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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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May 30, 2022 3:19 AM
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Théâtre : Pauline Bureau, une plume contemporaine sur les ailes d’un ange

Théâtre : Pauline Bureau, une plume contemporaine sur les ailes d’un ange | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 

Par Fabienne Darge dans Le Monde - 30 mai 2022

 

 

L’autrice et metteuse en scène, fondatrice de la compagnie La Part des anges et pressentie pour une récompense aux Molières, s’est taillé une belle place dans le paysage du théâtre.

 

 

 

Un, deux, trois, ou pas du tout de buste de Molière tout doré sur la cheminée du salon ? A l’heure où l’on écrit ces lignes, on ne sait si Pauline Bureau aura, lundi 30 mai au soir, gagné une ou plusieurs de ces petites statuettes que, chaque année, la profession théâtrale décerne à ceux qu’elle a jugés les plus méritants. Ce qui est sûr, c’est que, Molière ou pas, la jeune femme s’est taillé une belle place dans le paysage. Les spectacles de cette autrice et metteuse en scène de 44 ans tournent un peu partout en France, à l’image de Féminines, nommé aux Molières dans trois catégories : spectacle de théâtre public, mise en scène d’un spectacle de théâtre public et auteur francophone vivant.

L’impétrante ne semble pas s’en soucier plus que cela, en cette belle matinée de printemps, où elle raconte son parcours avec la fraîcheur et le naturel que l’on retrouve dans ses spectacles. Un parcours dont elle est fière, pourtant, sans honte ni fausse modestie. Car il a été gagné et n’avait rien d’évident au départ, ni même ensuite d’ailleurs.

L’histoire des femmes

Le théâtre était bien loin du petit village de Picardie où Pauline Bureau a passé son enfance. « Mais les histoires comptaient déjà beaucoup quand j’étais petite : en écouter, en raconter faisait partie de la vie avec mes frères et sœurs, les amis, les voisins… » Le théâtre, lui, a déboulé dans sa vie quand, un dimanche de son adolescence, elle est allée à la Cartoucherie de Vincennes pour voir Les Atrides, mis en scène par Ariane Mnouchkine. Tout lui a plu, au Théâtre du Soleil : « Ce n’était pas seulement le spectacle, mais une ambiance générale. Le fait de voir les acteurs se maquiller avant la représentation, de manger là-bas, des plats qui ne ressemblaient à rien de ce qu’on mangeait à la maison, d’imaginer que toute la troupe vivait ensemble, dans les roulottes installées sur la pelouse… »

Pauline Bureau : « Mnouchkine, c’était une femme qui mettait en scène, ce qui a beaucoup compté dans le fait que je me dise que c’était possible pour moi aussi, et même de passer à l’écriture »

Surtout, quelque chose s’est noué là, pour Pauline Bureau, entre le théâtre et l’histoire des femmes. « J’ai encore un souvenir très précis de la manière dont Mnouchkine mettait en scène ces héroïnes tragiques. Je revois le sang, la force de ces femmes, la violence de Clytemnestre, et l’intelligence du regard porté sur cette violence et sur ces destins, se souvient-elle. Et puis, tout simplement, c’était une femme qui mettait en scène, ce qui a beaucoup compté dans le fait que je me dise que c’était possible pour moi aussi, et même de passer à l’écriture. » Ce lien entre les deux, les femmes et le théâtre, ne s’est jamais dénoué.

 
 

Pauline Bureau l’a décliné au fil de spectacles qui sont allés voir du côté du conte, ou du théâtre documentaire, selon les projets, après avoir suivi les cours de Pierre Debauche (1930-2017) et intégré le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, dont elle est sortie en 2004. « Au départ, j’étais dans un fantasme assez banal de jeune comédienne, s’amuse-t-elle. Je rêvais de rencontrer un grand auteur-metteur en scène qui m’écrirait de grands rôles, d’intégrer une grande aventure de théâtre. Et puis, de fil en aiguille, on a fini par la créer nous-mêmes, notre grande aventure de théâtre, avec les amis avec qui je travaille encore aujourd’hui [les acteurs Marie Nicolle et Nicolas Chupin, notamment]. »

 

Pendant ses études, au Conservatoire et ailleurs, elle s’est rendue compte qu’on ne montait jamais de textes de femmes : « Il y avait bien Duras, au loin, qui semblait inatteignable, et c’était tout… Comment s’étonner alors que je ne me sois pas imaginée écrire, et les autres filles non plus ? Il y avait forcément une difficulté à se projeter dans ce type de rôle. »

 

Elle a créé sa compagnie en 2005, qu’elle a nommée La Part des anges. « C’est ainsi que l’on appelle la partie du liquide, dans l’alcool, qui est éphémère et qui s’évapore, explique-t-elle. Je trouvais cette image de l’éphémère très belle, par rapport au théâtre. Et puis j’avais été très marquée par Les Ailes du désir [1987], de Wim Wenders. J’aime l’idée qu’il puisse exister des anges contemporains… » On ne peut s’empêcher de songer, aussi, que l’on a longtemps appelé les avorteuses des faiseuses d’anges, alors même que la question de l’avortement traverse plusieurs spectacles de Pauline Bureau - laquelle assure ne pas avoir fait le lien consciemment.

 

La jeune femme a d’abord mis en scène des textes existants, comme Le Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare, ou Roberto Zucco, de Bernard-Marie Koltès. Et puis, en 2011, elle a trouvé sa voie et sa voix avec Modèles, créé avec toute une bande d’actrices, dont Laure Calamy. Après avoir tenté de parler de la condition féminine à partir de textes de Pierre Bourdieu ou de Virginie Despentes, elles se sont mises autour d’une table et elles ont détricoté leurs propres expériences, en se demandant pourquoi elles avaient honte d’en parler.

 

Le spectacle a fait beaucoup parler. « On nous a dit : “Mais vous avez grandi dans les années 1950 ou quoi, les filles ?”, rapporte, mi-amusée mi-effarée, Pauline Bureau. Tout un mépris s’est exprimé face à la pièce et, en même temps, quelque chose d’incroyable se passait avec le public. Dans les années qui ont suivi, on s’est rendu compte que tout ce dont on avait parlé dans Modèles, que ce soient les violences gynécologiques, la charge mentale, les différences de salaire entre hommes et femmes ou les agressions sexuelles, devenait un vrai sujet. Plus personne ou plus grand monde ne ricanait, quand #metoo est arrivé, en disant que c’étaient les années 1950… »

Mêler réalisme et merveilleux

Après cet acte fondateur qu’a été Modèles, Pauline Bureau a pris la plume en son nom propre, en déclinant diversement sa manière bien à elle de mêler réalisme et merveilleux, qu’il s’agisse de Sirènes (2014), enquête sur les silences travaillant une histoire familiale, de Dormir cent ans (2015), conte sur les rôles stéréotypés qui enferment les garçons et les filles, ou de Pour autrui (2021), une fiction tournant autour de la gestation pour autrui.

 

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Théâtre : « Pour autrui », un heureux événement en gestation

Pauline Bureau : « Je crois aux histoires qui permettent de s’apercevoir qu’on n’est pas seul à vivre ce que l’on vit »

Entre les deux, il y a eu deux spectacles-chocs, qui ont fait entrer Pauline Bureau dans la cour des grandes : Mon cœur (2017), sur le scandale du Mediator, et Hors la loi, créé en 2019 à la Comédie-Française, sur le procès de Bobigny qui, en 1972, a mené vers la dépénalisation de l’avortement. Et puis ce formidable Féminines,  aujourd’hui nommé aux Molières et qui va tourner tout au long de la saison 2022-2023. Un spectacle né de « l’envie d’écrire une comédie » et qui raconte une histoire oubliée et passionnante : celle de la création de la première équipe française de football féminin, en 1968, à Reims, équipe qui gagnera la Coupe du monde en 1978.

 

Lire aussi  Foot féminin : sur les traces des pionnières rémoises

A rebours de toute une tendance actuelle à la déconstruction, Pauline Bureau assume son goût pour les histoires et les personnages, qu’elle sait écrire avec talent. « C’est très important, la manière dont la fiction aide à vivre à la fois pour l’artiste qui la crée et le public qui la reçoit. Je crois aux histoires qui permettent de comprendre ce qu’on vit, de mettre des mots, de s’apercevoir qu’on n’est pas seul à vivre ce que l’on vit. C’est pour moi le grand rôle de la fiction : les histoires que l’on ne raconte pas, elles n’existent pas. Tout ce qui n’est pas raconté, qui n’a pas de place dans nos fictions, n’a pas de place dans nos vies. C’est quand même embêtant d’avoir toute une part de nos vies qui n’a pas droit de cité, non ? » Peut-être qu’un jour, dans un monde lointain, il y aura des bustes de Pauline Bureau tout dorés trônant sur des cheminées du futur…

 

 

« Féminines » : en tournée partout en France de septembre 2022 à mai 2023. « Pour autrui » : tournée en mars 2023. « Dormir 100 ans » : tournée de décembre 2022 à mai 2023.

 

Fabienne Darge

 

Légende photo : Pauline Bureau à Paris, le 31 janvier 2019. NATAHLIE MAZEAS / ENUMERIS

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April 26, 2019 4:07 PM
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Hors la loi de Pauline Bureau - Par la Comédie-Française au Théâtre du Vieux-Colombier

Hors la loi de Pauline Bureau - Par la Comédie-Française au Théâtre du Vieux-Colombier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Propos recueillis par Agnès Santi, publié le 22 avril 2019 dans La Terrasse  N° 276

Pauline Bureau crée à l’invitation de la Comédie-Française Hors la loi, à partir du célèbre Procès de Bobigny qui en 1972 ouvrit une brèche vers la légalisation de l’avortement.

Votre écriture se fonde sur le réel. Pourquoi ?

P.B.:Je trouve fascinant de porter à la scène des histoires réelles pour en dégager les lignes de force, la poésie, l’engagement et les combats qu’elles représentent. Ce qui m’intéresse surtout, c’est explorer les liens complexes qui se tissent entre les champs intime, psychologique, juridique et sociétal, c’est la manière dont nos vies sont façonnées par la loi, la culture et les normes sociales. Les créationsModèles (2011) sur la construction des identités féminines, Dormir Cent ans (2015) sur le passage à l’adolescence, Mon Cœur (2017) sur l’affaire du Mediator : chacune à leur manière, ces pièces nous ont conduits à une prise de conscience, partagée avec les spectateurs. Hors la Loi, créé à l’invitation de la Comédie-Française, s’avère très éclairant. La façon dont le corps des femmes est traité par la loi, dictant ce qui est bon ou pas pour elles, est une question passionnante. Aborder des sujets tabous sur le plateau, des sujets qui rendent honteux et coupables, cela fait du bien à tout le monde. Cette appréhension par la scène a un effet cathartique. Lorsqu’on se documente, il est d’ailleurs stupéfiant de constater que la réalité est toujours plus folle que ce que l’on croyait. Créer à partir du réel, cela implique de prendre le risque de la rencontre. On accepte d’être changé, les choses se complexifient. Le plateau devient un point de rencontre, avec des êtres et une pensée en mouvement.

« ABORDER DES SUJETS TABOUS SUR LE PLATEAU, DES SUJETS QUI RENDENT HONTEUX ET COUPABLES, CELA FAIT DU BIEN À TOUT LE MONDE. »

 


La question du féminin traverse vos spectacles…

P.B.:La création deModèles en 2011 a entraîné pour moi une prise de conscience, m’a permis de comprendre quelle était ma place en tant que femme. C’est un spectacle fondateur, qui interroge les petites filles que nous étions et les femmes que nous sommes devenues. Ce questionnement très concret m’a rendu beaucoup plus sensible aux inégalités entre hommes et femmes. Cet axe de recherche invite à déjouer toutes sortes de mécanismes d’autocensure puissants. Un tel champ d’investigation est un terreau fertile. D’autant qu’être actrice ou metteure en scène implique de dépasser le fantasme qu’on a de soi, génère un travail d’ouverture d’esprit, de lucidité, sans se laisser enfermer dans un perfectionnisme mortifère. Il s’agit d’une quête, toujours en mouvement, comme la vie…

Comment avez-vous appréhendé la question de l’avortement clandestin dans Hors la loi ?

P.B. : Le point de départ du spectacle, c’est une interview passionnante de Marie-Claire Chevalier, que nous avons réalisée aujourd’hui à propos de l’épreuve qu’elle a traversée adolescente. C’est son histoire qui est à l’origine du Procès de Bobigny, qui s’est tenu en octobre 1972. Alors qu’elle n’avait que 16 ans, elle fut violée par un camarade de classe, dénoncée, arrêtée et accusée pour ce qui constitue alors un crime : l’avortement. Gisèle Halimi la défend en une plaidoirie qui se fait tribune publique contre une loi assassine, qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de femmes. Les minutes du procès sont sidérantes. Nous nous sommes rendus compte que lorsque les langues se délient, on découvre quasi dans chaque famille une histoire d’avortement clandestin. Le spectacle éclaire les croisements qui opèrent lorsqu’une histoire individuelle rejoint la grande Histoire. Il est fascinant d’observer comment la construction de la loi reflète l’état de la société, et le théâtre est un endroit adéquat pour dévoiler l’expression de l’intime et ses répercussions.

Propos recueillis par Agnès Santi

Hors la loi

Pauline Bureau

Théâtre du Vieux-Colombier


A PROPOS DE L'ÉVÉNEMENT
Hors la loi de Pauline Bureau
du Vendredi 24 mai 2019 au Dimanche 7 juillet 2019
Théâtre du Vieux-Colombier
21 rue du Vieux Colombier, 75006 Paris
mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h30, dimanche à 15h. Tél : 01 44 39 87 00.

Légende photo :  Pauline Bureau, auteure et metteure en scène de la création Hors la loi.      Photo © Paul Allain

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July 9, 2018 6:13 PM
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Pauline Bureau : « L'histoire de 'La Bohème' m'a vraiment portée »

Pauline Bureau : « L'histoire de 'La Bohème' m'a vraiment portée » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Marianne Bliman dans Les Echos le 09/07 à 08:30, mis à jour à 12:07

La jeune auteure et metteure en scène de théâtre, qui a remporté un vif succès l'an dernier avec sa pièce « Mon coeur », met en scène son premier opéra. « Bohème, notre jeunesse », écrit d'après Puccini, se joue à l'Opéra comique jusqu'au 17 juillet. Interview.

 


C'est la première fois que vous travaillez sur un opéra. Comment cela s'est-il passé ?

Je suis arrivée là par Olivier Mantei, le directeur de l'Opéra comique. La saison dernière, j'ai mis en scène ma pièce « Mon coeur » aux Bouffes du Nord, dont il est propriétaire avec Olivier Poubelle. Il a vu mon travail. Et il m'a fait cette belle proposition de monter « La Bohème », de Puccini dans une version resserrée, dans l'intimité des personnages. Olivier est quelqu'un de sensible, qui a de bonnes intuitions.

Concrètement, quelle était sa proposition ?

Monter une nouvelle version de « La Bohème » en français, dans une forme accessible à tous et qui puisse tourner ensuite dans des salles, des théâtres, et pas seulement des maisons d'opéra. Cette proposition contenait donc deux choses. D'abord un travail d'écriture : il fallait retraduire le texte et l'adapter. La seule traduction qui existait jusqu'à aujourd'hui date de 1890. Et puis la mise en scène proprement dite de ce nouveau texte, « Bohème, notre jeunesse ».

Et il se trouve que cette histoire m'a vraiment portée. Je crois que pour qu'une commande marche, il faut qu'à un moment il y ait quelque chose qui circule, quelque chose de l'artiste qu'il découvre dans l'oeuvre qu'il appréhende.

Vous avez travaillé avec le compositeur Marc-Olivier Dupin.

Oui, on a travaillé ensemble sur l'adaptation du livret. Et aussi sur la réduction d'orchestre. Là, à l'Opéra comique, « Bohême, notre jeunesse » est jouée par 14 musiciens. Pas à 70, comme dans le livret originel.

Qu'avez-vous découvert avec ce premier travail dans l'opéra ?

J'ai été très heureuse de voir à quel point les chanteurs incarnaient les personnages et faisaient de très belles et très fortes propositions de jeu. On s'est trouvés tout de suite et travailler avec eux a été très chouette. Et c'est vrai que le premier jour de répétition, quand je les ai entendus chanter, j'étais scotchée à mon siège. C'est impressionnant de voir ce qui sort de leur corps !

Autre découverte : travailler avec la musique. La chose fondamentalement différente de ce que je connaissais, c'est que le temps au plateau est donné par la musique. Il y a comme des énigmes. Mais ce qui est génial chez Puccini, c'est que c'est à peu près limpide. A un moment, ils disent qu'ils allument un feu, et on entend, dans la musique, l'allumage du feu. Le challenge est d'essayer de remettre de la vie dans une partition qui est déjà très écrite, très rythmée. De faire qu'on s'en empare au plateau et qu'on puisse raconter cette histoire-là. « La Bohème », ça commence par une comédie romantique et ça finit comme une tragédie absolue. Il y a quelque chose de cette bascule-là qui est très intéressante à explorer au plateau.

Le travail de la partie musicale et celui de la partie théâtrale ont-ils été égaux ?

Ca dépendait des moments. J'ai travaillé pendant plusieurs semaines avec les chanteurs, la pianiste, la cheffe, et jusqu'à la générale piano, c'était moi, la metteure en scène, qui dirigeait les répétitions. Puis à partir de la générale piano, l'orchestre est arrivé, et là, le chef d'orchestre a pris la direction des opérations. Ce que j'ai compris, et qui est assez inhabituel pour moi, c'est que cinq jours avant la première, la mise en scène doit être aboutie.

Autre chose : les costumes arrivent à la générale piano. Avant, les chanteurs répètent sans costume. Pour nous qui travaillons habituellement dans le théâtre, c'est assez rigolo. Idem pour le maquillage, pour le travail avec l'orchestre. Contrairement au théâtre, beaucoup de choses déboulent à la toute fin des répétitions. Mais les chanteurs sont très habitués à toutes ces choses et les absorbent sans aucune difficulté.

Globalement, vous diriez que cette expérience a été...

Très enrichissante. C'est une expérience lumineuse !

LA BANDE-ANNONCE DE « BOHÈME, NOTRE JEUNESSE »
https://youtu.be/X6F53tVdjw0
 
Légende photo : Pauline Bureau, auteure et metteure en scène de théâtre, fait ses premiers pas dans l'opéra avec 'Bohème, ma jeunesse'.  ©Paul Allain


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March 14, 2018 8:12 PM
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Théâtre. La tendresse éternelle d’une petite fille

Théâtre. La tendresse éternelle d’une petite fille | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Gérald Rossi dans L'Humanité  - 14.03.2018


Les « Bijoux de pacotille » de et par Céline Milliat Baumgartner proposent une traversée de l’intime auquel s’accrochent  les fantômes des parents trop tôt disparus.

Elle a toujours huit ans. Un soir, ses parents sont sortis pour une soirée entre amis. Un baby-sitter est venu. Banal. Papa et maman ne sont jamais rentrés. Victimes d’un accident de voiture sur le chemin du retour. Bouleversement. Sur cette trame on ne peut plus banale ni plus triste, Céline Milliat Baumgartner a écrit une pièce lumineuse, sensible, vibrante, et d’une extraordinaire beauté. Un récit autobiographique d’autant plus fort qu’à aucun moment ne perce le poids de la tristesse, remplacée par une  légèreté qui étrangement, donne au souvenir et au manque de la mère (surtout) une force démultipliée. 

La mise en scène de Pauline Bureau et la scénographie d’Emmanuelle  ont d’emblée choisi la même légèreté, tout en construisant un monde merveilleux autour. Le dispositif, d’apparence très simple permet toutes les évasions. Une  ordinaire boîte en carton contient presque tous les souvenirs. Dont quelques « Bijoux de pacotille » portés par la mère la nuit mortelle.  Un immense miroir incliné domine le plateau, reflétant les projections venues des cintres, créant une ambiance magique. Les images d’un rivage de mer sont douces, comme le pas hésitant de Céline, enjambant les vagues, qui, dans la seule sonorité de ses talons sur le parquet, crée l’image du vide, de l’absence, du manque. 

Lequel est palpable dans chaque mot, chaque silence. Elle dit qu’à neuf, dix onze... ans elle en a toujours huit. Qu’elle a peur en voiture, que le parfum de sa mère la hante toujours. Elle est son petit frère qu’elle a pris en charge, même si leur enfance s’est poursuivie avec les cousins, dans la famille de l’oncle et de la tante. 

Elle est devenue comédienne

Sous la forme d’un récit, dit à la première personne, haché d’anecdotes, se poursuit le film des souvenirs. La petite fille, qui rêvait de danser, abandonne ses chaussons roses. Et finalement, comme sa maman, elle est devenue comédienne. Se confiant à Pierre Notte, elle précise : « je joue avec mes souvenirs et en venant vous les raconter, je les invente encore (…) de la même façon que chaque fois qu’on raconte un souvenir de son enfance, on triche sans le vouloir ».

Et la voilà, dans sa petite robe bleue, qui s’amuse souvent de son récit, provoque le rire chez un public souvent la gorge nouée malgré lui. Avec toujours la même délicatesse. Celle des nuages qui ont remplacé la mer et ses vagues. D’un souvenir de gamine, marquant une existence à tout jamais, la jeune comédienne et auteure de talent (Les Bijoux de pacotille ont d’abord été un livre, publié en 2015 chez Arléa) a fait beaucoup plus qu’un récit. Pour faire face. Parce que la pendule du temps avance toujours, ignorant  la solitude glacée que certains dissimulent au fond de leur cœur. Céline Milliat Baumgartner invite à partager l’arc en ciel de ses souvenirs. Dans un moment de tendresse éblouissante.  

Jusqu’au 31 mars, à 20h30, Théâtre du rond point des Champs Elysées, Paris VIIIe. Tél. : 01 44 95 98 00. Le 6 avril à Chelles, tél. : 01 64 21 02 10.

Gérald Rossi


Photo Pierre Grosbois.

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January 21, 2018 6:11 AM
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« Les Bijoux de pacotille » : le délicat joyau de Pauline Bureau

« Les Bijoux de pacotille » : le délicat joyau de Pauline Bureau | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Vincent Bouquet dans Les Echos  / Journaliste | Le 19/01/2018

Au théâtre Paris-Villette, Céline Milliat-Baumgartner se souvient de ses parents disparus durant son enfance. Un seul-en-scène orchestré avec force et douceur par Pauline Bureau.
D'abord, il y a eu l'accident survenu un soir de juin 1985, et puis la restitution à la famille de ces « bijoux de pacotille », uniques reliques d'un drame routier qui a emporté les parents de Céline Milliat-Baumgartner alors qu'elle n'avait que huit ans. Durant l'été 2013, la jeune comédienne, fille de l'actrice Michèle Baumgartner, décide de mettre son histoire en mots et d'en faire un livre, sorti en 2015. Quelques mois plus tard, elle demande à Pauline Bureau de venir voir son projet d'adaptation théâtrale. Pour avoir déjà travaillé ensemble, les deux femmes se connaissent bien et Céline Milliat-Baumgartner sait sans doute tout le talent qu'a la metteure en scène pour explorer l'intime, son principal cheval de bataille.

Après avoir déniché des secrets de famille dans « Sirènes », plongé dans les rêves adolescents avec « Dormir cent ans » et ausculté les drames personnels qu'ont vécu les victimes du Mediator dans « Mon coeur », Pauline Bureau s'est immergée dans ces souvenirs d'enfance, hautement singuliers. Seule en scène, Céline Milliat-Baumgartner dresse le portrait de ses parents avec la voix et les yeux d'une petite fille, un regard admiratif que les autres enfants ont progressivement perdu pour avoir eu la chance de voir vieillir les leurs. Dans l'album qu'elle reconstitue, sa mère, forcément grande forcément belle, n'a rien à voir avec le rôle d'épouse de Gérard Depardieu que lui avait confié François Truffaut dans « La Femme d'à côté » ; son père, forcément beau, forcément fort, est toujours ce jeune homme séduisant dont elle serait, à coup sûr, tombée amoureuse si elle avait pu le croiser dans la rue.

POINTILLISME MINIMALISTE


Sans jamais sombrer dans l'impudeur, la comédienne ouvre sa boîte de Pandore intime avec une grande élégance. Elle entretient avec ses souvenirs une relation étrange, faite d'émotion et de saine distance. Armée d'une force de jeu et de caractère intrinsèque, elle enrobe son récit-confession d'une profonde douceur et ose même y glisser quelques traits d'humour qui font naître des sourires.

Pour l'aider à tenir sur cette ligne de crête, Pauline Bureau agit par petites touches. D'un pointillisme minimaliste, son travail ne fait que sublimer les mots de Céline Milliat-Baumgartner. On y déniche des vidéos en Super 8, l'air entêtant d'une boîte à musique, des chaussons de danse sortis d'un carton à souvenirs, et même un tour de magie. Quand on l'interrogeait, il y a quelques semaines, lors de la création de son spectacle, Pauline Bureau espérait qu'on puisse en relever toute la délicatesse. Objectif atteint.


LES BIJOUX DE PACOTILLE
de et avec Céline Milliat-Baumgartner, mise en scène de Pauline Bureau, théâtre Paris-Villette (01 40 03 72 23), jusqu'au 20 janvier, durée 1 h 10.

Puis, en tournée :

- les 22 et 23 février au Bateau-Feu, scène nationale de Dunkerque ;

- du 6 au 31 mars au théâtre du Rond-Point ;

- le 6 avril au théâtre de Chelles.


Légende photo : Céline Milliat-Baumgartner ouvre sa boîte de Pandore intime avec une grande élégance. © Pierre Grosbois

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February 28, 2015 10:34 AM
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Dormir cent ans de Pauline Bureau

Dormir cent ans de Pauline Bureau | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Delphine Kilhoffer dans le blog Rhinoceros.eu

Rêve d'enfance

 

Après nous avoir parlé des femmes avec Modèles et Sirènes, Pauline Bureau vient aujourd’hui explorer ce moment d’enfance si particulier qui précède l’adolescence.

 

Après nous avoir parlé des femmes avec Modèles et Sirènes, Pauline Bureau vient aujourd’hui explorer ce moment d’enfance si particulier qui précède l’adolescence. À cette période, le temps s’étire follement ou s’agite de soubresauts, entre moments d’ennui et explosion d’énergie qu’on ne sait pas encore canaliser. Aurore a 12 ans, joue du piano et compte tout : les mesures, ses pas, les mots qu’on lui adresse. Théo a 13 ans, un skate et un ami imaginaire. Ils se croisent dans la vie et leurs rêves au sein d’un spectacle à la narration subtile et visuellement bluffant.




Pour lire l'article entier -----> http://rhinoceros.eu/2015/02/dormir-cent-ans-de-pauline-bureau/

 

 

 

Dormir cent ans, écrit et mis en scène par Pauline Bureau, théâtre de Paris Villette. Jusqu’au 8 mars 2015,
Avec : Yann Burlot, Nicolas Chupin, Géraldine Martineau, Marie Nicolle.
Crédits Photographiques : Pierre Grosbois.

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November 15, 2014 10:15 AM
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Tiago Rodrigues, Oriza Hirata et Pauline Bureau / France Inter

Tiago Rodrigues, Oriza Hirata et Pauline Bureau / France Inter | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Tiago Rodrigues, Oriza Hirata et Pauline Bureau, invités de Laure Adler pour son émission "Studio-Théâtre" sur France-Inter.


Cliquez sur le titre ou la photo pour écouter l'émission en ligne (28 mn)

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March 19, 2012 8:48 PM
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La meilleure part des Hommes, mise en scène de Pauline Bureau, à La Tempête

La meilleure part des Hommes, mise en scène de Pauline Bureau, à La Tempête | Revue de presse théâtre | Scoop.it

"L'intelligence de l’adaptation de Pauline Bureau, c'est de couper court à tout ce qui faisait la faiblesse du roman. Quatre personnages sont au centre de cette histoire d'amour, d'amitié, de trahisons, de haine, qui débute dans les années 1980 pour s'achever dans les années 2000. En gros, de l'élection de François Mitterrand à celle de Nicolas Sarkozy, même si ce n'est pas vraiment important, sauf en ce qui concerne le parcours de l'extrême gauche à la droite conservatrice de l'intellectuel du groupe, Jean-Michel Leibowitz (Zbigniew Horoks) le professeur, l'intello, le plus âgé, l'amant de sa jeune étudiante, Valentine, Val, (Marie Nicolle) qui deviendra journaliste à Libération. Elle est si fine, si juste, si émouvante qu'on souhaiterait la voir plus."

 

Martine Silber pour son blog Marsupilamima

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE.

 

Au Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, jusqu'au 7 avril.

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May 31, 2019 7:02 PM
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Hors la loi, texte et mise en scène de Pauline Bureau

Hors la loi, texte et mise en scène de Pauline Bureau | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Philippe du Vignal dans Théâtre du blog - 30.05.2019

 

© Brigitte Enguérand, coll.CF



Hors la loi,  texte et mise en scène de Pauline Bureau

Tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) en 1972, c’est à dire hier, pour certains d’entre nous  et un temps déjà historique pour la plupart des spectateurs. L’avocate Gisèle Halimi défendait avec grand talent mais aussi courage et ténacité, Marie-Claire Chevallier, une jeune fille de seize ans, qui, violée l’année précédente par un garçon de son lycée, avait subi un avortement clandestin à l’époque car strictement interdit par la loi de 1921! Aucun autre choix possible! En France, quelques médecins ou gynécologues pratiquaient l’I.V.G. dans le plus grand secret et des tarifs élevés… Ou quand on avait beaucoup d’argent, ce qui n’était pas souvent le cas, il fallait aller faire un petit tour aux Pays-Bas, en Suisse ou en Angleterre. Ou se procurer via l’étranger un médicament abortif ou solution bien connue de toutes les femmes dans les campagnes, boire de l’infusion de rue censée provoquer des contractions pour expulser le fœtus. Bien entendu, la pilule-interdite en France était réservée à celles qui avaient le bonheur d’avoir des relations aux Etats-Unis. Quatre solutions impossibles quand on était pauvre, habitant en banlieue et sans relations. Avec donc, à la clé, des milliers de mortes par an, victimes d’hémorragie et/ou de septicémie, la société y compris des femmes et surtout les évèques de l’Eglise catholique à l’époque encore toute puissante, refusant de voir cet état de fait. Non, ce n’était pas au Moyen-Age (enfin si !) mais il y a à peine cinquante ans dans notre douce France…

Marie-Claire et sa petite sœur Martine vivent dans un petit appartement avec leur mère employée à la R.A.T.P.  qui les élève seule. Dans l’insouciance de ses quinze ans, elle a des copains et un jour, un certain Daniel l’entraîne dans sa chambre, histoire de lui faire écouter un disque et la force à avoir une relation sexuelle avec lui. Un mois plus tard, verdict sans appel du médecin: Marie-Claire est enceinte mais ne veut pas d’enfant aussi jeune. La chaîne de solidarité féminine fonctionne et sa mère obtient assez vite d’une collègue, une «adresse», comme on disait alors. Un certaine Madame Bambuck arrive donc un jour dans l’appartement avec ses outils et pratiquera cet avortement en posant une sonde. Veuve et malade, elle a grand besoin d’argent, comme elle le dira plus tard au procès. L’affaire aurait pu peut-être s’arrêter là, mais, deux mois plus tard, le Daniel en question qui a maille à partir avec les flics pour une autre affaire, a peur d’aller en prison et, en échange de la destruction du P.V.,  dénonce Marie-Claire et sa mère qui seront menottées et placées en garde à vue comme leurs amies. La jeune sœur est confiée à une voisine… Vous avez dit sordide ? Fin de cette première partie…

Ensuite et heureusement, une jeune avocate Gisèle Halimi prend les choses en main, alors que vient de paraître dans Le Nouvel Observateur le manifeste des 343. Celui d’avocates comme elle, mais aussi d’écrivaines, enseignantes, actrices, journalistes… dont Ariane Mnouchkine, Delphine Seyrig, Simone de Beauvoir… qui déclarent avoir subi un avortement et/ou en avoir été complices. Elles réclament aussi le libre accès aux moyens anticonceptionnels et la liberté d’avorter. Du jamais vu  et qui n’est pas du goût du Ministre de la Justice du gouvernement Chaban-Delmas qui ne comptait pas une seule femme, juste une secrétaire d’Etat, Marie-Madeleine Dienesch….au  Ministère de la Santé publique et de la Sécurité sociale.

Gisèle Halimi (91 ans) qui a reçu il y a quelques années la Grand Croix de la Légion d’honneur, avait fondé en 1971 un mouvement féministe avec Simone de Beauvoir et Jean Rostand. Cette jeune avocate passionnée met alors au point, avec intelligence et sensibilité, une remarquable stratégie face aux quatre hommes de ce Tribunal correctionnel: ne pas pleurnicher, ne pas chercher à émouvoir mais passer à l’attaque et transformer ce procès en tribune contre une loi injuste qui tue autant de femmes: «Pardonnez-moi, Messieurs, mais j’ai décidé de tout dire ce soir. Regardez-vous et regardez-nous. Quatre femmes comparaissent devant quatre hommes… Et pour parler de quoi ? De sondes, d’utérus, de ventres, de grossesses, et d’avortements ! Croyez-vous que l’injustice fondamentale et intolérable n’est pas déjà là ? Ces quatre femmes devant ces quatre hommes.» Bien vu! Gisèle Halimi pointait le doigt avec habileté là où cela faisait vraiment mal: sur une réalité quotidienne, que la classe politique et judiciaire, composée presque seulement d’hommes, ne voulait pas voir.  Un ami médecin hospitalier pleurait en nous racontant avoir vu dans les années 70 arriver des femmes avortées dans des conditions épouvantables et atteintes d’un tel degré de septicémie que l’on ne pouvait plus rien faire pour elles… 

Au tribunal, on fait défiler à la barre les accusées mais l’avocate a aussi fait appel à des témoins comme Delphine Seyrig, Simone de Beauvoir : «  »On exalte la maternité, parce que la maternité c’est la façon de garder la femme au foyer et de lui faire faire le ménage », un homme politique des plus clairvoyants, Michel Rocard, un grand chercheur et professeur Jacques Monod, Le professeur Paul Milliez,, médecin et catholique disant « qu’il n’y avait pas d’autre issue honnête ». « Je ne vois pas pourquoi nous, catholiques, imposerions notre morale à l’ensemble des Français.»  Ils  sont tous venus témoigner en faveur de Marie-Claire et des accusées et montrent que cette loi injuste est aussi ingérable: toute femme qui ne veut pas avoir d’enfant se fait avorter, même au péril de sa vie.  Mission accomplie et haut la main. Le procès a un retentissement considérable avec de grandes manifestations de rue à Paris… Gisèle Halimi obtient la relaxe pour Marie-Claire, le sursis pour sa mère et la relaxe pour les deux amies complices. Simone Veil, deux ans plus tard, fera promulguer par l’Assemblée Nationale, malgré des torrents d’injures personnelles de certains députés hommes, le droit à l’interruption volontaire de grossesse… Voilà ce que raconte ce spectacle très ancré sur la réalité…Gisèle Halimi défendra aussi en 78, Anne Tonglet et Araceli Castellano, victimes d’un viol collectif: grâce à elle encore une fois, deux ans plus tard, le viol et les attentats à la pudeur n’étaient plus considérés comme des délits mais bien comme des crimes. Ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.

Pauline Bureau s’est appuyée pour écrire ce texte sur une sources des plus sûres: le témoignage de Marie-Claire Chevalier et sur de nombreux livres, documents d’archives et minutes du procès de Bobigny. «Hors la loi, dit-elle, mélange les faits réels tels qu’on les lui a racontés ou tels qu’elle a  lus, ce qu’elle a ressenti de cette histoire sans que cela ne soit jamais clairement dit et ce qu’elle extrapole, laissant libre cours à ses obsessions et son histoire personnelle. » Le procès de Bobigny avait donné lieu à un téléfilm en 2006 avec Anouk Grinberg et Sandrine Bonnaire mais à notre connaissance, n’avait jamais été porté à la scène. Et cela donne quoi, quand Pauline Bureau s’y met et dirige des acteurs du Français? Une incontestable réussite. On sent que le thème lui a tenu à cœur et qu’elle a mis toutes les chances de son côté en choisissant bien ses collaborations.
D’abord, avec une scénographie exemplaire signée Emmanuelle Roy qui déjà travaillé avec elle à plusieurs reprises. Cela se passe d’abord dans une cuisine triste d’un HLM avec une grande fenêtre sur une cour minable, et on entrevoit deux chambres, puis celle de Daniel. Puis transformation complète avec une rare fluidité pour situer un commissariat, ou plus tard le Tribunal correctionnel. C’est très efficace et là-haut sur son nuage, Guy-Claude François, le scénographe d’Ariane Mnouchkine et qui l’a formée à l’Ecole nationale des Arts Déco peut être fier d’elle. Même choses pour les costumes d’Alice Touvet tout à fait exemplaires : on sent le  tissu de qualité médiocre, la mauvaise coupe, les chaussures bon marché qui font mal aux pieds et le mal-être qui s’en dégage.
 
Côté dramaturgie, le spectacle a un peu de mal à prendre son envol, sans doute à cause de dialogues un peu plats mais la metteuse en scène- et c’était indispensable- situe les choses avec une grande précision. Cela commence avec le récit d’un dame d’une soixantaine d’années (Martine Chevallier) celle qui a été autrefois la jeune Marie-Claire Chevalier, et avec des moments de la vie quotidienne de cette mère (Coraly Zahonero) qui élève seule Marie-Claire et Martine (Claire de la Rüe du Can et  Sarah Brannens),  puis la scène du viol, la relation affectueuse entre la mère accablée et la fille en proie à des vomissements, l’amitié et la complicité absolue de la voisine madame Duboucheix (Danièle Lebrun) qui l’aidera financièrement, l’arrivée puis l’intervention de Madame Bambuck, (de nouveau Martine Chevallier), une faiseuse d’anges assez inquiétante sous un aspect bienveillant. Dont on sent bien que sa présence est à la fois souhaitée et redoutée. Puis la convocation au commissariat de Daniel (Bertrand de Roffignac), interrogé par des flics aussi cyniques que brutaux (Alexandre Pavloff et Laurent Natrella) et leur irruption dans l’appartement en menaçant la jeune fille et sa mère… La réunion d’un comité féministe dans un petit bureau sous les toits où Gisèle Halimi reçoit des paquets avec un petit cercueil noir: ici  tout est dit et sonne juste sans  hyperréalisme et les interprètes (qui jouent souvent plusieurs rôles) dès qu’ils arrivent sur le plateau, sont tous remarquables et absolument crédibles. Grâce à un jeu sobre -aucune criaillerie-  d’une parfaite unité et à une direction d’acteurs exemplaire.

Mais nous avons trouvé la suite encore beaucoup plus forte: elle reproduit en effet l’essentiel de cette lamentable affaire qui n’a pas grandi l’image de la Justice française. Décor de boiserie classique des tribunaux de l’époque la plupart construits au XIX ème siècle.  Juste une barre et un banc pour les prévenus: l’adolescente, sa mère, ses collègues de la RATP et la  femme qui avait pratiqué l’avortement. Avec leur accord, l’avocate transformera vite la défense en  tribune et dénoncera l’injustice de la loi de 1920 interdisant l’avortement. Marie-Claire fut relaxée. Ce procès eut un retentissement considérable. Grâce à Gisèle Halimi et à plusieurs personnalités comme entre autres Michel Rocard, le prix Nobel de médecine Jacques Monod, grâce aussi au Manifeste des 343 dont la grande comédienne Delphine Seyrig… la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse fut adoptée trois ans plus tard…

Dans Mon Cœur (voir Le Théâtre du Blog) autour du scandale du Mediator, Pauline Bureau avait aussi mis en scène  (voir Le Théâtre du Blog), l’histoire exemplaire d’une autre femme, Irène Frachon, ce médecin, lanceuse d’alerte qui avait dévoilé cette sinistre affaire dont avaient profité financièrement pas mal de gens. Ici, le personnage de Gisèle Halimi est incarné avec un jeu exceptionnel par Françoise Gillard. Quelle plaidoirie efficace où chaque mot est pesé. Pas de Président présent mais juste la voix de Laurent Natrella, un peu comme venue d’outre-tombe auquel l’avocate répond parfois avec une belle insolence. Belle idée de mise en scène qui laisse la part belle aux prévenus et aux témoins mais qui renforce aussi la puissance même invisible de la Justice. On voit ainsi à la barre Delphine Seyrig, Simone de Beauvoir apporter leurs témoignages et revendiquer comme Gisèle Halimi, être des hors-la-loi. Là aussi quels textes ! Et Michel Rocard, avec juste ce qu’il faut de caricature de sa fameuse diction, vient défendre admirablement la cause des femmes. Dont cinq mille mortes chaque année dans notre pays! des suites d’un avortement sans véritable stérilisation. Il y a enfin comme le professeur Monod ( Alexandre Pavloff) qui explique en détail sa position quant à la conscience du fœtus. Tout cela  avec une grande dimension politique, alors que le Président et le Procureur posent des questions banales, voire déplacées…

 On sent assez vite aussi que le Président va être dépassé par les événements et que la loi qu’il défend à tout prix, n’en a plus pour très longtemps à faire des ravages humains. Et pour une fois, les images vidéo de Nathalie Cabrol, celles des manifs de l’époque pour le droit à l’IVG sont d’une rare efficacité, comme l’envahissement des murs par les 343 noms projetés sur les murs des 343 femmes qui avaient signé le fameux manifeste…

Les procès historiques ont souvent été mis en scène au théâtre, notamment ceux de la Révolution de 1789. Mais aussi ceux qui ont trait aux grandes causes de la vie en société et aux rapports de dominant à dominé, à partir d’une histoire authentique qui a fait date dans l’Histoire. Ici, on a droit à une sorte d’avant Me Too… il y a encore en France des réactionnaires qui sont contre le droit à l’avortement, comme François-Xavier Bellamy, très à l’aise contre le droit à l’I.V.G : « Une conviction personnelle que j’assume ». Sans commentaires… Et en Pologne, pays encore dominé par l’Eglise catholique, ce n’est pas mal non plus : le nombre d’avortements légaux est passé d’environ 130. 000 dans les années 1980, à moins de 2. 000 dans les années 2010 : les Polonaises ont en effet recours à des avortements par pilule importées ou par opération clandestine, ou  encore vont à l’étranger… L’histoire bégaie. Et l’Alabama a adopté le 15 mai dernier un texte très restrictif sur l’avortement, même s’il a de fortes chances de ne jamais pouvoir être appliqué. Et d’autres Etats américains comme le Missouri ont déjà voté pour une limitation des  I.V.G.

Hors la loi est sans aucun doute un des meilleurs spectacles de la Comédie-Française depuis longtemps et le meilleur aussi créé cette saison et même s’il est un peu long (plus de deux heures), on ne s’ennuie jamais et il a été chaleureusement applaudi, toutes générations confondues. Et il peut agir comme une piqûre de rappel : aucun droit, nous le savons, n’est définitivement acquis, même en France, le pays des Droits de l’homme et donc de la Femme… Mais la salle est petite et Hors la loi ne se joue pas longtemps, mais on peut espérer que cette pièce fera l’objet d’une reprise et pourra aussi être vue en direct dans des cinémas comme d’autres de la Comédie-Française. Elle le mérite amplement.

Philippe du Vignal

Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, 21 rue du Vieux-Colombier (Paris VI ème). T. : 01 44 58 15 15

 Le texte de la pièce paraîtra aux éditions Actes Sud-Papiers.

 

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January 4, 2019 6:28 PM
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Martine Chevallier, les adieux d'une reine

Martine Chevallier, les adieux d'une reine | Revue de presse théâtre | Scoop.it



Par Armelle Héliot  dans Le Figaro
le 02/01/2019 

 

 


PORTRAIT - Sociétaire de la Comédie-Française, nommée « honoraire », elle jouera encore cette saison dans « Hors la loi », texte écrit et mis en scène par Pauline Bureau. Itinéraire d'une comédienne discrète et brillante.

Jeune, très jeune. On la revoit pour jamais, fine, vive, une jeune fille flamme, une fille du feu. De Wedekind à Claudel, de L'Éveil du printemps à L'Échange. De Wendla à Marthe. C'est bien avant la Comédie-Française. On est dans les années 1970. Elle joue sous la direction de metteurs en scène qui ont son âge, autour de 25 ans. Pierre Romans et Anne Delbée, avec qui elle sera également de l'exaltante aventure des Brigands de Schiller. Des spectacles qui ont marqué public et critiques et demeurent dans les mémoires.

Martine Chevallier avait déjà entamé un très joli parcours dans le monde du théâtre. Née à Gap, plutôt élevée dans un environnement de mélomanes, elle est allée naturellement vers Grenoble. Une jeune bande fait déjà parler d'elle dans la ville de Stendhal. Jo Lavaudant, Ariel Garcia Valdès et leurs amis. Mais c'est vers le centre dramatique que se dirige Martine Chevallier qui va alors rencontrer Bernard Giraudeau. «Il venait de La Rochelle. Il s'était engagé dans la marine. Il était d'une beauté rare, avec ce regard d'un bleu incroyable, sa stature, son visage. On se demandait ce qu'on allait devenir. On a décidé de partir pour Paris. Lui à moto. Moi, en train.»

«J'ai appris à maîtriser ma force vocale et mon souffle. Lorsqu'il faut tenir huit vers sans respirer, comme on chante du jazz, c'est une discipline»
Martine Chevallier

 


Ils rêvent du conservatoire. Ils obtiennent un rendez-vous auprès de la secrétaire du directeur d'alors, Pierre-Aimé Touchard. «Bernard avait dépassé l'âge, mais ses cinq ans de marine marchande ont compté. On a été admis.» Ils montent une adaptation de La Ville, Claudel déjà, et présentent ensemble le concours de tragédie, avec lui dans le Cid, elle en Chimène. Ils ont des prix et les premières pages des journaux d'alors. Autre temps…

Elle a été l'élève d'Yves Furet qui l'a initiée à Stanislavski. «Il était d'une très grande rigueur, une rigueur musicale. J'étais instinctivement en 3D. Essentiel pour moi, lui aussi, c'est Antoine Vitez. Je me suis beaucoup amusée avec lui. Il me convenait très bien. J'étais une ingénue, il a vu la tragédienne en moi.» Elle travaille sa voix fruitée. «Je suis descendue de trois octaves. Et j'ai appris à maîtriser ma force vocale et mon souffle. Lorsqu'il faut tenir huit vers sans respirer, comme on chante du jazz, c'est une discipline. J'aurais adoré chanter… Un peu comme Tatiana, ma nièce, fille de ma sœur Catherine et de Dominique Probst», glisse-t-elle en souriant.

Ensuite, il y a pas mal de belles opportunités qu'elle saisit. Huster monte Le Cid à Carcassonne, elle est Chimène et Geneviève Page la présente à Jean-Louis Barrault pour la tournée au Japon de la «quatrième journée» du Soulier de satin. Martine Chevallier est Sept-Épées.

Cocteau, Anouilh, le jeune Ribes de On loge la nuit-café à l'eau, Tchekhov avec Brook, Duras avec Duras, Heiner Müller, elle ne quitte jamais les planches tout en tournant au cinéma. Elle reçoit très jeune le prix Gérard-Philipe.

Si elle aime la tragédie, il y a en elle beaucoup de fantaisie, une espièglerie parfois, une légèreté en tout cas

Lorsqu'elle est engagée comme pensionnaire à la Comédie-Française, le 1er novembre 1986, c'est donc une artiste qui a fait ses preuves dans des registres très différents. Si elle aime la tragédie, il y a en elle beaucoup de fantaisie, une espièglerie parfois, une légèreté en tout cas, avec sa silhouette d'adolescente, alors. Pas trop grande, cheveux lisses, émotivité à fleur de peau et de timbre. Elle entre avec le rôle-titre d'Esther de Racine, une mise en scène de Françoise Seigner. Ensuite, tout s'enchaîne. Sociétaire dès le 1er janvier 1988 - la 478e -, elle retrouve Lavaudant, Vitez, Delbée pour qui elle est Phèdre «étoile solitaire», vêtue en Lacroix, en 1995 et travaille avec Joël Jouanneau qui crée Les Reines du Québécois Normand Chaurette au Vieux-Colombier avec Christine Fersen, Catherine Hiegel et les jeunes Océane Mozas, Cécile Garcia Fogel, Emmanuelle Meyssignac. Un événement. Elle est Elizabeth.

Autant de rôles, autant d'incarnations puissantes. Le cinéma ne l'oublie pas. James Ivory, Yves Angelo, Étienne Chatiliez, Anne Fontaine, Philippe Lioret, Guillaume Canet, Julie Gavras, Benoît Jacquot. Elle y est Madame de la Tour du Pin dans Les Adieux à la reine .

Reine, elle l'est. Médiatisée parce qu'elle a été l'épouse d'August Coppola qui s'est éteint en 2009. Le frère intellectuel, mélomane, cinéaste également de Francis. On n'en parle pas, on n'est pas là pour. Tout juste parlera-t-elle de sa fille, née bien avant, et de ses petites-filles. Par sa sœur, elle est entrée dans la galaxie Casadesus, et Gisèle, qui avait longtemps été au Français, aimait beaucoup Martine, sa personnalité, sa finesse et ses audaces dans le jeu.

Un grave accident
Elle va donc, bientôt, s'en aller. Le comité en a ainsi décidé. Elle sera sociétaire honoraire à la fin de la saison, mais on sait bien d'expérience, que l'on ne rappelle plus les «honoraires». Elle ne fait pas un drame de ce nouveau statut. Un jour, il faut bien, comme le dit la maison, «faire valoir ses droits à la retraite». Elle pouvait le faire dans deux ans, naturellement. Elle avait sa place. Koltès lui vaut le molière de la meilleure comédienne en 2007, elle joue Ostrovski avec Fomenko, Feydeau avec Zabou Breitman, Strindberg avec Arnaud Desplechin qui signe aussi l'adaptation au cinéma de La Forêt.

Après un grave accident, en juin 2016, et de longs mois de rééducation, on l'a retrouvée dans le spectacle bouleversant de Lars Noren, Poussière .«C'est un être d'une qualité humaine très profonde. La manière dont il nous a fait pénétrer dans cet univers, cette “pièce”, est très particulière. Mais d'une force singulière», souligne-t-elle, encore émue.

Elle ne quitte pas immédiatement la place Colette, puisqu'on la verra dans Hors la loi, de Pauline Bureau, au Vieux-Colombier fin mai. Elle vient de tourner, sous la direction de l'Italien Filippo Meneghetti, Deux, histoire inspirée de celle de la famille du réalisateur, avec Barbara Sukowa et Léa Drucker. On peut en attendre beaucoup. La route s'ouvre…

 

Légende photo : Martine Chevallier, sociétaire de la Comédie-Française depuis 1988, le 28 décembre à Paris. - Crédits photo : Jean-Christophe Marmara/ LE FIGARO

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June 19, 2018 6:06 PM
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Radiodrama (2/3) : Les Bijoux de Pacotille de Céline Milliat Baumgartner

Radiodrama (2/3) : Les Bijoux de Pacotille de Céline Milliat Baumgartner | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur le site des Fictions, série "Radiodrama" sur France Culture. Lien pour écoute :

 

«Il dit que les parents ne vont pas rentrer. Il dit accident, et aussi de ne rien dire aux enfants. »


CMB• Crédits : @CMB
Réalisation : Céline Milliat Baumgartner et Laure Egoroff
Conseillère littéraire Pauline Thimonnier

En 2o13, nous avons créé la série Radiodrama pour ouvrir l’Atelier Fiction de France Culture à des compagnies et des collectifs de théâtre. L’idée était d’imaginer avec eux des variations radiophoniques à partir de spectacles qu’ils avaient mis en scène. Croiser nos pratiques, enjamber les cadres de nos disciplines pour façonner ensemble des émissions dans lesquelles s’éprouvent des manières inattendues de raconter, par le son et par la voix, des histoires de notre temps.  

        
Pour notre sixième saison, nous avons décidé d'élargir le champ de nos amitiés. En invitant, en plus de metteurs en scène, des cinéastes et des auteurs. Cette année, le réalisateur Naël Marandin, micro au poing, nous embarquera dans le quartier de Belleville à Paris, territoire où se nouent des rapports troubles, à la fois dissimulés et familiers, entre prostituées, policiers et riverains. L'auteure et comédienne Céline Milliat Baumgartner nous dévoilera les fantômes de son enfance, en évoquant le souvenir de ses parents morts dans un accident de voiture peu avant ses 9 ans. La metteuse en scène Julie Bérès enfin nous donnera à entendre les voix singulières de quatre jeunes femmes issues de l’immigration, et avec elles, les désirs de révolte, d'affirmation, le besoin d'amour et l'urgence de s'exprimer.

Radiodrama est une série d'émission produite par Alexandre Plank et Pauline Thimonnier dans le cadre du service des Fictions


Le 19 juin 1985 au petit matin, une voiture sort de la route, percute un poteau et prend feu. Ce jour-là, Céline Milliat Baumgartner perd son père et sa mère. Elle a huit ans.
En 2015, elle publie aux éditions Arléa Les Bijoux de pacotille, un livre dans lequel elle évoque ses parents, leur disparition, puis l’enfance, l’adolescence, la vie qui se poursuit sans eux.
Comme terrain d’enquête, Céline Milliat Baumgartner n’avait que sa mémoire, les histoires qu’on lui avait racontées, quelques albums photos, un procès-verbal, un film de Truffaut, deux bracelets et une boucle d’oreille en forme de fleur, ces bijoux en toc « qu’on a retrouvés dans la voiture accidentée quand tout le reste est parti en fumée ».


Deux ans après la publication du livre, en 2017, Les Bijoux de pacotille devient un spectacle de théâtre mis en scène par Pauline Bureau que l’auteure interprète seule avec une grâce de ballerine. 

Pour Radiodrama, elle décline à nouveau ce récit dans une forme radiophonique. Au micro et à la première personne, elle revient sur la nécessité qui l’a poussée à écrire un livre pour y « ranger ses fantômes ». Elle convoque les voix, les sons des souvenirs, les musiques de l’enfance. Elle rejoue les scènes, fait apparaître les personnages, invente et imagine quand la mémoire se fait la belle.

« Peu m'importe la vérité. Je m'accroche à mes souvenirs, ceux sur lesquels je me suis construite, même s'ils sont faux, même s'ils sont inventés. Mes souvenirs, mes inséparables. Mon trésor de pacotille. »

Avec Céline Milliat Baumgartner, David Migeot, Marc-Henri Boisse, Vincent Viotti, Sylvie Huguel, Blandine Baudrillard, Antoine Doignon, Pauline Jambet, Claude-Bernard Perot, Aurélien Osinski, Ivan Cori, Dan Artus, Nicolas Roussiau 

Et les voix de : Apollinaire, Angèle, Gustave, Octave, Elsa, Lucie, Clémence et Paula.

Bruitages : Elodie Fiat
Prise de son, montage, mixage : Olivier Dupré, Manon Houssin.
Assistante à la réalisation : Manon Dubus

Les Bijoux de pacotille a été enregistré au mois de mai 2018 à la Maison de la Poésie, à Paris.


CMB• Crédits : @CMB
Les Bijoux de pacotille est publié aux Éditions Arléa. 

Radiodrama 2018, précédent et suivant

12 juin – Vie et Mort de Yuanli – Naël Marandin
26 juin – Désobéir – Julie Bérès 

BIBLIOGRAPHIE

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March 14, 2018 7:59 PM
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Des bijoux (de pacotille) bouleversants - Le Parisien

Des bijoux (de pacotille) bouleversants - Le Parisien | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par  Valentine Rousseau  dans le Parisien 12/03/2018


 Céline Milliat Baumgartner joue son enfance pulvérisée par le décès de ses parents. Une traversée poignante jusqu’à l’âge adulte. La comédienne joue seule sur la scène du Rond-Point jusqu’à fin mars.



Comment vivre quand la vie vous pulvérise à 8 ans ? Vivre sans ses parents, disparus brutalement dans un accident de voiture, sourire à la vie malgré tout, évacuer ses cauchemars et ses trous noirs, supporter les anniversaires, passer son permis de conduire, être amputée des câlins de maman.

Céline Milliat Baumgartner a d’abord exprimé sa souffrance dans un livre, dont elle lu des extraits dans des librairies, avant de livrer son enfance sur la scène de Paris Villette en janvier. Seule devant un énorme miroir qui reflète les projections au sol : les vaguelettes de la plage sur laquelle elle sautille enfant, les nuages du ciel. La mise en scène de Pauline Bureau est sobre et impeccable. Le décor nu. La comédienne arrive avec une grosse boîte en carton, de laquelle sortent des images de films amateurs de son enfance. La voilà déguisée en indienne. Moment bouleversant.

Pas larmoyant
L’artiste a construit son récit à partir des « bijoux de pacotille » retrouvés sur le corps calciné de sa mère. La pièce s’ouvre sur la lecture du procès-verbal de l’accident, ce 19 juin 1985. Glaçant. Elle entame alors un travail de mémoire, se construit des souvenirs pour grandir.

Sourire enfantin, robe d’été bleu ciel, frange coupée droite, Céline Milliat Baumgartner incarne sans larmoyer son enfance fracassée.


Elle se souvient de sa mère comédienne, son père, souvent absent pour son travail, « s’évapore ». Elle raconte leurs disputes et les vacances à la mer. La douceur de vivre, l’insouciance.

L’humour parvient à percer. Une camarade l’interroge : « Tu t’entends bien avec ta mère, elle est chiante la tienne ? » Elle répond : « Non je ne l’ai pas trop sur le dos, elle est morte. » Avant d’imiter le sourire crispé de la copine gênée.

On applaudit sa performance de livrer sa vie blessée avec délicatesse.

« Les Bijoux de pacotille », au théâtre du Rond-Point, du 6 au 31 mars. 

Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h 0, tarif : 31 €.


Au Théâtre de Chelles (77) le 6 avril.

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January 19, 2018 5:56 PM
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« Les Bijoux de pacotille » : le délicat joyau de Pauline Bureau

« Les Bijoux de pacotille » : le délicat joyau de Pauline Bureau | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Vincent Bouquet dans Les Echos  | Le 19/01/2018



Au théâtre Paris-Villette, Céline Milliat-Baumgartner se souvient de ses parents disparus durant son enfance. Un seul-en-scène orchestré avec force et douceur par Pauline Bureau.
D'abord, il y a eu l'accident survenu un soir de juin 1985, et puis la restitution à la famille de ces « bijoux de pacotille », uniques reliques d'un drame routier qui a emporté les parents de Céline Milliat-Baumgartner alors qu'elle n'avait que huit ans. Durant l'été 2013, la jeune comédienne, fille de l'actrice Michèle Baumgartner, décide de mettre son histoire en mots et d'en faire un livre, sorti en 2015. Quelques mois plus tard, elle demande à Pauline Bureau de venir voir son projet d'adaptation théâtrale. Pour avoir déjà travaillé ensemble, les deux femmes se connaissent bien et Céline Milliat-Baumgartner sait sans doute tout le talent qu'a la metteure en scène pour explorer l'intime, son principal cheval de bataille.


Après avoir déniché des secrets de famille dans « Sirènes », plongé dans les rêves adolescents avec « Dormir cent ans » et ausculté les drames personnels qu'ont vécu les victimes du Mediator dans « Mon coeur », Pauline Bureau s'est immergée dans ces souvenirs d'enfance, hautement singuliers. Seule en scène, Céline Milliat-Baumgartner dresse le portrait de ses parents avec la voix et les yeux d'une petite fille, un regard admiratif que les autres enfants ont progressivement perdu pour avoir eu la chance de voir vieillir les leurs. Dans l'album qu'elle reconstitue, sa mère, forcément grande forcément belle, n'a rien à voir avec le rôle d'épouse de Gérard Depardieu que lui avait confié François Truffaut dans « La Femme d'à côté » ; son père, forcément beau, forcément fort, est toujours ce jeune homme séduisant dont elle serait, à coup sûr, tombée amoureuse si elle avait pu le croiser dans la rue.

POINTILLISME MINIMALISTE
Sans jamais sombrer dans l'impudeur, la comédienne ouvre sa boîte de Pandore intime avec une grande élégance. Elle entretient avec ses souvenirs une relation étrange, faite d'émotion et de saine distance. Armée d'une force de jeu et de caractère intrinsèque, elle enrobe son récit-confession d'une profonde douceur et ose même y glisser quelques traits d'humour qui font naître des sourires.

Pour l'aider à tenir sur cette ligne de crête, Pauline Bureau agit par petites touches. D'un pointillisme minimaliste, son travail ne fait que sublimer les mots de Céline Milliat-Baumgartner. On y déniche des vidéos en Super 8, l'air entêtant d'une boîte à musique, des chaussons de danse sortis d'un carton à souvenirs, et même un tour de magie. Quand on l'interrogeait, il y a quelques semaines, lors de la création de son spectacle, Pauline Bureau espérait qu'on puisse en relever toute la délicatesse. Objectif atteint.


LES BIJOUX DE PACOTILLE
de et avec Céline Milliat-Baumgartner, mise en scène de Pauline Bureau, théâtre Paris-Villette (01 40 03 72 23), jusqu'au 20 janvier, durée 1 h 10.

Puis, en tournée :

- les 22 et 23 février au Bateau-Feu, scène nationale de Dunkerque ;

- du 6 au 31 mars au théâtre du Rond-Point ;

- le 6 avril au théâtre de Chelles.


Légende photo  Céline Milliat-Baumgartner ouvre sa boîte de Pandore intime avec une grande élégance. © Pierre Grosbois

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November 21, 2014 8:22 AM
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«Sirènes» dans les remous

«Sirènes» dans les remous | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Pauline Bureau voit (le) large. Pour preuve, ce Sirènes écrit «en collaboration avec l’équipe du spectacle», dont elle signe texte et mise en scène. Autant les créatures qui lui donnent son titre sont réputées douées de pouvoirs surnaturels, autant les femmes qui jalonnent le récit ont, elles, plutôt tendance à se débattre avec les vicissitudes de la vie pour tenter de surnager. Histoires de séparation, d’abandon, de dépression, mais aussi de rencontres et d’espoirs, l’évocation emprunte bien des directions - y compris au sens propre, du Havre à Shanghai - et jongle avec les époques pour, in fine, s’égarer dans les méandres d’une saga familiale débridée (cf. l’intrigue inutile autour d’un personnage masculin de trader caricatural). Souvent au seuil du trop-plein (attesté par un surcroît d’images vidéo), Sirènes tergiverse entre drame introspectif et apartés drolatiques, l’interprétation inégale finissant d’inspirer un sentiment mitigé.
Photo Pierre Grosbois

Gilles RENAULT pour Libération

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March 17, 2014 6:38 PM
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Critique : Sirènes (Pauline Bureau) - Au Poulailler

Critique : Sirènes (Pauline Bureau) - Au Poulailler | Revue de presse théâtre | Scoop.it
S

D’un spectacle à l’autre, l’univers esthétique de Pauline Bureau s’affirme et devient reconnaissable. Plus que l’utilisation de la vidéo et de la musique live, son identité artistique se cristallise depuis Modèles - mais déjà avant, dans Roberto Zucco - par une préférence donnée à la dramaturgie éclatée, au collage-montage des scènes intimistes qui fonctionnent sur un mode impressionniste, favorisant l’ellipse et mélangeant les genres théâtraux et les registres littéraires. Avec la complicité d’Emmanuelle Roy, sa fidèle scénographe, elle imagine, par analogie, des espaces morcelés, des boîtes noires où de partout s’animent des vignettes sobres et colorées ayant chacune son identité propre.

Ses questionnements, tournés essentiellement sur les parts non contrôlés qui fondent l’être humain, se creusent aussi et s’approfondissent au fil des créations. Du déterminisme du genre dans Modèles, au déterminisme social dans La Meilleure part des hommes, Pauline Bureau interroge aujourd’hui avec Sirènes la transmission familiale : « Comment raconter ce qui n’a pas été dit et qui s’est transmis ? Qu’est-ce que l’on reproduit et qui ne nous appartient pas ? », se demande-t-elle. Son « puzzle poétique » met en scène des bouts de vie d’une famille sur trois générations et observe, en les parcourant, les ricochets que secrets et blessures font.

 

Myrto Reiss pour le blog Au poulailler

 

CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ARTICLE ENTIER DANS SON SITE D'ORIGINE

 

Sirènes

Texte et mise en scène de Pauline Bureau

Du 6 au 22 mars 2014

Nouveau Théâtre de Montreuil, salle Maria Casarès, 63 rue Victor Hugo, 93100 Montreuil

Renseignements : 01 48 70 48 90 & www.nouveau-theatre-montreuil.com

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