Publié par Jean-Pierre Thibaudat pou son blog
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Extrait :
De Juliette Binoche à Patrick O'Kane
L’histoire de ce spectacle est, elle aussi, étrange. Juliette Binoche voulait jouer en anglais -elle parle cette langue couramment et le prouve- noble envie pour une actrice qui a traversé bien des aventures au cinéma surtout, mais qui est attiré par le théâtre comme par un aimant, tradition familiale oblige. Elle songeait à un metteur en scène, ses producteurs (le Barbican centre) lui en ont proposé un autre : Ivo van Hove. Lequel lui a parlé de tragédies grecques. Et Binoche a voulu « Antigone ». Jeune spectatrice, elle avait été éblouie par cette pièce de Sophocle. Bon choix.
Contrairement au metteur en scène qui, il y a deux festivals d’Avignon avait monté « Mademoiselle Julie » autour d’elle, réduisant la pièce à un jeu de faire valoir, Ivo van Hove déploie les trois pivots qui structurent la pièce : Antigone, Créon et, au milieu, témoins et acteurs, un chœur, des représentants de la société (dont Ismène adopte les codes). De la française Binoche, Ivo van Hove fait comme une étrangère jetée dans ce monde policé interprété par d’excellents acteurs anglais. Avec ses pieds nus, sa robe noire toute simple, sa façon de fouler le sol, de remuer la terre, son phrasé plus onctueux, elle semble venir d’ailleurs, d’un autre monde. Magnifique. C’est une sauvageonne solitaire dont le Créon de Patrick O'Kane, avec son impeccable costume et sa voix grondante d’autorité, se méfie tout en tentant de l’apprivoiser. Un gouffre les sépare. On pense à cette réplique que dit Marianne-Karina à Ferdinand-Belmondo dans « Pierrot le fou » de Jean-Luc Godard: « tu me parles avec des mots et moi je te regarde avec des sentiments ».
Théâtre de la ville, 20h30 sf lundi, dim 15h, jusqu’au 14 mai, en anglais surtitré en français