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Le spectateur de Belleville
April 8, 12:06 PM
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Par Elise Racque dans Télérama, publié le 7 avril 2025 Manque de visibilité, report de projets… La crise couve depuis plusieurs mois pour les fictions de France Culture. Le départ fin avril de Blandine Masson, directrice historique du service, laisse les équipes dans l’expectative. Lire sur le site de Télérama : https://www.telerama.fr/radio/a-france-culture-les-fictions-se-reorganisent-laborieusement-on-a-le-sentiment-d-une-grande-improvisation-7025134.php Une page se tourne à France Culture. Après vingt ans à son poste, la directrice des fictions, Blandine Masson, quittera la station fin avril. Pour « poursuivre ses projets personnels », avance la direction de la radio, qui tient à « rendre hommage à son travail ». Pas de confirmation de la principale intéressée, qui indique ne pas pouvoir répondre à nos questions. Elle a en revanche exprimé à ses collaborateurs son « immense tristesse », début février, dans un courrier dressant son bilan et qualifiant la création fictionnelle de « nécessaire à la santé d’une société démocratique ». Quelques jours plus tard paraissait sur le site de L’Humanité une tribune en forme d’hommage inquiet, signée notamment par Laure Adler, ancienne patronne de France Culture — c’est elle qui, en 2005, en avait confié les fictions à une Blandine Masson alors réalisatrice. Empruntant les mots de l’ethnomusicologue Alan Lomax, le texte inscrit l’avenir des œuvres produites par France Culture dans un « combat » pour « la variété artistique menacée d’extinction » par « quelques cultures standardisées, produites en masse et bon marché ». À lire aussi : Blandine Masson, directrice de la fiction à France Culture : “La radio, c’est une présence démultipliée” En vingt ans, sous diverses hiérarchies, Blandine Masson a structuré cette production fictionnelle en organisant le recrutement d’une quinzaine de réalisateurs et réalisatrices agréés. « Elle n’a pas hésité à engager des gens plus jeunes, et des personnalités artistiques qui venaient de la littérature, du théâtre ou de la musique », souligne l’un d’entre eux. Elle aura aussi relevé le défi du podcast, avec des séries cumulant en ligne plusieurs centaines de milliers d’écoutes. « Blandine est une poétesse-productrice comme il en existe de moins en moins. C’est une exception qui devrait se protéger », jauge l’auteur et metteur en scène Emmanuel Meirieu, à l’initiative de la tribune. Il voit en son départ « un très mauvais signal » et la perte d’une « gardienne du temple », quand d’autres la comparent à une gardienne de phare. « En tant que mémoire d’une histoire artistique forte connue par très peu, Blandine Masson faisait figure de sentinelle. Or une institution comme Radio France a besoin de sentinelles pour protéger ses missions, d’autant plus dans le contexte de menaces économiques que nous connaissons », s’inquiète l’homme de théâtre, qui rappelle que les fictions de France Culture constituent une manne de travail « colossale pour les auteurs, autrices, comédiens et comédiennes ». À lire aussi : “Là, on n’a plus de capitaine” : à France Culture, inquiétudes autour d’une réorganisation des fictions Tous les départs ne valent pas une tribune. Les inquiétudes qui transparaissent entre ces lignes traduisent le climat particulier qui entoure celui de Blandine Masson. En octobre, un rapport du cabinet Alcens, mandaté après une alerte des représentants du personnel pour risques psycho-sociaux, pointe du doigt le fonctionnement « en étoile » du service des fictions. Au même moment, Blandine Masson est en arrêt maladie. Celui-ci s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. S’ouvre alors, tandis que la saison commence à peine, une longue période de transition déstabilisante pour la petite trentaine de personnes qui composent l’équipe. Laquelle non seulement perd sa directrice, mais doit faire avec un administrateur en intérim, Stéphane Spada, qui cumule la fonction avec son poste de délégué à la production de la station. Le tout en plein déménagement : en novembre, après quatre années de travaux nécessitant des enregistrements hors les murs, les studios de création de la Maison ronde, flambant neufs, accueillent à nouveau les tournages. « Nous avons mis en place un plan d’action pour travailler sur cette période, qui a été riche et constructive, nous assure la directrice de la radio, Emelie de Jong, arrivée il y a deux ans pour succéder à Sandrine Treiner, partie dans le contexte d’un rapport dénonçant son management « brutal ». Sa successeuse, elle, a semblé miser sur la co-construction, devenant l’une des interlocutrices directes du service fictions pendant l’arrêt maladie non remplacé de Blandine Masson. « Nous avons commencé par écouter les équipes, qui ont pu faire part de leurs envies, et j’ai travaillé avec elles de façon très régulière, y compris avec des rendez-vous de travail sur la programmation et les textes en cours, en veillant à maintenir la production. » “Manque de visibilité sur la production, “reports de projets”… Pourtant, de réunion en réunion, le malaise monte au sein du collectif, dont une partie exprime ses inquiétudes à la patronne dans plusieurs mails. Le 10 mars, les quatorze réalisateurs et réalisatrices dressent ainsi plusieurs points d’alerte : « un manque de visibilité sur la production », des « reports de projets » laissant certains d’entre eux « sans perspective claire ». Réclamant la nomination rapide d’une direction éditoriale, ils estiment n’avoir jamais eu « aussi peu d’échanges sur le plan éditorial et artistique, sur des projets à venir, en cours ou prêts à diffuser ». Depuis la fin 2024, plusieurs projets de séries importantes semblent s’enliser : des auteurs voient sans cesse repoussé l’espoir d’obtenir une date de tournage, quand d’autres apprennent la « dé-priorisation » de leur œuvre. C’est le cas de Mehdi Bayad, auteur de la série à succès Fureurs, qui avait remporté le prix Fiction Télérama 2024. Il confie aujourd’hui avoir acquis « la certitude » que la saison 2 ne verrait pas le jour. Parmi les feuilletons en attente de concrétisation, la troisième saison de Projet Orloff, récit d’espionnage lui aussi récompensé en 2025 par notre prix Fiction, et adoubé par le Fonds podcasts originaux, géré conjointement par France Culture et la SACD. Ainsi que la deuxième saison de Doruido, le premier manga audio lancé en grande pompe en mai 2024. Questionnée, Emelie de Jong nuance : « Le planning de production est assez complexe. Pour Doruido, nous n’avons pas encore de visibilité sur la production ; quant à la saison 3 d’Orloff, je statuerai lorsque j’aurai pu lire le texte. » Si plusieurs collaborateurs du service assurent n’avoir aucun projet en ligne de mire pour la rentrée 2025, leur directrice affirme de son côté que l’agenda se remplit. « Nous sommes en train de finaliser la programmation de nos fictions au Festival d’Avignon. Et pour la saison 2025-2026, nous avons des projets en cours comme de grandes séries, des concerts-fictions, et d’autres fictions très ambitieuses. » La station prépare par exemple l’adaptation, en dix épisodes, du Comte de Monte-Cristo. La patronne nous le répète : « Les fictions sont un pilier de France Culture », et « doivent être encore davantage au cœur de la politique éditoriale à venir », avec comme enjeu une meilleure visibilité auprès du public. L’évolution des fictions sur la grille de France Culture est scrutée de longue date par les professions artistiques, qui y trouvent un gagne-pain précieux. Joachim Salinger, membre de la délégation générale du Syndicat français des artistes interprètes, porte un regard pessimiste sur le bilan des comédiens engagés par la radio en 2024. « À France Culture, on constate une baisse de l’emploi des artistes dramatiques par rapport à l’année dernière. Elle est certes légère, mais 2023 était déjà mauvaise. Et si on prend du recul, en onze ans, 57 % de ce volume d’emploi a disparu. C’est colossal. » Fin mars, les équipes ont appris qu’on attendait d’elles quatre-vingts productions par an. Un chiffre stable depuis plusieurs années, indique Emelie de Jong, arrivée au printemps 2023. Mais, selon plusieurs membres du service, elles étaient plutôt une centaine avant le Covid et les contraintes dues à l’inaccessibilité temporaire des studios, désormais derrière eux. Stabilité des budgets Concernée par cette situation, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a carrément organisé une réunion à propos des fictions de France Culture, le 18 mars dernier, en présence d’auteurs, de réalisateurs, d’Emelie de Jong et de la pdg de Radio France, Sibyle Veil. « Nous voulions pouvoir exprimer, dans un dialogue fructueux et sans langue de bois, les divers motifs d’inquiétude et de mécontentement des auteurs, autrices, réalisateurs et réalisatrices, liés à la désorganisation du service fictions depuis plusieurs mois, nous explique Corinne Klomp, administratrice radio de la SACD. Certains sont déstabilisés par le fait que la production de textes écrits ne soit pas garantie, d’autres par l’absence de réponse à leurs mails. » Plusieurs participants à cette réunion jugent les réponses de la direction sur le plan éditorial « beaucoup trop creuses », et tiquent sur le recours annoncé à des script doctors, parfois déjà présents sur les projets, pour parfaire les scénarios. Mais Pascal Rogard, directeur général de la SACD, voulait surtout décrocher une déclaration sans ambiguïté sur le budget. « Ce que je retiens, c’est que Sibyle Veil a dit très clairement qu’elle n’allait pas sabrer les budgets de la fiction. Même si, bien sûr, nous ne sommes à pas à l’abri de nouvelles économies demandées à l’audiovisuel public. » Le montant alloué aux fictions, 2,4 millions d’euros, soit environ un quart du budget de la station, va donc rester stable en 2025-2026. Mais son pilotage, jugé « inadéquat » dans un document fourni fin mars par la direction aux élus, évolue. Auparavant entre les mains d’un administrateur particulier, il sera désormais géré au même niveau que celui des documentaires et des magazines. « Il y avait jusqu’ici un usage de sanctuarisation du budget des fictions, explique Bertrand Durand, délégué syndical CGT. Là, il est réintégré au budget global de France Culture, ce qui fait perdre en visibilité sur d’éventuels futurs arbitrages. On ne peut que s’inquiéter. » Non-remplacement Cette réorganisation acte également que Blandine Masson ne sera pas remplacée en tant que telle. Son poste de directrice des fictions disparaît. À la place, trois référent(e)s directement placé(e)s, sur l’organigramme, sous Emelie de Jong. La patronne de France Culture détaille ces trois « piliers », pensés pour clarifier l’offre déjà existante. « Je tiens tout d’abord à renouer avec la longue tradition de l’atelier de création de fiction ; le deuxième pilier est celui du théâtre, qu’il s’agisse de captations, d’adaptations ou de créations en studio ou dans les festivals ; le troisième est celui des séries, anciennement les feuilletons. Je pense qu’il faut séparer les expertises pour les renforcer. » Cette annonce laisse les équipes dans l’expectative. Si certains estiment qu’un « tournant » était nécessaire, la future répartition des rôles demeure floue, ce qui génère de nouvelles angoisses. Qui sera vraiment décisionnaire dans le choix des textes ? Les futurs référents éditoriaux garantiront-ils l’expertise artistique singulière de France Culture ? « On ne sait pas précisément quels profils la direction souhaite recruter, on a le sentiment d’une grande improvisation », s’alarme un collaborateur du service. Emelie de Jong, elle, assure se sentir « dans une dynamique très positive avec les équipes ». Entre avril et juin, des ateliers de mise en œuvre doivent avoir lieu, notamment pour clarifier les circuits décisionnels et les missions des uns et des autres. Le nouvel organigramme devrait voir le jour au plus tard en septembre. Le dénouement d’une quasi-année sans véritable direction éditoriale. Elise Racque / Télérama Légende photo : Blandine Masson en 2006. « En tant que mémoire d’une histoire artistique forte connue par très peu, Blandine Masson faisait figure de sentinelle. », l’auteur et metteur en scène Emmanuel Meirieu. Photo Stéphane Lavoué/Pasco&co pour Télérama
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Le spectateur de Belleville
February 8, 7:08 AM
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Sur la page de l'émission Le Book Club, animé par Marie Richeux, site de France Culture, 7 février 2025 Aujourd’hui, c’est le metteur en scène et dramaturge Hubert Colas qui déballe pour nous ses rayonnages. Il fait la part belle aux textes contemporains, de Laura Vazquez, à Simon Johannin, en passant par Jean D’Amérique et Sarah Kane. En créant le festival Actoral et le lieu Montevideo à Marseille il y a plus de 20 ans, Hubert Colas adressait un geste fort à l'écriture contemporaine, un geste de reconnaissance et de désir pour l'écriture comme acte. Même quand il n'y a pas de théâtre a priori, Hubert Colas a mis en espace ces dernières années des textes romanesques, des textes frisant le théorique, des textes dans le politique et le poétique sur des scènes de théâtre et leur a ainsi donné une autre vie, comme tout récemment avec le roman d'Hélène Lorrain Partout le feu créé avec la comédienne Stéphanie Aflalo au Festival Les Singuliers au 104 à Paris. La possibilité du risque, celle de la révolte, celle du trouble, le corps, le politique, le collectif, tout ceci se lie dans ses choix artistiques et se retrouve dans les livres qui peuplent sa bibliothèque, une bibliothèque qui honore le présent. Les choix d'Hubert Colas : Simon Johannin, L’été des charognes (Allia) "Ce texte m'habite encore aujourd'hui d'une certaine façon, surtout que l’on va le rejouer dans un mois. Je l'ai rencontré en librairie avant de rencontrer Simon à Marseille et de l'inviter dans le cadre de Montevideo. Souvent, à l'intérieur des écritures que je choisis, en les approchant, j'entends une voix. J'ai la sensation d'entendre le corps de la personne qui l'a écrit. Il y a une certaine forme de musicalité, une chair qui se fait entendre dès les premières lignes." Hubert Colas Jean D’Amérique, Soleil à coudre (Actes Sud) "J’ai également découvert ce texte et je l’ai lu en librairie. J’ai trouvé qu’au-delà du poétique, il osait le baroque, il osait des mots romantiques, il osait ce que la littérature contemporaine n'osait pas trop il y a quelques années. Il a une forme de lyrisme et là aussi un corps dans l’écriture. Ce texte comme les autres que j’ai choisis sont comme de véritables corps fantômes qui se battent à l'intérieur de moi et qui tentent de trouver, par mes mises en scène de la mise en scène ou mes propres tentatives d'écriture, une voix, et un corps pour célébrer une forme de liberté." Hubert Colas Laura Vazquez, Zéro (Du Sous-Sol) "Ce texte m’émeut énormément. Je trouve que Laura Vasquez entend l'inaccomplissement de la rencontre amoureuse. Je trouve également très beau d'oser parler d'amour et qu'on en parle dans ce qui n'est pas comblé, ce qui n'est pas vécu : parler de ce qu’est l'échec de l'amour, mais qui reste l’amour malgré l'échec." Hubert Colas Mathieu Riboulet, Les Oeuvres de miséricorde (Verdier) "Dans ce texte de Mathieu Riboulet, comme pour les autres, je suis troublé par son écriture qui parle de la rencontre des corps, une écriture poétique, et une grâce de l'écrit comme un regard porté sur les autres, extrêmement délicat sur ce qui se rapproche, et sur ce qui s'unit et se désunit. Ce texte parle de la rencontre de deux corps, l’un Français, l’autre Allemand, et du trouble de ce que deux générations n'ayant pas vécu la guerre se mettent à vivre lorsqu'elles s'approchent l'une de l'autre. Pour moi, ses textes sont de grandes réconciliations." Hubert Colas Sarah Kane, 4.48 Psychose (l’Arche) traduit par Evelyne Pieiller "La première fois que j’ai lu Sarah Kane, j’ai eu l’impression d’entendre une sœur parler. J’étais très troublé par cette écriture extrêmement sensible. L’effleurement de la mort, l'impossibilité de continuer, l'impossibilité de trouver la réponse de nos propres douleurs à travers le corps d'un autre, c'étaient des choses qui me touchaient énormément. Sarah Kane exprime l'endroit où elle semble ne pas être née, ne pas être vivante. Je trouve ses textes incroyables parce qu’ils disent une chose de la difficulté de l'existence et je m'y reconnais sans doute." Hubert Colas Archives Jean D’Amérique, "la poésie mère de tous les genres" lors du Festival Hors Limite de Seine-St-Denis en 2021 Laura Vasquez, émission La 20e heure, Eva Bester, France Inter, 20/11/24 Musique de fin Jean D’Amérique, Naufrages, prélude
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Le spectateur de Belleville
July 5, 2023 4:31 AM
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Chronique de Marie Sorbier sur France Culture - 3 juillet 2023 Marie Sorbier, productrice à France Culture, partage ses immanquables de l'édition 2023 du festival Off d'Avignon : du chorégraphe Olivier Dubois, au metteur en scène Dorian Rossel, en passant par un auteur syrien qui nous parle intégrisme religieux et une compagnie taïwanaise haute en couleurs... Peu importe vos préférences, vous trouverez forcément votre bonheur à Avignon. Si vous avez évidemment préparé avec soin votre agenda de spectacles à voir dans le In, la programmation officielle, comment s'y retrouver dans le panel de près de 1 491 spectacles qu'offre le Off ? Soit on s'en remet au bouche-à-oreille avignonnais, soit à l'intuition de la productrice à France Culture Marie Sorbier qui, chargée d'une chronique quotidienne "Le Son d'Avignon" consacrée à l'actualité de cette 77e édition, partage ici et en avant-première ses coups de cœur parmi la programmation du Off 2023. Pour ceux qui préfèrent la danse contemporaine ✨ Pour sortir au jour d'Olivier Dubois / La Scala, du 7 au 16 juillet Coup de cœur absolu pour une petite pièce qui procure de grandes émotions. Le chorégraphe et danseur Olivier Dubois revient sur son histoire et danse pour nous des extraits des pièces qui ont marqué son parcours. Une autobiographie en solitaire qui se joue sur scène afin de mettre en évidence l'abîme de la mémoire du corps. Olivier Dubois est danseur et chorégraphe. Il crée sa compagnie en 2007, en résidence au CENTQUATRE à Paris, et se voit nommé en 2011 parmi les 25 meilleurs danseurs du monde. Il est notamment l'auteur de la pièce Tragédie, créée à l'édition 2012 du Festival d'Avignon, dans laquelle les corps nus des danseurs évoquent le destin commun de l'humanité. Pour ceux qui aiment les histoires vraies qui finissent bien 📚 Tous les poètes habitent Valparaiso de Dorian Rossel / Théâtre Transversal, du 7 au 25 juillet Tous les poètes habitent Valparaiso est l’histoire vraie, découverte dans un article du journal Le Temps en 2014, d’un poète disparu qui traverse les époques et les frontières, de la Suisse jusqu’au Chili. Un récit d’enquêtes plurielles, pleines d’humour et de rebondissements, qui font toutes signe vers un mystérieux poème... Dorian Rossel confectionne, à travers sa pièce, ce qu'il envisage comme une ode à la littérature et à la beauté du hasard. Metteur en scène et comédien franco-suisse, Dorian Rossel est notamment l'auteur de Oblomov et Une Femme sans histoire. Il fonde sa compagnie Super Trop Top ! en 2004 et se démarque notamment par son usage de textes hors du genre dramaturgique. Pour ceux qui veulent mettre des mots sur les maux contemporains 🦠 Howl 2122 de Laure Catherin / La Manufacture, du 8 au 24 juillet La pandémie de Covid n’est pas encore qu'un lointain souvenir : dans une pièce à la croisée des genres, du rap et du slam, du théâtre et du concert, Laure Catherin écrit la précarité étudiante, la détresse psychologique et le découragement devant l’immensité du marasme que fut cette parenthèse de quelques mois, mais dont les effets et les séquelles perdurent sur ceux qui l'ont vécue. Pour ceux qui aiment les sujets sensibles 🧎♂️ Shahada, il y a toujours un ailleurs possible de Fida Mohissen et François Cervantes / Le 11. du 7 au 26 juillet Témoignage, profession de foi, martyr : toutes les significations que recouvrent le terme “shahada” traversent la pièce autobiographique écrite par Fida Mohissen. De la Syrie à la France, le public assiste à la dissection d’une mémoire d’homme dont l’enjeu consiste à comprendre la cause énigmatique de sa plongée dans le dogmatisme religieux. Cette "fiction-témoignage" est un récit poignant, prenant la forme originale d'un dialogue avec soi-même, à deux âges de la vie. Pour ceux qui rêvent d’ailleurs 🎪 Taiwan in Avignon / aux théâtres La Condition des soies et Le Rouge-Gorge, du 7 au 29 juillet Qui dit Avignon ne dit pas que productions hexagonales. Comme chaque été, les compagnies taïwanaises nous surprennent avec des propositions de spectacles de cirque, de danse et de marionnettes. Une proposition scénique et esthétique parfois incongrue, toujours rafraîchissante et dépaysante. Retrouvez chaque matin la chronique de Marie Sorbier, "Le son d'Avignon", à 8h40 dans les Matins d'été.
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July 4, 2022 9:31 AM
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Actualités : hommage au très shakespearien Peter Brook, dans l'émission de Frédéric Martel sur France Culture, Soft Power Ecouter l'hommage dans l'émission Soft Power sur France Culture (37 mn en début d'émission) HOMMAGE | Retour sur le parcours du dramaturge, directeur des Bouffes du Nord et figure emblématique d'une approche de la scène simple et dépouillée. Né en 1925 à Londres ans une famille ashkénaze d'origine lettone, Peter Brook s'est éteint ce matin à l'âge de 97 ans, après une vie dédiée à la création théâtrale. Armelle Héliot revient sur les incursions au cinéma du metteur en scène (Moderato Cantabile, Sa Majesté des mouches...). Les marqueurs de son œuvre : une esthétique vers l'épure de plus en plus prégnante et un fil conducteur axé sur l'universalité, où Shakespeare avait toujours sa place. Son héritage est sans aucun doute le goût du théâtre : des créateurs comme Peter Brook et Ariane Mnouchkine ont eu la force de créer un nouveau public, ce que Brook a pu faire dès son arrivée aux Bouffes du Nord en 1974. Pour Emmanuel Wallon, Peter Brook incarne la figure de l'intellectuel du théâtre. Théoricien, on peut même dire qu'il vivait pour la recherche-création puisque la pratique tenait une place centrale dans sa méthode de travail. Si Shakespeare était au centre de son œuvre, il prenait tout de même soin de conserver une place libre pour l'expérimentation, qui lui a permis de se pencher sur des sujets comme l'espace vide et de s'ouvrir à des cultures théâtrales jusqu'alors lointaines - au premier rang desquelles le Nô japonais - et d'être éminemment en avance sur des thématiques comme la décolonisation. Enfin, Bernard Faivre d'Arcier retient sa singularité. dimension cosmopolite majeure. son idée : faire travailler des acteurs de toutes les régions du monde.
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April 29, 2021 6:04 AM
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Par Jean-Pierre Thibaudat dans son blog Balagan 28-04-2021 Directrice de la fiction à France Culture, Blandine Masson se raconte en racontant l’histoire singulière de cette précieuse facette de la radio publique qui commença dans les bras du théâtre avant de s’émanciper, prenant bientôt une tournure nouvelle sous l’impulsion d’Alain Trutat. La voix et l’intime étant les maîtres mots de l'aventure. La radio, c’est souvent beaucoup de blabla et de bruit mais, pour le meilleur, c’est le temple intime de la voix. Celle des actrices et des acteurs bien sûr, mais pas seulement. Celle tout autant des gens de radio, je ne parle ici que des chaînes de Radio France. Il est une émission comme « Affaires sensibles » sur France Inter que l’on aime pour ses sujets et leur traitement (une façon de fictionnaliser le réel par sa mise en scène) mais qui perdrait beaucoup sans la voix enveloppante de son récitant-conteur, Fabrice Drouelle. On aime retrouver, chaque soir sur la même fréquence, la voix amicale et partageuse de Laure Adler et le rituel immuable de son Heure bleue : « mais comme chaque soir nous allons commencer en musique par…. » et s’ensuit une chanson. Que serait, sur France Culture, « Les chemins de la philosophie » sans la voix d’Adèle van Reeth ? Et « les nuits de France Culture » sans le générique musical increvable et la voix de Philippe Garbit ? Et comment ne pas songer à la voix de d’Alain Veinstein accompagnant, en chuchotant ou presque, la voix des écrivains qu’il accueillait dan son émission « Du jour au lendemain » ? Ce sont des voix amies. En revanche, certaines voix de Radio France peuvent nous insupporter, sans que l’on sache toujours pourquoi, au point de tourner le bouton jusqu’au soulagement du off ou d’aller se calmer sur une autre fréquence de la Maison de la radio. A l’ombre des ondes Ecouter la radio, et plus précisément écouter France Culture, c’est avoir un rendez-vous solitaire avec une voix, ou un faisceau de voix, de préférence la nuit. La voix parle, me parle, je l’écoute, elle sait que je l’écoute et c’est encore plus captivant si elle est sans visage. Les voix de la radio sont longtemps restées sans visage. Je ne connaîtrai jamais les visages de ceux (acteurs, bruiteurs, réalisateurs, mixeurs) qui, dans mon lit d’enfant, recroquevillé sous les draps, me faisaient frémir lorsque ma mère et moi écoutions dans le noir « Les maîtres du mystère ». Ce fut, je crois, ma première incursion dans l’univers magique de ce que l’on allait nommer plus tard « la fiction radiophonique ». Et c’est cette histoire, en commençant par sa préhistoire, que nous raconte l’une de ses héroïnes, Blandine Masson, de façon à la fois historique et personnelle dans un livre au beau titre : Mettre en ondes. Mettre en ondes, comme on dit mettre en scène. Blandine Masson rembobine les rapports complexes, amicaux et orgueilleux qu’ont entretenus et entretiennent encore partiellement France Culture et le théâtre (bien que divorcés, ils restent en contact, bouffent ensemble, se refilent la garde des enfants) et, de façon moindre, le cinéma (bien que jamais marié). Et Blandine Masson le fait, à hauteur d’hommes plus que de femmes, en racontant que cette histoire se focalisa dans ses balbutiements, au sortir de la guerre, autour de quelques hommes (les femmes venues plus tard se sont depuis bien rattrapées) : Pierre Schaeffer, Jean Tardieu et bien d’autres dont Jacques Copeau, puis cette grande figure venue un peu plus tard, Alain Trutat lequel forma la jeune recrue Blandine Masson. Laquelle allait passer sa vie à écouter, enregistrer, orchestrer des voix. Elle deviendra réalisatrice en 1996, puis, neuf ans plus tard, directrice des programmes de fiction à France Culture, nommée par Laure Adler (alors directrice de la chaîne). Enfin vint Alain Trutat Blandine Masson voue une admiration sans bornes à Alain Trutat et, d’une certaine façon, son livre est comme une dette qu’elle lui paie en nous faisant entrer dans l’intimité de ce personnage, aussi mythique pour l’histoire de France Culture que le fut Henri Langlois pour celle de la Cinémathèque. Un pionnier, un inventeur, un formateur. « J’étais là lorsque Alain Trutat cherchait sa route dans le paysage, il me l’a montrée, il m’en a parlé, il me l’a décrite, il me l’a tracée. Lorsque tout commença à changer dans le monde de la fiction radiophonique, lorsque les principes d’une possible rénovation furent posés, j’eus la chance d’y assister et d’en être un des premiers témoins », écrit Blandine Masson. En 1990, avec le feu vert du président de Radio France Jean Maheu, Alain Trutat ouvre un vaste chantier réunissant une trentaine de personnes. Le chantier durera un an et Trutat demanda à Blandine Masson d’en être la secrétaire de séance. La fiction à France Culture telle que nous la connaissons aujourd’hui est née de ce chantier qui allait entraîner un mouvement de recrutements, l’arrivée successive de nouvelles générations de réalisatrices et réalisateurs, avant que survienne une nouvelle révolution venue de l’extérieur : les podcasts. Toutes les émissions étaient écoutées une seule fois avant de s’endormir dans les archives de l’Ina. Elles sont désormais ré-écoutables à l’envi et les nuits de France Culture font ressurgir et revivre des voix mortes depuis parfois longtemps. Blandine Masson consacre de nombreuses pages à la présence, chaque année, de France Culture au Festival d’Avignon, fidélité fondée autour de deux rencontres, celle connue de Jean Vilar avec Lucien Attoun (association entre le « Nouveau répertoire dramatique » côté radio et « Théâtre Ouvert » côté plateau) et celle, plus secrète, plus littéraire, entre deux timides, Alain Trutat et Alain Crombecque. Enfin, Blandine Masson nous parle d’elle, de son parcours, de sa mère (comédienne trop vite éloignée de la scène et grande agitatrice culturelle à Aix-en-Provence), et de ce qu’elle nomme joliment sa radio intérieure. « J’appelle radio intérieure la manière très intime dont je me suis constituée à travers les voix, la radio et toutes les occasions de transmissions qui me furent offertes. J’appelle radio intérieure la conversation silencieuse que j’ai menée avec des livres, des absents, des morts, des amis, des maîtres, des voix. » A commencer par les voix des acteurs et des actrices dont les noms tapissent les pages du livre, d’Alain Cuny à Michel Piccoli, de David Warrilow à Serge Merlin, de Maria Casarès à Jeanne Moreau, mais encore les noms de précieuses rencontres professionnelles, de la créatrice de l’Académie expérimentale des théâtres Michelle Kokosowski au réalisateur complice que fut le regretté Jacques Taroni. Et cela sans jamais cesser de revenir, une fois encore, à Alain Trutat, sa boussole, voyant dans ses mots un manifeste qu’elle s'approprie : « Un bruit, une voix et soudain la phrase que l’on croyait réservée au cabinet secret de lectures s’offre en partage aux solitudes d’un auditoire, offre l’intime en partage. » Mettre en ondes, sous-titré « la fiction radiophonique », de Blandine Masson, Actes-Sud Papiers, collection Apprendre, 224p., 18€.
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March 13, 2021 5:40 PM
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Fiction a à écouter sur le site de France Culture 13 mars 2021 Ecouter "Le bruit du monde" (58mn) "Marie-Hélène Coulanges, dite Marilène, est née le 18 juillet 1964 dans une famille pauvre. Ce n’est pas noté sur sa carte d’identité. Sur sa carte d’identité, Marilène n’est pas pauvre. Elle est seulement née le 18 juillet 1964 à Pouzauges. Elle peut tout devenir. Fermière. Chirurgienne. Pute de luxe. Ostéopathe. Secrétaire d’Etat. Bouchère. Professeure des universités. Pianiste professionnelle. Catcheuse. D’un point de vue strictement virtuel, Marie-Hélène Coulanges, dite Marilène, a un avenir aussi ouvert que les champs qui bordent la maison familiale. Même s’ils sont hypothéqués."
Marie-Hélène Coulanges grandit à Brigneau, un petit hameau de Vendée : lieu de l’enfance, des cabanes et des jeux, c’est aussi l’endroit où elle prend conscience de la pauvreté dans laquelle vit sa famille. Après un déménagement dans un autre village, il y aura les années de collège et puis de lycée… Le Bruit du monde est le récit d’une émancipation : quand la pauvreté et la honte creusent les blessures, enferment dans la peur et les doutes et obscurcissent toute perspective, comment parvenir à être soi et à trouver sa juste place dans la société.
Adaptation et réalisation : Christophe Hocké Conseillère littéraire Céline Geoffroy
Avec Emilie Incerti Formentini Création musicale : John Kaced Prise de son, montage, mixage : Pierre Henry, Pierric Charles Assistante à la réalisation : Laure Chastant
Le Bruit du monde est publié aux éditions Noir sur Blanc
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March 6, 2021 12:46 PM
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Propos recueillis par Géraldine Sarratia pour les Podcasts du Monde 6 mars 2021 PODCAST L’actrice est la nouvelle invitée du podcast « Le Goût de M ». Dans cet entretien, elle évoque son enfance, ses passions, et l’énergie qu’elle aime retrouver sur scène. Ecouter le podcast Irène Jacob est la nouvelle invitée du podcast « Le Goût de M » proposé par M Le magazine du Monde. La comédienne a répondu depuis son appartement parisien aux questions de la journaliste et productrice Géraldine Sarratia. Irène Jacob évoque son enfance à Genève (Suisse) entre ses trois frères, son père astrophysicien au CERN, qui aimait dessiner des flip books de personnages de cartoons, et sa mère qui, après quelques années passées au foyer, a repris ses études pour devenir psychothérapeute pour enfants. Très jeune, la future comédienne développe un fort intérêt pour les histoires, les déguisements. « Mon père m’a donné le goût des chats et du cinéma », confie-t-elle. Sa mère la pousse davantage vers la musique. Deux passions artistiques qui lui permettent d’accéder à son premier rôle au cinéma : celui d’une professeure de piano dans le film Au revoir les enfants, de Louis Malle. En attendant de retrouver Krzysztof Kieślowski pour La Double Vie de Véronique, qui lui vaut un prix d’interprétation à Cannes en 1991. Grande amoureuse des couleurs et de la cuisine italienne, Irène Jacob a trouvé dans la culture slave la force de l’expression des sentiments jusqu’au tragique. Elle préfère les maisons qui ont de la vie, un peu de « bordel », au look propret des intérieurs qui singent l’esthétique des hôtels. Une énergie qu’elle aime retrouver sur scène. « Le théâtre, c’est l’instant, le présent, quelque chose de vivant », s’enthousiasme-t-elle. Ainsi les comédiennes qu’elle admire le plus – Gena Rowlands, Giulietta Masina ou Marie Trintignant – ont cette capacité à aller dans les extrêmes. « Pour moi, le goût, c’est une émotion. » Un podcast produit par Géraldine Sarratia (Genre idéal) Réalisation : Sulivan Clabaut Musique : Gotan Project
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Le spectateur de Belleville
February 25, 2021 6:07 AM
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Par Marie Sorbier sur le site de l'émission La Grande Table sur France Culture 25/02/21 La captation est le signe qu'il ne s'agissait pas d'une création de nos esprits qui rêvent de retourner dans les théâtres. Le plan séquence, réalisé par Corentin Leconte, est disponible sur la plateforme d'Arte. Cette œuvre hybride, portée par des chanteurs et chanteuses lyriques, est dirigée musicalement par Geoffroy Jourdain, créateur de l'ensemble Les Cris de Paris. Ecouter l'entretien radiophonique Notre guide en ce rêve est Judith Chemla. Elle nous transporte dans le temps mythologique pour y voir (et par moment être) Actéon, ce chasseur changé en cerf et dévoré par ses chiens après avoir surpris la déesse Diane dans son bain.
Benjamin Lazar, nourri à l'école du théâtre baroque aux côtés d'Eugène Green, se délecte d'une mise en scène portée autour de la toile du Cheval attaqué par un jaguar (1910, Musée Pouchkine), du Douanier Rousseau. Lui en sont inspirés des accessoires minimalistes qui prennent sens lorsque les nymphes font tournoyer leurs grandes feuilles autour de la caméra ou que cette dernière s'approche d'un aquarium pour y voir Diane (Adèle Carlier) à travers les nénuphars blancs.
Légende photo : Actéon, Théâtre du Châtelet, mis en scène par Benjamin Lazar, 2020• Crédits : D.R.
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Le spectateur de Belleville
January 8, 2021 7:17 AM
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Entretien radiophonique avec Laure Adler, sur le site de France Inter, 4 janvier 2021 Ecouter l'entretien en ligne (54 mn) Son instrument de travail au quotidien, c'est son corps. Nicolas Bouchaud raconte dans "Sauver le moment" (Actes Sud) le métier de comédien dans toutes ses facettes, de la relation au public, au rapport au texte. Alors que les théâtres sont fermés, le grand comédien se livre à une représentation exceptionnelle ce soir. Il a joué aussi bien du Shakespeare que du Ibsen, du Molière que du Thomas Bernhardt. Sous la gouverne de metteurs en scène comme Jean-François Sivadier ou Didier-Georges Gabily, ou dans ses propres mises en scène, le comédien-acteur Nicolas Bouchaud est à l'aise tant dans le registre comique que dans le tragique. Il se singularise dans l'art dramatique par sa capacité à donner le sentiment qu'il est le personnage, tout en étant à côté, laissant l'homme toujours transparaître derrière le rôle. Nicolas Bouchaud incarne ainsi dans son sens plein le mot "jouer". "Enfant de la balle", fils de deux comédiens, il a toujours été baigné dans l'univers du théâtre, de la scène et du jeu. Dans "Sauver le moment", il écrit sur sa propre pratique du métier de comédien, le travail de la voix, l'exigence de ne pas tricher, le rapport au spectateur, cet autre, présent, qui écoute et qu'il faut en même temps captiver. Il devait monter sur les planches au début du mois de janvier pour une mise en scène du texte "Maîtres anciens" de Thomas Bernhardt au Théâtre de la Bastille, déjà repoussée en juin dernier à cause du confinement. Le comédien, qui s'est caractérisé par son engagement dans la défense du statut des intermittents en 2014, et par ses prises de position contre la réforme des retraites notamment, analyse, avec une colère froide, l'absence de politique culturelle dans la crise sanitaire qui frappe la France depuis mars 2020. Ce soir, dans L'heure bleue, Nicolas Bouchaud revient sur son parcours de théâtre et ses souvenirs de spectacles, le drame de l'arrêt du monde de la culture avec le Covid-19 et la préparation au retour sur les planches. Musiques : - Joe Strummer and the Mescaleros: « Coma girl »
- Bach: « L’art de la fugue » Contrapunctus 1 (Contrepoint 1) par Grigory Sokolov.
- François & the Atlas Mountains : « Coucou »
Archives : - Archive Ina non identifiée : Antoine Vitez parle de la pédagogie traditionnelle en art dramatique
- Archive Ina de février 1992 : Serge Daney évoque sa capacité de révolte contre la morale sociale
Générique Veridis Quo des Daft Punk Légende photo : Nicolas Bouchaud, acteur de théâtre et auteur de "Sauver le moment" (Actes Sud. Collection : Le Temps du théâtre). © AFP / Joël Saget
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Le spectateur de Belleville
December 3, 2017 4:10 PM
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Fiction radiophonique Hommage à Gabriel Garran Réalisation : Claude Guerre
Ecouter l'émission (1h57) : https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-theatre-et-cie/lange-divulgue-de-gabriel-garan
Je savais depuis longtemps que cet homme tout occupé de théâtre, écrivait des poèmes en secret. Il me montra un carnet. Je l’appelais aussitôt « le carnet noir ». Je ne croyais pas si bien dire : ce cahier contenait des poèmes qui contaient la vie sombre d’un adolescent dans la guerre, chassé par les nazis français au loin dans les campagnes, terré. Puis, on apercevait qu’il ne cessait pas d’enfourcher le véhicule de la poésie pour confier sa solitude, fêter les rencontres, célébrer les évènements. Le Front Populaire, la Libération, les commencements du théâtre populaire. Toute sa vie, Gabriel Garran écrira des poèmes. À chaque détour de son aventure du théâtre d’Aubervilliers, lors de chaque mise en scène, à chaque découverte d’un acteur, d’une actrice, devant l’horizon des auteurs du monde qui se succèderont sous sa férule de metteur en scène, dans la nuit et la solitude retrouvées, il se met à la table du poème et écoute la vie qui se déroule, observe dans le miroir de l’écriture. Ainsi, ce n’est plus un carnet noir que j’eus devant moi lorsque nous décidâmes de réaliser une émission avec ses poèmes, mais une œuvre entière, forte et compacte dans laquelle nous avons, lui, Myriam Lothammer, son accompagnatrice d’écriture, et moi, choisi deux heures bien sonnées, entremêlées de l’histoire de sa vie, contées par lui-même. Les merveilleux interprètes que sont Anne Alvaro, Pascal N’zonzi, Soisic Oligo, Audrey Bonnet, Quentin Baillot, Jim Adi Limas, Pierre Vial, Odja Llorca, Dominique Massa, Marie-Armelle Deguy, David Lescot, Hugues Quester sont venus offrir leur voix et leurs musiques à ce grand œuvre qui célèbre un poète inattendu de notre temps.
Claude Guerre
Né à Paris dans les années trente, Gabriel Garran est issu d’une famille d’immigrés juifs polonais.
Son entrée au théâtre se fait par le biais de l’animation, dans le groupe Espoir. Inscrit à l’école du Vieux Colombier auprès de Tania Balachova, il met très vite en espace des lectures spectacles.
Gabriel Garran franchit le pas, il vend son appartement, et fonde sa première compagnie, Théâtre contemporain, et s’installe quelques mois au théâtre du Tertre, avec : On ne meurt pas à Corinthe de Robert Merle et Vassa Geleznova de Maxime Gorki.
Gabriel Garran rédige un projet d’implantation d’un « théâtre populaire » aux portes de Paris. L’utopie prend corps. En 1965 naît le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, premier théâtre permanent créé en banlieue et de radicalité contemporaine promu Centre Dramatique National : dix ans plus tard
En 1985, il fonde le TILF, Théâtre International De Langue Française, lui donne pour mission de créer un répertoire reflétant la diversité des trajectoires de la langue française à travers le monde. « Nos rêves sont ceux de la figue, de la mangue, de l’érable et de la calebasse, des aspects de neige et de rivages… ». Des auteurs d’Afrique Noire, du Maghreb et du Québec seront ainsi révélés au public français et connaîtront grâce à Gabriel Garran une nouvelle notoriété. En 1993, le TILF, après avoir été accueilli en divers lieux (Centre Pompidou, Chaillot, Bouffes du Nord, MC 93…) prend définitivement ses quartiers au Parc de la Villette.
En 2005, Gabriel Garran se lance un nouveau défi, celui du Parloir Contemporain, avec pour axe continu la recherche contemporaine, francophone et féminine et pour objectif le point de rencontre entre littérature, théâtre et poésie.
Avec : Quentin Baillot, Gabriel Garran, Marie-Armelle Deguy, Hugues Quester, Audrey Bonnet, Pierre Vial, Odja Llorca, David Lescot, Soizic Oligo, Anne Alvaro, Pascal N'Zonzi, Jim Adi Limas
Prise de son, montage, mixage : Jean-François Néollier et Eric Villensin Assistant de réalisation : Emmanuel Vignais Musique : Dominique Massa
Rediffusion de 2010 Gabriel Garran• Crédits : Radio France
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Le spectateur de Belleville
May 8, 2016 2:35 PM
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Par Joëlle Gayot sur le site de son émission "une saison au théâtre" sur France Culture
Nous avions envie, de vous soumettre une parole. C’est celle d’un homme qui œuvre dans l’ombre du théâtre. Il n’est pas metteur en scène, il n’écrit pas de pièces, il ne dirige pas de lieux mais pour beaucoup, il est une référence et une caution intellectuelle.
François Regnault est écrivain, dramaturge et traducteur. Il a collaboré avec Patrice Chéreau, a codirigé avec Brigitte Jaques Wajeman que nous recevions il y a peu le théâtre de la Commune, il accompagne depuis longtemps le travail du metteur en scène Emmanuel Demarcy Mota.
Enfin, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous le recevons ce soir, c’est un très fin connaisseur de la psychanalyse et notamment de l’œuvre de Jacques Lacan.
Pour nous tous, qui aimons le théâtre, il parait évident que les scènes théâtrales ont tout à voir avec les scènes de l’inconscient. Quel est ce lien étroit qu’entretiennent la psychanalyse et le théâtre ?
Ecouter l'émission (30 mn) : http://www.franceculture.fr/emissions/une-saison-au-theatre/francois-regnault-les-scenes-melees-du-theatre-et-de-la-psychanalyse
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November 9, 2015 5:24 PM
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September 27, 2015 2:08 PM
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Le secret professionnel d’une chorégraphe transexuelle et du genre des princesses 27.09.2015 - 20:00 Photo : Belle d'Hier - Cie Non Nova © JEAN-LUC BEAUJAULT Ecouter l'émission : http://www.franceculture.fr/emission-secret-professionnel-le-secret-professionnel-d-une-choregraphe-transexuelle-et-du-genre-des « Il me semble que ce qu’on appelle la civilisation tient essentiellement aux formes. La forme est une lutte contre l’informe. C’est dans l’informe que la brutalité, la violence et l’injustice prospèrent. Les formes viennent leur donner des limites. Il y a des formes souples, et ce sont les plus belles. Elles se font parfois spontanément, dans le simple jeu des rapports humains entre personnes qui ont du tact. D’autres fois, elles se font avec calcul, et ce sont les œuvres d’art. Parmi elles, les chorégraphes inventent des moyens originaux de dire les rapports humains ou les rapports sociaux, les rapports d’entente ou les rapports de violence. Une de ces chorégraphes travaille sur les formes et plus particulièrement sur les transformations. Elle s’appelle Phia Ménard. Ce travail la concerne très directement, puisqu’elle est née homme, a été trans et est maintenant femme. Je ne raconterais pas cet élément biographique si sa biographie ne faisait partie de son œuvre. Dans son nouveau spectacle, Belle d’hier, elle transforme la légende de la princesse. Les princesses, c’est une forme qu’on impose aux petites filles avec la couleur rose, comme les panoplies de mousquetaire avec la couleur bleue aux garçons. On veut les faire filles d’une certaine sorte et garçons d’une certaine sorte. Quel est le secret professionnel d’une chorégraphe transsexuelle et de la transformation des légendes? Je reçois pour en parler Phia Ménard dont le Belle d’hier se joue du 3 au 9 octobre au Théâtre de la Ville, à Paris. »
Charles Dantzig
Création Belle d'hier - Idée originale et scénographie : Phia Ménard - Dramaturgie et mise en scène : PhiaMénard et Jean-Luc Beaujault - Création et interprétation : Isabelle Bats, Cécile Cozzolino, GéraldinePochon, Marlène Rostaing, Jeanne Vallauri - Production exécutive : Compagnie Non Nova - Créationles 26 et 27 juin à l'Opéra Comédie de Montpellier au Festival International Montpellier Danse. Quelques dates de tournée : du 3 au 9 octobre 2015 , Théâtre de la Ville de Paris les 3, 4, 5 et 6 novembre 2015 ,Le Lieu Unique à Nantes les 24 et 25 novembre 2015, Scène nationale de Chambéry
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Le spectateur de Belleville
February 21, 1:06 PM
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Tribune publiée par L'Humanité le 21 février 2025 « Pour être vivant à jamais, soyons d’éternels mourants. »
Nous sommes au soir du 14 juillet, dans la cour du Musée Calvet, à Avignon. Et ces mots que l’on entend sont ceux du poète Federico Garcia Lorca, les derniers qu’il prononça peut-être, avant d’être fusillé par la milice franquiste, sur un bord de route près de Grenade, le 19 août 1936. Et ce soir du 14 juillet 2024, ils résonnent pour nous entre les murs de pierre de cette cour dont France Culture a fait sa maison de festival, son théâtre de plein air.
Depuis 28 ans maintenant, la Radio Publique y donne à entendre et y enregistre en public les chants, les mots, les fables des écrivain.es mort.es et vivant.es ; c’est ici que poésie, théâtre et littérature sont mis en ondes pour être portés à des milliers d’auditeurs, au-delà du Festival et des murailles d’Avignon. « Toute l’année on y pense, on y travaille, on en rêve, on imagine pour la cour du musée Calvet des lectures et des spectacles en plein air, et puis on y arrive enfin, dans les premiers jours de juillet, et on se bat alors avec ou contre le vent, le froid parfois, jamais la pluie par chance, et les cigales toujours », raconte Blandine Masson, qui en écrit la partition comme on écrit une symphonie, mêlant les voix, et les genres : roman et pièce de théâtre, journal intime ou dialogue philosophique, fragments du réel, correspondance amoureuse et essai théorique. Puis elle ajoute, reprenant amoureusement les mots d’Alain Trutat auquel elle a succédé au poste de Directrice des Fictions à France Culture : « Avignon, il faut y aller pour y planter, y montrer des fleurs. France Culture en Avignon, c’est comme une radio qui naît dans un jardin. »
C’est à Avignon déjà que l’histoire de la radio s’est mêlée à la sienne, une nuit de juillet 1993, sur le Pont Saint-Bénézet : la nuit de sa première rencontre avec la fiction sonore. Alain Trutat avait imaginé pour le Festival « Les nuits des ondes » : nuits d’écoute, nuits blanches peuplées de voix, celles des acteurs, actrices et écrivain.es, nuits de musiques, et de poèmes.
Blandine Masson était présente à la toute première nuit et s’en souvient encore : « Allongée comme beaucoup d’autres auditeurs dans un des transats blancs sur le pont qui enjambe le fleuve, équipée d’un minuscule casque infrarouge, j’écoutais. Ceux qui embarquaient pour ce voyage sonore semblaient se préparer à une très longue traversée. Yeux fermés, corps enveloppés dans nos couvertures, nous les auditeurs-écouteurs-voyageurs plongions dans un grand ruban sonore. »
C’est cette nuit-là, à l’écoute de l’adaptation radiophonique du film d’Orson Welles « La dame de Shanghai », qu’elle se promet d’en faire sa vie, « de chercher sans cesse à recréer ce pouvoir des mots et de la musique, ce miracle de l’émotion né de l’alliance d’un texte et d’une voix ». En 1995, elle devient réalisatrice de fictions à France Culture, et c’est elle qui, plus tard confectionnera la « Nuit Maria Casarès », la « Nuit Alain Cuny », la « Nuit du théâtre citoyen »…
C’est cette nuit de 93 qu’elle découvre le pouvoir magique des mots, et de la voix humaine, et qu’au matin, encore ivre de sons, se révèle sa vocation : mettre en onde comme on met en scène, des bruits, des mots, des notes et des silences, dont elle fera récit et poésie. « La scène de la fiction radiophonique est une onde, immatérielle, invisible, magnétique, acoustique, c’est aussi une sensation qui se propage et j’aime cette idée douce d’un mouvement aussi léger qu’une vague, entêtant, intime, venant déranger, bousculer, distraire « l’autre », en l’arrachant à sa solitude intérieure ».
Comme Svetlana Alexievitch aime à le dire d’elle-même, Blandine Masson devient « une femme oreille ».
Ce sont les actrices et les acteurs qu’elle enregistre qui lui apprendront, dit-elle, le théâtre et la radio. « Dans les voix des autres, et particulièrement des artistes, j’ai longtemps cherché la mienne ». Ces autres, Blandine Masson aime les nommer en reconnaissance, en gratitude, sachant ce qu’ils lui ont confié : la part peut-être la plus intime d’eux-même, leur voix déposée sur son micro. Car elle sait mieux que quiconque la vérité de ces mots de Jacques Copeau : « le micro, c’est le gros plan de l’âme ».
Elles sont si nombreuses ces voix, on ne peut toutes les citer. Blandine Masson, dont la mère fût, peu après sa naissance, une actrice privée de rôles, de scène, de mots, une artiste sans public, « une exilée de l’intérieur » a donné à écouter la voix de tant d’acteurs, d’actrices et de poètes.ses : Celle de Pierre Clémenti qu’elle a enregistré dans le studio 110 de la Maison de la Radio, lisant « Qui je suis » de Pier Paolo Pasolini, celle d’Édith Scob disant « Le journal de Virginia Woolf », de Maurice Garrel interprétant « Le Réformateur », la voix d’André Wilms pulsant sur « La Mort de Virgile », celles de Denis Lavant et Anouk Grinberg lisant « La Fille aux talons d’argile ». De Maria Casares enregistrée dans son appartement du 14e arrondissement de Paris, et dont elle revoit encore le sourire. Et la voix pleine de gravité, d’enluminures et de rocailles de Serge Merlin « artiste de l’exagération », et dont elle entend toujours le rire, les embardées et les chuchotements. La voix de Jérôme Kircher disant les mots de David Grossman face à lui cour du musée Calvet. Celles de Sami Frey, Jeanne Moreau, Evelyne Didi, Irène Jacob, Wajdi Mouawad, Serge Rezvani, Laurent Gaudé, et tant d’autres encore.
« Les voix s’évanouissent, nous en perdons douloureusement la mémoire » mais celles-ci sont gravées en elle, déchirantes, envoûtantes. « La voix a tout pouvoir sur les êtres que nous sommes : la voix hurlante comme la voix douce, la voix insupportable ou la voix enveloppante, la voix que l’on voudrait toujours entendre et réentendre comme une drogue douce, les voix reconnaissables entre toutes de certains acteurs ou actrices, et celles des êtres aimés ».
Ce métier de réalisatrice radiophonique, Blandine Masson l’a pratiqué intensément, au côté des preneurs de son, monteurs, mixeurs de Radio France, des bruiteurs, « ces merveilleux bricoleurs du son, magiciens de l’image sonore, qui ont bâti pour moi, pour nous, tant de décors immatériels pour tant de textes, poèmes, scénarios, pièces de théâtre. »
En 2004 Laure Adler la nomme responsable du service des fictions à France Culture. D’artiste, elle devient productrice. Succédant à Alain Trutat 10 ans après son départ, elle s’y est toujours sentie « de passage, avec le sentiment qu’il fallait aller vite, ne pas perdre de temps, ne pas ménager sa peine, ne pas s’installer, rester sur le qui-vive. » Comme Trutat, et plus encore, elle y défend l’étendue de la liberté d’imaginer, l’absence de limites, « l’insolence de l’invention et du collage ». Elle y affirme la place de la fantaisie, de l’irréel ou du surréel dans le paysage radiophonique. « La nuit, je n’aime pas sommeiller avec des voix trop réelles, trop actuelles, je préfère les voix intemporelles des comédiens, des poètes, celles qui déchaînent l’imaginaire. »
Depuis exactement 20 ans, avec les réalisateur-ices et son équipe éditoriale, elle travaille à faire de la radio ce lieu de création.
La fiction radiophonique est définitivement pour elle le huitième art, un art qui livre « cette perpétuelle bataille contre la solitude et le silence ». Comme l’écrivait Jean-Loup Rivière, homme de lettres et de radio : « On est seul, on est dans le noir, des voix parviennent et vont peut-être vous faire du bien. »
Blandine Masson va, avec l’appui de Radio France, recruter et former une nouvelle génération de réalisateur.ices, elle éduquera leur oreille et fera d’eux des audiophiles comme d’autres deviennent cinéphiles : elle cultive en eux, en elles, l’art qui est le sien : l’art d’écouter. Ils, elles, viennent du cinéma ou du théâtre, de la radio, ou la musique ; elle en fait des « homo-radiophonicus », comme les a rêvés en 1952 Pierre Schaeffer, pionnier de la réalisation radiophonique, « des gens qui savent à la fois avoir les connaissances techniques et en même temps une profondeur de poésie, personnelle. » Responsable des fictions, elle travaille inlassablement à combler l’absence de reconnaissance des réalisateurs sonores en France, quand tant d’autres pays et depuis longtemps les ont accueillis pleinement dans le monde des Arts. « La réalisation radiophonique ne bénéficie encore aujourd’hui d’aucune formation initiale, d’aucune académie. Pourquoi une telle absence ? Pas d’audiothèque comme il existe des cinémathèques, pas d’audio-club comme il y avait les ciné-clubs. » Elle se bat.
En 2010, c’est l’irruption du podcast. Elle planifiera au sein de France Culture, et avec le service des fictions, la révolution numérique, rendant les œuvres plus visibles, plus audibles que jamais. En Covid, elle tend ses micros aux écrivain.es, à leurs mots et aux voix des artistes qui les portent. Dans cette période de confinement, et plus que jamais peut-être, elle livre avec son équipe, et de toute la force de son art, « cette perpétuelle bataille contre la solitude et le silence ».
Dans son livre « Mettre en onde », paru en 2021 chez Actes Sud, elle ravive la mémoire de son métier, en dit les origines. Mieux que quiconque, Blandine Masson en connaît l’histoire et nous la rappelle : cette Grande Histoire qui a rejoint la sienne, intime, professionnelle, une nuit de juillet 93 en Avignon, a peut-être, elle aussi, commencé vraiment là, dans ce Festival qui a vu converger, comme deux fleuves puissants, la radio et le théâtre publics. Car la radio était là dès le premier soir, la première représentation, en 1947, pour poser ses micros sur ses tréteaux et ne les a plus quittés jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à la cour du musée Calvet, jusqu’à ce qu’y résonnent les mots de Garcia Lorca : « Pour être vivant à jamais, soyons d’éternels mourants ».
Radio Publique, Théâtre Public, ces deux fleuves ont convergé pour n’en former plus qu’un : un grand service public des Arts, des Cultures et de l’Éducation Populaire, commencé ici par les artistes technicien.nes, intellectuel.les et poètes.ses de l’après-guerre, avec l’espoir fou d’un monde meilleur et, plus encore, d’un être humain meilleur, et qui croyaient avec Alain Trutat « qu’à côté des nourritures terrestres, il faut bien des nourritures imaginaires, c’est ce que nous essayons de fournir. » Cette histoire, Blandine Masson s’en sait l’héritière, et en combat l’oubli. Cette histoire, elle l’a écrite chaque jour à la Maison de la Radio, servant la Radio Publique comme on sert un idéal, comme on sert les grandes causes.
Aujourd’hui nous parvient l’annonce de ce départ. Alan Lomax, « l’homme qui a enregistré le monde », écrivait déjà en 1999 : « La variété artistique est menacée d’extinction. Un phénomène de grisaille est en cours qui, s’il n’est pas maîtrisé, remplira le ciel de l’humanité d’un brouillard factice et coupera les familles des hommes de la vision de leurs propres constellations culturelles et de ses voix les plus singulières. Un système de communication électronique mal géré et trop centralisé impose partout quelques cultures standardisées, produites en masse et bon marché. »
C’est un perpétuel combat. C’est celui de Blandine Masson. Et c’est le nôtre. Au moment de son départ nous reviennent ces mots de Sydney Pollack, ces mots qui pourraient être les siens tant ils lui ressemblent et nous parlent d’elle, et de son œuvre qui continue :
« Au milieu des coups de feu, il n’est pas toujours facile de l’entendre. Mais la voix humaine est différente des autres sons. Elle peut être entendue par-dessus les sons qui couvrent normalement tous les autres. Même sans crier. Même lorsqu’elle n’est que murmure.
Même le plus léger des chuchotements l’emporte sur le fracas des canons, lorsqu’il dit la vérité. »
Les signataires :
Didier Abadie, directeur ERACM, Association des 38 Centres Dramatiques Nationaux, Laure Adler, journaliste, essayiste et productrice de radio, Carole Albanese, directrice de la scène nationale de l’Ariège, Ariane Ascaride, comédienne, Gwenaëlle Aubry, écrivaine, Anne Azoulay, comédienne, Alexandra Badea, écrivaine et metteuse en scène, Sylvie Ballul, conseillère littéraire, Camille Barnaud, directrice Scène nationale du Havre, Razerka Ben Sadia-Lavant directrice du Petit Festival de la Côte Vermeille, Sophie Berger, réalisatrice son et autrice, Charles Berling , acteur, François Berreur, éditeur, Cécile Bertin directrice L’arc scène nationale Le Creusot, Marie-Louise Bischofberger, metteuse en scène, Dominique Blanc, comédienne, David Bobée, metteur en scène, directeur du Théâtre du Nord Centre Dramatique National, Sandrine Bonnaire , actrice, Audrey Bonnet, comédienne, Nicolas Bouchaud, comédien, Sophie Calle, artiste, Amira Casar, comédienne, Astrid Cathala artiste, Olivier Chaudenson directeur de la Maison de la Poésie, Enzo Cormann écrivain, Romaric Daurier, directeur le Phénix scène nationale Valenciennes, Claire David éditions Actes Sud, Gwénola David, Simon Delétang, metteur en scène et directeur du Théâtre de Lorient-CDN, Maryline Desbiolles écrivaine, Michel Deutsch écrivain et metteur en scène, Marcial Di Fonzo Bo acteur metteur en scène et directeur du Quai Angers Centre Dramatique National, Évelyne Didi, actrice, Géraud Didier, directeur de scène nationale; Dimitris Dimitriadis auteur, Nasser Djemaï, auteur et metteur en scène, Dominique Dominique comédienne, Eva Doumbia, autrice, metteuse en scène, Mohamed El Khatib auteur et metteur en scène, Mathias Enard, écrivain, Vincent Farasse, auteur, Michele Foucher comédienne, Alain Françon, metteur en scène, Claudine Galea, écrivaine, Xavier Gallais, comédien, Samuel Gallet, écrivain et metteur en scène, Jacques Gamblin, comédien et auteur, Julie Gayet, actrice productrice et réalisatrice, Amos Gitai, architecte and film builder, Damien Godet, directeur de la scène nationale du Sud-Aquitain et administrateur du Festival d’Avignon de 2014 à 2018, Julien Gosselin, metteur en scène et directeur du Théâtre National de l’Odéon, Dominic Gould, acteur, Sylvie Gouttebaron, directrice maison des écrivains et de la littérature, Didier Grimel, accompagnateur d’équipes artistiques et de lieux du spectacle vivant public, Anouk Grinberg, comédienne et peintre, Marie Rose Guarnieri, libraire, Katell Guillou, scénariste, Clément Hervieu-Léger comédien et metteur en scène, Irène Jacob, comédienne, Marc Jacquin, directeur de phonurgia nova, Pierre Jourde, écrivain, Jérôme Kircher, acteur, Fanny Lannoy, responsable pédagogique, Laurent Le Gall, Micha Lescot comédien, Isabelle Lusignan, comédienne, Macha Makeieff, metteuse en scène, Christine Malard, directrice du Théâtre Jean Lurçat scène nationale d’Aubusson, Caroline Marcilhac, directrice de Théâtre Ouvert, André Marcon, comédien, Yannick Marzin, directeur MA scène nationale Pays de Montbéliard, Muriel Mayette, comédienne metteuse en scène et directrice du Théâtre de Nice Centre Dramatique National, Jacques Mazeran, comédien, Emmanuel Meirieu, auteur et metteur en scène, Philippe Meirieu pédagogue, Olivier Mellano, compositeur et musicien, Fabrice Melquiot, écrivain, Stéphane Michaka, romancier et dramaturge, Christophe Miossec, auteur compositeur et interprète, Alexandra Moreira Da Silva, enseignante chercheur et traductrice et dramaturge, Anna Mouglalis, actrice, Pascale Nandillon, metteuse en scène, Marie Ndiaye, autrice, Alain Neddam Johanna Nizard, actrice, Stanislas Nordey, acteur et metteur en scène, Marc Paquien, metteur en scène, Nicolas Philibert, cinéaste, Eric Pierrot, comédien et metteur en scène, Laurent Poitrenaux, comédien, Guillaume Poix, écrivain, Pascal Rambert, auteur et metteur en scène, Patrick Ranchain, directeur Théâtre du Bois de l’Aune / Aix-en-Provence, Christophe Rauck, metteur en scène et directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, Pascal Rénéric, comédien, Robin Renucci, comédien metteur en scène et directeur du Théâtre National de Marseille LA CRIÉE, Serge Rezvani, peintre et écrivain, Jean-Michel Ribes, auteur dramatique, Vincent Roche Lecca directeur d’un théâtre public, Alexandre Rochon artiste et musicien, Tiago Rodrigues, auteur metteur en scène acteur et directeur du Festival d’Avignon, Olivier Rolin, écrivain, Stanislas Roquette, comédien et auteur, Nathalie Roussel comédienne, Olivier Saksik, attaché de presse, Christian Schiaretti, metteur en scène, Jean-Pierre Simeon poète, Michel Simonot, écrivain, SivadierJean-François metteur en scène, Samuel Strouk, compositeur, Jean-Philippe Toussaint, écrivain, Erik Truffaz, musicien, Serge Valletti, auteur, Frédéric Vossier, auteur dramatique, Emmanuel Wallon, professeur émérite à l’université Paris Nanterre
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Le spectateur de Belleville
January 1, 2024 10:01 AM
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Sur le site de l'émission de Marie Richeux sur France Culture, le 1er janvier 2024 Pour ce premier janvier, votre Book Club invite Denis Podalydès pour partager avec nous son goût, son appétit pour celui qui fut “sa porte d’entrée au théâtre” : Molière. Avec - Denis Podalydès Acteur, metteur en scène, scénariste et écrivain français, sociétaire de la Comédie-Française
Un premier Book Club de l'année sous le signe de la passion. Pour les textes. Pour la chimie toujours réactivée des mots de Molière quand ils passent par le corps, au présent. Ces mots matière que notre invité articule, admire sans sacraliser, porte sur scène depuis bien des années. Denis Podalydés dit qu'il est annexé à Molière, comment lutter contre cela et rendre grâce au plaisir extrême qu'il a à le jouer ? De jouer à écrire il y a un chemin, que Denis Podalydes traverse dans un livre à la grande vitalité, intitulé En Jouant, en écrivant (Seuil) il est notre invité. Avec ce texte Denis Podalydès partage l’élan vital que produit un compagnonnage d’une vie avec Molière. L’occasion pour lui de redéfinir la notion même de "classique" et de mettre en lumière l’énergie contemporaine et subversive contenue dans son théâtre. Ecouter l'émission en ligne (59 mn) Le nouveau livre de Denis Podalydès : "En lisant en écrivant avec Molière", de Denis Podalydès, Ed. Seuil https://www.seuil.com/ouvrage/en-jouant-en-ecrivant-denis-podalydes/9782021538793
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Le spectateur de Belleville
June 24, 2023 6:21 PM
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Une sélection d'archives radiophoniques avec Claude Régy (1923-2019), homme de théâtre qui a révolutionné la scène contemporaine avec des mises en scène de textes de Sarah Kane, Edward Bond ou Georg Trakl et une approche nouvelle du jeu de l'acteur. -
"Claude Régy, l’état d’incertitude", une sélection d'archives avec Claude Régy (1923-2019), homme de théâtre qui a marqué de son influence la scène contemporaine avec des mises en scène de textes de Sarah Kane, Edward Bond ou Georg Trakl et une approche nouvelle du jeu de l'acteur. -
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L'émission "Le secret professionnel" recevait le metteur en scène Claude Régy en juillet 1969. L'occasion pour l'homme de théâtre d'affirmer ses partis pris concernant le rapport entre les comédiens et la mise en scène. -
Michael Lonsdale, Catherine Mouchet, Isabelle Huppert, Nathalie Sarraute et Peter Handke, ce ne sont que quelques uns des invités du "Bon plaisir" de l'homme de théâtre et metteur en scène Claude Régy qui, dans cette émission de 1992, explique, avec ses amis, l'alchimie de ses mises en scène. -
L'émission "Salle de rédaction" recevait le metteur en scène de théâtre Claude Régy en 1972 alors qu'il avait provoqué un scandale en montant la pièce d'Edward Bond "Sauvés", il s'en expliquait face à une table ronde de critiques. -
En 2002, le metteur en scène Claude Régy met en scène "4:48 Psychose" une pièce de Sarah Kane, avec Isabelle Huppert, aux Bouffes du Nord. Au micro d'Alain Veinstein, il parle de ce texte écrit au cœur même de la folie. -
En juillet 2002, l'émission "Surpris par la nuit" enregistre une émission à Avignon avec le metteur en scène Claude Régy. Il est question de théâtre, mais aussi de science et de métaphysique. Sont également invités Eric Lacascade, jeune metteur en scène et le chercheur Jean-Claude Ameisen. -
En 2016, Claude Régy était au micro de Joëlle Gayot pour évoquer sa dernière mise en scène, "Rêve et folie" adaptée du poète autrichien Georg Trakl. Un entretien dans "Une saison au théâtre" diffusé pour la première fois le 18 septembre 2016. À propos du podcast Une sélection d'archives avec Claude Régy (1923-2019), homme de théâtre qui a révolutionné la scène contemporaine avec des mises en scène de textes de Sarah Kane, Edward Bond ou Georg Trakl et une approche nouvelle du jeu de l'acteur. Le metteur en scène Claude Régy, né le 1er mai 1923 et mort le 26 décembre 2019, est un monument de la mise en scène, un artiste qui a proprement révolutionné l’art théâtral. Tout est parti d’une volonté de faire entendre le texte. Non pas son "message", lui qui abhorrait cette réduction de toute production artistique à un contenu pratique ou moral, et s’est toujours refusé à faire du théâtre politique. Faire entendre le texte, lui donner la place de vivre, de se matérialiser à travers les corps qui se meuvent sur un plateau, c’est tenter de construire un lien direct entre l’état mental de l’auteur au moment de l’écriture et l’espace mental du spectateur. Selon Claude Régy, un spectacle a la vocation de changer les spectateurs de façon permanente Le théâtre ne se réduit pas pour lui à la seule durée de la représentation : un spectacle a comme vocation de changer la spectatrice ou le spectateur de façon permanente, d’altérer l’alchimie même de son esprit. Il faut alors pousser l’expérience vers l’extrême. Il ne s’agit pas de créer des scènes spectaculaires, assourdissantes, où l’on crie et on se frappe ; il s’agit d’étirer le plus possible la seconde de silence avant que tout explose, avant que se perpétue une violence extrême. C’est lui qui décrit le mieux cette volonté dans son premier livre, Espaces Perdus, publiés en 1998 où il écrit : "En général mes images sont froides. Au moins extérieurement. Ce que je voudrais c’est que dans cette froideur et cette précision presque chirurgicale on sente une extrême violence – au bord de l’intolérable – et qui pourrait exploser à tout instant, mais qui n’explose pas. Ce qui m’intéresse c’est cette zone-là, entre la charge et l’explosion, juste avant que ça n’explose". Représenter l’irreprésentable Cette zone, au bord de l’intolérable, c’est celle qu’il explore pendant ses 64 ans de carrière. Il poursuit un but ineffable, celui de représenter l’irreprésentable, et de toujours douter de tout. Ce doute radical, qui affecte jusqu’à la nature même de chaque être, c’est celui qui mène à ce qu’il appelle l’état d’incertitude. Par le travail des acteurs et de la scène, Régy veut amener tous les humains présents dans la salle vers une nudité totale, une vulnérabilité primaire, où tout devient incertain. Cette nuit tente de retracer la pensée d’un artiste incomparable, dont la maîtrise toute particulière de l’art théâtral, de la mise en scène et de la direction d’acteurs ont poussé le théâtre vers un état d’incertitude extrême. Contrairement à beaucoup, Claude Régy ne parle jamais pour ne rien dire, vous le comprendrez en écoutant les archives que nous avons sélectionnées : elles offrent une plongée inédite dans l’esprit opaque et génial de l’un des plus grands metteurs en scène de tous les temps. - Par Mathias Le Gargasson
- Réalisation : Emilie Vallat
- Avec la collaboration d'Hassane M'Béchour
- Claude Régy - Présentation (1ère diffusion : 30/04/2023)
- Édition web : Sandrine England, Documentation de Radio France
- Archive Ina-Radio France
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Le spectateur de Belleville
July 25, 2021 6:59 PM
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Sur la page du site de France Culture - rediffusion dans le cadre des "Nuits rêvées", l'entretien avec Mohamed El Khatib 2018 |Premier entretien avec le metteur en scène Mohamed El Khatib, pour sa "Nuit rêvée", diffusée pour la première fois en avril 2018. Le dramaturge et metteur en scène revenait sur son parcours, ses thèmes d'inspiration et son choix d'archives : de Barthes à Bourdieu, en passant par Fernand Deligny.
Ecouter l'entretien (40 mn) en ouverture de la Nuit rêvée (sélection par Mohamed El Khatib d'archives radiophoniques) A l’origine des projets que Mohamed El Khatib écrit et met en scène, il y a presque toujours une rencontre. Avec une femme de ménage (Moi, Corinne Dadat), avec des supporters de foot (Stadium), avec un cinéaste (Conversation avec Alain Cavalier), avec deux comédiens qui ont vécu la perte d’un enfant (C’est la vie). Des spectacles en forme de "fictions documentaires", qui sont autant de manière de faire résonner écriture de l’intime et écriture théâtrale. Les voix qu’il avait choisi de nous faire entendre dans sa "Nuit rêvée", diffusée pour la première fois en avril 2018, étaient celles de ceux qui nourrissent son travail : celle de Roland Barthes, du poète Mahmoud Darwich, d’Alain Cavalier racontant la genèse de son film Irène, un récit de deuil. Des archives également de Fernand Deligny, dans les écrits duquel il puise ; de Pierre Bourdieu, découvert pendant ses études en sociologie ; du metteur en scène Rodrigo Garcia, dans une lecture à Avignon en 2005 ; celle, enfin, du sous-commandant Marcos, un héros de jeunesse que l’on entendra dans une émission consacrée au zapatisme. Mohamed El Khatib à propos de sa pièce Finir en beauté : Si je prends l'exemple du deuil, quand vous perdez quelqu'un, d'un coup il y a une contraction du temps. La mort vient, elle tranche le quotidien, et c'est un tourbillon, et quand vous êtes dans ce tourbillon, à la fois vous devez faire face à des choses très prosaïques, complètement hétérogènes : une déclaration de soutien, un message administratif, vous devez régler les problèmes de rapatriement du corps, c'était le cas pour ma mère. En même temps, c'est le moment où vous faites un point sur votre vie, sur votre famille, sur la question de la transmission. Cette réalité du deuil, on ne peut l'attraper que par petits bouts, par petites touches impressionnistes. Je ne sais pas faire autrement, en vérité je serais incapable d'écrire un roman. Ce qui me parait le plus juste pour essayer de rendre compte d'une réalité, c'est tenter de la cerner par bribes, à sauts et à gambades, de façon un peu aléatoire. Une fois que j'ai tous ces fragments, alors j'essaie de reconstruire quelques chose, de remettre en ordre ces débris. Ecouter le deuxième entretien radiophonique avec Mohamed El Khatib (34 mn) 2018 | Deuxième entretien avec le metteur en scène Mohamed El Khatib. Pour sa "Nuit rêvée", diffusée pour la première fois en 2018, il revenait sur son parcours, ses inspirations et son choix d'archives sur le zapatisme, le dramaturge Rodrigo Garcia ou encore la sociologie de Pierre Bourdieu... A l’origine des projets que Mohamed El Khatib écrit et met en scène, il y a presque toujours une rencontre. Avec une femme de ménage (Moi, Corinne Dadat), avec des supporters de foot (Stadium), avec un cinéaste (Conversation avec Alain Cavalier), avec deux comédiens qui ont vécu la perte d’un enfant (C’est la vie). Des spectacles en forme de "fictions documentaires", qui sont autant de manière de faire résonner écriture de l’intime et écriture théâtrale. Les voix qu’il avait choisi de nous faire entendre dans sa "Nuit rêvée", diffusée pour la première fois en avril 2018, étaient celles de ceux qui nourrissent son travail : celle de Roland Barthes, du poète Mahmoud Darwich, d’Alain Cavalier racontant la genèse de son film Irène, un récit de deuil. Des archives également de Fernand Deligny, dans les écrits duquel il puise ; de Pierre Bourdieu, découvert pendant ses études en sociologie ; du metteur en scène Rodrigo Garcia, dans une lecture à Avignon en 2005 ; celle, enfin, du sous-commandant Marcos, un héros de jeunesse que l’on entendra dans une émission consacrée au zapatisme. Il se souvient de son admiration pour Maradona, quand, lors de la Coupe du Monde de 1986, il suit à la télévision le match qui oppose l'Argentine à l'Angleterre : Maradona était notre idole à nous tous qui avions six ans, ce petit gros était un magicien qui avait des mains à la place des pieds, on voulait tous être Maradona. Puis il évoque son spectacle Stadium qui a pour origine d'une part son amour du football (il a joué à un haut niveau) mais aussi son père, un amateur de football éclairé. C'est aussi un hommage aux supporters, ceux qui sont toujours là : J'avais envie de rendre hommage à ceux qui sont toujours là, les joueurs passent d'un club à l'autre, les dirigeants de club viennent et puis s'en vont, mais les supporters eux sont toujours là, cela relève d'un amour inconditionnel. J'ai eu envie de dire que ceux qui font le sel d'un match de foot, ce sont les spectateurs, ceux à qui on ne pense jamais. La mixité dans les stades de foot est importante, malheureusement dans le théâtre on ne peut pas en dire autant. (...) Le sens de mon travail c'est de mettre en scène ce qui nous rapproche avec des gens qui nous sont totalement étrangers. Ecouter le 3ème entretien radiophonique avec Mohamed El Khatib (14 mn) A l’origine des projets que Mohamed El Khatib écrit et met en scène, il y a presque toujours une rencontre. Avec une femme de ménage (Moi, Corinne Dadat), avec des supporters de foot (Stadium), avec un cinéaste (Conversation avec Alain Cavalier), avec deux comédiens qui ont vécu la perte d’un enfant (C’est la vie). Des spectacles en forme de "fictions documentaires", qui sont autant de manière de faire résonner écriture de l’intime et écriture théâtrale. Les voix qu’il avait choisi de nous faire entendre dans sa "Nuit rêvée", diffusée pour la première fois en avril 2018, étaient celles de ceux qui nourrissent son travail : celle de Roland Barthes, du poète Mahmoud Darwich, d’Alain Cavalier racontant la genèse de son film Irène, un récit de deuil. Des archives également de Fernand Deligny, dans les écrits duquel il puise ; de Pierre Bourdieu, découvert pendant ses études en sociologie ; du metteur en scène Rodrigo Garcia, dans une lecture à Avignon en 2005 ; celle, enfin, du sous-commandant Marcos, un héros de jeunesse que l’on entendra dans une émission consacrée au zapatisme. Il évoque son envie de faire des films : J'ai commencé à filmer ma mère, c'est là qu'est né un désir de cinéma. Il y a un rapport au temps qui est tout à fait différent, il y a un temps long : on peut laisser infuser. Il y a une grande liberté formelle. On n'est pas encombré, avec une équipe légère et une caméra on peut réaliser un film. Bibliographie : - Mohamed El Khatib, photographies de Yohanne Lamoulère, Stadium, Ed. Les Solitaires intempestifs, 2017
- Mohamed El Khatib, Pièce en 1 acte de décès, Ed. Les Solitaires intempestifs, 2014
- Mohamed El Khatib, photographies de Marion Poussier, Corps de ballet, Filigranes Editions, 2014
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Le spectateur de Belleville
April 3, 2021 6:04 PM
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Fiction radiophonique de Nancy Huston, diffusée sur France Culture le 3 avril 2021 Atteinte d’une maladie incurable, une femme écrit une longue lettre à sa fille, et livre ainsi un témoignage intime et puissant sur la féminité. Ecouter la fiction (58 mn) _"C’est un stage intensif, en quelque sorte. Formation accélérée en Vie de femme."_ Atteinte d’une maladie incurable, une femme, Ariane, écrit une longue lettre à sa fille Elyria. Faisant se croiser des passages de ses cahiers intimes, des souvenirs, des rêves, des pensées et de brefs récits, ce texte explore des thèmes chers à Nancy Huston : les relations entre corps et esprit, et la féminité -notamment les luttes des femmes contre elles-mêmes, face au monde et aux hommes en particulier. Réalisation : Sophie-Aude Picon Création musicale : Quentin Sirjacq Avec : Anne Azoulay Et les voix de : Nancy Huston, Caroline Binder, Patrick Le Mauff, Charlotte Laemmel, Gaetan Peau, Barbara Heshmati et Damien Paisant Bruitages : Elodie Fiat Musique originale : Quentin Sirjacq Prise de son, montage et mixage : Bernard Lagnel, Julien Calvas Assistante à la réalisation : Manon Dubus Nancy Huston a publié de très nombreux ouvrages – romans, récits, pièces de théâtre, essais. Rien d’autre que cette félicité a paru en 2019 aux éditions Léméac et aux éditions Paroles dans la collection Main de femme Illustration Collage avec portrait de femme et fleurs• Crédits : Vasilina Popova - Getty
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March 12, 2021 2:54 PM
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Entretiens menés par Lucile Commeaux pour "A voix nue" sur France Culture LIEN POUR L'ECOUTE DU PREMIER EPISODE (30 MN) Né en 1955 Christian Schiaretti grandit dans un Paris ouvrier, où la culture est réduite à portion congrue, mais où il découvre fasciné la grande littérature.
Christian Schiaretti naît dans une famille parisienne recomposée, dans une atmosphère ouvrière et libertaire. Sa mère est une femme indépendante et féministe, une des premières à accoucher à la Clinique des Lilas, pionnière dans la pratique de l’accouchement sans douleur. Il grandit avec elle et son compagnon, qui travaille aux Halles, dans le 11e arrondissement de Paris, quartier Voltaire, resté dans les années soixante un “faubourg” ouvrier et populeux. C’est pour lui un lieu d’épanouissement et de violence, comme l’école, où son patronyme italien lui vaut d’être classé parmi les “rastaquouères”.
J'étais dans un milieu plutôt libertaire. Ma mère s'était mise en rupture familiale avec l'ensemble de sa famille puisqu'elle vivait avec quelqu'un avec un enfant pas reconnu, mais qui portait le nom de son premier mari. Je ne sais pas si vous voyez ce que ça veut dire.
"Je me suis réfugié dans un placard pour échapper à la promiscuité que je subissais" A l’abri dans un placard, seul endroit où on peut s’isoler dans les petits logements qu’il habite avec sa famille, Christian Schiaretti commence à lire, en prenant la littérature par le seul ordre qui lui paraisse légitime: l’ordre chronologique. Il dévore les Grecs anciens, la farce médiévale, le roman, sans hiérarchie aucune, et avec le même appétit.
Rétrospectivement, il considère avec un étonnement sans cesse renouvelé cette expérience intellectuelle première, à laquelle son milieu et son existence d’alors ne le poussaient pas. Dans sa famille, dans son quartier, on ne lisait pas, on n’allait pas au théâtre, un peu au cinéma parfois, mais les choses de l’esprit ne faisaient pas partie du quotidien. Dans l’ensemble il conserve de son enfance des souvenirs plutôt joyeux: la violence sociale existait certes, la misère n’était pas loin, mais la famille restait soudée et les amitiés fortes.
J'avais par-devers moi peut être, une sorte d'intuition dans ce rapport aux mots, dans cette espèce de macédoine multiculturelle, j'avais peut être une conscience du mot fort. (...) J'explique cette conscience de la langue qui est très présente chez moi parce que je vis dans un dans un milieu qui ne maîtrise pas le mot. Donc, j'ai un rapport très fort à cela et je crois aussi à la conscience qu'il y a un monde ailleurs.
Une série d'entretiens proposée par Lucile Commeaux, réalisée par Franck Lilin. Prise de son : Georges Thô. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.
Bibliographie Christian Schiaretti, Pour en finir avec les créateurs, Atlande, 2014. Liens Episode 2 : Un petit boulot au Festival (30 mn) Episode 3 : Du grand Conservatoire au petit théâtre de l’Atalante (30 mn) Épisode 4 : A la Comédie de Reims: le texte, toujours le texte (30 mn) Épisode 5 : Diriger le théâtre national Populaire: avec le pouvoir, la responsabilité (30 mn)
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Le spectateur de Belleville
February 28, 2021 2:02 PM
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Huis clos d’un appartement, intimité d’une vie passée et en devenir. Deux couples. L’Homme et la Femme, Elle et Lui. Une pièce blanche, appartement vide marqué par deux fenêtres. Un canapé, des rideaux. Mais tout ici est clair, débarrassé des fioritures et des nécessités de l’habitation.
Huis clos d’un appartement, intimité d’une vie passée et en devenir. Deux couples. L’Homme et la Femme, Elle et Lui. Les premiers, plus âgés, sont sur le point de se séparer, ou tout du moins de déménager de ce cocon qui leur est familier depuis de nombreuses années. Ils y ont encore quelques affaires, un canapé, des rideaux, un vieux pantalon, des livres de cuisine, un sac de bowling et quelques photos… Autant d’objets qui raniment leur mémoire endolorie. Les plus jeunes emménagent. Lui s’occupe de vider leurs premiers cartons, tandis qu’Elle, enceinte de dix semaines, lasse, paralysée par un avenir incertain et des désirs impossibles, ne peut lui être d’aucune aide. « Concentration du temps écoulé, depuis son commencement jusqu’à sa fin. Des moments et des souvenirs différents se confondent.
Traduit du suédois par Katrin Ahlgren, d’après la mise en scène de Lars Norén Réalisation de Myron Meerson
Avec Catherine Sauval (la femme), Françoise Gilard (elle), Alexandre Pavloff (il), Christian Cloarec (l’homme), de la Comédie Française
Equipe de réalisation : Philippe Bredin, Eric Villenfin
Le spectacle Pur a été enregistré par le réalisateur Myron Meerson lors des représentations données par la troupe de la Comédie Française au Théâtre du Vieux-Colombier en 2009.
L’œuvre de Lars Norén est éditée à l’Arche.
Né en 1944 en Suède, Lars Norén grandit dans le pays des fantômes de Strindberg. Adolescent, il compose un premier recueil de poèmes, Schizopoésie. À vingt ans, il est interné en hôpital psychiatrique pour schizophrénie, il affronte les électrochocs et l’isolement. Poète, romancier, dramaturge, Lars Norén devient dès les années quatre-vingts l’emblème d’une création engagée, violemment politisée. Avec Démons, La Veillée ou Automne et hiver, tout un pan de son œuvre fouille d’abord du côté des violences familières, plonge dans l’enfer d’être ensemble, en couple et en famille. Il explore nos propensions aux mensonges, aux haines, aux trahisons. L’autre part du théâtre de Norén, toujours attaché à l’individu lâché dans un contexte destructeur, s’attaque à la société. Avec Catégorie 3.1, _Froid!_ou À la mémoire d’Anna Politkovskaïa, il fait entendre ceux que la société recrache dans ses marges, gamins skinheads et criminels, comme d’autres pantins des désastres contemporains. Son projet marque alors un tournant décisif de l’écriture contemporaine, qui impose l’exploration sociologique du monde présent.
Lars Norén traduit les œuvres de Jon Fosse, lui-même traducteur en norvégien du théâtre de Norén. En 1992, il signait sa première mise en scène, s’attaquait au père spirituel Strindberg. Il orchestrait l’aliénation et l’emprise de Danse de mort au Dramaten de Stockholm. Depuis, il met en scène Shakespeare, Tchekhov, Primo Levi ou ses propres œuvres, dont les pièces regroupées sous l’intitulé Terminal, où le temps devient son nouveau champ d’exploration. Le temps qui reste, celui qui éloigne du passé, arrêté ou volatile, insaisissable. Aussi Lars Norén écrit-il sans relâche lorsqu’il met en scène"; pour ne rien figer. À l’occasion de sa première mise en scène à la Comédie-Française, il a affiché dans son bureau les photographies des acteurs, pour réécrire, d’après sa lecture de leurs traits, la parole de ses personnages. Il a transformé, augmenté sa pièce Pur I!; il a composé Pur II d’après ces rencontres. Comme l’espace, paysage ouvert traversé de lumières changeantes, les écritures scéniques et dramatiques de Norén évoluent selon qui les traverse. Elles travaillent autour du temps, avec le temps, mais se laissent tout autant travailler par lui.
Pierre Notte (ex Secrétaire Général de la Comédie Française)
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Le spectateur de Belleville
February 23, 2021 12:18 PM
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Une série de cinq entretiens de Bruno Tackels, réalisée par Massimo Bellini et diffusée du 17 au 21 juillet 2006. Au fil de ces cinq entretiens, Edward Bond revient sur cette expérience traumatique (et tragiquement féconde) de la guerre mondiale, retraverse l'histoire du théâtre, celui des Grecs et celui de Shakespeare... Ecouter les entretiens en ligne 1. "J'ai rencontré le paradoxe au sein de moi-même" 25 MIN Dans ce premier épisode, le dramaturge Edward Bond né en 1934 parle de la guerre, des souvenirs de bombardements à l'origine de son écriture, de sa création. Il fait le constat que 'nous sommes incapables de décrire le monde dans lequel nous vivons'. Cela l'amène à développer sa pensée autour de la fiction et de la réalité. Les sociétés effectuent un va-et-vient inéluctable entre fiction et réalité, selon lui. Il observe que 'nous sommes les animaux qui détiennent la fiction, tous les autres animaux vivent dans leur réalité'. Il estime d'ailleurs que les distinctions que nous faisons entre fiction et réalité 'sont souvent inadéquates' et l'art dramatique doit justement permettre de faire cette distinction, 'sa tâche est d'empêcher que ces confusions ne surviennent'. Edward Bond revient à nouveau dans l'entretien sur ses souvenirs d'enfant bombardé, 'on ramassait des bouts d'obus dans la rue, et ça nous apportait un grand bonheur', raconte-t-il. Dans l'art dramatique actuel, il relève que si 'le personnage est important', ce qui l'est encore plus, 'c'est la situation intentionnellement conçue' comme 'extrême' pour nous obliger à faire un choix qui nous définira.
2. "L'art dramatique nous permet de revenir au moi originel" 25 MIN "L'art dramatique nous permet de revenir au moi originel" Edward Bond nous fait part dans ce deuxième volet de sa conception du monde tel qu'il nous environne, de la nécessité d'apprendre ce qui existe autour de nous. Il prend l'exemple du nouveau né qui n'a pas encore conscience de ce qui l'entoure, il n'est alors que 'plaisir et douleur'. Jusqu'au moment où ces sensations se 'transforment en tragédie et comédie, et à ce moment-là, le moi s'est créé'. Le dramaturge raconte ensuite non sans humour comment il s'est emparé du sujet de Shakespeare, lequel estime-t-il, 'empêche la lumière de passer' pour tout homme de théâtre et malgré cela, il est parvenu à s'atteler à l'écriture de sa pièce 'Lear' en écho au 'Roi Lear' de Shakespeare. Mais avant encore Shakespeare, c'est à la tragédie grecque qu'Edward Bond fait référence, 'c'est aux questions du théâtre grec que nous devons revenir', explique-t-il et de distinguer philosophie et théâtre : 'On pourrait même dire que la philosophie a été inventée pour fuir le drame, mais il faut revenir à l'art dramatique'.
3. "Toutes mes pièces cherchent à créer la nécessité dramatique d'une solution" 25 MIN
Troisième entretien avec le dramaturge britannique Edward Bond qui revient sur l'apport du théâtre grec lequel pose des problèmes 'fondamentaux' et qui a été inventé au moment-même où les Grecs inventaient la démocratie avec des institutions assez complexes. Ce qui fait dire à Edward Bond que 'la démocratie est toujours dépendante de l'art dramatique' car 'ce n'est que dans l'art dramatique que les questions les plus profondes peuvent être posées'. Il reprend alors les récits d'Œdipe, d'Antigone et de Médée qui ont été à la source de ses pièces comme dans 'Les Enfants'. A travers le théâtre grec, c’est bien la question centrale de la justice qui est soulevée. Il conclut que pour lui, 'ce qu'on trouve chez les Grecs, c'est la question humaine, l'impératif humain'.
4. "S'il y a une chose centrale pour l'art dramatique, c'est l'acteur' 25 MIN
Edward Bond, dans ce quatrième entretien, évoque la censure qu'il a connue pour sa première pièce 'Sauvés' et raconte qu'il a refusé de faire les modifications demandées. 'A partir de ce moment-là, le moi se censure lui-même', constate-t-il. Puis il aborde en tant que metteur en scène sa relation aux comédiens, auxquels il demande non pas de jouer les personnages, ce qui les désarçonne, mais de jouer 'la situation'. Il attend de l'acteur, un acte de création, 'une surprise'. Une pièce de théâtre est là pour 'traduire en acte' la justice, pas la 'décrire' et E.Bond de rappeler que 'le centre de toute pièce de théâtre, c'est : qu'est-ce-que la justice ?'. L'art dramatique crée une réalité, grâce au 'sens de la situation qui est réel, pas une abstraction' et grâce aussi au public qui doit être à la hauteur.
5. "Nous sommes obligés de vivre dans l'Histoire et donc nous devons créer la justice" 24 MIN
Dernier entretien avec Edward Bond qui parle ici de son expérience théâtrale à travers le monde de l'enfance. 'Les jeunes gens ont le privilège, ou le fardeau, d'être plus proches de la réalité dont moi je parle', explique le dramaturge. Il lui semble que 'les jeunes n'ont pas encore appris les arts de la survie' or 'quand on apprend la technique, l'art de la survie, très souvent on se détruit soi-même' et c'est pour cela qu'il écrit pour eux, sans avoir jamais à 'édulcorer' son écriture. Ensuite, il dit s'inquiéter de leur devenir dans une société corruptrice. Edward Bond nous livre également dans cet entretien, ses réflexions sur le théâtre actuel et notamment le théâtre allemand qui ne parvient pas à se libérer ni de Hitler, ni de Brecht et cela l'empêche de se poser les vraies questions. Il revient ainsi sur l'impératif du théâtre qui est de se confronter à une situation 'extrême' qui nous oblige à nous 'définir' nous-mêmes en posant la question impérative de justice.
Depuis plus de trente ans (on oublie souvent qu'il était dans la Cour d'Honneur dès 1970, dans une mise en scène de Georges Wilson), Edward Bond est sans doute le dramaturge anglais le plus joué sur les plateaux français (ce n'est pas le cas en Angleterre, loin s'en faut). On peut même dire qu'il est mis en scène par toute la gamme esthétique des metteurs en scène du paysage théâtral, de Claude Yersin à Jean-Pierre Vincent, en passant par Christian Benedetti, Suart Seide, et bien sûr Alain Françon, qui a fait connaître l'oeuvre de Bond au grand public, lors des mémorables représentations avignonnaises des "Pièces de guerre", dont le titre sonne d'emblée comme le manifeste de toute son écriture : quel théâtre peut et doit provenir d'un monde "en guerre" comme le nôtre ?
Une série de cinq entretiens de Bruno Tackels, réalisée par Massimo Bellini et diffusée du 17 au 21 juillet 2006.
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Le spectateur de Belleville
November 3, 2019 2:33 PM
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Par Aurélie Charon sur le site de son émission Tous en scène sur France Culture 3 novembre 2019 Une émission spéciale autour du Festival TNB à Rennes 2019, avec quatre femmes artistes qui y participent. Marion Siéfert met en scène dans "Du Sale!" la rappeuse Laëtitia Kerfa. Cécilia Bengolea propose une nuit de dance hall comme en Jamaïque. Vanessa Larré présente "La Passe". Emission spéciale autour du festival TNB 2019 à Rennes,pour fêter l’évènement porté par Arthur Nauzyciel et l’équipe du Théâtre National de Bretagne, du 06 au 17 novembre, dans 10 lieux partenaires à Rennes et en métropole.
Marion Siéfert, auteure, metteure en scène et performeuse. Du sale ! est présentée du 06 au 09 novembre au CCN de Rennes et de Bretagne : cette pièce d’actualité N°12 avait été créée au Théâtre de la Commune (Aubervilliers), où elle sera reprise du 16 au 20 décembre. Deux jeunes femmes au plateau, l’une rappe, l’autre danse. Marion Siéfert a écumé les battles de la région parisienne pour les rencontrer et les réunir sur scène.
Laetitia Kerfa aka Original Laeti, rappeuse. Elle est l’une des deux interprètes de Du sale ! avec Janice Bieleu, danseuse de popping et de lite feet.
Cécilia Bengoléa, chorégraphe franco-argentine. Oneness – Party Animal constitue l’une des deux soirées musicales du festival, le 09 novembre à UBU (Rennes). La scène se transforme en dancefloor géant avec light show, projection vidéo et sound-system. Sur l’écran tourne en boucle un mix de chorégraphies filmées par l’artiste en Jamaïque. Un DJ s’installe aux manettes, quatre performeurs investissent l’espace, qui devient une fête. Le dancehall débarque au TNB !
Vanessa Larré, comédienne, auteure et metteure en scène. La Passe est présentée du 15 au 17 novembre à la salle Parigot (Rennes). La saison passée, Vanessa Larré avait installé deux cabines téléphoniques dans le hall du TNB, dans lesquelles le public pouvait écouter des entretiens menés avec des prostituées et des clients. Le dispositif de cette nouvelle performance, qui met en scène deux comédiennes et une prostituée, invite les spectateurs à s’immerger dans la pièce par l’arrière du décor, pour explorer la condition féminine à travers le prisme des 3 archétypes aliénants : la Mère, la Vierge et la Putain.
LIVE : Laetitia Kerfa aka Original Laeti interprète deux morceaux en studio, dont un inédit !
Crédit photo : Du Sale ! mise en scène Marion Siéfert• Crédits : Willy Vainqueur
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Le spectateur de Belleville
November 19, 2017 3:35 PM
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Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu'on croyait, lui avait promis de l'épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire.
Une création France Culture et la Comédie-Française Direction artistique : Eric Ruf Réalisation : Blandine Masson et Christophe Hocké Dramaturgie : Adrien Dupuis – Hepner Conseillère littéraire Caroline Ouazana
Enregistrement en public de Bérénice de Racine avec les comédiens de la troupe de la Comédie-Française le mardi 31 octobre à 20h en public au Studio 104 de la Maison de la Radio « Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu'on croyait, lui avait promis de l'épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire. Cette action est très fameuse dans l'histoire, et je l'ai trouvée très propre pour le théâtre, par la violence des passions qu'elle y pouvait exciter. […] Le dernier adieu que [Bérénice] dit à Titus, et l'effort qu'elle se fait pour s'en séparer, n'est pas le moins tragique de la pièce, et j'ose dire qu'il renouvelle assez bien dans le cœur des spectateurs l'émotion que le reste y avait pu exciter. Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.» Extrait de la préface de Racine.
Avec la troupe de la Comédie-Française
Claude Mathieu (Phénice ) Michel Favory (Paulin) Eric Génovèse (Titus) Alain Lenglet (Arsace) Clotilde de Bayser (Bérénice ) Clément Hervieu-Léger (Antiochus )
Et Adrien Dupuis-Hepner (Rutile, un académicien)
Claire Lefilliâtre : chant
Composition musicale originale Nima Ben David : viole de gambe Miguel Henri : Luth et Théorbe Michèle Claude : percussions Equipe de réalisation : Jean-Michel Bernot, Pierre Henry, Bastien Varigaud, Tahar Boukhlifa Assistant à la réalisationFélix Levacher
Légende photo : Gravure de Philippe Chery du costume de Bérénice, Bibliothèque des arts décoratifs• Crédits : DEA / G. DAGLI ORTI - Getty
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Le spectateur de Belleville
December 22, 2015 4:44 AM
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Le spectateur de Belleville
November 9, 2015 5:11 PM
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Joëlle Gayot reçoit Dominique Blanc, à l'occasion du spectacle"Les Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos, adaptation et mise en scène de Christine Letailleur, au Théâtre National de Bretagne, à Rennes, jusqu' au 14 novembre, puis à Brest (Le Quartz, du 18 au 20 novembre), à La Rochelle (La Coursive, du 1er au 3 décembre), et à Tarbes (Le Parvis les 14 et 15 décembre 2015)... Dominique Blanc y joue le rôle de la marquise de Merteuil..."Ce délire de la volupté où le plaisir s'épure par son excès"... Dominique Blanc a toujours mené de front théâtre et cinéma... "Le théâtre remet les idées en place; au cinéma, on vous met dans une tour d'ivoire", a-t-elle déclaré un jour dans "Libération"... "Le théâtre ne fait pas appel aux mêmes nerfs, on y est plus vulnérable", dit-elle... Elle dit surtout que quand elle remonte sur les planches, c'est comme si elle rentrait à la maison... Dans ses interviews, elle évoque souvent ses ratages pour encourager les jeunes qui veulent faire ce métier... Elle-même a été encouragée par Arletty ... Un jour de spleen, elle avait appelé la grande actrice qui lui avait parlé de la gaieté, de la joie... "La gaieté est précieuse dans ce métier. Vous réussirez", lui avait-elle dit au bout du fil... Et puis un jour elle a reçu leprix Arletty d'interprétation féminine, - de ses propres mains! Ce jour-là, Arletty lui a caressé le visage... et lui a parlé de ses yeux aussi grands que son âme... "C'était magique", se souvient-elle... Dominique Blanc a beaucoup joué avec Patrice Chéreau, dans ses films : "La Reine Margot", "Ceux qui m'aiment prendront le train"; dans ses mises en scène : "Peer Gynt", d'Ibsen, ou encore "Phèdre" de Racine et "La Douleur" de Marguerite Duras... "Patrice Chéreau n'est pas mon père, ni mon Pygmalion. Mais si je devais en référer à la médecine, je dirais que nous travaillons ensemble comme deux chirurgiens, en totale symbiose", disait-elle dans l'ouvrage de Patrice Chéreau, "J'y arriverai un jour" (Actes Sud, 2009). Aujourd'hui, c'est plutôt la marquise de Merteuil et son secret médical : "L'amour est, comme la médecine, l'art d'aider la nature." Ecouter l'émission (29mn) : http://www.franceculture.fr/emission-une-saison-au-theatre-dominique-blanc-la-gaiete-la-joie-2015-11-08
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