, la rencontre – tout comme l’anniversaire d’Yvonne – tourne à la catastrophe. Alors que Boris n’a qu’une envie – quitter cet enfer au plus vite –, Andrea prend un malin plaisir à faire du charme à Eric entre deux coupes de champagne. Et, grâce à ses connaissances d’employée de pharmacie, à jouer la belle-fille idéale auprès d’Yvonne, addictée aux médicaments.

 

PERVERSE ET POMPETTE

 

C’est souvent drôle, toujours cruel. Personne n’en sort indemne. Surtout pas Boris, chef d’entreprise au bord de la faillite qui n’a rien trouvé de mieux qu’emmener sa maîtresse dans un restaurant recommandé par sa femme. La pièce est surtout portée par deux actrices : la star, Nina Hoss, qui incarne à merveille une Andrea à la fois subtile, perverse et pompette et Lore Stefanek qui interprète une Yvonne pathétique mais redoutable. Les autres acteurs, Mark Waschke (Boris), Stephanie Eidt (Françoise) et Renato Schuch (Eric) s’en sortent honorablement mais sans totalement convaincre. Dans le petit livret remis à la presse avant la représentation, Yasmina Reza fait appel à d’illustres parrains pour présenter sa pièce. Comme si la légèreté était insoutenable. On y lit des extraits de textes de Dante Aligheri (L’enfer), d’Ovide (les Métamorphoses), de Victor Cousin (Madame de Longueville), de Karl Hoffmann (Bella Figura-Brutta Figura) , de Borges (Les deux rois et les deux labyrinthes), de Jean-Henri Fabre (Souvenirs entomologiques) et de…Yasmina Reza : le chapitre « Chantal Audouin » d’Heureux les heureux. (Flammarion).

 

DES PROJECTIONS D’INSECTES ET DE CRUSTACÉS

 

« Les sentiments sont changeants et mortels. Comme toutes les choses sur terre. Les bêtes meurent. Les plantes. D’une année à l’autre, les cours d’eau ne sont plus les mêmes. Rien ne dure. Les gens veulent croire le contraire. Ils passent leur vie à recoller les morceaux et ils appellent ça mariage, fidélité ou je ne sais quoi. Moi, je ne m’embarrasse plus avec ses bêtises. Je tente ma chance avec qui me plaît. De toute façon je n’ai rien à perdre »: voilà sans doute le passage qui résume le moins mal la pièce. Thomas Ostermeier, lui, semble avoir été surtout inspiré par Jean-Henri Fabre. Sur un grand écran placé en fond de décor, des projections d’insectes ou de crustacés nous ramènent à notre triste condition animale. Avec un texte pareil, on aurait pu s’attendre à plus trash. On se souvient d’un Misanthrope dans lequel Ostermeier n’hésitait pas à déverser sur scène le contenu de poubelles qui entouraient la Schaubühne. Rien de tel cette fois-ci, comme si Thomas Ostermeier s’était retenu face à ce texte écrit pour lui.

 

 

VERSION ALLEMANDE

 

Ce n’est pas la première fois que Yasmina Reza crée une pièce à l’étranger. En 2007, les Zurichois puis les Berlinois avaient pu découvrir Le dieu du carnage avant les Parisiens. En 2012, c’est à Berlin qu’a été présentée Comment vous racontez la partie. En revanche, c’est la première fois que Thomas Ostermeier monte une pièce de cette auteure. « Nous nous ressemblons. Elle semble davantage appréciée en Allemagne qu’en France alors que moi je suis souvent mieux considéré en France qu’en Allemagne » nous confie-t-il. Avant même la Première, les douze représentations de Bella Figura à Berlin affichaient complet. Pari commercialement audacieux : c’est cette version allemande de la pièce qui va être jouée en France. Avec des surtitres en français. Dans un premier temps, en novembre, au théâtre Les Gémeaux, à Sceaux (Hauts-de-Seine). Contrairement à Boris, Andrea, Françoise, Eric et Yvonne, les spectateurs devraient passer une bonne soirée. Même si Yasmina Reza n’est pas Shakespeare.

 

Par Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)

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April 29, 2015 2:41 PM
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"Ostermeier backstage", un livre d'entretiens avec le metteur en scène

"Ostermeier backstage", un livre d'entretiens avec le metteur en scène | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Brigitte Salino dans Le Monde :

 

Le grand metteur en scène allemand, directeur de la Schau­bühne de Berlin et habitué du Festival d’Avignon, publie un passionnant livre d’entretiens.

 

 

Dès le début, le ton est donné : « Je suis parfaitement capable de m’évaluer tout seul », dit Thomas Ostermeier à Gerhard Jörder, le jour­naliste avec qui il converse dans ­Ostermeier backstage, livre d’entretiens, menés entre août 2013 et janvier 2014 à Berlin. A son habitude, le metteur en scène et directeur de la Schau­bühne va droit au but. Il sait ce qu’il vaut, mais il est lucide, polémique, engagé dans le débat. En France, on a l’habitude de l’entendre. Il vient chaque année, il sera d’ailleurs au Festival d’Avignon, avec sa mise en scène de Richard III, de Shakespeare. Mais on en a une image très différente de celle que renvoie ce livre. Autant il est aimé de ce côté du Rhin, autant il est rejeté de l’autre, en tout cas par la critique, qu’il dit ne plus lire, pour se protéger.

Le cas n’est pas nouveau, en théâtre. Ce qui est passionnant, c’est la façon dont Thomas Ostermeier analyse ce hiatus entre l’Allemagne et le reste du monde, où il est partout invité. On le comprend en suivant le fil alerte du ­livre, qui retrace l’itinéraire d’un fils de militaire né en 1968 et sauvé par la révolte contre son père, l’autorité, l’étouffoir de la ­Bavière catholique. Fuyant tôt une famille conflictuelle, il fut un squatteur d’extrême gauche rêvant d’une gloire de rocker avant d’entrer dans le théâtre et de faire une carrière fracassante : Thomas Ostermeier avait 30 ans quand il a été nommé à la Schaubühne, une des plus grandes scènes d’Europe.

Aujourd’hui, il en a 46, il est social-démocrate et ne cherche plus à décrocher la lune. Sans renier son passé, il revendique son évolution. Quand Gerhard Jörder lui fait remarquer qu’il accepte des fonctions officielles, comme celle de président du Haut Conseil ­culturel franco-allemand, Thomas Ostermeier répond vertement : « Je vois d’un œil vraiment très critique la façon qu’a ma génération de se soustraire à la responsabilité. Cela fait chic d’être contre les ins­titutions – mais ce faisant, on renonce, à quelques louables exceptions près, à toute forme de par­ticipation. » Ses mots sont durs envers sa génération, jugée corruptible par l’argent, le succès et la sécurité. Thomas Ostermeier va même plus loin : il prend la défense des soixante-huitards, tant décriés par beaucoup d’autres.

Choix esthétiques

De la même façon, il défend ses choix à la Schaubühne où, là aussi, il assume sa responsabilité, tout en analysant les raisons de l’échec du projet de cogestion initial (en particulier sur l’égalité des salaires). Thomas Ostermeier ne cache pas la tristesse que lui inspire cet échec. Il dresse un ­parallèle avec la Schaubühne de ­Peter Stein, dans les années 1970, qui elle aussi s’est essayée à la cogestion. Pour le lecteur français, cette vision de l’intérieur est particulièrement intéressante. Elle permet, dans un autre registre, de mieux appréhender les choix esthétiques de Thomas Ostermeier, qui revient sur ses années de formation et ses débuts à la Baracke – des conteneurs placés dans le ­jardin du prestigieux Deutsches Theater de Berlin –, où il a développé le style de jeu qu’il continue de revendiquer : ne pas dé­construire, mais construire. Raconter des histoires au théâtre, tel est le credo du directeur de la Schaubühne.

 (...)

 

Brigitte Salino 


Lire l'article entier sur le site du Monde :  http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/04/29/ostermeier-sans-fard_4624899_3260.html#ClAI9QeUBdDOC6QJ.99

 

Ostermeier backstage, entretiens entre Thomas Ostermeier et Gerhard Jörger, traduit de l’allemand par Laurent Muhleisen et Frank Weigand, L’Arche, 144 p., 22 € (en librairie le 13 mai).

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July 26, 2014 6:55 AM
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Les Inrocks - "Un Mariage de Maria Braun" palpitant signé Thomas Ostermeier

Les Inrocks - "Un Mariage de Maria Braun" palpitant signé Thomas Ostermeier | Revue de presse théâtre | Scoop.it
À la fois dense et fluide, cette adaptation du chef d’œuvre de Rainer Werner Fassbinder est menée avec brio par des acteurs impeccables dont la merveilleuse Ursina Lardi dans le rôle de Maria

 


“Heil.” Répété en voix-off, le mot s’étire peu à peu en un soupir languissant. Cette tonalité sensuelle teintée d’érotisme clôt la lecture de lettres adressées par des femmes amoureuses à Adolphe Hitler. C’est avec ces témoignages troublants, révélateurs de la fascination exercée par le Führer jusque dans le cœur des Allemandes, que Thomas Ostermeier ouvre son adaptation du Mariage de Maria Braun, d’après le scénario de Fassbinder. Le soupir est bientôt couvert par le bruit des bombardiers apparus à l’écran en fond de scène. En quelques traits, un contexte est esquissé. La défaite proche. Les décombres. Un pays à reconstruire. Quand Maria épouse Hermann Braun, les bombes pleuvent encore sur l’Allemagne. Hermann parti au front est donné pour mort. À l’avant-scène, Ursina Lardi qui interprète Maria porte un écriteau en carton avec cette phrase : “Wer Kennt Hermann Braun“.

Elle est la seule actrice du spectacle. Les autres rôles aussi bien féminins que masculins sont assumés par quatre acteurs qui ne cessent de se transformer, changeant régulièrement de costume ou se mettant une perruque. Ces transformations intempestives permettent des transitions rapides, pour ne pas dire des raccourcis. Conscient de travailler à partir d’un scénario de film, Ostermeier ne rivalise pas avec la caméra, mais invente une écriture scénique entre montage et tuilage redoutablement efficace. L’effet est d’autant plus juste que Maria doit aller vite si elle veut s’en sortir. Dans une certaine mesure on peut dire qu’elle a toujours un temps d’avance. Et il est assez intéressant de voir comment un metteur en scène qui s’est déjà penché sur plusieurs héroïnes d’Ibsen, comme la Nora de Maison de poupée ou Hedda dans Hedda Gabbler, met en lumière la personnalité de Maria.

 

Hugues Le Tanneur pour les Inrocks

 

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March 25, 2014 7:18 PM
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"En tant qu'homme de théâtre, on ne peut pas s'opposer au Front national"

"En tant qu'homme de théâtre, on ne peut pas s'opposer au Front national" | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Thomas Ostermeier est le directeur artistique de la Schaubühne de Berlin et un habitué du Festival d'Avignon. Il défend la position d'Oliver Py, même s'il pense qu'il ne faut pas tourner le dos aux électeurs du Front national, mais plutôt tenter d'analyser comment on en est arrivé là.

 

Interview réalisée par Annette Gerlach pour arte

 

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January 2, 2014 5:53 AM
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"Un ennemi du peuple" d'Ibsen mise en scène Thomas Ostermeier

"Un ennemi du peuple" d'Ibsen mise en scène Thomas Ostermeier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Une pièce magistrale de Thomas Ostermeier d’après Ibsen, qui interroge pleinement le fonctionnement et la nature de notre démocratie.

 

Thomas Ostermeier et Henrik Ibsen, c’est un tandem qui fonctionne. Citons Nora d’après Une Maison de Poupée (superbe réussite), John Gabriel Borkman (excellent), et Un Ennemi du Peuple, qui a triomphé au Festival d’Avignon 2012, (exceptionnel)… Le metteur en scène a ce talent de montrer et faire entendre l’acuité et l’actualité de la langue d’Ibsen, son inscription et ses implications au cœur de notre monde, et au cœur de nos vies. Une langue que sa pensée et son esprit critique saisissent avec force, intelligence, énergie et conviction, et qu’il n’hésite pas à adapter au présent. La mise en scène et le jeu servi par de remarquables comédiens constituent ici une époustouflante et magistrale caisse de résonnance, un amplificateur de sens qui met en alerte, qui rappelle aussi que l’individu a encore son mot à dire dans un monde pourtant soumis à un capitalisme plus sauvage que régulé, dont le but en toute logique est le profit plus que le bien-être de l’humanité. La pièce montre à cet égard toutes les ambiguïtés et les dérives de l’affrontement entre intérêt général et privé, vérité et mensonge, passion et raison, majorité et minorité, et interroge pleinement le fonctionnement de notre démocratie


Agnès Santi pour La Terrasse


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du 27 janvier au 2 février 2014

Théâtre de la Ville
Place du Châtelet, 75004 Paris.


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April 6, 2013 11:08 AM
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Les Revenants (mise en scène Thomas Ostermeier) et "Solness le constructeur "(mise en scène Alain Françon)

Les Revenants d'Ibsen. Mise en scène de Thomas Ostermeier. Théâtre des Amandiers-Nanterre. Jusqu'au 27 avril, puis tournée en France. Tél. : 01 46 14 70 00. 


De prime abord, ne serait-ce que par leur thématique, pas grand-chose semble relier les deux pièces. Et pourtant… Dans les Revenants, titre qu'il faut prendre au pied de la lettre, la veuve d'un homme si respectable et respecté voire même tant admiré que la municipalité est sur le point de lui rendre hommage, voit revenir son fils qui a passé des années à Berlin et à Paris. Un fils qui porte en lui un terrible secret jamais nommé : celui de la syphilis qui le ronge et l'empêche de créer (c'est un écrivain) et de vivre. Ce secret n'est que la conséquence d'autres secrets ; ceux qui se cachent en particulier derrière la respectabilité du notable… Les Revenants, c'est le voile de l'honorabilité bourgeoise qui est déchiré, ce sont les forces d'un passé enfoui qui surgissent faisant de nous des revenants, des morts-vivants, en marge de toute vraie vie. Pas étonnant que la pièce ait provoqué un véritable scandale lors de sa création, la pilule étant sans doute plutôt dure à avaler pour la bonne société de l'époque. Passé aux semelles de plomb, secrets enfouis au plus profond de la conscience et du monde, petits arrangements avec la vie quotidienne ordinaire, douleur d'avoir à vivre l'irréversibilité du temps qui passe…


Jean-Pierre Han pour son blog Frictions


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April 11, 2012 6:43 PM
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Mass für Mass (Mesure pour mesure) de Shakespeare, mise en scène Thomas Ostermeier

Mass für Mass (Mesure pour mesure) de Shakespeare, mise en scène Thomas Ostermeier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Voilà le spectacle qu'il faut absolument voir, en cette étrange campagne présidentielle : avec Mass für Mass (Mesure pour mesure), de Shakespeare, Thomas Ostermeier, le directeur de la Schaubühne de Berlin, frappe une nouvelle fois au plus fort et au plus juste. A 43 ans, il semble au sommet d'un théâtre qui noue de manière remarquable l'intime et le politique, porté par son intelligence magistrale dans la lecture des textes, son sens de l'espace scénique et de la direction d'acteurs. Et quels acteurs ! Un roi et un prince des scènes allemandes, Gert Voss et Lars Eidinger, ici réunis en un duo inoubliable.

"Mesure pour mesure", cette pièce grinçante, longtemps mal aimée, écrite par Shakespeare en 1604, après l'accession au trône d'Angleterre du nouveau roi Jacques Ier, connaît aujourd'hui un vrai retour en grâce auprès des metteurs en scène. Ce n'est pas surprenant : le triptyque de la morale, du pouvoir et du désir qu'elle met en scène renvoie un saisissant miroir à notre époque déboussolée, où les excès du puritanisme et de la répression semblent répondre à ceux des pulsions sexuelles et mortifères.

 

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Critique de Judith Sibony dans son blog "Coup de Théâtre" : http://theatre.blog.lemonde.fr/2012/04/06/la-tragedie-des-chefs-detat-interchangeables/

 

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November 1, 2015 6:49 AM
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Yasmina Reza revient avec une nouvelle pièce de théâtre

Yasmina Reza revient avec une nouvelle pièce de théâtre | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Marie-Laure Delorme - Le Journal du Dimanche 

 

L’auteur d'Heureux les heureux est de retour avec "Bella Figura", dont la première a eu lieu à la Schaubühne de Berlin

 

Sa force : on ne sait jamais s'il faut rire ou pleurer donc on reste figés un temps, comme ses personnages, dans un no man's land de sentiments agressifs. La dramaturge Yasmina Reza revient avec Bella Figura, dont la première mondiale a eu lieu le 16 mai 2015 à la Schaubühne de Berlin dans une mise en scène de Thomas Ostermeier, sur la difficulté de rencontrer le bonheur et sur le hasard des rencontres. Que fait-on ici et maintenant ensemble? Drôle d'endroit pour un rendez-vous. Ils sont trois femmes et deux hommes et chacune de ses pièces pourrait s'intituler "Conversation après un enterrement".

Avant, pendant, après : petites pelletées de terre sur un reste d'illusion humaine. Un homme marié (Boris) et sa maîtresse (Andrea) se retrouvent sur un parking de restaurant de province en vue de passer une soirée ensemble. Un lieu apprécié par l'épouse de Boris (Patricia), qui lui a recommandé le restaurant. Une dispute éclate entre les amants et ils décident de quitter l'endroit. Mais Boris, lors d'une marche arrière en voiture, renverse une femme âgée (Yvonne). Les amants font face à un couple non marié (Éric et Françoise), venu fêter l'anniversaire de la mère d'Éric (Yvonne). Françoise est l'une des meilleures amies de Patricia. La soirée va être mouvementée. Les coups de pschitt se révèlent totalement inefficaces contre les attaques de moustiques.

Ça dérape sur de la soie et il ne reste plus que des peaux de bête
La maîtresse de Bella Figura, une mère célibataire et préparatrice en pharmacie, est un beau personnage. Volcanique, sombre, provocatrice, intuitive. Soit elle ment, soit elle dit la vérité. Dans les deux cas, elle entre en effraction dans un monde codifié par les hommes. Son amant Boris, marié et affairé, possède une entreprise de miroiterie au bord du dépôt de bilan. Chacun reproche à l'autre d'exagérer son drame intime. Est-ce si grave d'emmener sa maîtresse dans un restaurant recommandé par l'épouse? Est-ce si grave d'être à deux doigts de la faillite puis d'être surpris, en plein adultère, par l'amie de l'épouse?

Ils jouent au chat et à la souris. Le flux des sentiments, jalousie, colère, chagrin, passe de l'un à l'autre. Elle veut être aimée ; il veut être tranquille. Ce qui est vécu comme une enclume par Boris est vécu comme une aubaine par Andréa : la rencontre avec une amie de longue date de l'épouse trompée, partie à Valenciennes. Leurs nerfs à tous les cinq s'étirent jusqu'à la rupture. La présence obsédante des corps – on fume, on avale des médicaments, on boit, on marche pieds nus – rappelle combien le théâtre de Yasmina Reza est physique.

"On aurait dit qu'elle veillait des morts"
Ça dérape vite sur de la soie et il ne reste plus que des peaux de bête. L'humour n'est ici la politesse d'aucun désespoir. Il suffit d'observer. Un minuscule pas de côté et la drôlerie pulse comme un geyser déréglé. Car, pour reprendre les expressions de la passe d'armes entre Éric et Françoise, nous voyons des choses qui existent et nous voyons des choses qui n'existent pas. Andrea raconte avoir surpris dans un rayon de magasin, le matin même, un couple allongé sur un matelas pour l'essayer. La vendeuse s'est alors assise sur le bord du lit, dans l'attente d'un mouvement du couple. Rien. L'homme et la femme sont restés allongés sans bouger, alors qu'autour d'eux on allait et on venait. La vendeuse restait impassible. "On aurait dit qu'elle veillait des morts."

Et c'est exactement ça que le personnage d'Andrea tend à ne pas être avec sa jupe trop courte et sa lingerie trop serrée. Son mauvais goût comme une armure de poupée. Elle ne veut pas rejoindre la cohorte des morts-vivants aux abords du monde. Rien ne sert de se mettre à l'abri et mieux vaut y aller. Les personnages ont beau avoir tout un arsenal, sprays et sticks, pour contrer les attaquants : les moustiques continuent à piquer.

Lire aussi : Yasmina Reza, la catastrophe du sentiment

La dramaturge, une des plus jouées dans le monde, a songé un moment à appeler sa pièce "l'armée n'avance pas". On passe d'une situation de vaudeville (la maîtresse ne veut pas sortir de la voiture de son amant quand elle apprend que l'endroit a été recommandé par l'épouse) à une situation de tragédie (immobilité et incompréhension entre l'homme et la femme avec aucune mer à l'horizon). On est dans le divertissement pascalien, tout au long de Bella Figura, car on est dans le désordre des choses : ça s'engueule, ça s'amuse, ça s'énerve avec des moments furtifs de compréhension intime. Vers quoi marche-t-on? La toute fin de la pièce éclaire le texte d'une lumière crépusculaire. Elle saisit un retour dans la glace des sentiments. C'était donc ça.

Des liens se tissent et se détissent
L'auteur de Comment vous racontez la partie fore chaque mot, jusqu'à épuiser toute idée possible de synonyme. On perçoit avec son écriture les nuances profondes entre allégresse, gaieté, joie, griserie, bonheur, plaisir, ivresse, jouissance. Yasmina Reza ne se ressemble pas et il en va ainsi de ses hommes et femmes de papier. La dramaturge s'infiltre entre le personnage et la personne : une femme en talons hauts et jupe étroite se révèle un soudard à la tête d'une armée en déroute. Ses textes, pièces ou romans, ne font qu'un. Le temps, la mort, le couple. On pense être dans un tourbillon de sensations : on est dans une stagnation de sentiments. "Tout est si prévisible" (Andrea). Le personnage le plus âgé, Yvonne, est le plus libre de tous. Son mari décédé lui rend encore visite dans un pyjama de popeline beige. "De temps en temps, il vient me voir, avec des ailes vissées dans les omoplates. Il volette dans la chambre."

Les cinq silhouettes de Bella Figura changent de grimaces tout au long de la pièce. Le temps se serre comme un poing ou s'ouvre comme un nénuphar et puis quoi? Des liens se tissent et se détissent. Des alliances se nouent et se dénouent. Ils se sont rencontrés, en province, sur un parking de restaurant. Sans cesse, ils tentent de se quitter. Sans cesse, ils retardent le moment de se quitter. C'est l'humaine condition de Yasmina Reza : on est ensemble et séparés.

Marie-Laure Delorme - Le Journal du Dimanche
dimanche 25 octobre 2015

 

"Bella figura" au Théâtre des GémeauxPrintemps 2014. Lors d'une lecture d'Heureux les heureux, à la Schaubühne de Berlin, le grand metteur en scène Thomas Ostermeier commande une pièce à Yasmina Reza. Elle sera écrite en trois mois, comme Art le fut à l'époque. La pièce a été créée à Berlin en mai. Dans le rôle d'Andrea, l'éblouissante Nina Hoss. Le spectacle, en allemand surtitré en français, sera repris au Théâtre des Gémeaux, à Sceaux (92330), du 19 au 29 novembre. lesgemeaux.com
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July 9, 2015 2:46 AM
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Avignon Richard III rock tare

Avignon Richard III rock tare | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Hugues Le Tanneur dans Libération :

 

Thomas Ostermeier propulse le personnage monstre de Shakespeare dans une atmosphère tellurique.
La tête enserrée dans des sangles de cuir, sa démarche claudicante a une allure reptilienne. Tel un lézard, il se faufile dans l’espace à coups de zigzags, regardant par-dessous, à droite et à gauche, toujours aux aguets. Dans le cortège d’affreux jojos qui hantent le théâtre de Shakespeare, Richard III occupe une place de choix.

 

En lui donnant ce profil de serpent inquiet, l’acteur Lars Eidinger (lire ci-contre) a trouvé la bonne formule. Et ce d’autant plus que son jeu fait corps avec la mise en scène de Thomas Ostermeier, dont l’impact puissant tient pour une bonne part à son unité d’ensemble animée par ce foyer central que représente Richard, omniprésent.

La musique de Nils Ostendorf, un rock tellurique dopé à l’adrénaline en partie enregistré mais quand même interprété sur scène par le batteur Thomas Witte, ajoute à l’intensité dramatique.

Pendu. D’une certaine manière, Richard se rêve en rock star, jouant de clins d’œil avec son public et manipulant à loisir un micro pendu à un fil, équipé d’une caméra et d’une lampe qui éclaire son visage. Ce micro, un attribut essentiel - fétiche, objet transitionnel, jouet d’enfant, voire sceptre quand Richard sera devenu roi -, il s’y accroche compulsivement. Et après avoir joué triomphalement les Tarzan, il finira par s’y accrocher définitivement, pendu au fil par une jambe comme à l’étrier d’un cheval imaginaire.

Richard est né difforme prématurément. Enfant, il était la risée de tous à cause de sa laideur. Cela a contribué à endurcir son âme. A en faire cette bête féroce avide de pouvoir. Une bête de cirque, presque, placée par Ostermeier dans un espace scénique disposé sur plusieurs niveaux, dont le sol de sable évoque évidemment une arène. (...)

 

Lire l'article entier : http://www.liberation.fr/theatre/2015/07/08/richard-iii-rock-tare_1345286

 

 

Richard III de William Shakespeare mise en scène Thomas Ostermeier. Jusqu’au 18 juillet, à l’opéra d’Avignon, 18 heures.

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July 6, 2015 7:52 PM
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Avignon : Thomas Ostermeier transcende “Richard III” jusqu'à la folie

Avignon : Thomas Ostermeier transcende “Richard III” jusqu'à la folie | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Par Fabienne Pascaud pour Télérama Jonglant avec maestria entre séduction et épouvante, le metteur en scène allemand ose tout. Et donne à la pièce de Shakespeare une puissance étourdissante.

C'est une pièce de jeunesse. Elle en a la fougue, l'énergie, le goût du jeu et la rosserie. Shakespeare s'amuse. Comme un sale gosse qui jouit des héros démoniaques qu'il s'invente et qui le vengent de tout. Quand, en 1592, il raconte les méfaits et les ruses de cet authentique souverain anglais (historiquement plutôt meilleur roi que ce qu'il en dit), il a 28 ans. A 46, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier, patron depuis 1999 de la Schaubühne de Berlin — vénéré bastion du théâtre européen contemporain —, s'amuse lui aussi.

 

Lire l'article entier  http://www.telerama.fr/festivals-ete/2015/richard-iii,128599.php#xtor=EPR-126-newsletter_tra-20150706

 

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June 26, 2015 7:43 PM
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Thomas Ostermeier détaille sa « méthode » lors d’une master class à Paris

Thomas Ostermeier détaille sa « méthode » lors d’une master class à Paris | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Agathe Charnet dans Le Monde :

 

Mardi 23 juin, le metteur en scène allemand donnait une conférence sur la direction d’acteurs, à l’école des beaux-arts.

 

« Je cherche à faire un théâtre qui surmonte la vie ». Face à une assemblée d’une centaine d’étudiants de l’école des beaux-arts et du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier expose les fondements de sa méthode de travail. Le co-directeur de la Schaubühne de Berlin, réputé pour la précision et la subtilité du jeu de ses comédiens - qu’ils affrontent Shakespeare ou revisitent Ibsen - donnait mardi 23 juin une master class sur la direction d’acteurs, accueillie aux Beaux-Arts de Paris. Une approche théorique permettant de mieux décrypter l’oeuvre de cet artiste fécond et exigeant, actuellement à l’affiche au Théâtre de la Ville pour la reprise de la pièce Le Mariage de Maria Braun et très attendu au Festival d’Avignon pour sa nouvelle création, Richard III.

« Je suis un spectateur devenu metteur en scène pour mieux comprendre le théâtre » lance Thomas Ostermeier en introduction. Le Berlinois fustige un théâtre contemporain qu’il juge souvent trop éloigné de la vie, où les comédiens multiplient les artifices et les prouesses techniques mais ne parviennent pas à une interprétation « raffinée » et « crédible ». Ostermeier se défend de vouloir platement « imiter la vie » - son théâtre privilégie l’intensité dramatique à chaque scène - mais affirme qu’il est nécessaire à l’acteur de puiser dans son intimité pour être le créateur d’un « théâtre non théâtral ». Afin de « déclencher le jeu » de ses acteurs, le metteur en scène s’appuie sur ce qu’il appelle « quatre piliers ». A commencer par le rythme et le mouvement.

« Les metteurs en scène contemporains ont perdu le groove ! Le théâtre d’aujourd’hui est trop souvent dans la main des dramaturges et des faux intellectuels », dit-il. Lui entend placer le rythme et la musicalité au coeur de son théâtre. S’inspirant du « montage d’attractions » développé par le cinéaste russe Eisenstein, Ostemeier affirme qu’il est pour lui nécessaire « qu’il se passe toujours quelque chose sur scène ». Par le biais d’exercices, ses comédiens travaillent donc à la fois la rythmique du texte et du corps.

Un royaume dans chaque partenaire

Deuxième pilier, Constantin Stanislavski et ses « circonstances majeures ». Le comédien et metteur en scène russe (1863-1938), dont les théories sur l’acteur révolutionnèrent le théâtre du XXème siècle, propose au comédien de s’appuyer sur « les circonstances données » qui déterminent un rôle (indications fournies par le dramaturge sur le passé des personnages, leur environnement, leur origine sociale…). Thomas Ostermeier parle lui de « circonstance majeure », c’est à dire « la situation qui déclenche un jeu » et qui rend la confrontation entre les personnages nécessaire et évidente. « Chaque metteur en scène doit trouver pour chaque scène sa circonstance majeure, celle qui exige que ses comédiens soient forcés de s’emparer de l’action ».

Troisième pilier qui soutient la « méthode » Ostermeier, l’expérience Sanford Meisner (1905-1997). Etablie par l’acteur et professeur de théâtre américain dans les années 1930, cette technique de jeu consiste à placer deux comédiens face-à-face et à les laisser répéter durant plusieurs minutes une série de questions et réponses simples, du type « tu es triste ? » / « je ne suis pas triste». Cet exercice oblige les acteurs à être constamment « à l’écoute » et « au présent », souligne le metteur en scène. « Le problème de l’acteur est d’être obsédé par lui-même, explique Ostermeier. Or la source de la créativité, c’est l’autre en face. Il y a un royaume à découvrir dans chaque partenaire ».

Enfin, afin de faire de l’acteur « un chercheur de la vraie vie », l’Allemand a mis au point sa propre technique qu’il a baptisée « storytelling ». Lors des répétitions, il demande aux comédiens de mettre en scène leur propre histoire à partir d’une situation extraite de la pièce. Selon Ostermeier, les résultats sont « hallucinants » : « comme il s’agit d’interpréter les histoires des autres, les comédiens prennent soin du jeu et de la situation. Tout ce dont on rêve en tant que metteur en scène est là ».

Agathe Charnet


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/scenes/article/2015/06/26/thomas-ostermeier-detaille-sa-methode-lors-d-une-master-class-a-paris_4662878_1654999.html#H585WPhZs5uosbK8.99

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May 11, 2015 4:55 PM
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Ostermeier Backstage

Ostermeier Backstage | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Véronique Hotte dans Théâtre du blog :

 

Ostermeier Backstage, Entretiens avec Gerhard Jörder, traduit de l’allemand par Laurent Muhleisen et Frank Weigand

 


 Après des débuts remarqués à la Baracke du Deutsches Theater où il mena un véritable travail de laboratoire  sur le jeu, comme Meyerhold ou Stanislavski, Thomas Ostermeier est nommé à trente ans, directeur de la Schaubühne de Berlin où depuis 1999, il met en scène aussi bien des classiques que des contemporains, Lars Norén, Sarah Kane ou Jon Fosse.
À 41 ans, il a signé plus de trente créations dont  Woyzeck (2004),  ou un Hamlet en rock star mélancolique, qui sont restées des joyaux. En opposition frontale avec ceux qui ont forgé le théâtre contemporain : la scène n’est pas pour lui un lieu de performance ou d’installation, mais une manière de renouer avec la narration et le personnage, dans une approche non académique.               
 Ces entretiens sont passionnants, à la fois profonds et pleins d’humour, et dévoilent les principes esthétiques et humanistes d’une création singulière, et  des pensées socio-politiques, économiques, et personnelles. Il a eu un parcours qu’on aurait pu croire paisible mais s’est construit en se posant contre l’ordre établi. Deuxième de trois garçons, d’une famille de milieu modeste, il se sent proche de sa mère.  Mais son père, un militaire autoritaire,  est un ennemi déclaré.. à qui il reconnaît toutefois des qualités d’accordéoniste et d’animateur : « C’est avec lui aussi que j’ai regardé les premiers petits films de Karl Valentin. C’est lui qui m’a transmis cette passion pour son humour subversif, si décapant, si bavarois. »
À seize ans, depuis Landshut, un « trou de province », l’adolescent rebelle, fugue et parcourt  en stop, l’Italie, les Balkans, la Grèce, la Turquie. Plus tard, celui qui mettra en scène La Forte Race de Marieluise Fleisser et Susn de Herbert Achternbusch, régle ses comptes avec la Basse-Bavière catholique : «Toute ma force vient de ma résistance à la Bavière, de ma colère et de ma haine. J’ai été élevé dans la plus pure tradition catholique, j’ai été enfant de chœur. Il existe cette maxime : tout bon catholique ayant été un jour enfant de chœur, doit devenir communiste au plus tard au début de la vingtaine. Ce principe communautariste, cette manie de la rédemption et cette volonté de sauver le monde ont à voir avec la manière dont s’est déroulée ma socialisation… »
Après avoir joué le fanfaron ludique  (réservé aujourd’hui mais toujours souriant) et s’être mis en scène auprès de ses camarades pour combler le manque de bonheur à la maison, il crée une troupe de théâtre lycéenne d’abord, puis indépendante : « Un groupe de rock indé. De vrais freaks, des types super. On fumait des roulées, on buvait du vin rouge, on discutait littérature et on faisait du théâtre. »                                                                          L’adolescent libéré rencontre là Jens Hillje, son futur bras droit à la Baracke et à la Schaubühne. Le goût du théâtre est venu au futur inventeur d’images scéniques, grâce notamment à une passion pour la lecture et la littérature transmise par sa professeure d’allemand. Il fait aussi de la musique de groupe, basse électrique et contrebasse : «une période assez sauvage, avec beaucoup de hardcore punk, des squats dans la Hafenstraße à Hambourg, des manifs, la gauche alternative, cela m’attirait.

 

Lire l'article entier :  http://theatredublog.unblog.fr/2015/05/11/ostermeier-backstage/

 

Ostermeier Backstage, Entretiens avec Gerhard Jörder, 2015 L’Arche Éditeur. 

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March 14, 2015 6:52 AM
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Départs de feu sous les cieux berlinois

Départs de feu sous les cieux berlinois | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Brigitte Salino pour Le Monde.fr :

 

« Richard III » et « Œdipe le tyran », les nouveaux spectacles de Thomas Ostermeier et Romeo Castellucci, irradient la Schaubühne.

 

 

Lire l'article entier du Monde :  http://www.lemonde.fr/scenes/article/2015/03/13/richard-iii-et-dipe-le-tyran-irradient-la-schaubuhne_4592881_1654999.html

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July 5, 2014 9:20 AM
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Sortir de la crise du théâtre

Sortir de la crise du théâtre | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Alors que la contestation s'empare du Festival d'Avignon, le metteur en scène allemand, Thomas Ostermeier croit toujours au renouveau du théâtre.

 

Pour le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier, qui dirige le théâtre de la Schaubühne, à Berlin, « le théâtre a perdu sa centralité aux yeux des classes dirigeantes hyperconnectées ». Il croit cependant qu'un renouveau est possible.

Les intermittents du spectacle ont-ils raison de se révolter, ou bien devraient-ils considérer que le gouvernement a fait des avancées suffisantes pour cesser leur mouvement ?

Je me sens solidaire du mouvement des intermittents français. C'est à eux de savoir s'il faut faire grève ou non afin de peser sur les négociations. Le statut d'intermittent est unique dans le paysage culturel européen. L'idée qui consiste à protéger les métiers du spectacle, où l'on travaille de façon discontinue, est exceptionnelle. Elle doit être défendue.

C'est un statut social beaucoup plus avancé que celui en vigueur en Allemagne. Outre-Rhin, un acteur indépendant qui ne travaille pas dans une troupe de théâtre – où il est salarié – peine à avoir une allocation-chômage, car la réglementation est beaucoup plus stricte.

Oui, la France est socialement plus avancée que l'Allemagne. Et c'est Berlin qui devrait souhaiter copier Paris. Ainsi en va-t-il du salaire minimum, adopté il y a plus de trente ans en France et que l'Allemagne a récemment instauré afin de protéger les plus faibles.

Pourtant, le théâtre allemand se porte bien. Il semble même parfois davantage plébiscité par les critiques et le public des festivals internationaux que la production française. Une preuve que l'on peut faire des bons spectacles sans régime spécial ?

Si la qualité du théâtre allemand est parfois jugée plus grande, c'est parce qu'il y a beaucoup plus d'argent en Allemagne qu'en France. C'est aussi simple que cela. C'est cette réalité qui fait la qualité de nos spectacles, car nos théâtres ont plus de moyens pour héberger et former des troupes à demeure, fabriquer des décors, imaginer des scénographies, afficher un répertoire, améliorer le jeu.

Dans les théâtres berlinois, il y a des troupes qui travaillent pendant des années pour parfaire leur style. C'est cela qui fait le plus souvent la différence.

 

N'est-ce pas paradoxal, comme le font les intermittents, de parler d'un triomphe du néolibéralisme alors que la création, en France, reste largement subventionnée par l'Etat, et que l'assurance-chômage est en partie financée par le secteur privé ?

Le néolibéralisme gagne néanmoins partout du terrain. Et puis, on peut mesurer la bonne santé d'une société si cette dernière est capable de payer ses propres contradicteurs. Ce qui n'est pas du tout paradoxal dans le capitalisme, c'est qu'il digère ses critiques pour mieux se développer. Le fait de disposer d'un secteur non marchand qui promeut des artistes chargés de porter un regard critique sur la société montre aussi le dynamisme du capitalisme.

Je suis absolument convaincu que si l'on rogne sur ce secteur artistique, nos sociétés au bord de la crise de nerfs se rebifferont. Et s'écrouleront. Il ne faut pas oublier que la subvention est dans la tradition du mécénat aristocratique. Avant, les nobles avaient des bouffons à la cour qui les raillaient et les critiquaient. Aujourd'hui, nous autres artistes subventionnés avons la même mission envers la bourgeoisie. C'est pour cela que si l'art est sacrifié sur l'autel du profit, nous assisterons alors au suicide de la bourgeoisie.

Quels sont les signes de l'actuel « suicide de la bourgeoisie » ?

La bourgeoisie ne comprend pas, en se transformant en vulgaire « Chicago Boys » , qu'elle va mourir en s'adaptant aux lois du marché. Car elle renie les idées du siècle des Lumières, comme l'éducation ou la création artistique autonome, formes d'émancipation soustraites à la propriété privée et au marché, qu'elle a elle-même portées.

La bourgeoisie, qui s'est développée pendant la révolution industrielle, a hérité de l'aristocratie le goût pour la culture et le soutien aux intellectuels. Or, en sacrifiant l'art vivant sur l'autel de la rentabilité, la classe bourgeoise se suicide car elle renie ce qui fut sa marque de fabrique, son supplément d'âme, sa distinction sociale : d'une part, soutenir les artistes inventifs et indépendants ; et, d'autre part, faire parvenir la richesse que cette société amasse à travers des impôts à l'ensemble d'un peuple par un processus démocratique, et de ne pas investir ces richesses uniquement dans d'autres mesures profitables, mais aussi dans des biens publics tels que des bibliothèques, des théâtres, des parcs, des hôpitaux. C'est-à-dire ce qui devrait constituer la fierté et la beauté d'une société bourgeoise en bonne santé.

Michel Foucault disait qu'« il faut défendre la société ». Vous dites, vous, qu'« il faut défendre l'Etat » ?

Oui, nous, artistes de gauche qui avons longtemps été des anti-étatistes patentés, nous nous retrouvons dans une situation historique inédite, où nous devons défendre un Etat bourgeois qui est en train de se suicider.

N'y a-t-il pas une différence de taille entre la bourgeoisie cultivée issue de la révolution industrielle, férue d'art et de théâtre, et celle d'aujourd'hui, davantage tournée vers le business et les nouvelles technologies ?

C'est certain. Le théâtre a perdu de sa centralité aux yeux des classes dirigeantes hyperconnectées. Il est même entré dans une grande crise, et le rôle éminent qu'il a eu dans le passé en Europe, de la Grèce antique jusqu'aux années 1980, semble révolu. Mais ce n'est pas seulement la faute des acteurs, des metteurs en scène ou des auteurs, dont la responsabilité est grande. C'est aussi le fait d'une certaine paresse des spectateurs bourgeois des centres-villes, tels ceux que vous appelez « bobos » en France.

 

Le théâtre n'est pas un simple divertissement, c'est bien plus difficile qu'un jeu vidéo. Cet art revêt un caractère éducatif. Et la crise est la même dans tous les domaines : dans l'univers théâtral, mais également dans le cinéma et les arts plastiques qui ne sont plus guère qu'un marché spéculatif pour nouveaux riches.

Quelle est la nature de la crise actuelle du théâtre ?

C'est d'abord une crise qui concerne les auteurs et les acteurs. Les metteurs en scène sont une profession apparue récemment dans l'histoire du théâtre. Si cette fonction disparaissait, ce ne serait pas très grave. Mais les auteurs et les acteurs ne peuvent pas disparaître. L'auteur est là pour créer un lien entre la scène et la réalité sociale et politique qui l'entoure. Si l'on parvient à représenter sur scène certains conflits sociaux ou générationnels présents de la société actuelle, alors il faut le faire de façon subtile, engagée certes, mais lucide face à leur complexité. Or il y a aujourd'hui un certain théâtre qui montre les contradictions du monde contemporain de façon simpliste, un théâtre des bons sentiments dont l'ambition intellectuelle est assez limitée. Or le théâtre n'est ni une église, ni un syndicat, ni un parti.

A quoi sert le théâtre ?

Le théâtre est fait pour mieux poser des questions, jamais pour donner des réponses. Les débats sur l'art théâtral sont assez pauvres. Savoir si l'on incorpore de la vidéo ou pas sur scène, si l'on mêle les disciplines, ce sont des questions sans importance. L'essentiel, c'est de retrouver le théâtre comme art du conflit. Il n'y a pas assez d'auteurs aujourd'hui qui font ce travail de mise au jour scénique des conflits intellectuels, sociaux, économiques et géopolitiques d'aujourd'hui.

Pourquoi les acteurs traversent-ils également une crise ?

Trop d'acteurs ne comprennent pas que leur tâche la plus noble consiste à représenter sur scène des êtres humains avec toute leur complexité, à travers des personnages auxquels on peut s'identifier, loin du narcissisme qui consiste à se regarder jouer et déclamer son texte, même de façon « moderne ». Il est nécessaire d'avoir un jeu qui est en rapport avec ce que l'on observe dans la rue, dans la sphère intime, au travail, au supermarché.

L'acteur doit montrer comment le monde néolibéral imprègne nos corps, notre comportement social, notre intimité, jusqu'à nos choix amoureux. C'est ce que pratique le « théâtre documentaire » qui met en scène des amateurs ou des « vraies gens » afin d'aborder l'exil ou la mort d'une région. Ce succès manifeste est le signe d'une grave crise qui traverse le monde et le métier des acteurs aujourd'hui. Mais attention : même le théâtre documentaire peut parfois être aussi une pauvre représentation naturaliste de la réalité où l'on montre au public des spécimens humains.

Y a-t-il tout de même des raisons d'espérer un renouveau théâtral ?

Je crois que oui. Une certaine jeunesse vient nous voir à la Schaubühne et semble apprécier des spectacles qui rompent avec une esthétique datée. Car je déteste le « théâtre théâtral » avec ses acteurs qui sont sur scène pour flatter leur propre narcissisme et qui ont complètement oublié la raison pour laquelle ils sont montés sur un plateau la première fois. A la Schaubühne, notre programmation est exigeante et engagée. Bien que situés dans un quartier populaire et excentré de Berlin, nous avons réussi à attirer un public très international et très jeune.

J'ai l'impression que pour ces jeunes gens, le théâtre est le seul endroit vraiment différent de la télévision ou d'Internet. Parce que cet espace en trois dimensions est un espace démocratique, parce que le spectateur peut décider avec quel personnage il est d'accord et où vont ses sympathies. Le théâtre est aujourd'hui l'un des derniers espaces publics, dans un monde dans lequel l'espace public est devenu un lieu de transit et de consommation.

 

 

Nicolas Truong 
Journaliste au Monde

 

Thomas Ostermeier

 

Né en 1968, Thomas Ostermeier est l’un des plus célèbres metteurs en scène de sa génération. Depuis 1999, il dirige la Schaubühne, à Berlin, où il défend un art politiquement engagé et esthétiquement novateur. Artiste associé du Festival d’Avignon en 2004, il y présente cette année 
« Le Mariage de Maria Braun ». Il participera aussi à la rencontre intitulée « Une autre politique de l’art ? », le 14 juillet à 15 heures, dans le cadre des « Controverses du “Monde” », avec Marie-José Malis, directrice du Théâtre de la Commune, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

 

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February 1, 2014 9:37 AM
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Ostermeier, Ibsen et la révolution en playback

Ostermeier, Ibsen et la révolution en playback | Revue de presse théâtre | Scoop.it

On n’en finit pas de vouloir combattre la soi-disant passivité du public ; en l’interpellant depuis la scène, en l’invitant à monter sur le plateau, à taper du pied, ou à faire dieu sait quoi encore… Mais comme les mots l’indiquent eux-mêmes, « rendre actif » est une gageure particulièrement tordue. De fait, si l’ « activité » de spectateur est on ne peut plus riche, importante, profonde, c’est précisément parce qu’elle se joue ailleurs que dans le bruit, l’agitation… et l’apparence d’activité.

Dans Un Ennemi du Peuple, d’Ibsen, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier a pourtant fait le pari de lui donner la parole, à ce public de théâtre. Ainsi le convoque-t-il, en pleine représentation, à la réunion citoyenne qu’organise le héros de la pièce. Ce dernier, le docteur Stockmann, a découvert que la source qui alimente la station thermale de sa ville est empoisonnée par les usines des environs. Il veut aussitôt faire publier cette vérité et lancer des travaux pour protéger la santé des curistes. Mais son frère, haut responsable municipal qui tient à sa peau, est prêt à toutes les manipulations pour enterrer l’affaire, sous couvert de vouloir protéger la ville - et donc le « peuple », qui serait alors privé de sa principale ressource.

 

Judith Sibony pour son blog "Coup de Théâtre" avec Le Monde

 

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Un Ennemi du Peuple, d’Ibsen, mise en scène Thomas Ostermeier, au Théâtre de la Ville (Paris 4e)  jusqu’au 2 février.
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April 10, 2013 5:47 PM
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Thomas Ostermeier et les non-dits des Revenants d’Ibsen

Thomas Ostermeier et les non-dits des Revenants d’Ibsen | Revue de presse théâtre | Scoop.it

La pièce d’Ibsen sent la honte, le mensonge, les non-dits. La maison des Alving est souvent plongée dans l’obscurité et parfois éclairée par de très belles projections de Sébastien Dupouey. Le retour d’Oswald, fils malade dans la maison familiale va lever les zones d’ombre sur la véritable identité de chacun. Le père autoritaire, alcoolique et décédé hante les murs de la maison. « Je suis détruit, brisé, je ne vais plus pouvoir travailler (…) je ne suis plus vivant » dit Oswald. « Les fautes des pères retombent sur les enfants » et a empêcher Oswald de se marier avec Régine (Mélodie Richard) qui est en fait sa demi sœur.

 Stéphane Capron pour le blog Sceneweb 

 

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Et aussi : Critique de Charlotte Lipinska pour le blog La République du Théâtre : http://larepubliquedutheatre.com/les-revenants-on-y-revient

 

 

- critique de Gwendoline Soublin pour le blog Rhinoceros : http://rhinoceros.eu/2013/04/les-revenants-de-henrik-ibsen/

 

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July 19, 2012 6:01 PM
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Avignon : Thomas Ostermeier au coeur du débat sur notre monde

Avignon : Thomas Ostermeier au coeur du débat sur notre monde | Revue de presse théâtre | Scoop.it

"Un ennemi du peuple", création au Festival d'Avignon

 

Henrik Ibsen, dont Thomas Ostermeier a monté de nombreuses pièces avec une fermeté inoubliable, a écrit Un ennemi du peuple en 1882. Le metteur en scène s'en saisit avec une intelligence percutante. D'un propos politique et vif d'Ibsen, mais un peu long, compliqué, il fait avec son dramaturge Florian Borchmeyer, une pièce pour notre temps.
C'est saisissant. Le public ne s'y est pas trompé qui a ovationné debout et longuement l'équipe artistique.


Le public qui a accepté le défi que s'impose Ostermeier : inclure un "vrai" débat dans la pièce, lorsque, désespéré, le jeune Docteur Stockmann joue son va-tout et s'adresse à sa ville.

Au-delà de la lutte fratricide, Ibsen dénonçait la cruauté sociale et posait déjà la question de l'impuissance de la "vérité", de la faiblesse de "l'honnêteté" face aux intérêts politiques, économiques, financiers.
Ostermeier va dans le même sens. Inclure une prise de parole de la salle est osé. Hier, ce moment a parfaitement fonctionné, toute la salle de l'Opéra-Théâtre prenant la parole tandis que les "personnages" répondaient, soit en français, soit par le truchement de traductrices.

 

Armelle Héliot pour son blog "Le Grand Théâtre du Monde"

 

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Autre critique parue dans le magazine Inferno : http://inferno-magazine.com/2012/07/26/un-ennemi-du-peuple-la-rage-intacte-dostermeier-linsurge-permanent/

 

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