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Le spectateur de Belleville
August 18, 2015 9:34 AM
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Publié par Marie Soyeux dans La Croix Lorsque Olivier Morales arrive dans le bureau de la régie générale le matin, il s’empresse d’allumer un écran pour observer – en direct – l’activité sur le plateau de la salle Richelieu. Dès huit heures, l’équipe technique « casse », c’est-à-dire démonte, le décor du spectacle de la veille au soir, prépare pour la journée les porteuses et les herses éclairant la scène.
Le régisseur général ne restera pas longtemps devant son écran. Il faut monter le décor de la pièce dont les répétitions commenceront à 13 heures. « Et pas à 13 h 01 ou 13 h 02 », précise-t-il avec une fermeté que tempère un sourire.
À 17 heures pile, il reprendra possession des lieux pour avoir le temps d’installer le décor de la représentation du soir et faire les derniers réglages son et lumière. Un ballet quotidien, orchestré sept jours sur sept par quatre régisseurs généraux ! Lire l'article entier : http://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Les-gardiens-du-temps-de-la-Comedie-Francaise-2015-08-18-1345343
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Le spectateur de Belleville
August 15, 2015 6:58 PM
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Invité du 15-08 : Loïc Corbery, sociétaire de la Comédie-Française : entretien radiophonique avec Olivier Barrot (59 mn) Ecouter l'émission : http://www.franceculture.fr/player/emission-comedie-francaise-ecoles-d-acteurs-loic-corbery-2015-08-15# Qu’est-ce que le travail de l’acteur ? Qu’est-ce qui compose son art et constitue sa pratique, son métier, son entraînement ? "Quel plus beau sujet, et quel lieu plus adéquat pour l’aborder que la Maison de Molière ?" demande Olivier Barrot. L’écrivain et journaliste recevra sur le plateau un comédien de la troupe, interrogera avec lui ses années d’apprentissage, les rouages de son art. Olivier Barrot est un journaliste, écrivain, producteur et animateur de télévision français. En partenariat avec la Comédie-Française
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Le spectateur de Belleville
July 21, 2015 7:55 AM
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Treize ans après, la Comédie-Française va de nouveau investir la cour d’honneur du palais des Papes lors de la prochaine édition du Festival d’Avignon. Eric Ruf, administrateur de l’institution depuis un an, annoncera cette bonne nouvelle pour les festivaliers lors de la conférence de presse de clôture de cette 64e édition qui aura lieu vendredi, ont annoncé mardi 21 juillet le festival et la Comédie-Française. La troupe de Molière jouera Les Damnés, d’après le film de Luchino Visconti de 1969, dans une mise en scène du Belge Ivo van Hove, selon une information du Figaro. Le metteur en scène belge, 57 ans, est un des plus créatifs du moment. Il dirige également la plus grande compagnie théâtrale des Pays-Bas. Lire aussi : Ivo van Hove, le théâtre comme un combat de fauves Des adaptations audacieuses Il avait ébloui le Festival d’Avignon l’an dernier avec une adaptation de The Fountainhead, brillante réflexion mêlant vidéo et musique live sur la création dans le monde libéral, à travers le portrait de deux architectes et d’un magnat de la presse à New York. Il a également dirigé Juliette Binoche en tournée mondiale cette année dans Antigone en anglais. Il s’est fait connaître par ses mises en scène d’India Song, de Marguerite Duras, et de Caligula, d’Albert Camus. Il a dernièrement présenté en France, en novembre 2013, une adaptation iconoclaste de L’Avare de Molière, campé dans le monde survolté de la finance d’aujourd’hui. Outre ses adaptations pour la scène de textes classiques et de films (Cassavetes, Pasolini), il fait de fréquentes incursions dans l’opéra. Il a récemment dirigé la création mondiale de Brokeback Mountain au Teatro Real de Madrid.
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Le spectateur de Belleville
June 17, 2015 5:01 PM
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Presque un an après sa nomination, le nouvel administrateur de la Maison de Molière a dévoilé le 15 juin la programmation pour la saison 2015/2016, la première de son cru. Metteurs en scène invités, à commencer par le cinéaste Arnaud Desplechin, entrées au répertoire, adaptation d’oeuvres non théâtrales – dont un livre sur Bob Dylan -, création de nouveaux rendez-vous avec le public : à la tête de cette maison qu’il connait bien pour y être entré il y a plus de vingt ans, et en toute conscience des contraintes, Eric Ruf entend y « pousser le théâtre vers sa modernité« .
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Le spectateur de Belleville
June 5, 2015 12:40 PM
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Le triomphe des femmes au Français Publié par Judith Sibony pour son blog "Coup de théâtre" L’un des grands problèmes, à la Comédie Française, c’est que le répertoire classique compte beaucoup plus de beaux rôles masculins que de grands personnages féminins. Or la troupe du Français compte beaucoup de femmes qui méritent de grands rôles. Lorsqu’elle était administrateur de la maison, Muriel Mayette parlait souvent de ce problème qu’elle avait à coeur d’affronter. Par un miracle qu’il faut saluer, La Maison de Bernarda Alba, dernier spectacle de son ultime programmation, prouve que lorsqu’on confie le plateau de la salle Richelieu presque exclusivement à des femmes, le résultat peut être bel et bien extraordinaire. Lire l'article entier --->http://theatre.blog.lemonde.fr/2015/05/27/le-triomphe-des-femmes-au-francais/ Autre critique parue dans Agoravox : http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-maison-de-bernarda-alba-au-168142
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Le spectateur de Belleville
May 17, 2015 5:33 AM
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Le second procès de Socrate-pièce inédite - une fiction Théâtre de France Culture Enregistrement en public le 29 avril 2015 à 20h avec la Comédie-Française au studio 104 de la maison de la radio Lecture dirigée par Christian Schiaretti, metteur en scène, directeur du TNP
Réalisation Blandine Masson
France Culture et le Théâtre National Populaire se sont associés pour une commande d’écriture à Alain Badiou, dans la perspective d’une création radiophonique interprétée par les Comédiens-Français. Cette commande d’écriture, initiée en 2013, a donné naissance à la pièceLe Second Procès de Socrate qui sera publiée aux Editions Actes Sud-Papiers. Le second procès de Socrate imagine que Socrate a fait appel de son fameux procès, à l’issue duquel il a été condamné à mort, il y a plus de deux mille ans. A la suite de péripéties historiques, le procès en appel n’a pu avoir lieu que maintenant à Athènes. La loi athénienne interdisant à un condamné à mort de mourir entre le procès en première instance et le procès en appel, Socrate est toujours là, ainsi que ses trois avocats : Platon, Xénophon, Aristophane et le procureur Calliclès. Nous allons assister au procès, suivi de bout en bout par le journaliste Kevin Rouletabille, envoyé spécial du journal Révolution. Procès complexe, houleux, plein d'incidents, mais aussi d'envolées sublimes. Alain Badiou
Avec : Alain Badiou, (Socrate et le marchand de fromages) Et la troupe de la Comédie-Française Michel Favory ( le juge Paulos) Christian Blanc (le gendarme) Denis Podalydès ( Maître Aristophane, avocat de Socrate) Alexandre Pavloff, (Maître Xenophon, avocat de Socrate) Julie Sicard (Beatricia, jugesse) Loïc Corbery ( Kevin Rouletabille) Stéphane Varupenne ( Calliclès, procureur ) Laurent Lafitte, Ivano ( juge) Noam Morgensztern ( le récitant) Didier Sandre ( Maître Platon, avocat de Socrate) Musique originale : Quentin Sirjacq
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Le spectateur de Belleville
April 2, 2015 2:21 PM
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Par Joshka Schidlow pour son blog : A l'exemple de Heiner Müller, Botho Strauss ou Peter Handke, autres écrivains d'un irréfutable génie, comme elle d'origine germanique, Dea Loher méprise les conventions narratives. Sur la vaste scène se succèdent ou se croisent plusieurs hommes et femmes dont le bâti intérieur a été mis à mal.Deux travailleurs clandestins assistent,sans réagir, à la noyade d'une fille probablement jeune. Ils seront désormais taraudés par la culpabilité. Frau Habersatt qui survit en solitaire s'échine à tisser des liens, tandis qu'une autre, plus âgée, qui souffre de diabète et s'appelle Frau Sucker (sucre!) a su, à sa façon impérieuse, imposé sa volubile et féroce présence à sa fille et à son gendre. Ce dernier qui travaille dans une entreprise de pompes funèbres se rend compte qu'il s'attache davantage aux morts qu'aux vivants. Assise à l'écart, Hella dénigre les mythes qui servent de socle à la société et laisse libre cours au mépris que lui inspire un mari qui savait, au temps de leur jeunesse, lui donner du plaisir. Véritable spectacle polyphonique que d'aucuns (dont certains journalistes qui ne se sont pas donner la peine d'applaudir) trouvent trop statiques, Innocence en dit long sur une époque si chiche en humanité. On savoure d'autant plus la langue de Dea Loher qu'elle est traduite avec grâce par Laurent Muhleisen et que des comédiens tels que Daniele Lebrun, Claude Mathieu, Bakary Sangaré,Nazim Boudjenah et Cécile Brune ont su, sous la houlette de Denis Marleau, la mettre somptueusement en valeur. Joshka Schidlow Autre critique : Armelle Héliot pour le Figaro : http://www.lefigaro.fr/theatre/2015/03/31/03003-20150331ARTFIG00026-dea-loher-dompteuse-de-mirages.php Jusqu'au 1er juillet Comédie - Française Salle Richelieu tel 08 25 10 16 80
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Le spectateur de Belleville
March 6, 2015 6:36 PM
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Les nouvelles stars du cinéma ont fait leurs classes en se frottant aux alexandrins à la Comédie-Française. Après Guillaume Gallienne, c’est Pierre Niney qui est consacré. Cette année encore, deux acteurs de la Comédie-Française, Pierre Niney et Guillaume Gallienne, étaient dans la course pour les César 2015, pour le film Yves Saint Laurent. L’an dernier, Guillaume Gallienne et sa comédie Les garçons et Guillaume à table raflait cinq César : meilleur acteur, meilleur premier film, meilleure adaptation, meilleur montage et meilleur film. Cette année, Pierre Niney a été sacré meilleur acteur. La liste des acteurs du « Français » courtisés par le 7e art s’allonge tous les ans, de Denis Podalydès (plus de 70 films !) à Laurent Lafitte, tout jeune « pensionnaire » de 41 ans puisqu’il a été embauché à la Comédie-Française en 2012. Dans Papa et maman , comédie grinçante et politiquement incorrecte avec Marina Foïs, il incarne un père qui va se livrer à une guerre sans merci avec sa femme pour ne surtout pas avoir la garde des enfants. Laurent Lafitte est aussi à l’affiche, depuis mercredi, de L’art de la fugue avec Agnès Jaoui, puis de Boomerang de François Favrat avec Mélanie Laurent. Mais il ne délaisse pas la Comédie-Française pour autant : il sera sur les planches au Vieux Colombier jusqu’au 29 mars dans La tête des autres , savoureux polar de Marcel Aymé, et du 30 mai au 28 juin dans Le Système Ribadier , où son talent comique explose. Le travail à la Comédie-Française est particulièrement intense et l’acteur acquiert une sorte de capacité « tout terrain » particulièrement appréciée des réalisateurs. Rares sont les acteurs de cinéma qui savent tenir un plan très long, qui paraîtra court à un comédien comme Guillaume Gallienne, en scène 40 minutes d’affilée avec Eric Ruf dans Lucrèce Borgia. Les incursions au cinéma des membres de la troupe contraignent les administrateurs de la Comédie-Française à jongler avec les plannings. C’est Muriel Mayette-Holtz, à la tête du Français de 2006 à 2014, qui a ouvert largement les portes, autorisant les congés pour tournage avec davantage de libéralité qu’auparavant. « Je veux des acteurs heureux », disait-elle. Après elle, Eric Ruf défend cette ouverture, estimant que « plus les acteurs travaillent à l’extérieur, plus ils ramènent de joie, de science, d’expérience ». Attirer le public du cinéma La Maison de Molière compte sur la notoriété du cinéma, avec ses centaines de milliers de spectateurs, pour attirer un public populaire que les ors de la salle Richelieu pourraient intimider. La vénérable maison (1680) fait aussi son propre cinéma : un partenariat avec Arte a déjà donné de jolis films, Que d’amour , par Valérie Donzelli à partir du Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, La Forêt par Arnaud Desplechin et bientôt Les Trois Sœurs d’après Tchekhov réalisées par Valeria Bruni-Tedeschi. « Ça a vraiment été une des plus belles expériences de ma vie », confie la réalisatrice. « Ce sont de très grands comédiens et très disponibles, très humbles. Par exemple, il n’y avait jamais personne en retard ou le portable à la main, ces habitudes des acteurs de cinéma qui sont vraiment des enfants gâtés. » La Comédie-Française entretient de longue date une liaison avec le cinéma : en 1900 déjà, la grande Sarah Bernhardt tournait Le duel d’Hamlet , un « film sonore » à la pointe de la modernité ! Des vedettes de la Comédie-Française, comme Madeleine Renaud, Louis Seigner, Pierre Dux, Pierre Fresnay, se sont illustrées au cinéma. Mais les autorisations étaient données moins facilement et certains ont dû choisir, comme Isabelle Adjani. La jeune génération trouve aujourd’hui naturel de faire les deux. Pierre Niney, fils d’un professeur de cinéma documentaire, a déjà tourné à 25 ans dans treize longs-métrages et été nommé trois fois aux César ( J’aime regarder les filles en 2012, Comme des frères en 2013 et cette année Yves Saint Laurent qui l’a consacré). Mais il assure qu’il « ne lâchera jamais le théâtre » qui est pour lui « la meilleure école pour un acteur ».
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Le spectateur de Belleville
February 20, 2015 3:26 AM
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Éric Ruf, acteur et metteur en scène, à la tête de la Comédie française est sur le plateau de France 3. Depuis cet été, Eric Ruf est l'Administrateur général de la Comédie-Française. Il confie à France 2 ses impressions : "Rien n'est à la hauteur de ce que j'imaginais, c'est beaucoup plus haut, beaucoup plus complexe, c'est beaucoup plus difficile et passionnant mais la passion est vraiment au-delà". Au sujet de la programmation de l'année 2014-2015 établie par sa prédecesseure, Murielle Mayette-Holtz, il déclare : "je défends ses choix avec coeur, je m'inscris dans une continuité, Murielle était dans cette troupe depuis bien avant moi", explique-t-il. Des costumes réalisés par Jean-Paul Gaultier Concernant ses prochaines ambitions, Eric Ruf souhaite poursuivre l'excellence du célèbre théâtre parisien. "J'ai la même ambition que n'importe quel directeur de théâtre, proposer le plus grand théâtre, c'est-à-dire de faire venir les plus grands metteurs en scène et de trouver les mariages les plus fertiles entre les titres et ces grands metteurs en scène". Pour l'entrée à la Comédie-Française de l'auteur Dea Loher avec sa pièce "Innocence", les costumes seront réalisés par le couturier Jean-Paul Gaultier.
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January 24, 2015 11:21 AM
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Publié par Véronique Hotte pour son blog Hottellotheatre La Dame aux jambes d’azur, d’Eugène Labiche et Marc Michel, mise en scène de Jean-Pierre Vincent
Une pochade, un croquis en couleur exécuté en quelques coups de pinceau, un dessin, une caricature, une œuvre écrite rapidement, souvent sur un ton burlesque, telle est la pièce, La Dame aux jambes d’azur, d’Eugène Labiche et Marc Michel que met en scène avec grâce et sourire Jean-Pierre Vincent. La pochade en un acte fut créée en 1857 au Théâtre du Palais-Royal, au cours d’une représentation au bénéfice de Mademoiselle Lucile Durand, artiste de ce théâtre. Soit une ouverture musicale, un lever de rideau pour un programme complet de pièces variées, dont L’Affaire de la rue de Lourcine de Labiche, Monnier et Martin. La représentation visait concrètement à lever des fonds pour l’actrice retraitée. La pochade brosse avec gourmandise un portrait quelque peu dépréciatif du milieu théâtral, de connivence avec le public, sur fonds de parodie du drame romantique. Les acteurs vivent, au-delà de la scène, un quotidien des plus triviaux. L’un, Grassot qui joue le doge de Venise (Gérard Giroudon), cherche en urgence un appartement à louer à Paris et, en quête de proposition immobilière, et interpelle la salle d’emblée. Une propriétaire bourgeoise, Madame Chatchignard (Claude Mathieu), installée au milieu des spectateurs, répond à la demande à la volée – déplaçant la scène dans la salle -, montant arbitrairement son prix pour finalement consentir à en rabattre, les comédiens y allant, depuis le plateau, de leurs commentaires et ironie mordante. L’auteur et metteur en scène Arnal (Gilles David, éberlué à souhait) a décidément maille à partir avec son équipe de branquignols et de pieds-nickelés – un collectif avant l’heure, ancré dans un dix-neuvième siècle désuet -, tant et si bien que c’est à une répétition que va assister le public. Le souffleur est remplacé au pied levé par un machiniste analphabète et ahuri (Noam Morgensztern) auquel le metteur en scène, agacé mais confus et incertain, demande d’installer une cheminée devant une fresque peinte évoquant un décor extérieur de forêt. Cherchez l’erreur ! Les imprévus, les empêchements et les obstacles ne vont pas cesser de se lever sur le chemin difficile et ingrat de la création artistique. La princesse, l’actrice Aline Duval (Julie Sicard facétieuse et désinvolte) qu’on croyait évanescente se révèle terre-à-terre et vulgaire, saucisse aux doigts et chope de bière, éloignée de toute poésie. Quant aux jeunes premiers, avec d’un côté, Hyacinthe (Benjamin Lavernhe), dandy aux coups de peigne compulsifs, et de l’autre, Amant (Jérôme Pouly), vaillant séducteur au sang vif, ils surgissent sur le plateau de répétition, en compagnie de leur chien respectif, un clin d’œil aux marottes et mascottes des acteurs à la ville. Reste pourtant un comédien qui sauve la mise de ce capharnaüm théâtral, Ravel (Pierre-Louis Calixte à la dégaine libre et farceuse) : regard extérieur, il assiste à la répétition en ajoutant son grain de sel burlesque, entre esprit potache, moquerie, étonnement sincère et esprit satirique virulent. Il introduit une vraie tension. L’amusement est si bien lancé que le spectateur frustré qui aimerait goûter plus qu’à une simple mise en bouche, en redemande davantage mais la messa è finita.
Véronique Hotte
Studio Théâtre de la Comédie-Française, du 22 janvier au 8 mars
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January 1, 2015 8:44 AM
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Publié par Le Monde : Marivaux version sapin de Noël C’est toujours le même problème, avec Marivaux. Comment doser le délicat équilibre entre le rose et le noir opéré par l’auteur du Jeu de l’amour et du hasard ? Un équilibre qui varie selon les pièces, comme l’avait bien observé Jean Anouilh…
Longtemps, le marivaudage a pris des couleurs pastel, douces comme un macaron de chez Ladurée. Puis, dans la période moderne, sous l’influence de Roger Planchon et de Patrice Chéreau, la cruauté et la noirceur de Marivaux ont été mises en lumière, au point de devenir elles-mêmes une convention.
Anne Kessler, elle, innove, dans cette nouvelle mise en scène de La Double Inconstance présentée salle Richelieu : c’est Marivaux version fleur bleue. La pièce (écrite en 1723) se voit transformée, sous la baguette de cette sociétaire de la troupe de la Comédie-Française, en gentille comédie, un divertissement sucré-épicé pour période de fêtes.
Anne Kessler, sans doute, s’est inspirée d’Anouilh, qui, dans La Répétition ou l’amour puni, met en abyme La Double Inconstance, et signe ainsi une de ses « pièces brillantes », selon sa propre classification. Pour brillante, la mise en scène d’Anne Kessler l’est, à la manière d’un sapin de Noël, chargé de décorations scintillantes.
La metteuse en scène installe la pièce dans un décor qui copie celui du foyer des artistes de la Comédie-Française, et dans un cadre qui serait celui d’une troupe de comédiens répétant la pièce de Marivaux. Rappelons l’argument : un prince, charmé par une jeune paysanne, Silvia, décide de la faire venir à la cour afin que, séduite par les plaisirs raffinés de ce nouvel environnement, elle se déprenne de son amoureux, Arlequin.
La fine fleur des comédiens Le stratagème réussit, au-delà de toute espérance : Silvia tombe sous le charme du Prince, déguisé en officier, et Arlequin sous celui de Flaminia, maîtresse du jeu (et du prince). Au-delà de la critique sociale, qui montre la toute-puissance des maîtres jusque dans la vie la plus intime de leurs subordonnés, La Double Inconstance démasque l’amour éternel comme une illusion.
La mise en scène d’Anne Kessler se veut moderne, opérant une forme de déconstruction. Loïc Corbery (le Prince) montre ses fesses, Georgia Scalliet (Lisette) porte des claquettes en plastique rose fluo, Eric Génovèse (Trivelin) un bonnet noir. L’esthétique du spectacle est excessivement décorative. La pauvre Georgia Scalliet, notamment, se voit affubler de tenues hautement ridicules.
Et ce théâtre dans le théâtre paraît bien facile et superficiel. C’est dommage, parce qu’Anne Kessler a choisi pour sa distribution la fine fleur des comédiens-français. Florence Viala, Georgia Scalliet, Catherine Salviat, Loïc Corbery, Eric Génovèse sont une fois de plus excellents. Adeline d’Hermy est plus que cela : une Silvia d’une grâce et d’une finesse remarquables. A ses côtés, l’Arlequin de Stéphane Varupenne apparaît à la fois plus palot et plus balourd.
Grâce aux comédiens, cette Double Inconstance n’est pas déplaisante. Mais on peut quand même douter de la nécessité de réduire Marivaux, étincelant connaisseur du cœur humain dans ses nuances les plus subtiles, à cette jolie chose un peu clinquante.
La Double Inconstance, de Marivaux. Mise en scène : Anne Kessler. Comédie-Française, salle Richelieu, place Colette, Paris 1er. Mo Palais-Royal. Tél. : 08-25-10-16-80. En alternance à 14 heures ou 20 h 30, jusqu’au 1er mars 2015. De 5 € à 41 €. Durée : 2 h 15. www.comedie-francaise.fr
Fabienne Darge Journaliste au Monde
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Le spectateur de Belleville
December 17, 2014 6:44 PM
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Publié par Judith Sibony sur son blog du Monde "Coup de théâtre" : Pourquoi priver les enfants d’une histoire triste ? La chose ressemble à un paradoxe, mais elle relève en fait d’une belle logique souterraine. Sous couvert de conte de Noël, la misère a pris la parole dans l'opulent carrousel du Louvre. Au bout de la galerie où rivalisent les chocolatiers de luxe, les boutiques de « hightech » et autres magasins chiques, le studio-théâtre de la Comédie Française raconte la chute banale d’une famille sans argent, qui court les rues et les poubelles, et dont la fillette n’a plus qu’un mot à la bouche : « j’ai faim ». Paradoxe apparent : pourquoi présenter à des enfants une histoire aussi « triste » ? Réponse : parce que ce sont les enfants qui, dans la rue, persistent à s’étonner du spectacle de la misère, s’intéressent au visage des gens qu’ils voient dormir sous la lune, et se posent des questions sur ces vies perdues. En outre, cette histoire « triste » est un classique de la littérature enfantine : La Petite Fille aux allumettes. Et Olivier Meyrou, l’auteur du spectacle, n’a fait que l’adapter à notre temps tout en restant extrêmement fidèle à l’esprit d’Andersen.
Nourrissant son art d’un traitement très raffiné du son et de la vidéo, Meyrou a paré les personnages d’une modernité familière, mais il les a surtout dotés d’une poésie extraordinairement efficace. Une sorte de magie, même, qui consiste à dire le plus affreux avec une radicalité toujours emplie de beauté. Ainsi quand les personnages écrivent sur un bout de carton « nous avons faim », c’est avec une faute d’orthographe en forme de jeu de mot qui rend la chose à la fois plus terrible et plus révoltée : « nous avons fin ». Et plus tard, quand la petite fille (superbement incarnée par Anna Cervinka) est envoyée seule dans la nuit glacée pour vendre ses allumettes, sa lutte contre le froid prend la forme d’une danse aussi émouvante que magnifique : un jeu de voiles où l’enfant se pare de tous les morceaux de plastique qu’elle peut trouver pour se tenir un peu chaud. Aucun accent mélodramatique ne vient altérer la force terrible du tableau : chaque étape de sa descente aux enfers est au contraire traitée avec ce même souci d’associer la beauté au sordide. Si bien que même la découverte d’un poux dans sa chevelure donne lieu à une superbe scène : délectable et inoubliable prosopopée du poux aux accents de crooneur, qui nous donne en passant une importante leçon - « la misère, ça change les gens ».Au coeur du drame, le metteur en scène a même réussi (volontairement ou non, qu’importe), à glisser quelque chose comme une scène de guignol tragique. Le père, soudain inquiet pour sa fille, qu’il a pourtant lui-même chassée dans la rue, accourt sur le plateau et demande tout haut : « vous n’auriez pas vu une petite fille? ». Et les plus jeunes enfants de l’assemblée de répondre aussitôt : « elle est là !! elle est là !!! », tout en pointant du doigt la fillette mourant de froid sur un coin de la scène. Car les enfants, fidèles à leur talent inné de spectateurs de théâtre, mélangent à merveille les deux postures du public : ils peuvent avoir une foi fascinée dans ce qu’ils voient tout en gardant toujours dans un coin de l'esprit une petite question plus ou mon sourde "est-ce pour de vrai tout cela?". La question est d'ailleurs formulée tout haut par le personnage de la fillette à la fin du spectacle de Meyrou. Entre illusion et distanciation, les enfants sont ainsi parés pour poser le bon regard sur ce qu'on leur montre, si dure soit cette "réalité". C’est précisément pour cela qu’il ne faut pas les priver d’un si beau spectacle. Judith Sibony, blog "Coup de théâtre" La Petite Fille aux Allumettes, d'Olivier Meyrou, au Studio Théâtre de la Comédie Française (Paris 1e) jusqu'au 4 janvier.
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December 2, 2014 4:32 PM
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Publié par Théâtre du blog :
"C’est l’une des premières pièces de Marivaux. Le thème: la raison d’État dans un papier de bonbon. Le Prince doit épouser une de ses sujettes, c’est une loi fondamentale du royaume : ainsi il épouse le peuple, et assure sa légitimité. Mais il est fort probable que Marivaux ne fait pas spécialement de la politique et qu’il voit là une condition intéressante à ce qui l’amusera toujours : l’expérimentation des sentiments. Le choix du Prince qui n’a rien laissé au hasard, s’est porté sur Silvia. Elle aime Arlequin, est aimée de lui, mais quelle importance, que valent ces « petits hommes » devant la raison d’État ? Une fois les deux amoureux villageois enlevés et séquestrés au palais, toute la Cour s’y met : il s’agit de les séparer, et avec leur consentement. On agira donc sur leurs points faibles : celui de Silvia, c’est la coquetterie et les rivalités féminines qui vont avec, celui d’Arlequin, les appétits de la chair: bonne table et jolies filles. La double Inconstance annonce La Dispute, une pièce de la fin, avec le même caractère expérimental, en moins systématique. Pour prendre le pouvoir sur les cœurs, il faut séduire, et pour séduire, il faut dé-naturer ces indigènes que sont Silvia et Arlequin : c’est la stratégie de la cour. Ça va marcher, mais pas comme elle s’y attendait : le double escalier de l’amour montant et descendant, fonctionne exactement comme dans les autres pièces, le mensonge conduisant à la vérité (provisoire ?) et le sentiment arrivant tout juste avec les mots pour le dire. Ce qui fait rire : la rapidité des étapes du désamour, et l’embarras à avouer un nouvel amour. Humanité ordinaire. Car la pièce rappelle magistralement, en particulier dans la bouche d’Arlequin une chose inouïe et oubliée : les hommes sont égaux. Un homme en vaut un autre, une femme en vaut une autre. Silvia sait que l’attrait pour un joli visage est plus fort que les frontières de classe, et Arlequin sait qu’un prince qui contraint les sentiments est un tyran. Celui-ci n’est pas Dom Juan face à Charlotte et Mathurine : lui qui semble avoir plus ou moins « eu » toutes les dames de la cour, est amoureux. Et l’amour est un danger, comme les bons sentiments, ce qui nous vaut une belle scène entre le Prince et Arlequin, au bord du vide d’un balcon qui les jetteraient dans la salle, c’est-à-dire presque dans le réel. Mais cette gravité-là est sous-jacente à la représentation de la Comédie Française. On a plutôt devant soi un très joli spectacle dans un emballage-cadeau, avec des costumes modernes, décalés, très « comité Colbert », d’avant-garde chic et choc. L’idée qu’il s’agit d’une répétition au foyer des comédiens donne un petit côté entre-soi charmant et agaçant, un peu inutile aussi : on n’a pas besoin de ce prétexte pour entrer dans l’artifice de la comédie. Christine Friedel pour Théâtre du blog CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE
Comédie Française, salle Richelieu, en alternance jusqu’au 1er mars.
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August 17, 2015 4:44 AM
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August 12, 2015 3:51 AM
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Nouveaux spectacles de la rentrée : "Comme une pierre qui...", mise en scène Marie Rémond et Sébastien Pouderoux à partir du 15 septembre (Studio-Théâtre) Père, d'Auguste Strindberg, mise en scène Arnaud Desplechin, à partir du 19 septembre (Richelieu) 20000 lieues sous les mers, adapté du Jules Verne, mise en scène Christian Hecq et Valérie Lesort à partir du 26 septembre (Vieux-Colombier) Lise des spectacles en vente actuellement : http://www.comedie-francaise.fr/spectacles-en-vente-actuellement.php?id=209
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July 6, 2015 7:03 PM
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La comédienne Dominique Blanc a gardé la fraîcheur lumineuse d'une jeune fille et c'est "avec le trac" qu'elle fait son entrée, à 59 ans, à la Comédie-Française pour y incarner au printemps prochain Agrippine, un rôle tragique, comme celui de Perséphone, qu'elle joue ces jours-ci à Aix-en-Provence. Dominique Blanc a gardé son chemisier clair, malgré la chaleur étouffante d'Aix-en-Provence où elle reprend, du 5 au 19 juillet, le rôle de Perséphone, la fille de Zeus, enlevée par Pluton pour devenir reine des Enfers. "La tragédie grecque devient mon identité, mon asile, je m'y sens chez moi!", confie-t-elle, toute souriante. L'opéra "Perséphone" est repris dans la mise en scène de Peter Sellars créée en 2012 à Madrid.
A 59 ans, Dominique Blanc entre à la Comédie-Française
Mais Dominique Blanc ne sera plus de la partie pour la prochaine étape à Lyon : elle aura intégré, à partir du 19 mars, la Comédie-Française pour y préparer "Britannicus", sous la direction de Stéphane Braunschweig. Un "accomplissement", dit-elle. "J'ai le trac ! J'ai envie d'être acceptée et j'ai envie qu'on m'aime évidemment". La comédienne a pourtant une impressionnante carrière derrière elle.
Dominique Blanc a été la Phèdre de Patrice Chéreau (2003) avec Eric Ruf, actuel patron de la Comédie-Française, qui vient de l'embaucher. "Il a été mon Hippolyte", dit-elle, "cela nous lie à jamais". De Chéreau, elle dit qu'il lui "manquera jusqu'au bout". Trente-trois ans de cheminement commun ne s'effacent pas facilement, de "Peer Gynt" en 1981 à cette "Elektra" de légende, la dernière production de Chéreau qu'elle était venue voir spécialement ici, à Aix, juste avant son décès en octobre 2013. Chéreau comme mentor
"J'ai joué six fois avec lui, j'ai eu beaucoup de chance, la chance de le rencontrer à mes débuts, parce que dès le départ, ça vous introduit dans ce milieu et ça vous donne une exigence artistique incroyable", dit-elle doucement, émue. Le 12 juillet, elle lira des textes de Patrice Chéreau au Musée Calvet au festival d'Avignon, à l'invitation de France Culture.
Quatre Césars et deux Molières ont couronné le talent de la comédienne. Ce n'était pourtant pas gagné dès le départ : elle rappelle en souriant avoir raté "le concours du Conservatoire plusieurs fois, et la rue Blanche aussi (une des trois écoles nationales de théâtre en France, ndlr) ! Ça a été terrible, j'ai sangloté des jours entiers dans ma chambre de bonne et je ne me suis pas rendue dans le quartier du Conservatoire pendant des années !"
C'est François Florent qui la "sauve" en la persuadant d'intégrer la fameuse classe libre du Cours Florent, pépinière de comédiens d'exception. Il lui prédit : "Toi, Blanc, après trente ans tu n'arrêteras plus". Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle va le démentir : avant "Britannicus", elle sera la marquise de Merteuil des "Liaisons dangereuses" mises en scène par Christine Letailleur, au Théâtre National de Bretagne (TNB), à Rennes, puis en tournée jusqu'en mars au Théâtre de la Ville. Une perspective qui l'enchante : "Je vais me régaler, une vraie méchante, quel bonheur !"
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Le spectateur de Belleville
June 15, 2015 12:05 PM
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Publié par Brigitte Salino dans Le Monde : Arnaud Desplechin et Bob Dylan ouvrent la première saison de la Comédie-Française programmée par Eric Ruf. L’administrateur général, qui a succédé à Muriel Mayette-Holtz en août 2014, entend donner un nouvel essor à la Maison de Molière, qu’il connaît par cœur : il y est entré à 23 ans et y a mené belle carrière de comédien, qu’il met de côté, à 46 ans, pour se consacrer à sa fonction. Mais Eric Ruf tient à garder un lien avec le plateau. Il met en scène et signe le décor de Roméo et Juliette, de Shakespeare, qui s’inscrit dans une saison marquée par l’ouverture sur une nouvelle génération de metteurs en scène, essentiellement féminine, et le retour de maîtres venus de l’étranger, comme le Russe Anatoli Vassiliev. Si ces changements n’annoncent pas une révolution, ils incitent, d’une manière élégante et vivante, à prendre le chemin de la Comédie-Française. Eric Ruf les commente, sans langue de bois : il reconnaît ses faiblesses au même titre qu’il affirme ses engagements.
Quelle était votre ambition, pour votre première saison ?
Remettre de la pensée. Ces derniers temps, je trouvais qu’on était souvent confronté à des metteurs en scène qui n’avaient pas suffisamment travaillé. Moi qui aime faire entendre au mieux les textes, ce qui est la base même du métier de comédien, je regrettais qu’on ne soit pas assez convoqué à ressentir ce plaisir, et à pratiquer cet art. J’avais donc à cœur de proposer des spectacles qui, dans le mariage entre les metteurs en scène et les pièces, offrent un théâtre qui soit une matière à réfléchir, et permettent à la troupe d’exercer son solfège.
Les deux premiers spectacles sont Père, de Strindberg, mis en scène, salle Richelieu, par le cinéaste Arnaud Desplechin, qui travaille pour la première fois au théâtre, et Comme une pierre qui…, d’après le livre de Greil Marcus Like a Rolling Stone, mis en scène par Marie Rémond et Sébastien Pouderoux, au Studio. Cette rencontre entre Desplechin et Dylan, est-ce un hasard ou un manifeste ?
Dans le cas d’Arnaud Desplechin, c’est une suite d’heureux hasards. J’ai fait des essais avec lui il y a vingt ans, il s’en souvenait, je m’en souvenais. J’ai vu le film qu’il a réalisé à partir de La Forêt, d’Ostrovski, qui avait été représentée à la Comédie-Française, et je l’ai trouvé magnifique. Et puis cela fait très longtemps que je croise Arnaud Desplechin dans les salles de théâtre. Quand on voit ses films, on se dit : mais pourquoi ne fait-il pas de théâtre ? En septembre 2014, j’ai tourné un jour avec lui dans Trois souvenirs de ma jeunesse. Ce jour-là, au-dessus de la table de régie, j’ai proposé à Arnaud Desplechin de travailler à la Comédie-Française. Il est tombé un peu des nues, mais il n’a pas dit non.
Nous avons eu ensuite une série de rendez-vous. Au cours de l’un d’entre eux, il m’a fait la liste de tous les cinéastes qui se sont plantés en venant au théâtre. Elle était d’une longueur incommensurable. Je m’attendais à ce qu’il refuse ma proposition. Il l’a acceptée. Le théâtre compte beaucoup pour lui. Il m’a raconté qu’il relit des pièces avant chaque tournage. Il m’a beaucoup parlé de son souvenir de Père, mis en scène par Patrice Kerbrat à la Comédie-Française, en 1991, avec Jean-Luc Boutté, Catherine Hiegel, Catherine Samie… Nous nous sommes mis d’accord sur cette pièce. Je trouvais très beau qu’une première fois réponde à une mémoire vive. Si le spectacle ouvre la saison, c’est parce que c’était le seul créneau possible pour Arnaud Desplechin. Mais je vois, dans ce hasard, un manifeste.
Et dans Bob Dylan aussi ?
Bob Dylan, lui, arrive par Marie Rémond, que je suis depuis longtemps. J’avais vu ses spectacles, André, inspiré par l’histoire du joueur de tennis André Agassi, et Vers Wanda, inspiré par celle de l’actrice Barbara Loden. Elle a accepté de travailler au Studio, où les conditions financières ne sont pourtant pas bonnes. Cette petite salle a été ouverte en 1996 par Jean-Pierre Miquel, qui s’était dit : ouvrons la salle, et les subventions viendront. Comme les subventions ne sont jamais venues, on travaille à l’économie, au Studio. Ce que j’aime chez Marie Rémond, c’est qu’elle travaille avec de jeunes comédiens de la troupe, dont Sébastien Pouderoux… Il y a déjà des cabarets à la Comédie-Française, celui de cette année est consacré à Léo Ferré. Avec le spectacle sur Dylan, on passe à un cabaret rock, dont le sujet me fait penser de loin à celui de L’Ecole des femmes : parler d’art au prétexte d’une discussion entre deux portes, dans la pièce de Molière, entre deux prises en studio d’enregistrement, dans le spectacle. Et je trouve réjouissant que soit entendu le bordel joyeux du rock à la Comédie-Française.
Marie Rémond fait partie, avec Chloé Dabert, Maëlle Poésy et David Lescot, d’une nouvelle génération de metteurs en scène que vous invitez. Est-ce par souci de parité qu’il y a essentiellement des femmes ?
Pas du tout. C’est parce que, dans cette génération, les filles sont plus fortes que les garçons. Elles sont étonnantes. Elles savent exactement ce qu’elles veulent et vous le font entendre, quand vous les avez dans votre bureau. C’est agréable de travailler avec elles, parce que c’est carré. Maëlle Poésy, je la connais par sa sœur Clémence, une amie de longue date qui fait une carrière internationale depuis qu’elle a tourné dans Harry Potter, avec Daniel Radcliffe, en 2005.
Quand j’invitais Clémence à me voir jouer à la Comédie-Française, elle venait avec sa petite sœur Maëlle, qui fait maintenant de la mise en scène. Je suis allé voir son Candide, en banlieue parisienne, et j’ai été séduit. Chloé Dabert, je l’ai rencontrée par le festival Impatience, qui fait découvrir de jeunes metteurs en scène. Elle connaît très bien Suliane Brahim, qui est pensionnaire de la Comédie-Française.
Je suis attentif à ces connexions dans une génération. C’est important de voir comment ça fonctionne entre eux, et de savoir ce dont ils ont envie. David Lescot est un peu plus âgé que les filles. Il a un beau parcours, et lui aussi connaît beaucoup de monde dans la troupe. Cela compte, parce que ceux qui ont des copains à la Comédie-Française n’ont pas de mauvais fantasmes sur la Maison. Ils considèrent que c’est une étape dans leur carrière, ils en prennent tout le sel, sans se monter le bourrichon. Ils sont joliment sérieux.
Anatoli Vassiliev revient, après avoir mis en scène Bal masqué, de Lermontov, en 1992, et Amphitryon, de Molière, en 1994. Quel rôle jouent les grands maîtres européens, comme lui, à la Comédie-Française ?
Un rôle essentiel. Avec des camarades de mon âge, Jérôme Pouly, Thierry Hancisse, Florence Viala… j’ai joué dans Amphitryon. Et, pour nous tous, il y a un avant et un après Vassiliev. Souvent les gens parlent de la Comédie-Française en disant que c’est la famille des Atrides. Je leur réponds : dites-le si vous voulez, c’est vendeur, mais les vraies familles du Français, ce sont celles qui se reconnaissent dans l’autorité d’un maître avec qui elles ont travaillé, que ce soit Piotr Fomenko, Bob Wilson ou Anatoli Vassiliev, qui va présenter La Musica deuxième, de Marguerite Duras. Alain Françon est aussi un maître. C’est pour cela que je l’ai invité cette saison, où il va mettre en scène La Mer, d’Edward Bond. Il est important que la troupe, et surtout les jeunes comédiens, fassent cette expérience fondatrice que nous avons eu la chance de connaître.
On aurait pu penser que vous accorderiez plus de place à l’international…
Oui. Mais c’est compliqué, pour plusieurs raisons : ceux qui sont connus internationalement ont beaucoup de propositions ; ils sont plutôt chers. Certains d’entre eux travaillent d’une façon qui ne correspond pas aux contraintes de la salle Richelieu, où un décor doit être monté et démonté en une heure, à cause de l’alternance ; s’il y a des décors trop sophistiqués, ou de la vidéo, c’est très difficile à mettre en place. La dernière raison tient à un constat que j’ai fait en rencontrant des metteurs en scène comme Deborah Warner, Katie Mitchell ou Michael Thalheimer : la Comédie-Française n’est pas un spot d’atterrissage, pour eux, en France. Cela fait des années qu’ils ne sont plus invités, il faut discuter avec eux, tisser des liens. Je m’y attelle. Mais je dois dire qu’il y aura un autre maître étranger, en fin de saison, à la Comédie-Française. Je l’annoncerai fin juillet, quand les contrats seront signés.
Autre point faible : les auteurs contemporains sont peu présents. Pourquoi ?
C’est vrai. Cela peut paraître comme un trou dans la raquette, mais cela s’explique par le fait que j’ai suivi les propositions des metteurs en scène, et que je ne suis pas arrivé en disant : cet auteur-là, je veux absolument le monter. C’est aussi parce que, comme acteur, j’ai peu travaillé le répertoire contemporain. Comme on joue beaucoup, dans cette Maison, on a guère le temps d’aller voir ailleurs. Cette année, je me suis rattrapé, jusqu’à l’overdose, et ça m’a fait un bien fou. Je commence à me faire à cette culture contemporaine, mais je ne mentirai pas, je ne l’avais pas.
Vous signez la mise en scène de Roméo et Juliette. Pourquoi ?
Parce que c’est important, pour mon équilibre personnel. Quand on est administrateur général, on passe son temps à organiser et à prévoir ce qui va être programmé, deux saisons à l’avance. L’autorité que je peux avoir en tant que metteur en scène et scénographe, il me faut l’exercer, à la fois pour moi et par rapport à la troupe. Je ne peux imposer des choses, pour le bien ou pour le mal parce que, parfois, on fait des erreurs de jugement, qu’à partir du moment où j’ai maille à partir avec les comédiens. Je ne veux pas renoncer à l’artistique, parce que mon terrain de prédilection, de connaissance et de maîtrise éventuelle, c’est celui du plateau, vraiment.
La saison 2015-2016 Seize nouvelles productions sont à l’affiche de la saison 2015-2016 de la Comédie-Française, dont quatre dans le saint des saints, la salle Richelieu : Père, de Strindberg, mis en scène par Arnaud Desplechin ; Roméo et Juliette, de Shakespeare, mis en scène par Eric Ruf ; La Mer, d’Edward Bond, mis en scène par Alain Françon et Britannicus, de Racine, dont Eric Ruf a eu l’élégance de confier la mise en scène à son principal rival au poste d’administrateur général, Stéphane Braunschweig. Lequel dirigera Dominique Blanc dans Agrippine, qui entrera dans la troupe à cette occasion. Au Théâtre du Vieux-Colombier, il y aura en particulier Les Derniers Jours de l’humanité, de Karl Kraus, mis en scène par David Lescot, et La Musica deuxième, de Duras, mis en scène par Anatoli Vassiliev. Au Studio, Maëlle Poésy mettra en scène Le Chant du cygne et L’Ours, de Tchekhov. Chloé Dabert présentera au Centquatre Nadia C., d’après Lola Lafon.
Brigitte Salino Journaliste au Monde
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Le spectateur de Belleville
May 29, 2015 7:26 PM
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Publié par Mireille Davidovici pour Théâtre du blog : La Maison de Bernarda Alba de Federico García Lorca, traduction de Fabrice Melquiot, mise en scène de Lilo Baur
Federico García Lorca entre enfin au répertoire de la Comédie-Française, avec La Maison de Bernarda Alba, dernier volet de sa trilogie rurale destinée à être jouée par sa compagnie dans les villages espagnols. Il venait de terminer cette pièce en 1936, quand il fut sauvagement assassiné par des miliciens franquistes. L’écrivain s’en prend avec virulence aux traditions rétrogrades d’une société dont les femmes sont victimes dans cette pièce, qui, longtemps interdite dans son pays, garde aujourd’hui toute son actualité dans de nombreuses parties du monde. » C’est une souffrance d’être née femme », constate Amelia, enfermée comme ses quatre sœurs dans la maison familiale. » Même nos yeux ne nous appartiennent plus », renchérit Magdalena. Leur mère, l’implacable veuve Bernarda Alba, soucieuse du qu’en-dira-t-on, entend garder ses filles loin du regard des hommes, pendant huit ans, en signe de deuil, comme le veut la coutume andalouse des années 30. Les servantes s’agitent: on prépare les noces de l’aînée, Augustias, avec le sémillant Pepe le Romano dont les cinq filles de Bernarda se disputent l’amour. Adela, la plus jeune, est elle « la vraie fiancée du Romano », et la nuit, rejoint « le plus beau gars du village », après qu’il ait fait sa cour officielle à Augustias : « C’est à son argent qu’il en veut. Elle est vieille et flétrie (…) mais c’est la seule femme riche de la maison ». « Je ne veux pas faner, se révolte Adela , mon corps sera à qui je voudrai », et la voilà, virevoltant parmi les plumes, dans sa robe d’anniversaire verte, tache lumineuse au milieu des habits sombres des autres . La mise en scène de Lilo Baur joue astucieusement sur les effets de couleurs et sur l’opposition dedans/dehors. Le haut mur noir qui clôt l’espace matriarcal, devient, selon l’éclairage, une paroi à claire-voie aux découpes ouvragées, laissant entrevoir le monde extérieur : un cortège funèbre, un chœur de joyeux moissonneurs qui lutinent des filles aux mœurs légères, une foule en furie lapidant une jeune fille, mère infanticide. À mi-hauteur de ce haut mur noir, s’ouvrent les fenêtres où les jeunes filles en chemise blanche guettent, le soir venu, le passage de Pepe, ombre silencieuse rodant autour du gynécée. Subrepticement, Adela le retrouve pour un corps à corps dansé, muet et passionné. Du dehors, parviennent des ragots, colportés par les domestiques et la rumeur du village : aboiement de chiens, hennissement d’un étalon en chaleur dans la cour… Autant de sonorités qui renforcent l’impression d’étouffement, de refoulement sexuel, imposés aux jeunes recluses. Un huis-clos malsain qui, va tourner au tragique. La vivacité et le franc parler des servantes (Claude Mathieu et Elsa Lepoivre) contrastent avec la sécheresse abrupte de Bernarda (Cécile Brune) ; la fraîcheur et la spontanéité d’Adeline d’Hermy qui interprète Adelia offrent un juste contrepoint au jeu des autres actrices, chacune très juste dans son personnage. La pièce révèle ici son efficacité dramatique et toute sa force poétique, grâce à la traduction de Fabrice Melquiot qui lui donne un sérieux coup de jeune. Le spectacle séduit par son intelligence et sa sobriété, la beauté fonctionnelle de la scénographie d’Andrew D. Edwards, et l’interprétation sans apprêt des comédiennes. Federico García Lorca est ici très bien servi ! Mireille Davidovici Comédie-Française/salle Richelieu jusqu’au 25 juillet (en alternance). T. : 0 825 10 1680 – www.comedie- francaise.fr
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Le spectateur de Belleville
April 23, 2015 3:37 PM
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Le spectateur de Belleville
March 15, 2015 5:33 PM
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Publié par Cécile Bouanchaud avec AFP sur Europe1 L'acteur français a démissionné de la Comédie-Française il y a deux mois. Il a expliqué samedi son départ par le fait qu'il lui était impossible de maintenir une "double activité". Pierre Niney, 26 ans, ne pouvait plus maintenir une "double activité" au théâtre et cinéma. C'est en ces termes que l'acteur récompensé en février par le César du meilleur acteur pour Yves Saint Laurent a expliqué sa démission de la Comédie-Française, le 15 janvier dernier. C'est la première fois que l'acteur s'exprime sur ce départ. "Il ne m'était plus possible d'entretenir ce lien".Le jeune homme était entré en 2010, à seulement 21 ans, au sein de la "Maison de Molière" dont il était alors le plus jeune pensionnaire. Souvent qualifié de "surdoué", Pierre Niney jonglait jusqu'à présent entre les engagements à la Comédie-Française et les tournages. "Depuis quelques mois il ne m'était plus possible d'entretenir ce lien comme je l'aurais voulu, étant donné les exigences de la Comédie-Française envers ses pensionnaires", ajoute-t-il. "J'ai passé quatre années superbes au sein de cette troupe" insiste-t-il. Mais "comme d'autres actrices et acteurs avant moi, je me retrouve dans l'impossibilité de maintenir cette double activité et me dois malheureusement de quitter la troupe", poursuit-il. "Je ne dis pas au revoir au théâtre". "J'ai donné ma lettre de démission à la Comédie-Française le 15 Janvier 2015. Je ne dis pas au revoir au théâtre pour autant", indique Pierre Niney, 26 ans, dans un message. "Je pense, plus que jamais, que la passerelle entre le cinéma et le théâtre est une chose magnifique qu'il faut cultiver absolument", explique-t-il son message. Un jeune acteur salué par le public et la profession. Sa composition dans le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, son talent pour restituer la timidité maladive comme l'élégance du mythique couturier français et son phrasé particulier, ont été particulièrement salués aussi bien par le public que par la profession. Il a été plusieurs fois nommé aux César (meilleur espoir masculin en 2012 pour J'aime regarder les filles de Frédéric Louf et en 2013 pour Comme des frères d'Hugo Gélin).
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Le spectateur de Belleville
February 21, 2015 5:08 AM
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Critique d'Armelle Héliot pour Le Figaro - Au Vieux-Colombier, Françoise Gillard entraîne ses camarades dans une chorégraphie joyeuse sur le thème de L'Autre . C'est un spectacle qui lui ressemble. Insolite et délicat. Françoise Gillard, entrée à la Comédie-Française en 1997, en est, depuis douze ans, l'une des plus attachantes sociétaires. Elle a toujours aimé la danse et partagé à plusieurs reprises des expériences originales, déliées, légères. Elle a composé L'Autre avec Claire Richard, interprète et chorégraphe, familière du théâtre. Ils sont cinq, de noir vêtus, qui surgissent des panneaux de larges lamelles blanches qui entourent le plateau du Vieux-Colombier. Des stores qui permettent des jeux de transparence et donnent une touche d'onirisme et d'élégance japonaise à la représentation. Deux filles, Françoise Gillard elle-même, frêle et fine, tout en muscles. Un tanagra au corps de gymnaste. L'autre figure féminine est portée par la jeune Claire de La Rüe du Can, récemment engagée comme pensionnaire, une belle à la silhouette souple. Trois garçons. Délicat et souple, en nerfs et blondeur, Benjamin Jungers ; athlète délié, rompu aux prouesses, Elliot Jenicot ; enfin Christophe Montenez, dernière recrue, un grand jeune homme plein d'énergie. Dans le décor de Gilles Taschet, les lumières d'Emmanuel Ferreira Dos Reis jouent en variations d'intensités et ombres. L'essentiel tient aux mouvements. Solos, duos, groupes, les deux chorégraphes ont imaginé un développement de figures parfaitement orchestrées. Gestes repris en harmonieux ensembles, symétries installées et rompues, répétitions, différences. Tout s'enchaîne sur un rythme soutenu mais doux. On dirait de l'eau qui coule. Un piano complète le dispositif. Les comédiens, dont on sait qu'ils savent jouer, chanter, bouger, se révèlent ici de convaincants danseurs. Des artistes disciplinés La fluidité de la pièce, son régime particulier en font un moment agréable. Il faut se laisser porter et admirer la discipline des artistes, la joliesse hypnotique de l'ensemble. On est moins convaincu par les moments où, par le truchement de vidéos projetées (Nicolas Faguet), d'autres comédiens de la troupe et des anonymes donnent leur définition de cet «autre» qui donne son titre à la pièce. Cette partie-là manque de la rigueur qui règne sur le plateau et fait tout l'intérêt de cette création pleine de grâce. Vieux-Colombier (Paris VIe). Samedi soir à 20h et dimanche à 16 h. Tél.: 01 44 39 87 00.
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Le spectateur de Belleville
February 10, 2015 4:17 PM
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Par Armelle Héliot le 10 février 2015 pour son blog Quelques mots seulement en attendant un article dans Le Figaro. La mise en scène de Gérard Desarthe, la scénographie exceptionnelle du peintre Lucio Fanti et les quatroze comédiens de la troupe ici réunis (plus un !), engagés dans ce travail profond et lumineux à la fois, font de la représentation un moment miraculeux d'intelligence et d'émotion. On rit comme on pleure. Le chef d'oeuvre de Maxime Gorki nous parle au plus profond.
Comédie Française, salle Richelieu, à 20h30 en soirée, 14h en matinée (0825 10 16 80) www.comedie-francaise.fr
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January 11, 2015 12:42 PM
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Publié par Théâtre du blog : Oblomov d’Ivan Alexandrovitch Gontcharov, traduction d’André Markowicz, adaptation et mise en scène de Volodia Serre, avec Guillaume Gallienne dans le rôle-titre Oblomov, propriétaire terrien installé à Saint-Pétersbourg, passe ses journées, avachi sur son canapé, en robe de chambre, habité par un goût prononcé pour l’oisiveté. Quand son valet Zakhar le regarde, ou son meilleur ami Stolz, c’est l’ironie, avec un sourire mi-figue, mi-raisin, qui l’emporte. Le rêveur passe le plus clair de son temps, reclus dans un appartement d’où il va être bientôt délogé par le propriétaire qui souhaite le récupérer. La vie miniaturisée et réduite de cet anti-héros poétique se tourne entièrement vers son passé bienheureux à Oblomovka, la demeure aristocratique du village de son enfance, dans une pièce poussiéreuse au papier peint usé et déchiré. Ce refuge n’en reste pas moins comme la demeure baudelairienne du Spleen de Paris, « Une chambre qui ressemble à une rêverie (…) L’âme y prend un bain de paresse, aromatisé par le regret et le désir. » Oblomov, que son ami éclairé Stolz secoue avec force pour essayer de le libérer de ses entraves, ressemble étrangement au Jean Santeuilde Marcel Proust : « Chaque jour, il promettait à sa mère de travailler, à partir du lendemain, et le lendemain, la paresse, plus insolente que la veille de la nouvelle journée qui lui avait été laissée en pâture, avait vite fermé ses livres ou ôté la plume de ses doigts. » Méditatif et cultivé, en quête d’un dialogue constant avec les autres, Oblomov n’est plus désormais que l’ombre de lui-même, déserté par la moindre passion, si ce n’est celle d’un paradis imaginaire et perdu. A la différence des insectes attirés par la lumière, cafards et autre vermine, qui courent sur les murs de sa chambre et qui peuplent ses cauchemars, le convalescent de l’existence ne semble tiré par rien, mais déserté par la gamme des émotions, peines et des joies humaines. Guillaume Gallienne est tout bonnement excellent, nuancé et sincère dans la révélation de ses choix de vie à l’intérieur d’un joli fil de méditation bien tendu. Sébastien Pouderoux,est Stolz, l’homme loyal et l’ami précieux, sûr et fier de lui, qui représente l’image même du succès,et l’écho masculin d’Olga, la belle musicienne (Raphaèle Bouchard). Alain Lenglet, (Zakhar, le serviteur fidèle) donne la répartie d’un ton bougon, celui d’un paysan qui sent les changements à venir. Nicolas Lormeau joue un proche de l’anti-héros, serviable mais étroit de pensée. Cette mise en scène facétieuse et vive de Volodia Serre s’inscrit dans l’appréciation critique de nos temps bousculés, avec un regard incisif. Véronique Hotte CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE Théâtre du Vieux-Colombier – Comédie-Française, du 9 au 25 janvier 2015.
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Le spectateur de Belleville
December 24, 2014 7:17 AM
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Publié dans Télérama : La sévérité de son père, ses premiers pas sur les planches, son petit côté “Gepetto” bricoleur... Comédien et metteur en scène, Eric Ruf est, à 45 ans, à la tête du Français. Mélancolique en quête d’insouciance, travailleur acharné, il veut en bousculer les habitudes. CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ENTRETIEN D'ERIC RUF AVEC FABIENNE PASCAUD SUR LE SITE DE TÉLÉRAMA
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Le spectateur de Belleville
December 5, 2014 3:52 AM
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Publié par Le Figaro : Anne Kessler dirige avec intelligence sept de ses brillants camarades de la Comédie-Française. Enthousiasmant. (...) L'interprétation est éblouissante. Composition amusée de Catherine Salviat en habit d'homme, souffrance ombrageuse du Trivelin d'Éric Génovèse, charme étourdissant du Prince sans scrupule, Loïc Corbery, voile de tristesse sur le beau visage de Flaminia, Florence Viala, désarroi de la charmeuse Lisette, Georgia Scaliet. Silvia, fine et touchante Adeline D'Hermy, Arlequin, solaire et nuancé, Stéphane Varupenne, sont pour longtemps prisonniers…
Critique d'Armelle Héliot CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE La Double Inconstance, à la Comédie-Française (Paris Ier), jusqu'au 1er mars. Durée: 2 h 15. Tél.: 0825 10 16 80. www.comedie-francaise.fr
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