Revue de presse théâtre
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Revue de presse théâtre
LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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Scooped by Le spectateur de Belleville
January 30, 2019 5:13 PM
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Toutes les contradictions du Jérusalem d'Adel Hakim au Théâtre des Quartiers d’Ivry

Toutes les contradictions du Jérusalem d'Adel Hakim au Théâtre des Quartiers d’Ivry | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Patrick Sourd dans Les Inrocks 30/01/19 

Chronique des répétitions de la pièce "Des Roses et du Jasmin" d’Adel Hakim au Théâtre national Palestinien, le spectacle de Jean-Claude Fall condense avec humour les étapes d’une création aux forceps.


Adel Hakim nous a quitté le 29 août 2017. Il n’est plus bel hommage à rendre à un auteur-metteur en scène que de revenir au plateau pour témoigner de son œuvre à travers la plus utopique de ses créations. Avec Jours tranquilles à Jérusalem, Jean-Claude Fall a demandé à Mohamed Kacimi d’écrire une pièce en s’inspirant du journal de bord que celui-ci avait tenu durant les répétitions Des Roses et du Jasmin, la pièce créée par Adel Hakim à Jérusalem-Est avec la troupe du Théâtre national Palestinien en 2015.

La solitude absolue du metteur en scène

Au-delà de ses qualités d’auteur et d’homme de théâtre, on ne dira jamais assez la force de caractère, la générosité lumineuse et le génie de diplomate qui habitaient Adel Hakim, lui qui fit le pari insensé de proposer aux acteurs palestiniens de convoquer l’histoire sur scène, du camp de concentration de Bergen-Belsen au déclenchement de la première Intifada, dans une pièce se doublant d’une saga familiale où l’amour finit par mêler les sangs juif et palestinien après trois générations.

Sans jamais se départir d’un humour à ranger du côté de la politesse du désespoir, Jours tranquilles à Jérusalem lève le voile avec une grande humanité sur la solitude absolue du metteur en scène qui doit se battre bec et ongle à chaque étape pour tenter de garder la maîtrise de son projet.

Murs, tags et check-point

Confronté dès la première scène aux membres du conseil d’administration du TNP, ceux-ci lui demandent de changer de sujet avant de préférer démissionner en menaçant de mettre le feu au théâtre. Rien n’est simple non plus avec les acteurs qui doivent jouer des Juifs et passent au crible chaque réplique en adaptant le texte à ce qu’il est possible de dire dans un contexte où évoquer la shoah et la souffrance des Juifs semble proche d’une trahison au regard de ce qu’il y aurait à dire sur la souffrance endurée depuis soixante-dix ans par les Palestiniens.

Le fond de scène est recouvert par les pages du texte, il sert d’écran à des vidéos tournées à Jérusalem. Ces images longent le mur de béton de trois étages qui sépare Israéliens et Palestiniens, s’arrêtent sur les tags, filment les check points et nous invitent à découvrir le théâtre national Palestinien. C’est dans la semi pénombre de leurs transparences que se joue la pièce. Impressionnant dans le rôle du metteur en scène, Jean-Claude Fall s’est entouré d’une troupe formidable pour réveiller la mémoire d’une aventure artistique aussi exemplaire que troublante.

S’accorder à l’humilité et au désir de vérité qui permit à chacun d’aller au bout de la création à Jérusalem est en permanence palpable tout au long du spectacle. Nous faire revivre ces moments est purement bouleversant.

Jours tranquilles à Jérusalem de Mohamed Kacimi, mise en scène et jeu Jean-Claude Fall avec Bernard Bloch, Roxane Borgna, Etienne Coquereau, Jean-Marie Deboffe, Paul-Frédéric Manolis, Carole Maurice, Nolwenn Peterschmitt, Alex Selman. Jusqu’au 8 février, Manufacture des œillets, Théâtre des Quartiers d’Ivry, centre dramatique national du Val de marne, Ivry-sur-Seine.

 

Légende photo   "Jours tranquilles à Jérusalem" (c) Alain Richard

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January 3, 2019 5:30 PM
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Jacky Viallon est mort

Jacky Viallon est mort | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Marie-Laure Atinault dans WebThéâtre 03.01.2019

 

Notre ami Jacky Viallon est décédé hier à son domicile. Son cœur trop grand, trop généreux lui a fait défaut alors qu’il avait mille projets en tête.

Auteur, comédien, metteur en scène, chroniqueur, clown, Jacky nous laisse orphelin de ses jeux de mots, de ses constructions de mondes absurdes.

Avec courage et détermination, il faisait fi de la maladie et allait toujours de l’avant.

La première fois que l’on rencontrait Jacky, ses yeux pétillants, son humour fleuri, son apparence de poète qui serait ami avec Villon ou Prévert nous séduisait immédiatement.


L’un de ses derniers spectacles où il nous faisait visiter une exposition, remporta un beau succès au festival d’Avignon. Il faut dire que son « Histoire naturelle des objets bureaucratiques », était un petit bijou d’humour absurde.

Ariane Mnouchkine l’avait accueilli pour deux représentations exceptionnelles de son spectacle « Un fou comme on n’en fait plus, réfugié poétique au Théâtre du Soleil ». Avec gourmandise, il avait lu un florilège de ses textes. Entouré d’objets hétéroclites, qu’il avait détournés, dressés afin qu’ils révèlent leur vraie nature.

Nous pleurons surtout l’ami, car Jacky était un humain de la plus belle eau. Observateur pertinent et impertinent, il voulait croire en la bonté. Nous plaignons beaucoup ceux qui ne l’ont pas compris.

Il laisse une œuvre importante, pleine d’allégresse, de finesse et d’humour. Ce gourmet de la vie, ce fou de texte, cet amoureux du théâtre, tel que nous le connaissions, laissera son âme errer dans les théâtres qu’il aimait tant.

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January 2, 2019 1:29 PM
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Théâtre et arts de la scène : les disparitions marquantes de 2018

Théâtre et arts de la scène : les disparitions marquantes de 2018 | Revue de presse théâtre | Scoop.it
La Revue de presse Théâtre, certains le savent, n'est pas qu'un blog d'actualité, c'est aussi une archive des articles parus dans la presse en ligne et les blogs. Voici quarante visages, quarante noms qui représentent les disparitions marquantes du monde de la scène, au cours de l'année écoulée.
(Par ordre alphabétique de nom)
Les liens qui accompagnent chaque photo renvoient parfois à un ensemble d'articles repris dans la Revue de presse, à l'occasion de la disparition de ces artistes et personnalités de la scène.
 Le Site "Les Archives du spectacle" a été un outil précieux dans l'élaboration des liens biographiques de cet album : 
https://www.lesarchivesduspectacle.net/qui-sommes-nous
 
 
 

 

Alberte Aveline

Comédienne, sociétaire de la Comédie-Française

(décès en décembre 2018)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alberte_Aveline

 

https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/alberte-aveline?fbclid=IwAR2iQ8AOra-wo705P2dE27NLxBp-MswbhJRHjkgfjXNLN8hx1wKFFpxvIKg#

 

C'est avec une très grande tristesse que nous venons juste d'apprendre la disparition d'Alberte Aveline... toutes nos pensées émues à ses proches.

Après ses études au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, où elle obtient un 1er prix de comédie moderne et un 2e prix de comédie classique, elle entre comme pensionnaire à la Comédie-Française en 1966 dont elle devient la 480e sociétaire en 1989. Elle fait valoir ses droits à la retraite en 2003 et se consacre depuis à l’enseignement.

La Comédie-Française, page Facebook

 

Dominique Blanchar

Comédienne

(décès en novembre 2018)

http://www.theatrauteurs.com/archive/2018/11/21/hommage-a-dominique-blanchar-6107086.html

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=35330

 

 

 

Jean Bojko

Metteur en scène

(décès en février 2018)

http://www.theatreprouvette.fr/jean-bojko/

 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/nievre-artiste-jean-bojko-est-mort-1427281.html

 

 

Dominique Catton

Fondateur du Théâtre Am Stram Gram (Genève)

(décès en novembre 2018)

http://sco.lt/54UA6L

 

https://www.letemps.ch/culture/figure-theatre-genevois-dominique-catton-decede

 

 

Jean-Yves Chatelais

Comédien

(décès en août 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Jean-Yves+Chatelais

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Yves_Chatelais

 

https://www.liberation.fr/direct/element/lacteur-jean-yves-chatelais-est-mort-a-63-ans_85593/

 

https://twitter.com/AudeBriant/status/1024213998840045569/photo/1

 

 

Etienne Chicot

Comédien

(décès en août 2018)

https://www.lci.fr/culture/le-comedien-etienne-chicot-est-mort-subitement-a-paris-2095243.html

 

https://www.telestar.fr/people/le-comedien-etienne-chicot-est-mort-a-l-age-de-69-ans-369030

 

 

Michel Dallaire

Clown, pédagogue, co-fondateur du Cirque du Soleil

(décès en décembre 2018)

https://journals.openedition.org/tc/8285

https://www.midilibre.fr/2014/01/01/dallaire-clown-electron-libre,803328.php

 

https://vimeo.com/153912794?fbclid=IwAR3HHyyir7thwO0sKI4AMwFcGA_Nh9VZgaUCDq-G407n65qZOjJvm6xbT0M

 

https://www.quaideschaps.com/expression-clown.html

 

Sonia Debeauvais

ancienne secrétaire générale du Festival d’Avignon, collaboratrice de Jean Vilar

(décès en janvier 2018)

https://www.lemonde.fr/scenes/article/2018/01/19/mort-de-sonia-debeauvais-cheville-ouvriere-du-theatre-national-populaire_5244275_1654999.html

 

http://sco.lt/5efe8P

 

http://sco.lt/5HFgZd

 

http://grandmasproject.org/fr/films/frikkadel/

 

Richard Demarcy

Auteur, metteur en scène et enseignant

(décès en août 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=%22Richard+Demarcy+mort+

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=16104

 

 

Jacques Derlon

Fondateur du Théâtre de la Tempête

(décès en décembre 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Jacques+Derlon

 

http://longueur-ondes.fr/le-festival-de-la-radio-et-de-l-ecoute/programmation/par-themes/rencontres-du-documentaire-radiophonique/gilbert-maurice-duprez/

 

 

Gilbert-Maurice Duprez

Homme de radio, poète, acteur chez Claude Régy

(décès en juin 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Gilbert+duprez

 

https://podcloud.fr/podcast/latelier-de-la-creation/episode/la-bouche-dombre-autour-de-loeuvre-de-gilbert-maurice-duprez

 

 

Nabil El Azan

Metteur en scène

(décès en novembre 2018)

https://www.lorientlejour.com/article/1143278/dernier-tomber-de-rideau-pour-nabil-el-azan.html?fbclid=IwAR2pwFfkNDWiIq6UpY2hiAX25oJrZG6HyTwu732ue0mSXL8xDwA_ykK7MnY

 

https://la-barraca.net/directeur-artistique/

 

Philippe Elkoubi

Directeur de casting

(décès en mars 2018)

http://sco.lt/8bwLEv

 

https://www.lofficiel.com/hommes/hommage-a-philippe-elkoubi

 

Chantal Garrigues

Comédienne

(décès en juillet 2018)

https://www.la-tempete.fr/biographies/chantal-garrigues-1013

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chantal_Garrigues

 

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1952319278120141&set=basw.AbpBgMT9cwgOaeUayyYPJW5XB6xG3r7lTgmdxdPdsmR2NY-twtMmAExvz0aR5pxSxQaHjuHqMaLRWDKp6A2vtU6wBhKmIYkPxZ59yIDLORO1B8_o62mJ6BhaJu6jgBnjg-3GHO1nqhTOpi0BfEbl7BOa.1952319278120141.663314867134580.1180056535407833&type=1&opaqueCursor=AboBgW599DDOHc0pp-vhghxg5XffCEyPJJhSshmlCB--Goy5wQNLLcSznXd8RLrft8E8nm8YzhPEzsHm-3gWuAtiZbRlhgv9C4Fhl0mwAjmzmilMIlXQKDxHFv57h37lRyIb9zjwdBvSC5JrnhL7Ug3CapibdeZDeqby5pdncZXR6VfelqplPGB_y-M6ZGvG_sUDOEAnWqg5s3wY2OIzpqRIe7vc2SOSQ7XLo-Yr40ecJXLXNea2q08NZXM0riA-L1ep17bgEyPKIJihdH1a6JqVTDYiHPp2HOIvd44W6cA16Tv8_EmIxgBg4WqjSDTSFKPEamXfCxKmt5-s9BJI6icjvcldGje4robcXk3LfzYe5_bA2qmsvYDw2EhT5P_u5kQ8-aojT3ztLBasR7-NZxhL9BSf0aV7r2VN0OAI_aqfgipq3eZw8pL_DIA1DEl28eo1wneD8s0i2J8fJo0fYhA8UeZNHh-9zntUZdul7ci20D4JFaa0Fglhz3uaCcLL4L8&theater

 

https://www.facebook.com/search/str/chantal+garrigues/keywords_blended_posts?esd=eyJlc2lkIjoiUzpfSTQ4MDg1ODc1ODYwNDMxOToxODQyNzMwMzY1NzUwNDc4IiwicHNpZCI6eyI0ODA4NTg3NTg2MDQzMTk6MTg0MjczMDM2NTc1MDQ3OCI6IlV6cGZTVFE0TURnMU9EYzFPRFl3TkRNeE9Ub3hPRFF5TnpNd016WTFOelV3TkRjNCJ9LCJjcmN0IjoidGV4dCIsImNzaWQiOiIzNGQzN2MxOTQyOGI4ZDE1ZmQzNzM3NTg5ZGM5MDAwMyJ9

 

José Gagnol 

Comédien et administrateur du CDN de Lyon 

Décès en octobre 2018

 https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=16121

 

 

Yves Gasc

Comédien, sociétaire de la Comédie-Française, poète

(décès en novembre 2018)

http://sco.lt/5YyN9t

 

http://www.purepeople.com/article/mort-d-yves-gasc-et-avec-lui-d-un-large-pan-de-l-histoire-du-theatre_a315083/1

 

 

Marc-Michel Georges

Comédien, auteur

(décès en décembre 2018)

http://sco.lt/5xh5hh

 

 

Arnaud Giovaninetti

Acteur

(décès en janvier 2018)

http://sco.lt/4wBhBZ

 

https://www.linternaute.com/television/stars/1431584-arnaud-giovaninetti-il-a-tourne-dans-candice-renoir-avant-sa-mort/

https://www.ledauphine.com/france-monde/2018/01/25/arnaud-giovaninetti-acteur-de-fictions-francaises-est-decede

 

 

Manuel Gironès

Peintre, scénographe

(décès en juillet 2018)

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=13888

 

https://www.facebook.com/manuel.girones.3

 

Emile Herlic

Administrateur de théâtre

(décès en décembre 2018)

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=22473

http://calipso.over-blog.net/article-vent-printanier-96211943.html

https://www.facebook.com/search/str/emile+herlic/keywords_blended_posts?esd=eyJlc2lkIjoiUzpfSTE0Mjg5NzQwOTc6MTAyMTg4NjAyOTI1NjQ4ODUiLCJwc2lkIjp7IjE0Mjg5NzQwOTc6MTAyMTg4NjAyOTI1NjQ4ODUiOiJVenBmU1RFME1qZzVOelF3T1RjNk1UQXlNVGc0TmpBeU9USTFOalE0T0RVPSJ9LCJjcmN0IjoidGV4dCIsImNzaWQiOiIzOWQ1MzA4ODI2YzdiN2YxMDAzYWQ4OTZhNGMyYzY5YiJ9

 

 

Dominique Hubin

Comédienne

(décès en février 2018)

http://www.rueduconservatoire.fr/article/6366/deces/dominique_hubin_(promo_85)

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=34173

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=983305338487704&set=basw.AbrQcQwpTeRKE4i8H0l7vAtN1Teh2-W2mgzGHZyfW0w4mFqgxLCW03RnFijfu87JImxrAHIXQTouvOL3yH9H4x-EdEP4F7zhF5HU00o3oYTqa3CZa_Ku-5Nhs1kU8oSm6LS9XsqzImcxw7Ln5ih2h1tu.1745167985570042.983305338487704.10215923989756965&type=1&theater

 

 

Daniel Isoppo

Comédien

(décès en août 2018)

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=18482

 

http://www.premiere.fr/Star/Daniel-ISOPPO/films

 

https://www.facebook.com/search/str/daniel+isoppo/keywords_blended_posts?esd=eyJlc2lkIjoiUzpfSTEwMDAwOTE3MDM3Mjc4MjoyMDY3OTc5MjIzNTE3NzM3IiwicHNpZCI6eyIxMDAwMDkxNzAzNzI3ODI6MjA2Nzk3OTIyMzUxNzczNyI6IlV6cGZTVEV3TURBd09URTNNRE0zTWpjNE1qb3lNRFkzT1RjNU1qSXpOVEUzTnpNMyJ9LCJjcmN0IjoidGV4dCIsImNzaWQiOiJkYWU1Nzc2MTZiNmFiZTljMTVkYzg0OTI5MWQ1MGQ5NSJ9

 

 https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=18482

 

Gaston Jung

Fondateur du théâtre des Drapiers (Strasbourg)

(décès en octobre 2018)

https://www.lalsace.fr/actualite/2018/10/21/gaston-jung-une-vie-d-action-poetique

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=16071

 

Lindsay Kemp

Danseur, chorégraphe et mime

(décès en août 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Lindsay+Kemp

 

 

Jean-Marie Lamblard

Homme de théâtre, inspecteur au ministère de la culture, écrivain et conteur

(décès en août 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Lamblard

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Lamblard

 

 https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=16117

 

Marceline Lartique

Danseuse, chorégraphe

(décès en avril 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Marceline+Lartigue

 

http://www.marcelinelartigue.org/

 

https://www.facebook.com/MARCELINELARTIGUE.ORG/

 

 

Jacques Lassalle

Metteur en scène, ancien directeur du TNS, ancien administrateur général de la Comédie-Française

(décès en janvier 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Jacques+Lassalle+vitry

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=6168

 

 

Alain Léonard

 Premier président de l'association du Off d'Avignon

(décès en novembre 2018)

 https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre/?&tag=Alain+L%C3%A9onard

 

Pierre Ménasché

Homme de théâtre, ancien administrateur de plusieurs institutions théâtrales

(décès en juillet 2018)

https://www.facebook.com/UnijambisteCie/posts/10216965634951318

 

 

Eimuntas Nekrošius

Metteur en scène lithuanien

(décès en novembre 2018)

http://sco.lt/53092n

 

http://www.ansa.it/sito/notizie/cultura/teatro/2018/11/20/teatro-e-morto-il-regista-eimuntas-nekrosius-_9a8c33ec-c000-4dbb-840b-0108ea701cf7.html

 

https://en.wikipedia.org/wiki/Eimuntas_Nekro%C5%A1ius

 

 

Paul Otchakovsky-Laurens

Editeur (notamment de nombreux auteurs dramatiques : Marguerite Duras, Valère Novarina, Olivier Cadiot, Dennis Cooper)

(décès en janvier 2018)

 

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Otchakovsky

 

 

Maria Pacôme

Comédienne, autrice

(décès en novembre 2018)

http://sco.lt/6v5hrt

 

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/12/03/la-mort-de-maria-pacome_5392037_3382.html

 

 

Marcel Philippot

Comédien

(décès en mars 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Marcel+Philippot

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=74869

 

Jean Piat

Comédien

(décès en septembre 2018)

http://sco.lt/7M1IAr

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Piat

 

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/09/19/jean-piat-vedette-du-feuilleton-les-rois-maudits-est-mort_5356969_3382.html

 

 

Michel Pintenet

Directeur de la scène nationale L’Estive (Foix)

(décès en novembre 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Michel+Pintenet

 

 

Guy Rétoré

Metteur en scène fondateur du TEP

(décès en décembre 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre/?&tag=Guy+R%C3%A9tor%C3%A9

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=17149

 

 

Jean-Loup Rivière

Dramaturge et théoricien du théâtre

(décès en novembre 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Jean-Loup+Rivi%C3%A8re

 

 

Micheline Rozan

Agent artistique et directrice du Théâtre des Bouffes du Nord 

(décès en septembre 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=micheline+Rozan

 

 

Christian Rullier

Auteur dramatique, écrivain

(décès en avril 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Christian+Rullier+auteur

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=14226

 

 

Christophe Salengro

Comédien, danseur

(décès en mars 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Christophe+Salengro

 

https://www.telestar.fr/people/mort-de-christophe-salengro-christian-bordes-devoile-qu-il-etait-malade-depuis-d-339014

 

https://www.linternaute.com/television/stars/1443763-mort-de-christophe-salengro-de-quoi-souffrait-le-president-de-groland/

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=2190

 

 

Neil Simon

Auteur dramatique américain

(décès en août 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=neil+simon+pulitzer

 

https://www.la-croix.com/Culture/Theatre/Deces-Neil-Simon-lhomme-regna-Broadway-2018-08-27-1200964240

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=22708

 

 

Oleg Tabakov

Acteur russe

(décès en mars 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Oleg+Tabakov#

 

https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/12/2758137-mort-acteur-oleg-tabakov-connu-roles-films-sovietiques.html

 

 

Arlette Téphany

Comédienne, metteuse en scène, directrice de théâtre, pédagogue

(décès en juillet 2018)

https://www.scoop.it/t/revue-de-presse-theatre?q=Arlette+T%C3%A9phany+31+juillet

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Arlette_T%C3%A9phany

 

https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=30953

 

 

 
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January 1, 2019 12:16 PM
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L'acteur français Jean-Yves Chatelais est mort

L'acteur français Jean-Yves Chatelais est mort | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par LePoint.fr  le 02/08/2018

 

 

L'homme, qui était une figure familière des écrans de télévision, est mort à 63 ans. C'est sa compagne qui a annoncé sa disparition sur Twitter.  

Jean-Yves Chatelais a notamment joué dans "Kaamelott".


« Il est mort comme il a vécu. Libre. Il aura illuminé les plateaux de son talent. Et ma vie de son Amour. Repose en paix, Jean-Yves. » Ce sont les mots de sa compagne, Aude Briant, sur Twitter.

 

L'agence Cinéart Talentbox écrit aussi : « Jean-Yves était un grand artiste et un homme exceptionnel et laisse derrière lui un vide incommensurable », un message retweetté par Jérôme Commandeur. Sur Twitter, Antoine de Caunes salue un homme « libre, drôle et infiniment talentueux ». Alexandre Astier quant à lui adresse ses « condoléances ». Il est mort mardi 31 juillet à l'âge de 63 ans.


Télévision et doublage
Jean-Yves Chatelais était un visage connu notamment par les téléspectateurs français. En un peu plus de quarante ans de carrière, il avait joué dans plusieurs séries du petit écran comme Kaamelott, Dix pour cent ou encore Speakerine dernièrement. Au cinéma, il était apparu dans Erreur de la banque en votre faveur ou Ma famille t'adore déjà ! de Jérôme Commandeur. Mais l'acteur était aussi une voix fameuse puisqu'il avait doublé Jeff Bridges dans The Big Lebowski ou Tom Wilkinson dans La Jeune Fille à la perle ou Mission impossible : Protocole Fantôme. Il était aussi la voix française de Michael Madsen dans Sauvez Willy ou Kill Bill. Formé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, le comédien avait aussi joué au théâtre dans Hamlet de Shakespeare, Platonov de Tchekhov ou encore  La Mère de Florian Zeller.

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January 1, 2019 11:31 AM
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Hommages à Christian Rullier 

Hommages à Christian Rullier  | Revue de presse théâtre | Scoop.it
 

Christian
par Sandrine Willems

 

C’était il y a deux mois à peine. Il était à bout de forces – et ne savait pas encore à quel point. Ses presque toutes dernières forces, il les consacrait à revoir les épreuves de mon livre. À guerroyer avec moi sur une virgule ou une assonance.

Je sentais qu’il n’aimait pas ce livre, qu’il trouvait trop intime. Alors, comme moi je crois qu’il m’aimait bien, il tenta de me dire « d’où il parlait ». De me dire comment l’intime, c’était cela qu’il avait voulu fuir.

Il me dit à quel point, autour de lui, en lui, il n’y avait plus qu’inconnu. Même sa langue, il ne la parlait plus.

Il me dit qu’à l’absolu il faut tordre le cou, parce qu’il fait des ravages.

Il me dit que l’amour c’est absurde de le chercher – mais s’oubliant, un peu plus loin, avouait que lui il l’avait trouvé. Et rien qu’à évoquer la voix de celle qu’il aimait, la sienne, sous ses mots, paraissait vaciller.

Il me dit que l’écriture ne peut sauver personne – mais ce qui lui restait de vie, il le passait devant un ordinateur, sur une petite terrasse surplombant un paysage de rêve, collé à son ventilateur.

Et là, dans cette vie en apparence rétrécie, il touchait à une liberté qui ne pouvait se comparer à rien – sinon, peut-être, aux envolées de son scooter.

Il s’était transformé, me dit-il, et même si à présent, physiquement, il ne tenait plus debout, toutes les béquilles dont jusque-là il avait eu besoin pour vivre, il les avait envoyé promener.

Et lui, qui avait tellement fulminé contre tous les avatars du divin, se tenait entre trois offrandes à des bouddhas divinisés.

Il me dit qu’au bouddhisme je n’avais rien compris – mais incroyablement, reconnaissait qu’il était aussi mystique que moi.

Et moi je n’en revenais pas, les rares fois où je l’avais croisé, plus de vingt ans auparavant, j’avais cru qu’il aimait le monde, et les conquêtes, et que tous ces mystères de l’esprit, pour lui, n’étaient que mirages.

Mais fallait-il regretter cette rencontre manquée, ou se réjouir qu’au moins une fois, ne fût-ce que par quelques mails échangés, d’un bout à l’autre de la terre, sachant bien que jamais on ne se reverrait, quelque chose comme une rencontre, enfin, avait eu lieu ?

Je lui écrivis encore, pour qu’il me parle de ce bouddhisme qui faisait maintenant partie de sa vie.

Il me dit qu’il n’en avait plus l’énergie – mais quand elle lui serait revenue, promit de me répondre.

Il ne put tenir parole.

Je savais qu’il aimait mentir.

Mais il venait de m’apprendre à quel degré, terrible, inoubliable, il pouvait être vrai.

 

Christian Rullier (1957-2018)
par Jan Baetens et Benoît Peeters

 

Christian Rullier, notre ami Christian Rullier, vient de nous quitter à l’âge de soixante ans, mort des séquelles d’un terrible accident de la circulation qui a eu raison de sa capacité de résistance physique, mais jamais de son humour ni de son courage. Écrivain et homme de théâtre, il a été l’un de ceux qui font vivre Les Impressions Nouvelles, comme auteur en premier lieu, mais aussi comme rédacteur et conseiller éditorial, intervenant à toutes les étapes de la vie d’un manuscrit. C’était un lecteur et un relecteur exceptionnel, aussi minutieux que généreux.

Né à Barbezieux, le 28 octobre 1957, mais habitant Limoges jusqu’en 1979, quand il monte à Paris, Christian Rullier se dédie d’abord à des études de lettres et de linguistique. Il est titulaire d’une licence de Lettres modernes en 1978, puis d’une maîtrise de Littérature comparée et d’une maîtrise de Linguistique en 1980 ainsi que d’un DEA en Littérature comparée (Université Paris III). En 1983, il entame un doctorat 3ème cycle sur le thème de la « Réécriture » (sous la direction d’Henri Béhar), qu’il interrompt pour se consacrer entièrement à l’écriture.

Passionné par le Nouveau Roman, les travaux d’Alain Robbe-Grillet et la linguistique, Christian Rullier commence à publier très tôt. À partir de 1978, il collabore à de nombreuses revues, dont Minuit et Critique, mais aussi Le Fou parleThéâtre PublicActeurs et Contrevox. En 1982, il intervient au Colloque de Cerisy « Récit policier et Littérature », avec une conférence sur Alain Robbe-Grillet et le roman policier. En 1984, son premier roman, L’Alphabet des désirs, paraît aux Éditions Buchet-Chastel.

Entre temps la fréquentation assidue du Théâtre de la Salamandre à Lille et de la troupe de Gildas Bourdet lui a fait contracter le virus du théâtre. C’est là qu’il écrit la première version de sa première pièce, Le Plus beau de l’histoire, qu’il mettra lui-même en scène avec Martine Cendre. Dès lors, sa passion pour le théâtre et l’écriture théâtrale devient un moteur de son existence. Deux pièces, Attentat meurtrier à Paris 320 morts 800 blessés et Le Fils paraissent en 1985 aux Éditions Théâtrales. Cette même année, Attentat meurtrier à Paris est mise en scène par Gilles Atlan au Théâtre de l’Athénée, avec Marie-Christine Barrault. C’est le début d’une longue carrière d’auteur dramatique, qui lui a valu plusieurs vrais succès, dont Sur tout ce qui bouge (Cabaret furieux) et Femmmes (ABS éditions) ou Sur Glane et Avec toute mon admiration (aux Impressions Nouvelles), ainsi qu’une solide reconnaissance institutionnelle (boursier Beaumarchais, boursier du Centre national du Livre, nombreuses commandes).

À partir de la fin des années 80, Christian Rullier devient également scénariste pour le cinéma et la télévision. Il écrit une vingtaine de films et de téléfilms, et en co-écrit tout autant. Parmi les plus importants, il convient de mentionner Outremer, réalisé par Brigitte Roüan, avec Nicole Garcia et Mariane Basler (Prix de la Critique – SACD au Festival de Cannes 1990, Prix du meilleur scénario au Festival de Namur et à celui de Jérusalem) ; Passage, réalisé par Juraj Herz (Festival de Berlin 1996, hors compétition) ; Ivan Ivanovitch Kossiakov, réalisé par Fabrice Cazeneuve, avec Jacques Bonaffé (France 2) ; Mafia rouge, réalisé par Michel Sibra, avec Jacques Perrin (France 2) ; Une clinique au soleil, réalisé par Josée Dayan, avec Pierre Arditi et Rüdiger Vogler (TF1/ZDF) ; ou encore Le Horsain, réalisé par Philippe Venault, avec Emmanuel Salinger et nominé aux 7 d’Or 1999 (France 3). Christian Rullier écrit aussi plusieurs épisodes des séries Maigret et Nestor Burma.

Durant toutes ces années, il dirige également des ateliers d’écriture pour diverses institutions, notamment : Théâtre de la Bastille (Paris), Théâtre National de Bretagne, Université de Rennes, IUFM de Paris, Scripts Production, CDN de Reims, Aneth (aux Nouvelles Écritures Théâtrales), Radio Télévision Suisse Romande, INA, lycées et collèges parisiens…

En 2001, il fait une incursion scénique à la Comédie de Reims et au Petit Odéon, où il interprète son monologue C’est à dire, dans une mise en scène de Christiane Cohendy (Molière 1996 de la meilleure actrice). En 2004, il met en scène et interprète son dialogue Moi et Baudelaire, toujours avec Christiane Cohendy, au Théâtre du Rond-Point.

En 2004, il est élu administrateur théâtre à la SACD et, à la demande de Jean-Michel Ribes, devient membre du comité de lecture du Théâtre du Rond-Point. Aux Impressions Nouvelles, il crée et dirige la collection « Théâtre » où paraîtront plus de trente volumes. En 2005, il est élu vice-président théâtre à la SACD, puis réélu en 2006.

En 2007, à l’issue de son mandat, souhaitant poursuivre son apprentissage, il renoue avec sa passion de toujours du voyage (jeune homme, il avait déjà fait le tour d’Europe en solitaire et en vélomoteur Peugeot). Il décide d’explorer l’Asie et se fixe en Thaïlande. Observateur critique et engagé des méfaits et impasses de la société contemporaine, il publie sous forme de lettre ouverte deux essais remarqués : en 2011, aux éditions Flammarion : Insolvables !Lettre d’espoir au monde que j’ai quitté (sans nom d’auteur) et, en 2013, aux Impressions Nouvelles, La Charité des prédateurs. Lettre à l’abbé Pierre(sous le pseudonyme de Christophe Leclaire). Sa dernière pièce, Casa Mama Desperado, est parue en 2015. Jusqu’à ses derniers jours, il a travaillé à un roman.

Christian Rullier est décédé à Phuket, le 28 avril 2018.

 

Christian, continuer malgré tout à être
par André Sarcq

 

Putain, mec, elle est belle !

L’initiale de « belle » avait explosé comme un flash dans la pénombre du bar-tabac qui fait l’angle de la rue Blanche et de la rue Ballu, à côte de la SACD.

Je venais de présenter à Christian Rullier, que je rencontrais pour la première fois, le portrait de Marcelle Sauvageot retenu pour la couverture de ma pièce Nous nous dirons donc vous. Le livre allait paraître dans la collection Théâtre des Impressions Nouvelles, qu’il dirigeait. Christian y aura accueilli trois autres de mes textes, je lui en garde une reconnaissance définitive.

Si ce souvenir me revient en premier au moment de l’annonce dégueulasse de sa mort (oui : dégueulasse, nous parlons de Christian Rullier, l’écrivain qui prenait les mots à la gorge parce que c’était le réel qu’il s’agissait d’empoigner là), c’est probablement qu’il résume le mieux, à mes yeux, le personnage contrasté et dynamique que je découvrais alors.

À ce rendez-vous il y avait des clopes et de la fumée (beaucoup), de l’alcool (pas trop), de la séduction (pouvait-il s’en empêcher ?), des rires et des grincements (énormément), des remontées d’eaux troubles aussitôt renvoyées aux marais (ceux de la dépression), de la dramaturgie spontanée (il pouvait, sans même y penser, charger sa voix grave d’une incroyable intensité lumineuse, comme pour la plosive de « belle ») : il y avait une force de vie extraordinaire, et un principe de liberté en actes dont on en venait rapidement à craindre  qu’il soit capable d’en pousser la logique jusqu’à le retourner contre lui-même.

Un écrivain meurt, que fait-on ?

On retourne à ses livres, et l’on se reproche de ne pas avoir tout lu, de ne pas avoir assez lu. On revient aux passages qui nous ont marqué et que nous avons annotés. Parce que sa voix désormais ne s’élèvera plus que de cette somme de pages. D’un volume d’enregistrements sonores et visuels aussi, bien entendu, mais ces captations, me semble-t-il, échouent toujours à restituer l’extrême complexité d’une âme avec la fidélité riche et subtile qu’assure l’écriture.

Je reprends Dernières outrances, le poème qui ouvre ce livre sous-titré Confessions. J’y retrouve des vers que j’avais soulignés à leur lecture :

Le piège terrible où l’on ne gagne rien de substantiel ou de valorisant à être connu de quiconque

Une espèce d’autodestruction complaisante où l’on continue malgré tout à être poète en même temps qu’un poème

Cela pourrait durer le temps d’une vie

Je reviens à Sur Glane, un passage de sa préface à la pièce où il se souvient s’être rendu à Oradour :

Lorsque j’ai eu mon premier cyclomoteur, bleu, blanc et orange, étendard pétaradant de liberté, je suis allé tout seul à la pêche aux souvenirs – papy était déjà malade – et visiter le village martyr, dont les portes fermaient à vingt heures. Transgressant les règles du bon petit visiteur, je me suis caché dans les recoins délabrés d’une maison familière et j’ai attendu que les gardiens aillent au diable…

Là, au milieu des ruines, en communion avec les fantômes, j’ai passé la nuit à pleurer et à rire, à jouir de ma propre vie… Ça, au moins, c’était du recueillement !

Christian Rullier était un écrivain puissant et intègre (c’est lui que je veux saluer ici ; pour l’homme de théâtre, le metteur en scène, le comédien, le scénariste… d’autres, plus compétents, s’en chargeront mieux que moi) qui n’a jamais lâché la bride à ses démons au point qu’ils ruinent en lui le poète engagé à se constituer poème.

Ce poème aujourd’hui existe. Une œuvre est là, qu’il aura continué d’édifier jusque dans ses retranchements les plus démunis et les plus lucides.

Que nous dit cette œuvre, plurielle et inégale comme sont toutes les œuvres ? Rien qui ne se trouve déjà inscrit – mais en le déployant dans un ample système de réverbérations polyphonique – dans la tension entre ces deux citations : qu’il n’est pas d’alternative au recueillement invivable qui consiste à jouir de la vie, à la passer à pleurer et à rire à la santé des fantômes que nous nous fabriquons (en surcroît de ceux dont nous héritons), au milieu de ruines que nous nous sommes plus ou moins complaisamment choisies.

Le pire, et le plus beau, de cet invivable consistant à trébucher et rouler sans fin au fossé d’aimer, encore et mal.

Ces quelques lignes sont assez, Christian n’était pas homme à apprécier les hommages qui larmoient en longueur.

L’écrivain est reparti sur la mobylette de son adolescence, avec sur le porte-bagage un panier d’ivresses de toutes sortes : de vie, de théâtre, de vacherie, de littérature, de beauté, d’amour, de désespoir…

Nous aurions tant voulu qu’il parte moins vite, qu’il nous fasse, nous étions quelques-uns à l’espérer, la surprise d’un retour de sa retraite d’Asie avant son ultime salut.

Nous aurions tant voulu.

Mais la vie est avare d’élégances de cet ordre.

 

BIBLIOGRAPHIE

Les Impressions Nouvelles

Sur Glane, 2003

Dernières Outrances, 2003

Avec toute mon admiration, suivi de Attentat meurtrier à Paris 320 morts 800 blessés, 2003

Moi et Baudelaire, 2004

Casa Mama Desperado, 2015

La Charité des prédateurs. Lettre à l’abbé Pierre (sous le pseudonyme de Christophe Leclaire), 2013

 

Éditions Théâtrales

Annabelle et Zina, suivi de Le Fils, 2004

Les Monologues (Il marche ; C’est à dire ; Il joue ) (épuisé), 2001

Football et autres réflexions, 1993 (rééd. Kindle, 2015)

Il Marche, 1990 (rééd. Kindle, 2015)

Il Joue, 2001 (rééd. Kindle, 2015)

C’est à dire, 2001 (rééd. Kindle, 2015)

 

Lansman Éditeur

A.D.N. (Abandon – Désobéissance – No Body), 1998

L’Orphelinat, 2002

Les Vieilles Mouettes, 2011

 

ABS Éditions

Femmmes (épuisé), 2005

Les Baltringues, tome I, 2010

Les Baltringues, tome II, 2012

Sur tout ce qui bouge (Cabaret furieux), 2012

Urgences théâtre (Cabaret hospitalier), 2012

 

Éditions Buchet/Chastel

L’Alphabet des désirs (épuisé), 1984

 

Éditions Flammarion

Insolvables ! Lettre au monde que j’ai quitté (sans nom d’auteur), 2011

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January 1, 2019 10:28 AM
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Décès de Lindsay Kemp, chorégraphe et collaborateur de David Bowie

Décès de Lindsay Kemp, chorégraphe et collaborateur de David Bowie | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 Par le Service Musiques des Inrocks - 27/08/18

Grand chorégraphe et mime britannique, proche collaborateur de David Bowie à qui il inspira Ziggy Stardust, Lindsay Kemp est décédé à l'âge de 80 ans.


Lindsay Kemp, célèbre chorégraphe et mime britannique qui a marqué de son empreinte les années 60-70, est décédé à l'âge de 80 ans à Livourne sur la côte Toscane où il résidait.

Figure tutélaire de l'avant-garde, Kemp était un collaborateur régulier de David Bowie - dont il fut brièvement l'amant- et de Kate Bush. Il naît en 1938 et grandit dans une famille mono-parentale à South Shields dans le district de Tyneside. Il étudie au Bearwood College de Wokingham, donne quelques spectacles dans des bars, puis se retrouve sur les bancs de la Bradford Art College où il fréquente Marcel Marceau plus connu sous le nom de "Mime Marceau", et le peintre David Hockney.

Une carrière bien remplie

Lindsay Kemp connait ses premiers succès dans les années 60 en fondant sa propre compagnie de danse. En 1966, lors d'un cours qu'il donne au Dance Centre de Covent Garden, il fait la rencontre du tout jeune David Bowie, étudiant de 19 ans à l'époque, à qui il propose son tout premier rôle au théâtre dans Pierrot in Turquoise. David Bowie écrira et jouera la musique du spectacle. Une collaboration qui se renouvellera au fil des années puisque Bowie fera de nouveau appel à Kemp pour monter le spectacle Ziggy Stardust en 1972 et empruntera ses danseurs pour la vidéo de John I'm Only Dancing. Au Guardian en 2016, Kemp dira : "Oui, ce fût l'un de mes grands amours. Il n'y en a pas eu beaucoup. J'ai compté l'autre jour et je dirais qu'il y en a eu cinq. Donc je pense que c'était un grand amour, bien qu'un grand amour aurait pu durer un peu plus longtemps. Mais je m'en suis remis !"

En 1974, Lindsay Kemp adapte Notre-Dame-Des-Fleurs de Jean Genet, Flowers, un spectacle "produit avec 500 livres sterling reçues en héritage d'une tante", expliquera-t-il au quotidien La Repubblica.

L'hédonisme jusqu'au bout 

Kemp a multiplié les projets de natures diverses et variées. Hormis Flowers et ses collaborations avec Bowie, le chorégraphe s'est illustré au cinéma dans Le Dieu d'Osier de Robin Hardy et Jubilee de Derek Jarman. Par ailleurs, il s'est lié d'amitié avec Kate Bush, une de ses étudiantes de l'époque. Cette dernière lui demandera d'apparaître dans la version longue de son court-métrage The Line, the Cross and the Curve qui accompagnait son album The Red Shoes. Se retirant en Italie, Kemp continuera de travailler et produira quelques opéras.

Il appelait sa philosophie "l'hédonisme jusqu'au bout". En 1974, il la décrivait ainsi : 'J'aime tout faire totalement. Je bois jusqu'à ce que je sois saoul. Je mange jusqu'à ce que je sois plein, souvent jusqu'à en être malade. Je ne craque pas sur les gens, j'en tombe amoureux. J'exclue la haine - elle n'entre pas du tout dans mon travail. Je suis terriblement dans l'ivresse - c'est la seule chose qui compte..."  Malgré tout, Kemp arrêtera de boire. "C'était les gueules de bois et je merdais beaucoup de spectacles. je me réveillais à l'époque où je buvais et je ne savais pas si j'avais fait un spectacle ou pas. je me regardais dans le miroir et je me disais "merci Dieu, j'ai des traces de maquillage". Mais ça ne me garantissait pas que j'étais effectivement monté sur scène" raconte-t-il au Guardian toujours, en 2016. Il dira également dans ce même entretien passionnant : "Nous quittons ce monde : le connu pour l'inconnu. La musique nous emmène ailleurs et on ne sait pas où. Nous ne savons pas, mais elle m'a certainement emmené vers une forme de véritable folie.  Une forme de folie psychiatrique."

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December 26, 2018 4:03 PM
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Guy Rétoré, fondateur du Théâtre de l’Est parisien, est mort

Guy Rétoré, fondateur du Théâtre de l’Est parisien, est mort | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Brigitte Salino dans Le Monde / Publié le 24 décembre 2018

 

L’artiste, qui mena un travail de pionnier dans la lignée de Jean Vilar, s’est éteint à l’âge de 94 ans.

C’était au temps où Ménilmontant ressemblait aux photos de Robert Doisneau. Un Paris populaire, avec des enfants qui jouaient dans les rues, en culottes courtes. Guy Rétoré, qui est mort le 15 décembre, en Sologne, à 94 ans, fut l’un de ces enfants du 20e arrondissement, où il est né, le 7 avril 1924, et où il a mené pendant cinquante ans une histoire de théâtre qui restera dans les annales : celle de la fondation du Théâtre de l’Est parisien, sans qui l’actuel Théâtre national de la Colline n’aurait jamais existé.

La mère de Guy Rétoré travaillait dans les hôpitaux, son père était employé à la SNCF, où il a fait entrer son fils, pendant la seconde guerre mondiale, pour qu’il échappe au Service du travail obligatoire. C’est là que le jeune homme découvre le théâtre, grâce à L’Equipe, la troupe de la SNCF, qui accomplit un beau travail. Ensuite, Guy Rétoré se forme en suivant des cours, et il crée sa compagnie, La Guilde, en 1951.

Dans cet après-guerre où la France est à reconstruire, il mène un travail de pionnier, dans la lignée de Jean Vilar. Mais il choisit de le faire à l’échelle d’un quartier, son quartier, où il travaille d’abord dans des salles de patronage. En 1957, il est lauréat du Concours des jeunes compagnies pour sa mise en scène des Grenadiers de la reine, de Jean Cosmos. En 1963, l’Etat lui attribue un ancien cinéma, rue Malte-Brun, à deux places de la rue Gambetta. Comme il le souhaitait, Guy Rétoré reste sur ses terres, et baptise la salle du nom de Théâtre de l’Est parisien (TEP). Aujourd’hui, cela semble aller de soi. Mais il ne faut pas oublier le contexte : le 20e arrondissement est alors un quartier excentré.

« Une maison ouverte »
C’est donc à une décentralisation à l’intérieur même de Paris que Guy Rétoré se consacre, et cela a un sens indéniable, dans une époque où sont menées les premières grandes expériences de décentralisation en province. Les spectateurs qui viennent au TEP se retrouvent dans « une maison ouverte », selon le vœu du directeur-metteur en scène. Il ne s’agit pas seulement de voir des spectacles : à l’issue des représentations, on casse la croûte, discute et débat dans le hall. Au programme, il y a Shakespeare, Molière, Brecht, Marivaux, Gatti, Jarry… et des concerts, du cinéma, de la danse et de la poésie. Soit une ouverture à la culture sous toutes ses formes, qui servira ensuite de modèle à de nombreuses scènes.

Dans son travail de metteur en scène, Guy Rétoré pratique ce que l’on appelle « la régie », soit une lecture souvent linéaire d’une pièce, qui met en avant la clarté du propos. Ses choix le portent vers les grands textes du répertoire, ou des auteurs contemporains comme Peter Hacks et John Arden. En 1978, Pierre Dux, l’administrateur de la Comédie-Française, invite Guy Rétoré à présenter Maître Puntila et son valet Matti, de Brecht. Ce sera une des rares incursions du directeur du TEP hors de son théâtre, où il invitera en particulier le grand Dario Fo avec son Histoire du tigre et autres histoires, en 1980.

Remplacé par le Théâtre national de la Colline
Trois ans plus tard, Jack Lang, ministre de la culture, décide de doter la capitale d’une nouvelle salle. Il choisit de la situer à l’emplacement du Théâtre de l’Est parisien, qui est démoli. Guy Rétoré se pense candidat légitime à diriger le Théâtre national de la Colline, qui remplace le TEP. Mais le ministère choisit de le confier à Jorge Lavelli, et d’aménager en théâtre les locaux de répétition du TEP, au 159, avenue Gambetta. Guy Rétoré tient vaille que vaille dans les années 1990, avec des subventions amoindries. Mais les temps ont changé, les esthétiques ont évolué, et le Paris de Doisneau s’affiche dans les musées.

Quand l’Etat décide de ne pas renouveler son contrat, en 2000, et de confier la direction du TEP à Catherine Anne, il refuse de quitter les lieux, au motif que c’est « son » théâtre, et qu’il n’est pas associé à la nomination de son successeur, comme le ministère s’y était engagé. Guy Rétoré finira par céder. Triste bras de fer et triste conclusion d’une histoire dont on retiendra qu’elle fut exemplaire à bien des égards, et que Guy Rétoré eut une vertu majeure : il a formé des générations de spectateurs, dont, pour beaucoup d’entre eux, la découverte du théâtre représentait aussi le dépassement d’un tabou social.

Guy Rétoré en quelques dates

 

7 avril 1924 Naissance à Paris

1951 Crée sa compagnie, La Guilde

1961 Fonde le Théâtre de l’Est parisien, rue Malte-Brun

1983 Le TEP déménage avenue Gambetta

15 décembre 2018 Mort en Sologne

Brigitte Salino

 

Légende photo : 
Guy Rétoré en 1966. JACQUES WINDENBERGER / SAIF IMAGES

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December 14, 2018 9:07 PM
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Guy Rétoré : citoyen du théâtre

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Par Anne-Isabelle Six dans Quartiers libres, mai 1996

 


Lorsque l’on demande à un habitant du 20ème s’il connaît le Théâtre de l’Est Parisien, il répond : "Le TEP, oui bien sûr !". Et tout de suite il enchaîne : "Un sacré bonhomme, ce Guy Rétoré… ".



Vous avez grandi dans le village de Charonne. Êtes-vous nostalgique du quartier de votre enfance ?


Je ne suis pas fixé sur le passé, mais le quartier aurait dû bouger autrement. Je regrette que l’architecture ne soit pas faite pour que les gens se parlent. Au lieu de faire ces deux tours immondes, il fallait garder son caractère à la rue Saint-Blaise. On ne peut plus les enlever car les gens s’y sont attachés. On a fait du pratique sans même savoir pour qui. On a bourré les gens dans des cases et, comme pour une valise, on s’est assis dessus. Ce quartier a été bétonné comme aucun autre, à part le 13eme. Des associations comme un Poumon Pour Saint-Blaise ont eu à se battre contre les bulldozers du mauvais goût, de l’inhumanité. Voilà l’urbanisme de la ville de Paris, ou en tous cas de nos quartiers populaires. Et cela uniquement pour des raisons de profit.

Quels souvenirs gardez vous de votre enfance dans le quartier ?
Mes parents habitaient Charonne. Sans travail en Sologne, ils ont été obligés d’émigrer à Paris, dans le quartier le moins cher de la capitale. A cette époque, les prolétaires pouvaient encore envisager de se loger au sein de la capitale. Maintenant, ils vont à Bobigny ou à Sarcelles. L’immeuble à côté duquel j’habite d’ailleurs toujours, était colonisé par des gens du bord de la Loire. La colonie solognote du 37 de la rue des Rasselins roulait les "r" et parlait avec un accent qui n’était certainement pas parisien. Je suis allé à l’école 40, rue des Pyrénées. Les mômes, dans la cour de récréation, se moquaient de mon accent. Cela me blessait. Charonne avait énormément de caractère à l’époque. On rencontre encore des gens de 80 ans qui allaient chercher leur lait dans un pot, le soir à 6 heures, rue des Prairies. Et un ami de 70 ans a pu voir des vignes rue de la Chine. J’ai connu les boulevards des Maréchaux sans un immeuble. On faisait voler les cerfs-volants sur les "fortifs". [1] Je n’ai jamais goûté la "poésie" (!) qu’il y avait dans la vétusté de ces immeubles ; c’étaient des taudis inhabitables. On n’habitait pas Paris, on y descendait faire les courses. On montait place Gambetta. Je n’ai jamais vu la mairie du 20ème arrondissement avant l’occupation quand on allait chercher les cartes d’alimentation. Je comprends les problèmes des africains, des gens déracinés. Ils se collent entre eux. Regardez les asiatiques dans le 13e et les Nord-africains à la Goutte-d’or. Ceux de la première génération, qui arrivent, je les ai connus étant môme. Je peux mieux ressentir leurs problèmes que les beurs, qui eux sont imbriqués dans la ville. Je connais le désarroi, l’angoisse de ceux qui sont posés comme cela, sans rien : nulle part… les mecs devant l’église Saint-Ambroise, sur la place Gambetta ou la place de la Réunion.

Comment réintroduire la culture dans tout cela ?
En préservant la manière dont les gens vivent, la culture de nos arrondissements. Il faut prendre les gens en compte, leur manière de vivre multiple. Avant, c’était celle des solognots, des auvergnats, des bretons… Aujourd’hui, il faut organiser la vie avec des maliens, des asiatiques, des africains du nord, des roumains, des bosniaques… Dans un siècle, ils seront mélangés. Mais le racisme de classe, l’exploitation des uns par les autres, existeront toujours.

Pourquoi avoir choisi l’Est parisien pour implanter votre compagnie ?
Parce qu’il n’y avait rien. Le dernier théâtre vers l’Est de Paris était l’Ambigu, près de la place de la République. Rien n’existait, à part des tentatives comme le Théâtre de Belleville, où on chantait l’opérette. Toute une tradition de théâtre d’ailleurs plus populiste que populaire, qui a été remplacé par le cinéma.

Quelle est la différence entre populaire et populiste ?
On peut être populaire sans être démago. Les films dans lesquels jouait Fernandel étaient populistes, ceux de Renoir populaires. Renoir a cessé de ne prendre en compte que les problèmes d’une classe sociale élevée. Dans La Grande Illusion, pendant que les classes modestes se flinguent sur les champs de bataille, Fresnay sable le champagne avec Stroheim, au nom de l’aristocratie internationale. Renoir parle d’une autre internationale. Il peut y avoir de l’humour, dans le théâtre populaire, non pas pour chloroformer le public, mais au contraire pour réfléchir avec lui.

En quoi votre enfance dans le quartier a-t-elle orienté ce que vous avez fait par la suite ?
L’authenticité du quartier n’est pas une carte de visite. Quelqu’un peut venir d’ailleurs et faire du théâtre avec autant d’intérêt. Si cela m’a préoccupé autant, c’est parce que j’en étais du quartier. .. et de ces gens là. Comme le docteur Schweitzer est parti à Lambaréné, Mademoiselle de Miribelle est venue à Charonne de son 16ème pour se dévouer à une œuvre de charité. Mais qu’est-ce que cela arrange la charité ? Elle n’a pas appris aux gens à pêcher, elle leur a amené du poisson.

Et vous êtes plutôt de ceux qui apprennent aux gens à pêcher ?
Est-ce que je sais pêcher ? J’essaie de savoir comment on pourrait apprendre à pêcher à tout le monde.

Pêcher est d’ailleurs un mot à double sens ?
Alors là peut-être justement… (rires)… Je ne voudrais pas donner l’impression que ce que l’on a fait est exemplaire, parce que l’on s’est bien marré. De toute façon, les quelques expériences théâtrales que j’ai tentées à Paris, m’ont appris que je n’aurais jamais pu m’intégrer à ce milieu et à ces rites. Les gens avec qui je travaille ici se sont formés au théâtre dans le théâtre. Aussi bien la presse, la profession, que les autorités de tutelle ne savent vraiment pas où me mettre. Je me sens bien avec ceux qui ont deux préoccupations : artistique et de conquête.

Qu’ont-ils de commun ceux avec qui vous vous sentez bien ?
Ils se situent à leur place. Nous ne sommes que des saltimbanques. Ce qui me gêne, avec les autres, c’est qu’ils trimbalent le rôle qu’ils jouent le soir dans la vie. Pour moi, le théâtre n’est qu’un moyen. C’est un marteau pour enfoncer un clou. Un clou destiné à accrocher une toile qui est dans un cadre. Et l’important dans le Guernica de Picasso, ce n’est pas la peinture, c’est la dénonciation du crime, de la dictature, de la cruauté. Ce n’est pas qu’une œuvre d’art, une réjouissance de l’esprit. Elle exprime une foi, une révolte, elle devient ma vie. Un portrait de femme de Vermeer est un témoignage, un cri. Les guinguettes de Renoir, aussi, c’est nous. Pas simplement de l’art scandalisé, déchiré. C’est comme une nécessité. L’essentiel est ce qui motive l’expression artistique, le reste est de la technique. La télévision est de la télévision et rien d’autre. C’est une invention pour séparer les gens, posés là sans racines avec les autres.

Que veut dire pour vous "théâtre populaire" ?
Le théâtre populaire n’existe pas. C’est le théâtre qu’il faut rendre populaire, le faire entrer dans la vie. Les autres l’en ont détourné. Une partie de la société se l’est à nouveau accaparé. Le théâtre est en grande partie fait pour les gens de théâtre. Ce qui fonctionne, ce sont les invitations pour les gens de la profession. Reste une minorité de places pour les gens qui peuvent payer. Au TEP, il n’y a que des spectateurs payants.

Pourquoi avoir fait du théâtre ?
Pour jouer, parce que je voulais exister, pour être. D’autres font de la boxe, moi je lisais. J’étais touché par la poésie et par le théâtre. Quand un jeune comédien me demande des conseils, je lui dis "Lis et crois en toi. Ne doute pas".

Quelle est la caractéristique du répertoire du TEP ? Quelle part y tient la "critique sociale" ?
Le répertoire du théâtre populaire met en scène toutes les classes. Ce n’est pas Guitry. Évidemment Guitry a de l’esprit, mais quel mépris pour les petites gens, pour ceux qui servent. C’est un décadent. Notre répertoire, c’est Molière, Shakespeare, Aristophane, Sophocle et le théâtre contemporain qui parle aux contemporains.

Alfred Simon [2] vous prête cette volonté : "donner à tout homme le pouvoir de changer le monde en un théâtre".
Oui. Le théâtre ne doit pas être une parenthèse de la vie de trois heures. Il doit exister un avant-théâtre, le théâtre et un après-théâtre. Il faut prolonger cette vie : chez les gens avec le théâtre en appartement, au milieu des gens par le théâtre dans la rue. Le théâtre n’est pas un esquimau ou un croquemonsieur. On s’y prépare, on se rencontre. La fête continue après. Le théâtre est encore plus indispensable aujourd’hui.

Le théâtre populaire, est ce le mépris des classes dirigeantes ?
Non. On ne vit pas tous pareil, non parce que l’on est con, mais parce qu’on est pas tous nés avec la chance de pouvoir aller au lycée Henri IV. Le théâtre populaire dit : "Mettez des préservatifs, limitons les naissances". Il parle de l’avortement. C’est un théâtre progressiste. Mais dénoncer l’exploitation est intolérable pour les exploitants. Alors ils disent : "le théâtre populaire est manichéen". Nous faisons un théâtre engagé, militant, mais pas de l’AGIT-PROP. Ce théâtre dénonce aussi la veulerie de ceux qui s’en sortent en composant avec la société. Dans La règle du jeu, Renoir montre la veulerie de Carette, voleur de lapin et non pas héros-révolutionnaire mais malgré cela avec une immense tendresse. Même Claudel dénonce le comportement des classes bourgeoises.

Anne-Isabelle Six

Dans notre prochain numéro, Guy Rétoré nous dit l’importance qu’a eu pour lui Jean Vilar, comment il conçoit son travail, ses responsabilités à travers ses
expériences collectives à la GUILDE et au TEP. L’avenir du TEP est une grave préoccupation, au moment où les participations des pouvoirs publics· fléchissent, c’est au public de sauver son théâtre.

Guy Rétoré a parlé d’une association, UN POUMON pour SAINT-BLAISE, cette association est née en 1984. Quelques habitants de la Z.A.C. St-Blaise se sont levés et organisés face au béton dans lequel les aménageurs parisiens les avaient enfermés. OÙ EN EST SAINT-BLAISE en 1996 ?

Le 11 avril, Guy Rétoré participait à l’une, des soirées de l’UNIVERSITÉ POPULAIRE organisée par cette association pendant les dix semaines anniversaires de la COMMMUNE DE PARIS - 18 mars 28 mai 1871 - "Refusant l’armistice signé avec les allemands, le peuple de Paris s’insurge, obligeant le gouvernement à s’enfuir à Versailles et invente un société nouvelle ; État laïc, instruction gratuite pour tous, reprise des ateliers par des associations ouvrières, abolition de la peine de mort… la Commune finit dans un bain de
sang".

Article mis en ligne par Mr Antoine Seck, collaborateur à La Ville des Gens. Actualisé en décembre 2013.

Quartiers Libres, le canard de Belleville et du 19ème (1978-2006) numérisé sur le site internet La Ville des Gens depuis 2009.

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December 2, 2018 9:24 AM
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Marceline Lartigue : une femme, une artiste flamboyante

Marceline Lartigue : une femme, une artiste flamboyante | Revue de presse théâtre | Scoop.it

02 MAI 2018 | PAR RAPHAËL DE GUBERNATIS dans Toutelaculture.com

 

Marceline Lartigue : une femme, une artiste flamboyante

Marceline Lartigue, qui vient d’être victime d’une rupture d’anévrisme à la veille des défilés du 1er mai, à Paris, avait une beauté d’une autre époque. Éclatante et pulpeuse, un peu à la façon de Brigitte Bardot dans son jeune temps. Et avec cela un chic extraordinaire pour se vêtir, une élégance toute théâtrale dont elle était sans doute la première à s’amuser, même si elle devait être parfaitement consciente de l’effet de ses tenues si recherchées dans une société où le laisser-aller est désormais de mise. Elle était malicieuse encore, dotée d’un humour très particulier, ravageur, qui lui conférait un charme supplémentaire.

Si elle n’avait été danseuse, elle eut pu être mannequin. Pas mannequin comme ces filles cadavériques à la mine patibulaire qui défilent aujourd’hui sur les podiums de la mode. Mais le mannequin fétiche d’un créateur furieusement original.
La danse, elle entreprend de la conquérir en suivant dans la seconde moitié des années 1970 les cours de Carolyn Carlson, Hideyuki Yano ou Suzon Holzer. Des choix, comme tous ceux qu’elle effectuera par la suite, pointus et judicieux, loin des sentiers battus, et qui feront d’elle, durant les décennies suivantes, l’exemple parfait d’une artiste française au parcours emblématique pour son temps, quand bien même sa forte personnalité donnera toujours d’elle l’impression qu’elle demeura un électron libre.

Paris, Arles, New York, Paris

C’est que Marceline Lartigue a de qui tenir. Sa mère, Bernadette Bonis a été longtemps critique de danse à « Révolution », puis un temps directrice des Rencontres chorégraphiques de Bagnolet, manifestation à la tête de laquelle elle a succédé à son fondateur, Jaque Chaurand. Son père, le poète et romancier Pierre Lartigue, disparu en 2008, fait lui aussi partie de cette intelligentsia française qui découvre dans la danse contemporaine un champ infini de réflexion et d’inspiration. Co-fondateur de la revue « Avant-Scène/Ballet-Danse », il est aussi critique à « L’Humanité ».

Après avoir suivi un stage demeuré fameux, donné par la chorégraphe Lucinda Childs lors du Festival de Danse d’Arles en juillet 1980, Marceline Lartigue, conçoit une première pièce, « Dum Dum Duo »,  lors du Festival de Danse de Chateauvallon de 1982, à l’invitation de Patrick Bensard. Puis, comme tant de jeunes danseurs de sa génération, elle entreprend en 1983 le pèlerinage obligé à New York qui est alors le centre universel de la danse contemporaine, le lieu où résident la plupart des grands et futurs grands chorégraphes américains. Elle étudie évidemment dans le studio de Merce Cunningham à Westbeth et danse déjà pour Karole Armitage et Susan Hayman-Shaffey. De retour en France, elle s’engage dans la compagnie de Karine Saporta et se produit dans les salons de l’Hôtel Meurice au cours d’un duo époustouflant, « Une Passion », créé pour elle et pour Hideyuki Yano par Saporta.

La comtesse sanglante

Marceline Lartigue repart pour New York afin d’y danser l’ébouriffant « Gogo Ballerina » de Karole Armitage, puis, regagnant la France, fonde aussitôt sa propre compagnie, « Szerelem ». Avec celui qui est devenu pour un temps son époux, le compositeur Hugues de Courson, elle crée ainsi un spectacle chorégraphique et musical, « Erszebet », qu’on découvre au Centre Pompidou et qui évoque la figure légendaire et sanglante de la comtesse hongroise Elisabeth Bathory d’Ecsed. Un spectacle fort, baroque, inattendu, qui est un éloquent reflet de la personnalité flamboyante de son autrice et de ses centres d’intérêt hors du commun, tout comme le seront plus tard ses ouvrages autour des figures de Lola Montes ou de Gilles de Rais.

L’Orage d’une robe qui s’abat

Un peu partout en France, voire à l’étranger, suivront de nombreuses productions au cours des années 1990, dont une création, « Prédelle », pensée pour le danseur-étoile de l’Opéra de Paris, Jean-Yves Lormeau. Des productions aux titres évocateurs et poétiques comme « Tricheurs », « Tabou », « Centaure », « L’Improbable », « L’Orage d’une robe qui s’abat », « L’Antichambre des contes ». Cependant que Marceline Lartigue se fait par ailleurs l’interprète de l’Américaine Susan Buirge dans « Le Jour d’après » (2000) et l’œil de la forêt » en 2002, ou l’assistante de l’Argentine Graziella Martinez lors du retour de cette dernière à Paris, au studio Le Regard du Cygne en 2003. Elle est aussi le sujet de clichés des photographes Philippe Taka, Anne Nordmann ou Geneviève Stephenson.

La découverte de l’Afrique

Dans les années 2000, dès 2003 précisément, lors d’un voyage d’étude au Sénégal, la découverte de l’Afrique modifie profondément la trajectoire de Marceline Lartigue, même s’il lui arrive aussi de travailler au Vénézuela.
Elle poursuit ses investigations au Ghana, au Burkina-Faso, au Mali, au Sénégal encore, au Bénin surtout, en menant des études autour des rituels encore en vigueur au sein des populations de ces pays, ce qui lui vaut de bénéficier d’une bourse Villa Médicis-Association française d’Action artistique-Hors les murs. A partir de là, Marceline Lartigue construit des ouvrages en travaillant avec des danseurs africains, ouvrages mêlant les danses et les rites de plusieurs cultures de l’Afrique noire et inspirés entre autres choses par les danses rituelles pratiquées lors des cérémonies des cours royales du Dahomey.

Ces spectacles n’ont pas été vus à Paris, mais beaucoup l’ont été lors de tournées en Afrique, devenue ainsi la terre de prédilection de la danseuse française. En Afrique de l’Ouest comme en France, la disparition brutale, inattendue de Marceline Lartigue endeuille toute une génération d’artistes innombrables et de figures du monde culturel que sa personnalité hors du commun ne peut qu’avoir émerveillés ou séduits.

Raphaël de Gubernatis

Visuel : © Philippe Taka

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December 1, 2018 4:34 PM
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Disparition du comédien Yves Gasc, acteur des grandes heures de Vilar et de Renaud-Barrault

Disparition du comédien Yves Gasc, acteur des grandes heures de Vilar et de Renaud-Barrault | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Jean-Baptiste Garat et AFP agence
Publié le 29/11/2018 à 20h30

Le sociétaire honoraire de la Comédie-Française s'est éteint à 88 ans après avoir consacré sept décennies à la scène. Éric Ruf a déploré qu'avec lui «un large pan de l'histoire du théâtre» disparaissait.

Il y a quatre mois, Dominique Rozan s'en allait. Puis Arlette Téphany. Et aujourd'hui, c'est une autre figure qui a marqué le théâtre des années 1950 jusqu'à nos jours qui disparaît. La Comédie-Française a annoncé jeudi le décès à 88 ans de l'acteur, poète et metteur en scène Yves Gasc, qui faisait partie de ses sociétaires honoraires, et avait effectué une riche carrière au théâtre et au cinéma. Né en mai 1930, il s'est formé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique dans les classes de Jean Yonnel et Georges Le Roy.

De 1953 à 1963, engagé au TNP, Yves Gasc interprète des pièces de Musset, Shakespeare, Büchner, Beaumarchais, Brecht, Molière, Pirandello. Il est nommé par Jean Vilar responsable des soirées ou matinées poétiques et littéraires du Théâtre national de Chaillot, au Festival d'Avignon et en tournée. Ensuite, il met en scène des pièces de Corneille, Labiche, Valéry, Hugo, Pinget et collabore fréquemment avec Laurent Terzieff. Entre 1973 et 1977, il fait partie de la compagnie Renaud-Barrault, où il joue notamment Claudel, Harold et Maud de Higgins, Villiers-de-l'Isle-Adam, Duras.


Yves Gasc a ensuite intégré la Comédie-Française en 1978 et en devient le 470e sociétaire en 1982. Au Français, il avait interprété de nombreuses pièces du répertoire classique et contemporain, de Molière à Samuel Beckett, en passant par Tchekhov, Giraudoux, Euripide, Hugo, Marivaux... Il était encore à l'affiche du Misanthrope de Clément Hervieu-Léger durant la saison 2016-2017.

«Avec Yves, c'est un large pan de l'histoire du théâtre en France et de la Maison qui disparaît»

Éric Ruf, administrateur général de la Comédie-Française
«Avec Yves, c'est un large pan de l'histoire du théâtre en France et de la Maison qui disparaît», a souligné Éric Ruf, administrateur général de la Comédie-Française, dans un communiqué. Ce comédien prolifique avait continué ses activités jusqu'à ces dernières années, entre lectures de poèmes, rôles au théâtre et cinéma, dont le film Oblomov, sorti l'an dernier.

 

Légende photo : Yves Gasc en 1982 sur la scène du théâtre IntermezzoRue des Archives/Rue des Archives/AGIP

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November 28, 2018 7:33 PM
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Mort de Jean-Loup Rivière, l'homme qui parlait si bien de théâtre

Mort de Jean-Loup Rivière, l'homme qui parlait si bien de théâtre | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Camille Bichler sur le site de France Culture, 28/11/2018 

Mort de Jean-Loup Rivière, l'homme qui parlait si bien de théâtre

 

Écouter Les Chemins de la philosophie : la main,  invité : Jean-Loup Rivière 14/09/2011

Dramaturge, critique de théâtre, ancien Secrétaire général et directeur artistique de la Comédie-Française, il a consacré sa vie au théâtre. Ancien producteur de l'Atelier de création radiophonique, Jean-Loup Rivière est souvent intervenu sur l'antenne de France Culture. Hommage.

 


On a appris la mort il y a quelques jours d'une figure de la critique dramatique en France : Jean-Loup Rivière, dramaturge, critique de théâtre, professeur d'études théâtrales. 

Après des études de philosophie à l’université de Caen, Jean-Loup Rivière s'exprime rapidement dans différents médias. La radio, d'abord, où il est à partir de 1973 l'un des producteurs de L’Atelier de création radiophonique sur France Culture, invitation pour les artistes et chercheurs à confronter leurs pratiques à la création radiophonique. Il prête également sa plume au journal Libération en tant que critique dramatique. 

Il devient ensuite Secrétaire général de la Comédie-Française de 1983 à 1986, où il collabore avec son ami le metteur en scène Jean-Pierre Vincent. Il s’intéresse particulièrement aux publications, et prend alors la tête du magazine Comédie-Française et de La Gazette du Français.

Enfin, ces dernières années, Jean-Loup Rivière avait concrétisé sa passion pour la transmission en dirigeant le département de recherches théâtrales à l’université Paris-Nanterre, à partir de 2001. Et il avait enseigné l’art du théâtre à l’Ecole normale supérieure de Lyon et la dramaturgie au Conservatoire national supérieur d’art dramatique.

Dans un article de Libération, la productrice Laure Adler a rendu ce lundi un hommage à son ami Jean-Loup Rivière par ces mots : 

Du théâtre, il disait qu’il mettait en mouvement le corps d’abord puis réactivait l’intelligence. Art par essence de l’éphémère, il savait en prolonger les plaisirs dans l’après-coup de la représentation : publications de textes sur l’art de l’acteur, enseignement novateur au conservatoire et à l’Ecole normale supérieure, traductions de textes de théâtre de l’italien et du catalan, directeur de revues de théâtre importantes par la diversité des approches. Laure Adler 

Parmi ses nombreux passages sur l'antenne de France Culture, Jean-Loup Rivière était venu en 2011 dans Les Chemins de la philosophie pour percer les mystères de la gestuelle sur scène, un langage à part entière.



On reconnaît un mauvais comédien à ses mains. Un acteur qui ne sait pas quoi faire de ses mains, c'est le point par lequel on comprend qu'un acteur est déficient. Le geste est un langage, mais il peut aussi être de l'action. Il n'y a pas 36 parties du corps qui peuvent être expressifs. Il y a la posture, le visage et les mains. Le mime est comme l'emblème et le restaurateur de la place du corps au théâtre. 

Jean-Loup Rivière prend l'exemple de la gifle infligée par Don Gomès à Don Diègue, dans Le Cid, de Corneille. Le soufflet a valeur d'introduction à l'intrigue de la pièce, dans un monde où la main symbolise les codes d'honneur de l’aristocratie : 

C'est un coup qui est porté, c'est un geste qui blesse, c'est donc un défi. C'est un geste intéressant, parce qu'il blesse, et dans le langage cela signifie un défi. Ce soufflet est donc une phrase. Ce geste est lié à un risque de mort, à une image de la mort. De ce soufflet dans "Le Cid" va s'enchaîner un duel.

Pour Jean-Loup Rivière, les corps ne sont pas uniquement un artifice de la mise en scène, c'est de leur position que peut naître la dimension tragique d'une pièce : 

Depuis l'Antiquité, on soutient que le geste est un langage originel, sinon universel. L'intérêt que des artistes ou des philosophes peuvent avoir pour le geste est de se dire "il y a là quelque chose qui n'est pas le langage, qui permet de mentir, de se déguiser, de se travestir". Le geste est une parole qui peut se dissimuler. 

Jean-Loup Rivière en 2011• Crédits : S. Marchand - Radio France

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November 26, 2018 5:51 PM
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Jean-Loup Rivière, une vie au fil du théâtre 

Jean-Loup Rivière, une vie au fil du théâtre  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Armelle Héliot  dans son blog "Le Grand Théâtre du monde" le 26 novembre 2018


Jean-Loup Rivière, une vie au fil du théâtre

De l'université de Caen à la Comédie-Française en passant par Libération et France-Culture, cet esprit curieux et érudit avait goûté à toutes sortes d'approches de la littérature et du théâtre. Il a été emporté par un cancer fulgurant. Il avait 70 ans.

Dans le monde du théâtre, on aime la transmission. On aime se choisir des maîtres. Jean-Loup Rivière avait un parrain de théâtre, comme lui passionné : Robert Abirached. Professeur à l'université de Caen, il avait connu Jean-Loup Rivière, jeune étudiant plein de fougue. Jean-Loup avait eu 20 ans en 1968 et, comme toute une grande partie de sa génération, il n'avait jamais lâché le fil qui lui importait le plus, le savoir.

Sa vie durant, dans l'amour de la lecture, il aura été de poste en poste, avec un centre de gravité unique, le théâtre, l'art dramatique.

Etudiant en philosophie à l'Université de Caen, où il était né le 10 janvier 1948, il avait animé le Groupe de recherches théâtrales, de 1969 à 1972.

A Paris, il avait fréquenté l'Ecole Pratique des Hautes Etudes et commencé une thèse de doctorat sous la direction de Roland Barthes.

Il écrivait, et, à cette époque de sa vie, on lui voyait plutôt un destin de dramaturge. Des années plus tard, d'ailleurs, en février 1983, il avait présenté au Théâtre national de Chaillot que dirigeait alors Antoine Vitez, dans le cadre d'un cycle de formes légères, un spectacle qu'il avait écrit. Il s'intitulait Palerme ou Jérusalem. Il avait été mis en scène par Hans Peter Litscher, dans une scénographie de Charles Marty. Une promenade dans les grands espaces du Foyer du Chaillot. Daniel Emilfork en était le guide...

Un moment qui ne s'oublie pas.

Comme tous les "littéraires" d'alors, il avait été un moment attiré par la radio (Atelier de création radiophonique de France Culture, de 73 à 83), avait conduit des missions d'études pour le Centre Georges-Pompidou et été un moment critique dramatique à Libération

Mais c'est évidemment à la Comédie-Française, où il avait travaillé très tôt, qu'on le revoit. Il était arrivé en même temps que Jean-Pierre Vincent et ne quitterait plus de si tôt la maison.

Secrétaire général de 1983 à 1986, il s'était particulièrement intéressé aux publications, ce qui fait qu'il avait conservé un poste de conseiller littéraire tandis que passaient les administrateurs.

Il avait créé avant l'époque du Français, L'Autre scène, puis La Gazette du Français et il avait dirigé des collections, Le Répertoire et Le Spectateur français, publié avec l'Imprimerie de la Bibliothèque nationale.

Ecrivain, éditeur, Jean-Loup Rivière était aussi enseignant. De 1995 à 2001, il avait été maître de conférences associé à l'Institut d'études théâtrales de Paris III. Il avait également donné des cours à l'ENS de Lyon et au Conservatoire (CNSAD).

Il écrivait des essais, des études. Il avait pour compagnon de réflexion et de plume, Jacques Lassalle. Ils publiaient des "conversations" sur Dom Juan ou sur la formation de l'acteur.

Il était également traducteur, soit seul, notamment depuis le domaine italien, soit à deux, pour les écrits traduits notamment du hongrois.

Ses obsèques seront célébrées au début de la semaine prochaine.

 

Photographie DR

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November 25, 2018 4:07 PM
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Mort du dramaturge et théoricien du théâtre Jean-Loup Rivière 

Mort du dramaturge et théoricien du théâtre Jean-Loup Rivière  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié le 25 novembre dans Libération 25.11.2018

 
Disparition.
Ancien secrétaire général puis conseiller artistique de la Comédie-Française, un temps producteur de l'Atelier de création radiophonique sur France Culture et dramaturge au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, Jean-Loup Rivière est mort à l'âge de 70 ans.

 

 

Cursus  : Producteur à France-Culture Atelier de créa­tion radio­pho­ni­que, (1973-1983). Chargé d’études au Centre Georges Pompidou (1977-1980). Critique dra­ma­ti­que au jour­nal Libération(1981-1982). Secrétaire géné­ral de la Comédie-Française 1983-1986. Conseiller lit­té­raire et artis­ti­que de la Comédie-Française (1986-2001).

Fonctions actuel­les : Professeur Emérite à l’École Normale Supérieure de Lyon. Etudes théâ­tra­les. Professeur de dra­ma­tur­gie au Conservatoire natio­nal supé­rieur d’art dra­ma­ti­que à Paris. Directeur de l’EA 7410 PSL/SACRE.

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Loup_Rivi%C3%A8re

 

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January 12, 2019 11:15 AM
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Aharon Appelfeld, des voix dans le silence (1932-2018)

Aharon Appelfeld, des voix dans le silence (1932-2018) | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Sur le site de l'émission "Une vie une oeuvre" sur France Culture : 

 

Ecouter l'émission (1h) en ligne sur le site de l'émission, avec vidéos et liens audio

 

 

Aharon Appelfeld, écrivain israélien, a marqué la littérature par la justesse et la densité de son œuvre. Cet « écrivain errant de fictions errantes », comme le qualifiait son ami Philip Roth, n’a eu de cesse de traduire son expérience d’enfant ayant survécu à la destruction des Juifs d’Europe.

Aharon Appelfeld avait toujours dans son regard, le récit, le temps, qui était toujours présent comme un voile. Il y avait chez lui ce regard qui venait d’ailleurs, le présent était comme une station dans une odyssée qui venait de loin et qui trace sa route. Notre vocation, c'est de laisser des traces de cette odyssée. Michal Govrin

Le silence, la lumière et la mémoire tiennent une part essentielle dans l’œuvre d’Aharon Appelfeld. Elle nous est parvenue à travers les traductions de Valérie Zenatti, qui raconte dans deux de ses romans (Mensonges et Dans le faisceau des vivants) l’intensité hors du commun de leur relation : une fraternité traversant le temps. De générations et d’origines différentes, ils ont en commun d’avoir tous deux du apprendre l’hébreu à 13 ans ½ , à l’âge sensible du passage de l’enfance à l’âge adulte. Avant cela, leur toute première approche de cette langue a d’abord été celle de la prière : une langue chantée avant d’être parlée.   

Pendant des années, l’œuvre d’Aharon Appelfeld est restée méconnue en France, jusqu’à sa publication par les éditions de l’Olivier. Une question de générations : les précédentes ne pouvant entendre ce qu’Aharon Appelfeld avait à dire sur l’extermination des Juifs d’Europe. Aharon Appelfeld nait en 1932 près de Czernowitz, alors en Roumanie (aujourd’hui en Ukraine). Il  grandit entouré de chaleur dans un foyer auquel il ne cessera de revenir dans toute son œuvre. A 8 ans, la guerre l’arrache à sa famille. Il s’échappe d’un camp, et parvient à survivre, seul, pendant plusieurs années.

 

Après la guerre, après une longue errance, un réseau sioniste l’envoie en Israël. Il n’a pas encore quatorze ans, et se reconstruit, apprenant pas à pas une langue qu’il ressent d’abord comme une succession d’ordres, « comme des cailloux qui roulent sous un fleuve », et qu’il apprivoise par le texte, en reprenant l’Ancien Testament. 

Il trouve dans l’hébreu une distance avec l'événement historique, qui lui permet alors de se rapprocher du mystère métaphysique de la destruction des juifs d'Europe, sans aller vers la réduction historique. Valérie Zenatti

Il ne se reconnaît pas dans l’idéal du « Juif Nouveau » que promulgue le tout jeune Etat d’Israël, et qui demande aux réfugiés d’abandonner leur passé derrière eux. Désorienté, il retrouve enfin ses marques comme étudiant en littérature yiddish, auprès d’enseignants prestigieux (Buber, Agnon, Sadan, Scholem), inspirés par le hassidisme, grâce à qui il peut enfin relier son passé et son présent. Il trouve l’amour, et fonde une famille, unie et lumineuse. Son écriture l’inscrit à la fois dans la lignée de Proust et dans celle de Kafka.

 

Son ami et éditeur Yigal Schwartz dit de lui qu’Appelfeld a appris à écrire auprès de la petite chanteuse à la voix d’oiseau, rescapée comme lui, qu’il décrit dans Histoire d’une vie, son œuvre la plus proche de ce qui pourrait être une autobiographie : la petite chantait « dans sa langue à elle, qui était un mélange de mots dont elle se souvenait, de sons des prairies, de bruits de la forêt, et de prières du couvent». Ecrire, pour Aharon Appelfeld, c’est « reconstruire un foyer à travers [ses] livres, continuer à rêver au retour de [ses] parents ». 

Dans ses premiers livres, il s’agit de personnes désorientées, de couples dysfonctionnels, de gens qui ont été reliés par le destin ou un événement. Plusieurs années après notre mariage et la naissance de nos enfants, c’est la première fois que notre foyer l’a ramené au souvenir de sa maison, de sa famille. Il avait vécu détaché toutes ces années, il était seul. Cela lui a redonné la mémoire et tous ses souvenirs. Son écriture a changé, ses personnages ont trouvé leur place et lui aussi a changé, son attitude, sa façon de marcher. Quand je l’ai rencontré, sa voix était étranglée, puis elle s’est détendue, et elle s’est révélée… Judith Appelfeld

Il écrit plus d’une quarantaine de livres, couronnés de prix internationaux, parmi lesquels Le Temps des prodiges, TsiliHistoire d’une vie, ou le dernier paru en français, Des jours d’une stupéfiante clarté. En hommage, sa fille Batia écrira de lui :

 

"Dans les dernières années de sa vie, mon père a vécu dans le quartier de Rehavia à Jérusalem. Il est donc retourné dans les rues où il a marché en tant que jeune étudiant à l'Université hébraïque. Lors de l'une de nos promenades dans le quartier, papa s'est arrêté près d'un arbre qui se tenait dans un jardin et l’a regardé. C’est ce qu’il a toujours fait: s’arrêter et regarder avec étonnement le phénomène qui se présentait. "Vois-tu ces belles fleurs?" Il a tourné mon attention vers le cœur, et en effet l'arbre était enveloppé dans une floraison magnifique. "C'est un parasite", a dit mon père. "Ces fleurs n'appartiennent pas à l’arbre. Cette plante tète la poitrine de l'arbre. Oh, mais l'arbre ... dis-je ... Oui... Et pourtant, quelle éruption!" a dit mon père, et il a continué à marcher. La vie et la mort sont étroitement liées, et tout est rempli d’une beauté qui pince le cœur."

 

 

  • Avec Judith Appelfeld ; Yigal Schwartz , éditeur et directeur des archives de littérature à HEKSHERIM (Institute for Jewish and Israeli Literature and Culture) ; Michal Govrin, écrivaine ; Valérie Zenatti,écrivaine et traductrice ; Olivier Cohen, éditeur ; Michel Spinosa, cinéaste travaillant à l’adaptation des Partisans. La voix d’Aharon Appelfeld est tirée du film d’Arnaud Sauli, L'enfance d'Aharon. Remerciements à lan Bar David, directeur des archives à l’Institut pour la littérature juive et israélienne, HEKSHERIM, et à Viviane Mamane, à Pauline Horovitz, et à la Maison de la Poésie.
Écouter
Écouter Eric Genovese lit un extrait d'Histoire d'une vie, d'Aharon Appelfeld
 

Pour aller plus loin

Les œuvres d'Aharon Appelfeld sont disponibles aux éditions de l'Olivier et en poche chez Points.

Les archives d'Aharon Appelfeld sont consultables sur simple demande à Ilan Bar David, directeur de l'institut de la littérature juive et israélienne, HEKSHERIM.

La mémoire & la langue : Aharon Appelfeld, entre Histoire & fiction : article d’Orly Toren publié dans Acta fabula, (novembre-décembre 2011).

Toutes les vies d’Aharon Appelfeld : portrait signé Norbert Czarny pour l’Ecole des lettres.

Aharon Appelfeld, cinquante ans d'écriture : numéro spécial de la revue Yod, revue des études hébraïques et juives (2014).

  • Un documentaire de Mariannick Bellot, réalisé par Lionel Quantin. Prise de son : Pierre Monteil, Delphine Baudet, Amandine Grevoz. Mixage : Alain Joubert. Archives Ina : Marie Chauveau. Documentation : Hélène Caillet et Annelise Signoret. Lecture : Eric Genovese. Extraits de Histoire d’une vie, de Aharaon Appelfeld, publié chez l’Olivier, avec les voix de Benjamin Abitan, Nina Rajgrodzski, et Jérôme Filippi.

BIBLIOGRAPHIE

Histoire d'une vie  Aharon AppelfeldEditions de l'Olivier, 2004

VOIR PLUS
INTERVENANTS
 
 
Légende photo : Portrait d'Aharon Appelfeld, dernier écrivain israélien, témoin de la Shoah, pris le 27 mai 2010 dans un hôtel du centre de Lyon • Crédits : Philippe Merle - AFP
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January 2, 2019 3:29 PM
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La mort d'Alain Léonard, le fondateur de l’association Avignon Public Off

La mort d'Alain Léonard, le fondateur de l’association Avignon Public Off | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Stéphane Capron dans Sceneweb 6 novembre 2018


C’est un monument du Off qui vient de nous quitter, le comédien Alain Léonard est mort à l’âge de 80 ans. Il est le père de l’organisation du Off, festival né en 1966 sous l’impulsion d’André Benedetto. Mais c’est en 1982 avec Alain Léonard qu’il connait l’essor et la professionnalisation.

On peut dater la création du Off à 1966. Il n’y avait qu’un seul spectacle au Théâtre des Carmes chez André Benedetto, il s’agissait de Statues. En 67, 7 spectacles sont proposés au public. Il y en avait 1538 cet été en 2018. Alain Léonard fonde l’association Avignon Public Off en 1982. Son souhait est de de “rassembler les compagnies“. Il met en place le fameux programme-catalogue qui a pris beaucoup de poids au fil des années. Il créé également la carte “Avignon Public Off” qui permet aux spectateurs de bénéficier de tarifs réduits.

En 1988, il crée la Maison du Off, lieu de rencontre de tous les festivaliers. Elle s’installe dans l’ancien Conservatoire, lieu stratégique et emblématique en face du Palais des Papes. Aujourd’hui les festivaliers se retrouvent rue des Ecoles.

Alain Léonard quitte la direction d’Avignon public Off à l’issue de l’édition 2004, vingt-trois ans après la création de l’association. Cette année-là, il y avait 700 spectacles, et on parlait déjà d’inflation ! Toutes les compagnies, tous les comédiens du off lui doivent beaucoup.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

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January 1, 2019 12:45 PM
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Nombreux hommages pour Michel Dallaire, cofondateur du Cirque du Soleil 

Nombreux hommages pour Michel Dallaire, cofondateur du Cirque du Soleil  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Tommy Brochu dans La Tribune.ca (Sherbrooke) 30 décembre 2018

Nombreux hommages pour Michel Dallaire, cofondateur du Cirque 

Michel Dallaire n’est plus. Le clown sherbrookois, qui était déménagé en Europe, s’est éteint récemment. Celui qui a participé à la première mouture du Cirque du Soleil laisse cependant derrière lui un grand héritage.


Le Sherbrookois a surtout roulé sa bosse en France, où il a démarré une école de clowns, le Hangar des mines. Il y a enseigné durant plusieurs années. Dernièrement, il aurait voulu venir s’installer dans son pays natal, mais il n’aura finalement pas eu le temps de réaliser ce projet. 

Malgré son personnage plutôt excentrique, l’une de ses meilleures amies, Gaëtane Roy, affirme que Michel Dallaire était en fait peu bavard. « Dans la vraie vie, c’était un grand timide, un homme de peu de mots. Ce n’était pas un placoteux ou un bullshiteux. C’était un ami très fidèle, très réservé et discret. Il a été mon ami durant 40 ans », explique Mme Roy.

Celle-ci se rappelle des numéros de clown qu’il avait monté il y a plusieurs années. « On n’a pas de tradition de clown au Québec. Il était flamboyant sur scène ; rien ne l’arrêtait. C’était un grand mince avec des cheveux. Il connaissait des gens de partout au travers le monde. Tout le monde rend des témoignages. Ce qui revient le plus souvent, c’est que Michel était libre et passionné », indique-t-elle. 

« C’était un être qui adorait les humais, poursuit Gaëtane Roy. C’était un homme d’exception. Il était sensible et discret, ce qui est étonnant par rapport au personnage public. J’ai l’impression que je le connais depuis toujours, on n’avait jamais perdu contact malgré la distance », se rappelle-t-elle. 

Sur le site Dans nos cœurs, samedi soir, plus de cinquante personnes avaient rendu un dernier hommage à celui que certains qualifient de « maître ». Visiblement, le Sherbrookois en a marqué plus d’un. 

« Quelqu’un m’a vue comme jamais avant on ne m’avait vue, en plein cœur. Ce cœur que je ne connais pas. Et vue de la sorte, un monde s’ouvre et je me vois libre. Quelqu’un m’a remplie de force. Ces yeux qui percent et sourient en coin, ces mots qui toujours résonnent, cette immense chaleur humaine. Michel, c’est si beau, si fou et je suis si triste. Merci infiniment. », a commenté une certaine Fanny Vialle sur le site web. 

M. Dallaire est décédé le 20 décembre dernier à 66 ans.

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January 1, 2019 12:03 PM
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Disparition d'Arlette Téphany, une vie pour le théâtre

Disparition d'Arlette Téphany, une vie pour le théâtre | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Armelle Héliot et Baptiste Savignac dans Le Figaro 
le 02/08/2018 


DISPARITION - Comédienne, metteuse en scène, directrice d'institutions, enseignante, elle aura servi l'art dramatique soixante ans durant. Elle s'est éteinte le 31 juillet à 82 ans.

Une femme grande, à l'autorité naturelle, au timbre tout en nuances. Une belle femme qui aura consacré sa vie entière au théâtre. Elle s'est éteinte le 31 juillet à Paris des suites d'un cancer. Elle avait 82 ans. Ses obsèques auront lieu mardi 7 août, à 9h30, en la cathédrale de Cavaillon.

Arlette Téphany était au cœur d'une galaxie de théâtre, très brillante et très active. Elle était née le 9 août 1935 à Marseille, mais c'est à Paris qu'elle avait fait ses études: une licence d'anglais et le Conservatoire national supérieur d'art dramatique (CNSAD). Très jeune, elle intègre La Guilde, compagnie dirigée par Guy Rétoré et, avec lui, elle va participer, dès 1963 , à la belle aventure du Théâtre de l'Est Parisien (TEP). À partir de 1957, elle avait joué sous la direction de Guy Rétoré, des pièces de Jean Cosmos, Marivaux, Molière, Shakespeare.

Les années «TEP», sont très fertiles et elle va fortifier son talent en se frottant à Goldoni comme à O'Casey, John Arden comme Lesage. En 1968, elle joue dans «Les Treize soleils de la rue Saint-Blaise» d'Armand Gatti, interprète Pirandello, participe à des évocations poétiques de Baudelaire ou d'Eluard sous la direction de Luc Decaunes et en 1969 au formidable «Opéra de Quat'sous» de Brecht dans lequel elle est Jenny.

Une famille amoureuse de théâtre
De grandes années ces années Rétoré. Pendant ce temps-là, Jacques Téphany, son frère cadet de dix ans, lui aussi né à Marseille, a obtenu un doctorat de Lettres, mais est d'abord un passionné de théâtre. Il est le jeune administrateur de Robert Hossein lorsque celui-ci dirige la Maison de la Culture de Reims.

L'épouse de Jacques Téphany est la comédienne Dominique Vilar, fille du créateur du Festival d'Avignon, âme du Théâtre national populaire (TNP). Dominique artiste fine, nuancée, devait disparaître prématurément en 1995, des suites d'un cancer. Leur fils Julien a repris le flambeau du théâtre et du cinéma. Longtemps, Jacques Téphany a dirigé la Maison Jean-Vilar d'Avignon.


Mais, auparavant, la galaxie s'était ainsi formée: en 1973, Arlette Téphany avait rencontré Pierre Meyrand (1932-1999), comédien qui, lui, avait travaillé avec Roger Planchon. Ils avaient alors, tous les quatre ensemble, créé leur propre compagnie, «Théâtre en liberté». À partir de 1975, ils avaient dirigé le Théâtre de Chelles, en Seine-et-Marne (77), en faisant un lieu de création très intéressant. Pierre Meyrand et Arlette Téphany sont ensuite nommés directeurs du Centre dramatique national de Limoges (CDN) en 1985, ils y avaient également conduit un très bon travail, avec Jacques qui avait dirigé le centre d'action culturelle de la ville.

Première femme à la tête d'un centre dramatique
Arlette Téphany était une pionnière: première femme nommée à la tête d'un centre dramatique. Comme elle l'avait fait à Chelles, elle signe de belles mises en scène: d'Homère à Peter Shaffer, de Labiche à René de Obaldia, de Marivaux à Dürrenmatt, les choix sont larges et le public suit.

Elle n'abandonne en rien son goût du jeu. Elle joue le rôle-titre de La Folle de Chaillot, Lioubov dans La Cerisaie, Madame Jourdain dans Le Bourgeois Gentilhomme, Winnie dans O les beaux jours, entre autres. C'est dans ce cadre de La Limousine que va naître, juste au moment de leur départ du centre dramatique, Les Affaires sont les affaires d'Octave Mirbeau dans une mise en scène de Régis Santon, un spectacle qui obtiendra trois molières en 1995: meilleur spectacle subventionné, meilleur comédien (Meyrand), meilleur décor.

L'aventure limougeaude s'interrompt dix ans après ses débuts. À la tête d'une compagnie, le couple poursuit son travail sur le répertoire contemporain comme sur le répertoire classique et l'on voit souvent leurs créations dans les théâtres privés parisiens du Petit-Montparnasse au Théâtre du Renard, avec des incursions dans les festivals ou certaines salles subventionnées, tel le Théâtre 14. On guettait toujours leurs apparitions, savoureuses, audacieuses.


Arlette Téphany à ses élèves
Après la mort de Pierre Meyrand, Arlette Téphany a poursuivi son chemin se tournant vers la pédagogie. Elle enseignait la tragédie classique au cours Périmony et a formé plusieurs générations d'interprètes. Ses élèves rendent aujourd'hui hommage à cette professeur passionnée qui ne cessait de leur scander: «Régalez-vous, régalez-nous, régalez-moi».


Tout en menant cette superbe carrière sur les planches, elle avait pas mal tourné, dans les grandes années de la télévision. Son chemin est très représentatif de ces artistes, serviteurs d'un théâtre qui, comme le souhaitait Jean Vilar, était un «service public».

 

Légende photo : Arlette Téphany était avant tout une amoureuse des beaux textes. La comédienne, metteuse en scène et enseignante s'est éteinte le 31 juillet à l'âge de 82 ans. - Crédits photo : Corps & Graphe

 

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January 1, 2019 10:36 AM
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Adieu Marceline Lartigue

Adieu Marceline Lartigue | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Nicolas Villodre sur le site Danser - canal historique - mai 2018

 

Marceline Lartigue est partie avec le froid d’avril, samedi 28, victime d’une rupture d'anévrisme. Elle était danseuse, chorégraphe, militante de gauche depuis toujours, de père (Pierre Lartigue) et mère (Bernadette Bonis) en fille. L’attaque l’a prise, en plein mouvement, en pleine rue. Son compagnon Roberto Ferrario l’a vue tomber devant lui « pendant la diffusion de tracts pour les manifs du 1er et du 5 mai ».

Née dans un milieu acquis à la cause de la modern dance – Pierre Lartigue fut avec Jacqueline Lesschaeve l’un des premiers écrivains en France à avoir traité de Cage et Cunningham, avant de collaborer à l’Encyclopaedia universalis et de consacrer une partie de ses efforts à d’autres styles de danses ; Bernadette Bonis fut de longues années critique dans DANSER, il semble après coup naturel que Marceline soit devenue danseuse versée dans le contemporain.

Comme ne nous surprit pas de la voir s’unir, une période de sa vie, à un collaborateur de l’art de Terpsichore, le compositeur Hughes de Courson qui signa la musique d’au moins deux de ses pièces : Erzsebet et Lola Montes. A propos de musique, rappelons qu’une autre compositrice est attachée à son œuvre : Michèle Bokanowski.

Formée par Suzon Holzer, Susan Buirge, Hideyuki Yano, Lucinda Childs et Merce Cunningham (excusez du peu), Marceline dansa pour Karole Armitage et Karine Saporta dans les années 80 et se lança à son tour dans le bain chorégraphique au tournant de la décennie suivante, fondant alors la Compagnie Szerelem – mot qui, en hongrois, traduisait son amour des autres et celui de son art.

Elle a créé une vingtaine de pièces en autant d’années, de 1989 à 2011. Des œuvres qui, d’après les critiques de l’époque, sont plus proches d’ascétiques rituels que d’inoffensifs divertissements. Parmi celles-ci, elle en avait retenu un nombre limité à moins de la moitié en page d’accueil de son site internet : Erzsebet (1988), Lola Montes (1992), Gilles de Rais (1995), L'Orage d'une robe qui s'abat (1998), L'Antichambre des Contes (1999), L'Improbable (1996) et Centaures (1997).

Vers 1992, Marceline entreprit ce qu’elle appela un « journal chorégraphique », qui lui permit de produire la synthèse scénique – et pas seulement sur le papier –, de son travail en général et de ses recherches sur l’espace public en particulier, de Pointé (1994) à Côté jardins qui rassemble trois pièces courtes Sacro bosco, Ciels en friche (2001) et Ryoan-ji (initialement créé en 1990), mais surtout de réaliser des portraits d’interprètes inspirés de la peinture ancienne, comme celui du danseur Michel Barthome, Figures (1994) ou de la danseuse et amie Marjolaine Zurfluh, Le Portrait de Marjolaine (1992), solo portant sur la notion d’extase, qui fut repris à la demande et pour le danseur étoile de l’Opéra Jean-Yves Lormeau sous le titre Prédelle (1995). Ce tableau dansé inspiré, ainsi que le rappela René Sirvin, de la « statuaire polychrome baroque d’Espagne et d’Italie », amorça à l’Opéra-Comique une autoréflexion sur la danse, dix ans avant la Véronique Doisneau de Jérôme Bel.

Son autoportrait, intitulé Tabou (1993) était inspiré du personnage de Salomé, une « Salomé traversée par tous les protagonistes (Hérodiade, Jean-Baptiste, Hérode) ». Dominique Frétard décrivait Marceline Lartigue comme suit en 1993 : « Il y a du Fregoli dans cette interprétation qui glisse de la sainte à la tueuse, dont la folie meurtrière ébranle sans relâche un corps qui devient l’instrument du destin, tandis que la musique s’achève sur le crépitement du feu. »

Dans un de ses articles sur son travail, Marie-Christine Vernay estimait que Marceline considérait l'espace « comme une composante de ses chorégraphies et non comme une boîte pour accrocher décors et projos », rappelant le fait, incontesté, qu'elle était « plutôt drôle et séduisante », tout en sachant rester « ferme et rebelle » – la définissant, par ailleurs, dans un autre article, comme « savante et archaïque » à la fois. Vernay notait enfin, sans nous aider à la déchiffrer, que sa danse était « régulée par une force intérieure, une profonde respiration et une attraction extérieure ».


Dès 2003, Marceline commence un cycle de recherches autour des rituels au Bénin, Ghana et Sénégal. Elle sera Lauréate de la bourse Villa Médicis AFAA hors les murs en 2006 puis Lauréate d’une bourse aux écritures chorégraphiques innovantes du Ministère de la Culture en 2008-2009. Elle restera six ans au Bénin. Chercheuse, formatrice, chorégraphe (Marcel, ici et maintenant en 2011 à la Fondation Zinsou-Cotonou), et réalisera les danses Asansan à Cotonou et Abomey, danses-patchwork élaborées à partir de l’identité d’interprètes, en partenariat avec le Conservatoire des danses cérémonielles et royales d’Abomey.


En 2011, Marceline nous avait montré sur son ordinateur portable un solo –Trace (qui devait constituer ensuite le premier volet de Gradiva Expérience) – moins pour faire admirer la fluidité d’une danse sous influence africaine, sa technique impeccable déjà remarquée par le mundillo de la critique, sa « qualité de mouvement », (comme disent ceux-ci), que pour nous demander notre avis sur la manière dont elle avait été captée par la vidéo légère. Nous pensons avec le recul l’avoir à la fois tranquillisée, en reconnaissant que les prises de vue restituaient clairement la variation interprétée par elle devant la caméra, et, sans doute aussi, un peu préoccupée en lui avouant que le mieux eût été selon nous de filmer l’intégralité de la prestation en une seule  prise de vue, le plus simplement du monde – si tant est que le concept rouchien de plan-séquence soit si facile que cela à concrétiser.

Ceci étant dit pour mieux rendre ou transmettre la limpidité de ce magnifique solo, soutenu et programmé par Alfred Alerte dans le cadre d’un hommage aux femmes chorégraphes au Festival Chemin des Arts. Entre 2012 et 2014, Marceline continuera à travailler à son projet Gradiva Expérience qui ne verra pas le jour faute de moyens et de soutiens.


Marceline Lartigue définissait ainsi son art : « Danser est pour moi cet acte où la conscience ordinaire effleure le subliminal ».

Nicolas Villodre

Une cérémonie aura lieu lundi 7 mai à 13h30 au crématorium du Père Lachaise à Paris.

 

Légende photo : Marceline Lartigue © D.R

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January 1, 2019 10:23 AM
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Le metteur en scène et écrivain Nabil El Azan s'est éteint - Culture

Le metteur en scène et écrivain Nabil El Azan s'est éteint - Culture | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Muriel Maalouf  dans RFI Publié le 12-11-2018 

Le prolifique metteur en scène et auteur franco-libanais Nabil El-Azan a créé la compagnie La Barraca et s'est éteint le 12 novembre 2018.


Site La Barraca
Nabil El Azan, metteur en scène et auteur franco-libanais, est décédé lundi 12 novembre, à Avignon, des suites d'un cancer. Né à Beyrouth en 1948, installé en France depuis 1978, il a monté avec sa compagnie La Barraca plus d'une vingtaine de pièces contemporaines. Il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages: une biographie de la fondatrice du mythique festival de Baalbeck au Liban, ainsi qu’un recueil de poésie et des traductions de pièces de théâtre et de poésie de l'arabe au français.

Il avait un pied en France et l'autre au Liban et au Moyen-Orient. Parmi ses projets phares, il a traduit vers l’arabe, puis monté la pièce de la dramaturge québécoise Carole Fréchette Le collier d'Hélène. Pour l’occasion, il a réuni des acteurs syriens, libanais et palestiniens. Cela en 2002, lorsqu’il est encore possible d'effectuer une tournée dans cette région. La pièce se joue à Damas, Beyrouth et Jérusalem - au Théâtre National palestinien.

L'histoire d’Hélène, jeune femme en errance à la recherche de son collier, devient une métaphore de la terre perdue. C'est le premier projet qui a lié la compagnie La Barraca et le Théâtre National palestinien et il a été suivi d'un atelier d'écriture, puis d'une pièce jeune-public.

En France, Nabil el-Azan s'est intéressé aux écritures contemporaines durant toute sa carrière. Il a monté les pièces de Daniel Danis, autre Québécois et magicien du verbe, mais aussi celles du Norvégien Jon Fosse, d'Enzo Cormann ou de Koltès.

Parmi ses dernières réalisations, il a orchestré en 2015 un spectacle hommage pour les 60 ans du mythique festival de Baalbeck, où il a réuni - à l'ombre des ruines romaines de cette ville - les plus grands noms de la scène artistique libanaise, dont Ibrahim Maalouf ou le poète Adonis.

 

Autre article dans L'Orient-Le Jour

 

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December 21, 2018 7:21 PM
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L’animateur théâtral de l’est parisien Guy Rétoré s’est éteint à 94 ans 

L’animateur théâtral de l’est parisien Guy Rétoré s’est éteint à 94 ans  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog Balagan -  21.12.2018

 


Le théâtre dans l’est parisien ne serait pas ce qu’il est sans Guy Rétoré. Décentralisant l’art dramatique dans ces quartiers populaires de Paris où il n’y avait rien, Rétoré et ses compagnons de route sont à l’origine de la création du TEP (Théâtre de l’Est Parisien) y drainant un public de fidèles, là même où aujourd’hui s’élève le Théâtre de la Colline. Mort d’un pionnier.

La prochaine fois que j’entrerai au Théâtre de la colline, en poussant la porte de verre, je saluerai la mémoire de Guy Rétoré qui vient de s’éteindre à 94 ans. Sans lui, sans cet animateur théâtral de l’est parisien, ce théâtre national n’existerait probablement pas. En tout cas, pas là.

Fils d’une famille paysanne solognote venue à Paris chercher du travail du côté de Charonne, ayant été à l’école rue des Pyrénées, bientôt épris de théâtre via le théâtre amateur de la SNCF (il s’y était fait engager pour échapper au STO), c’est vers un désert que Guy Rétoré dirigea son regard et son âme de pionnier: l’est de Paris.

De la Guilde au Théâtre de Ménilmontant

Passé les grands boulevards avec le triangle d’or que formaient les théâtres de la porte Saint Martin, de la Renaissance et le si beau théâtre de l’Ambigu (que Malraux laissa détruire), passé les petits théâtres du Xe comme le théâtre de Lancry où fut créé Les chaises de Ionesco, en montant vers Belleville on trouvait quelques cafés concerts ou de l’opérette, mais plus haut, du côté de Ménilmontant ou du père Lachaise, il n’y avait rien ou presque. C’est là que le jeune Rétoré s’installa, dans ce quartier populaire, fondant sa compagnie, La Guilde en 1950 sur le socle d’un passé de théâtre amateur, entraînant avec lui une vingtaine d’acteurs qui firent les beaux soirs d’une salle de patronage.

L’aventure ne tarda pas à être remarquée. Vainqueur du Concours des jeunes compagnies en 1957, l’argent du prix permet à Rétoré d’aménager une salle paroissiale rue du Retrait qui devient le Théâtre de Ménilmontant

Pour Rétoré, le théâtre avait d’abord une fonction sociale, il devait s’inscrire dans le paysage et dans la durée, prônant un théâtre de « service public » dans le sillage de Jean Vilar. A ses yeux, les œuvres étaient d’abord des moments de partage, de rencontres, de discussions. L’esthétique venait après. « L’important dans le Guernica de Picasso, disait-il, ce n’est pas la peinture, c’est la dénonciation du crime, de la dictature, de la cruauté. Ce n’est pas qu’une œuvre d’art, une réjouissance de l’esprit. Elle exprime une foi, une révolte, elle devient ma vie ».

Même si, une année , il reçut le prix du concours des jeunes compagnies, Rétoré ne marqua pas fortement l’histoire de la mise en scène. Mais, écrivant une belle page page de la décentralisation dramatique au sein même de la capitale, il forma un public, contribua à faire découvrir des auteurs comme John Arden ou Peter Hacks, Denise Bonal ou Daniel Besnehard, tout en montant Shakespeare ou Brecht, ou en signant en 1968, la mise en scène de cette très belle pièce d’Armand Gatti qu’est Les Treize soleils de la rue Sainte Blaise.

Du TEP au Théâtre de la Colline

En 1963, la Guilde avait fait place au TEP, le Théâtre de l’Est Parisien, installé dans un ancien cinéma de la rue Malte brun. Le TEP devient Centre Dramatique National trois ans plus tard puis, en 1972, reçoit le statut de Théâtre National. Rétoré et son équipe multiplient les actions dans les écoles, les entreprises, travaillent avec de nombreuses associations. Tout en ouvrant le théâtre à bien des artistes tel l’auteur et metteur en scène turc Mehmet Ulussoy qui y créa son chef d’œuvre Le Nuage amoureux. En 1974, une seconde salle, le petit TEP (aménagée dans une ancienne laverie automatique), ouvre la voie à bien des expériences. C’est sur cette scène que Jacques Lassalle crée Travail à domicile de F.X. Kroetz, spectacle déterminant pour la suite de son itinéraire.

Vissé à son quartier comme à un rocher, Guy Rétoré laisse une trace durable dans l’est parisien d’où venaient la plupart de ses spectateurs. Son meilleur spectacle, ce fut son public. Fidèle, fier. Quand le Ministère de la culture décida de construire Le théâtre de la Colline en lieu et places du grand et du petit TEP, Rétoré déplaça le TEP un peu plus haut, rue Gambetta. Quand le même ministère mit fin à ses fonctions en 2002 pour y nommer une artiste d’une plus jeune génération, soutenu par « son » public il batailla un peu puis s’en alla prendre sa retraite en Sologne, berceau de sa famille.

Curieuse coïncidence, deux jours après la mort de Guy Rétoré, l’église, propriétaire des murs, décidait de fermer le lieu de ses débuts, le théâtre de Ménilmontant...

 

 

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December 10, 2018 10:08 AM
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Théâtre : adieu à Jacques Derlon, pionnier de la Cartoucherie

Théâtre : adieu à Jacques Derlon, pionnier de la Cartoucherie | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Armelle Héliot dans le Figaro  le 10/12/2018

 


DISPARITION - Il fut le premier, avec Jean-Marie Serreau, à installer un théâtre sur le site du bois de Vincennes. Il vient de s'éteindre à l'âge de 96 ans.

Il y a des hommes et des femmes qui ne sont pas connus du très grand public, mais qui sont bien plus essentiels à un art que beaucoup.

Tel était Jacques Derlon pour le théâtre.

Cet homme affable, intelligent, cultivé, cet homme au grand charme qui avait un physique de jeune premier et n'avait jamais perdu la moindre once de son élégance et de son énergie, s'est éteint jeudi.

Ses obsèques auront lieu à Ajaccio. Il avait adopté la Corse et c'est dans le cimetière de la ville, face à la Méditerranée, qui baigne des terres de théâtre s'il en est, qu'il reposera.

Il y a longtemps qu'il avait renoncé à toute vie mondaine et on ne le croisait plus au théâtre. Mais il venait parfois déjeuner à la Tempête ou y voir des spectacles.

Car le Théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie de Vincennes, fut l'une des grandes passions dans la vie très riche de cet homme actif et attentif.

Né le 15 septembre 1922, Jacques Derlon fait partie d'une génération où n'existait pas de séparation rigide entre théâtre privé et théâtre public.

Et disons-le, c'est du côté du privé que tout se passait.

Dès la fin de la guerre, en 1945, Jacques Derlon devient administrateur de la compagnie Grenier-Hussenot, la plus active d'alors. Il y demeure jusqu'en 1960, tout en prêtant son imagination et son efficacité d'entrepreneur, d'organisateur, de lecteur, à d'autres lieux.

Jacques Derlon a notamment travaillé pour la Gaîté-Montparnasse, la Comédie des Champs-Élysées, la Renaissance, la Porte Saint-Martin, le Fontaine, l'Ambigu (hélas détruit et remplacé par un immeuble hideux abritant une banque), Marigny.

Il aimait aussi beaucoup le cirque et travailla pour Médrano, pour le Music Hall et se consacra à l'ABC comme à tous ces cabarets de la Rive Gauche où jouaient les plus grandes personnalités de l'époque, après les représentations de théâtre. Les Rochefort, Noiret, de Funès, Maillan et les grands chanteurs d'alors.

La Rose Rouge, la Fontaine des Quatre-Saisons, Chez Gilles, étaient ses maisons.

Il fréquentait alors tous les artistes et intellectuels influents et il s'était tôt lié d'amitié avec les frères Prévert. Avec Pierre, il fonda l'Atelier Prévert-Derlon, un studio d'essai pour courts-métrages comique. Une pépinière très fertile rattachée à l'ORTF et qui, hélas, fut emportée par la réforme d'après 1968.

Ami et administrateur de Jean-Marie Serreau, le mari de Geneviève Serreau, le père de Coline Serreau, homme de théâtre épris d'Afrique qui créa de grands poètes, tel Aimé Césaire, il dut trouver une solution en 1970. Tous deux, en effet, avaient pour bureau un grenier du Gaumont-Palace, place Clichy. Mais ils furent invités à trouver autre chose.

Ayant entendu parler de la Cartoucherie, un terrain militaire, avec ses beaux bâtiments, style manufacture -on y faisait et on y testait des cartouches!- ils s'y intéressèrent activement. Le terrain, abandonné par l'armée, était sous la responsabilité de la ville.

Et c'est ainsi, qu'avec Huguette Faget, ils s'installèrent dans un bâtiment abandonné. Un hangar qui devint le premier théâtre de la Cartoucherie sous le nom de «Théâtre de la Tempête» en hommage à Shakespeare et à Aimé Césaire!

Jean-Marie Serreau devait mourir en 1973. Jacques Derlon prit la relève et proposa à la ville de Paris d'accueillir des hommes et des femmes de théâtre. Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Jacques Nichet, Jean-Louis Benoit, Didier Bezace, Théâtre de l'Aquarium, étaient déjà au travail, comme on le fut au Théâtre de l'Épée de Bois.

Jacques Derlon fit une programmation remarquable et se retira en 1995 pour laisser la direction à un artiste qu'il avait accompagné, Philippe Adrien. Aujourd'hui, c'est Clément Poirée qui officie, dans le droit fil de ses aînés.

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December 1, 2018 7:58 PM
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Disparition de Michel Pintenet : «Le vent l'emportera» 

Disparition de Michel Pintenet : «Le vent l'emportera»  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Arnaud Paul dans La Dépêche du Midi 01.12.2018
Obsèques de Michel Pintenet : «Le vent l'emportera»

«Je n'ai pas peur de la route, Tout ira bien, Le vent nous portera» C'est au son de la reprise de Sophie Hunger, toute en retenue, de la chanson de Noir Désir «Le vent nous portera» que ses proches et ses nombreux amis ont salué une dernière fois Michel Pintenet à l'occasion de ses obsèques célébrées, hier, au crématorium de Pamiers. émouvante et digne, la cérémonie laïque a permis à tous de rendre hommage au militant engagé d'une culture ouverte et partagée. Chacun à son tour, les orateurs ont salué l'engagement et le travail accompli par Michel Pintenet au service de l'Estive, de la culture et du territoire. «En quinze ans, j'ai pu apprécier tout ce que Michel nous a apporté, à commencer par ce nom «Estive» a affirmé Jean-Claude Torrecillas, le président l'ADACFA, l'association qui gère l'Estive. Au passage, il a salué et apporté tout son soutien à l'équipe de la scène nationale qui poursuit le travail entrepris. «Michel, tu étais un combattant sans violence, ni dogmatisme. Tu finissais toujours par convaincre grâce à ton incroyable acuité intellectuelle et ton intuition redoutable» a confié Pascale Canal, adjointe en charge de la culture à la ville de Foix en s'adressant à Michel Pintenet. Raymond Berdou, en tant que maire du Mas et Henri Nayrou, président du conseil départemental, ont salué l'engagement de Michel Pintenet capable de faire voyager la culture jusque dans les vallées et les villages les plus reculés d'Ariège et de faire de l'Estive, l'une des scènes nationales les plus innovantes.

Dominique Salomon, vice-présidente d'Occitanie en charge de la culture, a exprimé «son estime, sa reconnaissance pour le travail accompli par Michel Pintenet pour faire de l'Estive un lieu culturel et d'exception en Occitanie.»

Au nom du ministère de la culture et de l'Etat, Laurent Roturier, directeur régional des affaires culturelles d'Occitanie a distingué la qualité du travail de Michel Pintenet qui «réunissait tout le monde, articulant avec intelligence et une grande humanité, l'exigence artistique et la préoccupation constante des territoires. L'appropriation de l'Estive par les Ariégeois est l'une des plus belles réussites de Michel qui lui survivra. Sa disparition inattendue et brutale est une très grande perte pour le monde de la culture.» Patricia Paillaud, son épouse a évoqué l'émerveillement que provoquaient la nature et le ciel d'Ariège sur Michel Pintenet. «C'est là dans cet espace que Michel a trouvé une forme d'accomplissement. Pour Michel tout lieu était propice, pour qu'un instant au moins, l'art ouvre chacun à cette liberté de sentir vibrer en lui quelque chose de nouveau, d'incertain et de fragile, une soudaine étrangeté qui nous relierait et aurait le goût du possible.»

«Je n'ai pas peur de la route, Tout ira bien, Le vent nous portera»

Arnaud Paul

 

Crédit photo : Michel Pintenet./ DDM

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November 29, 2018 6:03 PM
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Décès de l’écrivain et essayiste Jean-Loup Rivière

Décès de l’écrivain et essayiste Jean-Loup Rivière | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par François Regnault , publié dans Le Monde le 29.11.2018

 

Le penseur du théâtre, qui a accompagné auteurs, metteurs en scène et acteurs au fil d’une riche carrière, est mort à 70 ans.


Jean-Loup Rivière est mort le 23 novembre, à Paris, à l’âge de 70 ans. La maladie l’a emporté en peu de mois. Tous ceux qui aiment le théâtre doivent ressentir douloureusement la perte de quelqu’un qui l’a aimé avec une telle intelligence, une telle ouverture d’esprit, une si grande originalité dans la vision. Auteurs de théâtre, metteurs en scène, acteurs, savent combien leur art doit à des penseurs du théâtre tels que lui, dramaturges comme on dit, ce mot ne désignant plus guère Corneille et Racine, mais cette fonction, cette position, héritées des théâtres allemands, qui définissent des compagnons, au grand sens du mot, de l’acte théâtral.

Né le 10 janvier 1948 à Caen, étudiant en philosophie, Jean-Loup Rivière anime un Groupe de recherches théâtrales, de 1969 à 1972, dont témoigne la revue L’Autre scène (1970-1976), de ce nom dont Freud désigna celle du rêve.

Elève et ami de Roland Barthes, dont l’inspiration n’a cessé de compter pour lui (il publiera en 2002 au Seuil un recueil de ses écrits sur le théâtre), il commence une thèse avec lui, mais ne s’inscrira que de façon indirecte dans la carrière universitaire, soucieux d’une indépendance qui ne fut jamais sans risque ni sans charme, et même s’il enseignera l’art du théâtre de façon éminente.

Des collections impressionnantes
Car il enseigna plus tard comme maître de conférences associé à l’Institut d’études théâtrales de Paris-III, de 1995 à 2002, puis à l’Ecole normale supérieure de Lyon (département des arts) de 2004 à 2016, et il enseignait au Conservatoire national d’art dramatique de Paris depuis 2002. Ce serait à ses élèves (je n’en ai rencontré que d’enthousiastes) de dire tout ce qu’ils lui doivent.

Producteur à l’Atelier de création radiophonique de France Culture de 1973 à 1983, il fut aussi critique dramatique un temps à Libération (1981-1982), et ses lecteurs en ont gardé d’heureux souvenirs. Il dirigea aussi la collection « Le Spectateur français » (le titre vient de Marivaux), dans les années 1980, publiant entre autres Goldoni, Ibsen (les douze dernières pièces), Nanterre-Amandiers sur les années Chéreau (1990), le théâtre de Sénèque (traduit par Florence Dupont).

Il devient secrétaire général de la Comédie-Française (de 1983 à 1986, entré sous Jean-Pierre Vincent, administrateur général), puis conseiller littéraire artistique de ce théâtre (1986-2001), où il dirige et publie ces collections impressionnantes de 1983 à 2001 : « Comédie-Française » et « La Gazette du Français », « Le Répertoire » (8 volumes), puis « Répertoire » (10 volumes), « Le Spectateur français » (21 volumes), puis « Les Cahiers de la Comédie-Française » ; un travail énorme de numéros, thématiques ou non, d’analyses originales, allant au-delà des seules activités de la « Maison », une mine pour les chercheurs.

Cette étrange activité de spectateur
Avec Jacques Lassalle (administrateur de la Comédie-Française entre 1990 et 1993), dont il devient un peu comme le dramaturge, il publie deux ouvrages : Conversations sur Dom Juan (P.O.L, 1994) et Conversations sur la formation de l’acteur (Actes Sud, CNSAD, 2004). Il édite en outre et préface le Théâtre complet, de Michel Vinaver, dont il est un ami proche (Actes Sud, 1986). Il écrit : « Le théâtre de Vinaver constitue une sorte de répertoire de la francité. »

Il publie aussi Comment est la nuit, essai sur l’amour du théâtre (L’Arche, 2002), Jours plissés (Les Impressions nouvelles, 2004) et Le Monde en détails (Seuil, 2015), ouvrages témoignant de cette étrange activité de spectateur dont il aura su faire un art, critique en somme, mais au sens de Baudelaire. On songe aussi à Lessing, et à sa Dramaturgie de Hambourg.

Dans son beau Le Monde en détails, il consacre de petits chapitres à des thèmes latéraux du théâtre, en vérité essentiels : « e » muet, vitesse, ennui, académisme, rideaux, etc. L’humour, à froid de Jean-Loup s’y déploie avec une sorte de jubilation.

Sensible au détail (comme l’historien Daniel Arasse dans la peinture), il considère la scène souvent de biais, pour y apercevoir comme en anamorphose de ces choses que la critique frontale ne voit pas, n’a pas à voir. Comme cette mère, qu’il évoque dans un article, qui voit son fils jouer le rôle de Hamlet, et qui ne regarde plus du tout le spectacle comme un spectateur normal. C’est que ce dernier n’existe pas, et que, hostile à l’idée massive du spectateur conventionnel qu’il ne fut jamais, on doit à Jean-Loup Rivière cette vision libre et souveraine du théâtre, qui, à le lire, fera toujours se modifier la nôtre.

Jean-Loup Rivière en quelques dates
10 janvier 1948 Naissance à Caen

1973-1983 Producteur à l’Atelier de création radiophonique de France Culture

1983-1986 Secrétaire général de la Comédie-Française

1983-2001 Dirige plusieurs collections consacrées au théâtre

2015 Publie Le Monde en détails

23 novembre 2018 Mort à Paris

François Regnault (Philosophe)

 

 

Légende photo : 
Jean-Loup Rivière, en 2005. Despatin & Gobeli/Leemage

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November 27, 2018 3:20 AM
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"Avec Jean-Loup Rivière, tout était théâtre", hommage de Laure Adler

"Avec Jean-Loup Rivière, tout était théâtre", hommage de Laure Adler | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Laure ADLER, publié dans Libération 27.11.2018

AVEC JEAN-LOUP RIVIÈRE, TOUT ÉTAIT THÉÂTRE


La journaliste Laure Adler rend hommage à son ami dramaturge Jean-Loup Rivière, mort d'un cancer fulgurant.

 


Il avait toujours le sourire aux lèvres. Il était discret, taiseux, élégant. Avec lui, parler de théâtre était un enchantement. Jean-Loup Rivière vient de mourir d’un cancer fulgurant à l’âge de 70 ans. Figure incontestée du monde du théâtre, il fut metteur en scène, directeur de revues de théâtre dont l’Autre Scène et les Cahiers de la Comédie-Française, enseignant au Conservatoire National Supérieur de Paris et à l’Ecole normale supérieure de Lyon, homme de radio à France Culture à l’atelier de création radiophonique et auteur de livres importants sur l’acteur, sur les séries télévisées qu’il trouvait imprégnées pour certaines d’entre elles de théâtre. Il avait publié un essai remarquable sur l’amour du théâtre comme ouverture au monde intitulé Comment est la nuit ? aux éditions de l’Arche.

La lenteur
Encyclopédie vivante, il ne la ramenait pas avec sa science des textes, sa connaissance de la mise en scène mais il mettait en jeu le présent, l’intensité du présent. Du théâtre, il disait qu’il mettait en mouvement le corps d’abord puis réactivait l’intelligence. Art par essence de l’éphémère, il savait en prolonger les plaisirs dans l’après-coup de la représentation : publications de textes sur l’art de l’acteur, enseignement novateur au conservatoire et à l’Ecole normale supérieure, traductions de textes de théâtre de l’italien et du catalan, directeur de revues de théâtre importantes par la diversité des approches.

Jean-Loup Rivière pensait que la lenteur était une qualité : lenteur pour absorber la beauté d’un spectacle, lenteur du corps et de la mémoire qui fabrique notre éblouissement. Pour atteindre au secret de la beauté l’entendement du sensible et de la force du langage sont nécessaires. Jean-Loup était grand, massif, un peu gauche. Lui qui a tant donné, lui qui a tant transmis, lui qui avait pourtant le sentiment qu’il n’était pas à la hauteur. Dilettante au sens le plus noble du terme, il considérait que faire traduire intégralement l’œuvre de Sénèque était important. Il stupéfiait ses étudiants en convoquant dans ses séminaires des théoriciens d’art graphique sur le coupé, le suturé, le déchiré et pendant que les intellectuels parlaient, convoquait en même temps une couturière qui cousait ou un boucher qui découpait de la viande. Tout était théâtre. Préparer un repas, en ordonner les séquences, étonner les spectateurs – goûteurs de ces expériences émotives autant qu’intellectuelles… Normal : il venait du théâtre.

Surprises
Metteur en scène très jeune, il a été découvert par les critiques lors de sa création à Caen du Bérénice de Racine puis ce fut William S d’après Shakespeare et très rapidement il devint l’introducteur principal des pratiques du théâtre du Living Theatre et de Jerzy Grotowski. Elève de Roland Barthes, il en tira la leçon que tout dans notre existence était élevé par le sentiment amoureux. Ami de Raoul Ruiz, il pensait que les surprises de la vie constituaient le sel de nos existences. Companero de Jacques Lassalle, il travailla avec lui Dom Juan et tout le répertoire classique.

Le théâtre était pour lui le lieu de l’éros le plus caché. Intellectuel élégiaque, il considérait que dans l’œuvre de Shakespeare se tapissaient les racines de la beauté du monde.

Laure ADLER

 

Photo Despatin & Gobeli

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November 25, 2018 4:37 PM
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Théâtre : décès de Jean-Loup Rivière 

Théâtre : décès de Jean-Loup Rivière  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog Balagan - 25.11.2018

 

Essayiste, professeur, directeur de revue, Jean-Loup Rivière était une figure du monde théâtral. Victime d’un cancer fulgurant il est décédé ce samedi. Il avait fêté, il y peu, ses 70 ans.

Toute sa vie aura été consacrée au théâtre sur lequel il portait un regard aguerri, tatillon autant qu’amoureux. Cuisinier émérite, il goûtait le théâtre, d’abord par l’analyse de textes et par la dramaturgie des spectacles confortées par son formation philosophique à l’université de Caen et son savoir psychanalytique. C’est dans cette ville normande qu’il se fit remarquer dans les années 70 en animant un groupe de recherches théâtrales et en fondant, avec d’autres membres du groupe, la revue L’autre scène.

Tenté un temps par le journalisme, il devait effectuer un bref séjour au service théâtre du quotidien Libération dans les années 80. Mais travailler dans un quotidien, avec ses urgences et ses dead lines intempestives, ne lui convenait guère. Il s’en éloigna sagement pour mener une carrière multiple mêlant travaux universitaires, enseignement, écriture d’essais voire de pièces, production radiophonique (Atelier de création radiophonique à France culture de 1973 à 1983) ou encore directeur de revue.

Quand Jacques Lassalle est nommé Administrateur de la Comédie-Française au début des années 90, il l’appelle à ses côtés pour diriger et animer les Cahiers de la Comédie-Française et la Gazette (aujourd’hui disparus) ainsi que des collections d’ouvrages. Début d’une longue amitié sanctionnée par deux livres de belles conversations : Conversations sur Dom Juan (POL, 1994), Conversations sur la formation de l’acteur (Actes Sud-Conservatoire national supérieur d'art dramatique, 2003).

Étudiant, il avait entamé une thèse sous la direction de Roland Barthes, il ne l’achèvera pas mais après la mort de son professeur qui avait été l’un des piliers de la revue Théâtre populaire, il mènera à bien la publication de ses Écrits sur le théâtre (Points poche). Son amitié avec le cinéaste Raoul Ruiz lui vaudra d’écrire deux scénarios avec lui et d’effectuer un passage de l’autre côté, en étant acteur par deux fois.

De 2001 à 2005, maître de conférences, il enseigne à l’Institut d’études théâtrales de Paris 3 et au Conservatoire de Paris (CNSAD) avant d’être nommé professeur d’études théâtrales à l’ENS de Lyon. Ces dernières années, après son périple lyonnais, il s’était pris de passion pour les séries télévisées. Chez lui la passion n’allant pas sans la réflexion, il y a deux ans, il avait ainsi consacré un ouvrage à la série Oz sous le titre Oz. Drogue amour et utopie (PUF).

« Jouir du théâtre n’est pas remplacer ou ramener un souvenir perdu, c’est jouir de l’avoir perdu, son corps a disparu, son onde est vive. Le théâtre me parle donc de ce qui est mort en moi, parle au mort en moi, à ma mort. Et pourtant je suis vivant… » écrivait-il dans Comment est la nuit ? sous-titré "essai sur l'amour du théâtre" (éditions Arkhé, 2007), sans doute son livre le plus personnel. Comment est la nuit? Il le sait, désormais.

 

 

 

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