Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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November 11, 2023 10:17 AM
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Catherine Marnas (Metteuse en scène) - Une vie pour la scène. Un entretien radiophonique

Pour ce 127e épisode, j'ai le plaisir de recevoir Catherine Marnas, directrice du Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, TNBA et de l’école supérieure de théâtre associée au lieu, l'éstba. Catherine est metteuse en scène depuis plus de 30 ans, elle a su se faire une place dans un milieu très masculin à force de persévérance et animée par la passion.

Dans cet épisode on parle de ses choix, parfois à vent contraire, de sa carrière, de ses engagements envers un théâtre accessible et surtout envers les femmes, de l’école évidemment, d’espoir, de la vie et de sa prochaine pièce, dernière en tant que directrice : Le Rouge et le Noir de Stendhal.

Un épisode beau, poétique et plein de douceur. 

Alors je te souhaite une très belle écoute et je t'invite à mettre 5 étoiles ou laisser un avis sur ta plateforme d'écoute préférée ! 😃 Le Pompon se fait connaitre aussi et surtout grâce à toi !

Crédits : 
🗣 Intervenant : Théo Robache  ( 

 / th%c3%a9o-robache  ) - Le Pompon média ( 

 / )   
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July 7, 2024 8:07 AM
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Yuming Hey, magnifique Herculine

Yuming Hey, magnifique Herculine | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Philippe Chevilley dans Les Echos - 18 nov. 2022

 

Au Théâtre 14, le jeune acteur incarne superbement le personnage intersexe d'Herculine Barbin qui consigna son calvaire dans ses mémoires avant de se suicider en 1868. Collant au texte, redécouvert par Michel Foucault dans les années 1970, la metteure en scène Catherine Marnas orchestre un spectacle sensible, qui questionne le genre avec subtilité.

 

Yuming Hey est un comédien « fluide » à tous égards. Au théâtre, on l'a vu en Mowgli dans le « Jungle Book » de Bob Wilson, en « bad boy », puis en vieil homme atteint d'Alzheimer ou en femme en colère dans les spectacles de Mathieu Touzé. A la télé, il a incarné Billy, la créature androgyne de la série de SF « Osmosis », et on le verra bientôt en influenceur dans « Emily in Paris ». Ce jeune artiste solaire qui transcende les genres sait tout jouer, sait tout faire. La metteure en scène, directrice du TNBA, Catherine Marnas, a eu la bonne idée de faire appel à lui pour incarner le rôle-titre de son spectacle « Herculine Barbin », créé en janvier dernier à Bordeaux et aujourd'hui à l'affiche du théâtre 14 à Paris.

 

 

Herculine/Abel Barbin est née, femme, en 1838, et morte, homme, en 1868. Elle s'est suicidée, n'ayant pas supporté le changement de sexe, imposé après un examen médical à 22 ans montrant qu'elle développait des organes des deux sexes. Son calvaire est consigné dans ses mémoires, écrites dans les derniers mois de sa vie. Redécouvert par Michel Foucault en 1978, le texte a été réédité par ses soins. Judith Butler s'inspirera des travaux du philosophe français pour élaborer ses théories sur le genre

Yuming Hey se coule à merveille dans la psyché tourmentée de son personnage intersexe, dans ses mots et ses envolées enflammés. Jamais il ne force le trait. Porté par sa technique imparable et par son intelligence du texte, il cultive la distance adéquate, surfe sur le fil de l'émotion sans verser dans le pathos. Et quand il quitte ses habits de femme pour ceux d'un garçon, il évite de surjouer les contrastes. Maintenant la dimension androgyne du personnage. Il reste sans faillir Herculine, transgenre pour le meilleur (ses émois de jeune fille, ses passions adolescentes) et pour le pire (l'opprobre, la solitude).

 

Liberté et complétude

Catherine Marnas a renoncé à son idée première d'introduire des matériaux contemporains dans son spectacle, pour se concentrer sur le texte fascinant d'Herculine. Dans un décor onirique, fait de projections mouvantes, elle confronte Yuming Hey à un autre comédien, Nicolas Martel, tour à tour narrateur, double ou protagoniste (prêtre, médecin). Le pas de deux devient fascinant quand l'ange (ou diable) gardien porte Yuming/Herculine dans ses bras ou entonne un chant d'une voix céleste. Derrière le martyre de l'homme et femme au corps incertain, s'exprime alors toute la beauté de l'être aspirant à la liberté et à la complétude. Par la magie du théâtre et la grâce d'un duo d'acteurs d'exception, le genre s'affranchit des théories et devient questionnement charnel, primal et existentiel.

Philippe Chevilley / Les Echos

 
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January 13, 2022 3:58 AM
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Catherine Marnas esquisse le portrait délicat d’Herculine Barbin

Catherine Marnas esquisse le portrait délicat d’Herculine Barbin | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Olivier Frégaville - Gratian d'Amore dans l'Oeil d'Olivier   - 13 janvier 2022

Photographie © Pierre Planchenault

Au TnBA, avant une reprise en 2023 au Théâtre 14, Catherine Marnas s’empare, avec une infinie délicatesse, des maux et des tourments d’Herculine Barbin, premier.ère hermaphrodite française à avoir livré ses pensées dans un journal intime. Portée par le jeu habité d’Yuming Hey et la présence poétique de Nicolas Martel, la metteuse en scène questionne le genre, égratigne la norme et tisse l’histoire d’une vie.

 

Un bruit d’eau tombant sur de vieilles tuiles résonne salle Vauthier. En un rien de temps, le spectateur quitte le XXIe siècle high tech, pour le très feutré XIXe. Dans un dortoir, un homme, assis sur une chaise, semble perdu dans ses pensées. Il observe les lits recouverts d’un long tulle blanc. Tout semble figé depuis des années, comme si les murs, les lieux, cachaient un lourd secret. 

Lever le voile 

Dans une bassine émaillée, l’individu plonge les mains, les lave, comme s’il voulait se purifier, entrer dans l’histoire, vierge de tout préjugé, de toute idée préconçue. Il s’avance vers le devant de la scène, la première couche. Derrière le voile translucide, un corps allongé, endormi, immobile, se dessine. C’est celui de Camille Alexia Herculine Barbin, né.e femme en 1838, réassigné.e homme à l’âge de 22 ans et mort.e par suicide dans le plus grand dénuement, oublié.e de tous en 1868. 

D’un souffle à l’autre 

Enveloppé.e dans un linceul immaculé, Herculine (vibrant Yuming Hey) gît calme, serein.e. Après une existence singulière, faite de joie mais surtout de beaucoup de souffrances, d’incompréhensions,  il.elle semble enfin apaiser. Troublé par l’aura que dégage cette dépouille à l’éclat irradiant, l’homme (épatant   Nicolas Martel) lui insuffle d’un tendre et chaste baiser la vie. Un temps, les deux comédiens ne font plus qu’un pour qu’enfin Camille libère une parole trop longtemps oubliée dans de poussiéreuses archives. 

La (re)découverte d’une intimité romanesque

S’interrogeant sur le monde, curieuse de ses évolutions sociétales majeures, à l’écoute des jeunes artistes souhaitant intégrer   l’éstbaCatherine Marnas part à la recherche de textes qui questionnent le genre, les nouvelles quêtes identitaires. Lui revient en mémoire, un seul-en-scène vu au milieu des années 1980 à Avignon, où Dominique Valadié avait demandé à Alain Françon de la mettre en scène dans une version très condensée et édulcorée des Mémoires d’Herculine, que le philosophe Michel Foucault  avait (re)découvert un peu moins de dix ans plutôt dans le département français de l’Hygiène publique, avant de les publier agrémentées de ses commentaires en 1978. Touchée par ce récit de vie, par la plume de cet.te enfant, par ce qu’il.elle a vécu, la metteuse en scène s’empare avec la fougue et la délicatesse qu’on lui connaît, de ce journal intime pour l’adapter à la scène.

Double jeu 

S’appuyant sur la scénographie très épurée de Carlos CalvoCatherine Marnas s’attache à ressusciter Herculine, à réhabiliter ses mémoires, à lui offrir la plus belle des tribunes, une scène de théâtre. Avec juste quelques effets de lumières et de vidéos, elle donne corps poétique, lyrique à la plume romanesque de celui.celle qui connut ses premiers émois dans un pensionnat de jeunes filles, l’amour passionné avec une jeune femme qu’elle considérait comme son âme-sœur, avant de connaître la honte d’une exploration anatomique d’un médecin peu scrupuleux, puis l’opprobre de la médisance, des on-dits. Jouant avec les tonalités de voix des deux comédiens – les très habités et vibrants Yuming Hey et Nicolas Martel – , avec leurs présences plus ambiguës qu’il n’y parait, la metteuse en scène signe une œuvre charnelle, profondément incarnée et humaine. 

En finir avec les normes 

Avec Herculine Barbin : Archéologie d’une révolution, Catherine Marnas ne cherche pas tant à faire de ce récit un étendard LGBTQIA+, qu’à en révéler la beauté, l’intelligence de cœur, la poésie qui se cache derrière les maux de cet.te être incompris.e. On peut regretter que jamais les mémoires écrites en plein courant romantique ne se confrontent à une vision d’aujourd’hui plus radicale, mais là n’est pas le propos. Loin de toute intolérance, de toutes normes, de toute rugosité, la directrice du TnBA offre une nouvelle naissance à Herculine. Passionnant ! 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Bordeaux

Herculine Barbin : Archéologie d’une révolution d’après Herculine Barbin dite Alexina B. publié et préfacé par Michel Foucault
TnBA
3 Pl. Pierre Renaudel
33800 Bordeaux
Jusqu’au 22 janvier 2022
Reprise en 2023 au Théâtre 14
Durée 1h20 

Adaptation de Catherine Marnas et Procuste Oblomov
Mise en scène de Catherine Marnas assistée de Lucas Chemel
Avec Yuming Hey & Nicolas Martel
Avec la complicité de Vanasay Khamphommala et Arnaud Alessandrin
Conseil artistique- Procuste Oblomov
Scénographie de Carlos Calvo
Son de Madame Miniature
Lumière de Michel Theuil
Costumes de Kam Derbali

Crédit photos © Pierre Planchenault

 

 

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May 6, 2021 6:37 AM
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« Nous avons plus que jamais besoin de théâtre… »

« Nous avons plus que jamais besoin de théâtre… » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Propos recueillis par Baudouin Eschapasse dans Le Point - 6 mai 2021

ENTRETIEN. Un festival de théâtre d’un nouveau genre se tiendra les 6 et 7 mai à Bordeaux. Catherine Marnas évoque sa genèse et sa programmation.

 
Catherine Marnas entend « transformer son théâtre en une ruche bourdonnante d'artistes en répétition... » © Frédéric Desmesure

 

 

Ce sera un festival en petit comité… comme une répétition générale avant la grande reprise du 19 mai prochain. « Focus », la manifestation dédiée à la création contemporaine qui se tient cette semaine au théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TnBA) n'en devrait pas moins permettre aux jeunes troupes invitées de montrer enfin leur travail au public. À l'origine de ce nouveau festival, Catherine Marnas, directrice de ce centre dramatique national, en explique le principe.

 

Le Point : Le festival Focus, dont vous organisez la première édition les 6 et 7 mai prochains à Bordeaux, intervient juste avant la réouverture des salles de spectacle. Allez-vous pouvoir accueillir du public avant les autres théâtres ?

 

Catherine Marnas : Non. Nous ne pourrons malheureusement pas ouvrir nos portes au grand public. Cette édition sera réservée à un auditoire restreint de professionnels : programmateurs et directeurs de salle. Si l'une des propositions sera montrée en extérieur, ce ne sera que dans le cadre d'un protocole sanitaire très strict. Mais nous avons bon espoir que les spectacles qui seront montrés au TnBA pourront tourner dans l'Hexagone la saison prochaine. Comme tous les théâtres de France, nous attendons le 19 mai avec impatience…

 

Comment avez-vous vécu la saison dernière ?

 

Nous n'avons pu jouer que 19 fois sur la saison 2020-2021, là où, d'habitude, nous proposons entre 170 à 180 représentations par an. Mais nous avons quand même beaucoup travaillé. C'est tout le paradoxe de la crise que nous traversons. Notre lieu avait beau ne pas accueillir de spectateurs, nous n'avons pas cessé de répéter dans les trois salles de notre centre dramatique national. Si j'osais une image, je dirais que nous avons réalisé un travail de Pénélope. Comme la femme d'Ulysse, nous détricotions le soir ce que nous avions tissé pendant la journée. Certains de nos spectacles ont été repoussés quatre fois ! Cela veut dire que nous devions être prêts à la date dite, mais que les circonstances nous ont, chaque fois, contraints à retarder le moment où nous pourrions montrer le résultat de notre travail. Alors, nous reprenions les répétitions…

 

À LIRE AUSSI Scène – L'art de se réinventer

 

Le festival que vous créez cette année est-il une réponse à la crise que nous traversons ?

 

Je l'ai imaginé avant la pandémie. Son objectif est de mettre en avant la création contemporaine. Je suis engagée de longue date dans ce projet qui vise à aider une nouvelle génération d'hommes et de femmes de théâtre à émerger. Je suis entourée de beaucoup de jeunes compagnies. Je dirige l'École supérieure de théâtre de Bordeaux Aquitaine (Estba), d'où sortent, tous les trois ans, quatorze diplômés. Si j'aime l'idée qu'ils se frottent à la vraie vie en sortant de chez nous, je souhaite néanmoins leur offrir la possibilité de montrer ce qu'ils font ici. Nous avons en Aquitaine de nombreux créateurs de talent, nous avons conduit avec eux de nombreux entretiens par vidéo pendant le premier confinement. Et tous nous ont dit la même chose : les conditions de production et de distribution sont de plus en plus difficiles.

Pourquoi ?

Les temporalités sont cruelles. Il faut deux ans en moyenne pour mettre sur pied un projet, pour réunir une coproduction, répéter et trouver des dates. Or, le monde change à une telle vitesse que ces jeunes ont envie de partager immédiatement leur travail. L'idée du festival Focus est de leur permettre de montrer une forme, même inaboutie, de ce qu'ils préparent. Un peu comme si un peintre organisait une journée « portes ouvertes », pour qu'on voie où il en est.

 

Vous allez montrer neuf spectacles, à différentes étapes de leur réalisation. Le premier d'entre eux fait penser à une chanson de Dominique A puisqu'il s'intitule Le Courage des oiseaux

Oui. C'est une lecture-performance de Baptiste Amann. Ce sera un geste en forme de « making-of » de la trilogie qu'il a écrite et qui sera programmée au Festival d'Avignon cet été. Cela va bientôt faire sept ans que Baptiste développe ce projet intitulé « Des territoires ». C'est une exploration géographique et générationnelle de la scène qui vise à répondre à une question : quelle histoire écrire lorsque'on est, comme ses personnages, héritiers d'un patrimoine sans prestige et représentants d'une génération que l'on décrit comme désenchantée ?… Les deux premiers spectacles ont été créés en 2015 et 2017. Baptiste ne présentera pas ici le troisième opus de ce projet, mais un spectacle où il racontera les sept années qu'il a passées sur les routes pour créer ces trois œuvres. Je ne sais pas encore très bien la forme que cela prendra. Je peux juste vous dire qu'il a demandé un piano sur scène et que je ne doute pas que cela sera très abouti.

 

Est aussi annoncée une lecture de Jérémy Barbier d'Hiver. De quoi s'agit-il ?

Ce sera un texte très personnel que Jérémy a écrit : le monologue d'un homme qui parle à la tombe d'un père qu'il n'a pas connu. Cette pièce dont le titre provisoire est Mine de rien est en quelque sorte une suite à la « carte blanche » que notre théâtre lui avait déjà proposée. Ce sera son premier spectacle personnel. Il en proposera une lecture au plateau…

 

Cet ancien élève de l'Estba est aujourd'hui membre du collectif « Les Rejetons de la reine » qui sera également programmé cette semaine.

 

Effectivement. Ce collectif, constitué outre de Jérémy, de Clémentine Couic, d'Alyssia Derly et de Julie Papin, s'est formé au cœur de l'Estba en 2019. Il présentera sa première création : Un poignard dans la poche. Un texte de Simon Delgrange qui sera d'ailleurs à l'affiche du TnBA en octobre 2021. L'histoire se développe autour d'un repas de famille. On y parle beaucoup de politique et cela dégénère très vite. C'est du théâtre contemporain de l'absurde que je situerais volontiers entre Roland Dubillard et Roger Vitrac.

 

Une table ronde, organisée le vendredi 7 mai, de 9h30 à midi, permettra aux « compagnons » du TnBA de partager avec le public la manière dont ils envisagent les « nouvelles relations entre équipes artistiques et lieux culturels ».© Pierre Planchenault

 

Quels seront les autres temps forts du festival ?

Julien Duval, fondateur du Syndicat d'initiative, proposera une forme courte, avec son acolyte Carlos Martins, autour d'une formule bien connue de Voltaire qui résonne étrangement par ces temps de Covid : « Il faut cultiver son jardin. » Une pièce qui est susceptible d'être jouée en appartement. Le collectif Os'o composé par des élèves de la première promotion de l'école (Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Roxane Brumachon et Tom Linton. Denis Lejeune étant « invité » pour l'occasion) mettra en scène un spectacle « jeune public » qui parlera d'ovnis et de science-fiction (Qui a cru Kenneth Arnold ?). Une pièce qui sera proposée, à la rentrée, dans les écoles du territoire. De son côté, Aurélie Van Den Daele adaptera La Chambre d'appel de Sidney Ali Mehelleb, un beau texte qui parle de mémoire. Enfin, Monique Garcia, cofondatrice du Glob Théâtre qu'elle dirige avec Anne Berger, jouera dans la rue une pièce étonnante (Fortune Cookie) à l'attention d'un seul spectateur à la fois. Pour ce faire, elle l'embarquera pour quelques minutes dans un tuk-tuk pour une parenthèse enchantée où il sera question de divination et de magie.

 

Les deux dernières propositions du festival présentent la particularité d'être très biographiques…

Yacine Sif El Islam et son compagnon, Benjamin Yousfi, raconteront l'agression homophobe dont ils ont été victimes en septembre 2020 et qui les a conduits à l'hôpital. En jetant ce choc sur le papier, en partageant les comptes rendus médicaux et l'avancée de l'enquête de police, Yacine met à distance ce traumatisme et signe un spectacle touchant (Sola Gratia) qui met en perspective cet événement avec des moments de son enfance.

 

Reste votre propre pièce qui raconte le destin d'un hermaphrodite du XIXe siècle, Herculine Barbin. Pourquoi avoir choisi d'adapter sur scène le destin de cette femme, devenue homme ?

J'étais partie pour adapter Le Rouge et le Noir, mais la pandémie m'a poussée à reporter ce projet. En racontant la vie d'Herculine, née femme en 1838, puis « réassignée » homme en 1860, sous le nom d'Abel, après examen médical, j'ai l'impression de traiter d'un sujet brûlant dans notre société. Lorsque je participe aux jurys qui doivent départager les 750 jeunes qui déposent un dossier pour intégrer notre école, je me rends compte que cette question de genre taraude cette génération. Je ne compte plus les candidats et candidates qui évoquent devant nous ce sujet lors des oraux. Or, c'est cela le théâtre pour moi : traiter dans l'urgence d'une question, à chaud. Partager avec des spectateurs, le temps d'une cérémonie païenne, une expérience qui nous bouleverse.

 

Allez-vous modifier votre programmation pendant l'été ?

Bien sûr. Nous allons prolonger les spectacles tout au long de l'été. Et jouer dehors s'il le faut. Le square en face du théâtre nous le permet. Nous avons plus que jamais besoin de théâtre…

2021ENTRETIEN. Un festival de théâtre d’un nouveau genre se tiendra les 6 et 7 mai à Bordeaux. Catherine Marnas évoque sa genèse et sa programmation.

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March 9, 2021 3:22 PM
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Catherine Marnas : « Ignorer notre politique culturelle, c’est ne pas faire confiance au futur » 

Catherine Marnas : « Ignorer notre politique culturelle, c’est ne pas faire confiance au futur »  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Catherine Marnas, metteuse en scène et directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TnBA), a accordé un entretien à France urbaine HEBDO.

Cela va faire presque un an que les lieux culturels sont fermés. Les maires de grandes villes et présidents de métropoles, par la voix de France urbaine, se sont dit prêts, le 12 février dernier, à accompagner une réouverture progressive des équipements culturels, en fonction de la situation sanitaire locale. Quel regard portez-vous sur cette situation ?

 

Je pense qu’il est très important que les différentes démarches, qui se présentent pour l’instant de manière assez dispersées, se regroupent afin de faire entendre une voix commune, plus forte et plus efficace. Que des élus soutiennent notre cause est particulièrement réconfortant car nous ressentons que certains politiques ont compris notre rôle dans la société et ne nous considèrent pas comme « non essentiels », qualificatif qui a des effets délétères sur nos professions.


Je pense qu’aujourd’hui, beaucoup de gens sont conscients qu’il y a une injustice flagrante dans la fermeture des lieux culturels. Nous ne sommes pas des irresponsables et sommes conscients des dangers de cette pandémie. Mais nous avons pu, lors du court temps où il nous a été permis de ré-ouvrir, vérifier que les dispositifs que nous avons mis en place tels que la distanciation, l’aération systématique des salles, les files d’attente espacées, l’utilisation du gel hydroalcoolique, le port des masques ou encore la sortie de salle rang par rang, ont été parfaitement respectés par les spectateurs. 


Il s’agit donc bien de priorités. J’ai par exemple entendu récemment qu’un pays d’Europe venait de classer les salons de coiffure « commerces essentiels » au nom de la dignité humaine. Cette méconnaissance de tout le travail souterrain de lien, de la communauté indispensable à notre humanité qu’aucun écran ne pourra résoudre nous semble particulièrement grave pour le monde de demain. Ne sommes-nous pas essentiels au nom de la dignité humaine ? Nous avons rêvé du « Monde de demain » après la première allocution du président de la République. Cette pandémie devait nous permettre de remettre en question les choix de société, les valeurs qui nous conduisaient à l’impasse. Au nom d’un idéal, nous étions prêts à tous les sacrifices. Las, le temps passant, nous nous sommes retrouvés dans la position de « non essentiels » Est-ce que nous pourrons un jour faire le compte des ravages que ce message a perfusé dans nos inconscients ? Des ravages irréparables, pour nous, mais pour la société tout entière. Si une action commune peut avoir une utilité, elle doit défendre non pas des droits et la défense d’une corporation qui serait fragilisée par les restrictions auxquelles nous sommes confrontés, mais bien au nom de « quelle société rêvons-nous pour demain ? »
 

« Nous ne sommes pas des irresponsables et sommes conscients des dangers de cette pandémie. » Catherine Marnas

 

L’aventure des centres dramatiques nationaux (CDN), institution que je défends aujourd’hui, s’est rêvée aux heures les plus noires de notre histoire. C’est quelque chose que je n’oublie jamais : pendant la guerre, des hommes se sont battus au péril de leur vie pour que cette utopie - la création auprès de tous et pour tous - devienne une réalité. Je me sens responsable de cette utopie. Notre Président, au début de cette pandémie, a employé le terme de « guerre ». Alors soyons à la hauteur de nos ancêtres pour utiliser cette référence au sens le plus existentiel. L’homme est un animal essentiellement social et rien ne pourra substituer le partage émotionnel, collectif, que sont nos cérémonies païennes réunissant en un même temps et un même lieu une communauté d’humains interrogeant leur condition.
 
La crise sanitaire entraîne de graves conséquences économiques pour le secteur culturel… Comment le secteur va-t-il se relever dans les mois à venir ?
 
En tant que théâtre public subventionné, nous avons été financièrement accompagnés de manière tout à fait remarquable si nous comparons avec d’autres pays du monde. Aidés, suivis, nous avons pu résister sans le problème essentiel de la survie. Ce n’est pas rien et loin de moi l’idée de « cracher dans la soupe ». Cette aide me permet d’aider beaucoup de compagnies et de leur permettre de passer le cap. Ce n’est donc nullement négligeable. Mais au fond qu’est-ce que cela raconte et qu’est-ce que cela permet ?


A l’écoute du monde de la culture, j’entends des renoncements, des démissions. Ici, quatre danseurs qui renoncent et changent de métier, des acteurs qui veulent renoncer. Des problèmes financiers ? Même pas ! Simplement l’usure, le travail de sape insidieux et violent qui s’immisce dans vos vies : « Si je suis « non essentiel », si la vie continue sans moi comme si de rien n’était, est-ce que ça a encore du sens que je passe ma vie à m’entrainer ? à me maintenir comme un athlète de l’émotion ? »


Quelle est notre légitimité au-delà de notre croyance ? Quelle place avons-nous dans le monde de demain ? Cette place ne nous est pas attribuée de droit mais comment convaincre qu’elle peut tellement apporter au monde de demain ? Loin de tous privilèges et de tout corporatisme, comment convaincre de notre croyance profonde dans le fait que le sens de notre vie, que notre épanouissement, que l’utopie de demain passe par une interrogation, joyeuse, positive, sereine, de notre position dans le monde et que celle-ci passe, entre autres par notre représentation collective du monde que le théâtre permet.


Se relever demain nécessite donc à mon avis une ouverture la plus proche possible. Plus le temps passe, plus les dommages seront irréversibles. Il y a une vraie urgence. Certains attendent de ce silence une sorte de tri. C’est une très vieille idée qui traine et qui pointe le bout de son nez à la moindre occasion : trop de compagnies, trop d’artistes… La Covid-19 servirait, au passage, de tamis, ne conservant que les plus solides. C’est faire fi du réseau très étoffé, chacun utile à sa place, qui est la fierté de notre pays. Je travaille beaucoup à l’étranger et je suis à chaque fois surprise du prestige dont nous jouissons à l’extérieur pour notre politique culturelle. L’ignorer à cause d’un principe de réalité économique ou de modernité est en fait le signe d’un retard sur les évolutions du monde : c’est ne pas faire confiance au futur.
 

« A l’écoute du monde de la culture, j’entends des renoncements, des démissions. » Catherine Marnas

Quel rôle les grandes villes peuvent-elles jouer dans la relance du secteur culturel ?
 
Je rêve d’une voix forte, discordante par rapport au discours ambiant. Nous vivons une crise indiscutable de nos démocraties et de l’éloignement progressif ressenti de nos dirigeants, souvent vécus comme coupés de la base. Ce n’est certainement pas le populisme qui réconciliera un peuple avec ses dirigeants. Faire appel aux instincts les plus primaires ne peut rendre l’espoir et l’élan dont nous avons tous besoin. Nous avons besoin de rêver, de nous projeter, de croire enfin qu’un monde meilleur est possible. Les artistes sont là pour nous proposer leurs utopies, leur passion. Nous sentir soutenus par les grandes villes et métropoles de notre pays est une lueur d’espoir dans l’obscurité où nous plongent les choix actuels.
 

« Nous sentir soutenus par les grandes villes et métropoles de notre pays est une lueur d’espoir dans l’obscurité » Catherine Marnas

Crédit photo : Frédéric Desmesure/ TnBA

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January 12, 2020 5:12 PM
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Catherine Marnas: "Comment j'ai travaillé avec Tony Kushner"

Catherine Marnas: "Comment j'ai travaillé avec Tony Kushner" | Revue de presse théâtre | Scoop.it

par Stéphane Capron dans Sceneweb 11/01/2020

© Pierre Grosbois

L’auteur anglais Tony Kushner fait son entrée en ce début d’année au répertoire de la Comédie-Française avec la mise en scène d’Angels in America dans la mise en scène d’Arnaud Desplechin. Mais le véritable événement se déroule à Bordeaux, au TnBA. Sa directrice, la metteuse en scène Catherine Marnas met en scène met en scène A Bright Room Called Day… première pièce de Tony Kushner écrite en 1985. Un texte sur un groupe d’artistes berlinois entre 1932 et 1933 confronté à la montée du nazisme, et qui est observé en 1985 par une jeune anarcho-punkette furieuse de la réélection de Reagan. Tony Kushner vient de réécrire en y introduisant le mandat de Trump. Une écriture à New-York qui s’est faite parallèlement au travail sur le plateau à Bordeaux.

Comment avez-vous fait connaissance avec la pièce ?
Je me disais bien que quelqu’un qui a écrit une pièce tellement incroyablement bien construite comme Angels in America qui est un chef d’oeuvre avec un sens de la métaphore et une orientation politique très claire avait du écrire d’autres pièces. J’ai cherché et j’en ai trouvé deux autres traduites en français et je n’ai pas été forcément convaincue. Et puis j’ai trouvé sur un site américain le résumé de A Bright Room Called Day…, sa toute première pièce écrite en 85 suite à sa colère par rapport au deuxième mandat de Ronald Reagan. J’ai lu le résumé et c’est exactement ce dont j’avais envie. Je demande les droits et alors que nous étions en tractation, il décide de réécrire la pièce dans laquelle il y avait deux temporalités, celle de Berlin juste avant l’élection de Hitler et celle d’une jeune punk new-yorkaise très en colère contre la deuxième réélection de Reagan. Il me dit qu’il souhaite rajouter un troisième plan pour parler de Trump. Car il estime que le deuxième mandat de Reagan a zappé les bases de la démocratie et a propulsé Trump au pouvoir.

Comment a-t-il fait, est-ce qu’il a tout réécrit ?
C’est vraiment très différent de la première version, dans la mesure où dans son feuilletage il rajoute un personnage : lui-même. Il arrive dans la pièce et fait une sorte explication de ce qu’il a écrit en 85 et de ce qui se passe aujourd’hui. Et cela transforme beaucoup le personnage de la jeune punk new-yorkaise car elle est en interaction avec lui. Par contre, cela ne touche pas aux scènes en Allemagne à Berlin en 1932 et 1933.

La pièce a-t-elle déjà été jouée dans cette nouvelle version ?
Oui à New York, il y a peu de temps, au Public Theater dans une mise en scène de son directeur Oskar Eustis. Tony Kushner a été  très présent pendant toutes les répétitions. J’étais en relation avec lui au fur à mesure qu’il écrivait, il m’envoyait des petits bouts que l’on traduisait à chaud au plateau. Je lui écrivais en lui disant : “faites attention, vous êtes en train d’étouffer la pièce, il ne faut pas qu’il ait trop de commentaires”. Je suis allée à New York. J’ai vu le premier filage et j’ai trouvé que la présence de l’auteur était beaucoup trop importante et j’ai réussi à lui expliquer que la situation américaine n’était pas la même que la nôtre et il a accepté que je coupe certains passages. C’est plus court et c’est une première hors de New-York et cela donne un spectacle totalement inédit.

Il se trouve qu’en ce d’année Trump fait la une de l’actualité avec son envie d’en découdre avec l’Iran.
De toute façon avec lui on va de mal en pis. On ne sait plus qu’elle sera la prochaine catastrophe mais on est dans une actualité horrible en plus avec cette idée d’une guerre sourde qui est celle du spectacle, celle du clan de ces jeunes à Berlin qui essayent de vivre légèrement avec ce nuage noir au-dessus de leurs têtes.

Propos recueillis par Stéphane Capron – www.sceneweb.fr

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January 9, 2020 7:32 PM
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Marnas, l’obsession du « glissement »

Marnas, l’obsession du « glissement » | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Pour sa nouvelle création, Catherine Marnas a choisi d’adapter A Bright Room Called Day du dramaturge américain Tony Kushner. L’occasion d’alerter ses contemporains sur la menace populiste qui empoisonne l’Europe.
 

Un soir de Nouvel An, dans une fête, une bande de jeunes gens issus de milieux artistiques éclairés et avisés, des actrices et un réalisateur de cinéma se moquent de l’ascension fulgurante d’un certain Adolf Hitler. Pour eux, il n’est qu’un pitre, un guignol qui ne passera jamais. À mesure que la mauvaise blague devient réalité, le groupe explose. Dans sa pièce A Bright Room Called Day… (« Une chambre claire nommée jour »), Tony Kushner, célèbre en France pour sa pièce-fleuve Angels in America qui lui valut le prix Pulitzer, superpose les espaces-temps pour nous plonger dans l’Amérique des années 80. Là, une jeune New-Yorkaise anarchopunk brise un tabou absolu en écrivant partout : Reagan = Hitler…

L’histoire ne s’arrête pas là, puisque le dramaturge, désireux de régler son compte à Donald Trump, réactualise sa pièce en remplaçant le nom de l’ancien acteur président par celui du nouveau chef de gouvernement…

On pourrait voir là une gauche américaine qui s’amuse à faire peur, trop heureuse de prendre une revanche symbolique sur celui qui cristallise toutes leurs détestations, tout en se donnant la bonne conscience du chevalier pourfendeur de dragons. Car remplacer le nom d’Hitler par celui de Reagan, de George W. Bush ou de Trump, il faut quand même oser. Le dénominateur commun des trois présidents américains et leur « forfait principal » étant de se situer de l’autre côté de l’échiquier politique des acteurs culturels d’outre-Atlantique comme d’ici. Car il y a bien une communauté de pensée dans les hautes sphères de la culture, qui a tendance à faire passer des vessies pour des lanternes et à diaboliser quiconque ne partagerait pas son incontestable grille de lecture d’un monde résolument manichéen. L’un des arguments les plus utilisés est alors de rejouer en permanence « les heures les plus sombres de notre histoire » tout en se pinçant le nez au moindre argument de la partie adverse. On connaît la chanson…

Parallèles douteux
La directrice du TnBA, Catherine Marnas, qui met en scène ici le texte de Kushner, n’hésite pas à utiliser l’expression désormais consacrée, « la montée des populismes », pour établir un parallèle pour le moins douteux entre le fascisme du IIIe Reich et la situation politique actuelle en Hongrie, en Autriche, en Italie, aux États-Unis et sans doute ailleurs, bientôt, si l’on n’y prend garde : « Les personnages de Kushner réagissent souvent comme nous devant la montée des populismes. Je me souviens d’être tombée sur des phrases que j’ai dû prononcer moi-même avant l’élection de Trump, et que les personnages appliquaient à Hitler : ça ne passera jamais, il est trop ridicule, les gens vont se réveiller, etc. On connaît la suite… »

L’essentiel, pour la metteuse en scène, reste la vigilance la plus extrême, afin que le peuple ne se retrouve pas ébouillanté à petit feu, comme dans la fameuse parabole de la grenouille déjà utilisée par Al Gore dans son documentaire Une Vérité qui dérange. « Dans nos milieux, confesse-t-elle, nous avons parfois tendance à nous situer un peu à l’écart du temps, alors qu’en fait, nous y sommes plongés comme tout le monde. Mais si on fait l’effort de considérer que cette multitude de petits glissements, de dérives, de lâchages ou de lâchetés que l’on constate autour de nous, ne concerne pas seulement « les autres », toujours les autres, mais nous aussi, alors l’époque prend un autre relief. Cette notion de glissement me fascine depuis longtemps. »


Fausse humilité
Au-delà de la sincérité et de l’auto-critique, toujours louables, il n’est pas interdit de voir là une fausse humilité traduisant une forme de condescendance à l’égard de ce peuple si malléable, qui pense mal, qui vote mal et qui entrouvrirait les bras pour accueillir la « bête immonde », une nouvelle fois… « Dans cette pièce, poursuit-elle, on voit que l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, que nous avons tendance à considérer – je veux parler des gens de notre milieu – comme un événement apocalyptique, s’installe en fait peu à peu, par petites touches. Du fait de son actualité déconcertante, elle doit être entendue en Europe. » Petit bémol : le message ne convaincra sans doute que ceux qui le sont déjà. Quant aux autres, ils s’entêteront vraisemblablement dans leurs « erreurs », inconscients de préparer la nouvelle apocalypse annoncée.

A Bright Room Called Day Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine. Texte de Tony Kushner, Mise en scène de Catherine Marnas Place Renaudel à Bordeaux, du 7 au 18 janvier 2020.

 

© Photo : Franck Tallon

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January 27, 2018 5:09 AM
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Le retour gagnant de « Mary’s à minuit » de Serge Valletti

Le retour gagnant de « Mary’s à minuit » de Serge Valletti | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Vingt ans après, Catherine Marnas reprend le solo de Valletti avec la même actrice, Martine Thinières. Le personnage n’a pas vieilli, Valletti est retourné dans son pays natal, le théâtre a demandé où était l’asile des égarés, le docteur a dit : c’est là.


Serge Valletti est un méridional paradoxal. Ses personnages sont bavards, ils aiment parler de tout, de rien, des pots de fleurs de la voisine, du fils de monsieur Truc, mais si vous saviez, l’épicier, deu mystère de Lotte Ducout, de Dario ( où il est encore passé celui-là ?), de l’horizon qu’est jamais droit, de la mer qui est toujours à faire chuiiit au bord de ses pages sur fond de cris d’enfant. Mais Valletti, il est pas comme ça, c’est peut-être une manie d’auteur, il est pas trop chargé de mots en bouche quand on lui parle, il affectionne le silence, le repli. La solitude lui va bien au teint, le solo aussi.
Solo, solo

Il sait être seul partout, au café, sur le vieux port, au-delà de Rio, dansa chambre à écouter son Elvi, ,c’est comme ça qu’il s’est mis à écrire des solos comme on met une bûche dans la cheminée pour se réchauffer, pour voir le bois crépiter. En écoute permanente des conversations qu’il entendait dehors, à la fenêtre avec vue sur Marseille le plus souvent, mais aussi en écoutant le bruit que font les marches quand il descendait l’escalier jusqu’au fond de tout.

L’avantage du solo, c’est qu’on n’a pas besoin de partenaire, ils surgissent parfois sur l’air de de-quoi-je-me-mêle, le plus souvent le solo reste seul à se parler à lui-même et aux autres en même temps, c’est ce que fait Maryse, l’héroïne de Mary’s à Minuit. La légende veut que l’auteur ait écrit ce solo dans un hôtel dont l’enseigne lumineuse faisait clignoter le nom de Mary’s. Bon, si ça lui fait plaisir à l’auteur de raconter ça, mais moi « faut pas me prendre pour une bonbonne », comme dit la Maryse du solo.

Un jour, Valletti a joint les bouts de sa vie c’est-à-dire qu’il a écrit un solo et qu’il l’a joué seul dans sa cave devant un public qui allait d’un à deux spectateurs. Je ne me souviens plus du titre, c’était peut-être Cave. Il donnait rendez-vous en bas de chez lui, on descendait à la cave. Là, il y avait un casier en bois sur lequel il allumait une bougie, deux fauteuils d’un côté, une chaise de l’autre. J’y suis allé seul, c’était étrange, tout ce qu’il disait me semblait familier. Cela chantait en moi.

Après ou parallèlement aux solos (Six solos sont réunis sous ce titre chez Christian Bourgois datant des années 80 dont Mary’s à minuit écrit en 1984), Valletti écrivit des duos (qu’il interprétait avec Jacqueline Darrigade ; qu’est-elle devenue ?). Il a ainsi fait sa pelote et puis quand le moteur a été rôdé (l’acteur Valletti venait donner un coup de main au garage, il adorait mettre les mains dans le cambouis), il s’est lancé, il a écrit Le jour se lève, Léopold !. C’est Chantal Morel qui allait créer cette belle pièce, c’est aussi elle qui avait créé auparavant Mary’s à Minuit en décembre 1988 à Grenoble au cinéma Eden.

Pourquoi la mayonnaise ?

Il y a vingt ans, Catherine Marnas avait, elle aussi, mis en scène ce solo avec Martine Thinières et elle récidive aujourd’hui à Bordeaux avec la même actrice. Les comédiens vieillissent souvent plus vite que le personnage avec lequel ils ont fait un bout de chemin mais si, au hasard Bathazar, ils le recroisent un jour, ils retrouvent les impulsions d’antan avec un léger décalage horaire. C’est délicieux. On peut faire le même constat au Théâtre de l’Athénée où les acteurs qui avaient créé La Cantatrice chauve d’Ionesco dans la mise en scène de Jean-Luc Lagarce reprennent tous leur rôle, vingt-cinq ans après.

Catherine Marnas affectionne particulièrement Roland Dubillard, elle a monté plusieurs de ses pièces dont une inoubliable version des Diablogues, ce sac à mille malices. Est-ce à cause de cela, toujours est-il qu’il m’a semblé que sa mise en scène de Mary’s à Minuit interprétée avec une tendresse infinie par Martine Thinières semblait avoir invité Dubillard à prendre l’apéro. J’ai soudain pensé à lui, et aussi à l’acteur rêveur qu’il fut (le dernier numéro de la revue Europe lui rend hommage) quand le docteur de l’asile demande : « et alors pourquoi Mayonnaise, Maryse ? » Elle venait de raconter son repas à la cantine, il y  avait le choix entre mortadelle et œuf et elle avait choisi œuf, y voyant « une allusion insaisissable à l’enfant » qu’elle voulait avoir avec Jean-Louis Maclaren, un homme qu’elle attend pendant tout son récit et qui se défile. Mais la mayonnaise, l'âme de l'oeuf-mayo?

« C’est une belle histoire, l’histoire de l’hospice et encore, je la raconte mal parce que je n’y étais pas, moi », dit Maryse. Elle y était et elle y était pas. Et c’est une belle histoire que celle de voir l’actrice Martine Thinières reprendre son rôle vingt ans après,  redevenir comme une petite fille grandie trop vite.

Théâtre national de Bordeaux, du mar au ven 20h, sam 19h, jusqu’au 9 février.


Légende photo :Scène de "Marys'à minuit" © Frederic Desmesure

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November 27, 2017 6:55 PM
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7 d’un coup, d'après Grimm, mise en scène Catherine Marnas

7 d’un coup, d'après Grimm, mise en scène Catherine Marnas | Revue de presse théâtre | Scoop.it


7 d’un coup, les frères Grimm vent debout contre le harcèlement scolaire

 

Publié par Olivier Fregaville-Gratian d'Amore dans L'Oeil d'Olivier



Tout comme dans les contes de fées, le monde de l’enfance a sa part d’ombre. Méchanceté gratuite, harcèlement, peurs, sont autant d’épreuves cruelles que l’on doit affronter pour grandir, pour se sentir mieux. Empruntant aux frères Grimm, l’une de leurs fables populaires, avec habilité Catherine Marnas invite, petits et grands à dépasser leurs tourments… au moins dans un monde de rêverie onirique.

Seul dans un recoin d’une cour d’école, Olivier (excellent Olivier Pauls), un gamin de sept ans, affublé de lunettes qui mangent son visage, vêtu d’un gilet d’un vert improbable, semble perdu dans ses pensées. Il joue à l’écart des autres, du monde. Sa tranquillité est de courte durée. Trois enfants cagoulés, les « winners » de l’école, de vraies petites frappes sont bien décidés à terroriser, par plaisir le jeune garçon qui ne demandait rien à personne. Sous prétexte de l’inclure dans leur jeu, ils le moquent, le martyrisent.


Agissant dans l’ombre, ils fuient dès qu’un adulte pourrait surprendre leur sadique manège laissant leur souffre-douleur, un peu plus seul, face à ses peurs et ses tourments. Le calme retrouvé, Olivier s’isole pour grignoter son quatre heures, quelques tartines de confiture. C’est maintenant des mouches qui le harcèlent, l’empêchent de savourer ce moment de bonheur, de quiétude. Exaspéré, d’un coup d’un seul, il en tue sept. Fier de cette petite victoire sur la vie, il le claironne partout, s’imaginant devenir une légende, un héros. Imperceptiblement, on glisse dans sa rêverie, un monde de rois, de princesses, de créatures étranges où le réel, sa cruauté, sa férocité ne l’atteignent pas. Aidé de sa conscience (épatante Bénédicte Simon), il défie avec ingéniosité et ruses, les monstres, ses peurs les plus intimes, et combat sans relâche cette inclinaison trop naturelle à vouloir humilier les plus faibles que soit.

Avec beaucoup de délicatesse, de finesse, Catherine Marnas s’empare d’un sujet brûlant, sensible, un fléau des temps modernes, le harcèlement scolaire. S’inspirant du conte populaire allemand rendu célèbre par les Frères Grimm, Le vaillant petit tailleur, elle plonge dans les douleurs de l’enfance, dénonce les petites vilenies qui marquent au fer rouge pour mieux donner les clés d’un vivre ensemble apaisé et serein. Sans tomber dans la facilité d’une écriture bêtifiante, elle signe un texte pour jeune public juste et intelligent. Prenant le taureau par les cornes, la metteuse en scène évite toute édulcoration marquant les jeunes esprits d’images fortes, dures et terriblement poétiques, que soulignent joliment, la scénographie épurée de Carlo Calvo et la musique enveloppante autant qu’angoissante de Madame Miniature.




Autour d’Olivier Pauls, trois comédiens (Julien Duval, Carlos Martins et Bénédicte Simon) incarnent avec dextérité, espièglerie souvent et monstruosité parfois, tous les singuliers et étranges personnages qui croisent la route imaginaire de notre héros insolite. De leur jeu puissant et habité, ils nous entraînent dans le tourbillon d’aventures de ce conte moderne. Si en tant qu’adulte, on aurait aimé une fin plus ancrée dans le réel, notre part enfantine savoure l’ultime parabole de cette fable signée Marnas qui ouvre tous les champs des possibles. Une savoureuse madeleine dont le goût amer des premières bouchées fait doucement place à une douceur sucrée qui persiste une fois la pièce finie.

7 d’un coup de Catherine Marnas
Théâtre national Bordeaux-Aquitaine (TnBA) – salle Vauthier
3 Place Pierre Renaudel
33800 Bordeaux
jusqu’au 2 décembre 2017
les mardis à 19h30, les mercredi à 10h30 et à 14h30, les jeudi à 10h30 et à 14h, les vendredis à 10h30 et à 19h30 et le samedis à 18h
Durée estimée 1h

mise en scène de Catherine Marnas assistée d’Annabelle Garcia
texte inspiré du Vaillant petit tailleur des Frères Grimm
Son de Madame Miniature
Scénographie de Carlos Calvo
Lumières de Michel Theuil
Costumes d’Edith Traverso
avec Julien Duval, Carlos Martins, Olivier Pauls et Bénédicte Simon
Production Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

27 novembre 2017

 

Légende photo : Au cours de son périple, de son parcours initiatique, Olivier rencontre de biens étranges créatures (julien Duval) © Frédéric Desmesure

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September 29, 2017 7:05 PM
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Catherine Marnas nous offre un Lorenzaccio à pile ou face

Catherine Marnas nous offre un Lorenzaccio à pile ou face | Revue de presse théâtre | Scoop.it

ParDashiell Donello dans son blog



Cela commence dans le plein feu. Déambulant sur la scène, toute l'ambivalence d'un homme se montre. Son corps, une perruque blonde à la main, va et vient sur l'incertain chemin de sa destination finale. Dans un geste théâtral, l'homme se coiffe du postiche. Cet homme c'est Lorenzo.

La scénographie se joue sur deux niveaux. L'avant-scène avec un surplomb au théâtre qui coupe l'espace à l'horizontale. Ce niveau est habillé d'un rideau à lamelles plastique, comme nous pourrions en voir dans un entrepôt commercial. À travers le rideau, le lointain fait apparaître les ombres et entendre les voix de personnages multiples. Deux escaliers, en parallèle, sont à cour et à jardin. Dans l'objectif de mise en scène, le rouge et les ors rappellent la volonté d'un propos de théâtre. Cela commence dans le plein feu. Déambulant sur la scène, toute l'ambivalence d'un homme se montre. Son corps, une perruque blonde à la main, va et vient sur l'incertain chemin de sa destination finale. Dans un geste théâtral, l'homme se coiffe du postiche. Cet homme c'est Lorenzo. Soudain les confettis du carnaval de Florence volettent dans l'espace ; et au son d'un rock endiablé, il parie, à pile ou face,  sur la mort d'Alexandre de Médicis son cousin tyrannique, se livrant à la débauche déguisé en religieuse. 


Catherine Marnas jette aussi sa pièce pour parier, que Lorenzaccio d'Alfred de Musset, réputé difficile à monter, peut se jouer à huit comédiens dans divers lieux (palais du Duc, l'église, la rue, la chambre de Lorenzo etc.), en deux heures, sans amoindrir ce classique français.

Musset a écrit ce drame romantique à partir d'une scène historique, Une conspiration en 1537, sur une idée de George Sand qui lui avait confié un manuscrit relatant l'histoire de Lorenzo de Médicis (admirateur de Brutus) et entièrement dévoué à la restauration de la République. 

L'histoire se résume ainsi : Lorenzaccio prépare secrètement l'assassinat d'Alexandre de Médicis, pour libérer sa patrie et porter au pouvoir les républicains. Pour ce faire il porte le masque de la débauche au service des caprices du tyran. Si le meurtre est du côté pile aucun changement ne s'opère, sinon que le pouvoir passe aux mains d'un autre clan aussi tyrannique. Car le côté face poursuit Lorenzo et voit sa tête mise à prix sans que le jeune homme ne fasse rien pour empêcher son assassinat.

Catherine Marnas écrit dans le programme : " Malgré la légèreté apparente de la formulation, je crois qu’il faut prendre très au sérieux le pari que lance Lorenzo à Philippe avant d’accomplir son geste. Pile : est-ce que le meurtre sera inutile ? Face : est-ce que les républicains en profiteront pour rétablir : « La plus belle république qui ait vécu sur la terre » ? Même si Lorenzo affecte de ne pas y croire, il l’espère, et c’est le résultat de ce défi qu’il viendra jeter avec la clef de sa chambre au pied de Philippe, lui crachant à la figure tout le désespoir, le mal-être, l’amertume d’une génération".

C'est d'un point de vue politique que Catherine Marnas traite ce texte que Musset avait transposé à la révolution de juillet 1830. Tout comme la transposition de la mise en scène ne cache pas qu'une histoire peut se répéter de siècle en siècle. 

Musset lui ne tranche pas nous dit Catherine Marnas : « et c’est là toute la subtilité de son écriture, il exacerbe les questions. Lorenzo cristallise nos tensions : désirs d’angélisme, de sauvetage de l’humanité et, en même temps, dandy ricanant, cynique, nonchalant et blasé. Vision que j’espère non désespérément nihiliste mais aspiration à un regard en distance, allégé - distance énoncée par Lorenzo « Ce que vous dites là est parfaitement vrai et parfaitement faux comme tout au monde ».

Dans cette reprise, Catherine Marnas a dirigé une bonne distribution, où nous avons remarqué un Jules Sagot qui a trouvé brillamment l'humanité double et ambiguë de Lorenzo/Lorenzaccio. Bien entouré par l'excellent Franck Manzoni, et le talentueux Julien Duval.

 

Lorenzaccio d’Alfred de Musset

Mise en scène Catherine Marnas
Avec Clémentine Couic, Julien Duval, Zoé Gauchet, Francis Leplay, Frank Manzoni, Jules Sagot, Yacine Sif El Islam et Bénédicte Simon

Du 26 septembre au 15 octobre 2017
Du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 16h

Théâtre de l’Aquarium
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

Métro Château de Vincennes et navette gratuite
Réservation 01 43 74 72 74

www.theatredelaquarium.com

 

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September 25, 2017 11:32 AM
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Lorenzaccio, mise en scène Catherine Marnas - Théâtre de l'Aquarium

Lorenzaccio, mise en scène Catherine Marnas - Théâtre de l'Aquarium | Revue de presse théâtre | Scoop.it





26 septembre > 15 octobre 2017
du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 16 h

LORENZACCIO d’Alfred de Musset / mise en scène Catherine Marnas

assistanat à la mise en scène Odille Lauria, scénographie Cécile Léna et Catherine Marnas, lumières Michel Theuil, création sonore Madame Miniature avec la participation de Lucas Lelièvre, costumes Édith Traverso et Catherine Marnas, maquillage Sylvie Cailler, construction décor Opéra National de Bordeaux
avec Clémentine Couic, Julien Duval, Zoé Gauchet, Francis Leplay, Franck Manzoni, Jules Sagot, Yacine Sif El Islam et Bénédicte Simon

1537. Florence est devenue une orgie sans fin vouée au seul « bon plaisir » du tyran Alexandre de Médicis. Indigné par la lâcheté ambiante, le jeune lettré Lorenzo décide d’assassiner lui-même le despote pour rétablir la République. Mais pour y parvenir, il doit prendre le masque de l’ami et s’enfoncer avec lui dans l’abject, quitte à perdre en chemin toutes ses illusions...
La pièce (écrite en 1834) fait étonnamment écho à notre propre désenchantement : lutter sert-il encore à quelque chose quand les politiques semblent cyniquement ne travailler qu’à leur propre reconduction ? Lorenzaccio, devenu dandy ricaneur, en fait le pari fou.
Tout comme Lorenzaccio, Catherine Marnas relève le défi qu’est cette pièce réputée injouable (80 personnages, 36 décors !) et en propose avec ses 8 comédiens fougueux une version resserrée qui virevolte du rire au polar, du rock au baroque, muscle l’intrigue et en magnifie l’actualité politique : flamboyant !

Catherine Marnas est directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine et de son école d’acteurs, l’Éstba. Depuis 1986, elle œuvre à un théâtre « populaire et généreux » en mettant en scène ses contemporains tels Dubillard, Copi, Frisch, Py, Pasolini, Rebotier, Valletti, Koltès, N. Huston mais aussi Brecht, Molière, Shakespeare, Tchekhov...

Une création du TnBA/CDN de Bordeaux (2015) / production > Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine / coproduction > MCB° Bourges. Avec la participation des Treize Arches - Scène conventionnée de Brive.Remerciements à Alexandre Péraud



La presse en parle

Catherine Marnas donne à voir le monde devenu théâtre, celui qui se joue aujourd’hui au quotidien dans les médias et sur la scène politique. Une petite pépite anachronique. Les Inrockuptibles

Jeunesses perdues, indignez-vous ! Catherine Marnas signe une mise en scène « trash » et percutante d’un Lorenzaccio de notre temps. La Croix

Une mise en scène enlevée, réfléchie, qui interroge le cœur même du texte de Musset de façon tonique en refusant les effluves romantiques. Avec une belle distribution. Le Monde.fr


Photo LORENZACCIO MUSSET/MARNAS © Patrick Berger

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June 26, 2016 1:27 PM
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Comédies barbares de Ramon del Valle-Inclan, mise en scène de Catherine Marnas

Comédies barbares de Ramon del Valle-Inclan, mise en scène de Catherine Marnas | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Véronique Hotte pour son blog Hottello


 Comédies barbares, texte de Ramon del Valle-Inclan, traduction de Armando Llamas (Actes Sud – Papiers), mise en scène de Catherine Marnas, avec les élèves-comédiens de troisième année de l’École supérieure de Théâtre Bordeaux-Aquitaine (éstba)

Ramon del Valle-Inclan (1866-1936) évoque, à travers L’Aigle du blason (1907), Romance des loups (1908) et Visage d’argent (1922) – trois drames réalistes en prose des Comédies barbares -, un paysage de l’époque historique contemporaine.

La trilogie ancrée dans le XIX é accorde la priorité au dernier drame Visage d’argent.

Et c’est bien le personnage Visage d’argent qui apparaît le premier dans la mise en scène de Catherine Marnas, le plus jeune et le plus beau des enfants de Don Juan Manuel Montenegro, héros de la « série » et hobereau galicien fantasque qui règne historiquement dans sa région à la façon vétuste d’un seigneur médiéval – despote et hidalgo coureur de jupons, portrait en pied poussiéreux mais encore vivant d’un suzerain en armure sur ses terres féodales héréditaires, soumises et appauvries.

Le maître a interdit le passage sur son territoire, une décision arbitraire qui provoque la colère immédiate des paysans. Pour se libérer de cet interdit – oppression inique -, le peuple fait appel au curé, figure de notable à la fois pittoresque et fort douteuse.

La douce Isabel, filleule de Montenegro qui en fait sa concubine, provoque l’affrontement du chevalier gentilhomme avec le curé qui veut l’arracher à l’emprise de son parrain, et avec Visage d’argent, le cadet de ses fils, amoureux d’Isabel.

 La scène offre dès lors au public un précipité d’épisodes violents et passionnés, entre fureur, luxure, ambition, orgueil et sacrilège. Les hommes au panache viril sont vaillants tandis que leur résistent les femmes, des séductrices judicieuses, quand elles ne sont pas dévotes : épouse, sœur, concubine, exprimant leur engagement.

La Magicienne, la Rouge, le Fuseau noir – bouffon comique et céleste -, sont réinventés avec humour.

La moquerie ironique et sarcastique propose une lecture caricaturale de l’œuvre : sont dénoncés la dévotion religieuse, la crédulité populaire, l’appât du gain, chacun se réduisant à n’être qu’un type de bandit plus ou moins violent ou sympathique.

Les scènes pathétiques et cruelles se succèdent à un rythme endiablé : l’argent est le moteur des agissements des fils de Montenegro, sauf un qui part à la guerre pour défendre son pays. Ces enfants de famille sans foi ni loi vont piller dans l’impudeur l’héritage parental au domicile de leur mère défunte, restée fidèle au mari indigne.

Le spectacle de Catherine Marnas conçu avec les élèves comédiens de troisième année de l’École supérieure de Théâtre Bordeaux-Aquitaine (éstba) s’amuse de cette trame annonciatrice de la fin d’un monde dont il ne reste qu’à faire le deuil.

Sous la résonance de la traduction crue et persifleuse d’Armando Llamas, ces drames égrènent le bruit et la fureur d’un monde d’instincts non encore révolu.

La dimension physique et corporelle de la prestation des jeunes gens sur le plateau est particulièrement soignée, esquisses réussies de chœurs et de chorégraphies dansées, gestuelles libres et envols singuliers des corps, pirouettes et acrobaties.

La vie désordonnée s’installe sur la scène au milieu des vociférations des uns et des vitupérations des autres ; plus rarement se fait entendre la sonorité du rire ou du plaisir d’être, simplement ou amoureusement, dans l’intimité des couples dessinés.

L’existence est confinée à la guerre, une lutte sans merci où l’homme est un loup. Les acteurs jouent pleinement leur partition théâtrale et spectaculaire au milieu de la violence des injures et des images scéniques pittoresques. Sous les yeux du public, défilent les tempêtes sous une bâche de plastique, les courses effrénées du chien du chevalier, l’Enfant-Jésus à la couronne de petites lumières qui s’exprime facétieusement et les pardons typiques de campagne avec rappels picturaux du port de la croix, grenouilles rurales de bénitiers et chapelains en chasuble blanc.

La dénonciation d’un monde trop étriqué se donne dans un beau débridement.

La musique traditionnelle gasconne et landaise sur le plateau insuffle à la fresque une grâce bienfaisante, avec Xabi Etcheverry au violon traditionnel basque, Valentin Laborde à la vielle à roue, Martin Lassouque à la cornemuse landaise et Jordan Tisné à la flûte à trois trous.

Un ouragan enfiévré de théâtre brut et rageur, entre désordre et folie dé-coiffante.

Véronique Hotte

Théâtre de l’Aquarium, du 23 au 26 juin. Tél : 01 43 74 99 61

Festival des Écoles du Théâtre public, du 30 juin au 3 juillet à la Cartoucherie.

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November 6, 2015 8:38 AM
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On a vu au Gymnase de Marseille le "Lorenzaccio" très politique de Catherine Marnas

On a vu au Gymnase de Marseille le "Lorenzaccio" très politique de Catherine Marnas | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Rémi BARLAND pour Destimed :

 

Seul en scène, faisant les cent pas dans une sorte de manteau bleu Lorenzaccio attend que le noir se fasse et que le spectacle commence. Puis, au signal que tout est fin prêt, il ôte son pardessus et se lance dans une danse très déjantée habillé d’habits moulants aux couleurs criardes. Nous voilà prévenus ! Christine Marnas qui met en scène la pièce de Musset a choisi de dépoussiérer l’ensemble, d’y ajouter musiques et chorégraphies psychédéliques et surtout, on va très vite s’en rendre compte, d’insister sur l’aspect politique de la pièce.

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Vincent Dissez (Lorenzaccio) ©Pierre Grobois

Nécessitant de nombreux changements de décors, construite autour d’une multitude de personnages, Lorenzaccio écrit en 1834 ne fut monté au théâtre qu’à partir de 1896 au moment où Sarah Bernhard endossa le rôle titre, et ouvrit la voie à des interprétations strictement romantiques durant lesquelles le héros de Musset était joué par des femmes. Il faudra attendre Jean Vilar et son adaptation pour Gérard Philipe courant 1952 pour que soit mis en avant l’aspect politique du sujet. C’est vers cette lecture que tend le projet de Catherine Marnas dont la mise en scène décrit avec minutie le combat de Lorenzo (sorte de frère de Hamlet surnommé Lorenzaccio) contre le pouvoir autoritaire d’Alexandre de Médicis. Devenu par stratégie d’approche son complice dans l’accomplissement de ses basses œuvres, il tuera ce duc sanguinaire suppléant ainsi l’inefficacité des Républicains emmenés par Strozzi, libérant Florence de sa vilenie sans empêcher que le cardinal Cibo, (le vrai vainqueur de la pièce), impose un nouveau tyran. Mourant dans des circonstances troubles mais, sachant très bien qu’il en sera ainsi, Lorenzaccio incarne le désenchantement moral de ceux qui croient que les idéaux de vertu peuvent triompher du mal.
Catherine Marnas a élagué l’intrigue, coupé dans le texte, supprimé des personnages et proposé un Lorenzaccio rythmé en diable

Transposant l’action de la pièce sous le règne de Louis-Philippe, époque offrant d’après elle des similitudes avec nos temps actuels troublés, Catherine Marnas a élagué l’intrigue, coupé dans le texte, supprimé des personnages et proposé un Lorenzaccio rythmé en diable où le libertinage a remplacé le romantisme.
Trahison que tout cela ? Certes non ! Au contraire elle rend la pièce de Musset lisible par tous ! Même si on peut regretter des excès d’une illustration par trop sonore, son travail est en tout point remarquable. Visuellement d’abord avec un seul décor et des costumes réalisés par ses soins et ceux d’Édith Traverso. Scéniquement ensuite (on songe à l’univers de Genet et Koltès et aux films italiens où apparaissent des gangsters sans foi ni loi), avec une direction d’acteurs où de mon point de vue se distinguent quatre comédiens au-dessus du lot : Frédéric Constant est un Cardinal Cibio d’une densité exceptionnelle ; Franck Manzoni incarne un Strozzi douloureux et fragile ; mais, la palme revient au duo Julien Duval (Alexandre de Médicis) et Vincent Dissez (Lorenzaccio) époustouflants l’un comme l’autre. Julien Duval d’abord ! Cynique à souhait son personnage tient du Dom Juan de Molière et Lorenzaccio pourrait bien être sa statue du Commandeur. Acteur au charisme immédiat que l’on a vu déjà dirigé par Catherine Marnas dans (entre autres) « Lignes de failles » de Nancy Huston et « Le retour au désert » de Koltès, metteur en scène lui-même notamment de la pièce de Rémi De Vos « Alpenstock », Julien Duval montre et ne démontre pas, et son jeu rend plus inquiétant encore ce Médicis haï de tous. Habitué aux textes politiques (« Les justes » de Camus dans la mise en scène de Stanislas Nordey « Richard II » et « Richard III » de Shakespeare) Vincent Dissez s’emploie à rendre crédible ce que dit son personnage. Et par lui, on comprend mieux des phrases comme « la Cour…, le peuple le porte sur son dos », « Un peuple malheureux fait les grands artistes », « Je ne hais point les hommes. Le tort des livres et des historiens est de nous les montrer différents de ce qu’ils sont » qui sont au cœur des fondements de la pensée sociale de Musset. Acteur puissant, Vincent Dissez évite les clichés avec lesquels on habille parfois Lorenzaccio d’un oripeau souffreteux. Du coup, il impose un personnage à la psychologie complexe et le rend plus universel. Assurément un spectacle formidablement novateur, décapant, avec des moments certes inégaux mais porté par une sincérité et une intelligence qui assumant ses excès impose une vision assez magique de Lorenzaccio et de ceux qui l’entourent.Comme c’est formidable du théâtre intelligent !
Jean-Rémi BARLAND

Au Théâtre du Gymnase jusqu’au 6 novembre à 20h30. Le samedi 7 novembre à 17h.

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November 18, 2022 6:08 PM
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Yuming Hey, magnifique Herculine

Yuming Hey, magnifique Herculine | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Philippe Chevilley dans Les Echos - 18 nov. 2022

 

Au Théâtre 14, le jeune acteur incarne superbement le personnage intersexe d'Herculine Barbin qui consigna son calvaire dans ses mémoires avant de se suicider en 1868. Collant au texte, redécouvert par Michel Foucault dans les années 1970, la metteure en scène Catherine Marnas orchestre un spectacle sensible, qui questionne le genre avec subtilité.

 

Yuming Hey est un comédien « fluide » à tous égards. Au théâtre, on l'a vu en Mowgli dans le « Jungle Book » de Bob Wilson, en « bad boy », puis en vieil homme atteint d'Alzheimer ou en femme en colère dans les spectacles de Mathieu Touzé. A la télé, il a incarné Billy, la créature androgyne de la série de SF « Osmosis », et on le verra bientôt en influenceur dans « Emily in Paris ». Ce jeune artiste solaire qui transcende les genres sait tout jouer, sait tout faire. La metteure en scène, directrice du TNBA, Catherine Marnas, a eu la bonne idée de faire appel à lui pour incarner le rôle-titre de son spectacle « Herculine Barbin », créé en janvier dernier à Bordeaux et aujourd'hui à l'affiche du théâtre 14 à Paris.

 

 

Herculine/Abel Barbin est née, femme, en 1838, et morte, homme, en 1868. Elle s'est suicidée, n'ayant pas supporté le changement de sexe, imposé après un examen médical à 22 ans montrant qu'elle développait des organes des deux sexes. Son calvaire est consigné dans ses mémoires, écrites dans les derniers mois de sa vie. Redécouvert par Michel Foucault en 1978, le texte a été réédité par ses soins. Judith Butler s'inspirera des travaux du philosophe français pour élaborer ses théories sur le genre

Yuming Hey se coule à merveille dans la psyché tourmentée de son personnage intersexe, dans ses mots et ses envolées enflammés. Jamais il ne force le trait. Porté par sa technique imparable et par son intelligence du texte, il cultive la distance adéquate, surfe sur le fil de l'émotion sans verser dans le pathos. Et quand il quitte ses habits de femme pour ceux d'un garçon, il évite de surjouer les contrastes. Maintenant la dimension androgyne du personnage. Il reste sans faillir Herculine, transgenre pour le meilleur (ses émois de jeune fille, ses passions adolescentes) et pour le pire (l'opprobre, la solitude).

 

Liberté et complétude

Catherine Marnas a renoncé à son idée première d'introduire des matériaux contemporains dans son spectacle, pour se concentrer sur le texte fascinant d'Herculine. Dans un décor onirique, fait de projections mouvantes, elle confronte Yuming Hey à un autre comédien, Nicolas Martel, tour à tour narrateur, double ou protagoniste (prêtre, médecin). Le pas de deux devient fascinant quand l'ange (ou diable) gardien porte Yuming/Herculine dans ses bras ou entonne un chant d'une voix céleste. Derrière le martyre de l'homme et femme au corps incertain, s'exprime alors toute la beauté de l'être aspirant à la liberté et à la complétude. Par la magie du théâtre et la grâce d'un duo d'acteurs d'exception, le genre s'affranchit des théories et devient questionnement charnel, primal et existentiel.

HERCULINE BARBIN

Mis en scène par Catherine Marnas

Paris, Théâtre 14

www.theatre14.fr

Jusqu'au 3 décembre

Puis en tournée.

 

Philippe Chevilley

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January 16, 2022 5:08 PM
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Théâtre. Le très mauvais genre d’Herculine Barbin

Théâtre. Le très mauvais genre d’Herculine Barbin | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Gérald Rossi dans L'Humanité  17 janvier 2022

 

Bordeaux (Gironde), envoyé spécial.

 

Catherine Marnas met en scène un spectacle passionné, sensible et engagé, avec deux comédiens remarquables, Nicolas Martel et Yuming Hey.

 

 

D’immenses draps blancs couvrent une large part du plateau, offrant un écran mouvant aux mystérieuses projections qui glissent en silence. Puis ils laissent découvrir des lits, des oreillers, un dortoir, dans la douceur d’une lumière dorée, contrastant avec la dureté du propos qui va suivre. Un principe que défend avec passion Catherine Marnas, qui adapte, avec Procuste Oblomov, et met en scène Herculine Barbin, récit autobiographique d’un individu déclaré fille à sa naissance, garçon vingt ans plus tard, avant son suicide. « On aurait pu, dit-elle, faire un montage de textes provocateurs, mais ce n’est pas mon choix, et je ne veux pas non plus de querelles clivantes rejetant définitivement chacun dans un camp. »

Quand l’hermaphrodisme relevait de l’impossible

Sous-titrant sa pièce Archéologie d’une révolution, la directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TNBA) pose avec autant de finesse que de conviction une question que l’on pourrait dire du droit à son genre véritable. Deux comédiens permettent de suivre le fil du drame humain. Nicolas Martel, avec une remarquable force retenue, est un passeur de l’histoire franchissant les époques. Yuming Hey, avec une grâce sensible, jusque dans les doutes les plus profonds, est Herculine, innocente victime d’un univers qui lui est entièrement étranger. Les deux comédiens, dans ces partitions éloignées, se rejoignent dans une parole émouvante.

 

 

À sa naissance, le 8 novembre 1838 en Charente-Maritime, Herculine Barbin est considérée de sexe féminin, élevée en tant que fille dans des institutions religieuses avant d’intégrer, comme jeune institutrice de 17 ans, un pensionnat de jeunes demoiselles. Là, elle tombe amoureuse de Sara, sans comprendre les bouleversements dans son corps. Au XIXe siècle, en ces lieux, évoquer le sexe, le désir, le sentiment ou encore l’hermaphrodisme relève de l’impossible. Depuis le XVIIIe siècle, « les théories biologiques de la sexualité, les conditions juridiques de l’individu, les formes de contrôle administratif dans les États modernes ont conduit peu à peu à refuser l’idée d’un mélange des deux sexes en un seul corps », pointe le philosophe Michel Foucault dans sa préface à Mes souvenirs, le journal tenu par Herculine, publié chez Gallimard en 1978. Le texte original a disparu, mais il avait été partiellement publié une première fois en 1872 dans un ouvrage scientifique : Question médico-légale de l’identité dans ses rapports avec les vices de conformation des organes sexuels.

 

 

Dans ses Métamorphoses, parues au Ier siècle de notre ère et effleurées sur le plateau, Ovide fait état du devin aveugle Tirésias, qui tous les sept ans change de sexe. Au Moyen Âge, l’hermaphrodite avait le droit de choisir son sexe (et de s’y tenir toute sa vie) si celui assigné à sa naissance ne lui convenait pas. Au XIXe siècle, Herculine Barbin n’a pas eu ce droit. Il fut décidé, après examens médicaux et avis de l’Église, qu’elle se prénommerait Abel, devrait se vêtir et se comporter en homme. Exercice impossible. « J’ai 25 ans et quoique encore jeune j’approche à n’en pas douter du terme fatal de mon existence »,   écrit-il/elle. Avouant aussi : « Sous une apparence de froideur, j’avais un cœur de feu. »

 

 

Au TNBA jusqu’au 22 janvier. Téléphone : 05 56 33 36 80. Le spectacle sera repris au Théâtre 14, à Paris.
 
 
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November 6, 2021 7:33 PM
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A Bright Room Called Day….Une chambre claire nommée jour, de Tony Kushner, mise en scène de Catherine Marnas.

A Bright Room Called Day….Une chambre claire nommée jour, de Tony Kushner, mise en scène de Catherine Marnas. | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Véronique Hotte dans son blog Hottello - 5 nov. 2021

 

A Bright Room Called Day….Une chambre claire nommée jour, texte de Tony Kushner, traduction de Daniel Loayza, mise en scène de Catherine Marnas.

 

L’œuvre de Tony Kushner revient sur les scènes françaises avec un véritable engouement, rehaussée d’une urgence tonique puisqu’elle a l’audace de parler de notre temps présent, mettant au jour, en passant, nos actualités déconcertantes.

En 1994, Brigitte Jaques créait en France au Festival d’Avignon Angels in America, un drame fleuve (1991) de Tony Kushner, adapté en mini-série et dont la pertinence sociologique et artistique propulsait l’auteur sur toutes les scènes internationales.

Quelques vingt-cinq ans plus tard et même un peu plus, le cinéaste Arnaud Desplechin monte aujourd’hui au théâtre Angels in America à la Comédie-Française.

 

Antérieure à Angels in America, la pièce que monte Catherine Marnas, directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine et directrice de l’étsba – Ecole supérieure de théâtre Bordeaux-Aquitaine -, A Bright Room Called Day… Une chambre claire nommée jour, date quant à elle, de 1984, étrangement pertinente, politiquement.

 

 

Elle est traduite en français par Daniel Loayza pour une première mondiale de la nouvelle version car Tony Kushner évoque, dès 2019, la figure de Donald Trump, réactualisant le propos initial en remplaçant le nom de l’ancien acteur président Reagan par celui du nouvel animateur de téléréalité devenu chef de gouvernement.

La mise en scène de Catherine Marnas joue du réalisme et de l’onirisme, de la petite et grande Histoire, de Hitler à Donald Trump, tissant des liens d’une époque à l’autre.

 

 

Un soir de Nouvel An 1932, dans une fête, des jeunes gens issus de milieux artistiques « éclairés et avisés », des actrices, un réalisateur de cinéma, prennent de haut l’ascension fulgurante de Adolf Hitler, un pantin, une caricature qui échouera…

Les espace-temps sont superposés, les périodes historiques sont données à voir de front et de manière simultanée puisque la maîtresse de cérémonie de ce show théâtral n’est autre qu’une jeune femme « anarcho-punk », micro en main, et qui chante à l’occasion, mais qui surtout explique et déplie l’Histoire en proposant au public une série de photos emblématiques de la période qui va de 1928 à 1938.

 

Déroulant patiemment une Histoire inavouable, la narratrice, new-yorkaise contemporaine, associe Reagan à Hitler, un raccourci dont on fera grief à l’auteur.

Sophie Richelieu, stature élancée et moulée dans un pantalon de cuir éloquent, est hissée encore sur des talons hauts, en phase avec son temps, décidée et ironique.

L’interprète mène la danse, sûre de sa démonstration historique, pleine de colère.

Des clichés en noir et blanc qui font froid dans le dos, sont suspendus, des photos sur un écran longitudinal placé haut  : saluts hitlériens, le portrait du Führer qu’on accroche partout, des cris de foule silencieux qu’on peut entendre en les imaginant.

L’auteur et la metteuse en scène partagent cette vision de « glissements progressifs », propres aux démocraties, vers des valeurs d’extrême-droite.

 

Et ces glissements, ces dérives, ces lâchetés ou ces semi-consentements ne concernent pas toujours les « autres », mais tous, autant que nous sommes, légers et changeants, tels certains anciens socialistes allemands alors passés au nazisme.

Les divisions de la gauche allemande, raconte-t-on, ont favorisé l’arrivée de Hitler au pouvoir, alors que le mouvement communiste berlinois était sous la férule soviétique.

 

Le 30 janvier 1933, Hitler devient chancelier, en pleine Grande Dépression : le fascisme n’est pas qu’un épouvantail qu’on brandit pour faire peur, une menace, une Apocalypse, il participe de notre non-engagement quotidien, pleutre et pusillanime.

Gurshad Shaheman – double de l’auteur Tony Kushner – pénètre sur la scène et s’adresse au public, comme à la chanteuse au micro, expliquant pourquoi il voudrait bien changer tel passage dans le drame ou bien introduire telle variante significative.

Entre la scène et la salle, le plateau et les rangées de spectateurs, il attend, efficace.

 

Tonin Palazzotto est un diable de théâtre, une performance métaphorique du Mal.

Agnès Ponthier, militante communiste, est convaincante, camarade fidèle à un mouvement d’obédience sincèrement collective, belle résistante prenant des risques.

Bénédicte Simon qui joue la Vieille et une militante communiste est dévolue à la scène, mimant l’engagement politique ou hurlant les exactions et horreurs commises.

 

Les comédiens Simon Delgrange – celui-ci interprète aussi un militant communiste -, Annabelle Garcia et Yacine Sif El Islam, incarnent des jeunes gens de leur temps, attirés par l’éclat d’une réussite personnelle, mais vivant mal en leur for intérieur les garanties politiques douteuses qui leur sont réclamées en échange, traîtres à eux.

 

Quant à Julie Papin – Agnès -, elle porte en elle l’authenticité de ces mêmes repères de démocratie occidentale, sympathisante communiste qui cède son appartement aux camarades devenus clandestins, aimant son pays et ses amis, et ne voulant pas fuir Berlin – ville alors symboliquement ouverte -, à la différence de ceux-ci fuyant, par obligation, le nazisme pour telle appartenance politique, juive, homosexuelle.

 

Nouvelle Antigone des temps obscurs, elle dit « Non » et résiste sur place, ne pouvant ne plus croire à ce qui l’a toujours fait tenir debout – sa foi existentielle en l’être. L’actrice émouvante et tenace accorde à sa figure emblématique force et aura.

 

 

Véronique Hotte

 

Les 18 et 19 novembre 2021 TNBA au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine (Garonne). Du 23 novembre au 5 décembre 2021, du mardi au samedi à 20h30, dimanche 5 décembre à 15h, relâche les 28 et 29 novembre au Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt,  75008 – Paris. Tél : 01 44 95 98 00. Le 8 décembre au Nest- CDN Transfrontalier de Thionville Grand Est (Moselle). Les 14 et 15 décembre 2021 à la Comédie de Caen – CDN de Normandie (Calvados). Du 4 au 6 mai 2022 au Théâtre Olympia, CDN de Tours (Indre-et-Loire).

 
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May 4, 2021 5:21 AM
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Théâtre. Derrière les portes closes du TnBA, « la rumeur créative des artistes »

Théâtre. Derrière les portes closes du TnBA, « la rumeur créative des artistes » | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Gérald Rossi dans L'Humanité  -  Mardi 4 Mai 2021
Légende photo : Les artistes compagnons et compagnonnes du TnBA. © Pierre Planchenault

 


Au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, où l’école d’art dramatique n’a pas cessé de fonctionner, ni les auteurs, comédiens, techniciens de répéter, se déroulera les 6 et 7 mai la première édition du festival Focus. Entretien avec Catherine Marnas, directrice du TnBA.

 

 
 
Au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, où l’école d’art dramatique n’a pas cessé de fonctionner, ni les auteurs, comédiens, techniciens de répéter, se déroulera les 6 et 7 mai la première édition du festival Focus. Entretien avec Catherine Marnas, directrice du TnBA.
 

Le TnBA n’ouvrira pas ses portes au public avant plusieurs semaines, mais l’activité des apprentis comédiens ne s’est pas interrompue dans les salles de ce théâtre national à Bordeaux. De nombreux professionnels s’y sont aussi retrouvés afin de lancer des créations, de poursuivre des répétitions. Sa directrice, Catherine Marnas, s’explique sur cette activité foisonnante comme sur l’urgence d’une réouverture, pour les acteurs, auteurs, techniciens, comme pour le public. Rencontre.

Le TnBA, comme tous les théâtres, n’accueille pas encore à nouveau le public, mais que se passe-t-il derrière les portes closes de cette belle bâtisse de la place Pierre-Renaudel ?

 

CATHERINE MARNAS Le lieu est forcément fermé au public, mais nous n’avons cessé d’accueillir des équipes pour des répétitions, et surtout notre école de théâtre, avec ses 14 élèves, n’a pas cessé ses activités. C’est un jeune cœur de troupe que l’on entend battre au quotidien et c’est réconfortant.

Entre des demandes de remboursement de spectacles annulés et la tentative d’élaboration d’une programmation sans cesse remise sur le chantier, quelle chance, pour nous, que de pouvoir entendre des bribes de Shakespeare, de Claudel… Une partie des cours est dispensée à distance, mais les autres se font sur place, dans le respect des règles sanitaires, avec des tests réguliers, etc.

Vous parlez d’accueil d’équipes…

CATHERINE MARNAS Je pense par exemple à la compagnie de Raphaëlle Boitel, qui s’est retrouvée dans l’impossibilité de continuer à travailler à l’Opéra de Bordeaux, et qui risquait de perdre les sommes engagées pour le filmage de son spectacle, qui s’est finalement déroulé au TnBA.

Le TnBA est-il solidaire des actions revendicatives ?

CATHERINE MARNAS La banderole accrochée sur la façade en témoigne. Le soutien à la lutte est clair. Tout comme l’engagement des jeunes de notre école, très motivés pour dénoncer le projet gouvernemental de réforme de l’assurance-chômage. Ils ont passé des heures et des jours à convaincre d’autres jeunes, des danseurs, à la fac, au conservatoire, à l’école de cirque, etc.

 

À l’approche de l’été, de la période des festivals, comment vivez-vous cette situation inédite ?

CATHERINE MARNAS Je suis très vigilante pour le respect des consignes sanitaires, des gestes barrières, du télétravail pour le maximum de personnes, mais vraiment il est temps que l’on en sorte. Les équipes veulent revenir au travail, se rencontrer réellement. C’est bien la preuve que les technologies, aussi performantes soient-elles, ne remplacent pas les échanges humains, la proximité, le contact d’une main…

 

 

 Nous avons décidé de donner leur chance au plus grand nombre de spectacles, en restant ouverts jusqu’à la fin du mois de juillet. 

Comment imaginez-vous la reprise ?

CATHERINE MARNAS C’est en vérité encore difficile à imaginer concrètement. Certains spectacles en sont à leur quatrième report. D’ailleurs, nous n’avons pas encore édité une nouvelle plaquette de programmation. On ne veut pas gâcher du papier comme du travail. Une certitude : nous avons décidé de donner leur chance au plus grand nombre de spectacles, en restant exceptionnellement ouverts jusqu’à la fin du mois de juillet, comme en tentant de transformer des pièces initialement pensées pour être jouées dans des salles en spectacles de rue.

 

 
 

 N’oublions pas que notre mission est notamment d’attirer un public autre que celui qui se sent directement concerné par le spectacle vivant.

Mais vous n’envisagez pas de raccourcir la durée d’exploitation des spectacles pour en accueillir davantage ?

CATHERINE MARNAS Non. On essaie seulement de pousser un peu les murs. D’autant que nous serons sans doute contraints à une limitation du nombre de spectateurs par représentation, distanciation oblige. N’oublions pas que notre mission est notamment d’attirer un public autre que celui qui se sent directement concerné par le spectacle vivant. Nous n’avons pas le droit moral de nous couper d’une partie de nos spectateurs. Et pour cela il faut du temps et de l’espace d’accueil. Il y a une autre inconnue : est-ce que tous ces gens vont revenir immédiatement ? Est-ce que cette vie de repli sur soi qui nous est imposée depuis des mois ne va pas trop laisser de traces ?

 

En attendant, pourquoi avez-vous décidé de lancer Focus, festival de la ruche, qui se déroulera les 6 et 7 mai, un festival sans public ?

CATHERINE MARNAS C’est un projet relativement ancien, et nous avons décidé de le maintenir en dépit du contexte. Parce qu’il est conforme au désir de transmission, au mien comme à celui de beaucoup de « compagnons et compagnonnes » qui travaillent ici. Je parle des artistes associés au TnBA, qui sont comédiens, metteurs en scène, auteurs, techniciens, musiciens…

L’idée de départ était de montrer au public tout un pan du travail habituellement invisible. Lorsque l’on organise des répétitions publiques, on sait le plaisir de ceux qui découvrent la face cachée de la création théâtrale. Alors nous nous sommes dit : arrêtons le travail à un moment « T » pour le montrer en construction. Sauf que seuls quelques professionnels pourront y assister. Mais poursuivre le projet nous est vite apparu indispensable pour nous-mêmes.

Et pourquoi « la ruche » ?

CATHERINE MARNAS Nous avons gardé le mot « festival », parce que ces deux journées seront à l’opposé des spectacles congelés que l’on aurait fabriqués chacun dans son coin et, par ailleurs, j’ai souvent parlé du TnBA comme d’une ruche vibrante de la rumeur créative des artistes en répétition, en laboratoire, en recherche… C’est toujours vrai. Et ce n’est pas près de finir.

Quelle en est l’affiche ?

CATHERINE MARNAS Il y aura une dizaine de spectacles, certains très avancés, d’autres à peine ébauchés. Ce sera l’occasion de découvrir les aventures proposées par Baptiste Amann, Jerémy Barbier d’Hiver, Julien Duval, Monique Garcia, Aurélie Van Den Daele, qui travaille sur son prochain spectacle,   Soldat inconnu, et qui propose là une première forme, Spectacle inconnu, Yacine Sif El Islam, les Rejetons de la reine, le collectif OS’O et sa petite forme pour le jeune public, pour ne citer qu’eux, sans oublier une table ronde sur le thème : « Pour une éthique de la relation entre artistes et lieux culturels ».

Ce sera l’occasion de retrouver quelques anciens élèves de notre école, et d’autres partenaires, qui ont trouvé là un abri, un lieu de partage, de croisements de leurs expériences et cela me semble particulièrement sensible de le dire dans la période trouble que nous traversons tous.

 

 

Vous présenterez aussi l’ébauche de votre prochaine création…

CATHERINE MARNAS Ce sera une première approche, une lecture avec Yuming Hey d’un texte écrit par Herculine Barbin, née en 1838 dans un corps de garçon mais déclarée comme fille. Herculine s’est suicidée à 28 ans. Et ce texte est comme une bouteille à la mer pour parler du genre aujourd’hui. C’est le témoignage d’une personne que l’on disait à l’époque hermaphrodite et dont le témoignage douloureux avait été sauvegardé par le médecin qui a procédé à son autopsie ; texte retrouvé des années plus tard par Michel Foucault lors de ses recherches pour écrire son Histoire de la sexualité. Je devais d’abord m’attaquer au Rouge et le Noir de Stendhal, cet hiver, mais l’ambiance Covid ne m’a pas donné l’énergie nécessaire pour gravir cette montagne… Ce sera une future création.

 

 

Entretien réalisé par Gérald Rossi

 

 

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May 14, 2020 5:07 AM
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Vivants, la vibrante lettre de Catherine Marnas

Vivants, la vibrante lettre de Catherine Marnas | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Texte de Catherine Marnas publiée dans L'Oeil d'Olivier - 14 mai 2020

 

Le spectacle VIVANT
Et bien décidément non : la crise que nous traversons n’a pas de vertu. Nous nous serions volontiers passés de cet arrêt plus paralysant que productif. Qui peut croire que nous avions besoin de cette « punition » pour nous interroger sur notre nécessité. Indispensables nous le sommes et en sommes persuadés, sinon nous ne nous battrions pas pouce à pouce pour défendre notre croyance : celle que la vie peut être changée par cette chose miraculeuse et archaïque qui s’appelle le théâtre ; je pourrais tout aussi bien dire l’Art , je parle de théâtre car c’est la voie collective qui m’a éblouie.

On peut voir sa vie changée en entendant pour la première fois le Requiem de Mozart. Moi en tous cas c’est un argument que je reprends souvent pour dire que notre espèce ne mérite pas de disparaitre.

On peut, comme Stendhal, avoir un malaise physique devant la beauté d’une peinture.

Et on peut, aussi, être émerveillés de ces cérémonies païennes que le spectacle vivant nous propose.


Miracle fragile, miracle incertain mais si fort dans sa fragilité. Respirer au rythme de la chair présente sur scène, soumise à la respiration commune de la salle. Cette osmose, chaque soir remise en cause, chaque soir nous rappelant à cet équilibre entre salle et scène, ce pacte, réussi ou raté, comme les numéros de cirque : va-t-il tomber ?

Ce frémissement, ces ondes parcourant le public sont les bases d’une chose miraculeuse/ ici et maintenant, vous à côté de moi, nous en face de vous, jouons une tauromachie sans sacrifice. Pas besoin de sang ou de mort réels pour que s’accomplisse la communion. Terme religieux peut-être ; sacré en tous cas.

  Quel miracle (encore un terme religieux mais ne laissons pas le sacré aux seules religions) que cette convocation nous invite à une cérémonie : le fait de jouer et de rejouer à l’infini le mystère de notre humanité et de notre condition.

Nous seuls (jusqu’à preuve du contraire) dans l’univers, naissons avec cette angoisse existentielle : nous savons que nous allons mourir et ne connaissons pas la raison de notre passage sur terre.

Sujet d’angoisse s’il en est, raison des pleurs des bébés quand la nuit tombe et qu’il faut dormir : « dormir ? rêver peut-être ? »

Hamlet dit à voix haute nos angoisses et ce faisant nous aide à les surmonter, COLLECTIVEMENT. Oui, et c’est ce collectif qui fait notre différence avec la littérature (si précieuse), l’Art pictural (indispensable), la musique (métaphore en soi et origine d’émotions qui fondent notre humanité).

Mais cette cérémonie collective, ce frémissement commun, ces frictions même parfois que je juge salutaires (n’est-il pas incroyable que nous soyons prêts à nous battre pour un spectacle que certains ont adoré et d’autres détesté ?) n’ont pas de prix. Ou plutôt si, c’est le prix de notre humanité en mouvement, vivante parce que changeante . Vivante parce qu’en questionnement. Vivante parce que , en admettant qu’un seul spectateur voie sa vie changée par ce qu’il vient de voir ; alors cela valait la peine.


Je me souviens d’où est née mon admiration pour Antoine Vitez. Jeune étudiante, je suis allée voir l’intégrale de Hamlet  à Chaillot. Quand je suis sortie, il avait neigé, je me suis retrouvée, immobile sur la place du Trocadéro et j’ai eu l’impression de découvrir un monde que je ne connaissais pas : une autre planète ; pas à cause de la neige mais à cause de ce que je venais de vivre, sur un plateau de théâtre : une ouverture aux autres dimensions du monde, une ouverture au mystère et à la beauté dont notre humanité était capable .

Alors quelle serait la vertu d’être privés de ces occasions précieuses. Peut-être, en étant optimiste, un électrochoc pour que nous n’oublions pas l’inversion temporaire des valeurs que nous venons de vivre : les invisibles sont devenus essentiels. L’essentiel n’a plus été enfoui sous un quotidien surchargé de faux problèmes. Bref, stopper pour stopper, saurons-nous arrêter le train qui nous conduit dans le mur ?


Catherine Marnas, metteuse en scène et directrice du TnBA

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January 10, 2020 7:55 PM
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Tony Kushner rebat formidablement le jeu d’une ancienne pièce

Tony Kushner rebat formidablement le jeu d’une ancienne pièce | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Jean-Pierre Thibaudat dans son blog Balagan 10 janvier 2020

 


Tony Kushner a écrit « A bright room called day » en 1985, sous Reagan. Il la modifie et s’apprête à la mettre en scène sous Trump. Catherine Marnas crée la première mondiale de cette nouvelle version à Bordeaux. Passionnant.


Cette photo, il me semble l’avoir déjà vue. Dans quel livre ? Quelle exposition ? Quel film documentaire ? On y voit une foule compacte : des milliers de bras droit tendus, unis dans le salut nazi. La photo apparaît au début du spectacle A bright room called day (une chambre claire nommée jour) , une pièce de Tony Kushner mise en scène par Catherine Marnas, directrice du CDN de Bordeaux et de l’école qui lui est attachée, l’Estba (l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Bordeaux). Attentive aux écritures d’aujourd’hui (ce qui devrait aller de soi chez tous les directrices et directeurs de CDN), de Valletti à Pasolini, elle a jeté son dévolu sur une des premières pièces de Tony Kushner que l’on connaît surtout en France pour son œuvre au long cours Angels in America (Arnaud Despleschin la met en scène ces jours-ci à la la Comédie Française) et comme scénariste.

A New York, Tony Kushner s’apprête, lui aussi, à mettre en scène A bright room called day, dans une version nouvelle où il introduit, entre autres choses, deux personnages : Zillah, « la trentaine, bohème chic/ East village/New wave à tendances anarcho-punk », rôle fort bien interprété par Sophie Richelieu (sortie de l’Estba), et Xillah, un homme qui n’est autre que le double de l’auteur Tony Kushner, rôle merveilleusement tenu par Gurshad Shaheman, lui même excellent auteur (lire ici et ici)

1932, 1985, 2020

Une lettre sépare les noms de Xillah et Zillah, presque rien, une façon de plus pour l’auteur de dialoguer avec lui-même et ses personnages, et de faire ce qu’il ne sait pas bien faire : chanter. C’est un état de cette nouvelle version (que Kushner ne cesse de modifier avant sa première) que met en scène Catherine Marnas (avec l’accord de l’auteur rencontré à New York). On assiste à cet exercice fascinant d’un auteur qui retrouve une vieille pièce qui pète encore le feu et la met en vrille dans une triple temporalité : celle que vivent les personnages de la pièce initiale (l’arrivée au pouvoir d’Hitler à Berlin), celle des années Reagan où la pièce a été écrite et celle d’aujourd’hui où Kushner réinvestit sa copie sous Trump dont la folie politique engendre une peur n’est pas sans rappeler celle des personnages de la pièce -tous issus de la gauche intellectuelle et artiste berlinoise. On comprend pourquoi Kushner a eu envie de retrouver cette pièce ancienne qui résonne incroyablement aujourd’hui et d’y ajouter son grain de sel, non sans malice.

On retrouve la photo de la foule faisant le salut nazi dans la seconde partie de la pièce, après l’entracte. Cette fois, un zoom permet d’isoler une femme au centre de la photo : une femme entre deux âges,qui ne fait pas le salut nazi mais serre son sac à main. « Je me suis senti tellement mal pour elle. Elle, si seule. Et elle a commencé à me rendre visite. Dans les rêves. Et c’est avec ces rêves que j’ai créé les tiens » dit Xillah à Zillah. Premier glissement. Zillah enchaîne : « Alors depuis 34 ans je l’appelle, par delà un long temps mort, pour toucher un point sombre, pour me faire un peu peur, pour entrer en contact avec ce qui remue dans nuit, cinquante ans après, avec ce qui est animé chaque nuit, par la terreur et la douleur. » Nouveaux glissements : 34 ans avant, c’est à dire en 1985 année où Kushner écrit et publie A Bright room called day évoquant une époque qui remonte, elle, à cinquante ans en arrière, les années 30 à Berlin.

Alors, nouveau glissement, Zillah se tourne vers Agnès, actrice de seconds rôles et sympathisante communiste mais non militante, celle qui est le pivot de la pièce et autour de laquelle tournent les autres personnages : « je te demande comment tu es morte ». Comme Agnès ne répond pas, Zillah poursuit : « alors pendant des années, j’ai répondu pour toi : «  pas dans les camps et pas pendant la guerre, mais chez moi, devant un bon feu, je suis morte d’un cœur brisé ».

Personnage omniprésent, Agnès est une anti-héroïne, beau paradoxe, d'autant que sa peur, ses incertitudes paralysent ou font avorter ses velléités d’engagement amoureux, artistique et politique. Elle se réfugiera dans la solitude. Rôle difficile, car tout en faux rythme, en mouvements retenus. S’y révèle avec force et subtilité, l’actrice Julie Papin, sortie elle aussi de l’Estba.

Un appartement berlinois

La pièce commence (se déroule le plus souvent  et s'achève) dans l’appartement berlinois d’Agnès où ses amis et elle fêtent le réveillon dans la nuit du 1er janvier 1932. La soirée est avancée, on a pas mal picolé. On parle de tout, capitalisme, opium, il est minuit, « bonne année ». Bonne ? Il y a là Annabella, une graphiste résolument communiste (Agnès Pontier, ex élève du Conservatoire de Paris) ; Paulinka, une jeune actrice (Annabelle Garcia, ex Estba) ; Husz, un cinéaste hongrois exilé et borgne (Simon Delgrange, ex Estba) ; Baz, un homo travaillant pour une institut de la sexualité (Yacine Sif El Islam, ex Estba). Tous on entre trente et quarante cinq ans, une génération (et une distribution cohérente). Les plus jeunes personnages ne font pas partie de la bande, deux jeunes militants du parti communiste allemand (bientôt condamné à la clandestinité ou à l’exil) , seuls personnages de la pièce un peu caricaturaux et donc un peu faibles.

« On vit à Berlin. On est en 1932. Je me sens relativement en sécurité » dit Agnès à ses amis (et aux spectateurs) en cette soirée de réveillon. Six mois plus tard, à la fin de la pièce, à l’heure des premiers autodafés de livres à Berlin, ses amis partis ou en partance (en Suisse, à Moscou, aux États-Unis), seule dans son appartement berlinois, elle sera habitée par la peur, incapable d’agir. Dernier glissement. Agnès s’adresse à Due Alte (la vieille, celle de la photo peut-on penser, interprétée par Bénédicte Simon, complice de longue date des spectacles de Marnas) qui est un peu à Agnès ce que Zillah est à Xillah - un fantôme renversé. Elle lui adresse ces derniers mots qui clôturent la pièce: «Quitte cette pièce. Agis ». Avec, en français, le double sens qu’induit diaboliquement le mot pièce. Catherine Marnas, prenant du champ et globalisant ces glissements dramaturgiques et métaphoriques, parle des « glissements progressifs » qui ont, peu à peu, en France et ailleurs, fait le lit des « valeurs d’extrême droite, épaulées par l’ultra-libéralisme ».

La pièce (traduite par Daniel Loayza qui signe également la dramaturgie) raconte ces six mois où se déploient les glissements progressifs de l’Histoire et de la narration. La nouvelle version y ajoute les glissements entre les trois époques (Hitler, Reagan, Trump) où Berlin apparaît aussi comme un miroir de New York. C’est souvent vertigineux. Tony Kushner qui aimer toucher à tout, s’aventure aussi dans le fantastique en convoquant le Diable en personne (Tonin Palazzotto) via une séquence cinéma, c’est beaucoup moins convainquant. Le spectacle gagnerait à écourter cette longue séquence ou à rendre plus explicite la veine comique et parodique qu’elle recèle. Au soir de la première à Bordeaux, le spectacle avait encore besoin de quelques ajustements mais tout cela devrait vite être balayé. Il faut remercier Catherine Marnas et ses acteurs, de nous faire découvrir en première mondiale, A bright room called day. de Tony Kushner, pièce revisitée par son auteur, d’une belle complexité.

TnBA salle Antoine Vitez jusqu’au 18 janvier

 

Légende photo : 
Scène de "A bright room called day" © Pierre Planchenault

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February 25, 2018 11:40 AM
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» Que nos vies (aient l’air d’un film parfait) de Nathanaël Frérot, mise en espace de Catherine Marnas

» Que nos vies (aient l’air d’un film parfait) de Nathanaël Frérot, mise en espace de Catherine Marnas | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Mireille Davidovici dans Théâtre du blog - 25 février 2018 




 Que nos vies (aient l’air d’un film parfait) de Nathanaël Frérot, mise en espace de Catherine Marnas, avec les élèves de l’École du Nord.

 

L’École Pratique des Auteurs de Théâtre Ouvert (EPAT) est un laboratoire où des auteurs « sont invités à remettre sur le métier leur texte avec la collaboration d’artistes sur le plateau : « un maître d’œuvre » et des interprètes ».  Il y a aussi certaines sessions prises en charge par une équipe d’élèves-comédiens, ce qui permet de tester une dramaturgie mais aussi de familiariser les jeunes acteurs à sa mise en jeu. Les quatorze élèves de L’École du Nord (dont deux élèves-auteurs), déjà aguerris aux écritures contemporaines (Voir Le Théâtre du Blog), ont choisi, parmi plusieurs textes, de travailler l’écriture complexe de Nathanaël Frérot.

« C’est une expérience intense de confronter son écriture à leur passion et l’acuité du regard de Catherine Marnas », remarque le jeune auteur qui n’en est pas à sa première pièce et s’apprête à publier un roman à l’automne… Apparemment simple, mais d’une construction peu évidente,   la pièce s’appuie sur la géographie d’un territoire : la Manche où Nathanaël Frérot travaille avec plusieurs compagnies. La pièce, issue d’une commande, met en scène un groupe d’artistes débarquant à Coutances, non pas en quête d’auteur mais de personnages et d’une histoire à raconter, d’une spectacle à composer collectivement : « On sait ce qui rassemble ces personnages. Des lieux, le département de la Manche… » Ils s’interrogent, remettent leur travail en question, et s’élaborent devant nous des mini-séquences, des amorces d’intrigue, à partir de lieux précis : un appartement, une station balnéaire, une place de village, un gros bourg, les rues d’une ville moyenne…

Entre poésie, petits drames  banals et étude ethnologique, la pièce s’articule en trois parties où les scènes opèrent comme des mises en abyme du récit global (l’arrivée d’une troupe d’acteurs en quête d’un spectacle), et s’annoncent par des didascalies très littéraires. On suit quelques personnages du début à la fin, d’autre passent seulement… S’inventent ici des paysages où vivent des gens au quotidien : des agriculteurs à la retraite dans leur cuisine, deux copines à la terrasse d’un café, des couples de néo-ruraux  confrontés à la laideur «rurbaine»…

 La première partie expose la situation et des tentatives d’écriture. La deuxième, avec une «  libération de la situation, le réel, on y mélange l’ordre », se présente comme un tournage de film, dans le désordre de courtes séquences avec des histoires banales, un polar politique et des dénouements comiques. Enfin, l’aventure théâtrale se termine dans une joyeux chaos : «Une grande carte aura été déroulée…», conclut l’un des personnages.

 Catherine Marnas et les élèves-comédiens ont débroussaillé cette pièce qui joue sur plusieurs niveaux fictionnels : du naturalisme au poétique, du polar politique à la dramatique télé. Le texte, ouvert à tous les vents, fourmillant de vies minuscules, ressemble à un chantier permanent et convient parfaitement au travail collectif proposé ici. Qu’en adviendra-t-il? Après ces échanges dramaturgiques entre le plateau et la page écrite,  la balle est dans le camp de l’auteur.  A suivre…

 

Mireille Davidovici

 

Travail vu à Théâtre Ouvert 4 bis Cité Véron, Paris 18ème. T. 01 42 55 55 50,  le 24 février.

 

Prochain rendez-vous de l’EPAT : Sur/Exposition d’Aurore Jacob, mise en espace de François Wastiaux et Sarah Jane Sauvegrain, avec les élèves du groupe 44 de l’école du Théâtre National de Strasbourg.

 

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November 28, 2017 5:13 AM
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Théâtre. 7 mouches suffisent pour devenir grand

Théâtre. 7 mouches suffisent pour devenir grand | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Gérald Rossi dans L'Humanité



Avec 7 d’un coup destiné au jeune public, Catherine Marnas invite le Petit tailleur des frères Grimm dans une époque plus contemporaine mais où monstres et princesses ont finalement toujours leur place. Subtil et drôle.

Envoyé spécial à Bordeaux.

Avec ses lunettes, son pull-over couleur grenouille et son air de rêveur au delà des nuages moutonneux, le jeune Olivier va devenir, presque malgré lui un véritable héros. Qui au final aura marqué la plus grande victoire sur lui même. En adaptant le « Vaillant petit tailleur » des frères Grimm, Catherine Marnas, directrice du Théâtre national de Bordeaux Aquitaine (TNBA) a actualisé une aventure dans laquelle plus d’un garçon (ou d’une fille) de plus de six ou sept ans doit, a des degrés divers, se retrouver. En victime ou en fanfaron. Les adultes ne se sentiront pas exclus pour autant.

Olivier, passionné par les histoires qu’il découvre dans des livres, est le souffre douleur d’une petite bande de porteurs de capuches qui lui reprochent d’être différent, de ne pas lancer le ballon comme eux, ou alors de casser les carreaux d’une fenêtre par maladresse. En puis voila, allez savoir pourquoi, que des mouches s’en mêlent, bourdonnent, tournoient...et vlan ! « 7 d’un coup et d’une seule main encore », passent brutalement de vie à trépas. 

Une légende est née. Il n’en faut souvent pas beaucoup plus. Il va s’agir maintenant de vaincre d’autres bestioles. Bien plus inquiétantes, comme les sorcières qui viennent la nuit dans les rêves, comme le géant des bois, qui fait trembler le sol quand il se déplace de son pas si lourd et si grinçant. Dans l’univers imaginé par Catherine Marnas, les sons et les bruitages (avec la magicienne des ambiances sonores Madame Miniature, assistée de Jean-Christophe Chiron) ont une place importante. On remarquera aussi le décor épuré, avec comme élément principal quelques poutres pour symboliser une maison dans la forêt. Une cabane sur roulettes du plus bel effet poétique.

Le respect de la parole

Quant aux comédiens, qui occupent à eux quatre (Julien Duval, Carlos Martins, Olivier Pauls, Bénédicte Simon) tous les rôles, ils remplissent leur mission avec la légèreté nécessaire, histoire de se glisser dans la peau de gamins et d’être crédibles. Pari gagné. Quand on a sept ou huit ans, les histoires de princesses ne font plus forcément rêver, mais ici elles font rire. 

A la demande d’un roi, Olivier va, comme si de rien n’était, venir à bout des fantômes de la maison hantée, qui chaque nuit font tourner le lait dans les cuisines. Mais quand sa majesté pour qui une promesse donnée n’a que la valeur d’un vieux chiffon, veut envoyer le garçon terrasser un lointain dragon, la princesse, s’emporte contre « les adultes qui ne tiennent pas leurs promesses ». Olivier devait l’épouser si le lait ne tournait plus dans les marmites. 

Et là Catherine Marnas met justement les pieds le plat. Le respect doit être réciproque, entre les jeunes, entre adultes et jeunes pareillement. Il ne suffit pas de vaincre ses angoisses nocturnes même aidé par sa fée conscience. Car au delà du conte, 7 d’un coup est l’histoire de plusieurs apprentissages. Ou comment devenir grand en se protégeant de ne pas trop devenir adulte. Et attention prévient Marnas, « la barbe ne fait pas le philosophe ».

Jusqu’au 2 décembre au théâtre du Port de la Lune (TNBA), place Renaudel à Bordeaux. Tél.: 05 56 33 36 80. Puis tournée en 2018.

Gérald Rossi


Photo : Frédéric Desmesure

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November 21, 2017 1:09 PM
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"7 d’un coup" : Catherine Marnas vise l'enfance et fait mouche - Rue89 Bordeaux

"7 d’un coup" : Catherine Marnas vise l'enfance et fait mouche - Rue89 Bordeaux | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Walid Salem dans Rue89 Bordeaux publié le 21/11/2017



  Harcèlement à l’école, peurs, injustices, autorité des adultes… Catherine Marnas invite le spectateur dans les tourments de l’enfance avec sa dernière création, « 7 d’un coup », bien et librement inspirée du conte des Frères Grimm.


« 7 d’un coup », un conte des frères Grimm plus connu sous le titre « Le Vaillant Petit Tailleur », raconte l’audace et la ruse d’un simple tailleur qui, après avoir tué sept mouches d’un coup, parvient à épouser une princesse et devient roi au terme d’une improbable série de défis.

Dans la dernière création de Catherine Marnas, il n’est guère question de tailleur. Le personnage central est un petit garçon harcelé par ses camarades à l’école, habité par des peurs et tourmenté par les doutes face au monde des adultes.

Lorsqu’il s’isole pour déguster son goûter, le voilà à nouveau harcelé par des mouches qui s’en prennent à sa tartine de confiture. D’un coup et d’une main, il en tue sept. Fier de son exploit, il se glisse dans une rêverie qui l’emmène à vivre d’incroyables aventures, s’échappant ainsi à son réel et la cruauté de son entourage.

Harcèlement à l’école

Voulu comme une prolongation de « Lignes de faille » présenté à Bordeaux en 2014, la directrice du TnBA retourne à l’enfance, après « Lorenzaccio » en 2015, avec la métaphore comme figure de style. La liberté qu’elle s’octroie avec le conte de Grimm n’est pas gratuite et encore moins un choix par facilité. Car l’enfance, avec ses craintes et ses questions, est un sujet sur lequel le théâtre se penche souvent avec délicatesse, surtout si on y ajoute le harcèlement à l’école, un fléau exacerbé par les temps modernes.

Sur cette dernière question sensible, Catherine Marnas a voulu sonder la pensée de l’enfant et ses forces pour faire face à la cruauté de ses camarades à travers le personnage d’Olivier, un enfant gringalet, maladroit et trop intello pour les autres, plus forts et plus « winners ».

« On part du niveau le plus réel du harcèlement pour plonger dans le côté intemporel et universel du conte et exorciser certaines peurs et prendre le dessus », explique la directrice.

Car, comme l’annonce le narrateur au lever de rideau : « Le théâtre a quelque chose à voir avec la nuit […] et la nuit fait un peu peur. » Commencent alors les aventures d’un souffre-douleur qui n’aura à cœur que de prouver qu’ « il ne faut pas se fier aux apparences ».

« A hauteur d’enfant »

On comprend très vite pourquoi Catherine Marnas a voulu « faire évoluer » ce conte dans une logique de « transmission ». Pour évoquer « les peurs, les angoisses, les désirs, le sentiment d’incompréhension et d’impuissance devant le monde des adultes », elle a écrit son texte « à hauteur d’enfant » et a conduit son personnage vers « une revanche » que seuls « le conte et le rêve permettent de raconter ».

« Un spectacle jeune public est un spectacle à part entière et non pas un sous-domaine du théâtre », prévient-elle.

Ce qui se confirme avec une mise en scène soignée et un décor épuré autour de la représentation d’une maison, « la première chose que les enfants dessinent ».

Pour cette nouvelle création, Catherine Marnas est accompagnée de ses fidèles de la compagnie Parnas. L’enfant est interprété par Olivier Pauls. Julien Duval, Bénédicte Simon et Carlos Martins jouent les autres personnages. La scénographie est confiée à Carlos Calvo et les costumes à Edith Traverso, très bien inspirée. Madame Miniature est au son et ajoute, avec quelques petites trouvailles, une intéressante dimension sonore aux états d’âme du « héros ».

PLUS D’INFOS

« 7 d’un coup », texte et mise en scène Catherine Marnas
Du 21 novembre au 2 décembre 2017
Salle Vauthier, Tthéâtre national Bordeaux Aquitaine, place Renaudel à Bordeaux
À partir de 6 ans
Sur le site du TnBA

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September 28, 2017 6:06 AM
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Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène Catherine Marnas (26 sept. -> 15 oct.)

Lorenzaccio d’Alfred de Musset, mise en scène Catherine Marnas (26 sept. -> 15 oct.) | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié sur le site de RFI




1537. Florence est devenue une orgie sans fin vouée au seul « bon plaisir » du tyran Alexandre de Médicis. Indigné par la lâcheté ambiante, le jeune lettré Lorenzo décide d’assassiner lui-même le despote pour rétablir la République. Mais pour y parvenir, il doit prendre le masque de l’ami et s’enfoncer avec lui dans l’abject, quitte à perdre en chemin toutes ses illusions...
La pièce (écrite en 1834) fait étonnamment écho à notre propre désenchantement : lutter sert-il encore à quelque chose quand les politiques semblent cyniquement ne travailler qu’à leur propre reconduction ? Lorenzaccio, devenu dandy ricaneur, en fait le pari fou.
Tout comme Lorenzaccio, Catherine Marnas relève le défi qu’est cette pièce réputée injouable (80 personnages, 36 décors !) et en propose avec ses 8 comédiens fougueux une version resserrée qui virevolte du rire au polar, du rock au baroque, muscle l’intrigue et en magnifie l’actualité politique : flamboyant !

Catherine Marnas est directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine et de son école d’acteurs, l’Éstba. Depuis 1986, elle œuvre à un théâtre « populaire et généreux » en mettant en scène ses contemporains tels Dubillard, Copi, Frisch, Py, Pasolini, Rebotier, Valletti, Koltès, N. Huston mais aussi Brecht, Molière, Shakespeare, Tchekhov...


Une création du TnBA/CDN de Bordeaux (2015) / production > Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine / coproduction > MCB° Bourges. Avec la participation des Treize Arches - Scène conventionnée de Brive.Remerciements à Alexandre Péraud

Assistanat à la mise en scène Odille Lauria, scénographie Cécile Léna et Catherine Marnas, lumières Michel Theuil, création sonore Madame Miniature avec la participation de Lucas Lelièvre, costumes Édith Traverso et Catherine Marnas, maquillage Sylvie Cailler, construction décor Opéra National de Bordeaux
avec Clémentine Couic, Julien Duval, Zoé Gauchet, Francis Leplay, Franck Manzoni, Jules Sagot, Yacine Sif El Islam et Bénédicte Simon

La presse en parle

"Catherine Marnas donne à voir le monde devenu théâtre, celui qui se joue aujourd’hui au quotidien dans les médias et sur la scène politique. Une petite pépite anachronique." Les Inrockuptibles

"Jeunesses perdues, indignez-vous ! Catherine Marnas signe une mise en scène « trash » et percutante d’un Lorenzaccio de notre temps." La Croix

"Une mise en scène enlevée, réfléchie, qui interroge le cœur même du texte de Musset de façon tonique en refusant les effluves romantiques. Avec une belle distribution." Le Monde.fr

26 septembre > 15 octobre 2017
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h

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October 8, 2016 4:27 AM
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Briser le mur de l’intimidation - Entretien avec Catherine Marnas 

Briser le mur de l’intimidation - Entretien avec Catherine Marnas  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat pour le journal La Terrasse


Forte d’un public qui s’élargit et se rajeunit, la directrice du TnBA (Théâtre national de Bordeaux - Aquitaine) présente une saison 2016/2017 traversée par la préoccupation de l’émergence et de l’étranger. Un saison au cours de laquelle Catherine Marnas mettra en scène Comédies barbares de Ramon del Valle-Inclán.


Quelle ligne artistique fonde la programmation de cette nouvelle saison du TnBA ?

Catherine Marnas : La place importante donnée à la jeune création et aux artistes étrangers marque la volonté d’ouverture que j’ai affichée à mon arrivée dans ce théâtre. Elle est, en cela, dans la même ligne que la programmation de la saison dernière, où j’ai eu le plaisir de constater les formidables résultats de notre travail sur le public. En dehors des chiffres, qui révèlent une fréquentation en très nette augmentation, nous avons réussi à nouer un dialogue avec des spectateurs qui voyagent dans des esthétiques très différentes, et qui partagent avec nous leurs bonheurs ou leurs doutes.

En quoi cette ligne rend-elle compte du projet qui vous a porté, en 2014, à la tête de ce Théâtre et de son Ecole ?

C. M. : La préoccupation d’une directrice de théâtre est d’atteindre un public qui ne vient pas spontanément au théâtre. Cette inquiétude nous pousse à inventer des réponses nouvelles. Il faut briser le mur de l’intimidation. Cela passe par un travail d’actions culturelles acharné. Je suis particulièrement fière que notre public soit composé à 33% d’étudiants (hors publics scolaires). Cette présence prouve que le théâtre, loin d’être un art en désuétude, porte les espoirs et les réflexions d’une jeune génération avide de sens.

« Le théâtre porte les espoirs et les réflexions d’une jeune génération avide de sens. »

Parallèlement à la reprise de Lorenzaccio, vous allez cette année mettre en scène Comédies barbares, de Ramon del Valle-Inclán…

C. M. : Lorenzaccio sera présenté dans une version légèrement modifiée par rapport à l’année dernière. J’aime cette notion de retouche, que se permettaient les peintres du passé. En ce qui concerne Comédies Barbares – spectacle imaginé pour les 14 acteurs et actrices sortants de notre école, l’éstba (ndlr, Ecole supérieure de théâtre Bordeaux Aquitaine) – j’avais envie de revenir à une sorte de naïveté, d’enfance du jeu. A contre-courant d’une tendance désinvolte, d’un second degré caractéristique des spectacles contemporains, j’ai souhaité me lancer dans cette épopée avec un appétit vorace.

Quel univers votre mise en scène va-t-elle faire naître ?

C. M. : Ce qui m’a attiré, tout d’abord, c’est ce tableau fou d’un monde récemment disparu. En bâtissant une fable sur la Galice féodale et rurale, pétrie de religiosité et de superstitions, Valle-Inclán semble décrire un monde aussi éloigné de nous que le Moyen-Age. Les choses vont si vite que, pour les jeunes, l’univers décrit est aussi exotique que s’il s’agissait d’une tribu de Papous. Ils s’étonnent par exemple de la condition de la femme ou du pouvoir du religieux, ne sachant pas du tout qu’il s’agit de l’Europe du XIXème siècle et, donc, de nos racines directes. Cela permet d’ailleurs de comprendre certaines choses sur le retour du religieux aujourd’hui… L’exubérance folle de la langue de Valle-Inclán, surtout dans les didascalies, magnifiquement traduite par Armando Llamas, devient une sorte d’opéra. J’ai d’ailleurs invité quatre jeunes musiciens du Pôle d’enseignement Supérieur Musique et Danse de Bordeaux à nous accompagner sur scène. Ils ont composé une partition de musique traditionnelle en dialogue profond avec la Galice celte qui surgit de la pièce.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


Crédit : Adréani / Légende : Catherine Marnas, directrice du TnBA.

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January 24, 2016 6:04 AM
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"Simon Boccanegra", première mise en scène lyrique de Catherine Marnas à Bordeaux

"Simon Boccanegra", première mise en scène lyrique de Catherine Marnas à Bordeaux | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Catherine Marnas, directrice du Théâtre national de Bordeaux (tnBA), signe sa première mise en scène lyrique avec "Simon Boccanegra", drame romantique et politique mis en musique par le compositeur italien Giuseppe Verdi.


Après son adaptation de Lorenzaccio d'Alfred de Musset en octobre 2015 montée dans son théâtre du Port de la Lune, Catherine Marnas présente du 24 janvier au 3 février, à l'Opéra national de Bordeaux (ONBA), cette nouvelle production de l'opéra en trois actes avec prologue, créé le 12 mars en 1857 à la Fenice de Venise.


Le "Simon Boccanegra" de Catherine Marnas ouvre la saison 2016 par une adaptation très libre du livret foisonnant d'intrigues politiques et amoureuses de Francesco Maria Piave et Arrigo Boito. Elle s'est inspirée pour le marin Simon Boccanegra de Corto Maltese, héros légendaire de la bande dessinée créée par le scénariste et dessinateur italien Hugo Pratt en 1967.


"Si on me dit corsaire, c'est immédiatement le personnage de Corto Maltese qui surgit, associé à la liberté que donne la mer", explique la metteuse en scène, qui fait porter à son personnage le célèbre costume de l'aventurier, soucieuse aussi de montrer un "Simon extrêmement humain".


Prenant le parti pris du "rêve", Catherine Marnas s'est également attachée à mettre en évidence le "côté clair obscur" de l'oeuvre, avec ces "moments où la mort arrive au milieu de la joie, comme les deux faces d'une même pièce".


Les cinq représentations à Bordeaux, à partir de dimanche, de ce drame, situé à Gênes au XIVème siècle et adapté de la pièce du dramaturge et poète espagnol Antonio Garcia Gutierrez, seront dirigées par le chef d'orchestre britannique Paul Daniel, directeur musical de l'Opéra de Bordeaux.


Le rôle-titre est interprété par le baryton grec Tassis Christoyannis, entouré sur scène de Cyril Rovery (Pietro), Alexandre Duhamel (Paolo), Soloman Howard (Fiesco) et Rena Harms (Amelia).


L?équipe de création réunie autour de Catherine Marnas regroupe plusieurs de ses fidèles collaborateurs comme Carlos Calvo (décors), Jean-Pierre Vergier (costumes), Michel Theuil (lumières). Le choeur de l?Opéra National de Bordeaux est dirigé par Salvatore Caputo.


Mêlant enjeux de pouvoir et sentiments, cet opéra de Verdi fut à l'origine boudé par le public italien et eut ainsi deux naissances. La première à Venise et la seconde le 24 mars 1881 à la Scala de Milan, avec un livret réécrit par Arrigo Boito.


Cette "renaissance" imposa "Simon Boccanegra" comme l'une des oeuvres les plus populaires du compositeur italien.

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