Revue de presse théâtre
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April 6, 2017 9:00 AM
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/ hommage / Armand Gatti: la mort d'un révolutionnaire du théâtre - Sceneweb

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Par Stéphane Capron dans Sceneweb

Armand Gatti

L’immense Armand Gatti est mort ce matin à l’âge de 93 ans. La direction de La Parole errante à la Maison de l’arbre, le centre international de création qu’il dirigeait avec Jean-Jacques Hocquard à Montreuil nous a informé de cette triste nouvelle pour le monde du théâtre.

Armand Gatti, de son vrai nom Dante Sauveur Gatti, est né le 26 janvier 1924 à Monaco. Il passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes. Fils d’un anarchiste italien et d’une franciscaine, Armand Gatti poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste aura marqué l’histoire de théâtre français du 20ème siècle. En témoigne son impressionnante biographie ci dessous.

1924 26 janvier. Naissance de Dante Sauveur Gatti à Monaco, fils d’Auguste Rainier Gatti, éboueur, et Letizia Luzona, femme de ménage. Après avoir habité le bidonville du Tonkin, à Beausoleil, la famille s’installe dans la même banlieue monégasque, dans le quartier Saint-Joseph.

1941 Exclu du petit séminaire, il rentre en première au lycée de Monaco. Il écrit une épopée signée Lermontov où il se moque de ses professeurs, ce qui entraîne son exclusion le 14 juin.

1942 Il exerce divers petits métiers, dont celui de déménageur, et de sous-diacre à l’église Saint-Joseph. Le 2 mars, son père Auguste meurt des suites d’un tabassage lors d’une grève d’éboueurs. Il part alors en Corrèze, dans le maquis, avec la recommandation du père gramscien d’un de ses amis.

1943 Arrêté à Tarnac, il est emprisonné à Tulle, puis transféré à Bordeaux où il travaille à la construction de la base sous-marine. Transféré à Hambourg, au camp de travail de l’entreprise Lindemann, il s’en évade et rejoint en Corrèze l’un des nombreux maquis dépendant de Georges Guingouin.

1944-45 Parachutiste à Londres dans le Special Air Service (SAS), il participe à la bataille de Hollande. Renvoyé dans ses foyers le 1er novembre 1945, il passe la nuit de Noël avec Philippe Soupault, auquel l’a présenté un ami parachutiste. Celui-ci consacre quelques pages au « jeune homme » dans son « Journal d’un fantôme » : « Nous parlons de Rimbaud, de Lautréamont. (…) Ses jugements sont justes, parfois sévères lorsque les poètes l’ont déçu. (…) Ah ! Henri Michaux, dit-il, Michaux, lui il est bien ! »

1946-47 Sur recommandation d’un ami monégasque, il entre en janvier 1946 au Parisien libéré comme rédacteur stagiaire. Il y rencontre celui qui sera son ami de toujours, Pierre Joffroy. Pendant quelques mois, il est « locataire clandestin » à la Cité universitaire, au pavillon de Monaco. Puis il emménage sur l’île Saint-Louis, dans un hôtel meublé, quai d’Anjou, où sont logés Gilles Deleuze, Georges Arnaud, Karl Flinker, Georges Decaune, Michel Tournier, Yvan Audouar, Alejandro Otero et François-Jean Armorin. Kateb Yacine les rejoindra en 1952. Dans les salons de Mme Tézenas, il rencontre Henri Michaux, Pierre Souvchinsky, Yves Benot, Paule Thevenin, André Berne-Joffroy, Guy Dumur, Michel Cournot… Journaliste le jour, poète la nuit, il commence l’écriture de Bas-relief pour un décapité, puis d’une pièce intitulée Les Menstrues.

1948-49 Avec Pierre Boulez et Bernard Saby, devenus ses amis, ils accueillent John Cage, Morton Feldman, Merce Cunningham et Morton Brown. Nommé, le 1er janvier 1949, rédacteur au Parisien libéré, il y devient la même année reporter, statut qu’il gardera jusqu’à son départ du journal, en 1956.

1950-51 Reportages souvent cosignés avec Pierre Joffroy sur des sujets variés : spiritisme, justice, pauvreté, Collaboration, exploitation de la main-d’œuvre en Martinique… Fin 1951, il part pour l’Algérie où il rencontre Kateb Yacine. De son côté, Pierre Joffroy écrit sur les bidonvilles nord-africains en France. Ce double reportage qui prévoit l’insurrection et décrit la grande misère de la population nord-africaine ne sera pas publié, mais ils écrivent au président de la République, Vincent Auriol, pour l’alerter sur la situation.

1952 Création à Cologne de son poème Oubli signal lapidé, musique de Pierre Boulez, par l’ensemble vocal Marcel Courand. Il assiste à un concert de Pierre Boulez, au théâtre des Champs-Elysées, où il prend à partie les spectateurs qui protestent contre cette musique.

1953 Il assiste au procès d’Oradour-sur-Glane. « La Justice militaire », article publié dans Esprit, dénonce l’acquittement d’un capitaine de gendarmerie « coupable d’avoir fait passer de vie à trépas quelques maquisards ». Il poursuit sa réflexion sur la justice avec un réquisitoire virulent contre le déroulement du procès de Pauline Dubuisson (Esprit de janvier).

1954 Il apprend le métier de dompteur pour réaliser l’enquête « Envoyé spécial dans la cage aux fauves » qui lui vaut le Prix Albert-Londres. Devenu grand reporter, il voyage en Amérique latine (Costa Rica, Salvador, Nicaragua). Envoyé spécial au Guatemala, il assiste à la chute du gouvernement Arbenz et rencontre un jeune médecin argentin, Ernesto Guevara, le futur Che. De retour d’Amérique centrale, il écrit dans Le Parisien libéré et Esprit et interviewe l’écrivain Miguel Angel Asturias pour Les Lettres françaises. Il commence à rédiger Le Quetzal puis Le Crapaud-Buffle et travaille avec Pierre Joffroy et Kateb Yacine sur une biographie de Churchill, publiée au Seuil.

1955 Il quitte le quai d’Anjou pour le 17e arrondissement. Retournant au Guatemala, il passe par Mexico. En Europe, dix ans après la fin de la guerre, il découvre des camps de « personnes déplacées », sur lesquels il écrit un article, « Malheur aux sans-patrie ».

Il entre à Paris-Match. Passant par la Russie, la Sibérie et la Mongolie, il part pour trois mois en Chine avec Chris Marker, Michel Leiris, Jean Lurçat, Paul Ricœur et René Dumont. À la découverte du théâtre chinois – et tout particulièrement de Kouan Han Shin, auteur du XIVe siècle – il rencontre Mei lan Fang, prodigieux comédien de l’opéra de Pékin, et retrouve son ami Wang, connu à Paris à la fin des années 40, qui l’introduit auprès de Mao Tsé-toung. Retour par le Transsibérien.

1956 Les journaux auxquels il collabore refuse son reportage sur la Chine, mais un livre paraît aux éditions du Seuil, dans la collection « Petite Planète » dirigée par Chris Marker. Il est naturalisé français. Pour France-Soir, il écrit une longue série d’articles « J’ai filé les détectives privés » et part en voyage avec Joseph Kessel à Helsinki.

1957 Il finit d’écrire la pièce Le Poisson noir, issue de son voyage chinois. L’Express et Détective lui offrent une place de rédacteur. En juin, il accepte le poste de rédacteur en chef de Libération (celui fondé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie) et part en septembre en Sibérie avec Chris Marker pour le tournage du film Lettre de Sibérie et l’écriture du livre Sibérie, – zéro + l’infini. À son retour, envoyé à Nantes par L’Express pour rendre compte des grandes manifestations des ouvriers nazairiens, il est matraqué par la police. Sa tête entourée de bandages illustre son article. Il fait procès aux CRS, et perd.

1958 Il décline la proposition de la Guinée de créer un journal à Conakry. Il commence à travailler, avec Pierre Joffroy, au scénario de L’Enclos et finit d’écrire Don Tibério, qui deviendra Le Crapaud-Buffle.

Au mois de mai, départ pour la Corée du Nord et la Chine, avec une délégation où se retrouvent, entre autres, Chris Marker, Claude Lanzmann, Francis Lemarque et Claude-Jean Bonnardot. Le gouvernement nord-coréen lui propose de réaliser un film. Il en écrit le scénario et en commence le tournage en collaboration avec Bonnardot qui finira le film et en assurera le montage en France. Ce film, Moranbong, est interdit à sa sortie en 1960 et autorisé en 1964. Sur le chemin du retour, il séjourne en Chine, dans le Sin-Kiang et le Kiang-Si. Il rentre en France en novembre.

1959 Il écrit pour Libération – où sa longue absence lui a fait perdre son poste de rédacteur en chef – un reportage : « La Chine contre la montre ». Il suit le Tour de France à moto, interviewe Marlon Brando et écrit en décembre pour Paris-Match, où il est devenu grand reporter, son dernier article comme journaliste : « La France pleure Gérard Philipe ».

Avec Le Poisson noir, que le Seuil a édité l’année précédente, il obtient le prix Fénéon de littérature. Jean Vilar monte Le Crapaud-Buffle au Théâtre Récamier, Petit TNP. Malgré l’échec auprès de la critique, Jean Vilar l’incite à persévérer. Désormais, il se doit, lui dit-il, à un public, les onze mille personnes venues assister aux représentations.

Il part en Italie, dans la maison de sa mère, dans le Piémont, où il commence à écrire Auguste G. et l’adaptation du Château de Kafka pour le cinéma, film non réalisé avec Charlie Chaplin pressenti dans le rôle principal.

1960 Il réalise en Yougoslavie son premier film, L’Enclos, dont il a écrit le scénario et les dialogues avec Pierre Joffroy.

1961 L’Enclos est présenté dans plusieurs festivals où il obtient des prix : à Cannes, celui de la Critique ; à Moscou, celui de la mise en scène – la délégation polonaise, qui critique fortement le contenu du film, l’ayant empêché d’avoir le Grand Prix – et où il rencontre Nazim Hikmet ; à Mannheim, où il reçoit une Mention spéciale hors concours. Le film est accueilli par des critiques dithyrambiques.

1962 Trois spectacles sont créés : La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G. à Villeurbanne (dirigé par Roger Gilbert et Roger Planchon), dans une mise en scène de Jacques Rosner ; La Deuxième Existence du camp de Tatenberg par Gisèle Tavet au Théâtre des Célestins à Lyon ; Le Voyage du Grand Tchou dans une mise en scène de Roland Monod au TQM de Marseille.

Il réalise à Cuba son second film, El Otro Cristobal, notamment avec des comédiens et le décorateur Hubert Monloup rencontrés sur le spectacle La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G.

1963 El Otro Cristobal représente Cuba au Festival de Cannes et y obtient le prix des Écrivains de cinéma et de télévision.

Pour la première fois, il met en scène une de ses pièces : Chroniques d’une planète provisoire, au théâtre du Capitole, à Toulouse.

Jacques Rosner crée au Festival de Berlin La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G., et en reprend une version française au Théâtre de l’Odéon, à Paris, l’année suivante.

1964 Il met en scène Le Poisson noir au Théâtre Daniel-Sorano, à Toulouse. De retour d’Algérie, il écrit Selma, le scénario d’un film non réalisé sur la guerre d’Algérie.

1965 Il rencontre Erwin Piscator avec lequel il s’entretient à la télévision allemande. Sa pièce La Deuxième Existence du camp de Tatenberg est créée à Essen, en RFA. Il travaille à un projet sur Staline, Mort de Staline à travers l’œil d’une mouche, dont les seules traces écrites se trouvent dans le livre-mémoire d’Antoine Bourseiller, publié en 2007.

Il écrit le scénario de L’Affiche rouge, qui lui fait rencontrer de nombreuses organisations d’anciens Résistants de la MOI (Main-d’œuvre immigrée), dont Mélinée Manouchian et Arsène Tchakarian. Le sujet sera traité, dix ans après, avec La Première Lettre, série de six films à L’Isle-d’Abeau.

1966 Il crée deux pièces : en janvier, au TNP-Palais de Chaillot, Chant public devant deux chaises électriques et en mai, à Saint-Étienne, Un homme seul.

Le Poisson noir et Chroniques d’une planète provisoire sont montées en Allemagne, La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G. en Angleterre et Chroniques d’une planète provisoire en Belgique.

Il écrit avec Pierre Joffroy une nouvelle version de L’Affiche rouge, Le Temps des cerises, qui obtient l’avance sur recettes du CNC, mais le film ne sera pas réalisé.

1967 Reprise à Toulouse de Chroniques d’une planète provisoire créé en 1963. À la demande du Collectif intersyndical d’action pour la paix au Vietnam, il écrit un texte sur la guerre du Vietnam : La Nuit des rois de Shakespeare par les comédiens du Grenier de Toulouse face aux événements du Sud-Est asiatique : V comme Vietnam, qu’il met en scène en avril, au théâtre Daniel-Sorano, à Toulouse. Le Groupe V se fonde à l’issue de la tournée de quarante-cinq dates en France, Belgique et Suisse.

À la demande du réalisateur Marcel Bluwal, pour l’ORTF dirigé par Emile Biasini, il écrit le scénario d’une série de trois émissions d’une heure sur la Commune de Paris, en vue de son centenaire. Les événements de Mai 68 mettront fin au projet.

La Passion du général Franco est créée à Kassel et Tatenberg II à Bradford, en Angleterre.

Inspiré par l’histoire de l’ingénieur Tsutomu Yamaguchi, un des rares hommes à avoir subi les deux explosions atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, il écrit La Cigogne et offre le texte à Jean Hurstel qui le mettra en scène au printemps suivant au Théâtre universitaire de Strasbourg.

1968 À la demande de Guy Rétoré, Emile Copfermann, écrivain, critique théâtral et directeur de collection aux éditions Maspero, réunit des habitants du 20e arrondissement de Paris, afin que Gatti écrive, grâce à leurs témoignages et à travers leur imagination, une pièce sur les transformations urbaines du quartier. Ainsi naîtra Les Treize Soleils de la rue Saint-Blaise, mis en scène par Guy Rétoré au Théâtre de l’Est parisien. Dès le 11 mai, les représentations, qui trouvent de nombreux échos dans la rue, sont arrêtées, malgré le souhait d’Armand Gatti d’organiser des débats dans le théâtre. Il participe à plusieurs manifestations. Au cours de l’une d’elles, il se fait briser les mains en protégeant sa tête. Contraint à l’immobilité, il dicte le texte d’un spectacle de rue sur la Commune, représenté à travers Paris par son équipe.

La Naissance est créée par Roland Monod à la Biennale de Venise et V comme Vietnam montée en Allemagne (RFA et RDA).

La Passion du général Franco est retirée de l’affiche le 19 décembre, pendant les répétitions, sur ordre du gouvernement français, à la demande du gouvernement espagnol.
Un comité de soutien regroupant un très grand nombre de personnalités du monde culturel et artistique se forme. André Malraux, ministre de la Culture, propose des solutions de rechange, mais rien n’aboutit.

1969 Devant les difficultés rencontrées pour créer La Passion, il quitte la France et s’installe à Berlin-Ouest, invité à la fois par le Sénat et l’université où il a de nombreux amis. Il travaille auparavant à Stuttgart – où il retrouve son vieil ami Hans Christian Blech, interprète de L’Enclos et qui va jouer le rôle principal dans son troisième film, Ubergang über den Ebro (Le Passage de l’Èbre), produit par la télévision ZDF – puis à Kassel où il réécrit La Naissance, qu’il met en scène au Staatstheater.

Il est beaucoup joué : V comme Vietnam à Berlin, Un homme seul à Celle.

Avant de quitter la France, il a écrit L’Interdiction ou Petite histoire de l’interdiction d’une pièce qui devait être représentée en violet, jaune et rouge, dans un théâtre national, dont Jean-Marie Lancelot s’empare pour le présenter avec des comédiens rescapés de l’aventure du TNP au théâtre de la Cité universitaire, puis en tournée en RFA et en France.

Le groupe V, dont ce sera les dernières activités, produit La Journée d’une infirmière, qui tourne en France. Elle est aussi montée par Pierre Chaussat et par Viviane Théophilidès au Théâtre populaire des Pyrénées.

La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G. est jouée au Piccolo Teatro de Milan, dirigé par Paolo Grassi qui invite à la première la mère d’Armand Gatti, l’épouse d’Auguste.

1970 Il travaille comme OS à Berlin pendant plusieurs mois, aux usines Osram. Les pièces du Petit manuel de guérilla urbaine, écrites l’année précédente, sont jouées de nombreuses fois en Allemagne, à Hanovre et Bremerhaven. Dominique Lurcel monte Les Hauts Plateaux à la Maison des jeunes et de la culture de Fresnes. En juin, Le Chat sauvage, nouvelle version d’Interdit aux plus de trente ans, texte dit collectif, est créé par Jean-Marie Lancelot.

1971 Rosa Collective est créée par Kai Braak, Günter Fischer et Ulrich Brecht, à Kassel et La Cigogne par Pierre Debauche à Nanterre. Lucien Attoun, apprenant qu’Armand Gatti vient d’écrire un texte sur Rosa Luxembourg, l’invite à en faire une lecture au XXVe festival d’Avignon, dans le lieu qu’il vient d’ouvrir, la chapelle des Pénitents blancs.

1972-73 Invité par l’Université libre de Berlin, il y fait des conférences, en janvier et février 1972, sur le théâtre de rue (en URSS, Allemagne, Chine, USA, Vietnam, etc.) et sur sa propre expérience.

Henry Ingberg et Armand Delcampe, directeurs de l’Institut des arts de diffusion (IAD) de Louvain, l’invitent à travailler avec leurs étudiants. C’est ainsi que vont naître : La Colonne Durruti ou Les Parapluies de la Colonne IAD (usine Rasquinet, quartier de Schaerbeek, à Bruxelles) et L’Arche d’Adelin (dans le Brabant wallon), travaux collectifs avec les étudiants, qu’il écrit et met en scène.

1974 Il rentre en France. Il finit d’écrire Quatre schizophrénies à la recherche d’un pays dont l’existence est contestée. Vu le succès de la lecture de Rosa Collective, Lucien Attoun l’invite au XXVIIIe festival d’Avignon, à la chapelle des Pénitents blancs, pour une nouvelle expérience : une mise en espace de son texte sur la colonne Durutti. Un stage, regroupant jeunes comédiens et élèves de l’IAD, s’organise en mai et juin, en Normandie. Cela donne La Tribu des Carcana en guerre contre quoi ?

Il travaille avec Marc Kravetz à un nouveau scénario sur une histoire de Mai 68 : Les Katangais, jeunes banlieusards engagés par les étudiants pour faire le service d’ordre de la Sorbonne.

1975 Devant le succès des représentations de La Tribu des Carcana en guerre contre quoi ?, le ministre de la Culture, Michel Guy, lui demande de lui proposer un projet. C’est ainsi que naît l’Institut de recherche des mass-média et des arts de diffusion. Cette structure, préfigurée par les expériences menées en Belgique, est présentée dans trois notes remises au cabinet du ministre.

Son retour en France correspond aussi à l’invitation de Jean Hurstel, directeur du Centre d’action culturelle de Montbéliard, qui lui commande « une pièce sur le monde ouvrier ». Ce projet se transforme en une vaste saga vidéo, Le Lion, sa cage et ses ailes, six films racontant une ville à travers son émigration. Pour produire cette série vidéo avec l’INA, il crée la société Les Voyelles avec Hélène Châtelain, Stéphane Gatti et Jean-Jacques Hocquard.

Avant de quitter l’Allemagne, il crée un dernier spectacle au Forum Theater sur les femmes résistantes allemandes : La Moitié du ciel et nous en hommage à Ulrich Meinhof.

Le festival d’Automne, dirigé par Alain Crombecque, lui propose de venir créer un spectacle. Il choisit de s’installer dans un CES à Ris-Orangis et de travailler à la fois avec des comédiens, les jeunes du CES et deux journalistes, Pierre Joffroy et Marc Kravetz, coauteurs et interprètes de l’une des pièces issues de l’expérience, Le Joint.

1976-77 Le théâtre Le Palace, dirigé par Pierre Laville, produit la nouvelle version de La Passion du général Franco par les émigrés eux-mêmes. Ne voulant pas s’installer dans un théâtre classique, il crée le spectacle dans les entrepôts Calberson. Parmi les spectateurs, Gilles Durupt et Gabriel Cohn-Bendit, responsables de la Maison des jeunes et de l’éducation permanente (MJEP) de Saint-Nazaire, veulent faire venir le spectacle dans leur ville.

De cette invitation, c’est un tout autre projet qui naît : Le Canard sauvage qui vole contre le vent, création collective autour de la dissidence soviétique. Viendront dans la ville ouvrière de nombreux invités : André Glucksmann, Franco Bassaglia, Robert Castel, Félix Guattari, Claude Lefort et plusieurs dissidents, dont Leonid Pliouchtch et son épouse Tatania Jitnikova, Victor Nekrassov, Vadim Delauney, Natalia Gorbanevskaïa, le syndicaliste Victor Feinberg et celui pour qui cette action a été imaginée, Vladimir Boukovsky. L’expérience commence en septembre 1976 et le travail sera présenté sous chapiteau au milieu d’une exposition en février 1977. Parmi les participants, les frères Dardenne, ses anciens élèves à l’IAD, et le jeune écrivain Michel Séonnet, dont les chroniques de l’événement seront publiées dans un livre… trente ans après.

1977 En début d’année, est projeté à Montbéliard, Le Lion, sa cage et ses ailes en présence des communautés avec lesquelles ce film a été tourné.

Faisant suite au travail de Saint-Nazaire, il écrit Le Cheval qui se suicide par le feu, que Lucien Attoun invite au XXXIe Festival d’Avignon, à la chapelle des Cordeliers. Ce spectacle est conçu comme une série de lectures et de séances de travail publiques, en présence de témoins : Alexandre Galitch, Tania et Leonid Pliouchtch.

Il est invité en Irlande, par l’University College de Dublin, à une représentation de La Cigogne traduite et mise en scène par Joseph B. Long.

1978 Invité une nouvelle fois par Joseph B. Long, il fait une tournée de conférences en Irlande et en Grande-Bretagne. Il rencontre alors Paddy Doherty, directeur du workshop de Derry (Ulster).

En octobre, la Tribu – nom qu’il donne aux personnes qui travaillent avec lui – s’installe dans la ville nouvelle de L’Isle-d’Abeau (entre Lyon et Grenoble) avec pour projet de « donner quelques instants de plus à vivre, à travers votre imaginaire » à Roger Rouxel, l’un des vingt-trois fusillés du groupe Manouchian au mont Valérien. Cette création débouche sur la réalisation de six films vidéo sous le titre La Première Lettre.

1979 Joseph B. Long donne deux représentations de La Deuxième Existence du camp de Tatenberg à Canterbury et Belfast, auxquelles il assiste. Il retourne en Ulster pour imaginer un projet de film et d’écriture avec le workshop de Paddy Doherty à Derry.

En août, il s’installe pour un an, avec une bourse d’écriture du ministère de la Culture, dans le Piémont, dans la maison héritée de sa mère décédée l’année précédente, à Pianceretto. La Première Lettre est diffusée sur FR3, et Libération publie alors un très long entretien, sur six numéros, avec Marc Kravetz (édité en 1985 sous le titre L’Aventure de la Parole errante).

1980 Huit versions de La Parole errante sont écrites. Les sept premières sont brûlées, la huitième restera à l’état de manuscrit jusque dans les années 1990. Il s’agit de la confrontation de « tous les Gatti ayant existé » avec l’Histoire, l’Utopie et l’Ecriture.

1981 Installation en Irlande du Nord (Derry) dès janvier, pour préparer le tournage d’un film. Commencé le jour de la mort du premier volontaire des grèves de la faim, Bobby Sands, le 5 mai, il se terminera le jour de la mort du dernier, Micky Devine, le 20 août. Nous étions tous des noms d’arbres est coproduit par la télévision belge, une société irlandaise spécialement créée par la communauté des habitants de Derry et la société de production des frères Dardenne.

1982 Le ministère de la Culture lui propose de s’installer à Toulouse pour y créer l’Atelier de création populaire. Appelé l’Archéoptéryx, cet atelier est inauguré, après travaux, dans un ancien restaurant universitaire.

Nous étions tous des noms d’arbres obtient le prix Jean-Delmas au Festival de Cannes et l’attribution du meilleur film de l’année au festival de Londres l’année suivante.

Le ministère des Relations extérieures l’invite à se rendre au Canada (Québec, Montréal, Winnipeg, Toronto, Ottawa), puis à Chicago où il recherche les traces du passage de son père.

Le Labyrinthe, pièce écrite en Irlande, est créée en mai, à Gênes, puis au Festival d’Avignon. Y sont invités, les familles des grévistes de Long Kesh et Paddy Doherty. Les personnages de l’histoire réelle sont confrontés à la pièce.

1983 Il commence l’écriture d’un nouveau scénario qu’il voudrait tourner à Toulouse, La Licorne, qui devient une pièce de théâtre : Opéra avec titre long.

L’Archéoptéryx programme un « Cycle des poètes assassinés » inauguré avec Bobby Sands et des poètes irlandais, dont la mise en scène de La Nuit de Cuchulain et du Seuil du royaume de W. E. Yeats. Suivent, Jacques Stephen Alexis, avec l’adaptation et la mise en scène de son texte La Sauterelle bleue, et Otto‑René Castillo : il crée, sous le nom de Blas Tojonabales, Retour à la douleur de tous ou la route de Zacapas et, sous le nom de Genitivo Rancun, La Crucifixion métisse. De mai à décembre, tous les mercredis et samedis après‑midis, ouverture de Radio Astrolabe sur les ondes de Canal Sud. Un journal est créé, L’Archéoptéryx et son œuf géant, dans lequel il publie un poème éditorial, Occitanie. Viennent pour des conférences et débats : Rafael Alberti, Jean‑Pierre Changeux, Serge July, la Fédération anarchiste, Michel Auvray, Jean Delumeau, Michel Vovelle, Philippe Ariès, Jean‑Paul Aron.

Accueil de Manuel José Arcé, poète guatémaltèque, jusqu’à sa disparition en 1985.

1984 L’atelier consacre son année à l’URSS sous le titre : «1905-Russie/1917/URSS-1935 » : exposition La Victoire sur le soleil : Khlebnikov/Malevitch, rétrospective du cinéma muet soviétique des années 1920-1930 avec la Cinémathèque de Toulouse, diverses créations dont La Révolte des objets de Maïakovski, dans laquelle il joue le rôle de l’auteur.

Premier stage avec le Collectif de recherche sur l’animation, la formation et l’insertion (Crafi) autour de Nestor Makhno : L’Émission de Pierre Meynard.

Accueil de Michel Serres, Jean-Michel Palmier, Michel Lépine et Alain Robbe-Grillet.

Le ministère des Affaires étrangères lui commande une présentation de l’ensemble de son œuvre audiovisuelle : Le Poème cinématographique et ses pronoms personnels dont le titre pourrait être l’Internationale.

Il est invité à lire Opéra avec titre long au Palais de Chaillot par Antoine Vitez (qui aurait voulu créer la pièce à la Comédie-Française). Voyageant en Autriche sur invitation du Centre culturel français de Vienne, il assiste à la générale de La Deuxième existence de Tatenberg à l’Akademie Theater.

1985 L’Archéoptéryx organise un mois sur la Résistance allemande, en collaboration avec le Goethe Institut et la librairie Ombres blanches.

Avec le deuxième stage du Crafi, il crée Le Dernier Maquis, représenté au Centre Georges-Pompidou, à l’invitation de Gabriel Garran, pour la première manifestation du Théâtre international de langue française (TILF), où il rencontre le poète québécois Garneau.

En août, fin de l’expérience à Toulouse.

1986 Naissance à Montreuil, à l’invitation du Centre d’action culturelle dirigé par Francis Gendron, de La Parole errante dont il est le directeur artistique et Jean-Jacques Hocquard le directeur administratif.

Invité par l’École nationale de théâtre de Montréal, il monte au théâtre du Monument national Opéra avec titre long, qu’il présente à cette époque comme « son testament ».

Réinvité par le Centre culturel français à Vienne, il anime un stage sur Ulrike Meinhof, présenté au Dramatisches Zentrum.

1987 À Montreuil, Les Arches de Noé, pièce créée par Hélène Châtelain lors du troisième stage du Crafi, est présentée au théâtre Berthelot dans le cadre de l’exposition 50 ans de théâtre vus par les 3 chats d’Armand Gatti. Des témoins de sa vie et de son œuvre en sont, pendant un mois, les guides : Robert Abirached, Lucien Attoun, Raymond Bellour, Alain Crombecque, Armand Delcampe, Bernard Dort, Gabriel Garran, Jean Hurstel, Pierre Joffroy, Marc Kravetz, Dorothy Knowles, Jean-Pierre Léonardini, Heinz Neumann-Riegner, Jack Ralite, Madeleine Rebérioux, Jacques Rosner, Max Schoendorff, Viviane Théophilides, Pierre Vial, André Wilms, Michel Simonot, Evelyne Didi, etc. L’exposition est invitée au XLIIIe Festival d’Avignon.

Invité par l’université de Québec à Montréal (UQM), il y crée Le Passage des oiseaux dans le ciel, adaptée du Poème cinématographique et jouée dans les locaux universitaires.

Pour une exposition à Turin, il écrit sur sa mère Ton nom était joie, poème édité par La Parole errante.

1988 Le ministre de la Culture, Jack Lang, lui remet le Grand Prix national du théâtre.

Invité à l’université de Rochester (État de New York), il y adapte Les Sept Possibilités du train 713 en partance d’Auschwitz au contexte social américain.

De retour à Toulouse, il travaille sur la Révolution française et crée avec le quatrième stage du Crafi Nous, Révolution aux bras nus.

Il écrit la suite de Letizia : L’Homme qui volait avec des plumes de coq, sur son père. Ton nom était joie, scénario-poème filmé par Stéphane Gatti, obtient le prix Télérama du Festival de Montbéliard en septembre.

1989 Il célèbre le bicentenaire de la Révolution française en créant Les Combats du jour et de la nuit à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis avec douze détenus.

Un colloque international « Salut Armand Gatti » est organisé par l’université de Paris 8 par Michelle Kokosowski et Philippe Tancelin. Il reçoit à Asti le prix Alfieri, récompensant « un grand poète français d’origine italienne ».

Jack Lang, ministre de la Culture, lui confie la mission de mettre sur pied un lieu où des auteurs de langue française pourront « confronter leur écriture avec des groupes aussi diversifiés que des jeunes éloignés de toute culture classique et certains professionnels du théâtre ».

Répondant à une commande de René Gonzales, directeur de la Maison de la culture de Bobigny, et de Robert Abirached et à la demande de Michelle Kokosowski, il écrit Le Chant d’amour des alphabets d’Auschwitz qu’il lit à la Maison de la culture de Bobigny.

1990 Il s’installe à Marseille à l’invitation de Dominique Wallon, directeur des Affaires culturelles de la Ville. Traitant de la montée du fascisme et en souvenir de l’environnement de son enfance, il écrit sur Mussolini Le Cinécadre de l’esplanade Loreto reconstitué à Marseille pour la grande parade des pays de l’Est. Le spectacle est joué par un nouveau groupe de jeunes en stage de réinsertion.

1991 Alain Crombecque, voulant développer le Festival d’Avignon dans sa banlieue, fait appel à lui pour imaginer un travail avec des jeunes de la « périphérie ». C’est ainsi que naît Ces empereurs aux ombrelles trouées. Parution de OEuvres théâtrales aux éditions Verdier.

1993 À l’initiative de Philippe Foulquier, directeur de la Friche de la Belle de Mai et avec le soutien très actif de l’adjoint à la Culture, le poète Julien Blaine, Le Chant d’amour des alphabets d’Auschwitz, parcours théâtral en sept lieux de Seine-Saint-Denis, est repris à Marseille. Il y devient Marseille Adam quoi ?, avec quatre-vingts jeunes. Le spectacle est présenté durant deux jours, dans dix lieux de la ville.

Invité en Egypte, il fait le voyage avec Michel Séonnet. Il y est nommé Chevalier du théâtre par le ministère de la Culture.

1994-95 Il reçoit la médaille de vermeil Picasso, attribuée par l’Unesco pour sa contribution exceptionnelle au développement du théâtre de notre temps.

Une fois encore, Jean Hurstel l’invite sur ses terres. Avec quatre-vingts stagiaires, il va créer à Strasbourg Kepler, le langage nécessaire, annoncé comme un work in progress sous le titre révélateur de son état d’esprit : Nous avons l’art afin de ne pas mourir de la vérité. F. Nietzsche. Cette expérience sera très fructueuse en rencontres avec des scientifiques : Agnès Acker, Francis Bailly, Jean-Marie Bron, Guy Chouraqui, Baudoin Jurdant et Élisabeth Stengers. C’est le début de la saga de La Traversée des langages, marquée par sa découverte de la théorie quantique et de Jean Cavaillès.

1996-97 L’Enfant-Rat est créé à Limoges, au Festival des francophonies. Il crée L’Inconnu n° 5 du fossé des fusillés du Pentagone d’Arras à Sarcelles.

La Parole errante s’installe dans la Maison de l’Arbre, à Montreuil, sur l’emplacement des studios où Méliès inventa le cinéma de fiction, lieu que lui a attribué le conseil général de la Seine-Saint-Denis.

1998-99 Premier voyage en langue maya, expérience avec vingt-cinq jeunes de la Seine-Saint-Denis à La Maison de l’Arbre, est suivie, à Genève, de la création de Deuxième voyage en langue maya avec surréalistes à bord et des Incertitudes de Werner Heisenberg…

Parution de La Parole errante aux éditions Verdier.

Nommé chevalier de la Légion d’honneur, la décoration lui est remise par Dominique Wallon, directeur de la Musique, du Théâtre et des Spectacles au ministère de la Culture.

2000 Au Théâtre universitaire de Besançon, animé par Lucile Garbagnati, il participe au colloque « Temps scientifique et Temps théâtral » où il lit Incertitudes de la mécanique quantique devenant chant des oiseaux du Graal pour l’entrée des groupes de Galois dans le langage dramatique.

2001 À la Maison de l’Arbre, exposition-réponse à la question « Avec quels mots, avec quelles images inventer un lieu culturel ? »

Chant public pour deux chaises électriques est créé par Gino Zampieri à Los Angeles.

2002 Il lit Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide au Théâtre universitaire de Besançon.

2003 Les Sept Possibilités du train 713 en partance d’Auschwitz est créé par Eric Salama à Genève, Incertitudes de la mécanique quantique… par Nicolas Ramond à Besançon et Le Couteau-toast d’Évariste Galois avec lequel Dedekind fait exister la droite en mathématiques… par lui-même au Théâtre universitaire de Franche-Comté, dans le cadre d’un stage réunissant des étudiants de quinze nationalités, au gymnase Fontaine-Écu, à Besançon.

2004-05 Il est fait commandeur des Arts et Lettres et reçoit le prix du Théâtre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD).

2006 Il crée Les Oscillations de Pythagore en quête du masque de Dionysos à l’hôpital psychiatrique de Ville-Évrard, avec des étudiants français et étrangers. Il lit le poème Les Cinq Noms de Résistance de Georges Guingouin dans la forêt de la Berbeyrolle, sur le plateau de Mille-Vaches, en Corrèze.

2007 Première rétrospective complète de ses films au Magic Cinéma de Bobigny et lecture du Passage des oiseaux dans le ciel par la Comédie-Française, retransmise en direct sur France Culture.

À l’occasion d’une soirée poétique sur son œuvre à l’église Saint-Bernard (Paris 18e), la grande médaille de vermeil de la Ville de Paris lui est remise.

2008 Dans le cadre d’une exposition « Mai 1968-mai 2008 », lectures et mises en scène de quatre pièces du Petit manuel de guérilla urbaine au Nouveau théâtre de Montreuil. L’exposition Comme un papier tue-mouches dans une maison de vacances fermée sur Mai 68 se tient à la Maison de l’Arbre. Au vernissage, il lit le poème Révolution culturelle, nous voilà !, l’une des préfaces de La Traversée des langages. À la clôture de l’exposition, Pierre Vial, sociétaire de la Comédie-Française, lit Un homme seul.

2009 Il lit le poème Les Arbres de Ville-Évrard lorsqu’ils deviennent passage des cigognes dans le ciel à l’hôpital psychiatrique de Ville-Évrard.

Première résidence « Refuges des résistances » dans le Limousin. Il lit Mon théâtre ? Un théâtre quantique ? au Centre d’art contemporain à Meymac et Révolution culturelle, nous voilà ! à la Maison de la Poésie, à Paris.

Le Joint est mis en scène par Eric Salama, à la Maison de l’Arbre.

2010 À la Maison de l’arbre, dans le cadre de l’exposition 1954, 1965, 1968, 2006 – Amérique latine, miroir de nos engagements dans le temps, représentations de La Naissance, mise en scène de Mohamed Melhaa, et du Quetzal, mise en scène d’Eric Salama.

À l’issue de la deuxième résidence dans le Limousin, il crée Science et Résistance battant des ailes pour donner aux femmes en noir de Tarnac un destin d’oiseau des altitudes avec trente étudiants français et étrangers, au gymnase du lycée forestier de Neuvic.

2011 À la Cinémathèque française, à Paris, rétrospective et débats autour d’« Armand Gatti cinéaste, L’Œuvre indispensable ».

2012 À la Maison de l’Arbre, une exposition de Stéphane Gatti Hypothèses de travail pour entrer dans La Traversée des langages d’Armand Gatti, est associée à des rencontres, des projections et des représentations de Rosa Collective, mise en scène par Armand Gatti et de La Cigogne par Matthieu Aubert.

La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G. est mis en scène par Emmanuel Deleage à Los Angeles. La nouvelle promotion de L’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT) à Lyon porte son nom.

Il lit Les Pigeons de la grande guerre après la projection du film Il tuo nom era Letizia au Théâtre de la Girandole, à Montreuil, avec la participation de la chorale de Pianceretto, le village de sa mère.

2013 Il lit Révolution culturelle, nous voilà ! à la Comédie de Saint-Etienne et Limoges, et le poème Mort-Ouvrier à Carcassonne. Il lit Le ?, un tableau de Bernard Saby à la galerie Aliceday de Bruxelles et à la Maison de l’Arbre, dans le cadre de l’exposition Bernard Saby Variations réalisée par Stéphane Gatti.

Prix du Théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre

2014 Pour ses quatre-vingt-dix ans, en janvier-février à la Maison de l’Arbre, reprise de Ces empereurs aux ombrelles trouées, qu’il met en scène avec Matthieu Aubert, et de Berlin, les personnages de théâtre meurent dans la rue, par Jean-Marc Luneau.

En mars, France Culture rediffuse Berlin, les personnages de théâtre meurent dans la rue et Didascalie se promenant seule dans un théâtre vide.

Juillet : Création de Résistance selon les mots, texte et mise en scène d’Armand Gatti avec avec les étudiants de la 74e promotion de l’ENSATT, l’Ecole de la comédie de Saint-Etienne, l’Université de Lyon. Représentation le 29 juillet à l’ENSATT (studio Lerrant), Lyon, à l’occasion du Festival « Les Nuits de Fourvière ».

Décembre : sortie numérique de L’Enclos (Clavis Films)

2015 Janvier : Editions de deux textes inédits.

– La Mer du troisième jour, poème inédit d’Armand Gatti illustré par Emmanuelle Amann aux éditions Æncrages & Co.

– Ces empereurs aux ombrelles trouées aux éditions L’Entretemps. Pièce d’Armand Gatti. Création en 1991 au Festival d’Avignon. Nouvelle mise en scène en janvier 2014.
 

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February 23, 2017 7:34 PM
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Décès du comédien Jean-Pierre Jorris à 91 ans

Décès du comédien Jean-Pierre Jorris à 91 ans | Revue de presse théâtre | Scoop.it




PARIS (AFP) - 
Le comédien Jean-Pierre Jorris, qui a incarné Rodrigue dans le premier "Cid" monté à Avignon par Jean Vilar, est décédé mardi à Paris à 91 ans, a annoncé mercredi son fils à l'AFP.

Né en 1925, Jean-Pierre Jorris, de son vrai nom Jean-Pierre Leroux, a rejoint peu après sa sortie du conservatoire la première troupe de Jean Vilar.

Il débute dès 1944 dans Feydeau ("Monsieur chasse!") et fait partie du Festival d'Avignon dès sa fondation par Vilar en 1947, puisqu?il joue dans ce qui s'appelait à l'époque "la semaine d'art d'Avignon" deux pièces: "L'Histoire de Tobie et Sara" de Paul Claudel et "La Tragédie du roi Richard II" de Shakespeare.

C'est ensuite le premier Cid donné en Avignon, en 1949, avant celui incarné par Gérard Philipe (qui le mettra plus tard en scène dans "Lorenzaccio" en 1952).

Jean-Pierre Jorris n'a pas quitté les planches jusque dans les années 2000, et a joué sous la direction d'Albert Camus, Jean-Louis Barrault, Georges Wilson, Peter Brook, Philippe Adrien ou Roger Planchon.

Il retrouve Avignon en 1985 dans "Lucrèce Borgia" par Antoine Vitez puis "Don Carlos" de Schiller en 1986.

Homme de théâtre, Jean-Pierre Jorris a peu joué pour le cinéma (une dizaine de films) et pour la télévision. Il aura marqué de son empreinte pas moins de 57 spectacles, tant dans le théâtre privé que public.


Photo © AFP/Archives | Jean-Pierre Jorris et Nada Strancar sur scène pour Lucrèce Borgia, au festival d'Avignon, le 25 juillet 1981

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February 6, 2017 6:29 PM
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Disparition d'Alain Gautré, artiste protéiforme et généreux 

Disparition d'Alain Gautré, artiste protéiforme et généreux  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Mathieu Dochtermann dans Toutelaculture.com


La disparition ce vendredi 3 février 2017 d’Alain Gautré va laisser de nombreuses familles du spectacle orphelines: s’il s’est surtout illustré au théâtre, il a aussi marqué de son empreinte les univers du clown et de la marionnette.



La nouvelle de la mort d’Alain Gautré a été annoncée ce vendredi 3 février 2017.


Alain Gautré faisait partie de ces artistes qui, bien que discrets et surtout connus d’un public spécialisé, sont renversants de talent quand on s’intéresse de près à leur carrière. En effet, l’artiste avait commencé au théâtre en 1975, avec Le Jardin d’à coté, une pièce qu’il avait non seulement écrite et mise en scène, mais où il tenait également le rôle des trente personnages sur scène !  Elève de Jacques Lecocq, il garde profondément la trace de l’approche corporelle et multidisciplinaire de son maître, dans l’école duquel il devient ensuite professeur.


Alain Gautré va donc explorer non seulement le travail de comédien et la mise en scène, mais également des arts de la scène connexes du théâtre, tels le clown ou la marionnette. C’est à ce titre notamment qu’il a remporté un certain succès avec Le gai savoir du clown, conférence-spectacle aussi drôle qu’instructive sur l’histoire de l’art du clown au travers des âges. C’est ainsi également qu’il animait un atelier Clown-Marionnette-Objet à l’ESNAM à Charleville-Mézières il y a quelques années.
C’est ainsi un grand artiste qui s’éteint, en laissant derrière lui plus d’un admirateur auquel sa présence scénique manquera…

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February 1, 2017 4:24 AM
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Ulla Baugué : la mort d’une reine, le décès d’une mère

Ulla Baugué : la mort d’une reine, le décès d’une mère | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog Balagan

Mi-mère, mi-reine, Ulla Baugué accompagna toutes les créations de Didier-Georges Gabily et de son groupe T’chan’G tout en étant proche du Théâtre du Radeau. Après la disparition de l’auteur de « Violences », on la vit souvent dans les spectacles des anciens du groupe T’chan’G, dont ceux de sa fille Catherine Baugué. Elle vient de s’éteindre. Hommage.


Elle se tient debout en robe bleue, elle ne semble pas voir ceux qui, devant elle, forment comme deux haies d’honneur pour écouter. « Le repos de la nuit n’allège mes travaux », commence-t-elle. C’est une femme meurtrie qui parle, qui lâche ses mots en les martelant pour mieux les forer. « J’ay l’estomach plus chaud que n’est la chaude braise, / Dont les Cyclopes nus font rougir leur fournaise », dit-elle maintenant. Une légère pointe d’accent allemand cingle doucement les mots dictés par l’amour.

« De qui j’enrage follement »

Parfois cette langue venue de loin nous parvient comme une langue d’alchimiste (« Ils forgent, renfrongnez, de Jupin le courroux »), des mots anciens que la voix de l’actrice réchauffe à ses lèvres. Elle finit maintenant, emportés que nous sommes dans sa douleur amoureuse : « D’Hippolyte que j’aime, et non pas seulement / Que j’aime, mais de qui j’enrage follement. » Elle marque un petit temps entre les deux derniers mots, laissant le temps au vent de s’engouffrer dans nos poumons solidaires. Puis on entend Léonard Cohen, « Take this Waltz », et tous se mettent à danser.

C’était au cœur de Gibiers du temps, la très grande pièce de Didier-Georges Gabily. Phèdre est l'un des personnages, Phèdre c'est Elle. Gabily a eu l’idée lumineuse d’offrir à l’actrice, outre ses mots, cette tirade extraite d’Hippolyte de Robert Garnier (1544-1590), une des pièces que Didier aimait et qu’il avait explorée avec les acteurs du groupe T’chan’G, donc avec elle.

Cette actrice magnifique, c’est Ulla Baugué. Elle vient de disparaître. Elle est enterrée au cimetière du Pré-Saint-Gervais, non loin de la maison où habite une de ses filles, l’actrice Catherine Baugué. Sa fille jouait à ses côtés lors de la création de Gibiers du temps en 1995, tout comme Frédérique Duchêne, Vincent Dissez, Nicolas Bouchaud et bien d’autres.

Le trou sans retour

Remontons le temps. Deux jeunes gens, Catherine Baugué et Jean-François Sivadier, sont élèves au conservatoire de théâtre du Mans. Ils entendent parler d’un type qui s’appelle Gabily et fait des ateliers. Ils y vont, ils y restent. Ulla Baugué, née et grandie en Allemagne, exerce alors au Mans la profession d’interprète dans l’industrie automobile. Elle est divorcée, mère de trois enfants. Quand sa fille Catherine lui dit souhaiter être actrice, sa mère, après des décennies de silence, lui avoue que c’était là son premier métier. Elève à l’école du Deutsches Schauspielhaus de Berlin, elle était dans la même promotion que Klaus Kinski. Un jour, on réquisitionne les jeunes acteurs pour le Théâtre aux armées, et soudain, devant un public de soldats, elle a un trou, énorme, sans retour. La représentation est interrompue, les soldats hurlent. Ulla Baugué arrête le théâtre.

Elle a 57 ans quand elle raconte cette histoire à sa fille. Raccordant tous les fils, Catherine emmène Ulla chez Didier-Georges Gabily, lequel accueille comme une reine cette actrice débutante qui a bossé toute sa vie. La mère comme la fille seront dans Violences, la première manifestation publique du groupe T’chan’G en 1995.

Le Mans, c’est aussi la ville du Théâtre du Radeau et, tout naturellement, Ulla y passera, avant même l’arrivée de François Tanguy, y jouant Brecht et Peter Handke. Elle interprétera également Tchekhov chez André Cellier au Théâtre libre du Maine où est passé Gabily.

« Inquiétez-vous de vous »

Bernard Sobel, qui l’a vue dans Violences, l’engage pour Marie d’Isaac Babel. Elle est de tous les spectacles mis en scène par Didier-Georges Gabily : Les Cercueils de zinc, Enfonçures, Gibiers du temps, Chimères et Dom Juan. Sa fille Catherine la met en scène dans Epandages (d’après Santoka) et plus tard dans Oh les beaux jours de Beckett. Après la mort brutale de Didier-Georges Gabily, elle est souvent à l’affiche des spectacles d’anciens du groupe T’chan’G comme Christian Esnay, Yann-Joël Colin, Nadia Vonderheyden. Elle tourne également dans plusieurs films, l’un des derniers étant Le Premier Homme (Gianni Amélio) d’après le livre de Camus.

Joël Pommerat fit appel à elle pour D’une seule main au Théâtre Paris-Villette et on la vit pour la dernière fois sur une scène en 2009 dans L’Homme-Jasmin d’après Unica Zürn, un spectacle de Magali Montoya, créé à la Fonderie du Mans. Elle avait alors 84 ans. Elle trônait au centre du plateau, assise sur une chaise, les quatre autres actrices debout formant un arc de cercle derrière elle.

La première fois que je l’ai vue, c’était lors de la création de Violences au Théâtre de la Cité internationale. Elle jouait Olgue, la femme au lourd secret. C’est vers la fin de la pièce, elle s’adresse au gardien qui ne sait trop qui elle est, elle s’adresse à tous les morts et à tous les vivants :

« Je suis Olgue. Je suis Macke. Je suis Irne.

Je suis le Menteur qui fouillait nos-vos poubelles, et ce jeune Boucher sympathique dont je ne connais même pas le nom.

Je suis Luc qui repose et dont vous vous inquiétez.

Là, je suis toute notre pauvre vie tout ensemble.

Inquiétez-vous de vous... »

Sur sa tombe au cimetière du Pré-Saint-Gervais, François Tanguy a déposé une miche de pain le jour de l’enterrement. A ce jour, les oiseaux n’ont pas encore osé la picorer.



Photo Ulla Baugué © catherine Bernad

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March 20, 2017 6:30 PM
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Trisha Brown sort de la danse

Trisha Brown sort de la danse | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Ève Beauvallet pour Libération 

Figure tutélaire du contemporain, célébrée pour son audace et sa conception du corps, la danseuse et chorégraphe américaine est morte samedi à 80 ans.



Nous sommes dans un appartement new-yorkais dans les années 60. Dans le salon, une femme coiffée d’un casque de cheveux flous, probablement vêtue d’un vieux jogging, déplace les meubles de son salon, les replace, les redéplace encore. La scène dure des heures, jusqu’à perdre tout sens utilitaire. Pousser la table, tirer un siège, lever un marteau… Pression, poids, contrepoids. Ou comment comprendre, via des actions quotidiennes répétées en boucle, la finesse de la mécanique humaine. Pendant qu’en divers endroits du monde, des milliers de danseurs s’affairent à la barre, face au miroir, dans leur entraînement quotidien, celle qui restera comme un des monstres sacrés de la danse du XXe siècle est en train de poser les bases d’une nouvelle conception du corps.

A l’annonce de la mort de Trisha Brown, survenue samedi à 80 ans, les différentes pièces du puzzle de la postmodern dance américaine ont ainsi convergé en une fraction de seconde pour tenir ensemble dans ce petit tableau domestique, dont on se sait plus à quel point on l’a fantasmé, mais qui semble s’être pétrifié dans le temps. Suivent des mots, en vrac, des expressions qu’elle employait pour qualifier la texture ou l’imaginaire d’un mouvement : danser une «phrase douce» comme une horloge, effectuer des «pas qui voyagent», déployer une «danse origami» ou, notre préférée, «Balance Carolyn comme une porte battante !» - selon la confidence de la danseuse Carolyn Lucas au Festival d’automne à Paris, un de ses grands soutiens français.

Huit ans après la disparition à un mois d’intervalle de Merce Cunningham et de Pina Bausch, le monde de la danse, et plus largement celui des arts, pleure ainsi l’une de ses dernières figures tutélaires. Sa disparition referme un peu plus les portes d’une époque, celle des grandes compagnies américaines, choyées par la France depuis les années 70 pour leur capacité à investir des grands plateaux, avec un nombre conséquent de danseurs, sans rien transiger de leurs exigences expérimentales.

Trisha Brown est peut-être la plus enfantine, la plus joueuse, la grande expérimentale, riche d’un parcours à la longévité rare et à l’influence encore vivace, rythmé par ses chorégraphies pour de prestigieuses institutions (comme celle du ballet de l’Opéra de Paris, même si c’est l’Opéra de Lyon qui possède le plus grand nombre de ses pièces), ses collaborations avec les pontes de la danse (Mikhaïl Baryshnikov), des arts visuels (Robert Rauschenberg) ou de la musique contemporaine (Laurie Anderson).

Plein air

On se rappelle que ses parents se désespèrent, lorsqu’elle est enfant (elle a grandi dans le nord des Etats-Unis, sur la côte Pacifique), de la voir grimper aux arbres et emboîter le pas de son frère aîné dans une trop virile inclination pour l’activité sportive : football, basket, athlétisme… Son père l’emmène chasser et pêcher dans les très verts parages d’Aberdeen (Washington), sorties qui nourriront certaines de ses premières chorégraphies solo. «Je suis tombée amoureuse de la danse un jour où je me trouvais sur le mur d’un immeuble et, au lieu de sauter à pieds joints, j’ai marché. Cette sensation de mouvement dans l’espace, cette mobilité m’ont interpellée», se souviendra-t-elle. Au Mills College, en Californie, elle étudie la discipline académique, avant de s’engouffrer en 1959 dans la modernité d’Anna Halprin, enseignée en plein air et fondée sur l’improvisation et la ritualisation de la gestuelle du quotidien. Elle y côtoie d’autres sommités chorégraphiques en devenir (Yvonne Rainer, Simone Forti…), mais aussi les compositeurs d’avant-garde La Monte Young et Terry Riley. L’été, des stages au Connecticut College l’exposent à l’enseignement de Louis Horst, Merce Cunningham et José Limón.

Tous les pas de danse un peu défiants de l’ordre établi mènent alors à New York, où fleurissent anarchiquement pop art et rock hippie, beat generation et performance art, inventions plastiques conceptuelles et minimalismes de toutes sortes, dans un entrechoquement des disciplines qui tient presque, en soi, du happening géant. Trisha Brown y atterrit en 1961. Viendront alors les cours de composition expérimentale de Robert Dunn, fondés sur les théories de création aléatoire de John Cage, au studio de Cunningham, puis la création du Judson Dance Theater qui sera tout au long des sixties le laboratoire de la postmodern dance et le creuset d’expérimentations sur le silence et l’épure, l’hybridation de champs artistiques qui jusque-là ne se toisaient qu’à distance. En 1970, elle donne naissance à la Trisha Brown Dance Company.

Contrairement à Cunnigham et Lucinda Childs qui, tout en déconstruisant la grammaire du ballet académique, continuent à en préserver le vocabulaire, la chorégraphe rompt de son côté avec la pensée d’un mouvement structuré par une géométrie du corps. Changement de paradigme : impossible de danser du Trisha Brown sans comprendre sa conception du corps comme mécanique, comme machine automotrice. Non plus l’abstraction géométrique, mais une abstraction, disons, organique. Avec Trisha Brown, c’est aussi le rêve d’une danse «démocratique». La virtuosité n’est plus à chercher dans les mouvements à exécuter (ils partent souvent de gestes quotidiens, personnels, reconnaissables), mais dans le montage qui en est fait. Soit des logiques de répétition ou d’accumulation pour court-circuiter la finalité d’un geste a priori banal.

Anomalie

Anciennes danseuses promues directrices adjointes, Diane Madden et Carolyn Lucas parlent aujourd’hui d’un répertoire immense à faire vivre, avec une compagnie d’«individus» (plutôt que le terme «danseurs») capables de prendre la responsabilité de leur danse. Entre reconstructions des œuvres et création d’archives en ligne, l’enjeu est d’inventer un mode de diffusion des œuvres inspiré des arts visuels. Trisha Brown, qui se considérait, en pionnière, comme une anomalie du système, se disait extrêmement réticente à encourager quiconque à devenir chorégraphe aux Etats-Unis.

Ève Beauvallet


Trisha Brown et sa compagnie dans «Set and Reset», en 1987. Photos Jack Mitchell. Getty images

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February 10, 2017 7:31 PM
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Alain Gautré, mort d'un clown

Alain Gautré, mort d'un clown | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Gilles Costaz dans Webthéâtre

Dans les années 70-80, une certaine compagnie dite du Chapeau rouge semait partout un rire critique et perturbateur. Il y avait là Catherine Frot, Pierre Pradinas, Jean-Pierre Darroussin et, parmi les fondateurs, Alain Gautré qui était le l’auteur ou le co-auteur des pièces représentées, Place de Breteuil, Babylone, Gevrey-Chambertin. Gautré, un jour, prit sa liberté. S’il continua à donner d’autres pièces dans d’autres circuits, comme Chef-lieu (sur le Front national, monté par Jean-Claude Fall), il refusa toujours la tour d’ivoire de l’écrivain, mais plongea différemment, avec d’autres partenaires, dans l’aventure collective du théâtre. Au moment où il mettait en scène sa comédie La-Chapelle-en-Brie, jouée par Jean-Pierre Darroussin, au Rond-Point, en 2009, il nous parlait du terme d’auteur qu’il relativisait. Clown en même temps qu’acteur (il a été formé chez Jacques Lecocq, ce qui fut essentiel dans sa vie), il connaissait toutes les facettes du spectacle et ne voulait situer l’écriture que dans un ensemble de composantes essentielles.
« Je me méfie du mot auteur, disait-il en 2009. J’ai derrière moi 25 mises en scène et 26 pièces. Dans les pièces, je compte des spectacles de clowns ou Siège que j’ai conçu pour le Théâtre du mouvement et qui ne comporte pas un mot. Je ne suis pas auteur mais juste quelqu’un qui songe au théâtre. Dans cet art, il y a deux personnes fondamentales : l’acteur et le spectateur. Je suis à leur service. Le théâtre, ce n’est pas seulement le texte. Je suis un bateleur philosophe. Il est évident que, si j’avais commencé il y a dix ans, j’aurais fait du théâtre de rue. Personne ne dit plus qu’il est vilarien, dans l’esprit de Jean Vilar. Moi, je reste fidèle à cette démarche. Je fais du théâtre qui s’adresse à tout le monde et je veux faire venir au théâtre ceux qui n’y vont pas. » 



Lorsqu’on lui demandait néanmoins de préciser le chemin parcouru entre les premières pièces et les nouvelles, il pensait qu’il n’a guère changé d’inspiration. « Place de Breteuil, c’était une pièce désespérée sur des gens qui n’arrivent pas à changer et à se situer. Je continue à parler de la même chose. La Société des auteurs vous demande d’indiquer le genre de chaque pièce. La première fois, j’ai écrit : tragédie burlesque, et je continue. Je fais une sorte de théâtre élisabéthain où il y a de la noirceur, de la comédie, du trivial, du philosophique, de l’épique, du quotidien. » De La Chapelle-en-Brie, où il fait se retrouver quatre frères longtemps séparés par la vie, il dit : « C’est sous l’influence de Tchekhov et du western. Le portrait d’un égoïste et de la droite ordinaire à travers une fratrie. » Et de Impasse des anges : « C’est une pièce sur le sexe, mais pas érotique. Le sexe est partout à présent, les gens se cherchent dans le sexe, il y a du politique et de l’économique dans le sexe. L’intime est contaminé par le sexe. »
Au Rond-Point, Alain Gautré se sentait bien, « chez Jean-Michel Ribes, dans la tribu des fantaisistes qui essaient de parler de choses graves ». Mais, avec sa compagnie Tutti Troppo, il travaillait beaucoup dans les marges. Il avait fait un admirable Avare, donné à la Tempête en 2006. « Je reviens toujours à Molière, disait-il. Par goût du drôle et du désespéré ». Il montait Molière en clown et il se disait clown. Sur les maîtres du genre, de Chaplin à Grock, il était incollable et il avait fait un merveilleux show, Le Gai Savoir du clown, qui était un exposé savant traversé de gags. Cet hommage à l’art du clown, il l’a beaucoup joué et tourné. Ce fut son dernier spectacle et cela devient son testament. Un testament hilarant : un appel à rire dans la beauté des gestes.



Il vient de mourir, brutalement, à 65 ans, ce personnage farceur et solidaire (il avait participé à la création des Ecrivains associés du théâtre). Un cancer foudroyant l’a terrassé. On venait de voir son nom dans la liste des collaborateurs du spectacle d’Hubert Colas, Une mouette et autres cas d’espèce : « Travail autour du clown : Alain Gautré ». Son ultime clownerie. Ses amis ne recevront plus, par sms, ses poissons du 1er avril où il vous proposait, par exemple, un poste de conseiller des arts burlesques au Qatar. Sans Alain Gautré, le monde est devenu trop sérieux.


Photo DR. Les textes d’Alain Gautré ont paru chez Actes Sud Papiers, L’Avant-Scène Théâtre, Théâtrales et différents éditeurs.

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February 4, 2017 7:25 PM
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La mort d'Alain Gautré

La mort d'Alain Gautré | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron dans Sceneweb


En juillet 2013, Alain Gautré délivrait son Gai savoir du clown au Petit Louvre dans le cadre du festival Off. Une sorte de conférence drolatique qui fait office aujourd’hui de testament. Alain Gautré vient de nous quitter. Ce matin ses amis lui rendent hommage comme Pierre Pradinas sur son compte facebook: « Un grand artiste, comédien, écrivain, clown« .

Formé chez Jacques Lecoq, Alain Gautré signe sa première pièce et sa première mise en scène en 1975: Le Jardin d’à côté, une comédie dont il interprète les 30 personnages. En 1977, il co-fonde Le Chapeau Rouge pour lequel il écrit et interprète Place de Breteuil, Babylone, Gevrey-Chambertin (écrit en collaboration avec Pierre Pradinas). Les trois spectacles sont mis en scène par ce dernier.

En 2000, il fonde la Compagnie Tutti Troppo et monte : Les Balancelles, de Catherine Zambon, fantaisie écrite pour marionnettes. Il a été co-scénariste de Pierre Pradinas sur deux films (Itinéraire bis, avec Jean-Pierre Darroussin et Catherine Frot ; Un tour de manège, avec François Cluzet et Juliette Binoche).

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January 13, 2017 7:26 PM
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Jean-Claude Amyl, à jamais

Jean-Claude Amyl, à jamais | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Armelle Héliot dans son blog "Le Grand Théâtre du monde" 


Le metteur en scène est comédien s'est éteint avant-hier à Marseille des suite d'un cancer.

Formé au conservatoire, ayant beaucoup joué, il s'était tourné vers la mise en scène et avait dirigé avec succès le Théâtre 14 qu'il avait nommé Jean-Marie Serreau. Mais à un moment, les tutelles l'ont lâché...

Nous avions publié dans les colonnes du Figaro, il y a près de quinze ans, un article que nous republions en complément de cet hommage.

Dans cet article, déjà, on voyait comment l'Etat, les tutelles en général, peuvent "lâcher" un artiste qui a beaucoup travaillé pour le service public, n'a jamais démérité. Rue Saint-Dominique, à la direction du théâtre et des spectacles, un jour on lui avait dit : "Vous n'êtes pas dans les tuyaux". Belle exemple de responsabilité administrative...

C'était un homme secret, tellement secret d'ailleurs que l'on ne vous dira pas ici son âge qui n'apparait jamais dans les articles...Il était de la promotion 1971 du Conservatoire national supérieur d'art dramatique. C'est la promotion de Francis Huster, Jacques Weber, Emmanuel Dechartre, Catherine Ferran, Virginie Pradal...Il devait avoir autour de 70 ans : il avait fait ses études en deux temps...Et surtout débuté très tôt au théâtre, bien avant les études ou en même temps que son premier apprentissage au cours Périmony.

Engagé très tôt dans la compagnie Renaud-Barrault, il avait joué sous la direction de grands metteurs en scène : avec Barrault dans Numance de Cervantès et dans Henry VI de Shakespeare, avec Roger Blin dans Les Paravents. Il joue également dans Medea de Sénèque, mise en scène de Jorge Lavelli.

Après le cours Périmony, il était donc entré dans au conservatoire et avait eu pour professeurs Fernand Ledoux et Maurice Jacquemont. Mais avait donc joué bien avant dans des troupes prestigieuses et interrompu ses études rue du Conservatoire pour faire sa coopération au centre culturel français de Yaoundé au Cameroun. Lorsqu'il était revenu au conservatoire, c'est avec Louis Seigner qu'il avait travaillé.

Il est engagé à la Comédie-Française : en 1968, il est dans le Dom Juan de Molière par Antoine Bourseiller avec la toute jeune Ludmila Mikaël. Il figure dans la création d'Amorphe d'Ottenburg de Jean-Claude Grumberg, mise en scène de Jean-Paul Roussillon.

Jean-Pierre Miquel l'apprécie et il fait plusieurs spectacles avec lui, il joue aussi avec Gérard Vergez.

Ensuite, appartenant au JTN, jeune théâtre national, il participe au Médecin malgré lui monté par Jean-Louis Thamin qui va jusqu'en Amérique !

Il tourne également pour la télévision et le cinéma, mais sa passion, c'est la mise en scène, et il aura composé énormément de spectacles, dans des registres très différents, tout au long de sa vie. Audiberti comme Horowitz, Serge Ganzl comme Georges Feydeau.
Il met en scène La Célestine d'après Rojas, de Pierre Laville, mais aussi La Dernière classe de Brian Friel.

Impossible de tout citer ici, mais il y a des moments auxquels il tenait comme ce Savannah Bay souvent repris avec Geneviève Casadesus et sa fille Martine Pascal. Une grande délicatesse, une grande profondeur.

Tchekhov, Ibsen, Dostoïevski, ses champs d'intérêt étaient larges. Il avait du goût, beaucoup de tact, jamais de tape-à-l'oeil avec lui.

Plus tard, il mettra en scène à l'opéra de Marseille, Lucia di Lammermoor de Donizetti, I Capuleti e i Montecchi de Bellini.

Entretemps, nommé directeur du Théâtre 14 qu'il rebaptisa Théâtre 14-Jean-Marie Serreau, il avait conçu un lieu où théâtre, danse, musique avaient leur place. Un très grand travail, mais pour lequel, un moment, on ne lui donna pas les moyens auxquels il aurait pu prétendre. En six ans, il y avait mis à l'affiche 50 spetcales et fédéré 80.000 spectateurs.

Il eut beaucoup de mal, dans les années qui suivirent, avec les conventions et leurs règles rigides.


Photographie Sébastien Soriano / Le Figaro

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