Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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L’adieu à la scène d’Yves-Noël Genod 

L’adieu à la scène d’Yves-Noël Genod  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Guillaume Lasserre dans son blog -    27 nov. 2022

 

C’est en fond de cale d’une péniche amarrée sur le canal de l’Ourcq à Paris qu’Yves-Noël Genod enterre sa vie artistique débutée avec Claude Régy et achevée à la Pop. Prononçant lui-même une oraison funèbre qui emprunte autant à Marguerite Duras qu’à Sylvie Vartan, il fait de « TITANIC, hélas » un vibrant hommage à la scène, beau et triste à la fois, drôle et mélancolique, à son image.

 

Drôle d’endroit pour un adieu. Une fois passé la porte de la péniche la Pop[1] amarrée sur le bassin de la Villette, le spectateur entre de plain-pied dans la salle de spectacle. À l’intérieur, Yves-Noël Genod joue les hôtes de maison, embrasse les amis, salut les inconnus, offre çà et là une coupe de champagne. Le spectacle va bientôt commencer, ou plutôt la mise en bière. Quoi de mieux qu’un fond de cale pour un enterrement ? En l’occurrence celui de la carrière artistique de l’une des figures les plus singulières de la scène française. La sonnerie d’un téléphone portable retentit, laissant entendre une mélodie dont seuls les plus de cinquante ans se souviennent, la chanson d’un amour qui s’achève interprétée en 1976 par une Américaine à Paris. Le jeune homme au téléphone murmure tout d’abord puis se lève pour mieux entonner la rupture, en ressentir la douleur, espérer la dernière étreinte : « Faisons l’amour avant de nous dire adieu ». Derrière lui, une femme âgée, déjà au seuil de sa vie, enfile une robe rouge sang qu’elle assortit de talons aiguilles de même couleur. Une apparition, un fantôme, l’incarnation de la vie dans ce qu’elle a de plus précaire : la brièveté des corps, et de plus beau : la fragilité. La beauté contemporaine est immuablement éphémère. Le prologue s’achève alors que ce couple improbable, sorte d’Harold et Maud du bassin de la Villette incarnant deux temps fondamentaux de la vie, la promesse et le souvenir, deux âges de l’être humain, quitte une scène accidentée par de petites saillies formant tranchées, des trappes qui, si elles ne sont pas laissées béantes sont néanmoins entrouvertes de façon à créer un parcours en relief, comme semé d’embuches, à la surface de ce fond de cale, telle une ligne de vie scarifiée par les affres qu’elle a traversée.

« Avant de nous dire adieu »

Assis parmi les spectateurs, Yves-Noël Genod esquisse un signe de croix, geste assurément culturel qui n’en est pas moins religieux pour autant, avant d’entamer la longue litanie des raisons qui le conduisent à mettre un terme à sa carrière. S’il se dit en pleine forme, il n’a « depuis quelque temps, plus assez de commandes et surtout pas assez de public pour continuer[2] ». Le temps est venu de la reconversion. « Après tout, j’avais formé des gens, j’avais eu — moi aussi — mon petit conservatoire de Mireille — où pas mal de monde était passé… » rappelle-t-il en introduction. Genod joue sur la figure archétypale du dépassement de l’artiste par de plus jeunes, avouant : « Je suis une grande actrice. Mais un peu d’une autre époque ». Comme toujours chez l’artiste, l’humour se mélange à la poésie et aux sanglots longs. Chacune de ses performances théâtrales est un manifeste. « TITANIC, hélas » n’échappe pas à la règle, interrogeant ici la signification de la création artistique dans un monde au bord du naufrage, un monde où les salles de spectacles ne font plus recette.

Faire ses adieux à la scène sur la Seine (ou presque), il fallait oser. À la fois metteur en scène, chorégraphe, comédien, performeur et auteur sans doute le plus prolifique des arts vivants en France – il a plus d’une centaine de spectacles à son actif –, Yves-Noël Genod se forme à l’école d’Antoine Vitez à Chaillot et fut d’abord interprète de Claude Régy pour qui écrire était à la fois « parler et se taire[3] » – le maître aimait à travailler sur les contrastes –, et demandait « aux interprètes d’être au niveau, d’à la fois parler et s’taire, à la fois vivants et morts », et de François Tanguy au Théâtre du Radeau. La pratique du Contact improvisation[4](CI) le fait doucement dévier vers la danse. En juin 2003 lors du festival Let’s Dance au Lieu Unique à Nantes, répondant à l’invitation du chorégraphe Loïc Touzé, il signe son premier spectacle. Simplement intitulé « En attendant Genod », il prend pour modèle le Stand-Up anglo-saxon. Le succès de ce premier spectacle en appelle d’autres. Depuis cette date, il met en scène tous ses spectacles dont les formes hybrides dénotent une certaine résistance aux catégories. Yves-Noël Genod déborde des cases.

 

« J’ai abusé du temps, et à présent le temps abuse de moi »

La performance repose sur le texte, lui-même construit par collage de citations plus ou moins célèbres, plus ou moins déformées, évoquant le théâtre, la scène. « Ce spectacle est un jeu de ‘samples’ souvent non référencés » écrit Yves-Noël Genod dans la feuille de salle. Il cite ainsi pêlemêle Vladimir Jankélévitch et Barbara, Emmanuele Coccia et Stéphane Mallarmé, Marcel Proust et Florence Foresti, reprend la fascinante prédiction de fin du monde que Marguerite Duras nous adresse depuis 1986 : « Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité mais comme l'histoire du futur[5] ». Duras avait raison : « Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne[6] ». Il prend soin cependant de rappeler que dans la fin du monde il y a aussi la fin de soi, et que si ce thème a été et est si populaire, c’est parce qu’il représente un pas supplémentaire vers notre propre mort. « Dieu merci, notre art ne dure pas » se rassure-t-il, empruntant la formule à Peter Brook. Il est plus proche cependant de la pensée de Madeleine Renaud pour qui le théâtre est du côté de la vie, pas de la mort. Il assume sa mélancolie, affirmant que « la mélancolie, c’est le bonheur d’être triste », mais peine à raconter des blagues belges, avouant lui-même son incapacité à en imiter l’accent. Côté avenir, il annonce, sans même y croire, sa reconversion dans le commerce de bouche, formulant le souhait d’ouvrir une boucherie dans les Cévennes, hésitant encore à la spécialiser : bio ou chevaline. « Sylvie Guillem, il paraît qu’elle élève des ânes. Ça, ça me plairait… » dit-il rêveur.

Il s’adresse au public venu ce soir-là en nombre : « Pendant des années, vous m’avez permis de vivre ». Si le désir est intact, les commanditaires sont de moins en moins présents. Peut-être redeviendra-t-il interprète comme avant. Lui qui a été « conçu pour enchanter les foules trois cent soixante-cinq jours par an » préfère se retirer. « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce ! »

Qu’on se rassure, chaque spectacle d’Yves-Noël Genod est unique et, par conséquent, le dernier, et les prochains n’échapperont pas à ce protocole sans protocole. Soyons sûrs que l’artiste fera ses adieux pendant bien des années encore. C’est bien là tout le mal qu’on lui souhaite. « Le passé ne m’intéresse pas, ne m’intéresse que le présent et un tout petit peu l’avenir ». dit-il, faisant siennes, à nouveau, des paroles de Madeleine Renaud. C’est bien à cet endroit que se situe la grâce, dans l’instant T, le moment présent, ce qui est en train de se faire et qui n’est déjà plus. Telle une épiphanie, « être déplacé par l’autre ». Yves-Noël Genod avait promis du rire et des larmes. La réapparition des fantômes qui avaient ouverts le bal des adieux annonce déjà la fin du spectacle. Que la fête commence.

[1] Incubateur artistique et citoyen installé sur une péniche du bassin de la Villette, la Pop ouvre au public en 2016. Structure de production, lieu de résidence, de recherche et d’expérimentation, espace de création multidisciplinaires, elle interroge les rôles et fonctions que jouent la musique et les sons pour l’individu, les communautés, la société ou les écosystèmes.

 

[2] Le texte TITANIC, hélas est disponible à la lecture dans son intégralité sur blog de l’artiste Le Dispariteurhttp://ledispariteur.blogspot.com/2022/11/t-exte-de-titanic-helas.html?m=1 Consulté le 27 novembre 2022.

 

[3] « Le maître soumet son auditoire à l'écoute, à la patience. Ponctuant de ses commentaires chaque fragment du poème de Vessas lu par les stagiaires, il instille, entre autres principes, que « le sens apparent n'est pas intéressant », que « seul compte le non-exprimé, le poétique », qu’« il faut faire entendre la multiplicité, les sens contraires ». Bref, qu’il ne faut pas lire, mais rêver en lisant et remplacer la passivité par l'activité » ou, en d'autres termes, « qu'il faut lire et écouter en même temps ». Dans ce contexte, se taire ou parler constitue un travail identique pour l'acteur : c'est ici la première leçon », Virginie Lachaise, « Claude Régy : une leçon de maître », Jeu, n°129, 2008, pp. 72–76.

 

[4] Champ de recherche par le mouvement initié par le chorégraphe et danseur américain Steve Paxon à partir de 1972 qui en donne la définition suivante : « Ce n’était pas de la lutte, une forme d’étreinte, du sexe, de la danse sociale, pourtant c’était en partie un peu de tout cela. Il fallait trouver un nom (…). Contact Improvisation… ? », Steve Paxton, Nouvelles de danse N°38-39, 1999, p.113.

 

[5] Marguerite Duras. « Tchernobyl, une mort géniale. Entretien avec Gilles Costaz », Le Matin, 4 juin 1986.

 

[6] Ibid.

TITANIC, hélas - Conception Yves-Noël Genod. Interprétation Aymen Bouchou, Mariella Mounnie et Yves-Noël Genod. Son Benoît Pelé. Scénographie et lumière Philippe Gladieu. Production Le Dispariteur. Coproduction La Pop

Du 25 au 27 novembre 2022.

La Pop
Face au 61, quai de la Seine, Bassin de la Villette
75 019 Paris

 
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Œuvres complètes et pièces détachées -

Œuvres complètes et pièces détachées - | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Eve Beauvallet pour Next-Libération

Image : «Leçon de théâtre et de ténèbres, épisode 4», par Yves-Noël Genod. Photo Helen Heraud 

 

Spectacles déclinés en épisodes ou réunis en intégrales, reprises mensuelles de classiques du répertoire : des expériences interrogent les rythmes d’exploitation et de fréquentation traditionnels.


Du café, des biscuits au chocolat, des duvets, des amis qui live-tweetent en chaussettes, des épisodes qui s’enchaînent le temps d’un week-end de binge watching intense… Rien d’anormal à observer ces pratiques pittoresques si l’on évoque la trilogie des Sissi ou l’intégrale de la série Mr Robot. Un peu plus étonnant d’apprendre que ce code de conduite fut adopté l’an dernier dans des salles de théâtre. En l’occurrence celles où l’on jouait Henri VI, de Shakespeare, un marathon théâtral présenté comme une série HBO, en plusieurs épisodes ou lors d’une intégrale d’une durée totale de dix-huit heures (avec une version «trailer» de 45 minutes donnée séparément). A l’aube du projet, certains programmateurs avaient mis en garde son jeune concepteur, le très (trop) adoré metteur en scène Thomas Jolly, contre ce qu’ils appelaient une «opération kamikaze». On lui avait rappelé les fondamentaux de la sociologie du spectacle : face à une offre culturelle pléthorique, à l’ère de l’extrême mobilité («vous avez bien dit réserver trois mois à l’avance mon samedi soir 19 décembre ?»), dans laquelle seuls 6 % des Français sortent plus de trois fois par an au théâtre (la Sortie au théâtre, Dominique Pasquier, PUF 2012), il ne trouverait pas deux masochistes prêts à zapper un week-end devant House of Cards pour aller ronfler plusieurs fois d’affilée devant Shakespeare. Vraiment ? Henri VI est pourtant l’un des plus grands succès populaires et médiatiques des dernières années.

Netflixisation
L’«opération kamikaze» ne fut pas isolée. Au Théâtre de Montreuil, en 2012, le metteur en scène Mathieu Bauer créait lui aussi, avec moins de retentissement néanmoins, Une faille, une forme feuilletonnante en deux saisons et douze épisodes. Idem pour Pauline Sales avec son feuilleton Docteur Camiski en 2015, ou Robert Cantarella, à l’initiative du projet Notre Faust, série diabolique en 5 épisodes (cinq auteurs, cinq semaines, cinq créations disait le sous-titre) donné à Théâtre Ouvert en 2014. «Quelques spectateurs avaient joué le jeu de la série en achetant des places pour tous les épisodes,nous confiait alors la directrice de Théâtre Ouvert, Caroline Marcilhac, qui reprogramme en janvier 2016 l’intégrale de la saison 1. Sinon, c’est le bouche à oreille qui a surtout fonctionné, fédérant progressivement une communauté de fans.» Et se monte en ce moment, à la Criée de Marseille, Trois Cantates policières, opéra-thriller en trois parties indépendantes (2015-2017) sur des livrets du romancier Sylvain Coher, des partitions de musiciens contemporains et une interprétation par l’ensemble Musica 13.

Voilà pour les dernières tentatives de «netflixisation» des scènes. Qu’elles aient été surévaluées ou non, aient su trouver leur modèle ou pas (étaler les épisodes au long de la saison, ou les resserrer sur un mois ?), toutes ont en commun d’avoir attiré l’attention sur la question des pratiques des spectateurs de théâtre. Sur la possibilité de générer d’autres rythmes de fréquentation que ceux imposés par la logique traditionnelle de l’abonnement. «C’est sans doute moins un effet de mode qu’une réponse à une mutation socioculturelle, avance Gwenaël Morin, qui dirige le Théâtre du Point du Jour à Lyon. On est dans une relation plus vernaculaire au produit culturel. Il y a besoin d’objets qui pénètrent davantage notre quotidien, qui ressemblent d’ailleurs moins à des objets qu’à des espaces dans lesquels on peut revenir et interagir. Une sorte de "nuage" pour emprunter des poncifs…»

Panique et fatigue
Gwenaël Morin est l’auteur de l’épopée sans doute la plus folle et régénérante menée au théâtre ces dernières années. Le «Théâtre Permanent», né de l’impact qu’a pu avoir sur lui le plasticien Thomas Hirschhorn, a consisté pour les acteurs à jouer en public des chefs-d’œuvre du répertoire dramatique dès le début des répétitions, tous les soirs pendant un an, sans décors, gratuitement, dans la panique et la fatigue. Une sorte de work in progress avec communauté de fans, mené en 2009 aux Laboratoires d’Aubervilliers et aujourd’hui à Lyon. Depuis octobre 2015 et jusqu’à fin décembre, il «prête» le «Théâtre Permanent» au metteur en scène Yves-Noël Genod, qui finalise actuellement un cycle selon le protocole suivant : créer un nouvel épisode toutes les deux semaines. «Evidemment il faut que ce soit le moins cher possible pour que les gens reviennent, parce qu’il ne s’agit pas de faire des coups commerciaux,précise Gwenaël Morin. On est financés par l’Etat pour se permettre de prendre des risques hors des logiques commerciales, ce qui ne veut pas dire qu’on doit nécessairement être contre le commerce…»

Reste qu’il est économiquement compliqué de sortir du rythme habituel de production et d’exploitation, qui impose aux compagnies de répondre au schéma suivant : créer sa pièce en sept à huit semaines, puis jouer et tourner trop peu (seulement 7 % des spectacles comptent plus de cinq représentations d’affilée). Puis jeter les décors et recommencer. «A la différence du système allemand, conçu autour de compagnies permanentes qui font vivre un répertoire, le système français valorise davantage la création de nouvelles pièces que la diffusion et la reprise. Le mode de subvention en témoigne, analyse Nathalie Wimeux, codirectrice du Théâtre Nanterre-Amandiers. Cela contribue à un certain formatage et du fait de ce formatage, le public est enfermé dans une logique de consommation.»

Exotique
A leur mesure, les Amandiers tentent de diversifier les modèles. En valorisant davantage les reprises - on apprend que Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat réapparaîtra à l’affiche du théâtre la saison prochaine - ou en reprenant le même spectacle chaque mois, sur toute la saison, pour une ou deux représentations (c’est le cas cette année avec l’adorable Effet de Serge, de Philippe Quesne, metteur en scène et codirecteur des Amandiers). Une façon de faire vivre un phénomène aussi exotique dans le théâtre public que la «relation interpersonnelle» permise par le bouche à oreille, une vieille lune du spectacle subventionné, à qui l’on ne laisse aucune chance dans un rythme d’exploitation classique. Cette logique de l’alternance, courante dans le théâtre privé et dans le modèle allemand (en raison de la présence de «permanents») reste néanmoins très coûteuse pour les compagnies indépendantes en raison du problème de stockage des décors. La solution ? «Il faudrait pouvoir concevoir un système mixte entre les modèles français et allemands. De façon à diversifier les modèles d’exploitation en fonction des projets», suggère Nathalie Wimeux.

C’est précisément le nerf de la guerre menée par Gwenaël Morin qui, en janvier, présentera aux Amandiers son cycle les Molière de Vitez selon le rythme suivant : une pièce de Molière différente chaque soir de la semaine, comme autant de répétitions pour préparer l’intégrale du samedi. Le tout pendant un mois. «Bon, le mot "teaser" est dégueulasse, mais c’est un peu ça : chaque pièce jouée individuellement incite les spectateurs à venir vivre l’expérience entière.» Quand on l’interroge sur la modélisation de ce projet, sur la possibilité d’en faire un système, il insiste, pour qu’on le comprenne bien : «Si on crée des œuvres en réponse à une mutation sociologique dont on a pris acte et à laquelle on veut coller, ça ne marchera jamais.» Pourquoi ? «Parce qu’on sera toujours en retard sur les usages. Quand je sens qu’un programmateur a une idée a priori de ce qui va marcher sur son "public", je n’y vais pas, prévient-il. Duchamp disait que c’est le regardeur qui fait le tableau. Je pense précisément l’inverse. C’est l’œuvre qui doit réinventer le regard, elle qui doit créer le contexte et non l’inverse. S’il doit émerger d’autres modes de production et d’exploitation, ça doit surtout et uniquement venir de l’œuvre.»

Ève Beauvallet


Leçon de théâtre et de ténèbres par Yves-Noël Genod Jusqu’au 31 décembre au Théâtre du Point du Jour, à Lyon (69).


Les Molière de Vitez par GwEnaël Morin du 5 au 30 janvier au Théâtre Amandiers-Nanterre (92).


Notre Faust les 16 et 17 janvier à Théâtre Ouvert, 75018. Puis en tournée les 23 et 24 janvier au CDDB de Lorient (56), les 30 et 31 janvier à la Comédie, Clermont-Ferrand (63).

Le spectateur de Belleville's insight:

Séries, feuilletons, spectacles-fleuves, rendez-vous réguliers, week-end complets : de belles propositions théâtrales qui se jouent des limites temporelles.

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"Rester vivant", par Yves-Noël Genod

"Rester vivant", par Yves-Noël Genod | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Jean-Marc Adolphe dans Mouvement :

 

« Au début, on croit reconnaître la voix de Barbara, mais non, c'est Jeanne (Jeanne Balibar) qui chante, « Naviguer c'est précis, vivre c'est pas précis » (forcément, il y a là un zeste de Pessoa) et cette voix-là, petite musique de nuit, va vous bercer toute la nuit encore, et celles à venir, même en plein jour. Au début, on croit reconnaître la voix de Jankélévitch, mais non, c'est Yves-Noël Genod (en lui chantent toutes les voix de la philosophie, plus celles de la poésie), et cette musique-là vous embarque dans un voyage aux confins. Au début, vous croyez reconnaître des vers de Baudelaire, et c'est bien Baudelaire, mais comme traversé par Artaud, Georges Bataille, René Crével (entre autres), et Léo Ferré, Serge Gainsbourg, Damien Saez (entre autres). Au début, vous vous dites : ça va être long, deux heures et demie dans le noir, à la fin vous vous dites : c'est donc si court, deux heures et demie ? Au début, on vous dit que tout le spectacle sera dans le noir, et qu'il n'y aura donc, à proprement parler, rien à voir. C'est absolument faux. Il y a des éclairements qui se font en vous, des étoiles dont vous aviez oublié l'existence et qui se réveillent, des pages qui deviennent lucioles, et une momie phosphorescente. « Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissent de mon œil par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers. » Rester vivant, de Yves-Noël Genod est, de très loin, l'expérience la plus lumineuse (et ténébreuse, tout autant) qu'il m'ait été donné de vivre dans une salle de « spectacle »... »

 

Jean-Marc Adolphe (directeur de la revue « Mouvement »)

Théâtre du Rond-Point / Festival d'Automne, jusqu'au 31 décembre

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« Rester vivant » : shoot d’opium dans la blackroom d’Yves Noël Genod

« Rester vivant » : shoot d’opium dans la blackroom d’Yves Noël Genod | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Amélie Blaustein Niddam pour Touteleculture.com


Un soir, où le ciel est triste et beau comme un grand reposoir, Yves Noël Genod, gracile, long et fragile nous accueille une coupe de champagne à la main, il nous l’offre en s’assurant que non, nous n’avons pas peur du noir. Nous allons, 2h30 durant, revivre, de façon très différente et très transformée Rester vivant, son récital baudelairien « vu » à la Condition des Soies dans le Off d’Avignon 2014.


Le spectacle est l’un des derniers du Festival d’Automne et restera dans les corps. Apres le Sacre sans hommes de Castellucci, c’est à une œuvre (presque) sans images visibles que le « Distributeur » de spectacles nous invite. Alors qu’à Avignon nous assistions à un récital parlé dans le noir, ici, nous sommes plongés dans Baudelaire, pas son œuvre non, lui-même. C’est dans son « triste cerveau » que nous voyageons, dans un train dont surgit un cri ayant vu le drame. C’est avec lui, dès l’enfance que nous ressentons le trouble et l’appel de l’opium et du sexe.Le spectacle devient exactement « Le poison » devenu ici la voix d’Yves Noël. Voix enregistrée, parfois parlée en direct. Voix magnétique, envoûtante, qui sème le trouble en s’étouffant, qui se contraint, qui accélère dans une folie pure. « Rester vivant agrandit ce qui n’a pas de bornes, allonge l’illimité, approfondit le temps, creuse la volupté« . Au commencement, Genod nous fait la presque promesse que le mot appellera un son. Que lorsqu’ on entendra le mot chien, on l’entendra aboyer.

On glisse dans une forme légère d’hypnose qui nous rappelle la sensation atteinte dans Le vrai spectacle de Joris Lacoste où l’expérience était collective, face comédien. Ici, le public est dos à dos, une poignée de gens, à peine cinquante. Dans un jeu de lumière qui viendra surgir, nous éblouir même par moment. En matière de plasticité lumineuse, Philippe Gladieux est maître à bord. Ces shoots sont comme des descentes ou des réveils d’anesthésie, absolument brutaux, il ne faudrait se complaire ni dans le confort de la drogue ni dans ce voyage qui au fil de l’expérience devient de plus en plus profond, qui nous entraîne dans nos propres limbes. Genod est ici au sommet de son art. Lui qui sait faire danser la brume, qui peut nous asseoir au coin du feu ou nous faire pleurer sur Julio Iglesias atteint notre inconscient dans une cérémonie de spiritisme si chère au XIXe.

« Que l’amour vous soit un calmant » nous dit-il dans les mots de Baudelaire à la presque fin de cette expérience somptueuse. Ce qui est sûr, c’est que Rester Vivant vient puiser en nous comme une mante religieuse, et se faisant, en éjecte le mal et les tensions qui nous pourrissaient avant d’entrer en salle.

Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le cœur comme un papier qu’on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse?

Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
Les poings crispés dans l’ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine?
Ange plein de bonté connaissez-vous la haine?

Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
Qui, le long des grands murs de l’hospice blafard,
Comme des exilés, s’en vont d’un pied traînard,
Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres?

Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
De lire la secrète horreur du dévouement
Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avides!
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides?

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,
David mourant aurait demandé la santé
Aux émanations de ton corps enchanté;
Mais de toi je n’implore, ange, que tes prières,
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal



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Visuel : ©Philippe Gladieux

« Rester vivant » d’Yves Noël Genod

Du 16 décembre 2014 au 31 décembre 2014 à 21h00

Théâtre du Rond-Point


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Dynamiter le théâtre, disent-ils

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Publié dans Le Monde :

 

Dans le Midi, « adieu » s’utilise parfois pour dire bonjour ou saluer un proche, avec le sourire et les bras ouverts. Et pas seulement pour tourner les talons et prendre congé de quelqu’un. Ce mot harnière, qui signifie une chose et son contraire, illustre parfaitement les tensions à l’œuvre dans le théâtre contemporain. « Adieu le langage ! », clame en substance une nouvelle génération de metteurs en scène français, comme pour signifier son appétit des formes… et sa volonté de tri. Ils l’affirment : il faut donner du jeu au théâtre, comme on parlerait d’une porte qui n’ouvre plus très bien. Alors, bienvenue au langage, un champ bien plus vaste que le texte, qui va de la danse aux arts plastiques, en passant par le cinéma. Que retient-on de l’héritage des aînés ? Qu’est-ce qu’on invente, qu’est-ce qu’on reformule, qu’est-ce qu’on oublie ?

ADIEU AU LANGAGE

En écho à ces questionnements, la quarante-troisième édition du Festival d’automne programme une dizaine de jeunes artistes, venus de tous les horizons. Certes, ils sont déjà bien identifiés sur la scène contemporaine, mais ils sont peu connus du grand public. Tout en explorant leur propre voie, certains se réclament de grandes figures du théâtre contemporain, les Claude Régy, François Tanguy, Roméo Castelluci – des auteurs que le festival créé par Michel Guy en 1972 accompagne depuis longtemps. Il y aurait donc une filiation. Citons-les, par ordre alphabétique : outre le tandem Patricia Allio-Eléonore Weber sont présents à l’affiche Jeanne Candel, Fanny de Chaillé, Sylvain Creuzevault, Julie Deliquet, Yves-Noël Genod, Julien Gosselin, Vincent Macaigne ou encore Philippe Quesne. Celui-ci, âgé de 44 ans, issu des arts plastiques, est le seul, parmi le groupe, à diriger un lieu : le Théâtre Nanterre-Amandiers (Hauts-de-Seine), depuis novembre 2013. Cette année, il présente Next Day, une pièce avec des enfants âgés de 8 à 13 ans, qui découvrent l’adolescence. Quand on demande à ce metteur en scène des « microcosmes humains » comment il entend piloter cette scène emblématique, il répond sur un terrain inattendu : « Il y a un répertoire contemporain, au théâtre, qui est sous-exposé et que je souhaiterais mettre en valeur. »

UNE GRANDE AMBITION INTELLECTUELLE

Vincent Macaigne ne lui donnera pas tort. « Un film d’auteur, on en parle toujours plus que d’un spectacle qui a du succès », confirme la star montante du cinéma français, réalisateur, comédien et aussi metteur en scène. Actuellement, il est en pleine répétition d’Idiot ! parce que nous aurions dû nous aimer !, après avoir créé Idiot !, en 2009. Il extrait la matière du chef-d’œuvre de Dostoïevski, plus qu’il ne l’adapte. « Je veux réentendre le texte que j’en avais tiré il y a quatre ans, voir où cela en est. Ne pas baisser la garde », dit-il simplement. « Tous ont une grande ambition intellectuelle. Ça brûle, c’est rouge et ça chauffe tout le temps », souligne Marie Collin, directrice artistique du Festival d’automne pour la danse, le théâtre et les arts plastiques. Paraphrasant le titre du dernier film de Godard, Adieu au langage, Eléonore Weber résume la réflexion qu’elle mène avec Patricia Allio : « Nous, ce n’est pas “Adieu au langage”, mais adieu au langage et aux images. » Philosophes de formation, les deux auteures et metteuses en scène s’emparent de « symptômes » de la société – la question migratoire, par exemple – afin de produire une pensée, et aussi des formes scéniques. Leur prochaine création, Natural Beauty Museum, interroge la fascination des individus pour la contemplation de la nature.


Avant d’arriver sous les projecteurs du prestigieux festival, certains de ces artistes (Creuzevault, Deliquet…) ont été repérés par des programmateurs avisés, tels José Alfarroba, directeur du Théâtre de Vanves, ou Marie-Thérèse Allier, de la Ménagerie de verre, à Paris, consacrée à la danse. « Comme dans le cinéma français, et dans la danse, on observe un renouveau dans le théâtre. A Vanves, on a le droit d’expérimenter, et de se tromper », explique José Alfarroba.

IMPROVISATION ET THÉÂTRE DU RÉEL

Julie Deliquet, justement, n’a pas peur de l’accident. Ses comédiens du collectif In Vitro sont connus comme des as de l’improvisation. Pour une scène de repas, elle a pu les embarquer dans une maison, en banlieue parisienne, les plongeant dans une improvisation de sept heures. Elle s’interroge : « Quand j’étudiais le théâtre, on nous demandait d’articuler le mot “maintenant” en trois syllabes. Ça me perturbait, car dans la vie de tous les jours, on dit maint’nant ! » Julie Deliquet revendique un théâtre du réel : elle va présenter une trilogie, une saga générationnelle des années 1970 à nos jours, dont le troisième volet a été écrit collectivement, avec les comédiens. Mais rien n’est figé dans le marbre. Chaque soir, les acteurs adaptent la trame…

Yves-Noël Genod, lui, crée à partir de ses comédiens, « comme Coco Chanel le faisait avec ses modèles », sourit-il. Cet elfe, ce dandy aux cheveux longs, blonds, comme une mèche qui brûle, est une performance à lui seul. Il peut envoûter les spectateurs en lisant du Baudelaire. Pourtant, l’essentiel est ailleurs, dit-il. « Je n’ai absolument rien contre la découverte d’un texte au théâtre, mais l’obédience du théâtre au texte souvent me gêne. François Tanguy disait : “Le mot que je déteste le plus quand on parle du théâtre, c’est le mot texte.” » « YvNo » fait « du théâtre d’après les lieux et d’après les personnes ». La surprise de sa prochaine création sera totale, une fois de plus. Avec Jeanne Candel, aussi, « on ne sait jamais ce que l’on va voir », assure la programmatrice du Festival d’automne. Formée au théâtre, la jeune femme est également marquée par le travail de la chorégraphe Pina Bausch. Elle ne part pas d’un texte, mais de plusieurs, et se livre à des collages.


L’IMPURÉTÉ DU THÉÂTRE REVENDIQUÉE

 

La méfiance à l’égard du langage et de son « absurdité » est assurément un moteur de création. C’est le cas pour Fanny de Chaillé, qui a travaillé avec Daniel Larrieu au Centre chorégraphique national de Tours. « Je viens de la danse. Pour créer, je pars d’une forme et non d’un texte », dit-elle. Le spectacle qu’elle va présenter, Le Groupe, d’après La lettre de Lord Chandos, de Hugo von Hofmannsthal, est « une sorte d’adieu aux mots », le personnage ne parvenant plus à écrire, parce que, dit-il, les mots ont perdu toute valeur. « Faire groupe, c’est créer une langue ensemble », explique-t-elle.

« C’est aussi jongler avec tous les arts », conclut Julien Gosselin, le plus jeune d’entre tous, 27 ans. « Le théâtre est un art impur, il n’a pas d’acte de naissance. Il est né de la réunion de la danse, de la musique, de la poésie, du chant. Cette diversité des disciplines sur le plateau est là depuis le début. Mais on s’est enfermé dans une conception patrimoniale du théâtre », dit-il. En 2013, il a mis en scène à Avignon Les Particules élémentaires, de Michel Houellebecq. Pourquoi Houellebecq ? « Parce que, dans ce livre, il y a une variété de langages et de formes narratives, entre le décryptage de la société libérale, la poésie, etc. Cela permet de travailler sur le rythme, l’arme numéro un du théâtre pour capter l’attention du spectateur », estime-t-il. La pièce sera jouée, à nouveau, dans le cadre du Festival d’automne. Il découvre les metteurs en scène de sa génération, voit leurs spectacles. Ça se contamine, dit-il, mais chacun est différent, poursuit sa recherche esthétique : « Il ne faut pas parler d’une nouvelle vague, ce serait réducteur. Je suis juste content que nous soyons nombreux », se félicite-t-il. Et d’insister : « Ce n’est pas du vent. Il y a quelque chose qui existe. » C’est maint’nant.

Clarisse Fabre pour le hors-série du Monde consacré au Festival d'automne à Paris

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Avignon off : une ode à la brique et les bijoux de Baudelaire - Rue89

Avignon off : une ode à la brique et les bijoux de Baudelaire - Rue89 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Quand vient le Festival d’Avignon, Yves-Noël Genod aime venir prendre ses quartiers d’été dans la région. Ni « in » ni « off », il est « off limits » comme disait Adamov. On le retrouve sur les marches qui conduisent au puits de pierres (ou de briques ?) du théâtre de la Condition des soies, un lieu dont personne n’a encore percé le secret de son étrange acoustique.

 

Genod y a déjà une fois établi sa résidence d’été, le temps d’y fourvoyer un spectacle, bricolé et répété dans une urgence venant secouer son apparente nonchalance.

C’est à nouveau le cas avec « Rester vivant », heure délicate et pleine d’odeurs légères, passée à susurrer une brassée de poèmes puisés dans « Les Fleurs du mal » de Charles Baudelaire. Ce recueil est comme un diamant gros comme le Ritz dont chaque éclat est un poème.

 

Jean-Pierre Thibaudat pour son blog "Théâtre et Balagan" sur Rue89

Paru le  8 juillet

 

 

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PORTRAIT - Yves-Noël Genod, metteur en scène de l’invisible

PORTRAIT - Yves-Noël Genod, metteur en scène de l’invisible | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Silhouette longiligne et lunaire, Yves-Noël Genod est un électron libre sur le territoire de la création scénique qu’il ponctue de spectacles informels et incandescents, tout de grâce vêtus et dévêtus. Le metteur en scène investit le plus beau théâtre de la capitale, les Bouffes du Nord, avec la recréation d’une proposition intitulée 1er avril, date qui l’a vue naître pour la première fois à Bruxelles et qui la voit renaître demain à Paris. L’occasion de parler de cet homme habité.
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Les corps nus dansent et performent, et bien souriez maintenant ! - toutelaculture.com

Les corps nus dansent et performent, et bien souriez maintenant ! - toutelaculture.com | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Il était un temps pas si lointain et non révolu où se montrer nu sur scène était un cri. On se souvient de Marina Abramovic se scarifiant, du travail de Jan Fabre dont l’art puise dans le travail des chairs. Je suis sang était une allégorie de la douleur, de l’enfantement à la guerre. Histoire des larmes nous renvoyait au statut de l’enfance. On se souvient de Quando l’uomo principale è una donna, un solo avec huile d’olive teintée d’action painting. A chaque fois, l’effet est pictural. Aujourd’hui, la posture change pour le genre chorégraphique et performatif, le nu se fait plus doux, parfois drôle. Le positif est de retour ?

En février Yves Noël Genod présentait au Théâtre de la Bastille son magnifique « La mort d’Ivan Ilitch ». Dans un noir théâtral, il nous invitait à un voyage tendre, violent et mélancolique au pays des paroles de Julio Iglesias. Son parti pris était en empruntant à Apollinaire : d’ « explorer la bonté, contrée énorme où tout se tait». Thomas Gonzalez viendra, se déshabillera. Il a la voix de Julio, il la brise un peu. Bientôt il sera nu et cela se fera dans une douce tristesse. Lui qui livre son âme par le biais de ces textes sur-connus expose son corps, sa pisse, sa morve comme vecteurs exutoires de l’angoisse.

 

Amélie Blaustein Niddam  et Christophe Candoni pour toutelaculture.com

 

 

 

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« Chic by accident » de Genod : un serpent, une sandale, des acteurs nus - Rue89

« Chic by accident » de Genod : un serpent, une sandale, des acteurs nus - Rue89 | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Une femme nue s’avance de dos dans l’espace blanc, profond et au plafond bas de La Ménagerie de verre. Sur le sol, là une paire de fines sandales couleur saumon, ailleurs une chaise avec, sur son dossier, quelques tissus pliés.

(...) Le plus miraculeux peut-être de ses spectacles (mais je n'ai pas tout vu, loin de là) qui se souvient de ses années happening en rêvant d'un opéra muet. Le plus apaisé, le plus secret, qui sait. Il y a dans « Chic by accident » des noirs de théâtre qui prennent le temps d'affirmer leur obscurité, de la faire durer. Non parce que cela s'agite sur scène pour changer le décor (il n'y en a pas) mais parce que le théâtre est fille de la nuit, qu'il s'y ressource toujours.

 

Jean Pierre Thibaudat pour son blog Balagan sur Rue 89

 

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Un article de Marie Mai Corbel pour son blog : http://corbelmarimai.wordpress.com/2012/03/15/yves-noel-genod-chic-by-accident-menagerie-de-verr/

 

 

Site de la Ménagerie de Verre, présentation du spectacle : http://www.menagerie-de-verre.org/rub/spectacles/evenements.php?id_evenement=90

 

La Ménagerie de verre, Paris, du 13 au 17 mars 20H30, 01 43 38 33 44.

 

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Yves-Noël Genod, les adieux à la scène d’une «grande actrice»

Yves-Noël Genod, les adieux à la scène d’une «grande actrice» | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Eve Beauvallet dans Libération - 28/11/2022

 

Icône des marges, génie de l’incongru, l’ancien acteur de Claude Régy et ami de Marguerite Duras tirait, ce week-end, sa révérence dans «Titanic, hélas», sublime stand-up donné sur une péniche dans l’adoration de son public et l’indifférence des «pros». Touché, vraiment coulé ?

 

 

Il cite Françoise Sagan et les Grosses Têtes avec la même grâce. Pour un peu, il ferait passer du Patrick Timsit pour du Marguerite Duras. Il aime à la fois le chic et le toc. Quand il «reçoit» au théâtre comme d’autres tiennent salon, il sert toujours aux spectateurs du champagne dans des verres en plastoc. N’est-ce pas la moindre des choses quand on est la plus grande actrice de son époque ?

Ce week-end, à contrecœur et presque en douce, Yves-Noël Genod faisait ses adieux à la scène, sur la Seine. Dans la cale d’une péniche parisienne, ses fans s’entassaient sous des manteaux, des plaids, et quelques gilets de sauvetage pour entendre son Titanic, hélas (c’est le titre), révérence tirée à une carrière qui prenait l’eau. Tandis que l’artiste disparaissait dans le noir, main dans la main avec une vieille dame au dos voûté, maquillée de fards colorés et gantée jusqu’aux coudes comme les chanteuses de music-hall, le froid et l’émotion faisaient naître de la buée sur les hublots. Que s’est-il donc passé, dans la société, pour qu’on doive se passer des dingueries d’Yves-Noël Genod ?

 

A poil dans les vestiaires

Inoubliable pour son petit public d’addicts, tout à fait inconnu pour les autres, l’acteur, metteur en scène, grand accoucheur d’acteurs (mémorables Marlène Saldana ou Jonathan Capdevielle), avance lui-même des hypothèses en ouverture de ce sublime stand-up de fin du monde. Fin d’un monde, en tout cas. Le spectacle prend la forme d’une adresse drôle et mélancolique d’une génération d’artistes à l’autre. Les temps, constate-t-il, ne sont plus «aux p’tits gars» comme lui. Sans amertume, il en prend son parti. Quand Yves-Noël Genod est monté sur Paris pour jouer dans les spectacles de Claude Régy – un metteur en scène mort aujourd’hui, et dit-il, déjà tombé dans l’oubli –, «tous les garçons étaient homos […] La tendance s’est renversée et c’est normal […] mais, moi, je ne suis pas une petite chanteuse lesbienne de vingt ans, bien entendu ; hélas». Nécessairement, aujourd’hui, face à tous ces jeunes «homos déconstruits», comment ne pas apparaître, poursuit-il avec son élégance de grande dame, comme un «vieux naturiste» quand il prend sa douche à poil dans les vestiaires du théâtre, sous les yeux gênés de ses comédiens qui, tous, bien sûr, ont gardé leur slip ?

 

Dans sa bouche, les mots «vieux phoque» ou «grosse gouinasse» brillent du même raffinement qu’un vers de Charles Baudelaire. On ne peut pas dire ça ? Alors on ne peut plus rien dire ? Mais Yves-Noël Genod peut tout dire. D’abord parce qu’on n’est jamais sûr que ses mots soient bien les siens. Titanic est un grand jeu de sample, et n’avance que par citations, une polyphonie de voix où s’enlacent, sans que l’on sache vraiment à qui attribuer quoi, les mots de Florence Foresti et de Michel Houellebecq, de Paul Verlaine et d’Elie Semoun, de Vivienne Westwood et de Luc Plamondon.

Jeanne Balibar flanquée d’un dindon

Surtout, rôdent ici en fantômes les voix des plus mégalo des divas d’antan, grotesques dans leur besoin de briller, pathétiques dans leur peur panique d’être oubliées. Et Titanic devient alors une déclaration d’amour à leur verve, leur mauvaise foi, leur art de l’enfumage et du bobard, théâtrales névroses qui n’ont jamais été aussi bien servies qu’ici, avec cette silhouette oblongue qui n’appartient qu’à lui : la tronche d’Iggy Pop avec des yeux de Bambi, un charisme d’Aigle noir de Barbara surmonté du petit carré frangé jaune poussin de Mireille Darc, et cette façon de sembler, perpétuellement, étonné de sa propre incongruité. Une autre star des marges, un ami, le décrivait ainsi : «Un mélange de standing Yves Saint Laurent et de Royco minute soupe».

 

Yves-Noël Genod, donc, n’arrive plus à se produire et ne remplit pas les salles. Il s’adapte, il ouvrira une «petite boucherie bio dans les Cévennes». Comprenons aussi les programmateurs, toujours face à un sacré merdier avec lui : l’acteur et metteur en scène n’a jamais voulu créer de structure stable, ne travaille que sur commande et livre des projets jamais normés, sans «action théâtrale» répertoriée, jamais «finis». Les spectacles d’Yves-Noël Genod ont parfois ressemblé à ça : un paysage contemplatif nimbé d’ennui, et soudain, surgissant de l’outrenoir du plateau, Jeanne Balibar dans la brume flanquée d’un dindon. C’était sans doute «invendable» et c’était inouï. Fut un temps pourtant, dans le monde du spectacle vivant, des producteurs irresponsables s’acharnaient à faire place pour pareille bizarrerie.

 

Cette fois, pour la «der des der», Yves-Noël Genod leur facilite la tâche : Titanic dure 1h30 et se pose au parfait carrefour du Jamel Comedy Club et de Claude Régy. Un format parfait pour que ces adieux deviennent un come-back ! Il eut fallu peut-être que l’auteur contacte un peu plus de programmateurs. Au téléphone, Yves-Noël Genod admet qu’il manque peut-être de stratégie mais le pouvoir, dit-il, le «terrifie» «Je ne sympathise avec les programmateurs qu’une fois qu’ils prennent leur retraite.» Est-il vraiment trop tard pour que les plus jeunes redressent la barre ?

 

Eve Beauvallet / Libération

 

Titanichélas d’Yves-Noël était donné à la Péniche POP du 25 au 27 novembre.
 
 
Légende photo : Le spectacle prend la forme d’une adresse drôle et mélancolique d’une génération d’artistes à l’autre. (Sébastien Dolidon/photo © Sébastien Dolidon)
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« Manuel de liberté », d’Yves-Noël Genod, Théâtre du Point-du-Jour à Lyon

« Manuel de liberté », d’Yves-Noël Genod, Théâtre du Point-du-Jour à Lyon | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Trina Mounier dans Les Trois coups :

 

C’était la première, mardi, après trois avant-premières (arithmétique quantique sans doute pour l’amateur de cette physique particulière…) de la grande saga annoncée de l’installateur en résidence au Point du jour, le « distributeur de poésie » amoureux du noir total et du vide pour une confrontation inhabituelle pour lui avec les œuvres classiques, Yves‑Noël Genod. Impression mitigée.

 

Après la première rencontre pleine de surprises et un regard sur ce qu’on disait d’un artiste qui imprimait sur son public des traces fortes et pour le moins contrastées, allant de l’admiration inconditionnelle à une exaspération devant le phénomène, je me suis donc décidée à juger sur pièces et à laisser libre cours à la curiosité qu’Yves‑Noël Genod avait suscitée en moi. En route pour cette première Leçon de théâtre et de ténèbres dont le titre un rien prétentieux avait au moins le mérite d’annoncer une prise de risques.

L’idée était qu’en confrontant deux chefs-d’œuvre (ou davantage), on en faisait naître un de plus, en tout point issu des deux premiers, en tout point différent. Or, c’est précisément sur le terrain de la prise de risques que la déception s’est ressentie.

Sur le plateau nu dont seules les lumières révèlent que le noir est aussi une multitude de couleurs, avec comme uniques accessoires un canapé blanc sur roulettes et une corde descendant des cintres jusqu’au sol, une comédienne s’avance. Florence Hebbelynck s’apprête à nous offrir sa Cerisaie. Interprète subtile de tous les personnages, elle prête à chacun une voix légèrement transformée, fait entendre les rêves, les souvenirs, les désirs, les craintes, les aveuglements qui sous-tendent cette histoire d’un abandon programmé. Puis c’est au tour de Manuel Vallade d’endosser le rôle de Macbeth, de Lady Macbeth, des soldats, de Duncan, Banquo… Son interprétation se démarque fortement de celle de Florence Hebbelynck, non seulement parce que l’intrigue et les rôles sont différents, mais parce que leur manière d’aborder le texte est distincte. La première tout intérieure alors que le second, tout en distance, joue de l’humour, réintégrant du même coup la dimension comique inhérente au drame. D’un côté, une pièce gonflée de larmes et de non-dits ; de l’autre, un monde plein de bruit et de fureur.

De magnifiques interprètes

On ne peut ici qu’admirer et louer le professionnalisme sans faille des deux comédiens qui nous offrent, dans le respect de l’œuvre le plus pur, deux interprétations magistrales, une diction parfaite, une grande présence sur le plateau. Mais, dans un autre genre, Jean‑Marc Avocat [ici et ici] nous avait déjà éblouis avec ses appropriations en solo de textes du répertoire. Et j’attendais le surgissement de l’étincelle promise. La déférence pour ces monstres sacrés que sont la Cerisaie et Macbeth a-t‑elle empêché Yves‑Noël Genod d’aller aussi loin qu’il l’avait annoncé ? À part un moment où les deux comédiens disent simultanément leur texte, les deux pièces se succèdent, ne pouvant se mesurer, s’affronter, se compléter. Comme si le metteur en scène n’avait pas osé se laisser aller à un crime de lèse-majesté.

À la suite, sans empiéter sur cette partie théâtre, deux magnifiques danseurs, Yuika Hokama et Antoine Roux‑Briffaud, entrent en scène et se mettent très lentement en mouvement pour terminer sur un pas de deux époustouflant qui se joue de la pesanteur et donne à voir l’équilibre instable du poids et du contrepoids. De nouveau, les formes ne s’interpénètrent pas.

Quant aux fameux « noirs » qui sont la marque de fabrique d’Yves‑Noël Genod, il semble qu’ils n’aient pas trouvé de véritable sens dans ce spectacle.

C’est donc une impression très contrastée qui reste. D’une part, j’ai ressenti une forte admiration pour le travail (et sans doute la direction) d’acteurs et de danseurs. À l’évidence, Yves‑Noël Genod sait attirer à lui de grands interprètes et en faire resplendir les feux. D’autre part, c’est la rencontre même des œuvres qui n’a pas lieu, et dès lors la naissance d’autre chose qui ne se produit pas… En conséquence, j’attends avec impatience la deuxième leçon, les Entreprises tremblées, qui devrait, je l’espère, apporter cette révélation escomptée. ¶

Trina Mounier

 

Manuel de liberté, d’Yves-Noël Genod

Premier épisode de Leçon de théâtre et de ténèbres

Écriture et mise en scène : Yves-Noël Genod

Avec : Florence Hebbelynck, Manuel Vallade, Yuika Hokama et Antoine Roux‑Briffaud

Lumière : Philippe Gladieux, Gildas Gouget

Son : Jean-Baptiste Lévêque

Photos : © Marc Domage

Du 22 au 26 septembre 2015 (et 3 avant-premières les 19, 20 et 21) à 20 heures

Durée : 1 h 50

Le Point du jour • 7, rue des Aqueducs • 69005 Lyon

Tél. 04 72 38 72 50

www.lepointdujour.fr

 
 
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"Rester vivant" d'Yves-Noël Genod au Théâtre du Rond-Point - Spectacle sans images

"Rester vivant" d'Yves-Noël Genod au Théâtre du Rond-Point - Spectacle sans images | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié dans le blog Le Parafe :

 

Comme l’année, l’édition 2014 du Festival d’Automne touche à sa fin, et s’achève au théâtre avec une œuvre marquante d’Yves-Noël Genod, un spectacle singulier repris au Théâtre du Rond-Point après avoir été présenté sous une première forme au Off d’Avignon, à la Condition des Soies. Ce « distributeur » de poésie et de lumières comme il se désigne, disciple d’Antoine Vitez, Claude Régy et François Tanguy, propose avec Rester vivant un dispositif de mise en écoute de Baudelaire, de poèmes extraits des Fleurs du mal et du Spleen de Paris, comme découverts pour la première fois grâce à un travail sur la perception envoûtant.

 

Pour ne pas laisser le spectateur passer de la rêverie au rêve, pour ne pas que le noir de la salle se confonde pour de bon avec celui des paupières fermées, identique, des éclairs de lumières créés par Philippe Gladieux transpercent toutes les couches d’obscurité après un long moment, une fois installés durablement dans le dispositif. Plus ou moins longs et nombreux, ces flashs rétablissent l’espace, ramènent au cadre réel du spectacle, avant que le noir ne revienne, toujours aussi mat et impénétrable. Ces percées laissent quelquefois entrevoir un homme, spectre de Baudelaire, apparition fantomatique qui nourrit encore le sentiment de partager une expérience onirique. Nu ou muni d’une feuille luminescente qu’il présente, enveloppé dans cette matière noire sans volume, il déambule lentement, prudemment. Entre de longues périodes de nuit sans étoiles, ces visions trop stéréotypées ne sont qu’anecdotiques comparées à la puissance de l’état d’attention aigüe dans lequel on est placés par ailleurs. La sensation d’être brutalement ramené au réel par ces irruptions est nourrie par les sons qui accompagnent les voix de Genod, qui font voir des paysages, exotiques ou urbains, lointains ou familiers.

 

Toute cette matière devient charnelle là où précisément il n’y a plus de corps, plus d’image ou presque, où le corps n’est réduit qu’à l’essentiel, une bouche et des oreilles, intimement liés par le texte. L’incarnation, la mise en chair, prend ainsi un tout autre sens dans cet espace qui ne s’apparente même plus à une scène, un sens bien plus littéral, qui unit le corps de l’artiste à celui du spectateur. Le rond rouge qui indique la mi-temps permet lui aussi de rétablir un repère dans cette traversée, dans ce voyage fait de mots. Le temps s’étire indéfiniment, et les deux heures trente de spectacle deviennent une nuit entière, une échappée hors du temps, comme peuvent en offrir les rêves d’une nuit dense. L’issue de l’expérience est impossible à anticiper dans ce vagabondage sans structure, et il n’y a que le retour des lumières et de l’artiste, le micro à la main pour prendre le relais et répéter doucement une dernière fois « Que l’amour vous soit un calmant », qui peuvent déposer un point final sur ce spectacle.

 

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jusqu'au 31 décembre au Théâtre du Rond-Point 

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Rester vivant, une création d'Yves-Noël Genod

Rester vivant, une création d'Yves-Noël Genod | Revue de presse théâtre | Scoop.it

(Notre photo : une image du spectacle "Rester vivant")

 

Yves-Noël Genod a publié le texte suivant sur Facebook : 

 

 

En sortant, nous étions devant le théâtre du Rond-Point avec Philippe et Benoît et Philippe et Benoît et moi nous parlions, mais tout en parlant je voyais en face de moi littéralement émerveillé, emporté les lumières de la fête foraine, du marché de Noël et je voyais des lettres, c’était des lettres, s’éclairer et changer de couleur et ces lettres avaient l’air de former un mot et ce mot, ce mot, ça pouvait être — mais ces lettres étaient si belles sur le fond des ténèbres, si joyeuses, si heureuses —, ça pouvait être, ce mot, est-ce que ça n’était pas ? je demandais à Philippe, est-ce que ça n’était pas le mot « pomme » ? Et Philippe me confirmait (en se tournant vers la merveille) : « Mais, oui, c’est le mot « pomme » et, plus loin, il y a : « d’amour »… » Et c’est là que j’ai compris que le spectacle allait être sublime, qu’il nous faisait l’effet d’une drogue. Nous avions passé la soirée dans le noir (enfin se sortir des problèmes techniques, commencer à travailler !) et c’était sublime, notre train fantôme, notre musée des horreurs et des atrocités et, en sortant, le mot « pomme » et peut-être même, qui sait ? caché dans les arbres, plus loin, le mot « d’amour ». Ensuite, je traînais encore au rond-point des Champs-Elysées, il y avait, pour un tournage de Noël, à minuit, 2 superbes chevaux si heureux, si tristes, si intelligents, si sensibles, des Percherons gris-blanc avec qui je communiquais un peu...

 

 

RESTER VIVANT, au Théâtre du Rond-Point
Avant-premières — sans réservation — dans la limite des places disponibles (jauge limitée à 50) le samedi 13 décembre, à 21h, le dimanche 14 décembre, à 18h30 et le lundi 15 décembre, à 21h. Attention ! le spectacle a lieu dans le noir absolu sans qu'aucune sortie ne soit possible pendant le spectacle. Durée (envisagée) : 2h30, avec entracte(s)


(Pour être sûr d'avoir une place, venir à la première avant-premières, y a toujours moins de monde)

 

Le site du Théâtre du Rond-Point, page du spectacle "Rester vivant" : http://www.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/183765-rester-vivant.html

 

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Les Inrocks - Avignon Off, Yves-Noël Genod encore vivant

Les Inrocks - Avignon Off, Yves-Noël Genod encore vivant | Revue de presse théâtre | Scoop.it

C’est en Avignon, où il s’est installé dans le Off pour la durée du festival, qu’Yves-Noël Genod a ouvert le chantier en permanente évolution de sa prochaine création, Rester vivant. Confiant dans l’exceptionnelle acoustique des murs de pierre de la petite salle cylindrique de La condition des soies, lieu qu’il pratique en habitué depuis quelques années, c’est sans filet et dans l’obscurité d’un “noir” quasi complet qu’il propose à un public aussi attentif qu’empathique l’écoute de la poésie de Baudelaire.

Pourquoi, après Shakespeare et Musset les années précédentes, choisir Baudelaire et réveiller en nous des souvenirs remontant aux années du lycée?

“Parce que c’est d’un tel niveau… Je suis impressionné par la hauteur de cet ovni. Quand il dit : ‘Tout se confond dans une ténébreuse et profonde unité, vaste comme la nuit et comme la clarté’, c’est bouleversant.”

Ici, l’artiste s’invente en maître japonais de l’art de l’ikebana pour composer avec Les Fleurs du mal, un bouquet aux fragrances venimeuses où cohabitent quelques standards depuis longtemps passés dans le domaine public et une jolie moisson de raretés.

Comme souvent quand il s’empare de l’écriture d’un auteur et plus encore pour ce parcours où sa voix sera notre seul guide dans la nuit, le comédien nous rappelle que l’enjeu de ces représentations est de trouver l’équilibre entre la poétique de Baudelaire et un pêché mignon qui lui est personnel : maitriser son irrésistible propension au caviardage des œuvres en référence à ces multiples digressions qui font le sel de ses prestations et leurs donnent des airs de salon littéraire. Une exégèse glamour qui convoque la poésie grecque d’Eschyle où “la vague aux sourires innombrables” répond “au rire énorme de la vague” baudelairienne. Il fait le détour par l’analyse lumineuse de Borges et le concept de la métaphore invisible, et enchaîne avec Nerval qui, “dans son célèbre poème, commençant par ‘Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé’, parle de la mélancolie et de la fleur associée à cette maladie, l’ancolie. Dans une première version du poème, il nommait la fleur, et puis il l’enlève et c’est comme une rime riche où la mélancolie n’apparaît pas, mais est là, en sous teinte, et c’est très beau.”

Fabienne Arvers et Patrick Sourd pour Les Inrocks



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Rester vivant, Variation d’après Les Fleurs du mal de Baudelaire, par Yves-Noël Genod au Festival Off d’Avignon, à la Condition des Soies, à 19h. Réservation 04 32 74 16 49

Le spectateur de Belleville's insight:

A la Condition des soies à 19h.

Champagne offert.

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Le « 1er avril » d’Yves-Noël Genod : ne dites à personne que c’est une drogue dure - Rue89

Le « 1er avril » d’Yves-Noël Genod : ne dites à personne que c’est une drogue dure - Rue89 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Quand on lui a offert pour quelques soirs le théâtre des Bouffes du nord, il est devenu comme fou. Ces murs si chargés d’histoire(s) – même la Commune est passée par là comme le rappelle Didier Daeninckx en racontant l’histoire de Maxime Lisbonne dans « Le Banquet des Affamés » (Folio) –, il lui suffisait de les lécher, de les toucher pour être pétrifié de bonheur.

Il a voulu nous le faire partager : « 1er avril », c’est le comble d’un théâtre qui commence dans les combles des Bouffes du Nord et ne peut que combler la meute des drogués.

Ce spectacle est une offrande faite à ce lieu aux ombres, aux couleurs, aux silences magnifiques, à ce théâtre dont les dieux ont ordonné que l’on brûle les accessoires (rideaux rouges, moulures dorés, fauteuils faisandés), de telle sorte que se manifeste, de façon à la fois concrète et impalpable, son esprit – son âme, si l’on veut.

Dès lors, YNG n’avait plus qu’à jeter ses fantômes (certains disent acteurs) sur ce plateau qui n’en est pas un, sur cette scène qui, telle une mer, vient s’échouer aux pieds des spectateurs. Et, assis dans la salle ou furetant à leur côté, regarder ces êtres aimés, marcher, se frôler, se caresser, se mettre à nu dans ce nid d’amour.

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Yves-Noël Genod, jeteur d’imprévus, ouvre le festival « Les inaccoutumés » - Rue89

Yves-Noël Genod, jeteur d’imprévus, ouvre le festival « Les inaccoutumés » - Rue89 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

« Un petit peu de Zelda » est une ode à la sensualité que génère ce lieu insolite (inaccoutumé). Une salle (quelques gradins pas bien larges, 80 places environ) et devant une scène comme infinie, basse de plafond, plus profonde que large, pourvue d’une porte dérobée ver le bout du mur de droite. Le plafond lui-même n’est pas plat mais strié dans sa largeur de poutres en ciment. Le tout est peint en blanc.

La sensualité commence par la lumière. Tout spectacle commence quand on fait le noir mais, d’une part, les noirs de la Ménagerie de verre sont plus profonds qu’ailleurs (on est pleinement dedans), et, d’autre part, YNG les laisse vivre, s’installer, nous envelopper. Puis, invisible mais proche, comme un enfant écoute yeux fermés avant de s’endormir un conte que lui dit un adulte, YNG nous dit, doucement, un poème de Baudelaire. Causerie, un sonnet d’une insondable beauté :

« -Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ; / Ce qu’elle cherche, amie, est un lieu saccagé/ Par la griffe et la dent féroce de la femme. / Ne cherchez plus mon cœur : les bêtes l’on mangé. »

 

Cette entrée en matière tient lieu de fond au spectacle, un peu comme ces peintres qui peignent un fond avant de peindre leur toile. Genod et son éclairagiste complice Philippe Gladieux ont disposé sur le sol comme une forêt ordonnée de 24 projecteurs, un pour chaque heure du jour et de la nuit. Un jardin, un verger. Les corps évolueront là, éclairés par des nuages de lumière qui vont et viennent et où soudain le fût-brasero d’un projecteur brûle verticalement de son feu.

 

Jean-PierreThibaudat pour son blog "Théâtre et Balagan"

 

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Je m'occupe de vous personnellement / Yves-Noël Genod

Bande-annonce vidéo

 

 

Et aussi : critique parue dans "toutelaculture.com" : http://toutelaculture.com/2012/06/yves-noel-genod-nature/

 

 

A voir au Théâtre du Rond-Point jusqu'au 24 juin

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