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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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March 20, 11:10 AM
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Au Théâtre de l’Odéon, une « Amante anglaise » follement incarnée

Au Théâtre de l’Odéon, une « Amante anglaise » follement incarnée | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Joëlle Gayot dans Le Monde - 20 mars 2025

 

Emilie Charriot met en scène la pièce de Marguerite Duras avec trois comédiens remarquables qui marchent, s’agitent, ressentent, existent. Un parti pris à rebrousse-poil de la dramaturgie de l’écrivaine.


Lire l'article sur le site du "Monde" : 
https://www.lemonde.fr/culture/article/2025/03/20/au-theatre-de-l-odeon-une-amante-anglaise-follement-incarnee_6583756_3246.html

Emilie Charriot n’a pas froid aux yeux. Cette metteuse en scène franco-suisse réunit sur ses planches trois éminents comédiens : Nicolas Bouchaud, Laurent Poitrenaux et Dominique Reymond s’épanouissent dans une pièce formidable (mais redoutable) de Marguerite Duras. L’Amante anglaise est dans l’air du temps : Jacques Osinski l’a mise en scène à l’automne 2024 au Théâtre de l’Atelier, avec une distribution, là encore, de haut vol : Sandrine Bonnaire jouait Claire Lannes, une meurtrière ayant découpé sa cousine sourde-muette. Grégoire Oestermann était Pierre Lannes, le mari, et Frédéric Leidgens, l’Interrogateur, menant l’enquête auprès du couple.

 

 

Lire la critique (2024) : Article réservé à nos abonnés Dans « L’Amante anglaise », Sandrine Bonnaire au plus près des affects
 

Au Théâtre Vidy-Lausanne, où s’est créé le spectacle d’Emilie Charriot (actuellement repris à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, à Paris), Dominique Reymond est Claire, Laurent Poitrenaux, son époux et Nicolas Bouchaud, l’homme qui investigue. C’est lui qui ouvre la représentation par une interpellation du public hors-piste et hors scène. Téléphone portable à la main, il fait entendre une chanson des Stranglers, groupe britannique (explique-t-il) qu’ont inspiré le viol et l’assassinat d’une jeune femme par un étudiant japonais, acharné au point de manger le corps de sa victime.

 
Cette évocation du cannibalisme vient à point. Elle nourrit une métaphore qui éclaire la dynamique du spectacle. Alors qu’elle s’attaque à une icône de la littérature dont l’écriture défie l’incarnation comme la théâtralité, Emilie Charriot ne se laisse pas dévorer par la vénération durassienne. En quelques minutes, elle foule aux pieds la plupart des didascalies de la romancière. La représentation de L’Amante anglaise, qui devrait « être sans décor aucun, sur un podium avancé, devant le rideau de fer baissé, dans une salle restreinte », se déroule loin du podium, sans rideau de fer et dans une vaste salle.

Effets d’attente

La scénographie n’est pas innocente. Un carré de néons d’intensités variables est suspendu dans les airs. Au-dessous se trouve la scène. En son centre, deux chaises se font face sur un revêtement blanc : ces trois cadres qui n’en forment qu’un seul attirent l’attention. C’est là que siège l’espace du jeu et de la profération. Sauf que ce ring sera accaparé par une protagoniste triomphante : Dominique Reymond, qui s’y pose pour ne plus en bouger, alors que ses partenaires semblent n’être que de passage sur ces mètres carrés. Nicolas Bouchaud en tee-shirt et en pull arrive par la coulisse pour se positionner au pied des spectateurs. Laurent Poitrenaux, en chemise, est assis parmi le public. Ils évoluent en périphérie.

 

Jouer cette pièce implique de la déjouer pour éviter les pièges qu’elle tend aux interprètes. Le texte de Marguerite Duras (qui trouve sa source dans un fait divers réel) est retors. Il multiplie les effets d’attente et condamne les deux personnages masculins à n’être que des prologues. Pierre Lannes, parce qu’il est simple témoin, l’Interrogateur, parce qu’il est une suite de questions.

 

Mais la metteuse en scène prend le contrepied de la dramaturgie en ne réduisant pas ces hommes au rang de faire-valoir. Les acteurs marchent, ils s’agitent, ils ressentent, ils existent. Poitrenaux dans une expressivité indignée, Bouchaud dans ses silences vigilants. Aucun ne déserte le champ de la puissance et tous deux cherchent à plier Claire Lannes à leurs définitions et visions. Son émancipation n’en est que plus éclatante.

Stature d’héroïne

Lorsqu’elle surgit enfin, Claire Lannes impose sa stature d’héroïne. Si Duras élabore un drame qui se soucie des possibles de la fiction plus que de la vérité des événements, Emilie Charriot s’empare de cette pseudo-enquête pour accoucher d’une subjectivité féminine impérieuse. La meurtrière assume ses actes. Elle écrit seule son histoire. Ni son mari, ni l’Interrogateur ne seront parvenus à la cannibaliser.

 

Dominique Reymond arrive en robe noire. Elle s’assoit de profil. Son visage est pâle et ses cheveux tirés. La salle retient son souffle. Un mot, un seul et le pouvoir change de camp. L’actrice inscrit d’emblée Claire Lannes hors de portée des desseins (et dessins) masculins. L’actrice ne dit pas son texte, elle le plante. Chacun des mots est un clou sur lequel s’abat le marteau de sa voix. Elle fait sourire et rappelle Zouc, quand elle soupire, un ange passe, si elle durcit le ton, on frissonne. Elle se dérobe à la prise et aux assignations.

Lorsqu’elle se lève, l’Interrogateur, inquiet, s’éloigne. Le mari apeuré rôde en fond de plateau. Elle est d’un bloc et pourtant traversée par mille ironies, mille secrets, mille lucidités. Elle n’avouera jamais où elle a mis la tête coupée de sa cousine sourde-muette. Elle n’est pas dominée, elle domine. « Je n’étais pas assez intelligente pour l’intelligence que j’avais » : dans le silex de la parole, Duras a taillé une pensée sur mesure pour une femme démesurée. Vaincu, Nicolas Bouchaud se couche dans la posture d’un individu tué d’une balle de revolver. Dans le rôle de Claire Lannes, Dominique Reymond vise juste et touche sa cible. A bout portant.

 

 

L’Amante anglaise, de Marguerite Duras. Théâtre de l’Odéon, Paris 6e. Mise en scène Emilie Charriot. Avec Nicolas Bouchaud, Laurent Poitrenaux et Dominique Reymond. Jusqu’au 13 avril.

 

 

Joëlle Gayot / LE MONDE

Légende photo :  Laurent Poitrenaux et Nicolas Bouchaud dans « L’Amante anglaise », d’Emilie Charriot, au Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse), en novembre 2024. Photo © SEBASTIEN AGNETTI

 

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December 6, 2021 6:44 PM
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«Un vivant qui passe» au théâtre de la Bastille : induit en horreur –

«Un vivant qui passe» au théâtre de la Bastille : induit en horreur – | Revue de presse théâtre | Scoop.it

par Anne Diatkine dans Libération 6/12/2021

 

 

L’adaptation du documentaire de Claude Lanzmann sur l’aveuglement d’un délégué de la Croix-Rouge lors de sa visite du camp d’Auschwitz et du ghetto de Theresienstadt est mise en scène de façon redoutablement intelligente, allant au-delà de la cruelle lucidité de l’œuvre originale.

 

C’est rare, un spectacle qui provoque immédiatement la nécessité de le confronter au film dont il est issu, puis de le revoir tout de suite après, parce qu’il déploie une énigme et une émotion que la représentation n’épuise pas et dont les comédiens sont les dépositaires en acte. Un vivant qui passe, construit avec les quinze bobines de rushes du film de Claude Lanzmann fait partie de ces moments de théâtre rarissimes qui montrent une pensée silencieuse en train d’advenir, et où l’on est donc suspendu aux expressions, intonations, des deux acteurs, Nicolas Bouchaud en premier, puisqu’il incarne l’homme en train de prendre conscience de son aveuglement, et Frédéric Noaille, qui tient merveilleusement le rôle de Claude Lanzmann, intervieweur-accoucheur hors pair, sans chercher à ressembler une seconde à son modèle.

C’est exceptionnel, un spectacle qui traite du génocide des juifs par le régime nazi, mais qui ne soit en rien commémoratif ou sentencieux, car toute la tension dramatique se déploie dans le présent du jeu. Intelligence de la mise en scène qui entrelace avec clarté trois niveaux temporels en partant d’aujourd’hui. Nous sommes donc conviés à une «visite» du documentaire Un vivant qui passe, tourné en 1979, pendant la conception de Shoah. Sur scène, il n’y a pas grand-chose, le trompe-l’œil d’un salon vieillot et bourgeois, un fauteuil Voltaire vert, un petit coucou suisse dans un coin, et le spectateur s’étonne de ce bout de décor en carton-pâte qu’aucun décorateur digne de ce nom ne peut aujourd’hui imaginer. Erreur. De trompe-l’œil, de duperie, de ce que signifie l’action de voir, et de mise en scène, il ne sera question que de ça. Les prémices nous sont présentées d’emblée par une voix off qui nous remercie d’avoir choisi «la visite du documentaire en chair et en os plutôt que l’audioguide, c’est mieux pour nous».

 

Ghetto supposé modèle

Claude Lanzmann toque donc sans s’être annoncé à la porte de Maurice Rossel, médecin délégué au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui fut le premier, tout jeune homme à passer quelques heures à Auschwitz, et le 23 janvier 1944, dans un ghetto supposé modèle, celui de Theresienstadt où les «déportés civils», comme les nomme Rossel étaient en transit avant d’être expédiés vers Auschwitz et Treblinka. A la suite de sa visite à Theresienstadt, dont Rossel comprendra au fur et à mesure des questions de Lanzmann qu’elle a été préparée durant six mois par les SS et qu’il n’a vu qu’une façade briquée à des fins de propagande, le délégué suisse écrira un rapport somme toute favorable. Il notera que le camp est une «une ville de province normale». Seule remarque légèrement critique : le surpeuplement de ladite ville. Sinon, les femmes portent des bas en soie, des opéras se jouent dans des théâtres, il y a un jardin d’enfants, et même une synagogue.

Doucement, au bon moment, comme un chat qui guette sa proie, Lanzmann apprend à Rossel que des milliers de juifs ont été déportés avant sa visite pour que le surpeuplement qu’il semble percevoir soit moindre et qu’il y en aura des milliers d’autres les jours suivants. Que la synagogue est factice, elle a été fabriquée à son intention et sera détruite après sa venue. Que le jardin d’enfants n’existe pas plus, bien sûr, puisque les femmes étaient obligées d’avorter, mettre au monde un enfant juif étant contradictoire avec la logique de l’extermination. Avec toujours la même douceur, il lui explique qu’il est normal qu’il se soit laissé prendre au mirage, puisque tel était l’objectif des nazis. Comment en aurait-il été autrement ? Comment aurait-il pu «voir au-delà des apparences», expression qu’utilise Rossel bien avant le décillage par Lanzmann, et décrire ce qu’on ne lui montre pas ? A Auschwitz où le jeune médecin se rend, il commence également par dire que rien n’était perceptible, tout en se souvenant «des lignes de squelettes ambulants dont seul le regard très intense vivait» et qui semblait l’observer en pensant : «En voilà un qui vient. Un vivant qui passe, n’est-ce pas ? Et qui n’est pas un SS.»

Piste du simulacre

Cet automne, Sami Frey avait fait entendre les mots de cet entretien extraordinaire en se basant sur le seul documentaire. Mais en partant de la trentaine d’heures de rushes, Eric Didry, Véronique Timsit et Nicolas Bouchaud font émerger un Rossel plus complexe et nuancé que celui qu’on voit dans le film de Lanzmann, singulièrement normopathe et dénué d’émotions. En creux, l’équipe du spectacle rend visible les choix de montage de Lanzmann, qui lui aussi élabore un point de vue et sa démonstration en choisissant d’épingler en homme isolé à l’antisémitisme flagrant. Lanzmann a coupé notamment la responsabilité partagée du CICR, le contexte de la lutte contre le bolchevisme, les origines sociales de Rossel, «homme de gauche», ou encore la peur qu’il exprime lors de sa visite à Auschwitz.

Durant la représentation, le présent de l’entretien se manifeste périodiquement, à travers le coucou suisse qui sonne l’heure ou l’intrusion d’un ballon d’enfants qui manque d’interrompre le tournage. Ces perturbations sont présentes dans le documentaire. Plus tard, dans la pièce, ce sont d’autres sons bien distincts que le personnage de Lanzmann fait écouter à Rossel-Bouchaud et qui permettent d’halluciner les répétitions générales de sa visite à Theresienstadt. Rossel ne comprend pas : il est outré qu’aucun des «Israélites» ne lui ait fait «un clin d’œil» pour le mettre sur la piste du simulacre et lui indiquer qu’il assiste à «une partie de théâtre». «Ça aurait été la mort immédiate», lui rétorque Lanzmann. Le spectacle rend compte de manière latérale et sans montrer aucun dessin de l’intense activité créative dans ce camp où fut déporté un grand nombre d’artistes. Ainsi, ce poème qui dit l’envers du décor que Nicolas Bouchaud et Frédéric Noaille interprètent sur un air des Marx Brothers, vers la fin du spectacle, dans un numéro de duettiste poignant : «On fait comme si /Comme si café /Comme si repas /Comme si travail /Comme si chanté. On n’a pas chanté, on n’a pas travaillé.»

Un vivant qui passe, d’après Claude Lanzmann, conçu par Nicolas Bouchaud, Eric Didry et Véronique Timsit, au théâtre de la Bastille, du 2 au 23 décembre et du 3 au 7 janvier.
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November 30, 2017 7:47 PM
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Maîtres anciens, comédie de Thomas Bernhard, un projet de et avec Nicolas Bouchaud, mise en scène de Eric Didry -

Maîtres anciens, comédie de Thomas Bernhard, un projet de et avec Nicolas Bouchaud, mise en scène de Eric Didry - | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Maîtres anciens, comédie de Thomas Bernhard, un projet de et avec Nicolas Bouchaud, traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs (Editions Gallimard), mise en scène de Eric Didry -Festival d’Automne à Paris




Maîtres anciens, comédie de Thomas Bernhard, un projet de et avec Nicolas Bouchaud, traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs (Editions Gallimard), mise en scène de Eric Didry

 En exergue à l’analyse de Chantal Thomas (Thomas Bernhard, Le Briseur de silence – Editions du Seuil), qui caractérise la logorrhée particulièrement infernale de l’écriture de Maîtres Anciens de l’auteur autrichien – romancier et dramaturge -, la phrase extraite de Watten, in Amras et autres récits, s’annonce plutôt éloquente :

« Oui, dis-je au voiturier, une antenne sur le toit pour pouvoir capter le diable. »

Joueuse, la scénographie ludique des Maîtres anciens par Nicolas Bouchaud dans la mise en scène d’Eric Didry, laisse apparaître boîtes à magie et mèches allumées par l’interprète qui laisse courir l’étincelle jusqu’à son cheminement ultime : l’explosion pétaradante. Manquer d’air, c’est une manière de tutoyer les espaces infernaux – terre et ciel. Et quand le souffle revient : parler, parler, sinon chuter et disparaître.

A l’excès d’angoisse, correspond l’excès de paroles : le critique musical Reger met en scène sa logorrhée musicologique, torrentielle et désespérée, tournant à vide.

Une parole de discours intérieur rapportée par l’auditeur-narrateur Atzbacher, arrivé une heure en avance à son rendez-vous avec Reger, précisément pour observer ce dernier dans la salle Bordone, face à L’Homme à la barbe blanche du Tintoret qu’il contemple depuis quelques décennies, tous les après-midi, à la même heure.

Sa narration n’est qu’une longue suite de citations de Reger, vieux musicologue, que ses articles dans le Times ont rendu célèbre en Europe, sauf en Autriche. A onze heures et demie précises, arrive Reger : « Le manque de ponctualité est une maladie qui entraîne la mort de celui qui n’est pas ponctuel.» Le locuteur s’assied près de lui.

La diatribe furieuse et allègre charrie des thèmes multiples, selon un art de la fugue qui est « le mode continu de l’art de Thomas Bernhard » : le mauvais goût des Habsbourg, l’institution des musées, l’autorité des maitres anciens, l’étatisme, l’enfance, Beethoven, le ridicule kitsch du pape ou de Heidegger…

Nulle image, mais des mots à n’en plus finir qui déversent leur haine sur tous les académismes. Beethoven, Goethe, Shakespeare, Voltaire et même Duras ; l’adaptation réactualisée revient à Nicolas Bouchaud, Eric Didry et Véronique Timsit.

Nicolas Bouchaud incarne cette voix solitaire, à la fois sombre et jubilatoire, qui ne supporte nulle réplique, asociale et discordante, avec d’un côté, le discoureur, et de l’autre, sa victime : l’interlocuteur, l’auditeur, le lecteur, le public. L’interprète se lève, s’assoit, sautille, laissant s’égrainer la brutalité des à-coups, soubresauts et heurts.

Il consomme avec gourmandise, exalte et fait exulter une langue libératrice, au plus près de la saisie de l’énergie et de l’élan à vouloir porter l’espace du monde en soi.

Sur le plateau, la salle de musée destinée au regard est aveugle, sans la moindre image, qui serait du « kitch sentimental » à la manière de la peinture de Stifter (1805-1868) que le critique « démolit » : « Stifter n’est autre qu’un fermier littéraire d’occasion, dont la plume sans art fige la nature et par conséquent le lecteur. »

Cette diatribe contre Stifter pourrait être, selon Chantal Thomas encore, une attaque contre Peter Handke et La Leçon de Sainte-Victoire (1980). La leçon des maîtres enseigne la sagesse du silence, ce savoir muet entre le silence et le regard. L’hommage de Peter Handke à Cézanne est dédié au « silence des tableaux ».

Or, Thomas Bernhard ressent la mort dans ce silence pictural. Nicolas Bouchaud n’en porte pas moins « le manteau des manteaux », une grande feuille de papier, métaphore de la toile vierge du peintre, sans boutonnage ni coutures – métaphore des problèmes de l’écrivain dont le récit doit glisser sans rupture avec les transitions.

Il pourrait être, malgré lui, un Joseph au large et long manteau brun or de la série des nativités – une des fresques de Fra Angelico du Couvent San Marco à Florence.

Reger est veuf depuis peu : « Tout à coup vous savez ce que c’est, le vide, lorsque vous êtes là, parmi des milliers et des milliers de livres et d’écrits… voilà ce qu’a dit Reger…. Et vous reconnaissez que ce ne sont pas ces grands esprits et pas ces maîtres anciens qui vous ont maintenu en vie pendant des décennies, mais que ce n’a été que ce seul être que vous avez aimé plus que tout autre… »

Une performance fascinante d’acteur habité par ce que parler veut dire, un art en soi.

Véronique Hotte

Théâtre de La Bastille, 76 rue de la Roquette 75011, du 22 novembre au 22 décembre, à 19h, relâche le dimanche. Tél : 01 43 57 42 14

Crédit photo : Jean-Louis Fernandez

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March 26, 2016 8:42 PM
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Dom Juan : le road-movie haletant de Jean-François Sivadier

Dom Juan : le road-movie haletant de Jean-François Sivadier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron sur Sceneweb



Et c’est parti pour un an (au moins) de tournée pour cette version de Dom Juan créée au Théâtre National de Bretagne. Jean-François Sivadier réussit un coup de maître. Du théâtre à grand spectacle dont il parvient à bien faire ressortir la pensée critique de Molière.

« Croire ou ne pas croire en la religion ? » Lorsqu’il écrit Dom Juan au 17ème siècle, Molière était loin de se douter que ce débat continuerait d’agiter la société en ce début de 21ème siècle. Dans une époque où l’on parle beaucoup (trop à notre goût) du fait religieux, cette version de Dom Juan est totalement dans l’actualité. La pensée de Molière continue d’insuffler du sens critique.


Vincent Guédon et Nicolas Bouchaud @ Brigitte Enguérand
La version de Jean-François Sivadier met bien en exergue tout le questionnement de Molière (notamment le monologue du 5ème acte sur l’hypocrisie) dans une forme totalement romanesque menée par un Nicolas Bouchaud bondissant et facétieux. Avec Vincent Guédon en Sganarelle tout aussi espiègle, le couple fait des étincelles sur scène. Il est entouré par une troupe réduite de quatre autres comédiens : Stephen Butel, Marc Arnaud, Marie Vialle et Lucie Valon. Ils interprètent tous les autres rôles avec une facilité dans l’art du travestissement qui fait qu’à aucun moment on ne perd le fil de l’histoire. On n’a jamais vu monter Dom Juan avec autant de limpidité !

La scénographie imaginée par Daniel Jeanneteau est féérique. Dom Juan et Sganarelle gambadent dans l’espace. Le décor est composé de multiples planètes qui descendent du ciel (référence à la Vie de Galilée). Le mot « ciel » est important dans la pièce. Il est prononcé 62 fois et pour nous le rappeler Jean-François Sivadier le signifie par un décompte qui s’affiche dans le décor.

Si Jean-François Sivadier utilise la musique de La Mort aux trousses ce n’est pas un hasard, car son Dom Juan court partout. Nicolas Bouchaud, toujours aussi séduisant, est virevoltant. Il joue avec le public. Il offre des fleurs aux femmes dans la salle. Il chante « Sexual healing » de Marvin Gaye. Cette pièce menée tambour battant se regarde comme une grande saga, un grand feuilleton, un road-movie haletant.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Dom Juan de Molière
mise en scène Jean-François Sivadier
Avec Nicolas Bouchaud (Dom Juan Tenorio), Vincent Guédon (Sganarelle), Stephen Butel (Pierrot, Dom Alonse, Monsieur Dimanche…), Marc Arnaud (Gusman, Dom Carlos, Dom Louis…) Marie Vialle (Elvire, Mathurine…), Lucie Valon (Charlotte, Le Pauvre, La Violette…)
collaboration artistique Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit

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February 23, 2016 2:29 PM
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Théâtre : les cinq comédiens incontournables de la saison

Théâtre : les cinq comédiens incontournables de la saison | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Laetitia Cénac :

 

Au théâtre, quand le rideau se lève, ces comédiens sont Juliette, Tartuffe, un poète, un vieillard, une servante… Chefs de file de cette nouvelle vague qui remplit les salles, ils évoquent à tour de rôle, sincères et passionnés, le personnage qu’ils jouent cette saison. Rencontre avec cinq jongleurs de mots.

 

 
Suliane Brahim : "Juliette est le soleil d’Orient et la nuit en même temps"

Madame Figaro. - Sur le plateau, vous êtes ?


Sulianne Brahim. - Je suis ni tout à fait la même ni tout à fait une autre.

 

Soir de première…


C’est un jour étrange... La peur est là : on se décompose petit à petit jusqu’au lever de rideau. Puis tout se place. S’ensuit la joie de partager la pièce avec les spectateurs.

 

Répétitions…


J’aime la dernière semaine de répétitions quand arrivent le décor, les costumes, le son et surtout les lumières.

 

Votre personnage ?


Juliette (1). Elle est le soleil d’Orient et la nuit en même temps. Elle est précipitée dans la vie, l’amour et la mort.

 

Une réplique marquante ?

 

« On a plus d’idées à deux que tout seul », Bertolt Brecht.

 

Le rôle du silence ?


Il arrête le temps et crée des espaces où

les voix des acteurs se déploient ainsi que la langue et l’imaginaire d’un auteur.

 

Un mot du lexique ?


La « poursuite ». Ce projecteur suit un acteur quand il se déplace. C’est comme faire sortir un personnage de la nuit.

Les saluts…


Cela veut dire que c’était du théâtre, tout était faux...

(1) Roméo et Juliette, mise en scène Éric Ruf, jusqu’au 30 mai à la Comédie-Française, à Paris, où elle vient d’être nommée sociétaire.
 

Laurent Stocker : "Je suis très traqueur"
 
 

Madame Figaro. - Sur le plateau, vous êtes ?


Laurent Stocker. - Stressé !

 

Soir de première…


Je suis très traqueur, mais le soir de la première, il y a l’excitation de donner au public quelque chose qu’il n’a jamais vu et de guetter sa réaction.

 

Répétitions…


Magnifique. On cherche, on peut tout proposer. C’est le temps de la recherche, un des moments que je préfère.

 

Votre personnage ?


Un homme de 80 ans (1), un alcoolique qui fait de grands monologues face à la mer.

 

Une réplique marquante ?


« Le théâtre est une immense absence d’issue et c’est là où vont tous ceux qui ont cherché une issue toute leur vie », Heiner Müller.

 

Le rôle du silence ?


C’est le silence qui donne l’intensité de la réplique suivante.

 

Un mot du lexique ?


La « salade » : j’aime bien faire la cuisine et, à la Comédie-Française, ce mot qualifie le moment où machinistes, accessoiristes, électriciens… réinstallent le décor.

 

Les saluts…


Avec ses camarades, on doit descendre en même temps, remonter en même temps, respirer en même temps. Les saluts, c’est encore le spectacle.

 

*(1) La Mer, d’Edward Bond, mise en scène Alain Françon, à la Comédie-Française, à Paris, du 5 mars au 15 juin.

Micha Lescot : "Tartuffe est la métaphore de l'acteur" 
 

Madame Figaro. - Sur le plateau, vous êtes ?


Micha Lescot. - Là, disponible.

 

Soir de première…


Trac et respiration. Ne pas oublier de respirer, de ralentir son rythme cardiaque. Pour lutter contre le trac.

 

Répétitions…


C’est un moment inquiétant mais qu’on ne voudrait pas voir finir. Un état paradoxal puisqu’on souffre et que dans le même temps on ne veut pas que cela s’arrête.

 

Votre personnage ?


La reprise de Tartuffe (1). Il est la métaphore de l’acteur parce qu’il est dans l’instant, qu’il improvise et doit jouer avec ses victimes partenaires.

 

Une réplique marquante ?


« Merci… Infiniment. » C’est la dernière réplique d’Ivanov, de Tchekhov, et la dernière mise en scène de Luc Bondy.

 

Le rôle du silence  ?


Aussi important que le texte et les mouvements. Ce n’est pas un temps mort. Cela peut être très actif.

 

Un mot du lexique ?


Toï, Toï, Toï. C’est ainsi que les Russes se disent «m…» avant de monter en scène et les gens de l’opéra ont gardé ce rituel.

 

Les saluts…


On est dans un entre-deux, un temps étrange entre le jeu et le démaquillage.

 

(1) Tartuffe, mise en scène Luc Bondy (reprise par Marie-Louise Bischofberger et Vincent Huguet), aux Ateliers Berthier, à Paris, jusqu’au 28 mars.

Nicolas Bouchaud : "C'est dans le souffle entre deux mots que nous existons"
Nicolas Bouchaud : « C'est dans le souffle entre deux mots que nous existons ».

Madame Figaro. - Sur le plateau, vous êtes ?


Nicolas Bouchaud. - Je me tiens debout, je fais face.

 

Soir de première…


Une énorme cristallisation d’énergie.

 

Répétitions…


Pas nécessaire de s’y attarder !

 

Votre spectacle ?


Le Méridien (au Théâtre du Rond-Point jusqu’en décembre dernier, NDLR) d’après Paul Celan. Spectacle, faisant partie d’une trilogie, où je suis seul en scène. Ce qui me plaît dans ce projet, c’est la transmission et le dialogue secret. La poésie est avant tout un signe adressé à l’autre.

 

Une réplique marquante ?


« Je ne vois pas de différence entre une poignée de main et un poème », Paul Celan.

 

Le rôle du silence ?


C’est dans le silence que passe la part de l’humain. C’est dans le souffle entre deux mots que nous existons.

 

Un mot du lexique ?


La « présence ».

 

Les saluts…


C’est au moment des saluts qu’on sait si la rencontre avec le public a eu lieu (ou pas).

 

Bientôt dans Dom Juan, mise en scène Jean-François Sivadier, au TNB, à Rennes, du 22 mars au 2 avril. Reprise à l’Odéon, à Paris, la saison prochaine.

Norah Krief : "J'aime la lumière"

Madame Figaro. - Sur le plateau, vous êtes ?


Norah Krief. - Envahie, réceptive, émue…

 

Soir de première…


Puissante, curieuse, découverte…

 

Répétitions…


Je malaxe ma brochure. La répétition commence par la sollicitation des sens puis par l’écoute sémantique dans un espace donné. Le corps est au travail.

 

Votre personnage ?


Œnone, cette gouvernante qui est fusionnelle avec Phèdre (1), capable de se mettre en danger pour la seule femme qu’elle aime.

 

Une réplique marquante ?


« Fatiguée de ce monde je demande à mourir
Lassée de voir qu’un homme intègre doit mendier
Quand à côté de lui des nullités notoires
Se vautrent dans le luxe et l’amour du public. » Sonnet 66, Shakespeare.

 

Le rôle du silence ?


Fondamental pour l’écho, la résonance

 

Un mot du lexique ?


Les projecteurs. J’aime la lumière.

 

Les saluts…


J’adore…

 

 

(1) Phèdre(s) mise en scène Krzysztof Warlikowski, au Théâtre de l’Europe-Odéon, à Paris, du 17 mars au 13 mai.

 
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December 11, 2015 6:13 PM
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Nicolas Bouchaud, invité de l'émission "Poésie et ainsi de suite" sur France Culture

Nicolas Bouchaud, invité de l'émission "Poésie et ainsi de suite" sur France Culture | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Nicolas Bouchaud, interprète du "Méridien" de Paul Celan, parle de ce poète au micro de Manou Farine, sur France Culture.

 

La poésie c’est une histoire de souffle. Renverse de souffle chez Paul Celan, souffle du chant dans trois cantates policières. A théâtraliser ce soir avec le comédien et metteur en scène Nicolas Bouchaud et l’écrivain Sylvain Coher.  Et la chronique de Claire Richard, journaliste à Rue89

 

Ecouter l'émission de France Culture (57mn) :  http://www.franceculture.fr/emission-poesie-et-ainsi-de-suite-poesie-et-souffle-2015-12-11

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November 1, 2015 4:30 AM
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A Vidy, le grand art de Nicolas Bouchaud | L'Hebdo

A Vidy, le grand art de Nicolas Bouchaud | L'Hebdo | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Mireille Descombes pour hebdo.ch : 

Il est des spectacles qui ne se racontent pas. Ils se vivent, s'éprouvent et se partagent. Ils vous accueillent dans l'intensité de leur juste présence et vous habitent encore longtemps. Présenté jusqu'au 7 novembre au Théâtre de Vidy à Lausanne, "Le Méridien" de Nicolas Bouchaud, d'après le texte de Paul Celan, fait partie de ces spectacles-là. Un cheminement hasardeux, mais magique dans le territoire immense et incertain de ce que pourrait être l'art, en particulier la poésie.

Au départ, un discours. Celui que prononça Paul Celan le 22 octobre 1960, lors de la réception du prix Georg Büchner à Darmstadt. Né en 1920 en Roumanie dans une famille juive de langue allemande, l'écrivain a subi les persécutions fascistes et nazies. Il a fait de son œuvre un outil de témoignage et de lutte contre la barbarie. Dans "Le Méridien"  - c'est son titre - il recourt à tous les codes du discours de réception pour aller bien au-delà et transformer ce passage obligé en une véritable performance. Multipliant les allers et retours, les virages, les zigzags, il s'appuie sur le théâtre de Büchner et sur la complexité de ses personnages pour libérer peu à peu sa propre parole.

Mis en scène par Eric Didry dans un décor intelligemment réduit à l'essentiel, le comédien Nicolas Bouchaud s'approprie les mots et les phrases de Celan avec une fulgurante évidence. Il les mâche, les avale, les engloutit ou les recrache. Il les rythme et les danse. Il jongle avec eux comme un bateleur libéré de la pesanteur pour nous rappeler, avec Paul Celan, que "Celui qui marche sur la tête, Mesdames et Messieurs, - celui qui marche sur la tête, il a le ciel en abîme sous lui."

 

Lausanne. Théâtre de Vidy. Jusqu'au 7 novembre.


A Paris, Théâtre du Rond-Point, du 25 novembre au 27 décembre (Festival d'automne à Paris)

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May 31, 2015 2:48 PM
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Changement de décor - Arts & Spectacles - France Culture

Changement de décor - Arts & Spectacles - France Culture | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Changement de décor reçoit un ogre solaire… Le théâtre avait fait de lui son émissaire. Il était Cassandre, il était Théramène, il allait partout défendre le régime intermittent, prévenir, expliquer, dénoncer. Nicolas Bouchaud interprète le rôle Galilée dans la pièce "la Vie de Galilée" de Brecht (du 27 mai au 21 juin 2015 au théâtre Le Monfort à Paris)...

 

 

Cliquez sur le titre ou la photo pour écouter l'émission de Joëlle Gayot (30mn) : bouton rouge sur la page de France Culture pour lancer l'émission

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May 27, 2015 7:51 AM
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« La Vie de Galilée », plus actuel que jamais

« La Vie de Galilée », plus actuel que jamais | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Fabienne Darge dans Le Monde :

 

 

 

C’est un soir de janvier 2015, à Lille. Deux semaines exactement après les attentats de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes. La grande salle du Théâtre du Nord est pleine à craquer. Et près de quatre heures durant, cette salle retient son souffle, tant ce qu’on lui raconte résonne avec les interrogations, les angoisses, la stupéfaction, la sidération, ce qu’on vient de vivre.


Le spectacle qui suscite une telle écoute, cette concentration collective tellement intense qu’elle en devient palpable, c’est La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht, mis en scène par Jean-François Sivadier avec sa formidable troupe de comédiens. A cette date, le spectacle a déjà 13 ans d’âge. Il semble avoir été créé la veille. Mais, comme un bon whisky ou un bon vin, il s’est bonifié avec le temps. La pièce de Brecht y apparaît plus jeune que jamais, qui conte la vie du savant et la révolution aux conséquences incalculables qu’il a initiée en découvrant que la Terre n’était pas le centre du monde, mais qu’elle tournait autour du Soleil.

 

Après Lille, La Vie de Galilée a poursuivi sa route à travers la France, pour arriver jusqu’à Paris, au Monfort Théâtre, où le spectacle va jouer pendant un mois. Il ne faut pas le rater, si l’on veut voir comment l’intelligence de Brecht, portée de manière réjouissante par l’équipe de Sivadier, nous parle du combat entre les Lumières et l’obscurité, la raison et la foi, la libre-pensée et un pouvoir religieux. Et comment elle pose la question de la liberté, et de ce qu’on en fait.

Au départ, pourtant, ni Jean-François Sivadier ni ses comédiens n’auraient pu imaginer que « la pièce serait d’une actualité encore plus violente aujourd’hui que quand on l’a créée, en 2002 », s’étonne le metteur en scène. « A l’origine, poursuit-il, nous avons eu envie de reprendre ce spectacle parce qu’il est emblématique de notre compagnie. A travers la figure de Galilée, contraint d’abjurer son savoir face à la menace du bûcher, Brecht, qui s’y livre à une forme d’autoportrait, questionne la place de l’artiste dans la société, et son rapport au politique. Toutes questions qui sont constitutives de la création de la compagnie. Ensuite, quand nous avons commencé à la retravailler, en 2014, ce sont surtout les interrogations liées à la déception par rapport à la gauche au pouvoir, au conflit des intermittents du spectacle, à la place des artistes et des intellectuels dans notre société, qui sont ressorties. Puis il y a eu les événements de janvier. Nous étions en tournée à Grenoble. Et nous n’avons jamais entendu un tel silence dans une salle, notamment quand Madame Sarti, sa gouvernante, dit à Galilée qu’il risque sa vie pour ses idées… »


Lire l'article entier de Fabienne Darge  http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/05/21/la-vie-de-galilee-plus-actuel-que-jamais_4638066_3246.html#w1A6ACWsegB7dYFS.99

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December 6, 2014 1:36 PM
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Galilée, Brecht et Sivadier : le bonheur au TNT

Galilée, Brecht et Sivadier : le bonheur au TNT | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par la Dépêche :

 

Pièce éminemment politique, didactique et burlesque dans la mise en scène réjouissante de Jean -François Sivadier, «La vie de Galilée» de Brecht, programmée jusqu'à lundi au TNT, est un vrai bonheur de théâtre.

La pièce montre à quel point une découverte scientifique fondée sur l'observation et la raison peut, en bouleversant tous les repères, bousculer toute forme de rapport à l'autorité et gêner les pouvoirs en place, susciter des combats d'arrière-garde afin de maintenir les consciences sous le boisseau. Dans la mise en scène de Jean-François Sivadier, le burlesque côtoie le sérieux du propos, les anachronismes fusent. Il recourt sans état d'âme et pour le plus grand plaisir du public, aux techniques de la commedia dell ‘arte, profitant du sujet de la pièce pour mettre dans la bouche de son principal interprète, Nicolas Bouchaud, quelques allusions aux dérapages de nos hommes politiques actuels tous bords confondus.

 

 

Recueilli par A. H. pour la Dépêche



CLIQUER SUR LE TITRE OU LA PHOTO POUR LIRE L'ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS SIVADIER DANS SON SITE D'ORIGINE

  La Vie de Galilée en tournée 

- au Théâtre National de Toulouse du 25 au 29 novembre 2014

- à la Comédie de Saint-Étienne du 3 au 5 décembre 2014

- à Rennes, Théâtre national de Bretagne du 9 au 13 décembre 2014

- à Châteauvallon, CNCDC les 16 et 17 décembre 2014

- à Antibes, Anthéa le 19 décembre 2014

- à Grenoble, MC2 du 5 au 10 janvier 2015

- à Lille, Théâtre du Nord, du 21 au 25 janvier 2015

- à Paris, Théâtre Montfort, du 26 mai au 22 juin

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July 2, 2014 4:49 PM
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Les Inrocks - Paroles d'intermittents (2)

Les Inrocks - Paroles d'intermittents (2) | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Nous continuons à donner la parole aux intermittents avec les réactions de Nicolas Bouchaud, des Chiens de Navarre et de David Bobée.

 

Propos recueillis par Fabienne Arvers pour les Inrocks, paru le 2 juillet

 

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December 5, 2013 4:34 PM
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«Un métier idéal» de John Berger par Nicolas Bouchaud

«Un métier idéal»  de John Berger par Nicolas Bouchaud | Revue de presse théâtre | Scoop.it

«Un métier idéal», comédie médicale

 

 

Trois ans après la Loi du marcheur, où il redonnait voix et vie aux propos enregistrés par Serge Daney quelques mois avant sa mort, en 1992, Nicolas Bouchaud est à nouveau seul en scène dans la petite salle du Rond-Point. Il part cette fois d’un livre publié en 1967 par l’écrivain anglais John Berger et le photographe suisse Jean Mohr.A Fortunate Man aura attendu plus de quarante ans avant de sortir en français, sous le titre Un métier idéal (l’Olivier). Berger et Mohr y évoquent la vie d’un nommé John Sassall, médecin de campagne. Le texte de John Berger va et vient entre le reportage, la nouvelle, le portrait, l’essai, l’enquête sociologique, le document d’histoire, tandis que les photos de la campagne anglaise transforment les paysages banals en lieux mythiques.

Fantômes. Photos et textes, Nicolas Bouchaud - qui œuvre une nouvelle fois en collaboration avec le metteur en scène Eric Didry - reprend tout à son compte et ajoute même des réflexions de son cru. Seul sur scène, il n’arrête pas de dialoguer. Avec le public d’abord, qu’il salue familièrement au début et prend à témoin pendant, allant même jusqu’à faire monter un spectateur sur scène ; avec le docteur Sassall et les deux auteurs du livre, comme s’il était lui-même un compagnon de leur équipée ; avec ses propres fantômes enfin, notamment Galilée et le Roi Lear, deux rôles qu’il a interprétés au théâtre.

Prescription. 

Toutes paroles et corps dont Bouchaud peuple la petite scène, multipliant références et digressions sans se prendre au sérieux, lancé dans de curieux parallèles entre théâtre et médecine : «Ce que nous pouvons peut-être partager ensemble, écrit-il dans ses notes d’intention, c’est une certaine forme d’engagement passionnel et de questionnement incessant sur nos métiers.» Et Nicolas Bouchaud de s’interroger à la fois sur le «rôle» que tient le médecin et sur les vertus thérapeutiques du théâtre, via notamment une hilarante séance de «prescription» d’un court extrait de Shakespeare. Tout ne coule pas toujours de source dans ce laboratoire - Nicolas Bouchaud parle d’un «théâtre de petits chimistes». Transitions et changements de registre vont sans doute gagner en fluidité dans les semaines à venir. Mais il y a quelque chose de particulièrement stimulant dans cette façon d’avancer simultanément sur la voie du divertissement et de la pensée.

Le clown qui philosophe évoque un autre «original», ce Neveu dont Diderot dressa le portrait il y a deux siècles et demi, écrivant qu’il était de ceux qui «rompent cette fastidieuse uniformité que notre éducation, nos conventions de société, nos bienséances d’usage ont introduite. S’il en paraît un dans une compagnie, c’est un grain de levain qui fermente, qui restitue à chacun une portion de son individualité naturelle. Il secoue, il agite ; il fait approuver ou blâmer ; il fait sortir la vérité.»


René Solis


Un métier idéal d’après John Berger et Jean Mohr m.s. Eric Didry, Théâtre du Rond-Point, 75008. Jusqu’au 4 janvier. Rens. : www.theatredurondpoint.fr

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July 9, 2013 4:48 PM
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«Projet Luciole», la philosophie prend corps

«Projet Luciole», la philosophie prend corps | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Avignon . De Walter Benjamin à Badiou, un tête-à-tête pour incarner la pensée critique. Bref et inventif.

 

Le spectacle a lieu dans l’étroite et haute chapelle des Pénitents blancs. Sur scène, présentés par Truong comme s’il s’agissait d’un débat, deux acteurs sont à table : le grand Nicolas Bouchaud, la petite Judith Henry. Vingt-trois ans ont passé depuis le film qui la fit connaître, la Discrète. Comme Bouchaud, elle a ici un autre type de discrétion, l’intelligence du texte. Sur la table, des livres en tas. L’actrice les fait tomber, les ramasse, les range, les dérange, les colle avec elle au grand Bouchaud : les corps servent de presse-livres.


Philippe Lançon pour Libération


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Projet Luciole de Nicolas Truong Chapelle des Pénitents blancs, à 15 heures et 19 heures, jusqu’à samedi.

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April 19, 2023 6:29 AM
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Nicolas Bouchaud, jeu d’Iago

Nicolas Bouchaud, jeu d’Iago | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Anne Diatkine dans Libération - 18/04/23

 

L’acteur, discret et militant de son art, brille sur la scène de l’Odéon dans «Othello».

 

 

Les cinéastes, les directeurs de casting, les producteurs, les femmes et les hommes politiques, Brigitte et Emmanuel Macron, pléthore d’intellectuels pourtant avertis sont des gens (peu) curieux. Jusqu’à présent, Nicolas Bouchaud, star du théâtre public, n’est jamais entré dans leur champ de vision. Comment font-ils ? Comment font-ils pour ne pas tomber même par hasard sur cette (grande) personne, cheveux en général en bataille, yeux bruns, nez cassé par un ballon de foot, visage avenant et souriant malgré les doutes qui l’assaillent, toujours un ou deux livres dans sa poche dont ces temps-ci le surprenant Traces de l’historien Ernst Bloch, et une capacité beaucoup plus élevée que ses congénères pour établir une relation avec quiconque ? Nicolas Bouchaud n’est pourtant pas invisible. Pour autant qu’on pousse la porte d’un théâtre, aujourd’hui celles de l’Odéon où il fait merveille dans Othello en Iago, on ne voit que lui. Non qu’il éclipserait ses partenaires, ferait son show de son côté, mais plutôt au contraire par sa manière de faire groupe, de lancer la balle, d’établir un lien au présent, ininterrompu, et imprévisible avec la salle, et tout ce qui la traverse.

 

 

A sa manière, Nicolas Bouchaud est un surfeur. La vague, c’est nous. C’est d’ailleurs à peu près ce qu’il nous dit, chez lui, dans le salon qui surplombe Paris, sans vis-à-vis aucun, ce jour de grève et manif. L’espace théâtral est perméable à tous les soubresauts extérieurs, «tous les mouvements de la société». Il rêve d’ailleurs d’inventer tous les soirs un journal sur un plateau pendant un mois. Ce qui provoque son adrénaline n’est pas le plaisir de la répétition, ni même celui «d’échouer mieux, d’échouer encore» comme aurait dit Beckett, mais cette coïncidence entre lui et le public, qu’il n’arrive jamais à anticiper et qui lui permet de vivre au présent ce qui sinon s’apparenterait à une redite. Il ajoute : «Je peux être fatigué de plein d’aspects du métier mais cette appétence du moment de la rencontre ne se dément jamais.»

 

Avec Mathieu Amalric, Nicolas Bouchaud fait partie de cette minuscule confrérie d’acteurs qui n’auraient jamais songé l’être. Il se voyait exercer une fonction «à l’ombre», sans doute metteur en scène, et n’avait «pas du tout envie d’être regardé». N’éprouvait aucun désir de notoriété, assure-t-il. Sans doute peut-on le croire, puisque, vous qui jetez un œil sur cette page mais n’allez jamais au théâtre, vous constatez que, comme les cinéastes, les producteurs, les directeurs de casting, les hommes politiques, le président la République, son épouse, le pape, vous êtes passé à côté de cet «im-mense acteur», comme on le surnomme pour blaguer dans les couloirs de l’Odéon.

Courts-circuits

Nicolas Bouchaud n’a jamais travaillé ailleurs que dans le théâtre public – et il n’est pas croisable sur Insta, mais au café, oui, peut-être. Il constate : «Je vis un paradoxe. A Paris, en province, dans un village, que ce soit lors d’une première à l’Odéon ou dans une petite salle en périphérie de la périphérie, je n’ai pas le sentiment que le théâtre n’intéresse plus les gens ou qu’ils le désertent. On a déjà tourné beaucoup Othello, et la reconnaissance du public est immédiate.» En revanche, il remarque une désaffection des politiques à l’égard du théâtre «vivant». «On pourrait ne pas exister, ça ne changerait rien pour eux. On est dans une tout autre époque que celle de Jeanne Laurent, Malraux, Mitterrand, Lang. L’idée d’une culture subventionnée devient une anomalie pour le capitalisme et l’industrie culturelle !» Petit silence. «Et ça, c’est marrant !» On ne s’attendait pas à cette chute. Nicolas Bouchaud s’interrompt comme quelqu’un qui découvre des crabes sous un rocher. Il aime se pencher sur des problèmes insolubles, qu’ils soient engendrés par les textes qu’il interprète, ou par l’étrangeté des situations. «On a l’impression d’être dans une forme totalement archaïque de résistance. Je me demande toujours si les partis politiques qui arrivent au pouvoir ont une petite idée d’à quoi sert de subventionner la culture. Comme ils n’en savent rien, ils deviennent mécènes de choses dont ils n’éprouvent pas l’utilité, et donc, dont ils ne savent ni ne peuvent en parler.»

 

L’heure tourne. Ses «fluctuations internes» se focalisent sur la représentation du soir qui sera peut-être annulée. Ou pas. L’impossibilité de se déterminer crée des courts-circuits. Il s’éprouve pétri de contradictions. Bien sûr qu’il souhaite que la représentation ait lieu. Et bien sûr qu’il est solidaire des grévistes et comprendrait sa suppression. Il vient d’aller à trois manifs de suite, dont la dernière avec «les petites», les deux filles de sa compagne, Marie Vialle, elle aussi comédienne et metteure en scène. Elle était Elvire, lui Dom Juan, ils se sont rencontrés en jouant dans le spectacle de Jean-François Sivadier en 2016. A propos des deux filles : «J’aime bien regarder le monde à travers leurs yeux. Me montrer un peu stratégique pour leur faire découvrir des activités. Ça ne marche pas toujours.»

«Le jeu est devenu invisible»

Nicolas Bouchaud est un acteur de troupe. Ce qui l’a poussé jeune homme dans une salle de répétition, puis sur un plateau, est le groupe, les amitiés qui se tissent et se solidifient lorsqu’on vit pour un même projet qui ricoche sur un autre et ainsi de suite. Ainsi travaille-t-il depuis toujours avec Véronique Timsit, rencontrée quand ils étaient étudiants – «sur les banquettes du café Wepler», écrit-elle dans une belle préface à un recueil de textes autobiographiques qu’il a écrit – et depuis un quart de siècle avec Jean-François Sivadier. De même, ces projets plus personnels – de la Loi du marcheur d’après des entretiens avec Serge Daney en 2010 au Un vivant qui passe adapté du film de Lanzmann – sont toujours montés avec les mêmes complices. Le secret de cette fidélité ? Véronique Timsit : «Nicolas s’interroge sur lui-même donc il se renouvelle et on ne cesse pas d’avoir envie de travailler avec lui. Il a cette qualité rare de toujours penser le contexte dans lequel on crée un spectacle. Aujourd’hui, il maîtrise son jeu au point de le rendre presque imperceptible. Il ne fait que jouer mais le jeu est devenu invisible.»

 

On avait prévenu l’acteur qu’on s’éloignerait de la maison théâtre. On s’aperçoit que c’est impossible. Non seulement il rencontre amis et amours sur les scènes, mais son enfance s’est également déroulée parmi le brouhaha des plateaux. Sa mère, Danielle Girard est actrice, son père, Jean Bouchaud est scénariste, metteur en scène, auteur et acteur. Tous deux participent à la grande aventure de la décentralisation, notamment à Caen. Adolescent, il découvre ses parents dans un théâtre aujourd’hui disparu : la Cour des miracles, avenue du Maine, où officiait Jean-Michel Ribes«J’étais très troublé que ma mère n’ait pas la même voix qu’à la maison.»

 

 

 

 

1966 Naissance à Antony.

 

1992 Des cercueils de zinc d’après Svetlana Alexievitch.

 

2002 La Vie de Galilée.

 

2010 La Loi du marcheur d’après Serge Daney.

 

2021 Sauver le moment chez Actes Sud.

 

2023 Othello à l’Odéon mis en scène de Jean-François Sivadier.

 

 

Légende photo Nicolas Bouchaud au Théâtre de l'Odéon le 17 Mars 2023. (Roberto Frankenberg/Libération)

 
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January 11, 2021 6:06 PM
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Le grand Nicolas - A propos du livre "Sauver le moment" de Nicolas Bouchaud

Le grand Nicolas - A propos du livre "Sauver le moment" de Nicolas Bouchaud | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat dans son blog Balagan 11 janvier 2020

 

Rares sont les livres écrits par des acteurs qui essaient, sans filtre, de parler de leur pratique. C’est ce que tente et réussit magnifiquement Nicolas Bouchaud dans « Sauver le moment », se penchant à mi-vie sur quelques individus et travaux scéniques, jalons de son itinéraire.

 

Deux de nos plus grandes actrices, Dominique Reymond et Valérie Dréville, nous ont offert de passionnants journaux de répétitions.

La première à travers ses Journaux de répétitions avec Klaus Michael Gruber et Antoine Vitez (éditions Klincksieck/Archimbaud) qu’elle prolonge aujourd’hui (numéro 8 de Parages, la revue du Théâtre National de Strasbourg) avec son journal de répétitions accompagnant la création en langue française de la pièce de Martin Crimp Le reste vous le connaissez par le cinéma dans la mise en scène de Daniel Jeanneteau (lire ici). La seconde avec Face à Médée (Actes sud), journal de répétitions de son travail au long cours avec Anatoli Vassiliev sur Médée matériau d’Heiner Muller (lire ici).

 

"Si tu veux, viens avec nous"

Telle n’est pas la visée de Nicolas Bouchaud. Même si son livre s’ouvre, comme il se doit, sur sa rencontre fondatrice avec un metteur en scène, Didier-Georges Gabily. Cependant, ce dernier était aussi et tout autant un auteur et un chef de groupe, celui du groupe T’chan’G, vite devenu mythique après la mort de Gabily et innervant le cours du théâtre français comme ce livre en est la preuve si besoin était.

 

Nous sommes au tout début des années 90, Bouchaud n’a pas vingt cinq ans, baigne dans le théâtre depuis l’enfance. Il a raté le concours des écoles nationales de théâtre (Paris, Strasbourg), commence à jouer ici et là lorsqu'il entend parler d’un type, "genre fou furieux", qui, dans une cave, répète un spectacle titré Phèdres(s) et Hippolyte(s). Le fou furieux s’appelle Didier-Georges Gabily. En 1991 cela sera Violences, première mise en scène et pièce signée à part entière par Gabily, première manifestation du groupe T’chan’G dans un grand théâtre public (le Théâtre de la cité internationale alors dirigé par Nicole Gautier), un choc. Une date dans l’histoire du théâtre contemporain. Bouchaud qui ne raconte pas sa vie, ne dit pas s’il était dans la salle. Il n’était pas sur scène.Tout son livre part du plateau et y revient.

 

L’année suivante, Nicolas, joue (c’est son second spectacle comme acteur) sous la direction d’Étienne Pommeret. Les deux dieux du théâtre que sont Hasard et Nécessité (de bons duettistes) envoient Gabily s’asseoir dans la salle. A la fin du spectacle, Bouchaud lui parle de son désir de participer au groupe. Gabily lui dit alors qu’il prépare une forme chorale à partir du livre de Svetlana Alexievitch Les cercueils de zinc. Et ajoute : « si tu veux viens avec nous ». Bouchaud se souvient trente ans plus tard : « cette façon de dire me touche ; ça ressemble à une invitation plutôt qu’à un engagement. Je ne l’ai jamais oublié. » Le groupe T’chan’G répète à la Fonderie du Mans, lieu du Théâtre du radeau, Bouchaud côtoie la plupart de celles et ceux qui seront ses compagnons de route par la suite, à commencer par Jean-François Sivadier.

 

 

"Ouvre!"

Le voici sur scène avec ses camarades en répétition. Gabily, que Bouchaud n’appelle plus déjà que Didier hurle : « ouvre ! ». C’est à lui qu’il s’adresse. Alors Nicolas ouvre tout ce qu’il peut. « Ouvre ! » hurle encore Gabily. « Ce n’est plus un mot, ni même un son.  C’est une intensité qui me pousse au bord du déséquilibre, dans un mouvement que je ne maîtrise pas. Je crois alors sentir qu’"ouvrir" veut dire se laisser...se laisser traverser… se laisser transpercer. Comme je ne me surveille plus, quelque chose sort de moi que je ne reconnais pas : une voix inconnue, un geste imprévu. « Ainsi naît le bientôt grand Nicolas Bouchaud. Rares sont les acteurs qui comme lui gardent en mémoire ( dans des cahiers Clairefontaine nous confie Véronique Timsit dans sa préface) les traces de tels moments.

 

Deux courts chapitres plus loin et deux années plus tard, nous sommes à Montluçon où le groupe T’chan’G , accueilli par les Fédérés (Olivier Perrier, Jean-Paul Wenzel, Jean-Louis Hourdin) répète Voix, la seconde partie du triptyque Gibiers du temps écrit et mis en scène par Didier-Georges Gabily. Dans ce court chapitre (tous le sont, à chacun son « moment »), Nicolas s’adresse à Didier et dit un basculement dans sa vie d’acteur: « Je me souviens très précisément de ce moment où j’accepte, où je consens à me laisser regarder ; ce moment où, pour la première fois, je me dis je m’en fous, regardez-moi si vous voulez, ne me regardez pas ou regardez à travers moi si ça vous chante, oui, c’est ça, que votre regard puisse littéralement me transpercer. Je suis là et je ne suis pas là. Je suis invisible. Je peux même penser à autre chose. Je suis vide. J’accueille ». et plus loin pour finir : «  je trouve une forme de confiance qui répond à celle que tu m’as faite dès notre première rencontre. Je voulais aussi te dire ça. » C’est dit.

Au sortir des répétitions du Roi Lear, celui de Rodrigo Garcia, Bouchaud dit avoir retrouvé une « sensation semblable à celle éprouvée avec Didier-Georges Gabily, de débarquer d’un autre monde où se tramaient des choses inimaginables. »

 

"Dire ce que l'on ressent"

De nombreuses pages évoquent quelques uns des nombreux spectacles où quelques membres de ce qui fut le groupe T’chan’G se retrouvent, avec d’autres, autour de Jean-François Sivadier à faire danser le théâtre avec le plus souvent avec des classiques (La vie de GaliléeLa mort de DantonLe Roi Lear, etc.). Une complicité de fratrie et des connivences entre partenaires. Sans rien idéaliser cependant, ainsi l’acteur évoque-t-il une dépression alors qu’il joue Le roi Lear  et c’est comme si le texte de Shakespeare - »

 

Nous devons accepter le fardeau de ces tristes temps, dire ce que l’on ressent et pas ce qu’il faut dire » - dialoguait avec sa vie. Bouchaud se souviendra de cette réplique lorsqu’il jouera seul sur scène, après La loi du marcheur (d’après Serge Daney), Un métier idéal (médecin de campagne) d’après John Berger, poursuivant une longue complicité (suivront Le méridien portant la parole de Paul Celan, puis celle de Thomas Bernhard avec Maîtres anciens) avec Eric Didry (mise en scène) et Véronique Timsit (collaboration artistique, laquelle, disons-le au passage, a finement annoté chaque chapitre et préfacé l’ouvrage).

 

Quand je vois Nicolas Bouchaud évoluer sur scène, quelque soit le texte et le metteur en scène, qu’il soit seul ou pas, je suis comme aspiré par sa façon d’arpenter le plateau, jamais en ligne droite mais dans une sorte de succession de glissements biaisés, de brisures enveloppantes, comme une danse d’approche en somme, et cela lié à sa façon de retarder la profération de la phrase, comme s’il fallait la charger de ce carburant qu’est l’air et la border de silence, s’en suit un léger retrait, une infime ironie du corps qui nous dit : je suis là mais je suis aussi ailleurs.

 

Mais nul mieux que lui à travers ce livre, ne sait dire, ou plutôt essaie au mieux de dire, cette ambivalence d’acteur qui est la sienne : «  En tant que « personnage », je cherche toujours à maintenir un temps de retard sur la fable en train de se raconter, sinon tout se fige dans la maîtrise. En tant que « personne », je cherche l’imprévisible, je m’embarque dans la parole comme on sauterait dans un train en marche, je l’attrape par le milieu, je pense vitesse, sauts, bonds, chutes, ralentissements, courants intensifs, mouvements intempestifs, enclenchement de la pensée, je tire des câbles, je branche des trucs, j’active des flux, il ne s’agit pas de précipitation, mais de rapidité.pas seulement de jouer vite, mais de penser vite ».

 


Sauver le moment par Nicolas Bouchaud, Actes Sud, coll. Le temps du théâtre, 208 p, 20€. En librairie dans deux jours.

 

 

La reprise du spectacle Maîtres anciens (lire ici) au Théâtre de la Bastille était initialement programmée du 21 janvier au 13 février.

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April 7, 2016 5:29 PM
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Le « Dom Juan » de la bande à Jean-François Sivadier monte au ciel 

Le « Dom Juan » de la bande à Jean-François Sivadier monte au ciel  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog de Mediapart
 


Six acteurs seulement pour jouer sur un immense plateau gavé de toiles, de fils et de planches, tout le « Dom Juan » de Molière (sans compter les bonus), l’esprit bateleur du metteur en scène Jean-François Sivadier et de sa bande d’acteurs et collaborateurs emmenée par Nicolas Bouchaud a encore frappé. Et n’oublions pas les techniciens. Ils ne chôment, ils entrent littéralement dans le danse de ce spectacle et viennent légitimement saluer à la fin du spectacle.

De "La Vie de Galilée" à "Dom Juan"

Le soir de la dernière au TNB (Théâtre National de Bretagne) où le spectacle a été créé, le directeur du lieu, François le Pillouer cachaitson émotion sous son immense carcasse. Atteint par la limite d’âge, il quittera à regret son poste à la fin de l’année civile, laissant la saison prochaine faite et bien faite à celui, à celle ou à ceux qui lui succèderont. Quand un metteur en scène quitte la direction d’un grand établissement, sa compagnie est assurée d’une subvention pour au moins trois ans. Quand des intendants de valeur comme Le Pillouer bientôt, comme José Alfarrobail y a peu (théâtre de Vanves) s’en vont, ils se retrouvent le bec dans l’eau. Y a que’que chose qui cloche là d’dans, comme chantait Boris Vian.  

Jean-François Sivadier est artiste associé au Théâtre national de Bretagne depuis l’an 2000. C’est au TNB qu’il a créé en 2001 « La Vie de Galilée » de Brecht. Une boucle se boucle avec « Dom Juan » cette année, les deux pièces formant une sorte de diptyque avec le ciel pour témoin, d’autant plus que « La Vie de Galilée » a remis le couvert cette saison. Entre temps, Sivadier a créé au TNB,  « La Mort de Danton » (Büchner), « La Dame de chez Maxim » (Feydeau), « Le Misanthrope » (Molière), mettant en pratique et glanant les fruits (à commencer par un public fidélisé) d’un théâtre populaire dans ses habits reprisés et remis à neuf, où la connivence est l’amie de la connaissance.   

Tout cela est là à fleur de plateau dans ce « Dom Juan ». Et dans la salle du TNB. Comme c’était à prévoir et à espérer, mi Dom-Juan- ni Nicolas, l’acteur Bouchaud a tôt fait de descendre du plateaupour aller demander leur prénom à deux jolies filles du public, d’une voix plus qu’appétissante assortie du traditionnel regard enjôleur, lesquels prénoms seront intégrés plus tard dans le spectacle. Son Dom Juan est plus un joueur qu’un séducteur, mais c’est un jeu sans règles, tous les coups sont permis pour gagner la (pro)mise. Autre jeu complice : quand le mot ciel est prononcé par l’un des personnages, un compteur lumineux (comme à la Sécu) en décompte le nombre, de 61au dernier « ciel » de la pièce, celui qui n’emporte pas les belles au septième ciel comme l’aura fait si souvent l’hidalgo Dom Juan mais foudroie ce dernier qui, jusqu’au dernier instant, refuse de croire au ciel. Un athée endurci.

Une pièce audacieuse et gigogne

On le sait, Molière a écrit cette pièce juste après le querelle du « Tartuffe » qui lui avait valu les foudres de l‘église. « Tartuffe » était moins une pièce contre cette dernière que contre l’hypocrisie, mais Dom Juan n’est pas loin de penser de toute religion relève de l’hypocrisie, de l’intox, heureusement que Daech ne lit pas Molière pourtant traduit arabe depuis longtemps. Molière sait que sa situation est compliquée, il écrit vite son« Dom Juan », Jouvet souligne cette rapidité quand il travaille la pièce au Conservatoire. Il n’a pas le temps de revoir sa copie, d’en domestiquer la portée.  Comme l’écrit Jacques Copeau, de toutes les pièces de Molière, « Dom Juan » est « celle où il a montré le plus d’audace », c’est aussi « la plus surprenante à coup sûr ».

Cependant, ce n’est pas la mieux construite. Elle n’a pas la perfection du « Misanthrope », mais elle crée un personnage comme celui d’Elvire, unique dans le théâtre de Molière et la scène du pauvre, est, elle aussi, unique. Dom Juan rencontre un homme qui fait l’aumône, il lui demande d’adjurer sa foi dans, son amour du dieu chrétien, contre un louis d’or. L’homme affamé refuse, Dom Juan finalement lui donnera le louis d’or « pour l’amour de l’humanité ». La scène fut coupée lors de sa création, dès la deuxième représentation, un panneau lumineux « scène censurée »ponctue la séquence dans la mise en scène de Sivadier. Le  rôle-titre, interprété par Nicolas Bouchaud, nous montre un Dom Juan amoureux du genre féminin comme Georges Brassens (chanson dans le spectacle) et des jeux amoureux comme Le Marquis de Sade, autre pourfendeur de l’hypocrisie (extrait de « La philosophie dans le boudoir » dans le spectacle).    

Quand Molière se défoule

Molière fait aussi de « Dom Juan » une pièce à grand spectacle, il y recycle probablement des machines à effets théâtraux, des toiles peintes, des morceaux de décor. C’est un aspect qui n’a pas échappé à la sagacité de Louis Jouvet, qui fut le « Jouvey » régisseur de scène de Copeau. Sivadier renoue avec ces machineries, ces toiles, ce côté bricolé à la diable. La scénographie qu’il cosigne avec Daniel Jeanneteau et Christian Tirole  multiplie les effets de lumière, de fumigènes, de planches et de rideaux sur un plateau dominé par un ciel de sphères, de boules de cristal, une galaxie (clin d’œil à Galilée).

Molière se défoule et s‘en donne à cœur joie, Sivadier et ses acteurs aussi. La  représentation connait parfois des effets de tassements, c’est une des conséquences de la construction à la diable (si je puis dire) de la pièce. Vincent Guédon, excellent Sganarelle, ouvre les festivités avec la fameuse tirade du tabac qui met le public en appétit : « qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre » ! Comme il est réjouissant d’entendre ces mots dans un monde où l’interdiction de fumer transforme certains (surtout des anciens adeptes) en fervents de l’intolérance.


Scène de "Dom Juan" © Brigitte Enguerand
Saluons les autres acteurs, Marie Vialle qui est à la fois Elvire (la femme épousée et abandonnée) et Mathurine (l’une des deux paysannes sur lesquelles Dom Juan jette son dévolu), Stephen Butel qui joue le paysan Pierrot et le créancier Monsieur dimanche, Marc Arnaud à la fois valet et frère d’Elvire, et Lucie Valon qui revient en homme pauvre après avoir été Charlotte, la première paysanne séduite.

L'hypocrisie de l'Eglise jusqu'au tombeau

La pièce fut peu jouée du temps de Molière. Et disparait presque des radars par la suite. Quand Jouvet entre comme professeur au Conservatoire dans les années 1930, elle n’y est pas étudiée. Sa mise en scène de « Dom Juan », après celle de Copeau, apparaît sombre et cérébrale, avec une Elvire passant de « l’extase amoureuse» à « l’extase religieuse ». Elle devait imprimer sa marque sur les mises en scène futures. Sivadier et sa bande réhabilitent son impatience, son impertinence et sa truculence.

Quoi qu’il en soit, Dom Juan meurt foudroyé parce qu’il ne croit pas en Dieu. Molière mourra sans signer « l’acte de renonciation » au métier de comédien, si bien qu’il ne recevra pas les derniers sacrements. Il sera toutefois enterré chrétiennement mais selon les ordres  de l’Archevêché en loucedé, un service plus que minimum :« sans aucune pompe, et avec deux prêtres seulement, et hors des heures du jour ». L’hypocrisie de l’Eglise aura eu raison de lui, sa postérité le vengera. Dédions cet article au Prélat des Gaules.

Après sa création au Théâtre national de Bretagne, le spectacle part pour une longue tournée :

Théâtre National de Bordeaux jusqu’au 9 avril

 Cergy-Pontoise, l’apostrophe du 12 au 14 avril

Le Mans, les Quinconces, du 20 au 22 avril

Châteauvallon, CNDC, du 26 au 30 avril

La Roche-sur-Yon, le grand R du 11 au 13 mai

La Rochelle, la Coursive, du 18 au 20 mai

Villeneuve d’Ascq, la Rose des vents, du 24 au 27 mai

Montpellier, Printemps des comédiens du 9 au 11 juin

Odéon théâtre de l’Europe, Paris du 15 sept au 4 nov

Théâtre de Vidy-Lausanne, du 23 nov au 17 déc

Puis Théâtre National de Strasbourg et MC2 de Grenoble en janvier 2017

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March 25, 2016 6:49 PM
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Dom Juan de Molière, mise en scène Jean-François Sivadier

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Dom Juan, sans peur et sans panache

Par Fabienne Darge dans Le Monde :



Comment peut-on croire en un dieu en carton-pâte ? Et un dieu peut-il être autre chose que cela, du carton-pâte, une illusion, une idée, un (mauvais) personnage de théâtre, une création venue de l’esprit de cette créature autrement brillante que lui, l’homme ? Il semblerait bien que ce soit ce que nous disent Jean-François Sivadier et son équipe, dans ce Dom Juan créé à Rennes le 22 mars, et qui va ensuite voyager pendant de longs mois à travers la France.

Car Dieu n’est pas très bon acteur, dans ce spectacle. Non plus que Dom Juan d’ailleurs qui, incarné par Nicolas Bouchaud (lui excellent comédien), a tout d’un ringard de seconde zone dans une soirée karaoké du samedi soir. Dom Juan est peut-être un séducteur sur le retour, mais il a un truc : il n’a pas peur. Et jusqu’au bout, il blasphémera s’il a envie de blasphémer, et il affrontera la chimère divine sans reculer et sans ciller, préférant la chair fraîche aux vues de l’esprit.

Bric-à-brac imaginaire

Dans Dom Juan, une des grandes machines de guerre lancées par Molière contre les hypocrisies sociales et religieuses, Dieu tue. Ou plutôt les hommes tuent en son nom, comme ils tuent en son nom depuis de longs mois, de longues années, des siècles. Mais là, cela s’était passé le jour-même, à Bruxelles, lors de cette première du 22 mars, et c’était aussi déboussolant pour les spectateurs que pour la troupe de Sivadier, qui n’a évidemment pas choisi de monter cette pièce par hasard.

Jean-François Sivadier, Nicolas Bouchaud et leurs comparses abordent Dom Juan à leur manière, en tenants d’un théâtre ludique et jouissif, qui joue avec un plaisir presque enfantin des codes de la théâtralité. Leur spectacle brasse tout un bric-à-brac imaginaire, des Trois Mousquetaires au folklore bretonnant – le paysan Pierrot s’exprimant en breton pour la plus grande joie des spectateurs rennais. Il décline l’idée du toc, du faux, sur tous les tons.

Le parti pris n’est pas simple. Il n’est pas sûr qu’il ait été tout à fait tenu ni tout à fait lisible lors de cette première du 22 mars, où tout le monde, acteurs comme spectateurs, semblait perclus de tristesse, après ces attentats de Bruxelles, et où Nicolas Bouchaud a d’ailleurs manqué se blesser en glissant sur le plateau. Ce Dom Juan est apparu par moments comme un peu kitsch, un peu forcé du côté de la farce.

« Jeu dans le jeu »

La mayonnaise devrait prendre avec le temps, au vu des qualités néanmoins nombreuses réunies sur le plateau. La soirée offre d’abord le plaisir de retrouver ou de découvrir trois piliers de la troupe de Sivadier, virtuoses dans ce « jeu dans le jeu » qu’a développé le metteur en scène français : Vincent Guédon, qui aborde Sganarelle, comme tous ses rôles, avec fraîcheur et finesse ; Stephen Butel (Pierrot, Dom Alonze), toujours entre le rire et l’effroi ; et bien sûr Nicolas Bouchaud, qui ne cherche pas à rendre le « grand seigneur méchant homme » sympathique ou flamboyant. C’est un libertin au petit pied, qui lit La Philosophie dans le boudoir, de Sade, et ne s’attache à rien, si ce n’est à son désir de vivre comme il l’entend.

La scénographie à surprises et à métamorphoses est également une vraie réussite, dans le registre du théâtre de plateau. Avec tout cela, on saluera l’obstination que les Sivadier-Bouchaud mettent à poursuivre dans la voie d’un théâtre populaire de qualité, qui semble de plus en plus abandonné par les élites politiques et médiatiques, au profit de projets aux accents plus « people », ou destinés à entretenir le snobisme d’une micro-élite, quand ce n’est pas les deux à la fois. Pour toutes ces raisons, et malgré les réserves émises, on peut penser que le Dom Juan de Jean-François Sivadier est bien plus utile dans le paysage que des spectacles qui ne flattent que le narcissisme de quelques-uns.




Dom Juan, de Molière. Mise en scène : Jean-François Sivadier. Théâtre national de Bretagne, 1, rue Saint-Hélier, Rennes. Tél. : 02-99-31-12-31. Du lundi au samedi à 20 heures, jusqu’au 2 avril. Durée : 2 h 45. www.t-n-b.fr. Puis tournée jusqu’en janvier 2017, à Bordeaux, Cergy-Pontoise, Le Mans, Châteauvallon, La Roche-sur-Yon, La Rochelle, Villeneuve-d’Ascq, etc., et, en septembre, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe.

Fabienne Darge (Rennes, envoyée spéciale)
Journaliste au Monde

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December 14, 2015 6:37 PM
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Le Méridien, un projet de et avec Nicolas Bouchaud, d’après Paul Celan, mise en scène Éric Didry

Le Méridien, un projet de et avec Nicolas Bouchaud, d’après Paul Celan, mise en scène Éric Didry | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Véronique Hotte pour son blog Hottello :

 

Paul Celan écrit Le Méridien, Discours prononcé à l’occasion de la remise du Prix Georg Büchner à Darmstadt, le 22 octobre 1960, soit la « contre-parole » d’un poète qui s’exprime en allemand – la langue de sa mère comme celle des bourreaux nazis. À travers le théâtre de Büchner – La Mort de Danton, Woyzeck, Léonce et Léna, Lenz -, Celan livre sa perception de l’art et de l’acte poétique, prenant appui sur la tirade de Camille Desmoulins à propos de l’art dans La Mort de Danton. La mise en scène élémentaire et raffinée du Méridien par Éric Didry, avec le comédien Nicolas Bouchaud à l’engagement sincère et entier, se donne sur la scène comme une performance poétique, la mise en marche lumineuse d’une poésie existentielle, d’un pas de côté singulier et de dégagement souhaité sur le chemin même de l’art. La poésie n’advient que lorsque l’art se renverse, coupant le souffle et l’inversant ; celui-ci renaît autrement, quand celui qui marche sur la tête – le poète – « a le ciel en abîme sous lui. » Nicolas Bouchaud arpente le plateau de théâtre, un tableau d’école renversé à ses pieds, tel l’abîme céleste : il évoque la charrette sur la place terrestre de la Révolution, aujourd’hui place de la Concorde, avec à son bord, Danton, Desmoulins et les autres. L’acteur dessine à la craie les marches de la guillotine empruntées par les révolutionnaires, ce 5 avril 1794. Et Lucile, l’épouse de Camille, au spectacle des exécutions achevées, s’écrie : « Vive le Roi ! » L’invective n’est pas un hommage rendu à la Monarchie mais à « une majesté du présent, témoignant de la présence de l’humain, la majesté de l’absurde ». La poésie incarne « la vie du presque rien », les « tressaillements », les « allusions », la « mimique très fine qu’on remarque à peine », soit le naturel de la créature, l’évidence de l’expérience vécue.

Le sentiment du vivant est l’unique critère en matière d’art qu’il faut savoir élargir, le naturalisme marquant les racines sociales et politiques de l’œuvre même de Büchner. Le poète en général, parle au nom d’un Autre ou d’un tout Autre – se refusant désormais à le nommer Étranger – gardant le cap sur lui, d’abord accessible, vacant, et tourné vers le poème, en même temps que le poème conserve paradoxalement et nécessairement une forte propension à se taire, entre le déjà-plus et le toujours-encore d’une conscience claire et autorisée par le pouvoir de la langue. Le poème n’oublie pas non plus qu’il parle selon l’angle de la pente de son existence, de sa condition de créature. Le poème est présent et présence d’un seul, tourné vers l’autre, un dialogue désespéré : « Le poème se tient dans le secret de la rencontre. » Walter Benjamin dans son essai sur Kafka cite le mot de Malebranche : « L’attention est la prière naturelle de l’âme. » Entre le Je et le Tu, se tient le présent du poème qui laisse parler le temps, ce que l’Autre a de plus personnel. Et la poésie est bien « cette parole qui recueille l’infini là où n’arrivent que du mortel et du pour rien », les petits signes imperceptibles du vivant qui font mur contre la barbarie.

Un spectacle en forme de questionnement et de démonstration vive – admirable.

Véronique Hotte

Théâtre du Rond-Point, du 25 novembre au 27 décembre à 20H30. Tél : 01 44 95 98 21

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November 21, 2015 5:53 AM
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"SI ON SE MET DANS LE CHEMIN" : ENTRETIEN AVEC NICOLAS BOUCHAUD

"SI ON SE MET DANS LE CHEMIN" : ENTRETIEN AVEC NICOLAS BOUCHAUD | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Bruno Paternot pour inferno-magazine : 

http://inferno-magazine.com/2015/11/21/si-on-se-met-dans-le-chemin-entretien-avec-nicolas-bouchaud/


C’est certainement un des acteurs les plus brillants de sa génération. Engagé à tous les sens du terme, c’est un acteur à part entière qui  jette son corps dans la bataille des idées. En ce trimestre, il s’agit des notions défendues dans le texte éminemment hermétique de Paul Celan : Le Méridien. De la notion d’Art à celle de Poésie, l’acteur déroule la pensée comme un tapis moelleux qui ne demande qu’à accueillir le spectateur.
Inferno : Dans votre spectacle, Lenz est cité par Büchner, cité par Celan, cité par Bouchaud. Se placer dans la continuité de cette famille littéraire (et masculine), c’est finalement très orgueilleux ?
Nicolas Bouchaud : Au contraire, absolument pas. Je l’ai toujours réfléchi comme la mise en place d’une, comment dire, d’un méridien ! C’est à dire une ligne qui relie plusieurs personnes de façon assez arbitraire et dont on comprend la nécessité de cette ligne. « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament » disait René Char. Et bien nous sommes entièrement libres d’utiliser les pensées du passé comme on veut et donc aussi de se mettre sur la même route que des personnes qu’on n’a jamais connues. On a la possibilité de s’inscrire dans un chemin qui n’est pas le notre. Cette chaîne, c’est un discours mais c’est aussi un journal de lectures de Celan -qui sont aussi des notes-, une réflexion sur les autres auteurs. Sur Büchner ce n’est pas du tout une réflexion universitaire. Décréter que le « Vive le roi » de Lucile à la fin de La mort de Danton c’est l’apparition de la poésie, il n’y a que lui qui peut nous le dire ! Ce type de lecture-là me passionne. J’aimerais être capable de lire comme Ceylan. Lui donner ou lui trouver encore plus de vie. De lui ouvrir toutes ses réalités possibles. C’est la capacité qu’a Ceylan de prendre Büchner ou Lenz. Et dans le projet je m’y ajoute. Et ça, ça crée un socle. Ca crée une géographie totalement imaginaire mais qui peut être un édifice important du spectacle si on y va à fond dedans. Si on se met dans le chemin. Donc au contraire, j’ai plus l’impression que c’est un mouvement qui dit que même si on est seul sur scène, on est très peuplé. Ce n’est pas moi qui vous intéresse, ce sont tous les gens qui sont en moi et qui sont là devant vous. Les interlocuteurs mentaux de Celan dans Le Méridien. On pourrait imaginer un spectacle sur ce spectacle, à la Borges, un truc sans fin…
Cette construction libre de son propre héritage, c’est quelque chose de très intime. Est-ce qu’il y a besoin d’un public pour ça ?
C’est très important qu’il y en ait. J’ai une drôle de sensation avec ce spectacle, contrairement aux deux autres solos*. Je n’ai pas l’impression de le jouer. Je n’ai pas l’impression d’interpréter quelque chose et je n’ai pas non plus exactement l’impression d’être dans la peau d’un acteur. C’est à dire que j’ai l’impression de me mettre au service de cette parole très exigeante de Celan sur l’écriture. De ce à quoi qu’elle nous ouvre. Et c’est d’abord d’être dans l’attention aux choses. C’est à dire attendre que ça apparaisse. Celan nous apprend à être aux aguets. Et je crois que c’est d’abord ça que nous fait la poésie : elle ouvre cet espace-là chez nous, avant d’ouvrir l’espace de notre compréhension. On se dit : « oh lala c’est obscur Mallarmé, Hölderlin, Rimbaud… » On se dit d’abord « je ne comprends pas ». Le geste du spectacle, c’est le désir d’ouvrir en soi quelque chose qui ne serait pas lié au « comprendre » ou au « ne pas comprendre ». Est-ce que vous acceptez d’être déporté dans un paysage que vous ne reconnaissez pas ?


Est-ce que vous diriez qu’Eric Didry, le metteur en scène, est un compagnon de route ?


Oui.


Qu’est ce que ça veut dire ?


Je dirais que c’est Eric et c’est toute l’équipe. Dans le temps des répétitions, ces spectacles se sont faits dans une très grande circulation de la parole. Et je dirais que oui, il y a un accompagnement. La principale qualité d’Eric, c’est d’accompagner. Je choisis les textes et je propose. Nos places respectives à tous ne sont pas définies donc je dis que tout le monde s’accompagne dans les projets respectifs. Et chacun est plutôt très attentif à ce que l’autre va proposer, à ses envies, à son désir.
Je crois qu’à chaque fois, sur les trois projets, il y a une séance au tout début -quand on fait le travail d’adaptation du texte- où Véronique et Eric me posent des questions. Ils essayent de comprendre ce qui me touche intimement dans le choix de ces textes. La vase elle se fait là, c’est ça le fondement en fait. Et après on invente à partir de ça un plateau et un spectacle.


Et qu’est ce qui vous touche intimement dans les textes que vous choisissez ?


Je pense qu’il y a des choses inconscientes là-dedans. Mais disons que la première entrée pour moi dans le texte, quand je l’ai lu la première foi,s c’est que ça c’est vraiment déposé et que ça peut vraiment décoller. On a été jouer un des spectacles dans un village avec rien : pas de son, pas de lumière, pas d’espace et là le spectacle a pris son sens. Quand on est seul sur un plateau, on a envie qu’il y ait des espèces de garde-fous.
La chose qui est constante à chaque fois c’est de se dire : « Quelle expérience on va faire cette fois avec les gens » ? Et quelque soit l’expérience, on va faire un chemin ensemble et on va y aller pas après pas et ca se sera visible, se sera pas masqué. On va partir d’un point A et arrivera à un point B. Comme si j’organisais des excursions dans la montagne. Avec Ceylan c’est en haute montagne ! Il y a des moments plus raides et des petits plats. Mais au final, le point de vue vaut toujours le coup…


Rien n’est masqué ?


Rien. On va y aller pas à pas. C’est que j’intègre dans le jeu, je ne masque pas les virages à 180 degrés que je dois prendre à certains moments. Si je les masquais, personne ne suivrait, on ne verrait pas le danger. Il n’y a pas d’enrobage. Et pourtant, de l’autre bord, je tiens énormément à ce qu’il y au une vraie scénographie, des lumières… C’est un spectacle. C’est quoi les conditions de la représentions pour que ce texte puisse être entendu ? De l’autre bord, on se sert aussi beaucoup des outils du théâtre.


C’est un spectacle que vous jouez beaucoup et sur de longues séries. C’est important pour le projet ?


Oui, forcement, c’est important. Parce que globalement sur les spectacles qui se font en France, il y a beaucoup de spectacles qui jouent peu. Jouer dix fois un spectacle c’est très malheureux, difficile, ça ne veut rien dire. Je suis persuadé de plus en plus que j’aime plus les représentations, que je travaille plus en représentation. Il y a une vie qui est donnée à chaque fois. Il n’y a pas une seule fois où je me suis dit : « j’en peux plus sur ces trois solos ». Je ne suis pas fatigué par les voyages, les tournées etc.


Vous êtes attaché à cette notion de répertoire ? Que se soit vos solos ou bien les reprises des spectacles de Jean-François Sivadier, ce sont des projets qui s’inscrivent dans le temps. Dans le temps des représentations et dans les années, dans des reprises.


Le truc du théâtre c’est que, contrairement au cinéma, c’est nous qui nous déplaçons ! On est toujours très surpris quand on joue beaucoup, ça c’est dingue, ça m’est arrivé de faire une centième représentation et de retrouver un état de grâce. On a joué énormément et, tout d’un coup, c’est la meilleure représentation qu’on n’ait jamais faite. Après, il y a des spectacles qu’on a moins envie de reprendre. J’ai été très surpris quand on a repris Galilée avec Jean-François Sivadier : on avait arrêté en 2005 et ça a été une joie constante de reprendre. Dix ou 15 après le spectacle gagne en intensité, en profondeur. A tous les coups ça marche. Et puis c’est très intéressant dans cette histoire Galilée : est ce que la forme qu’on avait inventée en 2002 était encore pertinente en 2015 ? Et en fait, oui. Et ce qui est très beau aussi dans les reprises, c’est cette histoire de génération. Des gens de vingt ans viennent le voir et entendent ce texte sublime. Et ça, c’est formidable. Les reprises, c’est l’endroit où le théâtre peut se venger du cinéma. On peut être eternel. Tous les dix ans, avant de mourir, on peut le refaire. Et puis, peut-être qu’après, d’autres le referont, après tout. Quand on n’a jamais vu Café Muller**, on est très content de pouvoir le voir. C’est aussi un rapport à l’histoire qui est important.
Vous parliez de la fatigue des tournées. Lorsqu’on vous voit aussi entier, aussi incarné pendant les représentations, on doit se dire que les représentations fatiguent. A moins qu’elles régénèrent ?
Elles régénèrent à chaque fois et c’est toujours une espèce de petit miracle, on ne s’attend pas à ce que ça fasse ça. Je pense que c’est lié à l’adresse qui est assez directe : on a un retour de service de la part de la salle et ça nous entraîne comme dirait Daney et c’est ça qui régénère. Et puis, c’est aussi le signe qu’on se dit qu’on ne s’est pas trompé sur le choix de ce qu’on a voulu mettre sur le plateau. Parce que quand même au départ, on avait beaucoup de question ! Dans le texte, c’est le plus exigent des trois.
Ce sont des blocs à chaque fois. C’est nécessaire après la création d’avoir suffisamment de représentation pour qu’on comprenne le spectacle, qu’il mute dans son rapport avec le public. Ça, c’est très très important. Contrairement aux projets ave Jean-François Sivadier où ce sont des gros tronçons, j’essaie avec les solos de ne pas enquiller huit mois d’affiler. Sur Le Méridien, c’est formidable, que ce soit le TNS, HTH, la série à Lausanne ou au Rond Point, on joue beaucoup à chaque fois. Sur un projet comme ça, je suis très heureux d’avoir ces partenaires-là qui disent « ok ».
Ce qui est amusant quand on est tout seul, c’est qu’on peut faire son propre répertoire. Bien qu’il y ait un moment où il y a toujours le désir de la création. Là, on vient de créer. J’aimerais bien rependre les trois à un moment, on l’a bien fait avec deux.
Des liens se tissent entre les trois ?
Pas autant que je le pensais. Les sujets sont extrêmement différents. Même si c’est la même personne, ce sont des gestes très différents. Mais, comme à chaque fois, on a prit des textes qui posent beaucoup de questions, les gens me disent : « ok j’en ai vu un mais en voir deux à la suite, c’est trop. Dans deux jours je reviens voir l’autre ».
Pour l’instant, il y en a trois. Mais, d’ici dix ans, peut-être y en aura-t-il 4, 5 ,6…
Ça, je ne sais pas encore. Je vais ré-impulser des projets mais je ne sais pas quelle forme ils auront. Peut-être pas en solo. Sauf à nouveau si une matière arrive et que je me dis qu’on ne peut pas la faire autrement que seul. A chaque fois on s’est demandé si on ne devait pas être deux ou trois. Ça ne nous est jamais apparu pertinent. J’ai envie de travailler là-dessus, qu’est ce qui est le plus pertinent ? Bon, pour l’instant c’est bien s’il n’y a qu’une personne. A chaque fois qu’on parlait de ça, il y avait des choses d‘illustrations qui arrivaient. Il y a d’abord le désir d’un texte ou d’une parole et de comment on fait. Ça dépend de ça.
Rien n’est fermé, tout est ouvert…
Pour l’après ? Complètement. Oui. Et puis, on ne sait jamais ce qui va remonter à la surface. Après Daney, jamais je ne me suis dit que j’allais travailler sur Berger. Pour Celan, c’est pareil. On ne sait jamais.


Propos recueillis par Bruno Paternot


*La loi du marcheur d’après Serge Daney en 2011 et Un métier idéal d’après John Berger en 2013. Les deux spectacles ont été montés collégialement avec la même équipe de création sur une proposition initiale de Nicolas Bouchaud.


** La Chorégraphe Pina Bausch a signé plusieurs pièces qui sont restées dans l’histoire de la danse contemporaine comme des marqueurs de l’époque. Avec Les Œillets ou Café Müller, elle invente ce que les historiens de la danse ont retenu comme Danse-Théâtre.
Le Méridien : Un projet de et avec Nicolas Bouchaud d’après Le Méridien de Paul Celan – Mise en scène : Éric Didry – Traduction : Jean Launay, Irène Bonnaud – Adaptation : Nicolas Bouchaud, Éric Didry, Véronique Timsit – Collaboration artistique : Véronique Timsit
2 — 16 OCTOBRE 2015 THÉÂTRE NATIONAL DE STRASBOURG (67)
27 OCTOBRE — 7 NOVEMBRE 2015 THÉÂTRE DE VIDY-LAUSANNE (SUISSE)
10 — 14 NOVEMBRE 2015 HTH MONTPELLIER (34)
25 Novembre – 27 Décembre 2015 au Théâtre du Rond-point Paris (75)

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October 12, 2015 5:46 PM
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Nicolas Bouchaud serre chaleureusement la main de Paul Celan

Nicolas Bouchaud serre chaleureusement la main de Paul Celan | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog  :

 

Après « La Loi du marcheur » dans les pas de Serge Daney (lire ici),  puis « Un Métier idéal » (médecin de campagne) en dialogue avec John Berger (lire ici), voici « Le Méridien » d’après le texte du poète de langue allemande, Paul Celan. Initiateur et unique acteur de ces trois spectacles : Nicolas Bouchaud, le grand.


Nicolas Bouchaud dans "Le Méridien" © Jean-Louis Fernandez
Un acteur à trois têtes
Grand dans tous les sens du mot. Dans ma mythologie personnelle, Nicolas Bouchaud fait la jonction entre un acteur que je n’ai jamais vu jouer, Gérard Philipe (acteur populaire et citoyen porte-parole des acteurs) et celui que j’ai suivi jusqu’à sa précoce disparition, Philippe Clévenot (acteur emblématique de sa génération, grand lecteur et dénicheur de textes). Bouchaud fait la synthèse.

 Dans la préparation de ces spectacles où il seul en scène, le travail en équipe est primordial, comme un grand sportif. Une même équipe  l’accompagne depuis « La Loi du marcheur » : un entraîneur (Eric Didry) et un sparring partner (Véronique Timsit) avec lesquels il boxe les textes, échafaude les stratégies d’attaque. Et des soigneurs (Elise Capdenat pour la scénographie, Philippe Berthomé pour les lumières et Manuel Coursin pour le son).

Nicolas Bouchaud est une bête de scène à trois têtes. 1- Auprès de son ami le metteur en scène Jean-François Sivadier, il incarne les héros du répertoire : Galilée, Lear, Alceste, bientôt Don Juan. 2- Il  aime se retrouver dans un dialogue solitaire avec des spectateurs à travers des textes qui ne sont pas du sérail mais cependant y fouaillent indirectement.3- C’est un acteur citoyen,  propre parole de ses camarades quand il faut publiquement interpeller un ministre ou dénoncer une opération com’ d’un théâtre national sous couvert de geste social. La synergie de ces trois paramètres assure l’excellence de l’embrayage : l’amitié du spectateur.

 

Lire l'article entier de Jean-Pierre Thibaudat :  http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-thibaudat/121015/nicolas-bouchaud-serre-chaleureusement-la-main-de-paul-celan

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May 31, 2015 6:54 AM
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La vie de Galilée, de B. Brecht, mise en scène Jean-François Sivadier

La vie de Galilée, de B. Brecht, mise en scène Jean-François Sivadier | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Orélien Péréol sur le site Agoravox  :

 

La vie de Galilée (le ciel est en nous)

 

Cette Vie de Galilée fait flèche de tout bois, brûle les planches avec jubilation. L’essentiel du décor est dans le sol, amovible.

 

Alors que si souvent, le sol de la scène n’a pas de signification théâtrale, dans une convention qui va de soi, n’a pas besoin d’explications, Jean-François Sivadier et Christian Tirole inversent la proposition et ne construisent de décor que du sol, à partir du sol. Les comédiens jouent sur un plan incliné de caillebotis, « d’Ikea » nous dit Galilée au passage, qui ne représente aucun lieu, rien d’autre que lui-même et se transforme plusieurs fois. Il en sort toute sorte de choses, des pans de murs, des cachettes contenant des objets fondamentaux (la lunette astronomique), des expériences inédites à l’époque et que nous connaissons suffisamment bien aujourd’hui (qu’est-ce qui flotte ? Pourquoi ce qui flotte flotte-t-il ? Question de forme des objets ou question de masse volumique ?). L’espace se déploie de diverses façons, des pans s’écartent (ils sont montés sur roulettes), des mini-scènes se créent ailleurs sur les côtés… La transformation, l’invention de l’espace scénique y est permanent.

JF Sivadier s’est donné une grande liberté par rapport au texte, il s’est permis des anachronismes, des allusions à l’actualité, un moment d’improvisation qui est la pièce et qui n’est pas la pièce… (Le doute ? Qui doute ? La science, c’est le doute ?) Le spectacle débute par un mime de Nicolas Bouchaud, très drôle et qui est une grande devinette à laquelle le public est convié directement.

Il s’est donné la même grande liberté quant aux personnages, quant aux costumes, décalés, intemporels le plus souvent mais pas tout le temps… Et avec toute cette distance, tout cet humour, les forts éléments philosophiques de la pièce de Brecht sont tout-à-fait portés au public : croire ou aller voir (faire des constats) ; le centre du monde et l’orgueil des hommes ; le renversement « révolutionnaire » ; la « percolation » des représentations scientifiques qui sous-tient la société et la motivation de chacun à vivre sa vie dans les règles communes de la socialité (le vivre-ensemble) ; le temps, l’argent de la recherche ; l’opportunisme (rester en vie, pour soi bien sûr, ne pas souffrir et aussi garder toute chance de réaliser son but : se faire entendre, se faire créditer) ou être soi, dire ce qu’on a à dire quoiqu’il en coûte (l’exil, l’élimination sociale, la réduction au silence, la mort)…

La phrase de Galilée « penser est l'un des plus grands divertissements de l'espèce humaine ». Le plaisir de penser contamine le spectacle, dans une idée de gai savoir et de gaie recherche pas si fréquente. Les pouvoirs publics, à l’époque l'Église et sa Sainte Inquisition, sont surtout pour le silence, la question n’est pas tant de contredire Galilée que de rester secret sur la nature et le fonctionnement des étoiles qu’on voit dans le ciel. La recherche scientifique de nos jours se heurte à d’autres pouvoirs répressifs : les multinationales industrielles, qui ont plus de pouvoir que les Etats (plus de capital, plus d’argent, plus d’actions bénéfiques pour tout un chacun et dont les bienfaits sont plus visibles), secondées parfois par des élus, contraints ou volontaires. Les climatosceptiques, par exemple, sont plutôt crus. Mais faut-il tout dire ? Et le vrai est-il toujours cru ? Ne préfèrent-on pas les mensonges qui rassurent aux vérités qui dérangent ? Science et théâtre font appel à la raison et à l'imagination, se basent sur l'expérience et la création, l’imaginaire créatif, visent à comprendre et à agir, à changer le monde. Programme immense devant lequel il vaut mieux rester modeste, même quand on occupe une place de choix.

Brecht, paraît-il, n’aimait pas trop cette pièce. Il craignait que le spectateur ne s’identifie trop facilement à Galilée. C’est pourtant une des forces de sa pièce, que tout passe par Galilée, tout et de nombreuses contradictions.

Nicolas Bouchaud porte ce personnage dans toutes ses facettes et facéties avec une aisance impressionnante, entouré du chœur changeant parfaitement habité par les comédiens, le tout dans une fantaisie sérieuse et parfois délirante concoctée par JF Sivadier, et ce n’est pas là sa moindre qualité.

    Lire l'article sur son site d'origine (avec extrait vidéo) http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-vie-de-galilee-le-ciel-est-en-168009?var_hasard=8467986725569e05866572
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April 5, 2015 9:29 AM
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Le docteur Sassal prend le pouls de l’acteur Nicolas Bouchaud : excellent !

Le docteur Sassal prend le pouls de l’acteur Nicolas Bouchaud : excellent ! | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog de Mediapart :

 

On vient voir l’acteur solitaire comme on va consulter le médecin : pour en savoir plus sur soi-même. Logiquement l’acteur Bouchaud  s’appuie sur l’histoire d’un médecin Sassal pour se livrer aussi à une introspection de son propre cas, puisque, lui aussi exerce, un « métier idéal ».

Le spectacle épouse ainsi le chemin divaguant autour d’un axe qui est celui du livre. Jean Mohr ne se contente pas de photographier le médecin, il nous montre aussi son cabinet, la salle d’attente, la campagne alentour, le visage des patients-habitants. John Berger, comme à son habitude, écrit un ouvrage composite, il part de ce héros véritable qu’il suit à la trace auprès de quelques patients dont il nous rapporte les cas, pour bientôt butiner ici et là s’interrogeant sur les conditions de vie dans ce coin perdu de la campagne anglaise des années 60, sur la relation  médecin- patient, sur le rôle du médecin dans la vie du village et sur son propre travail d’écrivain.

Nicolas Bouchaud reprend les dires de Berger mais aussi sa méthode d’approche, passant du gros plan au plan large et multipliant les écarts, les renversements, les digressions tout comme les cadrages de Mohr. Un art de la divagation que fait d’autant plus sien Bouchaud qu’il le pratique sur scène depuis des années, en entraînant ses jambes et ses personnages dans des pas de côté, des courses, des échappées où on ne les attendait pas. Tel le boxeur dans le coin de son ring, il n’est pas seul  mais conseillé par son entraîneur (le metteur en scène Éric Didry)  et rafraichi par sa soigneuse (collaboration artistique de Véronique Timsit). Cependant dès qu’il se lève et va au combat, il est seul. Etre acteur à la ville comme être médecin à la campagne nous disent Bouchaud-Berger c’est jouer un rôle particulier dans le corps social, mais c’est aussi une histoire de solitude. Comment faire avec la douleur, la blessure. Celles des autres et les siennes. Bouchaud aborde plusieurs moments douloureux de sa vie d’acteur.

 

Lire l'article entier de Jean-Pierre Thibaudat :  http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-thibaudat/050415/le-docteur-sassal-prend-le-pouls-de-l-acteur-nicolas-bouchaud-excellent-0

 

 

« Un métier idéal » Carreau du temple, 20h30, jusqu’au 18 avril  (sf les 7,8,16 et 17 avril), le 11 avril à 16h

« La loi du marcheur », Carreau du temple, 20h30  le 5 avril,  16h le 18 avril,

« Un métier idéal » par John Berger et Jean Mohr, réédition aux Editions de l’Olivier, 176 p, 19,50€


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July 4, 2014 10:14 AM
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Chronique d’un conflit à plein temps

Chronique d’un conflit à plein temps | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Intermittent et militant, le comédien Nicolas Bouchaud retrace l’historique du mouvement .

 

Figure de la troupe de Jean-François Sivadier et du théâtre public, Nicolas Bouchaud a joué Galilée, Danton et, plus récemment, Alceste dans le Misanthrope. Seul en scène, il a aussi repris à son compte les mots de Serge Daney (la Loi du marcheur) et ceux de John Berger (Un métier idéal). Il est également un membre actif de la Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France et est intervenu à ce titre le 2 juin lors de la dernière cérémonie des molières, où il était nominé au titre de meilleur acteur. Son intervention, qui décernait le «molière de la trahison» à François Rebsamen, ministre du Travail, n’était pas passée inaperçue. Au Printemps des comédiens de Montpellier, où il devait jouer deux spectacles - le Misanthrope etUn métier idéal -, il a fait grève avec conviction. Pour Libération, il revient sur la chronologie et le sens de ces derniers mois de combat.


Recueilli par René Solis pour le supplément Avignon de Libération

 

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June 10, 2014 7:52 PM
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En soutien aux intermittents, Nicolas Bouchaud ne joue plus

En soutien aux intermittents, Nicolas Bouchaud ne joue plus | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Comédien reconnu en France et à l'étranger, il ne recule pas devant l'annulation de ses propres spectacles « pour être en accord avec les textes » qu'il joue, de Molière à Serge Daney.``



Règle numéro un, ne pas se poser de questions : « Il faut résister. » Règle numéro deux, accepter tout de même que le doute s'installe : « Chaque jour, je me demande si j'ai pris la bonne décision. On s'écoute tous pendant les assemblées générales. Ce sont des moments d'intelligence collective, c'est extraordinaire. » Ainsi va Nicolas Bouchaud, militant de la cause des intermittents du spectacle, en ces heures de tourmente et de solitude. Car il est bien le seul comédien emblématique du théâtre public à dire haut et fort ce qu'il pense, jusqu'à se tirer une balle dans le pied, annuler un spectacle.

Philippe Torreton, tout engagé qu'il soit, continue de jouer Cyrano de Bergerac, tous les soirs, au Théâtre de l'Odéon à Paris (mis en scène par Dominique Pitoiset, jusqu'au 28 juin).

Nicolas Bouchaud, lui, ne jouera pas Le Misanthrope à Montpellier. Mardi 10 juin au matin, il a tenu à annoncer la nouvelle en personne, avec le metteur en scène Jean-François Sivadier. Durant l'assemblée générale du Printemps des comédiens, en grève depuis le 3 juin, le comédien a déclaré que les représentations du Misanthrope étaient annulées les 12, 13 et 14 juin. Et qu'il ne monterait pas sur scène non plus les 17 et 18 juin, pour un autre projet qui lui vaut autant de succès : Un métier idéal, journal d'un curé de campagne, mis en scène par Eric Didry, d'après un ouvrage de l'écrivain John Berger et du photographe Jean Mohr (éd. L'Olivier, 2009).

 

« C'EST UN ACCORD PROFONDÉMENT INJUSTE »

C'est le moment, répète-t-il. Il faut plonger la scène dans l'obscurité et déplacer le projecteur sur « le » problème : l'accord sur l'assurance-chômage du 22 mars. « C'est un accord profondément injuste et le gouvernement ne doit pas l'agréer », commence-t-il au téléphone. Le 2 juin, le soir de la cérémonie des Molières, Nicolas Bouchaud a déclenché la colère du ministre du travail, François Rebsamen, en lui décernant le« Molière de la trahison ». Car, quand il était « seulement » maire de Dijon, François Rebsamen avait signé les propositions alternatives pour l'assurance-chômage des intermittents du spectacle. Devenu ministre, il a enclenché la procédure d'agrément de l'accord signé le 22 mars par les partenaires sociaux, lequel se situe aux antipodes.

« Ce gouvernement est fou ! Il se heurte au monde de la culture, qui a toujours soutenu la gauche », lâche-t-il quelques minutes avant l'assemblée générale extraordinaire de 14 heures, où il a pris la parole pour lire un texte rédigé par toute l'équipe du Misanthrope. « Si le gouvernement n'agrée pas l'accord, ce ne sera pas considéré comme un recul. Au contraire, il opèrerait un retour en force dans l'opinion. »


« UN PACTE AVEC LE DIABLE...  »

Depuis la précédente crise des intermittents, en 2003, il sait que l'accord est injuste. Mais avec l'accord de 2014, poursuit-il, « c'est tout l'accord qui est mauvais. Il aura des conséquences dramatiques pour tout le monde, salariés du régime général, intérimaires, intermittents, précaires. Avec ses 2 milliards d'euros d'économies à la clé, il fait partie intégrante du Pacte de responsabilité signé avec le Medef. Un pacte avec le diable… »

On l'imagine les cheveux encore plus dressés sur la tête qu'à l'ordinaire. Sa longue carcasse et ses grands yeux n'ont jamais hanté les couloirs des partis politiques ou des syndicats. « Je n'ai jamais été encarté », dit-il. Mais il garde en mémoire le passé militant de son grand-père, à la CGT, puis de son père. Fils du metteur en scène Jean Bouchaud et de la comédienne Danielle Girard, il descend régulièrement dans la rue depuis les lois Devaquet de 1986.

C'est générationnel, il a 47 ans. Cet acteur qui est capable de « tout » jouer, de Labiche à Shakespeare – il a incarné Le Roi Lear dans le « in » d'Avignon en 2007, mis en scène par Sivadier – ne redoute visiblement pas de se « griller » dans la profession. Laquelle, pour l'instant, demeure plutôt prudente et se contente de signer des tribunes. Il est peut-être hors d'atteinte, en orbite, du fait justement de son succès : ses spectacles tournent en France et dans le monde.

« EN ACCORD AVEC LES TEXTES QUE JE DIS SUR SCÈNE »

Ce fut le cas de La Loi du marcheur (2010), d'après un livre d'entretiens entre Régis Debray et le critique de cinéma Serge Daney (éd. Les Solitaires intempestifs). Il avait cette capacité de prendre le spectateur à témoin. Comme il essaie de le faire aujourd'hui, en annulant quelques représentations de ses pièces. Depuis, plus rien ne semble l'arrêter. « Il s'agit aussi d'être en accord avec les textes que j'apprends et que je dis sur scène », dit-il, en citant justement Un métier idéal.

 

Dire ce que l'on fait, et faire ce que l'on dit, c'était la phrase de l'ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin (1997-2002), qui, lui, s'intéressait à la scène politique. Les ministres du gouvernement actuel l'ont-il appelé pour comprendre sa position ou lui faire entendre raison ?« Absolument pas, répond-il, mais j'aurais des choses à leur dire. »

 

 
Clarisse Fabre 
Reporter culture et cinéma
Article paru dans Le Monde du 10.06 


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November 23, 2013 9:18 AM
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"Un métier idéal" d'après John Berger, mise en scène Eric Didry, avec Nicolas Bouchaud

"Un métier idéal" d'après John Berger, mise en scène Eric Didry, avec Nicolas Bouchaud | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Mettre des mots sur les maux du corps

 

Du livre "Un métier idéal", le comédien Nicolas Bouchaud et le metteur en scène Eric Didry ont tiré un spectacle qui, pour être simple, n'en est pas moins drôle et profond.

 

Bouchaud a surtout une liberté, une façon de se promener du particulier à l'universel qui font d'Un métier idéal une expérience en laquelle chacun peut se reconnaître. Qu'est-ce qui se joue pour nous dans la maladie ou la blessure ?

Le comédien a inséré dans le spectacle le récit de deux aventures personnelles, vécues pendant qu'il jouait La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht, et Le Roi Lear, de Shakespeare. Dans le premier cas, il se blesse au pied alors qu'il incarne, en courant autour du plateau, la révolution galiléenne. Dans le second, une forme de dépression l'étouffe, le paralyse, alors que son corps d'acteur est habité par celui du vieux Lear, qui doit lui-même se défaire de son corps de roi…

Ce qui est évidemment réjouissant, c'est la manière dont l'acteur donne corps à ces mystérieuses histoires du corps. On sort en très bonne forme de la consultation du docteur Bouchaud, qui, une fois de plus, mouille sa chemise, avec un engagement et une présence de tous les instants.

 

Fabienne Darge dans Le Monde

 

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Un métier idéal. Mise en scène : Eric Didry. Avec Nicolas Bouchaud. Festival d'automne, Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin-D.-Roosevelt, Paris 8e. Tél. : 01-44-95-98-21. Du mardi au samedi à 21 heures, dimanche à 15 h 30, jusqu'au 4 janvier 2014. De 15 € à 28 €. Durée : 1 h 30.

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