Revue de presse théâtre
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Scooped by Le spectateur de Belleville
November 11, 2019 1:11 PM
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Mademoiselle Julie de August Strindberg, texte français et mise en scène de Elisabeth Chailloux.

Mademoiselle Julie de August Strindberg, texte français et mise en scène de Elisabeth Chailloux. | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Véronique Hotte dans son blog Hottello 11/11/2019

 

À la Saint-Jean dans Mademoiselle Julie (1888) d’August Strindberg, la fête de nuit « fantastique », estivale et populaire, bat son plein, un hommage rituel rendu à l’amour et à la nature qui s’épanouit et affirme ses droits.

L’occasion d’un huis-clos tragique entre Julie, la fille fantasque du comte, et Jean, le valet ambitieux du même maître, auprès de Kristin, la cuisinière.

Provocatrice et provocante, la demoiselle du château invite le valet à danser. Et Jean de dire: « Vous prenez vos jeux trop au sérieux, c’est ça qui est dangereux ! ».

Or, à l’orgueil de Julie répond celui de Jean – affrontement mutuel, lutte des classes doublée d’une lutte de pouvoir entre une femme et un homme.

Sous la direction précise d’Élisabeth Chailloux, les acteurs avancent patiemment, contrôlant le ring de boxe – la cuisine de Kristin – jusqu’à la mise à mort de l’adversaire affaibli : on n’échappe pas à son destin social.

La lutte de harcèlement moral et sexuel – pléonasme – entre les partenaires prend la tournure d’une danse de séduction à la fois exacerbée et maladroite – un rêve poétique qui va au-delà de l’affrontement des classes sociales « ennemies ».

Lors de la confrontation verbale, le valet s’imagine hôtelier, près du Lac de Côme.

Julie est la fière demoiselle d’une classe privilégiée qui perd historiquement de son élévation, quand, Jean et Kristin, lucides, s’émancipent à la force de leur poignet.

Et le moyen pour Jean d’arriver à des fins entrepreneuriales ? Dérober simplement l’argent du comte, pour s’évader ensemble – un idéal pour lui et une chute pour elle.

Lutte des classes, guerre des sexes, et « lutte des cerveaux », à travers les passions de l’amour et de la haine. Fascination amoureuse, mépris et dégoût, Mademoiselle Julie est une pièce de guerre, pour Elisabeth Chailloux qui la représente aujourd’hui.

Des motifs mènent la jeune demoiselle au désastre, selon le dramaturge suédois :

« L’ambiance de la Saint-Jean ; l’absence du père (…) ; l’échauffement dû à la danse; (…) ; et enfin le hasard qui conduit les deux personnages à se réfugier dans une chambre retirée, ainsi que la hardiesse de l’homme excité. »

Mademoiselle Julie,  libre et consciente de son désir, humilie volontiers l’adversaire. Elle pourrait, à la manière de Virginie Despentes dans King Kong Théorie, affirmer :

 « Quand vous défendez vos prérogatives de mâles, vous êtes comme ces domestiques de grands hôtels qui se prennent pour les propriétaires des lieux…, des larbins arrogants, et c’est tout. »

Dans sa préface, Strindberg avoue trouver la joie de vivre dans les luttes fortes et cruelles de la vie et cette jouissance vécue revient à découvrir les enjeux existentiels.

Julie est un caractère moderne – non que la femme à moitié femme seulement, celle qui hait l’homme, n’ait existé de tous temps, mais elle a l’audace de « s’afficher ».

Non seulement Jean est un roturier qui s’élève – il quitte peu à peu son infériorité sociale -, mais il est supérieur à Julie, en tant qu’homme. Sexuellement, c’est lui l’aristocrate grâce à sa force virile, sa clairvoyance et son esprit d’initiative.

Un beau portrait dessiné de Jean que le comédien Yannik Landrein sert avec toute l’élégance, l’irrésistible morgue virile et la satisfaction de soi souhaitée, un coq de village empressé de prouver au monde qu’il vaut bien mieux qu’il n’y paraît.

Anne Cressent pour Kristin tient son rang de digne servante – elle va à l’église, pieuse et rigide, semblerait-il, quoiqu’elle s’exprime aussi à travers la danse, un art qui lui donne la possibilité d’être enfin elle-même, dans la distance.

Elle évolue derrière des panneaux transparents qui ouvrent à un théâtre d’ombres.

La scénographie et les lumières de Yves Collet et de Léo Garnier installent le drame dans un hall-cuisine-salle à manger, façon open space, dont on s’échappe par la grande porte centrale du lointain, qui verse dans la musique de la fête extérieure.

Quant à Mademoiselle Julie, Pauline Huruguen lui donne toute la sensibilité voulue, la beauté lumineuse et l’indépendance « masculine » qui lui sera finalement interdite.

Une tragédie à la précision d’orfèvre dont la résonance touche à nos temps actuels.

Véronique Hotte

Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, route du Champ-de-Manœuvre 75012 – Paris, du 7 novembre au 8 décembre, du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h30. Tél : 01 43 28 36 36.

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June 12, 2015 12:39 PM
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Pose de la première pierre pour le CDN du Val-de-Marne, à Ivry

Pose de la première pierre pour le CDN du Val-de-Marne, à Ivry | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Le Centre dramatique national devrait s’installer fin 2016 dans la Manufacture des Œillets. La rénovation est lancée le 20 juin.

 

« De l’extérieur, la Manufacture des Œillets, c’est une petite Cartoucherie et à l’intérieur, c’est beau comme les Bouffes du Nord », s’enthousiasme Elisabeth Chailloux, codirectrice, avec le dramaturge Adel Hakim, du Centre dramatique national (CDN) du Val-de-Marne, qui s’installera dans ces locaux rénovés fin 2016. « On espère que la beauté de ce lieu inspirera des écritures scéniques », ajoute-t-elle.

Faire de la Manufacture des Œillets, immense bâtisse de briques rouges située rue Raspail, un CDN pour accueillir la compagnie du Théâtre des Quartiers d’Ivry (TQI), c’est le pari lancé par ses codirecteurs Elisabeth Chailloux et Adel Hakim, sous la houlette de la municipalité. Après des années de pérégrinations géographiques et de négociations financières, la première pierre du chantier – cofinancé par la ville, l’Etat, la région et le département – sera posée, samedi 20 juin, l’occasion d’une manifestation culturelle festive organisée par la ville.

 

« Une longue aventure »

Cela fait plus de douze ans que le TQI cherche un toit pour centraliser ses activités. Après la fermeture du CDN du Théâtre du Campagnol en 2002, le tandem Elisabeth Chailloux-Adel Hakim – en fonction depuis 1992 – avait été désigné pour prendre les rênes d’un nouveau CDN pour le Val-de-Marne.

Mais impossible pour une équipe artistique d’obtenir le label CDN si son activité n’est pas affiliée à un lieu spécifique. Or, la programmation du TQI est répartie sur trois espaces différents : le Studio Casanova, l’auditorium de la médiathèque de la commune et le Théâtre d’Ivry Antoine-Vitez.

La situation s’éclaircit en 2009 lorsque la mairie d’Ivry fait l’acquisition de la Manufacture des Œillets en vue d’y installer le CDN du Val-de-Marne. « Une longue aventure », reconnaît Elisabeth Chailloux. « Mais aussi une chance puisqu’avec le soutien de la ville, nous passons enfin de l’abri à l’édifice ». Un projet d’autant plus stimulant pour la vie culturelle locale que le CDN du Val-de-Marne sera le seul centre dramatique implanté au sud de Paris, à quelques pas de la ligne 7 et du RER.

Une culture ouvrière et artistique

La Manufacture des Œillets est un lieu chargé de culture, aussi bien ouvrière qu’artistique. Si l’on y fabriquait à la fin du XIXe siècle des œillets métalliques − ces anneaux de renforcement destinés à faire passer des lacets –, elle a accueilli des spectacles tels que Dans la solitude des champs de coton, de Bernard-Marie Koltès, mis en scène par Patrice Chéreau en 1995, ou encore les travaux du photographe et documentariste Raymond Depardon et du cinéaste Jacques Doillon.

En attendant l’ouverture du CDN, la Manufacture héberge une école de graphisme, l’EPSAA, et le Centre d’art contemporain d’Ivry. « Ce sera un véritable centre culturel », se réjouit Elisabeth Chailloux, « une occasion pour la ville de renouer avec son histoire ».

Dans la lignée d’Antoine Vitez

S’inscrivant dans la lignée d’Antoine Vitez, père fondateur du TQI en 1972, Elisabeth Chailloux et Adel Hakim sont les ardents défenseurs d’un théâtre « populaire de qualité », qui mêle une exploration du répertoire classique à une recherche active autour des écritures contemporaines.

Mais ces activités de création ne sont « que la partie visible de l’iceberg », précise Elisabeth Chailloux. « En prenant possession du TQI, nous avons hérité de treize ateliers amateurs ». Les locaux de la Manufacture permettront de leur donner la part belle, au cœur même de la programmation du CDN. Il s’agit donc de poursuivre le rêve d’Antoine Vitez, pour qui « l’école est le plus beau théâtre du monde ».

www.theatre-quartiers-ivry.com

Agathe Charnet


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/scenes/article/2015/06/12/pose-de-la-premiere-pierre-pour-le-cdn-du-val-de-marne-a-ivry_4652929_1654999.html#Sft2z0Mb5VWdEsFh.99


 

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