 Your new post is loading...
 Your new post is loading...
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
June 4, 2023 7:29 AM
|
Parcours-spectacle - création 2023 - 4h - Ici-Même Vendredi 16 et samedi 17 juin Cité des arts de la rue - Marseille Et si le passé était un refuge écologique ?
Ce soir, vous aurez le privilège de franchir les portes du Temps. Vous vous apprêtez à vivre une épopée extraordinaire : recoloniser le passé. Dans le cadre prestigieux du château Bombon, pendant votre transfert vers le passé, vous aurez la chance d’observer les péripéties de l’illustre dynastie DuPond, amoureuse des sciences, du progrès et de la Nature depuis 1610.
Avec Forever® en moins de 4 heures de transfert, vous atteindrez l’éden, une époque pure, belle et saine. Forever®, le passé a de l'avenir. Forever®, est un service de transfert temporel du groupe DuPontTM
Un puzzle historique et dystopique de 1600 à 2180 sur les origines des bouleversements écologiques en cours...
« Un spectacle à vivre pour ressentir l’urgence écologique » Anna Modolo - La Montagne
« Inclassable et étrange, un travail titanesque » Edith Rappoport - Théâtre du Blog
Tarif : 5€ - Collation incluse - BUS RETOUR GRATUIT (100 places disponibles par soirée)
www.lieuxpublics.com/fr/agenda/faute-de-tout-pour-faire-un-monde
www.facebook.com/Lieuxpublics
www.instagram.com/lieuxpublics
Faute de tout pour faire un monde - L’intégrale (création 2023) par le groupe Ici‑Même. Conception, mise en scène : Mark Etc. Dramaturgie : Karine Sahler, assistée de : Cléo Grousset, Maëlle Puéchoultres, Noémie Regnaut. De et avec : Emmanuel Bec, Francis Bolela, Hadi Boudechiche, Louis Cahu, Solenn Goix, Maud Jegard, Céline Laurentie, Céline Naji, Florence Peyrard, Toma Roche. Costumes : Solenne Laffitte, assistée de : Sarah Dupont, Morgane Ballif, Hélène Landat ; perruques : Michèle Bernet. Accessoires : Sara Vincent. Dispositifs, Fx : Tristan Ortlieb, Ariane Chapelet, Antoine Meissonnier. Direction technique : Timothée Ritlewski. Lumière : Killian Languil. Régie générale : Julien Barré. Algorithme : Lucas Pluvinage. Affiche : Timothée Moreau. Administration / production Christophe Paris‑Marty, Jérôme Paris‑Marty ‑jaimebeaucoupcequevousfaites ! / icimeme.info.
Avec le soutien de : La Chartreuse ‑ Centre National des Écritures du Spectacle‑Villeneuve‑lès‑Avignon, Éclat ‑ Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public‑Aurillac, Atelier 231 ‑ Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public‑Sotteville‑lès‑Rouen, Espace périphérique ‑ EPPGHV La Villette‑Paris, La Faïencerie ‑ Scène conventionnée‑Creil, Le Citron Jaune ‑ Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public ‑ Port‑Saint‑Louis‑du‑Rhône, Le 3bisF ‑ Centre d’Arts Contemporains‑Aix‑en‑Provence, Le Nouveau Gare au Théâtre ‑ Vitry, Théâtre 71 ‑ scène nationale & l’Atelier de curiosité urbaine ‑ Malakoff, Le Moulin Fondu ‑ Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public‑Garges‑lès‑Gonesse, Lieux Publics ‑ Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public‑Marseille, Les Ateliers Frappaz ‑ Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public‑Villeurbanne, Risotto ‑ Réseau pour l’essor des arts de la rue et de l’espace public en Île‑de‑France. RueWatt, fabrique artistique par la Coopérative De Rue de Cirque‑Paris. Le projet bénéficie de l’Aide à la création de la Région Île‑de‑France et du Ministère de la culture ‑ DGCA ‑ Aide nationale à la création. La compagnie ICI‑MÊME est conventionnée par le Ministère de la Culture ‑ DRAC Île‑de‑France et par la ville de Paris.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
August 23, 2021 6:38 AM
|
Par Jean-Pierre Thibaudat dans son blog Balagan - 13 août 2021 Braqueur de mots, harangueur du monde, voyageur infini, Tartar(e) était un griot de notre temps. Il avait trouvé au Festival des arts de la rue d’Aurillac, un havre amical. Déployant son babil sous le séquoia du jardin de la place des Carmes, il devint la mascotte du Festival. Restent ses écrits. Adieu l’ami. A la veille de l’ouverture du Festival d’Aurillac, celui qui en fut la mascotte, l’infini parleur et le meilleur porte parole, s’en est allé. On ne verra plus le corps à demi dénudé, le pieds nus et la longue barbe blanche de Jean-Georges Tartar(e) s’asseoir tôt le matin dans le jardin près de la place des Carmes d’Aurillac, au pied du grand séquoia qui, chaque année, avait rendez-vous avec lui. Petit à petit les gens , des jeunes, des vieux, des fêtards, des curieux, s’asseyaient par terre autour de lui, oiseaux de jour et de nuit venus pour leur becquée de lucidité et d’histoires insensés. Tartar(e) était un haranguer au doux parler, n’étalant jamais son immense érudition, préférant qu’on le prenne pour un vagabond illuminé, un voyageur des confins se déplaçant volontiers un oiseau bariolé sur l’épaule. On écoutait sa voix malicieuse, chaque année un peu plus atténuée mais tenace, refaire le monde en faisant merveille de ses mauvaises herbes, à lui seul un misérable miracle comme dit le poète, son frère. Tartar(e) était né (en 1955) entre deux pays (la France et la Belgique) dans un lieu dit prédestiné : Risque tout. Il y reviendra un jour pour faire visiter le cimetière à un ami tibétain. Sa vie fut faite de rencontres aux sept coins du monde. Cela commença par Bernard Dort (directeur alors de l’’Institut d’études théâtrales) et par Antoine Vitez qui lui refilèrent, sous le manteau, quelques jalons. Il plantera ses premières banderilles de mots au festival d’Avignon off, connut le plus beau des succès, celui du bouche à oreilles, avec une parodie du journal télé de 20h déployant, au soir le soir, son art composite du babil, mêlant humour et troubadour, pertinence et impertinence, Les pièges du one man show, du stand up et autre seul en scène le cherchèrent mais ne le trouvèrent pas. Il était déjà ailleurs, sans doute, le mot de la langue français qu’il préférait auréolé de tous les commencements et recommencements : le A d’Amérique, d’Asie, d’Ailleurs et d’Arbre comme il titrera plis tard AAA.A, l’un de ses rares livres, préférant laissent le vent porter sa parole souvent, elle-même portée par ses écrits. Chaque année il prenait la route avec comme viatique ces mots qu’il disait être de Barbey d’Aurevilly et semblent avoir été réinventés par le sage aux pieds nus : « le voyageur est un homme qui va au bout du monde chercher un bout de conversation ». La naissance du festival d’Aurillac le combla. Il fut de toute les éditions, rat des rues et homme des champs. Le festival achevé, il ne résistait pas à « l’appel de la valise », il disparaissait. On savait qu’on retrouverait ce conteur du monde, l’été venu, sous le séquoia. Ne le laissons pas partir sans lui donner le dernier mot, les derniers mots : « Le monde va mal, tant pis, j’irai seul au combat. Seul je monterai à l’abordage du sanctuaire de la peur et de la tyrannie, seul, dressé sur mes jambes séniles, je déclencherai l’Intifada ! Mon Intifada à moi, féroce, cruelle, implacable, avec à la place des pierres, les mots. Mon Bic sera ma fronde et les mots mes pierres. Oui les mots, mille mots vivants, bavants, croustillants, des centaines de milliers de mots mal équarris, non aseptisés, des mots décapants, exfoliants, toxiques, des mots porteurs de VIH, un geyser de mots avilissants, infamants, un déluge de mots orduriers, putrides, violents, vilains, vrombissants, virulents, vipérins, volcaniques. » Et un dernier pour l’ultime route de celui qui aimait trouver ses mots dans la multitude des cafés : « La maison ? Mon bistrot, berceau de mon inspiration, berceau au sens propre, c’est dans un troquet que j’ai vu le jour et c’est dans ce repère de sauvages qui n’ont pas fait la queue pour naître que je compte finir mes jours en écrivant car c’est là que j’écris, et j’aime tant écrire, parmi mes frères, une bière à la place du cœur, ma tribu du quaternaire sans tabou ni prophète, mon ethnie, mon clan en guerre contre le cancer du mouton ! » Citations extraites de AAA.A, partition d’orateur, éditions l’Entre temps. Tatar(e) a aussi écrit un Grand fictionnaire de la rue et de la faculté du harangueur, publié par Tartar(e) (s) édition. Au hasard : « Brindezingue : Fou , fêlé, qui a le bulbe en fleur. L’espèce sauvage croit en l’art ». Jean-Pierre Thibaudat - Balagan
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
May 29, 2020 6:22 PM
|
Par Laetitia Theodore sur le site de France 3 Publié le 28/05/2020 Certains ont peut-être encore du mal à y croire mais l’annulation du Festival International de Théâtre de Rue privera bien Aurillac de tous ses spectacles, à la fin août. Les Arts de la rue y perdent, pour cette année, une fabuleuse vitrine.
Il va falloir s’y résoudre : cet été, les rues d’Aurillac ne battront pas au rythme des 250 000 festivaliers, accueillis en moyenne, chaque année. Cette édition qui aurait du être la 35ème du Festival International de Théâtre de Rue ne nous fera ni rire, ni vibrer, ni interroger sur le monde et ses dérives. Pleurer, à la rigueur, par son absence. Car aucun spectacle ne se tiendra. « Suite à l’annonce du gouvernement, le 28 avril dernier, interdisant les rassemblements publics de plus de 5000 personnes, le Festival ne peut pas être organisé. C’est la mort dans l’âme que nous avons annulé mais nous l’avons fait en responsabilité », explique Frédéric Rémy, le directeur artistique du Festival et de l’association Éclat. Être présent dans l’esprit des gens Faute de spectacles, tous déprogrammés, l’équipe d’organisation réfléchit pour que l’esprit du Festival soit présent pendant la semaine où il devait se tenir, du 19 au 22 août. « On réfléchit pour que les gens ne nous oublient pas cette semaine-là, mais pour l’instant, la forme que tout cela prendra reste très floue. Sans convocation de public, c’est une certitude. Une installation artistique peut-être. Il est trop tôt pour en dire plus. On ne sait toujours pas ce qui sera possible et réalisable. Mais il n’est pas question de remplacer le Festival par une autre formule, dans l’espace public », souligne Frédéric Rémy. Soutenir les compagnies Pour cette 35ème édition, une vingtaine de compagnies étaient invitées dans le cadre de la sélection officielle. Conscient des difficultés qu’elles rencontrent, Frédéric Rémy assure vouloir assumer ses responsabilités pour que les compagnies n’endossent pas seules les conséquences économiques de l’annulation du Festival. Plusieurs possibilités sont à l’étude notamment celle d’une indemnisation des artistes ou d’une invitation ultérieure des compagnies, dans un cadre hors Festival. Frédéric Rémy avoue la phase de tâtonnement dans laquelle il se trouve avec son équipe : « Nous sommes en train de ré-écrire une histoire. Il faut rebondir et remplir au mieux nos missions pour préserver et aider la création ». Éclat toujours au travail Si le Festival est annulé, le travail de l’association qui le porte, Éclat, ne s’est pas arrêté. Depuis 2017, Éclat est labellisée Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public. Son cahier des charges et ses missions vont au-delà du seul Festival. L’accueil de compagnies en résidence dans sa structure du Parapluie, à Naucelles, un temps suspendu, devrait reprendre dès juin prochain et les résidences qui n’ont pas pu se tenir seront reportées. « De la même manière, nous maintiendrons nos aides à la création », rassure Frédéric Rémy. Idem pour l’action culturelle sur le territoire. A l’heure où certains organisateurs de Festival s’inquiètent d’être fragilisés économiquement par l’annulation de leur édition 2020, Frédéric Rémy s’avoue serein : « L’annulation de cette édition ne signifie pas la mort du Festival d’Aurillac. Nous sommes un Centre National et à ce titre, nous sommes soutenus par toutes les tutelles, que ce soit l’État et les collectivités. Il n’y a pas de questionnement à ce niveau-là. » Frédéric Rémy le promet, des rendez-vous artistiques seront bien proposés au public peut-être dès l’automne, en excluant une forme festivalière. Reste à en imaginer les contours et l’adéquation avec les consignes sanitaires.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
August 25, 2019 8:29 PM
|
FESTIVAL. AURILLAC, « UN PIED DANS LE PRÉSENT, UN PAS DANS LE FUTUR »
Par Géraldine Kornblum dans L'Humanité 21.08.2019 C’est parti pour le grand bouillonnement artistique : jusqu’à samedi tout ce qui fait les arts de la rue s’est donné rendez-vous dans cette ville du Cantal. Une édition marquée par une nouvelle direction sous la houlette de Frédéric Remy.
C’est un coup de tonnerre qui avait retenti l’an passé dans la capitale des arts de la rue à l’annonce du départ de Jean-Marie Songy, directeur artistique du Festival international de théâtre de rue d’Aurillac depuis vingt-cinq ans. Passés la douche froide et les nuages tumultueux lors du processus de recrutement d’une nouvelle direction du Centre national des arts de la rue le Parapluie et du festival (démission du président de l’association Éclat, productrice du festival, refus d’inviter deux artistes en tant qu’observateurs à la table du jury), l’atmosphère est redevenue plus clémente, avec la nomination en janvier de Frédéric Remy. Ce dernier a à son actif plus de vingt-ans d’arts de la rue et de nouveau cirque, dont treize ans de direction artistique du festival Scènes de rue à Mulhouse. Et Aurillac, il connaît, pour avoir travaillé avec Michel Crespin (fondateur du festival, en 1986) ainsi qu’avec Jean-Marie Songy dont il a été conseiller artistique ces trois dernières années.
L’édition 2019, qui compte 18 compagnies officielles et près de 700 compagnies de passage, s’inscrit donc dans la continuité. Une programmation où l’on sent encore, bien sûr, la patte de Jean-Marie Songy. Parmi les compagnies officielles, on retrouve des historiques, dont certains des spectacles ont marqué à jamais la mémoire aurillacoise. Comme 26 000 Couverts (Véro 1re, Reine d’Angleterre), Kumulus (NonDeDieu), les 3 Points de suspension (Squash) et les Souffleurs commandos poétiques (Terra Lingua, chantier de paroles), quatre compagnies qui étaient en résidence au Parapluie cette année. Ou encore comme OpUS (le Grand Débarras) et Komplex Kapharnaüm (Hide & See(k)).
« Un provocateur d’échanges entre les artistes et les citoyens » « Je mesure complètement l’histoire de ce festival, de Michel Crespin à Jean-Marie Songy, il a toujours évolué avec son époque », assume Frédéric Remy, qui ne renie en rien les choix de son prédécesseur. « Il faut autant s’appuyer sur les fondateurs que tendre la main aux jeunes générations qui peuvent intégrer ce grand mouvement en bouillonnement qu’est la création artistique. Cette édition a un pied dans le présent, un pas dans le futur. »
Le nouveau directeur a lui aussi posé ses jalons dans la sélection officielle, avec de nouvelles prises de risque, de nouveaux points de vue artistiques dans l’espace public et une majorité de jeunes compagnies françaises et étrangères. C’est en pleine forêt que la jeune compagnie ERd’O joue J’ai peur quand la nuit sombre, une version du Chaperon rouge davantage tournée vers la liberté que celle des classiques moralisateurs à l’égard de la condition féminine. C’est dans une barque en pleine nuit que GK Collective invite le public à Révész à un nouveau monde. C’est sous forme d’une « Conférence de choses », tenant de la performance (huit épisodes de 53 minutes et 33 secondes joués d’un seul tenant de huit heures !) que le comédien Pierre Mifsud (2B Company) se pose, non sans taquinerie, nombre de questions encyclopédiques aussi abyssales que « Pourquoi la poule ? ». Comme toujours, Aurillac est politique : lors de leurs Rituels de désenvoûtement de la finance, pas un marché boursier n’échappe aux incantations purgatoires des Belges de Loop-s/Désensorceler la finance. Et c’est dans la France profonde que la Grosse Situation confronte tous les points de vue du monde agricole. Un spectacle auquel font écho des conférences et ateliers citoyens autour de la biodiversité ce mercredi.
« Aurillac est un provocateur d’échanges entre les artistes et les citoyens, insiste Frédéric Remy. Aujourd’hui l’enjeu est de savoir si les peuples peuvent vivre libre dans un espace commun. » Entre débats d’idées et propositions artistiques, « il faut que les artistes aient la possibilité d’écrire ce qu’ils veulent ». Aurillac restera donc cet espace de liberté, « un ouragan qui, comme tout événement extrême, laisse des traces. C’est comme un premier baiser sous un porche ». Alors, si les cieux sont toujours aléatoires ce mercredi, tandis que s’ouvre l’édition 2019, ce n’est que climatiquement parlant, canicule et orages ayant de toute façon pour habitude de se donner rendez-vous là.
Festival d’Aurillac, du 21 au 24 août. Programme complet sur www.aurillac.net. Géraldine Kornblum Légende photo : Squash, des 3 Points de suspension, entre carnet de rêves, analyse anthropologique du sommeil et comédie musicale. J. Gregorio/Phovea
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
April 20, 2019 11:54 AM
|
Par Jacques Livchine dans Théâtre du blog 20.04.2019
FAI-AR. Formation supérieure d’art en espace public. Inauguration du Panorama des chantiers – à La Cité des arts de la rue.
Présentation finale des travaux d’apprentis de la FAI-AR, Impressions…
Soit quatorze maquettes en deux jours dans quatorze lieux de Marseille les 17 et 18 avril… Un marathon de la maquette! On dit que ce sont des esquisses. Comme d’habitude, les directeurs des Centres Nationaux des Arts de la Rue et des Festivals sont à l’affût. Sait-on jamais… S’il y avait une perle ? D’autres viennent pour dénigrer ! Mais quoiqu’il en soit, l’hypocrisie est de mise et on applaudit, même quand on n’en n’a pas envie. On fait dans le compliment plat : merci beaucoup, très bien. Mais parfois, même vingt petites minutes sont longuettes…
On a vu défiler tous les styles et, cette année, on a eu: en vrac, les Romeo Castelluci, les Federico Fellini, les Virginie Despentes, les poétiques, les façon Antonin Artaud, les sans texte, les trop de textes, les ésotériques, les obsessionnels, les personnels, les : «J’ai peur de la fin du monde, ou les : “l’Amour sauvera le monde “. Nous avons aussi été dans toutes sortes de lieux : les hangars de la cité des arts de la rue, le parking souterrain d’un hôtel de luxe, le Toyokoto, la rue des petites Maries dans le quartier de Belsunce, le parvis de l’ église de Cucuron, un petit village du Vaucluse (1.800 habitants), le petit Théâtre de l’Oeuvre à Marseille, un écrin plein de charme. Parfois la jauge était de dix-neuf spectateurs seulement, parfois de trois cents…
Les pros, à la terrasse des cafés ou à table, font, malgré eux, des classements et bavassent. A chaque fois, on dit pareil : trop de solos! A chaque fois, on dit : ce n’est qu’une maquette… Hervée de Lafond, la marraine de cette promotion et fière de son titre, avait prévenu les apprentis: « Vous allez jouer devant des hyènes, j’en suis une et pas la moindre. » Les hyènes en question s’attablaient ensemble par catégorie, les C.N.A.R. avec les C.N.A.R., les anciens apprentis avec les anciens apprentis, les historiques avec les historiques. J’étais souvent d’accord avec Fred Michelet, auteur et metteur en scène et avec Dominique Clerc, dramaturge. Jean-Pierre Marcos, ex-directeur du C.N.A.R. d’Amiens et président d’Artcena était, lui, comme toujours, généreux et ouvert. On sentait Gwenola David d’Artcena assez perplexe, et on lisait dans ses yeux, des réserves; les inspecteurs du Ministère de la Culture, eux, ne lâchaient pas une once de leurs pensées.
La présidente de la Fédération des Arts de la Rue, la très distinguée Laure n’est restée qu’un jour : dommage, car, pour se faire une vraie idée de cette promotion d’apprentis, il fallat bien deux jours. On entend Hervée de Lafond murmurer : “Je vais leur souffler dans les bronches, je veux du propos et ici, il n’y pas de propos”. Et puis, d’un seul coup, elle a lâché : là : ouiiiii, là, je dis oui…. Il était dix-sept heures quand nous sommes sortis de ce festival de convulsions et de souffrances, et un certain César Roynette est apparu. Avec un travail fort, clair, énergique, et drôle, rempli d’auto-dérision et de tendresse. Quand, à la fin, peinturluré en noir, il est allé embrasser le curé africain de l’église devant laquelle il avait joué, l’émotion était au maximum.
Morgane Audoin, César Roynette, Marion Pastor, Johnny Seyx, apprentis de la promotion Hervée de Lafond (2017-2019) sont accueillis pour un temps de recherche et d’expérimentation artistique, dans le cadre pédagogique de leur formation professionnelle à la FAI-AR
Ce qui s’est passé ensuite, j’ai un peu honte de le raconter. Après sa présentation, j’ai pris Morgane dans mes bras et j’ai pleuré, sans pouvoir m’arrêter. Depuis la mort à cinquante-quatre ans de Ghislaine Roche du Centre Social et Culturel d’Etouvie, un quartier d’Amiens et celle de ma sœur Annie, il y a quatre ans, je n’avais pas pleuré. Des flots de larmes, comme si un barrage avait cédé. Jamais, cela ne m’était arrivé devant un spectacle. Morgane parlait de ses origines algériennes et des galettes de semoule que sa grand-mère faisait à merveille, elle souriait : aucune nostalgie dans ses propos et elle était lumineuse.
Alors pourquoi ai-je craqué? Pourquoi l’ai-je serrée aussi fort, comme on le fait aux enterrements. En fait, j’avais revécu la petite madeleine de Proust quand elle a dit: “A l’instant même ou la cuillère mêlée des miettes du gâteau toucha le fond de mon palais, je tressaillis attentive à ce qui venait de se passer d’extraordinaire en moi.” Toute la mémoire olfactive des mes origines russes m’a alors envahi. Ma mère, ma grand-mère étaient remontées d’un seul coup, et ces galettes de semoule s’étaient, pour moi, transformées en blinis… Dès que j’en fais cuire, ils me jettent dans un état second, comme si la vie triomphait de la mort.
Faut-il émouvoir ? Est-ce le but du théâtre? Je pose la question à ma voisine qui me répond : « Bien sûr, le théâtre doit émouvoir grâce aux rires ou aux larmes. » Et nous sommes comme des serrures dont les spectacles sont les clés. Certains ouvrent toutes nos portes, nous fissurent mais d’autres nous laissent insensibles. Je n’étais pas le seul à être ému, heureusement. Mais presque abasourdi par cette réaction incontrôlable…
Nous sommes maintenant à Cucuron, un beau village de 1.800 habitants dans le Lubéron. Johnny a fait lire un communiqué : il devait jouer à Marseille mais on lui avait prescrit des conditions de sécurité si contraignantes, qu’ennemi des barrières et des fouilles, il avait préférer aller jouer dans ce village en toute liberté. Atmosphère délicieuse. Un spectateur s’exclame: «Ici, ça respire l’amour. » Une spectatrice s’enthousiasme : « Bien sûr, rien n’est supérieur à l’amour. » Et dans un nuage de fumée, Johnny apparait en Cupidon: «Mes chéris, mes agneaux… » Et en une minute chrono, tout le public, même le maire et l’inspectrice du ministère, formait de grands cercles en se tenant par la main et nous avait tous embarqués… Hervée de Lafond avait vite reconnu dans la « spectatrice», notre petite Audrey Lopez qui, encore lycéenne, faisait du théâtre avec nous à Montbéliard. Retrouvailles: « Audrey, c’est toi ! »
Romaric Matagne, président du centre Culturel Cucuron Vaugines qui dirige le festival Le grand ménage de printemps se régalait, l’acrobate Antoine le Menestrel, était accroché sur le haut du clocher de l’église, Maya servait son tajine et le rosé coulait à flots. Jean-Sébastien Steil, le directeur de la F.A.I.A.R, me glissa : «Je n’ai pas parlé de Michel Crespin*, mais tu as bien vu qu’il était là, au milieu de ces débordements d’amour. Hervée de Lafond répète en boucle : «L’immersion de quatre apprentis dans ce village a été fondamentale, c’est ça, la rue : vivre en harmonie avec des habitants, et cela donne cette qualité inestimable. »
L’image de César Roynet serrant le curé dans ses bras, me poursuit. Le théâtre de rue c’est cette immense affection pour le quotidien, les gens simples, la vie. Les apprentis ont ensuite dansé toute la nuit. Et le lendemain, la marraine leur a fait ses remontrances et ses retours, à sa manière : fantassin de Napoléon.
Une séance à huis clos, je n’y étais pas. J’ai dit à Hervée : « C’est ta vérité, avec tes valeurs, ce n’est pas LA VERITE ». Le théâtre, c’est comme ça, il y autant de façons de le percevoir, que de grains de sable à Deauville. Mais alors, à la F.A.I.A.R., on apprend quoi ? Quelle vérité ? C’était le début d’une histoire et on me fait savoir que l’on va retrouver les quatorze apprentis en octobre dans notre Théâtre de l’Unité à Audincourt…
Jacques Livchine
* Michel Crespin (1940-2014) fonda en 1982, Lieux Publics (Centre national de création des arts de la rue à Marseille) et en 1986, le Festival International d’Aurillac qu’il dirigea jusqu’en 93. Il a aussi créé la FAI-AR (Formation avancée et itinérante des Arts de la Rue).
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
December 6, 2018 5:52 PM
|
Marie-Edwige Hebrard dans le journal La Montagne 06.12.2018 Philippe Meyer a donné sa démission : il a annoncé quitté ses fonctions de président de l'association Eclat, organisatrice du Festival international de théâtre de rue, dans le contexte de la désignation du nouveau directeur artistique. Une désignation qu'il juge difficile, l'administration entendant "garder la haute main sur tout et [qui] excelle à manipuler les élus". Coup de théâtre... non pas dans les rues d'Aurillac, mais depuis Paris, où il réside et officie le plus souvent : Philippe Meyer, le président du Festival international de théâtre de rue d'Aurillac, a démissionné ce jeudi 6 décembre. Il avait succédé à Catherine Tasca, en 2014, à la présidence du Festival international de théâtre de rue d'Aurillac. Aujourd'hui, jeudi 6 décembre, Philippe Meyer, a informé le ministre de la Culture, Franck Riester, de son souhait de démissionner de ses fonctions. Une démission qui intervient le jour-même des auditions des cinq candidats au poste de directeur artistique de l'association Éclat, organisatrice du Festival de théâtre de rue d'Aurillac, qui fait vibrer et bouillonner la préfecture du Cantal depuis 1986 ! En août dernier, alors que la la 33ème édition (baptisée la Xième édition) s'apprêtait à s'ouvrir, Jean-Marie Songy, directeur artistique de l'association Éclat depuis 1994, avait annoncé qu'il s'agirait de sa dernière édition aux commandes du Festival et qu'il quitterait ses fonctions à la fin de l'année 2018. Un appel à candidatures avait alors été lancé pour organiser le passage de relais et envisager le recrutement d'un nouveau directeur artistique, en fonction dès le 1er janvier 2019. Après avoir reçu une quinzaine de candidatures, le comité de sélection s'était arrêté sur cinq (candidatures personnelle ou à deux noms). Ces cinq-là étaient chargés de produire un projet qui serait défendu lors d'entretiens devant une assemblée délibérative (composée notamment du président de l'association Éclat, de représentants de la Direction régionale des affaires culturelles -DRAC-, de la Région Auvergne, de la Ville d'Aurillac et de la Communauté d'agglomération du bassin d'Aurillac). La nouvelle direction devait être choisie à l'issue de ces entretiens, organisés ce jeudi 6 décembre. Mais, coup d'éclat du président Meyer : celui-ci a, lui-aussi, présenté sa démission. Il en a informé le ministre de la Culture, Franck Riester, et le conseil d'administration de l'association Éclat, qui l'avait élu en 2014. Un mail envoyé aux candidats à la direction artistique Il a envoyé un mail, mercredi 5 décembre, en soirée, aux cinq candidats qui présenteraient leur dossier le jour suivant, à Aurillac, leur précisant les raisons de son absence et par la même, sa démission : « Je n’aurai pas le plaisir de vous accueillir demain pour la présentation orale de vos projets. J’ai donné ma démission de la présidence d’Éclat. Nous nous étions engagés en août à consulter des experts dont au moins un artiste de rue. La DRAC a jugé qu’elle pouvait s’asseoir sur cet engagement, comme elle a ignoré mes mises en garde sur les liens entre tel expert et tel candidat. PHILIPPE MEYER (Président du Festival international de théâtre de rue d'Aurillac, démissionnaire) ...« C’est parce que je suis, dans l’Aveyron, engagé de longue date dans une action qui participe à l’aménagement culturel du territoire que j’ai accepté en 2014 la proposition de Catherine Tasca et Jacques Mézard de prendre la présidence d’Éclat. Après la désignation de celui, de celle ou de ceux qui auront la responsabilité artistique du festival, j’avais le projet d’une réforme des statuts d’Éclat qui associe à nos assemblées et à notre conseil des représentants du plus grand nombre possible des activités artistiques du bassin d'Aurillac. A l'évidence, mon idée du rôle des associations dans l’aménagement culturel du territoire n’est pas compatible avec la conception d’une administration qui ne les aime que lorsqu’elles lui servent de faux-nez, qui entend garder la haute main sur tout et excelle à manipuler les élus. C’est ce que l’on appelle l’arrogance, un mot que l’on entend beaucoup ces derniers jours. Sans autres moyens que mes convictions et ma détermination, je ne suffis pas à la combattre. C’est pourquoi j’ai préféré ne pas lui servir de couverture, ou "d’idiot utile". Je vous souhaite le meilleur, pour demain et pour la suite ». Les auditions ont eu lieu à Aurillac Malgré son absence, les auditions se sont toutefois déroulées ; la vice-présidente du conseil d'administration d'Éclat, l'Aurillacoise Catherine Amalric, devait le remplacer. L'assemblée délibérative devrait, dans les heures qui viennent, communiquer au ministère le nom du candidat (ou des deux personnes qui avaient formulé une candidature commune) qu'elle souhaitait voir prendre la suite de Jean-Marie Songy. Franck Riester, ministre de la Culture, devrait recevoir, très prochainement, sa proposition. La nomination est soumise à l'approbation du ministre. Dans le cas où il ne l'approuverait pas, l'assemblée délibérative devra se réunir à nouveau pour proposer un autre nom. En attendant, Philippe Meyer reste attentif au devenir du Festival et du territoire. Chaque année, à la fin de l'été, le festival rassemble, quatre jours durant, plus de 100.000 personnes dans la préfecture cantalienne. Côté artistique, il reste la référence internationale des arts de la rue en accueillant près de 700 compagnies, officielles ou de passage. Remettre un coup de vitalité à l'association Contacté ce soir, Philippe Meyer a précisé qu'il souhaitait que la personne qui viendra prendre sa suite « remette un coup de vitalité à l'association et continue de militer pour le caractère international » de la manifestation aurillacoise. Aujourd'hui, le Festival est donc en quête de son directeur artistique... et d'un nouveau président qui succédera à Philippe Meyer. L'année 2019 s'annonce passionnante et décisive pour le Festival. Lors du bilan de l'édition 2018, à l’heure d’évoquer l’édition suivante, Christophe Paris, représentant l’association Éclat, et d'ailleurs candidat au poste de directeur, associé à Peggy Desmeules, avait avancé la semaine 34 -pour ce qui devrait être la 34e édition-, soit un festival qui devrait avoir lieu du 21 au 24 août 2019. Marie-Edwige Hebrard Liens : Festival d'Aurillac : le directeur artistique Jean-Marie Songy va quitter ses fonctions Le bilan de la Xième édition du festival de théâtre de rue d'Aurillac en cinq points Philippe Meyer succède à Catherine Tasca à la présidence du festival
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
November 2, 2018 11:51 AM
|
Par Rosita Boisseau (Toulouse (Haute-Garonne) pour Le Monde 02.11.2018 La créature de François Delaroziere, visible à l’année, s’inscrit dans le projet urbain du quartier Montaudran. Il pèse 47 tonnes, affiche des mensurations effarantes de 13 mètres de haut sur 16 de long, mais possède la taille fine. Il asperge loin lorsqu’il fulmine et sue à grosses gouttes pour peu qu’il s’énerve et se cabre. Ce monstre magnifique est le Minotaure, impressionnant animal mécanique articulé jusqu’aux poumons, vedette du spectacle monumental Le Gardien du temple, mis en scène par François Delaroziere. Le patron de la compagnie La Machine, inventeur, depuis 1999, de créatures géantes aujourd’hui connues dans le monde entier comme le cheval-dragon Long Ma, a ajouté une belle bête à son « cheptel ». Le Minotaure, alias Astérion, s’est réveillé le 1er novembre en ronflant dans les rues de Toulouse. Il s’endormira le 4 novembre dans son immense « écurie », la Halle, nouveau lieu d’exposition, situé dans le quartier Montaudran. Entre-temps, il aura erré dans le centre historique sous l’œil de la gigantesque araignée Ariane planant sur les toits. Il aura détourné des feux de signalisation, fait flamber des torchères… Accompagné par dix-neuf musiciens et un ténor perchés dans des nacelles, cet opéra en quatre actes et quatre jours qu’est Le Gardien du temple s’offre Toulouse pour cadre de scène… Il hybride un mythe, une mécanique géante, une ville, dans un trip urbain vertigineux que la passion de la foule mue en expérience collective. « Notre théâtre prend appui dans l’espace public où se joue la vraie vie, précise Delaroziere. Il est aussi au service de projets urbains comme ici, celui de la réhabilitation du quartier Montaudran. J’ai cherché une machine dédiée à Toulouse. J’ai marché dans les rues, je m’y suis perdu… Peu à peu, le Minotaure est né. » Expérience troublante Depuis son apparition sur le papier, en 2012, la bête a évolué. « Je lui ai tanné le cuir, inscrit des cicatrices, tatoué des inscriptions à la feuille d’or… », confie son créateur. En pleine répétition, le 26 octobre, sur la piste de l’Aéropostale – celle de Saint-Exupéry –, où la Halle a été bâtie, Astérion hypnotise. Renverser la nuque pour plonger le regard dans ses yeux bleus en train de battre des paupières est une expérience hautement troublante. Cette méga-marionnette aux super-pouvoirs convoque un flot de sensations uniques. Un équipage de dix-sept opérateurs, dont onze lovés sur son cou, son dos, active la moindre de ses palpitations sous la houlette du « directeur de manœuvres », Yves Rollot, tandis qu’au micro Sylvain Praud bruite ses râles en direct. « Le mouvement, c’est le vivant, insiste Delaroziere. La théâtralité du Minotaure tient d’abord à son interaction avec l’homme. Le parti pris artistique serait tronqué de sa force dramatique sans la présence des danseurs, des machinistes, qui souligne le rapport homme, machine, mouvement. » Un équipage de dix-sept opérateurs, dont onze lovés sur son cou, son dos, active la moindre des palpitations de la méga-marionnette Le Minotaure, qui a exigé plus de deux ans de travail, a rassemblé une équipe de soixante ingénieurs et constructeurs. Il a coûté 2 800 000 euros. Les nouvelles technologies permettent une sophistication extrême de son comportement. Ses membres supérieurs sont animés par deux manipulatrices situées devant lui. Chacune a un de ses bras glissé dans un exosquelette à capteurs. Leurs mouvements génèrent ceux d’Astérion. Bouger de 3 centimètres équivaut pour le Minotaure à une amplitude tellement folle qu’elle nécessite des réglages minutieux. Un lever de main ne prend pas le même sens lorsqu’il est reproduit par un animal de plusieurs tonnes. Entre l’échelle humaine et celle de la mécanique, les repères sont pulvérisés. Le Minotaure, alias Astérion, vedette du « Gardien du temple », de François Delaroziere, devant le Capitole à Toulouse, le 1er novembre. En revanche, dans l’immensité des 3 000 m2 de la salle d’exposition de la Halle, dont la surface totale atteint 8 000 m2, notre Minotaure semble (presque) perdu. Construit sur une friche industrielle, d’un coût global de 14 millions d’euros, ce bâtiment simplement somptueux sera inauguré le 9 novembre. La grande galerie regroupera cent cinquante machines de tous les genres et gabarits conçues par François Delaroziere et ses amis inventeurs, comme celle à effets capable de créer de la neige, des fumigènes… « Je peux enfumer une place entière », s’amuse Delaroziere, qui sait ce qu’immensité urbaine veut dire après avoir investi le port de Yokohama (Japon) et le centre de Pékin (Chine). Dans un coin, devant une des incroyables sculptures musicales, le danseur et comédien Stéphane Chivot converse avec des guides-conteurs fraîchement embauchés pour bientôt raconter au public les légendes de chacune. A quelques pas, le Minotaure Café a déjà sorti les tables créées par Delaroziere, tout comme les escaliers et les lustres. « Machine de ville » Le projet de la Halle est aussi démesuré que l’imagination de François Delaroziere. Basé originellement dans la région toulousaine, cet artiste passé par les Beaux-Arts à Marseille, collaborateur entre 1983 et 2005 de Royal de Luxe à Nantes, où il a dessiné quelques-unes de ses plus belles créatures comme le Géant, rêvait d’ouvrir un lieu pérenne pour ses machines. « Pour qu’elles sortent de leur conteneur et qu’elles existent en dehors des spectacles, commente-t-il. Je veux aussi les mettre à disposition du public. » Le Minotaure a d’emblée été construit pour balader sur un palanquin une cinquantaine de personnes dans les rues alentour. Car la seconde vie d’une « machine de spectacle » est celle de « machine de ville ». La Halle attend 250 000 visiteurs par an : Astérion ne va pas chômer. Dans ce nouveau quartier de Montaudran, la Halle, qui fait partie des projets phares de la métropole toulousaine, est annoncée comme un atout pour le « tourisme culturel » par la mairie, qui soutient le projet. Elle s’appuie sur le succès des Machines de l’île de Nantes. Créé en 2007 avec Pierre Orefice, cet espace centré autour de l’atelier de construction de Delarozière a pour vedette Le Grand Eléphant. Il accueille annuellement 700 000 personnes, dont certaines aiment à se balader le long de la Loire à dos… d’éléphant. « Je n’aime pas les parcs d’attractions, affirme Delaroziere. Ce que je propose ici se situe sur le chemin entre la maison et le lieu du travail en s’inscrivant dans le quotidien de chacun au cœur de la ville. » Le Gardien du temple, jusqu’au 4 novembre. Toulouse (Haute-Garonne). Week-end inaugural de la Halle de la Machine, du 9 au 11 novembre. De 4,50 € à 16 €. Voir la vidéo Légende photo : Le Minotaure, alias Astérion, vedette du « Gardien du temple », de François Delaroziere, devant le Capitole à Toulouse, le 1er novembre. Photo (c) Jordi Bover
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
October 30, 2018 5:06 AM
|
Propos recueillis Armelle Héliot, publié dans Le Figaro le 26/10/2018
INTERVIEW - Le créateur des Machines de l'île, à Nantes, présentera son nouveau spectacle à Toulouse début novembre.
Dessinateur au trait magnifique, François Delarozière, 55 ans, est connu dans le monde entier. Les «machines vivantes» de sa compagnie La Machine ont voyagé partout autour du monde, de Chine au Canada, en passant par la Grande-Bretagne et la France. À Nantes, et désormais à Toulouse, son imagination fertile est celle d'un plasticien poète au service de l'urbanisme. Il éveille les villes. À Montaudran, site de l'Aéropostale, à Toulouse, c'est un immense quartier qui va naître et passer de la recherche pointue au divertissement.
LE FIGARO. - De quand date le projet de Toulouse?
François DELAROZIÈRE. -Dès 2009, Pierre Cohen, le maire de la ville, avait été intéressé par notre présence et nous avions proposé l'idée du Minotaure en 2013. Sa défaite aux élections, un an plus tard, avait mis un coup d'arrêt au projet. Son successeur, Jean-Luc Moudenc, maire et président de Toulouse Métropole, l'a repris. Le concours sur la halle, en bordure de la piste de l'Aéropostale, a abouti. Et le Minotaure est là!
» LIRE AUSSI - François Delarozière, un enchanteur à Toulouse
Que vient-il faire à Toulouse?
La lecture d'une nouvelle de Jorge Luis Borges, dans son recueil L'Aleph, m'a frappée. S'il évoque Buenos Aires, j'y ai vu Toulouse et son labyrinthe de petites rues du centre. Je connais bien la ville pour y avoir vécu et travaillé quatorze ans. Le Minotaure n'est pas incongru: le taureau est très présent, notamment par la légende de saint Sernin, qui, sous le nom de Saturnin, connut le martyre, accroché à un taureau furieux. Le nôtre est très pacifique. Il y a aussi, bien sûr, la proximité de l'Espagne, la culture d'Occitanie.
«Je ne me souviens jamais de mes rêves, mais en marchant, en arpentant les paysages, je rêve, je comprends ce qui pourrait s'inscrire ici ou là» François Delarozière Ce sont donc la littérature et les légendes qui vous inspirent?
Non. Ce qui m'inspire, c'est la nature. Le spectacle de la nature, sa connaissance. Je ne me souviens jamais de mes rêves, mais en marchant, en arpentant les paysages, je rêve, je comprends ce qui pourrait s'inscrire ici ou là. Je l'ai fait à Calais où nous avions présenté le Dragon et où nous développons un grand projet avec la maire, Natacha Bouchart.
Qu'est-ce qui a été le plus formateur?
Je pense que c'est la personnalité de mes parents. Mon père est un bricoleur de génie qui m'a donné le sens de la construction. Ma mère est musicienne, polyinstrumentiste.
Qui est le plus important chez vous: l'ingénieur ou l'artisan?
La spécificité de la compagnie La Machine est qu'ils sont indissociables. La haute technologie, et, par exemple l'exosquelette du Minotaure, ont besoin de l'art des sculpteurs du bois, des doreurs à la feuille, et des «comédiens-machinistes» qui sont les âmes même du Minotaure ou de l'araignée.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
October 2, 2018 6:45 AM
|
Par Stéphane Frachet dans les Echos 02.10.2018 La contraction des dépenses des collectivités, liée à la lutte contre le terrorisme et au vieillissement des dirigeants des compagnies, entraîne une mutation des arts de la rue. Mais ils résistent sous de nouvelles formes, comme l'urbanisme transitoire. Un lustre géant de 3,4 tonnes installé par une grue, des musiciens et des danseurs acrobates pour un bal féerique et enjoué : c'est « Cristal Palace », dernière création de la compagnie Transe Express, présentée au Festival d'Aurillac en août, puis à Chartres mi-septembre. « Le soutien du Kimmel Festival à Philadelphie a été déterminant », résume Eléonore Guillemaud, codirectrice de la compagnie drômoise, l'une des plus importantes en France, qui facture une représentation 23.000 euros, auxquels s'ajoutent les frais techniques et d'hébergement. Et comme le soutien public est rare, Transe Express a emprunté. Heureusement, une quinzaine de dates sont calées en 2019, et une représentation est prévue à Madrid fin décembre. « Il nous faudra quatre ou cinq ans pour amortir l'investissement », ajoute Eléonore Guillemaud. 1.000 compagnies, 40 conventionnées Peu de compagnies françaises d'arts de la rue affichent plus de 50 % du répertoire vendus hors des frontières, comme c'est le cas pour Transe Express, qui propose douze spectacles, depuis une danse des clarines à quatre personnes jusqu'à ce bal céleste qui mobilise une trentaine d'intervenants. « Sans cette diversité et ces commandes à l'étranger, nous n'aurions pas la même taille », reconnaît Eléonore Guillemaud, dont la structure édite 150 bulletins de salaire par an, dont 16 permanents. À lire aussi > A Bordeaux, le street art raconte ses « Légendes urbaines » Mais Transe Express, comme la Compagnie Off ou Royal de Luxe, cache une situation difficile. Contraction des dépenses publiques, essoufflement des dirigeants, qui ont pour la plupart commencé au tournant des années 1980, et plus récemment coût exponentiel de la sécurité sur la voie publique sont autant de motifs d'inquiétude. « Un agent de sécurité en plus, c'est un comédien en moins », déplore Frédéric Rémy, qui dirige Scènes de rue à Mulhouse et préside une nouvelle structure, Territoires urbains. Premier fautif de cette crise, selon la Fédération nationale des arts de la rue (FNAR), l'Etat : « Sur environ un millier de compagnies, seule une quarantaine est conventionnée par 14 centres nationaux, c'est ridiculement peu. Nous attirons le deuxième public en nombre de spectateurs, derrière le cinéma, tout en étant derniers pour les aides. Même la danse contemporaine a plus que nous », s'agace Jean-Luc Prévost, directeur des Goulus à Aubervilliers et président de la FNAR, qui s'alarme d'une précarisation accélérée. 1 % artistique Quant aux collectivités, elles annulent de plus en plus de festivals. S'ils persistent, ils sont plus modestes. Parmi les solutions envisagées, la FNAR milite pour l'instauration d'un 1 % artistique fléché sur les arts de la rue lors d'un aménagement : quartier, autoroute... Face à l'opposition des promoteurs et de la Fédération nationale des travaux publics, le gouvernement freine. Une mission menée par le député (LREM) Richard Ferrand a commandé un rapport à l'urbaniste Maud Le Floc'h, directrice du Pôle des arts urbains (Polau), qui prône des missions associant plasticiens, urbanistes et artistes de rue pour créer ce nouvel urbanisme transitoire , antienne reprise par Frédéric Rémy à la tête de Territoires urbains. « On alimente la mémoire des villes », dit-il. Exemples : à Marseille, le sentier de randonnée GR13 traverse des coins oubliés. Sous le périphérique parisien, le passage de l'Ourq et sa voûte étoilée attirent des chiffonniers tous les week-ends. A Tours, le Point Haut témoigne des plus hautes eaux en cas d'inondation. Spectacle, intervention artistique, balisage inspiré du code fluvial : cette « grotte » inhospitalière sous l'autoroute A10 « est devenue un lieu de covoiturage. Il y a cinq ans, personne ne s'y arrêtait », illustre Maud Le Floc'h. « Les aménageurs et les collectivités locales prennent conscience que cela valorise des friches », avance Maud Le Floc'h. Pour elle, le 1 % n'est pas une réponse appropriée, lui préférant l'introduction de clauses culture dans les grands projets d'aménagement. Son rapport est entre les mains du gouvernement. Arts de la rue : la Compagnie Off, dinosaure en sursis A l'instar d'autres pionniers des arts de la rue, la Compagnie Off trouve son salut dans les commandes à l'étranger. C'est l'un des « dinosaures » des arts de la rue, avec les célèbres Royal de Luxe et Générik Vapeur. Philippe Freslon, fondateur de la Compagnie Off, à l'origine des déambulations de girafes, lance d'emblée : « On veut chasser les vieux ? Je reste. » Tout juste rentré d'une représentation au Luxembourg, cet acrobate formé à l'école de Berlin, devenu funambule puis clown et enfin metteur en scène au fil du temps et des chutes, raconte les budgets publics qui se réduisent, la sécurité dévorante, les élus locaux frileux... Lui a trouvé son bonheur hors des frontières. Pour monter son dernier spectacle, « Color Wheels » (« Roues de couleur »), programmé par le festival Burning Man, dans le désert du Nevada, fin août, cette compagnie hébergée à Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours, a fait appel au financement participatif sur Ulule pour collecter 10.000 euros, 20 % du budget. Sur place, des producteurs new-yorkais et un australien ont pris contact. « On attend leurs propositions », dit-il sur un ton plein d'espoir. « Les Girafes », le spectacle les plus vendus de la compagnie, continue de tourner. - Ludovic Harel/Compagnie OFF Ni assurance ni forfanterie dans les mots de Philippe Freslon. Ses créations à quelques centaines de milliers d'euros l'unité, mobilisant une trentaine d'intermittents et de techniciens, ne font plus recette en France. Les Off sont bien encore à l'affiche du Festival international de théâtre de rue d'Aurillac, parfois quelques dates ici et là, mais sinon : « Au-dessus de 20.000 euros hors frais techniques par représentation, on est trop cher en France », constate-t-il. Un « West Side Story » à 40.000 euros n'a quasiment jamais tourné. Déconventionnée par l'Etat Résultat : comme d'autres pionnières des arts de la rue, cette compagnie est « en sursis ». Elle a été déconventionnée par l'Etat en 2016 : « Nous ne pouvons plus, matériellement, sortir une création par an », déclare Philippe Freslon. La Compagnie Off est encore soutenue par la région Centre-Val de Loire et la métropole de Tours. Mais elle a perdu 3 permanents sur 6. Diversification vers des petites formes, interventions dans l'urbanisme transitoire ? Philippe Freslon s'emporte : « L'urbain, c'est notre ADN. Là on a des intellos qui veulent nous dire comment faire. Il est hors de question de transporter une girafe sur une friche avec une petite sono en MP3, ça ressemblerait à quoi ? Où est l'exaltation ? ». Stéphane Frachet
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
August 25, 2018 12:26 PM
|
Par Stéphanie Ruffier pour Théâtre du blog; 22 août 2018 Festival d’Aurillac: Campana, par le Cirque Trottola
Quand, à vingt heures, la cloche sonne le début du tout premier spectacle du festival , sous le chapiteau du cirque Trottola amarré au parc Hélitas, on sent le public frémissant, prêt à s’embarquer. Une marée mousseuse s’engouffre dans une faille du plancher doré et voilà qu’ils surgissent du monde des dessous, avec leurs costumes bleu nuit des temps, ou bleu jean des travailleurs. Tout l’univers du cirque est là : éternité – labeur tenace et patient. Une grande suspension du temps nous saisit.
Comme dans les polars clichés avec le bon et le méchant flic, on a plaisir à retrouver un couple éprouvé : la gracile brindille naïve et l’imposant ogre des bois, barbe et cheveux hirsutes incarnés par Titoune et Bonaventure Gacon. L’un comme l’autre fraient avec la grâce. Les numéros de toujours sont convoqués : trapèze, corde, portés acrobatiques : autant de prouesses superbes et dérisoires qui arrachent des silences et des « oh » à la grande frénésie de nos vies. Ici, on parle peu, mais les grandes questions résonnent : « Il se passe quoi ? C’est quoi ce machin ? Combien de temps reste-t-il ? » Car oui, têtues, les minutes passent inexorablement, au centre de cette très délicate méditation.
La grande échelle du temps tourne à une vitesse folle et nous menace. L’animal, juché sur ses trapèzes, se joue de l’apesanteur. Le rythme est absolument maîtrisé. Rien ne pèse. Il y a tant de belles et furtives apparitions. Comme celle du Boudu avec sa «brouyette» dans laquelle on aperçoit, ravis, son patin à glace, son gant de boxe, une bière, son fatras familier… Il manque d’éborgner le maire avec sa planche, il sous-traite son sifflotement. On rit beaucoup. L’accompagnement musical, assuré par Thomas Barrière et Bastien Pellenc, avec percussions bringuebalantes, orgue Botempi, guitare à deux manches, impose cahin-caha une ambiance des alpages et de la bricole. Sous le plancher, une saisissante création sonore nous emporte vers un haut-delà, un monde d’échos, de profondeurs, où d’autres ont vécu guerres, tempêtes, sentiments.
Une trouvaille naît et on a l’esquisse une vision mais elle disparaît aussitôt. Le spectacle est à l’image de cet émouvant éléphant né d’un sac de couchage : il se dresse puis expire, le temps d’un souffle. Puissant, bref. Au tableau précédent, Rififi, qui a faim et froid, évoque, en une apparition et une chute, les migrants. En cas de fragilité technique, le public se montre toujours solidaire et applaudit à tout rompre. Récemment, sur France-Culture, dans La Table Ronde, Bonaventure Gacon essayait de dire, avec toute l’humilité qui le caractérise, comment fonctionne cette magie simple: « Le cirque a toujours aimé faire ça, brasser des choses lourdes, compliquées, pour un petit moment, éphémère, presque rien. (…) Malgré les gros camions, c’est fragile. (…) C’est comme si on vivait une histoire d’amour : peut-être ne se passe-t-il pas grand chose, pas de plan sur la comète, mais c’est passionnant, fascinant. »
Nous avons la sensation de voir illustrées toutes les déclinaisons du temps grec : l’ «aiôn», cycle naturel, le « chronos» et sa fuite physique inexorable, mais surtout le «kairos», instant métaphysique, précieux et décisif, où tout coïncide. Les cloches qui rythment ce travail sensible, nous rappellent celles des églises qui, autrefois, scandaient et imposaient le déroulé des journées : aliénation de la temporalité sociale, mais aussi menace du Jugement dernier.
A la fin, une surprise de taille que l’on ne dévoilera pas: Tel un lever de grand-voile, avec des superbes lueurs, elle scénographie l’attente et fait pleuvoir sur nos cœurs la remembrance des naissances, des unions et des deuils du monde, de nos existences. Tous nos voisins, inconnus de nous, étaient terriblement émus. Nous venions de communier dans la grande simplicité du cercle et du temps retrouvé. « Mon pays, c’est la vie », dit Bonaventure. On sort de là sonné.
Stéphanie Ruffier
Festival d’Aurillac (Cantal), Parc Hélitas, du 22 au 25 août à 20 h.
Les Deux Scènes à Besançon, les 9, 10, 12, 13, 15, 16, 19, 20, 23 et 24 octobre.
Le 104 à Paris, les 23, 24, 27, 28 et 30 novembre, les 1er 4, 5, 7, 8, 11, 12, 14 et 15 décembre.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
August 20, 2018 3:03 PM
|
Par Arthur Carpentier pour France 3 Publié le 20/08/2018 Jean-Marie Songy, directeur artistique du festival international de théâtre de rue d'Aurillac, dans le Cantal, a annoncé sa décision de quitter ses fonctions après 24 ans de service.
Il l'a annoncé à deux jours du lancement de l'édition 2018 du festival international de théâtre de rue d'Aurillac. Jean-Marie Songy, directeur artistique de la manifestation plus que trentenaire, s'apprête à quitter son poste.
"Voilà 30 ans que je travaille pour ce projet associatif initié par Michel Crespin en 1986 et qu’il m’a transmis dès 1994 en m’en confiant la direction. Il me semble aujourd’hui que le moment est venu de passer la main", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse, dans l'après-midi du 20 août.
24 ans que son nom était associé à cet événement qui fait la réputation du Cantal. 24 ans de saynètes, de mimes, d'acteurs dans les rues d'Aurillac. Jean-Marie Songy en est persuadé, le système fonctionne très bien, et continuera tout aussi bien avec un autre directeur. Lui se dit "appelé à de nouvelles responsabilités professionnelles dans la région Grand Est" et se sent "très fier d'avoir participé à cette utopie réalisée du Théâtre de Rue à Aurillac, auquel je souhaite une longue et belle route."
Pendant toute la semaine de festivités, France 3 sera présents dans les rues d'Aurillac, et vous fera notamment vivre la ferveur de l'événement en direct via des facebook live, au cours de la journée. -------------------------- Communiqué de Pierre Mathonnier, maire d'Aurillac : Durant 25 ans, en tant que directeur artistique du Festival d’Aurillac, Jean-Marie Songy aura réussi à faire d’Aurillac un laboratoire exceptionnel du spectacle vivant. Édition après édition, il a su réinventer les arts de la rue à Aurillac. D’ici quelques mois, il quittera cette fonction. La priorité reste bien sur de poursuivre l'aventure de cet exceptionnel événement de création, de recherche et de diffusion artistiques qu’est le Festival... avec un nouveau directeur. Cependant, au moment de l’annonce de son départ, je tiens à le remercier chaleureusement pour avoir contribué à la renommée d’Aurillac et à la défense et la promotion des arts de la rue. À la suite de Michel Crespin, il a su faire perdurer cette improbable histoire d’amour entre des artistes et les acteurs d’un territoire rural. Merci également à Jean-Marie pour ses programmations successives et son audace. Merci à lui pour son humour, son impertinence mais aussi sa tendresse et sa poésie.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
May 26, 2018 5:44 AM
|
Par Culturebox @Culturebox Mis à jour le 16/05/2018 En dévoilant une affiche "X", le festival des arts de la rue d'Aurillac a forcément suscité quelques interrogations... L'édition 2018 sera-t-elle porno ? Érotique ? Les plus coquins seront déçus et les amateurs de découvertes rassurés : il s'agira avant tout de rire, de réfléchir et de rêver. Pas de surprises capitales pour la 33e édition du grand festival des arts de rue, mais un programme très alléchant. Avec des habitués et des valeurs sures : Carabosse, Délice Dada ou encore Transe Express. A noter que les compagnies internationales opèrent cette année un retour en force avec des artistes venus de Suisse, d’Espagne, du Brésil ou de Belgique. Voir le reportage vidéo, signé : C. Bernard / L. Ribes / B. Ordas Poétique et politique En quatre jours, on a le privilège de pouvoir dire et faire ce que l'on a envie. Dans le respect de la communauté, en gardant le contact avec l'autre. Jean-Marie Songy - Directeur du festival d'Aurillac Les grands évènements dédiés aux arts de la rue (Chalon, Les invites de Villeurbanne..) ont la particularité d’être très ancrés dans les préoccupations de la société, mais dans une ambiance de fête. Ce sera particulièrement le cas cette année avec le spectacle "Ejo N’Ejo Bundi" de la compagnie franco rwandais Uz et Coutumes qui évoque directement la question du génocide. Autre exemple de moment fort, "Cegos" des brésiliens de Desvio Coletivo : des hommes et des femmes, en habits de société, recouverts d’argile et les yeux bandés qui marchent lentement dans les rues de la ville. Cette performance qui propose une réflexion sur notre mode de vie a déjà fait le tour du monde. Les compagnies de la programmation officielle 2018 3615 Dakota (Suisse) : Bains Publics et plus si affinités Action d’Espace-François Rascalou : Souffle Chris Cadillac (Suisse) : Las Vanitas Cirque Trottola : Campana Compagnie Carabosse : Par les temps qui courent... Carnet de voyages Delices DADA : Les 4 Saisons Desvio Coletivo (Brésil) : Cegos Ici-Même : Attentifs, ensemble Insectotròpics (Espagne) : The Legend of Burning Man La Fabrique Fastidieuse : Vendredi Le Piston Errant : Blues-O-Matic Experience Les Chiens de Navarre/Jean-Christophe Meurisse : Jusque dans vos bras Les Frères Troubouch (Belgique) : Le spectacle des Frères Troubouch Natxo Montero_danza (Espagne) : Barbecho Urbano Plateforme : Trafic Théâtre de l’Unité : La Nuit Unique Transe Express : Cristal Palace, bal au clair de lustre Uz et Coutumes (France/Rwanda) : Ejo N’Ejo Bundi INFOS PRATIQUES Festival d'Aurillac Du 22 au 25 août Le site d'Aurillac 2018 Légende image : Détail de l'affiche de l'édition 2018 du Festival d'Aurillac © ECLAT
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
March 16, 2018 9:11 PM
|
Publié dans Actu Toulouse Des machines monumentales en plein Toulouse : en novembre 2018, la compagnie La machine proposera un spectacle dans la Ville rose une semaine avant de s'installer à Montaudran. Publié le 13 Mar 18 à 8:31
Quatre jours de spectacle pour fêter (enfin) l’arrivée de la compagnie La Machine à Toulouse. Quelques jours avant l’inauguration de la Halle de la Machine à Montaudran, les machines monumentales de la compagnie se produiront dans la Ville rose du jeudi 1er au dimanche 4 novembre 2018.
Un spectacle pendant lequel on verra le très attendu Minotaure : la machine de 47 tonnes sera au cœur de cette création qui porte pour titre Le gardien du temple.
Un avant-goût sur les réseaux sociaux Pour mettre l’eau à la bouche du public, la compagnie a dévoilé un (petit) avant-goût de ce que sera le spectacle sur les réseaux sociaux, le lundi 12 mars 2018: https://www.facebook.com/lamachine.fr/videos/10155590220517637/
Contenu mystérieux À la tête de la compagnie, François Delarozière explique :
Ce sera en plein cœur de Toulouse, dans les rues historiques et les sites emblématiques : le centre ville ressemble étrangement à un labyrinthe…
Le directeur de la compagnie veut préserver le mystère quant au contenu de la création qui prendra place dans les rues de Toulouse : on sait seulement que Thésée et Ariane devraient être présents et que le spectacle s’achèvera par un grand final.
LIRE AUSSI : François Delarozière : « Avec nos machines à Montaudran, nous voulons un projet qui sera unique au monde »
Inauguration de la Halle les 9, 10 et 11 novembre À l’issue de ces quatre jours, le Minotaure rejoindra la Halle de la Machine, à Montaudran. L’espace destiné à accueillir les machines de la compagnie de François Delarozière sera en effet inauguré une semaine plus tard, les vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11 novembre 2018. Le directeur de la compagnie précise :
Ce sera une écurie de machines, à la fois lieu d’exposition et laboratoire : c’est là que les machines seront préparées pour aller jouer dans le monde entier. On n’y fabriquera pas des machines, mais ce sera un lieu de fabrique d’imaginaire…
LIRE AUSSI : À Montaudran, la grande Halle de la Machine est achevée https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/a-montaudran-la-grande-halle-de-la-machine-est-achevee_3556422.html
220 000 visiteurs attendus en 2019 Le lieu sera ouvert au public 278 jours par an. À l’extérieur, le Minotaure et une araignée géante seront visibles gratuitement. Plus de 200 pièces pourront être exposées à l’intérieur, avec une collection en perpétuel mouvement.
Côté tarifs, il faudra compter entre 4,50 et 9 euros l’entrée. 220 000 visiteurs sont attendus à la Halle de la Machine en 2019.
La Piste des géants inaugurée en décembre Pour rappel, cette Halle de la Machine fera partie d’un nouveau site culturel toulousain : la Piste des géants. Sur le site, on découvrira aussi un espace Mémoire dédié aux premiers temps de l’aéronautique, l’ensemble étant complété par les Jardins de la ligne ouverts en 2017. La Piste des géants dans son ensemble sera inaugurée le mardi 25 décembre 2018, pour les 100 ans du premier vol aéropostal Toulosue-Barcelone imaginé par Latécoère.
Combien ça coûte? La Halle de la machine est un projet à 14 millions d’euros ; l’aménagement intérieur (qui commence à se mettre en place) doit coûter 1,08 millions d’euros (Toulouse Métropole participe à hauteur de 950 000 euros). Le Minotaure coûte 2,5 millions d’euros ; les quatre jours de spectacle au cœur de Toulouse ont un coût légèrement supérieur à 2 millions d’euros. Chaque année, Toulouse Métropole déboursera 577 000 euros pour faire vivre les lieux. Des investissements justifiés pour jean-Luc Moudenc. « La culture est un facteur d’attractivité économique », estime le président de la Métropole. « J’aimerai qu’on travaille sur un parcours touristique entre la Piste des géants, Aéroscopia et la Cité de l’espace. Il y a un parcours à inventer, vendre et promouvoir ». Selon une étude menée aux Machines de l’île, à Nantes (Loire-Atlantique), autre lieu touristique où sont visibles les machines de François Delarozière, chaque visiteur dépense 35 euros dans la ville, en plus de sa visite sur le site.
Légende photo : Les machines de François Delarozière se produiront dans le cœur de Toulouse. (©Jordi Bover)
|
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
June 2, 2023 7:44 AM
|
Propos recueillis par Rosita Boisseau dans Le Monde - 2 juin 2023 Le responsable de la manifestation, qui accueille dans la Ville rose une quinzaine de compagnies espagnoles du 2 au 4 juin, estime, dans un entretien au « Monde », que les différentes « crises » traversées par les créateurs pour l’espace public ont restreint l’imaginaire et entravé la liberté d’expression.
Lire l'article sur le site du "Monde" : https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/06/02/mathieu-maisonneuve-directeur-du-festival-des-arts-de-la-rue-exit-a-toulouse-il-s-agit-de-retisser-des-liens-avec-ces-cousins-perdus-et-la-jeunesse-catalane_6175883_3246.html
Pour sa seconde édition, du 2 au 4 juin, le festival Exit, piloté par l’Usine, Centre national des arts de la rue et de l’espace public, à Toulouse, accueille une quinzaine de troupes dont des compagnies catalanes et baléares, présentées dans la Ville rose ainsi que dans cinq communes de la métropole toulousaine. Mathieu Maisonneuve, directeur de l’Usine et de la manifestation, raconte le passé commun de la ville et de Barcelone. Il y a deux ans, les metteurs en scène, danseurs et comédiens qui travaillent dans la rue avaient alerté le ministère de la culture de leurs difficultés. Où en sont-ils aujourd’hui ? La situation des 1 000 compagnies travaillant dans la rue ne s’améliore pas du tout. Aucune mesure concrète n’a abouti mais le dialogue continue avec le ministère de la culture. C’est un secteur qui reste en souffrance, notamment du point de vue de la diffusion, même s’il s’exporte toujours bien à l’international. Les artistes ont énormément créé pendant la pandémie et les circuits de diffusion sont aujourd’hui complètement bouchés. Le réseau des treize Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public (Cnarep) et des festivals, dont ceux d’Aurillac et de Chalon dans la rue [Saône-et-Loire], ne suffit pas à accueillir toutes ces productions. Seule une accélération des coopérations entre les théâtres permettra de trouver une issue à cette crise. Il faut souligner les ouvertures grandissantes, depuis deux ans, du côté des Centres dramatiques nationaux, des Scènes nationales et des Centres chorégraphiques nationaux, qui commencent à inviter des artistes de la rue, en partenariat et souvent à l’initiative des Cnarep. C’est le cas pour notre festival, Exit, qui associe le Théâtre Garonne. Esthétiquement, comment le secteur évolue-t-il ? On note que les formes monumentales façon parade à la Royal de Luxe sont de moins en moins nombreuses. En revanche, et surtout du côté de la nouvelle génération, qui me fascine et qui vient de différents milieux dont celui de la danse, on observe une attention à l’écologie et à la création de formes plus légères et intimes, qui voyagent plus facilement et sont nettement moins carbonées. La question de l’incarnation dans l’espace est aussi beaucoup plus présente chez les jeunes artistes, comme le collectif Balle perdue, ou encore la Ktha Compagnie. Il faut souligner combien les différentes « crises » traversées par les créateurs pour l’espace public ont selon moi restreint l’imaginaire et entravé la liberté d’expression. Entre la crise économique de 2008, la crise sécuritaire de 2015, celle sanitaire de 2020 et les Jeux olympiques qui arrivent et vont empiler tous les festivals au même moment, limitant les possibilités des compagnies d’être programmées à différents endroits, les arts de la rue doivent réaffirmer leur singularité. Ce qui m’a frappé d’ailleurs dans les créations de nos voisins catalans, c’est qu’elles sont libres, émancipées, joyeuses et lumineuses. Pourquoi cette invitation massive à des créateurs catalans ? Le contexte politique est important. Le maire de Toulouse et la présidente de la région ont fait un déplacement récemment à Barcelone pour que la ligne TGV entre nos deux capitales soit remise en marche prochainement. Par ailleurs, l’histoire de Toulouse est intimement liée à la Catalogne par la Retirada, qui s’est déroulée entre 1936 et 1939 et au cours de laquelle plus de 500 000 réfugiés ont fui l’Espagne devenue franquiste. Environ 200 000 sont arrivés à Toulouse en à peine trois ans. La ville a grandi avec toutes ses présences durant ces quatre-vingts dernières années. Il s’agit de retisser des liens avec ces cousins perdus et la jeunesse catalane. L’attente est grande du côté des Catalans de Toulouse avec lesquels nous avons collaboré. Le propos s’articule autour d’une confrontation entre deux points de vue et des pratiques différentes des espaces publics, dans une Europe qui se fissure avec la guerre en Ukraine, le Brexit, la montée des extrêmes droites aux discours nationalistes… Quels sont les thèmes abordés par les artistes catalans que vous programmez ? J’ai invité des compagnies repérées comme El Conde et Joan Catala, mais aussi des troupes plus jeunes. Je suis admiratif de leurs récits et leurs écritures dramaturgiques. Chacun possède son propre regard sur le monde, qu’il s’agisse d’évoquer des conflits, la désillusion des jeunes générations, la transition écologique ou encore la question du genre. De quelles façons avez-vous travaillé avec les Catalans de Toulouse ? Nous avons collaboré en profondeur avec des associations catalanes en plongeant dans leurs archives et en imaginant une exposition et la diffusion du film d’animation de Marc Ménager Boléro Paprika. Il raconte l’histoire de Diego, un fils de républicains en exil. Il sera projeté à l’hôpital Joseph-Ducuing, fondé en 1944 à Toulouse par des résistants républicains espagnols. Nous y avons mis en place un projet d’éducation artistique et culturel en direction de la jeunesse, notamment pour que la mémoire perdure. Exit, du 2 au 4 juin. L’Usine, à Toulouse. Rosita Boisseau / Le Monde Légende photo : La compagnie 1WATT, sur la place de la Légion d’Honneur, à Toulouse, le 23 avril 2023. LORAN CHOURRAU
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
July 21, 2020 5:02 AM
|
Par Rosita Boisseau dans Le Monde, 20 juillet 2020 « La Grande Balade » a réuni une centaine d’artistes pour une échappée enchantée. Cloches de vache à l’arrivée comme au départ. Bienvenue à la station du Semnoz, sur les hauteurs d’Annecy. Entre ces sonnailles, toute une gamme d’instruments se sont faufilés parmi les sapins : gros tambours, koto japonais, saxo, guitare, harpe, clavecin, viole de gambe… Cacophonie dans les alpages ? Jeu d’échos subtilement diffusés par monts et par vaux pour La Grande Balade, rando-spectacle de deux heures avec 24 performances et une centaine d’artistes, proposée les 18 et 19 juillet, sur 9 kilomètres de sentiers. On chemine tranquille, on s’assoit dans l’herbe, on rêve et contemple les performers et les paysages. On rit de temps en temps Un coup de télécabine et hop, on atterrit à 1 700 mètres d’altitude. A la seconde, on respire mieux, on ventile fluide, on s’aère les neurones en profitant d’un point de vue magique sur la vallée avec, lorsque le temps est dégagé, la possibilité d’apercevoir le mont Blanc à l’horizon. La première image de cette opération inédite pilotée par Salvador Garcia, directeur de Bonlieu-Scène nationale d’Annecy, nous cueille et nous souffle. Planant plein ciel au-dessus d’un cirque de verdure, le funambule Nathan Paulin, petite silhouette lointaine épinglée tel un drôle d’oiseau dans l’azur, se balance. Sur son câble situé à 40 mètres de hauteur, relié par un harnais de sécurité, celui qui a parcouru sur un fil les 670 mètres entre la tour Eiffel et le Trocadéro pour le Téléthon en 2017 progresse pieds nus. De légers coups de vent soulèvent régulièrement son tee-shirt blanc, mais tout va bien. Sa voix remplit soudain l’espace. « Quand j’étais jeune, j’ai eu de mauvaises expériences avec le vide, confie-il. Quand on arrive à maîtriser une peur, on peut en maîtriser d’autres… » Le voilà qui s’assoit, puis s’accroche par un seul bras avant de s’allonger sur le filin. Il nage dans l’air. Pour ce moment simple et sublime, très émouvant, Nathan Paulin a collaboré avec Rachid Ouramdane, codirecteur du Centre chorégraphique national de Grenoble. Il ouvre cette balade suivie, samedi 18 juillet, entre 11 heures et 17 heures, par 10 000 personnes. Sur les sentiers caillouteux du Semnoz, petits groupes d’amis, familles en vacances et habitants du coin se croisent. On chemine tranquille, on s’assoit dans l’herbe, on rêve et contemple les performers et les paysages. On rit de temps en temps. Les enfants ont peur du loup-garou qui soudain surgit. La circulation est fluide sous la houlette de guides qui régulent les flux des randonneurs et le planning des performances. Un incroyable portique La suspension, l’apesanteur et le vertige sont régulièrement au rendez-vous. Dans une clairière, la trapéziste et artiste de cirque Chloé Moglia a installé son immense perche incurvée baptisée « la Courbe » et pédale dans le vide, tranquillement sensuelle. Un parterre de personnes assises en tailleur l’accompagne en apnée dans ses évolutions méditatives. Quelques pas plus loin, on passe sous un incroyable portique. Une banderole clamant « Tout va bien » chute d’un fil tendu à neuf mètres de haut entre deux immenses sapins. En action, la funambule Johanne Humblet y avance avec sa perche tandis qu’en contrebas, installée sur une balançoire, une jeune femme revêtue d’un paletot en fourrure joue de la guitare, et c’est superbe. Pour cette Grande Balade, première du genre, imaginée pendant le confinement, Salvador Garcia a fait appel aux danseurs, chorégraphes et metteurs en scène avec lesquels il collabore régulièrement. « Ce rendez-vous sur deux jours fait partie de la manifestation Annecy-Paysages et se déroule d’habitude dans les rues de la ville, raconte-t-il. A cause du Covid-19, j’ai pensé qu’on pouvait la déplacer en montagne. J’ai appelé la mairie et la préfecture, et c’était bon. En mai, j’ai fait les repérages dans les alpages et envoyé à chaque artiste des petits films montrant les sites où j’imaginais que sa performance pouvait se dérouler. Chacun a un rapport sincère avec le paysage, et cette proposition leur a donné l’occasion de développer cette relation avec la nature. J’ai aussi appelé les alpagistes pour que leurs troupeaux de vaches restent exceptionnellement un peu éloignés des sentiers de la randonnée. » On déambule, enveloppé par les sons qui semblent jaillir du creux même des branches L’inclusion dans la forêt de musiciens juchés et dissimulés dans les arbres est un délice. On déambule, enveloppé par les sons qui semblent jaillir du creux même des branches. Dans une clairière, l’équipe de circassiens de Saief Remmide se jette dans une envolée bondissante. Un trio de danseurs, sous la houlette de Jean-Claude Gallotta, lui succède et se risque à des étreintes tourbillonnantes et voltigeuses, signatures du chorégraphe, pendant que le saxophoniste Peter Corser improvise en douceur. Carrément installé au milieu du chemin avec sa plaque en bois comme caisse de résonance, le danseur et chorégraphe François Chaignaud, à demi-nu, frappe son plancher et cherche la voie de sa transe. Posés telles des sculptures sur les prés, l’escalier-trampoline blanc de l’acrobate et metteur en scène Yoann Bourgeois, codirecteur du CCN de Grenoble avec Rachid Ouramdane, et le jeu de cubes renversés, également blanc, de l’artiste de cirque Jean-Baptiste André, claquent sur le ciel bleu, composant un étrange alliage d’art et de nature. Qu’il s’agisse d’extraits de pièces déjà existantes, de tentatives de performances inédites ou encore des répétitions d’une recherche en cours, ces morceaux choisis s’offrent une mise en beauté unique avec ce déplacement dans des paysages somptueux. Jusqu’au plateau installé spécialement pour le chorégraphe Philippe Decouflé et sa troupe qui semble serti dans un incroyable (mais) vrai fond d’écran verdoyant et montagneux. Et, lorsqu’on grimpe sur un tertre pour s’offrir un panorama d’ensemble, on profite à fond d’un tableau incrusté d’éléments insolites parmi lesquels, ici et là, les grappes de spectateurs multicolores se détachent, faisant vibrer la peinture pointilliste d’une Grande Balade infiniment miroitante. La Grande Balade. Avec Bonlieu-Scène nationale d’Annecy, dans le cadre de l’opération Annecy-Paysages, à Semnoz jusqu’au 27 septembre. Rosita Boisseau(Annecy - Haute-Savoie)
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
November 15, 2019 6:27 PM
|
Par Elizabeth Naud dans Théâtre du blog 15/11/2019 Le Dragon de Calais, conception et mise en scène de François Delarozière et la compagnie La Machine
Pari gagné ! Trois jours durant, le théâtre de rue est venu au secours d’un animal légendaire, le dragon échoué accidentellement sur une plage de Calais! Au départ, la nouvelle suscita crainte et méfiance des habitants. Mais petit à petit, l’enchantement a gagné les Calaisiens venus exprès ou par hasard. Le dragon, superbe, avança dans la ville: «C’est, dit son créateur François Delarozière, un peu un dragon-lézard. Il peut venir des îles Galapagos ou d’ailleurs mais il a voyagé et son A;D.N. n’est pas d’ici en fait. Et cela me plaisait bien de faire arriver un nouvel arrivant qu’on allait rencontrer, qu’on allait peut-être, qui sait? apprivoiser et qui, ensuite, pourrait élire domicile à Calais, terre de passage depuis toujours… Il deviendrait l’ambassadeur de la ville ». Bien vu, dans le contexte social et économique actuel, ce choix d’un animal féérique, symbole de courage et de protection !
Mais, avant ce « happy-end » voulu par l’artiste et sa compagnie La Machine, le Dragon tout juste sorti de son sommeil, a dû gagner la confiance de la population. Le premier jour, étendu sur le sable du front de mer puis après son réveil, moment inoubliable, l’animal-mécanique, plus vrai que nature, s’engagea dans l’espace urbain, tel un monstre ou un sauveur … Un instant théâtral de toute beauté, sous un ciel gris bleu et pluvieux, traversé par des rais de lumière! De la plage au port, ensuite par la place d’Armes et enfin à la mairie, la bête, franchissant diverses obstacles, est allée à la rencontre des humains devenus à son échelle, des lilliputiens ! Crainte, étonnement et joie, se lisaient sur les visages : «On a l’impression quand on approche que le dragon est vivant !» Et une petite fille dit en voyant les boules de feu sortir de sa gueule : « Ses cris me font peur et il peut me brûler! C’est tellement vrai mais aussi irréel! »
La ville peu à peu était comme métamorphosée. Oubliés les moments difficiles et les crises sociales actuelles… Au rythme du vent ou des instruments à corde, batterie et autres musiques, l’animal gigantesque, au fur et à mesure de son avancée impressionnante, gagnait l’admiration et la sympathie de la foule. Effet de surprise, fête poétique et musicale ! Une véritable mythologie urbaine maintenant gravée dans la mémoire collective. Sa marche conquérante allait à coup sûr, le couronner Dragon de Calais !
Mais que pouvait-il bien se cacher derrière cet animal de légende ? Une réalité plus concrète. Pour raviver son image, la ville s’est engagée dans un projet urbain et un développement de ses activités mais elle a vite pris conscience qu’il fallait joindre l’utile à l’agréable et au rêve. « L’idée, dit Pascal Pestre (du service municipal de la Culture et adjoint de la maire Natacha Bouchart) qui est à l’origine du projet: Calais avait besoin de quelque chose de hors-normes pour changer son image. »
Une pensée loin d’être évidente pour une ville ouvrière de par son histoire, comme la plupart de celle des Hauts-de-France. « Changer son image» d’accord, mais pour tous! Et en priorité pour ses habitants. La question reste ouverte pour les migrants… Natacha Bouchart eut alors le projet, pour satisfaire le plus grand nombre, de faire appel à François Delarozière et à sa compagnie La Machine. Enthousiasmé par cette nouvelle aventure, il n’hésita pas une seconde. Il connaît bien la ville à laquelle il voue un attachement particulier. On se souvient avec plaisir de la création de l’ impressionnant Long Ma le dragon-cheval et Kumo l’araignée, un spectacle de rue créé il y a trois ans avec Le Chanel-Scène Nationale. Et comme le dit un spectateur: « Chaque fois que je viens à Calais, c’est pour voir une grosse bête » !
François Delarozière refuse ouvertement tout signe politique dans son action artistique et culturelle aux côtés de la maire mais il s’engage à sa manière, auprès des hommes et femmes citoyen(ne)s : «Tout ce que je fais résonne avec un territoire et une population.» Le droit pour tous de vivre avec dignité, il l’exprime avec ce geste artistique. Le projet à l’échelle de la ville est aussi un acte engagé pour ce créateur et poète, de façon à intégrer, à tous les niveaux et de façon plus décisive, l’art et la culture dans la société civile, professionnelle, industrielle et et d’avoir ainsi « la possibilité de peser sur un même plan que les urbanistes, que les architectes. »
Une autre singularité esthétique et humaniste réside dans la fabrication du Dragon et du monde animalier en général, nés des mains de cet artiste. La conception de l’animal-machine est fondée sur le choix des matériaux et sur l’amplitude des mouvements comme langage, avec une vibration et une fréquence fabriquant des émotions. Comme un mouvement de paupières, par exemple: on appréhende le langage humain: fermeture/ouverture et on le projette sur le dragon. Et les matériaux: bois ciselé, acier présents dans son corps, comme les moyens hydrauliques, de la fumée quand il lâche une flamme ou qu’il crache de l’eau, sont pour moi un moyen de raconter une deuxième histoire, celle de sa genèse et là c’est plus compliqué, car on sait mal l’analyser… Mais nos constructeurs marquent de leur sensibilité, la matière comme par exemple, une couche de peinture laissant transparaître l’acier ou le bois.»
Pour François Delarozière, le geste se charge de l’intention et de l’émotion. Autre point essentiel pour lui : cette œuvre n’est pas un travail solitaire : «C’est un vrai combat que l’on partage entre artisans et artistes ensemble. Notamment, sur la matière, c’est le processus qui m’intéresse avant tout. Car, s’il est bon, le plaisir sera là au moment où on le fait, c’est comme en art et le résultat aussi sera bon. »
Cette création spectaculaire ouvre à chacun la porte du rêve et de la joie. Accessible à tous ! «Pour moi, dit-il, le sens de mon acte, c’est rendre les gens heureux avant tout et d’éviter qu’ils meurent, qu’ils s’entredéchirent et de faire en sorte qu’il y ait d’autres choses dans la vie. » Notre monde gangrène d’horreur et de violence notre imaginaire mais la compagnie La Machine et son directeur espèrent en un temps momentané, celui de l’art vivant, graver à jamais une œuvre dans l’esprit des individus de tous les horizons. Un autre monde débarque à Calais , un monde en couleurs, joyeux et mélancolique. »
Avec cet événement, la ville transfigurée est devenue pendant ce week-end prolongé, un grand théâtre! Protection civile et sécurité obligent, la gendarmerie, l’armée, la police et les pompiers engagés avec bonheur dans le spectacle ont permis d’offrir avec ce dragon, une histoire à partager entre tous dans une ambiance bon enfant et un air de liberté. Comme par magie, la ville et ses hôtes se sont retrouvés, en ce week-end maussade de novembre, dans une autre dimension et une autre relation au réel: c’est sans doute là toute la richesse de ce théâtre de rue festif. Bienvenue à cet ambassadeur de la ville! Et rendez-vous le 17 décembre, l’histoire urbaine et théâtrale du Dragon de Calais commence seulement !
Elisabeth Naud
Ce spectacle de rue a eu lieu à Calais (Nord) du 1er au 3 novembre.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
August 19, 2019 2:06 PM
|
Par Philippe du Vignal dans Théâtre du Blog 19.09.2019
Festival International de Théâtre de rue, Aurillac
Cette nouvelle édition, Frédéric Remy, qui succède cette année à Jean-Marie Songy, « reste fidèle à ses principes et incarnera ce formidable révélateur de fraîcheur artistique, d’imaginaire partagé, de culture populaire et d’engagement citoyen. « (…) Une invitation lancée à des artistes de tous horizons et de toutes générations, un melting-pot artistique rayonnant et chamarré, pour que cet évènement unique au monde continue d’accompagner les évolutions artistiques et sociales de notre époque. »
Donc un programme classique à une époque où les directeurs de festival -restriction financière oblige- doivent prendre des risques limités. Mais où nombre de spectacles en extérieur (sans doute plus que l’an dernier) sont gratuits… Il y aura des valeurs habituelles, comme, souvent venue à Aurillac, la compagnie 26.000 couverts avec Vero 1 ère reine d’Angleterre. Kumulus proposera, avec NonDedieu, une percée sans doute plus conventionnelle mais avec une scénographie inversée à l’entracte, la découverte par le public de qui se passe derrière le rideau, bref une énième version du théâtre dans le théâtre souvent déclinée par cette compagnie…
Et on pourra découvrir Terra Lingua chantier de paroles, une création des Souffleurs commandos poétiques « qui tordront poétiquement et joyeusement le cou à l’idée que l’incroyable bouquet de nos langues serait la conséquence d’une punition divine de l’orgueil démesuré de l’homme ». Il y aura aussi des spectacles de salle comme celui de la 2B company suisse où Pierre Misfud ne s’arrête pas de parler jusqu’à ce qu’un minuteur ne mette fin à cette performance déclinée en neuf conférences. Avec le dernier jour une intégrale en huit heures. Et une belle occasion de voir ou de revoir La Mélancolie des dragons de Philippe Quesne. Créé en 2008, ce beau spectacle a une poésie visuelle tout à fait remarquable dans la lignée de ceux de Bob Wilson…
Mais le directeur du Centre Dramatique National de Nanterre-Amandiers a rendu son tablier… Il était aux manettes depuis cinq ans mais assez amer (et on peut le comprendre). Philippe Quesne a récemment annoncé qu’il ne ferait pas de troisième mandat et partirait fin 2020. Décision courageuse et pas si fréquente et qu’il faut saluer. Déjà connu comme scénographe puis comme metteur en scène, il a eu quelques difficultés avec l’équipe de ce grand théâtre de la banlieue parisienne. Mais aussi depuis le début, avec Patrick Jarry, le maire P.C.F. de Nanterre qui lui reproche en gros de se la jouer perso à la tête d’uns institution d’Etat. Vieux débat auquel sont souvent confrontés les directeurs de C.D.N. qui doivent être obligatoirement des artistes mais aussi des programmateurs et gestionnaires.
Mission impossible ? Sans doute ! On n’est plus dans les années Malraux et à l’aube de ce que l’on appelle encore la « décentralisation » après un demi-siècle. Mais comment ne pas voir que les besoins et la population a changé… Bref, les récents ministres de la Culture dont Aurélie Filippetti, sans doute mal conseillés, n’ont pas saisi l’ampleur du problème et n’ont pas aussi compris qu’on n’était en 2019 ! Et que le public des C.D.N. n’était plus du tout le même. Mais Franck Riester se réfère encore encore dans l’édito du programme de ce festival, à la «mission principale du ministère souhaitée par André Malraux, d’ancrer la culture dans un désir collectif »…
Gouverner, on le sait c’est aussi et surtout prévoir mais les énarques et autres huiles du ministère de la Culture comme ceux de l’Elysée n’ont en rien anticipé, ont manqué d’imagination et n’ont pas réussi à bâtir à temps un nouveau statut pour ces C.D.N. Erreur manifeste de politique à long terme. Emmanuel Macron et ses conseillers ont d’autres chats à fouetter et la valse permanente des récents ministres de la Culture n’a pas aidé à résoudre les choses. Ce n’est pas un hasard si Marie-José Malis, à Aubervilliers, a dû affronter une grève très dure de son personnel. Certes ces artistes et créateurs ont bien été candidats mais ils auraient sans doute dû bénéficier d’un statut à part pour continuer leurs recherches plutôt que d’être nommés vite fait mal fait à ce genre de poste…
La question reste permanente: comment faire à la fois œuvre de création, voire de recherche qui est l’A.D.N. de ces artistes et répondre à la fois aux attentes de la population locale, et non parisienne. Une sorte de quadrature du cercle.. Mais c’est le Ministère de la Culture, qui accorde la plus grosse part des subventions aux C.D.N. et qui a les cartes financières en main et il ne semble pas pressé de revoir cette situation artistique des plus floues…
Le festival d’Aurillac lui aussi a évolué et a réussi à s’ancrer dans le paysage cantalien. C’est sans doute la seule petite cité française dont la vie pendant quatre jours est aussi modifiée : centre-ville très sécurisé, nombre de spectateurs en constante augmentation, rendez-vous insolite dit des compagnies de passage régionales ou pas… autrement dit un off très organisé avec plus de sept cent spectacles et une rémunération des artistes au chapeau… Mais il y aussi, comme dans tout festival, des rendez-vous professionnels importants: entre autres celui de la SACD qui a soutenu trois projets, des présentations de projets par Artcena, une rencontre co-organisée par la Fédération des arts de la rue, une table-ronde sur la déambulation théâtrale…
Bref, une offre assez rare courant sur quatre jours et, osons le mot: populaire et ce festival, comme celui de Chalon, est fréquenté par un public majoritairement jeune et venu de toute la France, voire de l’étranger. Et chose exceptionnelle, nombre de spectacles de rue ou en plein air sont gratuits…
Philippe du Vignal
Festival Eclat, du mercredi 21 au samedi 24 août. Information T. : 04 71 43 43 70. Billetterie: 04 71 48 46 58.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
April 9, 2019 8:15 AM
|
Propos recueillis par Aurel Charmes pour Actu Cantal 09.04.2019 Il a succédé à Jean-Marie Songy en fin d'année 2018 et prend désormais les rênes du festival de théâtre de rue d'Aurillac. La rédaction est partie à la rencontre de Frédéric Rémy.
Il est désormais à la tête du festival international de théâtre de rue d’Aurillac depuis le 1er janvier 2019, suite au départ de Jean-Marie Songy en fin d’année dernière. Cet homme, c’est Frédéric Rémy, un passionné des arts de la rue et de l’expression libre, qui entend bien défendre « l’utopie » du Festival pour les années à venir. Il est aussi l’un des disciples du « pape des arts de la rue », Michel Crespin, fondateur du festival d’Aurillac en 1986.
Depuis 1993 au service des arts de la rue Voix du Cantal : Vous êtes dans le milieu de la culture depuis de nombreuses années. Quel est votre rapport vis-à-vis du théâtre de rue ? Frédéric Rémy. J’ai commencé mon parcours professionnel en 1993, auprès de Michel Crespin, le fondateur du festival d’Aurillac, à Marseille dans le cadre de « Lieux publics ». À l’époque, je souhaitais aller vers le théâtre contemporain, et j’ai entendu l’histoire d’un « type » qui faisait quelque chose de différent à Marseille, ce n’était pas vraiment du théâtre et c’était dans la rue. J’y suis allé et Michel m’a très vite proposé un poste d’assistant, suite à son départ du festival d’Aurillac. J’ai commencé pendant deux ans à travailler avec Michel. En 1994, nous sommes venus à Aurillac dans le cadre d’un spectacle que présentait Michel Crespin sur la place du Gravier « théâtre à la volée ». J’ai tout de suite accroché au théâtre de rue avec cette ouverture démocratique, cette possibilité de ne pas se poser de contrainte dans la création. En définitif, tout était possible, tout pouvait être grand, petit. Les influences esthétiques venaient de partout, du théâtre forain, du carnaval, du théâtre, de la danse… Cela a donné naissance à un secteur extrêmement bouillonnant et très riche. Les arts de la rue depuis les années 80 ont complètement explosé le paysage du spectacle vivant VDC : Que représente le festival d’Aurillac à vos yeux ? F.R. : Le secteur des arts de la rue est très riche, comme je l’ai dit, mais aussi très pauvre, par le manque de structure de création. Aurillac a été le premier lieu, avec le Parapluie (Centre national des arts de la rue et de l’espace public de France, à Naucelles, depuis 2004) à créer un lieu uniquement dédié au théâtre de rue. C’est un outil extraordinaire, c’est une maison des arts de la rue. Aurillac s’est très vite imposé comme « le rendez-vous » des acteurs du secteur du théâtre de rue. Le festival d’Aurillac est un rituel, une émulation extraordinaire. C’est un endroit de liberté et d’hospitalité. Concrètement, qui que tu sois, si tu as envie d’avoir une expression artistique dans la rue, tu peux venir à Aurillac. Les élus ont aussi ouvert les portes de la ville aux arts de la rue, ce qui a conduit à une vraie transformation. VDC : Vis-à-vis de cette ouverture, on constate ces dernières années, que le Festival évolue dans un contexte difficile. Quel est votre ressenti ? F.R. : Je pense qu’il faudrait arriver à atténuer les dispositifs d’accès à la ville. Après, pour moi, il y a quelque chose de fondamental, c’est qu’il faut sécuriser les piétons. C’est aussi notre métier de sécuriser le public lors des représentations. N’oublions pas que le festival d’Aurillac regroupe des dizaines de milliers de personnes. Après, je ne suis pas pour les frontières, mais il faut travailler sur ces points en douceur et trouver le bon compromis. Mieux vaut entamer le dialogue et cela ne se ferra pas en quelques mois, mais sur plusieurs années. VDC : On voit également un changement dans la structure du Festival avec moins de « gros » spectacles et de plus en plus de collectifs. F.R : Oui et les collectifs, c’est quelque chose de très intéressant. Le regroupement des compagnies, je trouve cela très positif pour l’entraide et la mutualisation des énergies. Il y a aussi différentes pattes artistiques selon les collectifs avec des ambiances qu’ils leur sont propres. Ce que je regrette, c’est que les collectifs se ferment dans des espaces clos. C’est l’un des axes sur lesquels je vais travailler, en ouvrant le dialogue avec ces formations artistiques dans les années à venir, pour réinvestir de plus en plus la rue et l’espace public. Le festival d’Aurillac a toujours été précurseur en terme de création VDC : Comment cela pourrait se traduire ? Tout en conservant ces ambiances qu’ils leur sont propres ?
F.R. : C’est un exemple, mais ils pourraient proposer ces ambiances particulières sur une place, comme celle de Saint-Géraud. On peut imaginer qu’un collectif investisse un bout de quartier. Et c’est là que ça devient intéressant. S’ils ne s’enferment pas, un lien direct peut se créer sous la forme d’une collaboration avec les habitants et les commerçants de ce quartier. Nous sommes un peu à une époque charnière dans la politique culturelle. Nous nous devons d’être plus dans l’horizontalité. VDC : Tout en sachant que certains habitants et ou commerçants partent d’Aurillac le temps du festival. F.R. : De toute façon, on ne va pas convaincre tout le monde. Il y a des gens qui aiment la perturbation assez extraordinaire, fantastique de cette ville. On vit une utopie durant ces quatre jours et nous nous devons de défendre cette utopie. Ce que je sens, c’est que parfois, on me renvoie aux effets négatifs du festival, comme les cas d’incivilités. Mais ce n’est rien par rapport aux effets positifs et bénéfiques du festival. Nous devons être vecteurs de ces valeurs positives, humanistes, fraternels, éthiques… Il faut arriver à inverser l’angle de vue de ce qui se passe durant le festival. Si nous arrivons à faire prendre conscience que c’est un événement positif pour la communauté, que l’on créé du commun, de la mémoire collective, des émotions, des moments magiques, une bonne partie du travail sera réalisée. Je ne travaille pas de façon radicale cela va prendre du temps et s’opérer dans la concertation VDC : Pour finir, comment voyez-vous l’avenir de cette forme d’expression que représente le théâtre de rue ? F.R : Je pense que c’est des moments fédérateurs, où l’on se retrouve dans l’espace public, pour vivre une émotion « positive », comme lors de moments sportifs ou de manifestations, qui sont essentielles. Le théâtre de rue, procure des émotions uniques. Les arts de la rue écrivent la mémoire des territoires et des villes. Les arts de la rue ne s’éteindront jamais. Par contre qu’ils évoluent dans différentes directions cela est sur, et c’est dans la main des artistes, des compagnies, de la nouvelle génération, des anciennes qui se renouvellent. Les gens ont besoin de relations humaines, de vivre des émotions communes et le théâtre de rue et ses artistes, sont vecteur de ça. Ils sont vecteurs de poésie et d’imaginaire et c’est un vrai enjeu de société. Il ne faut pas oublier la culture, et la force de l’imaginaire et de la rêverie. Nous sommes des humains, pas des machines. Propos recueillis dans les locaux de l’association Éclat, rue de la Coste, le jeudi 4 avril. Légende photo : Frédéric Rémy, nouveau directeur du festival international des arts de la rue d’Aurillac. (©A.C-R)
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
November 24, 2018 7:17 AM
|
Par Jean-Pierre Thibaudat dans son blog Balagan 24.11.2018 Basés dans le Nord, à Loos-en-Gohelle, Guy Alloucherie et sa compagnie HVDZ ont passé commande d’une pièce à Nadège Prugnard, une habituée du festival d’Aurillac, ville où elle habite. Sujet : les migrants de la jungle de Calais. Deux ans durant, elle y a fait plusieurs séjours. Au bout : « No border », un chant de mots et de morts. Mis en scène par Alloucherie avec des circassiens. Secouant.
Nadège Prugnard et Guy Alloucherie travaillent le plus souvent en marge des autoroutes et des grands axes du paysage théâtral.
Une commande d'écriture faite par une compagnie
On a vu souvent des pièces de Nadège Prugnard au Festival de rue d’Aurillac, ville qu’elle a fini par habiter. Quand il lui arrive de se produire à Paris c’est plutôt dans des lieux périphériques comme l’Echangeur de Bagnolet ou le défunt Confluences. Quand elle vient au Théâtre de la Bastille avec Sexamor (lire ici) c’est sous l’aile de Pierre Meunier. Quand elle est associée à un théâtre c'est parce qu'une femme le dirige comme le théâtre des Ilets à Montluçon où, sous la direction de Carole Thibaut sera créé prochainement (le 4 décembre) Les bouillonnantes écrit en, collaboration avec Koffi Kwahulé à partit de témoignages de femmes.
Guy Alloucherie a longtemps fait tandem avec Eric Lacascade quand ils animaient ensemble le théâtre Ballatum basé à Liévin où ils ont créé ensemble des merveilles de jeunesse comme Si tu me quittes est-ce que je peux venir aussi ? ou On s’aimait trop pour se voir tous les jours. Ils se sont séparés. Eric est parti à Caen, à Rennes, ces jours-ci à Moscou avec Les bas-fonds. Guy est resté dans le nord, sa région, sa source de vie et d’inspiration comme en témoigne son monologue La brique (lire ici) qui est comme une carte de visite. Sa compagnie HVDZ (Hendrick Van Der Zee), entre théâtre et cirque, est basée à Culture commune, scène nationale du bassin minier du Pas-de-Calais, installée sur l’ancien site minier du 11/19.
C’est en lisant un article sur MAMAE (Meurtre Artistique Munitions Action Explosion), une pièce de Nadège Prugnard, interprétée par six comédiennes, au festival d’Aurillac (lire ici) qu’il a eu l’intuition qu’elle était l’auteur qu’il cherchait pour parler de la jungle des migrants à Calais. Il lui a passé commande d’un texte. Elle y est allé plusieurs fois pour des séjours plus ou moins longs. Elle a rencontré des migrants, des bénévoles, des calaisiens, des policiers aimables et d’autres sans états d’âme. Elle a vu la jungle devenir une enclave de vie en sursis avec ses boutiques, son restaurant, son église, sa mosquée, ses braseros, ses trafics, des zones d’ombre.
Une litanie de noms
Elle a ri, pleuré, elle a eu peur, elle a eu chaud et froid. Elle n’a pas pris de notes sur le vif, elle a emmagasiné des sensations, des conversations, des visages, des bribes de vie. Elle a relu Heiner Müller, Rainer Maria Rilke. Elle a bu, elle a fumé, elle a tout partagé, les rires comme les larmes Elle les a tous aimés. Morts, vivants, survivants, ceux qui sont passés de l’autre côté, ceux qui sont revenus, ceux qui ont disparu dans la nuit, ceux qui ont été emmenés dans des bus, ceux dont le téléphone portable ne répond plus. Et puis elle a écrit No border, un titre en anglais car dans la jungle le « I speak english just a little » était comme un début d’espéranto. Un tombereau de mots qui, aujourd’hui que la jungle a été démantelée, rasée, effacée comme un mauvais rêve, est devenu un tombeau. Pavane pour une jungle défunte.
Une litanie de noms s’affiche sur l’écran au fond du plateau quand n’y coule pas une mer noircie par le deuil, quand des chemins d’exil n’y serpentent pas à travers des montagnes ocres ou des déserts aveuglés de lumière. Rythmant la parole de Nadège Prugnard, l’encadrant, la prolongeant, Bianca Franco et Sébastien Davis Vangelder se dressent l’un sur l’autre pour tutoyer les étoiles, Hervé Hassida se roule par terre de solitude, Mourad Bouhlali, as de la percussion corporelle, entraîne tout le monde tandis que Forban N’Zakimuena improvise en direct. Cirque, danse, musique, mots proférés, frontières abolies, avancent de front.
"Je suis Zahar je viens du Darfour"
« J’archive l’hémorragie de la Calaisie » écrit Prugnard. Son long poème qu’elle déverse comme un tombereau est comme un journal de bord intime d’une écrivaine publique, d’une femme qui offre des des jonquilles, des roses et des « gros tournesols comme des médailles utopiques » à tous ceux qu’elle rencontre les pieds dans la boue.
« Je m'appelle Houmed je viens d’Afghanistan je n’ai pas de nouvelles de ma femme depuis huit mois mais maintenant je sais qu’elle pense à moi SHE LOVES ME SHE LOVES ME ta fleur l’a dit … ». « Je m’appelle Youssef merci pour la fleur j’aime la nature avant j’étais gardien de chèvres au Kurdistan. Youssef me montre comment faire pousser de la menthe sur un sac de petites pierres et de la coriandre sur une patate.. ». « Je suis Zahar je viens du Darfour est-ce qu’elle se mange la fleur ?/ Je suis Nazari je viens de Téhéran j’ai mis un an et un mois pour arriver. The beauty is dead La beauté est morte ils ferment la réalité où aller ? /Je m’appelle Antoine je vais exploser ce putain de mur NO BORDER go ! / Je suis perdue/ entre une route et une autoroute/ Entre les grillages et les grilles/ Entre mes ranjos et mes jonquilles. ». Porteuse de voix comme d’autres, dans des pays lointains d’où certains viennent, sont porteuses d’eau.
Ou encore : « Ta gueule je suis Farzaneh nous sommes en route pour le peloton d’exécution alors ta gueule alors fous nous la paix ta gueule avec tes fleurs ta gueule ici à Savine. En Iran ils nous pendent aux arbres ces fleurs sous les arbres ont poussé avec notre sang regarde La beauté est morte Donne-nous des ailes donne-nous des ailes ». Elle et eux. Perdus, paumés. « Je cherche un paradis dans le cratère humain je cherche là perdue à Calais dans mon combat je ne sais pas je ne sais plus à l’envers à l’endroit et même quand je tombe je cherche des morceaux de moi pour faire un feu. ». Elle la femme, la blonde, eux les hommes, les ombres. « Qu'est-ce que tu es belle, tu as les yeux de ma mère » lui dit Farid. « Tu n’as rien à faire là regarde moi je tue des yeux la femme doit se couvrir et se soumettre » lui dit Samam.
On la soulève « comme une rock star », on l’insulte, « ceux d’ici » lui disent qu’elle est « un cul à migrants » tout « comme on insultait ma grand-mère qui travaillait dans les mines du nord de la France et qu ‘on traitait de cul à gaillette ». Alors elle enlève sa culotte et se met à « hurler tout un tas de trucs que je savais pas d’où ça me venait ». Elle aussi a perdu Venus « la première étoile qui éclaire la nuit ».
La voix de Nadège Prugnard nous parvient via une petite boule disposée près de sa bouche : un micro hf. Cette voix ainsi filtrée perd ses nuances, s’atrophie dans le neutre. C’est d’autant plus dommage que la voix naturelle de l’actrice porte loin. La voix sans artifice serait plus en accord avec l’écriture cash et justifierait d’autant mieux les moments où elle parle dans un micro sur pied. On peut également regretter que l’actrice ne rejoigne pas, ne serait-ce qu’un instant , la furieuse danse des bottes finale du spectacle No Border après l’évocation du départ de 170 cars qui vont conduire les migrants vers les 387 CAQ, prélude à la destruction du camp, mettant fin à ce qui « était en train de s’inventer dans ce bidonville, cette ville-monde au bord de tout ».
No Border a été créé du 19 au 23 nov à Culture Commune, scène nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais, Loos-en-Gohelle. Tournée : le 24 janv à L’Agora, scène nationale d’Evry et de l’Essonne ; le12 fév au Pôle national des arts du cirque, Auch ; le 14 fév au Centre Culturel Agora PNC Boulazac Aquitaine ; le 27 fév au Vivat, scène conventionnée d’Armentières ; les 12 & 13 mars au Bateau Feu ,scène nationale de Dunkerque ; les 22 & 23 mai à La Comédie de Clermont-Ferrand.
Le texte de No Border n’est pas encore édité mais on peut se procurer MAMAE et autres textes chez Al Dante, 260p, 20€ . Légende photo : Scène de "No Border" © Antoine Repessé
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
October 31, 2018 9:45 PM
|
Par Mireille Davidovici dans Théâtre du blog, 31.10.2018 François Delarozière
Le Gardien du Temple et La Machine conception et mise en scène de François Delaroziere
«Nous attachons une attention particulière à ne pas transfigurer la machine, à lui laisser une esthétique mécanique brute. C’est l’intervention humaine de la manipulation, du discours, de la musique ou de la danse qui donne vie aux machines. » Telle est la philosophie de François Delaroziere Sur la piste d’envol de la légendaire Aéropostale, après Saint-Exupéry, Guynemer et les autres, ce nouveau pionnier essuie les plâtres d’un projet colossal. Bien connu pour avoir conçu la famille des Géants de Royal de Luxe – qu’il accompagne de 1983 à 2005- puis Les Machines de l’Île à Nantes, le metteur en scène et scénographe s’apprête à inaugurer, à Toulouse la Halle de La Machine. Ce grand bâtiment, construit avec des subsides de Toulouse-Métropole et de la Région Occitanie abritera ses créations quand elles ne sont pas en tournée. Le quartier de Montaudran, autrefois banlieue industrielle, sort de terre autour de l’Aéropostale désormais baptisée la Piste des Géants. La métropole entend ainsi le doter d’un équipement culturel et touristique . « Le financement de la Halle de la Machine ( 12 Millions d’euros) dépend des services de l’urbanisme, précise François Delaroziere : « Une façon d’ouvrir la porte à l’art dans l’urbanisation de la cité. » La piste d’aviation de 2,5 km reste telle qu’elle, bordée des « jardins de la ligne », plantés d’essences végétales issues des pays traversés jadis par l’Aéropostale. Malheureusement, on ne peut pas y mettre les pieds, remarque le metteur en scène. Non loin, on trouvera un musée dédié à la mémoire des pionniers. Mais rien de muséal dans la Halle des machines : « les mécaniques animées de la compagnie prendront vie sous les yeux du public grâce à une équipe technique et artistique et à travers un large éventail de récits ». La Symphonie Mécanique, Les Mécaniques Savantes, L’Expédition Végétale, Le Dîner des Petites Mécaniques et Une nouvelle forme de vie non répertoriée, seront mis en mouvement pour les visiteurs et, entretenus, prêts à repartir jouer aux quatre coins du monde.
Grâce à un contrat de délégation de service public de dix ans avec Toulouse-Métropole et un budget de fonctionnement de 632 000 euros, l’association La Machine emploie 35 personnes et fait appel, pour la construction d’objets de spectacle atypiques, à de multiples professions : des métiers d’art à l’industrie et aux technologies de pointe. Comédiens, techniciens, marionnettistes, musiciens et décorateurs se chargent de les animer : « le mouvement est un langage, une source d’émotion. »
Dehors, dans le “manège carré“, se croiseront La marche des buffles, La ronde des insectes et Les Poissons…
Le Gardien du Temple
Dans le même temps, des dizaines de techniciens, mécaniciens, comédiens, musiciens s’activent aux répétitions du spectacle inaugurale. Le Gardien du Temple se donnera du 1er au 4 novembre dans les rues de la Cité rose : St Cyprien, Capitole, Esquirol, les quais de la Daurade, Port Viguerie, Matabiau, Alsace Lorraine, Carmes, Salin, Boulevard Carnot autant de labyrinthes, terrains de jeu où une araignée articulée de 13 m. de haut et 20 m. de diamètre retrouvera le Minotaure (47 tonnes pour 4 m. de large, et jusqu’à 14 m. de haut) Telle Ariane, la fileuse le sortira de son souterrain… Cette épopée, conçue à raison de trois épisodes de deux heures par jour, s’inspire du mythe d’Ariane, mais revu et corrigé par la plume de Jorge-Luis Borges : dans La Demeure d’Asterion, nouvelle du recueil L’Aleph, l’écrivain donne la parole au Minotaure.
Un étrange ballet se prépare accompagné d’un orchestre, perché sur quatre plateformes mobiles à huit mètres du sol et dirigé par Mino Malan, auteur de la musique. Un ténor donne voix à la complainte du Minotaure : « On me prend pour un fou/ On me traite de monstre /Tout ça n’est que mensonge (…) Mes ailes retrouvées/ qui sait ce que je ferai » …Pour le metteur en scène de cet opéra de marionnettes géantes, dont il a écrit le livret, le monstre n’est qu’un malheureux paria, mis à l’écart du monde parce que différent : mi-homme, mi-taureau ! C’est un personnage poétique et pathétique qui s’ennuie et aspire à sortir des « couloirs sans fin et des corridors vides ». Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé – ici une araignée -, utilise ses pouvoirs magiques pour le guider vers sa future demeure, le temple dont il deviendra le gardien… Telle une danseuse, elle évolue avec grâce, chacune de ses huit pattes activée par un humain. Ses yeux et sa tête bougent sous l’impulsion de trois manipulateurs. Elle bave et crache de la vapeur, tandis que le Minotaure, mu par dix sept personnes, se cabre, rugit et lance des flammes sur son passage.
Les répétitions sont tenues secrètes mais le public pourra bientôt admirer ces géants dans les rues de Toulouse. Le premier jour est celui de l’apparition des machines. Les jours suivants on les verra évoluer dans différents quartiers. Pour éviter les bousculades, seul le point de départ de chaque journée sera communiqué.
On retrouvera les deux protagonistes du Gardien du Temple, apaisés, dans la Halle des machines et sur la piste de l’Aéropostale à Montaudran . L’Araignée embarquera sur son dos une dizaine de personnes, et le Minotaure une cinquantaine.« Ces sculptures vivantes transforment le regard que nous portons sur nos cités conclut le maître d’œuvre. Le théâtre que nous pratiquons est un théâtre de rue et d’action dans la rue Ainsi cet art dans la rue nous permet d’envisager, dans l’espace public, un acte fédérateur. »
Mireille Davidovici
Le Gardien du Temple du 1er au 4 novembre dans les rues de Toulouse
Du 9 au 11 novembre, week-end d’inauguration de la Halle de La Machine 3, avenue de l’Aérodrome de Montaudran Toulouse
www.halledelamachine.fr
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
October 30, 2018 5:00 AM
|
Par Armelle Héliot dans Le Figaro 26/10/2018
Début novembre, le créateur des Machines de l'île, à Nantes, fera vibrer le cœur de la Ville rose avec une araignée géante et un Minotaure. Aperçu.
La lune, pleine ce soir-là, semble éclairer la scène incroyable. Loin de Toulouse, dans un lieu à l'écart des foules, François Delarozière dirige les opérations nocturnes. Les répétitions de l'extraordinaire spectacle intitulé Le Gardien du temple, que sa compagnie, La Machine, va offrir à Toulouse du 1er au 4 novembre pour marquer l'installation d'un certain nombre de ses créations dans une halle immense, édifiée spécialement, dans un quartier en devenir de la Ville rose. François Delarozière ne quitte pas l'île de Nantes où demeurent bureaux de conception, ateliers de construction et où sont présentées un certain nombre de sculptures vivantes et autres inventions.
Double événement ces jours-ci: le spectacle et l'inauguration de la Halle de la Machine. Un magnifique bâtiment de verre, d'acier, de bois, posé en bordure d'un lieu sacré: la piste de l'Aéropostale où, avec l'ingénieur Latécoère, les légendes, Jean Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry, notamment, s'envolaient. Leurs visages sont peints sur les palissades qui ferment une partie du site, château et ateliers de montage, en cours de réhabilitation tandis qu'au loin poussent les immeubles d'habitation ou de bureaux d'un quartier en devenir sous la direction de l'urbaniste David Mangin.
Musiciens dans des nacelles La Halle a été dessinée et édifiée par Patrick Arotcharen. Elle est à l'échelle des machines, des créatures, des personnages qu'elle abritera et que le public pourra découvrir à partir du 9 novembre. Lumineuse, légère d'apparence, avec son auvent, ses fins piliers qui soutiennent un toit en plans inclinés, elle sert actuellement à la préparation du Gardien du temple. Atelier des costumes de Gaëlle Choveau pour les comédiens machinistes qui accompagneront le voyage de l'araignée géante, Ariane, et de son ami Astérion, le Minotaure, dans le dédale des rues du cœur de Toulouse. Les visiteurs pourront faire des promenades sur le dos de ces «personnages» à partir de l'ouverture, le 11 novembre.
Revenons au 24 octobre, nuit de pleine lune. Haute dans le ciel, elle semble s'inscrire entre les cornes d'Astérion. Les astrologues vous le diraient: cette lune est justement en Taureau… Une centaine de personnes, hommes et femmes, sont sur le pont, minuscules à côté de l'araignée géante et du Minotaure. L'air est aussi doux qu'au centre de la Crète où naquit, selon le mythe grec, Astérion, fils de Pasiphaé et d'un taureau blanc. Homme à tête de taureau enfermé dans le labyrinthe de Dédale qui s'en échappa en s'envolant. Dans la capitale française de l'aviation, alors que l'on aperçoit parfois le monumental Béluga d'Airbus dans le ciel bleu d'automne, tout fait donc sens…
Lumière, fumée, son, musique, tout est orchestré au millimètre, au soupir près
François Delarozière a inventé l'histoire du Gardien du temple pour Toulouse. Il a donné au spectacle la structure d'une pièce de théâtre. Un prologue, le 1er novembre au matin et toute la journée, avec apparition des protagonistes, et un premier acte, la nuit venue. Le lendemain, 2 novembre, trois scènes différentes pour l'acte II. Samedi 3, acte III en trois scènes, puis, dimanche 4, guidé par Ariane/l'araignée géante, Astérion trouvera le temple… Tout ce scénario est raconté dans un petit livret distribué aux Toulousains ces jours-ci. Il est illustré de dessins de Stephan Muntaner. Pas de photos. François Delarozière rêve d'une surprise totale… Les affiches disséminées dans la ville laissent deviner la silhouette du Minotaure. Mais rien de plus.
Le 24 octobre, c'est la scène 3 de l'acte II qui était répétée. Astérion, fatigué, s'est endormi. Ariane/l'araignée va le réveiller. Spectacle total, Le Gardien du temple est accompagné d'une composition musicale de Mino Malan interprétée par une quinzaine de musiciens qui sont installés dans des nacelles accrochées très haut au-dessus des chariots. C'est superbe. Un jeune ténor, Paul Crémazy, chante, inlassable. Autre artiste indissociable des créations de La Machine, Polo Loridant, le magicien des effets spéciaux. Mais ici, chacun compte. Chacun a une tâche bien précise à effectuer pour assurer la représentation dans sa fluidité et dans la sécurité indispensable. Lumière, fumée, son, musique, tout est orchestré au millimètre, au soupir près. L'araignée est connue. Elle a même voyagé au loin. Les Anglais de Liverpool l'ont nommée «The Princess».
Assises au pied de son torse, deux jeunes femmes actionnent les bras du géant simplement en faisant les gestes avec leurs propres membres
Ici, elle est donc Ariane. Avec ses dix hautes pattes, son corps oblong, elle ne fait pas peur parce qu'elle se déplace d'une manière harmonieuse et possède une face bienveillante. Elle a une petite sœur qui, pour l'heure, dort au loin, sous la Halle. Astérion, lui, personne ne le connaît encore. Il est splendide. Sous l'autorité de l'ingénieur Yves Rollot, le taureau-homme se meut avec une souplesse hallucinante. Il possède un exosquelette.
Assises au pied de son torse, deux jeunes femmes actionnent les bras du géant simplement en faisant les gestes avec leurs propres membres. François Delarozière l'a dessiné et des sculpteurs, des peintres, ont fignolé les détails de son corps hybride. Il est grand. Très grand. Douze mètres et quatorze lorsqu'il se cabre… Car s'il a des épaules, une cage thoracique d'homme, son corps est celui d'un taureau qui se lèverait comme un cheval. Sa respiration est visible. Ses côtes se soulèvent. Ses naseaux fument. Sous des paupières bordées de longs cils, de ses yeux sont bleu pâle, il vous regarde.
Spectacle de rue gratuit «Le Gardien du Temple», du 1er au 4 novembre, dans le centre de Toulouse. La Halle de la Machine, week-end d'inauguration du 9 au 11 novembre, 3, avenue de l'Aérodrome-de-Montaudran, 31400 Toulouse. Légende photo : Répétition du spectacle «Le Gardien du temple», avec Ariane l'araignée géante et les nacelles où sont installés les musiciens. - Crédits photo : Jordi Bover
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
September 22, 2018 8:22 AM
|
Publié par Arnaud Laporte sur le site de son émission "La Dispute" sur France Culture : Ecouter l'émission (55 mn) Ce soir dans La Dispute consacrée au théâtre : "Le Père" dans la mise en scène de Julien Gosselin, "Love me tender" mis en scène par Guillaume Vincent et "Infidèles", une production tg STAN et De Roovers. Ainsi qu'un coup de cœur de René Solis pour "4 saisons" de Délices Dada.
Légendes photos : en haut : "4 saisons" (© Lucie Paulus), à droite : "Love me tender" et "Le Père" (© Simon Gosselin), à gauche : "Infidèles" (© Stef Stessel) "Le Père" à la MC93 de Bobigny
D'après : "L'Homme incertain" de Stéphanie Chaillou Mise en scène : Julien Gosselin
À quoi tient une vie d’homme ? La vie qu’on a imaginée, les promesses nourries dès l’enfance, de plus en plus étoffées, et l’aventure de l’âge adulte ? Adversité, bonheur, malheur résonnent sans fioriture dans le texte de Stéphanie Chaillou, incarnés en un personnage d’agriculteur d’une poignante humanité interprété par Laurent Sauvage.
Une vie tient parfois à un fil. Quand cette évidence vous frappe, brutalement, elle peut vous abattre plus ou moins durablement. Et si l’on trouve alors la force de résister, la lutte est sans merci. Contre soi-même et contre le monde qui vous regarde crever sans ménagement. Laurent Sauvage déploie avec un égal bonheur les registres de l’accablement ou de la rage, donnant à entendre toutes les nuances des sentiments et l’articulation de la pensée intime d’un être en crise. L’adaptation sensible et inventive de Julien Gosselin confère à ce conte moral une intensité hypnotique.
Avec : Laurent Sauvage
L'avis des critiques :
Mon premier sentiment est qu’il s’agit du spectacle de la réconciliation avec Julien Gosselin. Je trouve que tout ce qui m’apparaissait sur ses précédents spectacles comme des trucs, fonctionne sur cette pièce-là et prend sens. C’est une rencontre entre un auteur et des personnages. J’ai dépassé le côté contextuel du texte. Marie Sorbier
Je pense que c’est un oratorio, on pourrait dire que c’est une chanson, un concert. Le retour à la fin dans le silence total et non-sonorisé donne une qualité d’écoute. Pour moi c’est l’anti-Edouard Louis où on parle beaucoup de politique, mais avec pudeur et dignité. Arnaud Laporte
J’ai plutôt retrouvé les défauts, ce qui m’agace chez Gosselin, notamment cette utilisation du son, de la lumière et de la musique. Je ne supporte pas cette espèce de surlignage qui fonctionne à tous les coups. On est vraiment sommé d’être saisi par la puissance des choses. La volonté de créer un effet maximum me paraît extrêmement redondante. René Solis
Le spectacle commence dans un noir total, extrêmement profond et même rare au théâtre. Cela commence avec une bande son assez minérale, métallique, qui va devenir mélodique. On a un acteur qui est seul en scène et dont on entend au début seulement la voix. On est dans quelque chose de très nébuleux. Julien Gosselin fait entendre le texte de plein de façons différentes. Anna Sigalevitch
"Love me tender" jusqu'au 5 octobre au Théâtre des Bouffes du Nord
D'après des nouvelles de : Raymond Carver Mise en scène : Guillaume Vincent
Présentation du metteur en scène :
On a dit de Carver qu’il était le Tchekhov américain. Pas de samovar chez Carver mais des litres de Gin. Comme chez le dramaturge russe le drame ne se joue pas que dans les mots mais aussi dans les silences, les non-dits. Ainsi l’étrange impression parfois qu’il n’y pas de drame, du moins en apparence. Son thème de prédilection : le couple. Il le met en scène au moment où ça vacille, où sous les apparences le malaise s’insinue comme un poison.
Love me tender est un travail qui met l’acteur au centre. Six nouvelles sont ici adaptées pour huit comédiens interprétant chacun deux rôles, chacun devant s’accorder, comme en musique et malgré les désaccords de leurs personnages, à deux, à quatre, à huit. Guillaume Vincent
Avec : Emilie Incerti Formentini, Victoire Goupil, Florence Janas, Cyril Metzger, Alexandre Michel, Philippe Smith, Kyoko Takenaka et Charles-Henri Wolff. Et en alternance : Gaëtan Amiel, Lucas Ponton et Simon Susset.
Prochaines dates :
8 > 9 novembre : Aire libre, Rennes 22 > 24 mai 2019 : Comédie de Reims L'avis des critiques :
Je n’ai pas retrouvé ce basculement intime qui fait la richesse de ses nouvelles. Je n’ai pas grand-chose à reprocher techniquement sur le plateau, mais quelque chose ne fonctionne pas dans la sensation produite sur le spectateur. Il m’a manqué une nécessité, je n’ai pas compris ce qu’il voulait faire en montant ça. Je n’ai pas compris l’épaisseur là où il la mettait. Marie Sorbier
Carver fait partie de mes auteurs absolument fétiches. Je suis rentré dans le théâtre des Bouffes du Nord avec une attente et une inquiétude. On voit bien les intentions et la finesse du travail de Guillaume Vincent dans son adaptation, mais quand ça ne marche pas dans la comédie c’est rude. Pour moi il manquait encore de folie, on pouvait aller beaucoup plus loin, beaucoup plus noir. Arnaud Laporte
Guillaume Vincent a du savoir-faire, il sait entremêler les histoires. Il n’y a pas de contre-sens. On a l’humour noir, la férocité, la comédie, la tragédie, la mélancolie. Mais dans les nouvelles de Carver il y a une dimension allusive très forte, on reconstruit les histoires qui nous sont ici données de façon très crue. Il manque quelque chose, dans cette façon de simplifier et de rendre les choses. René Solis
La première partie est éclairée par la deuxième en fournissant un tout sensible. C’est un spectacle que je ne trouve pas agréable, mais intéressant. Guillaume Vincent fait un théâtre qui est fragile, qui repose beaucoup sur les acteurs. Le fond de son théâtre a quelque chose de très humain. Anna Sigalevitch
"Infidèles" jusqu’au 28 septembre au Théâtre de la Bastille
"Infidèles" de tg STAN et De Roovers (© Stef Stessel) De : Ruth Becquart, Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker et Frank Vercruyssen Production : tg STAN et De Roovers
Présentation officielle :
Après dix-sept ans de fidélité avec le Théâtre de la Bastille, tg STAN revient avec trois propositions explorant l'enchevêtrement de l'acte créatif et de l'intime : Infidèles, Atelier et Après la répétition.
Avec Infidèles, tout comme dans Scènes de la vie conjugale ou encore Après la répétition, les compagnies tg STAN et de Roovers rendent hommage à Bergman, à la qualité de ses dialogues souvent durs, parfois cruels.
À l'origine du spectacle Infidèles, il y a le scénario écrit par Ingmar Bergman, et aussi le film du même nom – au singulier – réalisé par Liv Ullmann. Si la figure et la vie personnelle de l'auteur sont extrêmement présentes et impliquées dans ses écrits – mais rarement de manière explicite –, dans Infidèles, c'est Bergman lui-même qui apparaît.
Reclus sur une île, un auteur se nommant Bergman vit seul. Assis devant son bureau, il a beaucoup de mal à rassembler ses souvenirs. En ouvrant un tiroir, en y retrouvant un portrait, une voix de femme qu'il nomme Marianne s'adresse à lui. C'est ce souvenir réincarné qui permet de déclencher tout le processus narratif. Bergman lui demande de lui avouer et de lui raconter son infidélité.
Avec douceur et complicité, la réalisatrice Liv Ullmann laisse entendre les émotions d'une femme ayant traversé une passion amoureuse où se sont mêlés joie et douleur, incompréhensions et petitesses, dureté et lâcheté, solitude finale et regrets. C'est une histoire ancienne, mais les flèches de l'amour laissent des plaies ouvertes. Dans le film, Marianne monopolise la parole et monologue longuement. Pour cette adaptation théâtrale, les répliques sont développées, nourries d'autres textes et éléments de scénarios, redistribuées et prises en charge par quatre acteurs, afin de rééquilibrer le dialogue et donner une plus grande place à la voix de Bergman.
Pour compléter le scénario d'Infidèle, les comédiens intègrent des éléments de Laterna magica, œuvre autobiographique dans laquelle Bergman jette un regard sur sa vie. Ce livre révèle à la fois l'enfant, l'homme de spectacle s'exprimant sans complaisance sur lui-même et les artistes rencontrés : « Je passe mes derniers films et mes mises en scène les plus récentes au peigne fin et je découvre çà et là une maniaquerie perfectionniste qui tue la vie et l'esprit. Au théâtre, le danger est moindre ; je peux surveiller mes faiblesses et, dans le pire des cas, les comédiens peuvent me corriger. Au cinéma tout est irrévocable ». Il dévoile aussi ses souvenirs, ses bonheurs, ses échecs, ses pensées : « Jean-Sébastien Bach rentrait de voyage, pendant son absence, sa femme et deux de ses enfants étaient morts. Il écrivit dans son journal : "Ô mon Dieu, que ma joie demeure". Pendant toute ma vie consciente, j'ai vécu avec ce que Bach appelait sa joie. » À partir de ces moments de vie, le spectacle offre une composition musicale où les interprètes mêlent leurs voix pour explorer les multiples variations autour du thème central qu'est Bergman.
Infidèles donne du corps et un corps à la personne de Bergman, et permet à l'auteur, présent sur le plateau, de côtoyer ses personnages. Cette adaptation fait ressortir l'humanité, la vitalité, mais aussi tout l'humour présents dans l'œuvre bergmanienne. Christophe Pineau
Avec : Ruth Becquart, Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker et Frank Vercruyssen
Prochaines dates :
8 > 9 février 2019 : Théâtre Joliette Minoterie, Marseille 20 > 23 février 2019 : Les Tanneurs, Bruxelles 26 > 27 février 2019 : Théâtre de Lorient 28 > 30 mars 2019 : CDN, Orléans 3 > 6 avril 2019 : Comédie de Genève 25 > 26 avril 2019 : La Passerelle SN, Saint-Brieuc 10 janvier 2019 : Théâtre de Rungis 16 janvier 2019 : Le POC, Alfortville L'avis des critiques :
Les tg STAN on les aime bien, mais on les voit très souvent. Je crois que j’ai éprouvé de la lassitude. On s’attend exactement à ce qui va se passer dans la durée du spectacle, il n’y a absolument aucune surprise. On est toujours dans le même type de jeu. Ils vont parfois chercher un peu le rire, ce qui ne me plait pas. J’ai été un peu gênée par le montage entre ce scénario et cette fausse autobiographie. Marie Sorbier
La lassitude des tg STAN ne me guette guerre, je suis très client. Mais c’est plus le montage qui m’a paru compliqué. Ils réinterprètent et le font très bien, mais j’ai là quelque chose qui pour moi ne fonctionne pas. Ils sont pourtant d’habitude très forts pour que l’émotion arrive quand on ne s’y attend pas. Arnaud Laporte
On a l’impression qu’à tout moment tout peut basculer. Il y a un trio et on aboutit de ce scénario, à une comédie noire absolument extraordinaire qui nous pousse dans le mélo. Des scènes épouvantables peuvent aboutir au comique et à l’humour noir. Je trouve ce spectacle d’une intensité formidable. C’est un spectacle finalement assez complexe et l’émotion est là. René Solis
Il raconte presque plus qu’il n’incarne, c’est peut-être la limite du spectacle. On s’adresse beaucoup et très régulièrement à nous, on nous englobe. Ruth Becquart est mise au centre du collectif. Plein de choses sont mises en relation en permanence, avec une volonté de dédramatiser Bergman. Anna Sigalevitch
>> LE COUP DE CŒUR DE RENÉ SOLIS : "4 saisons" de Délices Dada (vu au festival d'Aurillac) et programmé le 21 septembre à Annonay
"4 saisons" de Délices Dada (© Lucie Paulus) Vos commentaires :
Avant et pendant l'émission, réagissez et donnez votre avis sur le compte Twitter et la page Facebook de la Dispute.
♪ Générique de l'émission : Sylvie Fleury & Sidney Stucki, "She devils on wheels", extrait de l'album "Sound Collaborations 1996-2008" (label Villa Magica Records).
INTERVENANTS René Solis journaliste Marie Sorbier Rédactrice en chef de I/O Fondatrice et Directrice de la publication Anna Sigalevitch actrice et critique
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
August 21, 2018 3:45 PM
|
Par Stéphanie Ruffier dans Théâtres du blog - 21 août 2018
Tentative(s) d’Utopie vitale, texte et mise en scène de Marie-Do Fréval
S’il ne fallait garder qu’un mot pour qualifier ma première rencontre avec Marie-Do Fréval, ce serait : surgissement. Ce fut comme une apparition! Elle déboule au coin d’une rue du XIIIème arrondissement et déplie son immense drapeau rouge, sans étiquette, qui fait tant plaisir à voir, et qui claque au vent et calligraphie l’espace autour d’elle. Elle : la femme à moustache et phallus noirs !
Déjà, la rumeur la précédait. Elle avait débarqué dans de nombreux festivals pour y flanquer ses coups de pied bien ajustés dans les fourmilières de l’hypocrisie et du politiquement correct. Du Destop, avait prévenu Jacques Livchine. Ensuite vient la parole. Aussi saillante. C’est peu de le dire. Un exorcisme païen d’où sort un vomi prodigieux de tout ce que la société nous a trop obligé, croit-on, à ingurgiter et à ruminer. Passionaria à grande gueule, cette révoltée vient nous haranguer et nous réveiller avec une poésie où la bidouille, le marteau sonore, la joie de la gouaille nous cueillent sans cesse.
Du Jacques Prévert, du Michel Audiard, du Ghérasim Luca, de la langue, version art brut. Elle raconte que le déclic s’est fait à Confluences en 2014 lors d’une rencontre thématique, Un siècle de résistance : «J’ai acté une posture improvisée, provocatrice, insolente, pour mettre en jeu ma résistance et mon impuissance. Cet acte de liberté est la naissance de ce projet d’écriture. »
Marie-Do : une nuit debout à elle toute seule. Action directe ! Et chaque soir, s’il vous plaît ! Sus aux sempiternelles déplorations lâches et catastrophistes: elle intitule modestement ses micro-essais de révolte Tentative(s) de résistance qui depuis, sont devenus un spectacle à géométrie variable et le texte a été édité. Une vache, une vieille, un avatar de Niki de Saint-Phalle, une Générale de Gaulle … On est loin des féministes à la Beyoncé : sa galerie de personnages file carrément la gaule ! Ce grand emportement du désir qui terrasse le renoncement.
Son nouveau spectacle, Tentative(s) d’Utopie vitale prolonge le premier. On y retrouve le même cérémonial qui historicise l’instant : date, lieu, minutage, portrait d’un personnage en lutte. Mais il semble franchir une nouvelle étape dans l’urgence. Il faut dire que l’Etat a instillé dans nos esprits que l’urgence était désormais permanente. Heureusement, Marie-Do la déplace, lui cherche un nouveau lieu et une autre formule, quitte à rêver un peu, plus grand et plus humain. Car « L’heure est grave », nous dit Rosa la rouge (Rosa Luxembourg ressuscitée), « Je veux parler de l’utopie ». Elle fustige le contrôle absolu, partout, la dépolitisation de la pensée, la géolocalisation et la connexion absolue. Elle pointe du doigt Marcel, allégorie du pouvoir, pour mieux nous interroger : « Et toi, quel cul embrasses-tu ? Quand reprendras-tu ton indépendance ? ».
La Vieille est de retour, avec une belle prosopopée adressée au Président, lui qui est justement en couple avec une vieille. Quatre-vingts-quinze ans, divorcée, la vessie sur le point d’exploser, elle fustige : « L’histoire qui lui passe dessus, qui la baise. » Il y a aussi un nouveau personnage, le «bébé triso-miné » qui, lui, résiste à la normalité. C’est le mal-aimé de Claude François, l’enfant qui bousille l’idéal parental. Chaque tentative entrelarde ainsi des poèmes et des chansons populaires détournées, et fait tomber un pan du costume, comme pour aller au plus proche de la chair de Marie-Do, elle qui ose mettre ses « maux en je(u) » et qui nous distribue des pâtes lettres pour que chacun puisse composer ses mots.
Oh ! Qu’ils sont beaux, ces personnages, irrévérencieux et débordants d’une vitalité culottée et mal fagotée. Ils évoquent cette marge, ces êtres sans lieu, sans affectation, mais pas sans affection et exposent des corps qui font fi des assignations de genre, d’âge, d’espèce, de couleur de peau. Ils osent sortir de l’effroi et de l’immobilité de la pensée par la prise de parole publique. Une rencontre avec les spectateurs suit d’ailleurs le spectacle. On ne peut qu’être transpercé par l’honnêteté profonde de cette exhibition de l’intime, par la déflagration de l’Autre qui performe, se relève et tente de trouver comment se dire. Le combat est verbal et masqué. Mais en allant se poster dans les lieux de passage, en amplifiant la voix de ceux qu’on n’entend jamais, dans les interstices d’un réel que le politique refuse littéralement de voir (on boute à présent tous les faibles et les pauvres des centres-villes), il trouve sa juste place. Peut-être a-t-il une valeur propédeutique. Dans ce cas, il transformerait l’essai.
Un gros événement festif n’est peut-être pas le meilleur endroit où sentir toute la vibration de cette apparition. Certes, hétérotopique, selon le terme façonné par Michel Foucault, cet espace-temps hors de la vie courante constitue une grâce, une échappée belle. Le festival appartient à la catégorie de ces « espaces autres » où peut se loger un nouvel imaginaire, et donc l’utopie. Toutefois, il patine et police souvent la réception et les affects. On s’y prépare à la surprise. On enchaîne parfois trop vite sur un autre spectacle.
Or, Marie-Do, figure de proue dans la tempête, allégorie vindicative des grands tableaux révolutionnaires, est à découvrir plutôt dans le flux quotidien des villes et des villages, en impromptu, au détour d’un trottoir, dans un petit café, là où, habitués du bar P.M.U. , badauds et habitants du quartier constituent la plus grosse part du public. Elle invite à la pause.Ne la manquez surtout pas, où qu’elle passe. C’est certain : vitale, elle ruera toujours dans les brancards ! Espérons que son utopie devienne virale.
Stéphanie Ruffier
Spectacle vu dans un café, à Paris XIIIl ème, le 11 avril.
Festival d’Aurillac, du 22 au 25 août 2018, à 18h, rue la Bride, pastille 61.
Tentatives de résistance(s) de Marie-Do Fréval, est paru aux éditions Deuxième époque.
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
August 13, 2018 6:52 AM
|
Sur la page de la Grande Table d'été sur France Culture, 13 août 2018 Entretiens par Romain de Becdelievre Ecouter l'émission en ligne (1 h ) Deux théâtres solidaires, le Good Chance Theatre et l’Ecole des actes à Aubervilliers, accueillent et travaillent avec des migrants, des réfugiés et des primo-arrivants. Ensemble, ils tissent des aventures artistiques et placent le social au coeur du théâtre. 2ème partie : le clown Bonaventure Gacon
PREMIERE PARTIE : Théâtres solidaires Avec Louise Bernard, directrice du Good Chance Theatre, premier centre de création dédié aux migrants arrivant à Paris, proposant un programme artistique incluant théâtre, musique, danse, poésie, marionnettes… Le Good Chance Theatre est installé place des Fêtes à Paris dans l’espace Jean Quarré, Centre d’Hébergement d’Urgence, jusqu’au 18 août
Altayeb Abdallah, résident du Centre d’Hébergement d’Urgence Emmaüs Solidarité Jean Quarré à Paris, il participe au Good Chance Theatre. Altayeb Abdallah a 25 ans, originaire du Darfour au Soudan, il est en France depuis deux ans et voudrait suivre une formation de mécanicien.
Emilie Heriteau, dramaturge, membre de L’Ecole des Actes fondée en 2016 par le Théâtre de la Commune à Aubervilliers, qui tisse des projets artistiques avec des migrants dans le cadre de Pièce d’actualité.
et Mohamed Gaye qui travaille avec L’Ecole des Actes et joue dans la pièce Sur la grand route d’Antonon Tchekov qu’Emilie Heriteau met en scène et qui se jouera du 20 au 25 novembre 2018 à la Commune d’Aubervilliers. Mohamed Gaye a 18 ans. Mineur isolé, il a obtenu ses papiers il y a peu de temps.
__________________________________________________________________
DEUXIEME PARTIE : Portrait de Bonaventure Gacon Bonaventure Gacon est clown, il présente le spectacle Campana avec le Cirque Trottola au festival d’Aurillac le 21, 22, 24 et 25 août.
INTERVENANTS Louise Bernard directrice du Good Chance Theatre Altayeb Abdallah résident du Centre d’Hébergement d’Urgence Emmaüs Solidarité, il participe au 'Good Chance Theatre' Emilie Heriteau dramaturge, membre de L’Ecole des Actes fondée en 2016 par le Théâtre de la Commune à Aubervilliers Mohamed Gaye collabore avec L’Ecole des Actes fondée en 2016 par le Théâtre de la Commune à Aubervilliers Bonaventure Gacon circassien Crédit photo
|
Scooped by
Le spectateur de Belleville
April 26, 2018 4:55 PM
|
Par Augustin Guillot dans Libération — 27 avril 2018 «Ramkoers», la performance musicale de la compagnie néerlandaise BOT, éblouit par ses créations d’instruments faits de tôle et de métal. Une leçon de chaos maîtrisé.
«Ramkoers». Mot néerlandais que l’on pourrait traduire par «trajectoire de collision», «voie de chaos» ou, pour reprendre un célèbre poème de Rilke, «chemins qui ne mènent nulle part». Un certain sens de la folie se décèle donc dès le titre de cette performance musicale. Et l’on en a immédiatement confirmation lorsque les quatre protagonistes de la pièce déboulent sur scène, vêtus de tabliers uniformes et gris comme un ciel triste. L’un a la gueule de Jean-Claude Dreyfus, en plus light et sous acide, chantant au mégaphone ses mots en langue batave ; un autre, crâne rasé, gueule de taulard, ressemble plutôt à un Jean Genet qui aurait pour seul moyen d’expression des bouts de tôle pour se construire un violoncelle post-apocalyptique (une scie pour archet et une plaque de bronze en guise de cordes). Se sont-ils échappés d’une usine, d’une prison ou d’un asile ? Ou s’agit-il de moines que la chasteté aurait complètement détraqué ?
Dans tous les cas, c’est bien l’univers de la claustration qui est évoqué ici, avec la musique comme chemin de traverse, entre fanfare, concert de metal et electro planante. Et si la pièce avait commencé par un plateau vide, elle se termine avec plus d’une vingtaine de mini-installations musicales. Plutôt impressionnant.
Pourtant ce type de performances à partir de casseroles, fourchettes et poubelles déglinguées, on en trouve à la pelle, et elles pullulent aujourd’hui sur YouTube comme dans les rues d’Aurillac - leur succès reposant généralement sur l’effet de sidération produit par l’ingéniosité mise en œuvre. Or, si la proposition de la Compagnie BOT, présentée à Rennes dans le cadre du festival Mythos, séduit au-delà du simple morceau de bravoure musico-artisanal, c’est que la pièce parvient aussi à mettre en scène une certaine dynamique de la folie. L’ingéniosité méticuleuse, quasi autistique et psychorigide dans la conception des instruments, côtoie le mouvement foutraque d’un ballet délirant. D’un côté, une rationalité extrême dans les moyens mis en place pour construire ces objets. De l’autre, une hystérie des corps, une idiotie des visages, une saturation de l’espace, une absurdité du projet. Bref, un double mouvement paradoxal qui est celui du monomaniaque mettant la logique au service de sa folie.
Ramkoers : en fait, tout est dans le mot. La rationalité du tracé, de la voie et du chemin - construits en vue de quelque chose - mais l’indétermination foncière et radicale de la destination. Ou son absence même.
Augustin Guillot Photo © Sigrid Spinnox Présentation vidéo : https://youtu.be/DwILbvaCDSo Ramkoers conçu par Compagnie Bot Du 19 au 20 mai à l’Autre Festival, Capdenac (46), du 30 mai au 1er juin aux Machines de l’île, Nantes (44), le 17 juin à Baden (Suisse), les 2 et 3 novembre à Charleroi (Belgique), le 28 novembre à Cavaillon (84), les 30 novembre et 1er décembre à Gap (05).
|